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Gaea Schoeters

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Message par Tristram Jeu 24 Nov - 11:30

Gaea Schoeters
(Née en 1967)

Gaea Schoeters  Gaea_s10
L’écrivaine et journaliste belge Gaea Schoeters aime ruer dans les brancards, mais toujours avec bienveillance et par l’intermédiaire des arts. Elle écrit des romans, de la poésie, des livrets d’opéra, des scénarios et des pièces de théâtre. Dans la série de conférences From Ear To Here, organisée dans le cadre de l’exposition HOTEL BEETHOVEN, elle explore l’univers artistique et politique de Beethoven en s’appuyant sur l’œuvre de l’auteur tchèque Milan Kundera.
Elle a reçu le prix littéraire Sabam for Culture pour son roman Trofee paru aux éditions Querido en 2020.
(Babelio)

Œuvres
Meisjes, moslims en motoren, Roularta Books, 2008
Diggers, Manteau, 2011
De kunst van het vallen, De Bezige Bij
Zonder titel #1, Querido, 2018
Het Einde, Pelckmans, 2020
Trofee, Querido, 2020, traduit en français sous le titre Le Trophée par Benoît-Thaddée Standaert, Arles, France, Actes Sud, 2022.
Bad Composers, 6 textes de théâtre, 2022
Lost & found, musique d'Annelies Van Parys, livret de Gaea Schoeters, 2021
Dieu et moi, musique d'Annelies Van Parys, livret de Gaea Schoeters, 2022

(Wikipédia)

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
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Message par Tristram Jeu 24 Nov - 11:48

Le Trophée

Gaea Schoeters  Le_tro11

John Hunter White est en safari sur les traces d’un vieux rhinocéros noir, guidé par Van Heeren.
« Qu’on le veuille ou non, la chasse au trophée est la seule forme viable de conservation de la nature, et la seule méthode qui permette de préserver l’avenir des espèces menacées. Avec le chèque à six chiffres qu’il a payé pour pouvoir abattre ce seul mâle, il finance non seulement un programme de reproduction pour ga­­rantir la survie de l’espèce, mais il donne aussi au reste du troupeau une chance équitable de survie. Il n’y a que les “protecteurs de la nature” à ne pas l’entendre de cette oreille. »
Hunter ne s’intéresse pas personnellement aux trophées, c’est son épouse qui en est amatrice.
« Pourtant, ils ont l’habitude de longues périodes de séparation, leur vie est ainsi faite. On pourrait même dire que le succès de leur relation tient à cette distance, au fait qu’ils dosent soigneusement le temps qu’ils passent ensemble. Parce que tout, même l’amour, est soumis à la première loi de l’économie : la rareté exacerbe la demande. »
C’est un riche investisseur.
« Plus la civilisation étend son emprise sur le monde, plus la nature sauvage prend de la valeur. »

« Hunter aime son travail pour la même raison qu’il aime la chasse. Ce qui l’attire, ce n’est pas le profit, mais le frisson du risque : dans le monde civilisé à l’extrême d’aujourd’hui, le marché boursier est l’un des derniers secteurs, à l’exception du crime organisé, où l’audace se voit encore réellement récompensée. »

« Pourtant, il ne perçoit pas la mort de la proie comme son triomphe, mais plutôt comme un effet secondaire de sa victoire, aussi malheureux qu’inévitable. »
Des braconniers massacrent "son" rhinocéros.
« L’armée abat chaque année plus de braconniers pour protéger votre gibier que les braconniers ne tuent de rhinocéros. Ordre du gouvernement. Pour protéger l’économie. Cette chasse à l’homme est un sous-produit de la chasse au trophée. »

« Ce que je veux dire, c’est que votre moralité occidentale est un produit de luxe réservé à ceux qui peuvent se le permettre. Le reste du monde doit se contenter de pragmatisme. »
Van Heeren propose un autre trophée à Hunter : un Bushman, dans une chasse à l’homme sur le même principe de financement de la préservation du groupe… Les Bushmen, peuple décimé et persécuté par le gouvernement qui a pris ses terres ancestrales, sont des chasseurs nomades, d’excellents pisteurs à la mémoire entraînée, ayant une pratique fort fine de leur écosystème ; ils font partie de la nature.
Hunter tue un dangereux buffle solitaire à leur demande.
« Pourtant, il ne ressent pas l’euphorie qui succède normalement à un tir aussi concluant. Ce qui le traverse est plutôt de l’ordre du soulagement. Il ne désirait pas cet animal, donc sa mort ne lui procure aucune satisfaction. Le tuer était nécessaire, la mise à mort une formalité fastidieuse à laquelle il lui a fallu se prêter. Qu’un acte identique puisse produire une émotion totalement différente, simplement parce qu’il n’a été précédé d’aucun souhait, le surprend. Il a rarement ressenti aussi peu d’émotion après avoir tué un animal. »
Il assiste à une chasse du koudou à l’épuisement : un coureur poursuit l’antilope par temps très chaud, jusqu’à faire « bouillir » son sang.
« C’est la chasse dans sa forme la plus ancienne et la plus pure : l’homme, armé de sa seule volonté, se soumet l’animal. »
Les Bushmen chassent pour se nourrir, et respectent le gibier.
« "Le jour de notre mort, une brise légère effacera nos traces dans le sable. Lorsque le vent sera tombé, qui dira à l’éternité que nous avons marché ici, au début des temps ?" C’est un chant funèbre, qu’on entonne pour les humains comme pour les animaux, car dans la mort nous sommes tous égaux. Lorsqu’un animal meurt, ses traces s’effacent à la surface du sable, tout comme nos pas vont bientôt disparaître afin de laisser la place à ceux qui viennent après nous. Karoha a poursuivi le koudou sur le sable, il s’est enfui sur le sable, et il lui rend hommage avec le sable. Ce n’est qu’ainsi que son esprit pourra retourner dans le sable d’où il est sorti. »

« Il y a longtemps, à l’époque de la première création, les hommes et les animaux étaient égaux. Lorsque Dieu a créé le monde pour la deuxième fois, il a donné le feu à l’homme. Depuis lors, nous avons été choisis pour chasser. C’est Dieu qui décide qui est le chasseur, et qui est la proie. Mais sans l’un, l’autre ne peut exister, et ils sont donc parfaitement égaux, l’un à l’autre. »
Le contrat est scellé :
« !Nqate va courir, Hunter White va le chasser, et Dawid va le guider. […]
Car leurs destins sont liés. Hunter White est venu le jour où !Nqate est devenu un homme. Il l’a vu tuer son élan. Dawid conduira Hunter White à !Nqate, comme Hunter White conduira Dawid en Amérique. C’est la volonté des dieux, et c’est aussi la volonté du village tout entier. »
Une conception de l’humanité loin de la nôtre :
« Nous sommes en Afrique, mon cher. N’oubliez jamais cela. La vie humaine n’a pas la même valeur ici. Non pas parce qu’ils aiment moins leurs enfants, mais parce que la vie est plus dure sous les tropiques : la moitié de leurs enfants meurent avant l’âge de quinze ans, un enfant sur cinq meurt avant l’âge d’un an. Si l’on n’adopte pas une attitude pragmatique à ce sujet, on devient fou. Les bébés qui naissent en période de grande sécheresse, et qui ont donc peu de chances de survivre à leur première année, sont tués, quand les femmes n’avortent pas spontanément. Cela leur évite un chagrin plus grand encore. S’ils n’ont pas d’espoir de survivre, il vaut mieux qu’ils meurent avant qu’on ne s’attache trop à eux. »
Considérations sur la nature « impitoyable » …
« La mort infligée par violence n’a aucun rapport avec la cruauté, tout comme la cruauté de la nature n’enlève rien à sa beauté. »
… Avec l’étonnant choucas qui expose ses proies dans un arbre :
« On dirait une salle des trophées. »
Puis c’est la (longue) traque dramatique, avec un excès d’héroïsme en grand écart avec la vraisemblance. Autant j’avais apprécié la première partie bien documentée, une approche consciencieuse du problème de la chasse qui va de l’éthique à l’économique, et la découverte d’une société immergée dans son environnement avec lequel elle interagit de façon adaptée, la partie finale m’a paru glisser dans une trop grande démesure (ou alors mal exposée).
À déplorer malheureusement une certaine maladresse d’écriture (plutôt due à la traduction ?) dans ce roman passionnant.
« Ils avancent lentement, s’arrêtant brièvement chaque fois pour s’assurer que la bête ne les a pas remarqués. »
Outre John A. Hunter, célèbre chasseur professionnel et guide de chasse au Kenya auquel son personnage principal doit son prénom, Gaea Schoeters s’inspire d’Hemingway et du Conrad d’Au cœur des ténèbres.

\Mots-clés : #aventure #nature #thriller

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Message par Bédoulène Jeu 24 Nov - 17:43

merci Tristram, je peux comprendre les Bushmen mais pas les chasseurs blancs, le chèque à 6 chiffres l'homme aurait pu le donner sans "se faire plaisir"

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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