Ryōko Sekiguchi
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Ryōko Sekiguchi
Ryōko Sekiguchi, née le 21 décembre 1970 à Tokyo, est une poétesse et traductrice japonaise.
Ryōko Sekiguchi grandit au cœur du quartier animé de Shinjuku. Fille d'une cuisinière, elle écrit de la poésie dès son plus jeune âge et à 18 ans elle reçoit le prix Cahiers de la poésie contemporaine.
Elle étudie le journalisme à l'Université Waseda. Contrainte de choisir une langue vivante, elle choisit le français par amour pour la cuisine française. Elle obtient son diplôme en 1993, et part étudier l'histoire de l'art à la Sorbonne. Elle poursuit ses études au Japon et obtient en 1996 un doctorat en littérature comparée et en études culturelles à l'université de Tokyo.
Elle traduit ses propres poèmes ainsi que les textes des poètes japonais classiques et contemporains dans des revues françaises (If, Po&sie, Action Poétique, Dédale, vacarme). Elle publie en japonais depuis 1988, vit à Paris depuis 1997, est traduite en français depuis 1999, et écrit en français depuis 2003. Elle enseigne à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales.
Bibliographie :
• Cassiopée Péca, 1993
• [Com] position, Tokio, 1996
• Hakkouseï S´Diapositive, Tokio, 2000
• Cassiopée Péca, cipM, 2001.
• Calque, P.O.L, 2001.
• Le monde est rond, avec Suzanne Doppelt et Marc Charpin, Créaphis, 2004.
• Deux marchés, de nouveau, P.O.L, 2005.
• Héliotropes, P.O.L, 2005.
• Adagio ma non troppo, Le Bleu du ciel, 2007.
• Ce n'est pas un hasard, Chronique japonaise, P.O.L., 2011.
• L'Astringent, éditions Argol, coll. Vivres, 2012.
• Manger fantôme, Argol, coll. Vivres, 2012.
• Le Club des gourmets et autres cuisines japonaises, P.O.L, 2013.
• La Voix sombre, P.O.L, 2015.
• Fade, Les ateliers d'Argol, coll. Paradoxes, 2016.
• Nagori, la nostalgie de la saison qui s'en va, P.O.L, 2018.
• Le Voyageur affamé. Le Japon à Paris, Menu fretin, 2019
• Le curry japonais. Dix façons de le préparer, Les Éditions de l'Épure, 2020
• Sentir, JBE Books, 2021
• 961 heures à Beyrouth (et 321 plats qui les accompagnent), P.O.L., 2021
(Wikipédia, Babelio et P.O.L.)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15070
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Re: Ryōko Sekiguchi
Nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter

Quatrième de couverture :
Elle termine en évoquant son année à la Villa Médicis (soit un cycle des quatre saisons), résidence d’écrivain en 2013-2014 qui est à l’origine de ce texte.
Une très belle surprise, tant l’auteure que le texte (d’un bon style, écrit directement en français), pleins d’ouverture d’esprit et de captivantes découvertes, de passage.
\Mots-clés : #essai

Quatrième de couverture :
C’est donc l’ingrédient d’arrière-saison, mais plus encore une notion japonaise exemplaire de cette culture si exotique, déroutante, raffinée et riche à nos yeux, notamment à l'égard de son « esthétique en osmose avec la nature ».« Nagori, littéralement "reste des vagues", qui signifie en japonais la nostalgie de la séparation, et surtout la saison qui vient de nous quitter. Le goût de nagori annonce déjà le départ imminent du fruit, jusqu’aux retrouvailles l’année suivante, si on est encore en vie. On accompagne ce départ, on sent que le fruit, son goût, se sont dispersés dans notre propre corps. On reste un instant immobile, comme pour vérifier qu’en se quittant, on s’est aussi unis. »
Ryōko Sekiguchi nous parle des saisons, temporalité cyclique, « temporalité botanique », confrontée à notre temporalité linéaire :« L’étymologie du mot se rapporte à nami-nokori, "reste des vagues", qui désigne l’empreinte laissée par les vagues après qu’elles se sont retirées de la plage. Cela comprend à la fois la trace des vagues, ces sillons immatériels dessinés par les vagues sur le sable, et les algues, coquillages, morceaux de bois et galets abandonnés sur leur passage. Il n’y a ni raison ni logique à cette accumulation en dépôt, mais une fois qu’elle est là, elle s’y établit pour un temps, éphémère.
De nos jours, le mot s’épelle na-gori, "le nom qui reste". Bien qu’ils ne reflètent pas l’origine du mot, ces caractères me semblent produire une image tout aussi évocatrice de nagori.
Nos émotions ne se déplacent pas aussi facilement. Si vives et réactives qu’elles soient, elles sont bien plus lentes que notre corps à prendre congé d’un être, ou d’un lieu. Elles viennent toujours après nous, à quelques pas en arrière. »
… et même d’une troisième, celle que révèlent Hiroshima et Fukushima :« La saison, pourrait-on dire, c’est le temps des émotions. »
Elle nous révèle aussi l’aspect saisonnier, codifié et même « autoritaire », du haïku. Mais son fil principal reste la cuisine.« Avec la radioactivité, c’est une troisième temporalité, une temporalité d’une longueur insupportable, infiniment plus longue que la vie des êtres humains, qui apparaît. »
Il y a un côté ethnologie comparée dans cette réflexion, sans doute nourrie des nombreux voyages en Afrique, Amérique, Europe et Asie (et de lectures originales) : Ryōko Sekiguchi est vraiment une passeuse de cultures.« C’est ce qu’on appelle dans la cuisine traditionnelle japonaise deaimono, "choses rencontrées". Il désigne les associations heureuses entre certains ingrédients, donc entre différents êtres, dans un plat. »
Elle termine en évoquant son année à la Villa Médicis (soit un cycle des quatre saisons), résidence d’écrivain en 2013-2014 qui est à l’origine de ce texte.
Une très belle surprise, tant l’auteure que le texte (d’un bon style, écrit directement en français), pleins d’ouverture d’esprit et de captivantes découvertes, de passage.
\Mots-clés : #essai
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Tristram- Messages : 15070
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Re: Ryōko Sekiguchi
merci Tristram (je m'informerai, je vois qu'elle a écrit un livre de recettes ! )
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Bédoulène- Messages : 20194
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Re: Ryōko Sekiguchi
Oui, Bédoulène, Le Club des Gourmets et autres cuisines japonaises. En fait c'est une anthologie, dont j'ai parlé sur Le One-shot des paresseux (pour éviter d'ouvrir plusieurs fils d'auteur). Mais je reviens bientôt avec un texte d'elle-même.
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Tristram- Messages : 15070
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Re: Ryōko Sekiguchi
Ce n'est pas un hasard (Chronique japonaise)

\Mots-clés : #catastrophenaturelle #temoignage

C’est donc les réflexions de Ryoko Sekiguchi sur les catastrophes du tremblement de terre, du tsunami et de Fukushima, qu’elle a suivies de Paris (puis sur place).« Chronique tenue du 10 mars au 30 avril 2011, sur la superposition des images, la mémoire des villes, le hasard, la temporalité de la description et les noms propres qui surgissent, fantomatiques, lors d’une catastrophe. »
Décidément une auteure qui porte un regard neuf et fin sur des sujets rebattus avec une écriture juste.« Je voulais essayer de décrire cette atmosphère palpable et néanmoins indéfinissable de la présence de quelque chose qui n’existe pas encore. »
« L’important, quand on s’interroge sur "ce qui est possible après une catastrophe", question maintes fois posée de par le monde, c’est d’avoir à l’esprit que l’on est aussi à la veille d’autres catastrophes à venir, donc qu’il faut également s’interroger sur ce que l’on peut écrire avant une catastrophe, ou entre deux catastrophes, qui est l’état permanent dans lequel nous vivons. »
« Tout discours sur la catastrophe est fatalement lié à, voire hanté par, la question du temps. »
« Qu’est-ce que j’aurais pu faire dans un lieu d’accueil si je n’avais pas de livre ? Le livre quantifie le temps, il le rend pour ainsi dire concret. Sans cet instrument, l’attente s’éternise, le temps se dilue. Pour ma part, je ne peux pas concevoir de me retrouver où que ce soit sans livre. Même si je ne peux pas me concentrer, si je n’arrive pas à lire, le seul fait d’en avoir un sous la main, que je pourrais ouvrir au besoin, m’apaise. Mais bien sûr, ce n’est là qu’une supposition. Que puis-je savoir du temps qui s’écoule dans un lieu d’accueil ? »
« Dans le magazine Focus, un article intitulé "Dans le cercle de vingt kilomètres autour de Fukushima, même les ombres se sont évaporées". Encore une superposition d’images. Les ombres, l’évaporation : Hiroshima. »
« Plus que la crainte d’être réellement touchés par la radioactivité japonaise, moins probable qu’avec Tchernobyl du fait de la distance, je crois que la terreur des Européens aujourd’hui est due au fait qu’ils savent qu’ils devront désormais compter l’accident nucléaire parmi les risques réels, eux aussi. »
« Hiroshi Yamaguchi, économiste, écrit qu’il ne faut pas chercher à "éradiquer" les rumeurs à tout prix. Bien sûr, il faut dissiper les rumeurs infondées qui mettent des personnes en danger. Mais à la moindre rumeur qui court sur internet, on voit maintenant se mettre en place, à plus ou moins brève échéance, un système autorégulé de vérification des données qui indexe, avec la rumeur, d’autres informations utiles. Si, par crainte de la rumeur, l’on se met à censurer à titre préventif toute information non vérifiée, on se prépare une société dépourvue d’"anticorps" face à la rumeur, et donc fragile. »
« Le livre a fatalement une fin. Et fatalement, la réalité n’en a pas. […]
Au bout du compte, je ne suis pas parvenue donner une fin heureuse à ce livre. Puisque la fin n’existe pas. »
\Mots-clés : #catastrophenaturelle #temoignage
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Tristram- Messages : 15070
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Re: Ryōko Sekiguchi
merci Tristram, les extraits accompagnent utilement ton commentaire
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Bédoulène- Messages : 20194
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Re: Ryōko Sekiguchi
Bon, il est pas gros, mon commentaire !
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Tristram- Messages : 15070
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Re: Ryōko Sekiguchi
La Voix sombre

Réflexions métaphysiques sur la voix enregistrée, toujours concrète, présente, même celle des disparus, qui nous touche dans le deuil avec sa survivance.
\Mots-clés : #essai #mort

Réflexions métaphysiques sur la voix enregistrée, toujours concrète, présente, même celle des disparus, qui nous touche dans le deuil avec sa survivance.
« Pourquoi vouloir à tout prix distinguer la voix du regard ? Le caractère de la voix est de toucher directement les tympans, c’est un fait. Le regard, lui, ne « touche » pas, si fort qu’il nous frappe ; c’est aussi vrai des vivants que des morts. »
\Mots-clés : #essai #mort
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Tristram- Messages : 15070
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: Ryōko Sekiguchi
les photos aussi touchent et je ne pense pas que l'on puisse comparer
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Bédoulène- Messages : 20194
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