Roland Topor
Page 1 sur 1 • Partagez
Roland Topor
Roland Topor (1938-1997)
Né à Paris en 1938 et décédé en 1997, Roland Topor est un illustrateur, dessinateur, peintre, écrivain, poète, metteur en scène, chansonnier, acteur et cinéaste français.
Il connut d'abord la difficile condition d'une famille juive d'origine polonaise se cachant en Savoie pour échapper à l'extermination nazie.
Renonçant à la sculpture pour la maroquinerie, plus apte à nourrir sa maisonnée, son père lui transmit cependant sa passion pour l'art, une conviction partagée qui conduisit tout naturellement le jeune homme à l'école des Beaux-Arts de Paris de 1955 à 1964.
Premiers dessins dans Bizarre, premières nouvelles dans Fiction en 1958 ; il collabore au journal satirique Hara-Kiri de 1961 à 1965. Les Masochistes (1961), son premier livre, paraît chez Losfeld. En 1961, il reçoit le grand prix de l'humour noir. Totalement tragique et absurde, l'humour qu'il impose alors avec force évoque plus le grotesque de l'Europe centrale que l'humour anglo-saxon. Toutes les créations ultérieures de Topor resteront fidèlement placées sous le signe de la provocation et du bizarre présents dès le début.
La création, en 1962, du groupe Panique avec Fernando Arrabal, Alexandro Jodorowsky et Jacques Sternberg pose les principes de ce qui est aussi un style de vie régi par la confusion, l'humour, la terreur, le hasard et l'euphorie.
En collaboration avec René Laloux, il fut attiré par le cinéma d'animation. Après plusieurs courts métrages, le long-métrage La Planète sauvage obtint en 1973 le prix spécial du jury à Cannes. Il tint quelques rôles secondaires au cinéma (Celles qu'on n'a pas eues de Pascal Thomas, L'Araignée de satin etc.). Il joue dans le film de Werner Herzog Nosferatu, fantôme de la nuit aux côtés d'Isabelle Adjani et de Klaus Kinski.
Roland Topor réalisa aussi beaucoup d'affiches (Le Tambour de Volker Schlöndorff, L'Empire de la passion de Oshima). La décennie 70 voit également son roman Le Locataire chimérique connaître une brillante adaptation au cinéma par Roman Polanski (Le Locataire, considéré comme l'un des meilleurs films du cinéaste). Il collabora avec Federico Fellini pour son Casanova : Roland Topor y dessina les images lors de la séquence de la « lanterne magique ».
Roland Topor travaillera avec son ami et complice Jean-Michel Ribes sur de nombreux projets. Ils écriront ensemble pour la télévision Merci Bernard (1982-1984), puis Palace (1988) ; pour le théâtre Batailles (1983.) ; pour le cinéma La Galette du roi (1985).
Source Universalis
Bibliographie sélective (Tout au long de sa vie, Topor publia nombre de livres et de recueils de nouvelles, souvent restés confidentiels.)
- Cliquer ici :
- Romans
1964 : Le Locataire chimérique
1967 : La Princesse Angine[/i]
1968 : Erika
1969 : Joko fête son anniversaire
1969 : Un amour de téléphone
1970 : Pop Rose
1971 : Épreuve par neuf
1975 : Mémoires d'un vieux con
1978 : Portrait en pied de Suzanne
1996 : Jachère Party
Recueils de nouvelles
1967 : Four roses for Lucienne
1982 : Café Panique
1986 : La Plus Belle Paire de seins du monde
1988 : Taxi Stories
1989 : Journal in time
1989 : Les Combles Parisiens
1997 : Made in Taïwan, copyright in Mexico
2011 : Vaches noires, 33 nouvelles inédites, recueil composé par l'auteur de son vivant
Théâtre, opéra
1972 : Les derniers jours de solitude de Robinson Crusoé, 20 ans d'aventures et d'amour
1972 : Le Bébé de Monsieur Laurent
1975 : De Moïse à Mao, 5000 ans d'aventures
1983 : Batailles
1989 : Joko fête son anniversaire (adaptation pour le théâtre de Patrick Roegiers)
1989 : Vinci avait raison
1989 : Fatidik et Opéra
1994 : L'Hiver sous la table
1996 : L'Ambigu
Recueil de dessins
1960 : Les Masochistes
1961 : Topor, Anthologie
1965 : Panic
1965 : Dessins Panique
1972 : Un Monsieur tout esquinté
1974 : L'Epikon
1974 : Une vie à la gomme
1977 : Toporland
1985 : Topor (catalogue de l'Exposition de Munich)
1996 : Le Trésor des Dames
2008 : Mai 68, collectif
2010 : Rebonjour
Divers
Les deux caprices, 1974 (littérature jeunesse)
Marcel Aymé, Œuvres romanesques, 6 tomes, illustrations de Roland Topor, 1977
Palace, avec Jean-Michel Ribes (série télé)
Merci Bernard, avec Jean-Michel Ribes (sketches)
Le Sacré Livre de Prouto (récit)
Courts termes, avec Eddy Devolder (entretiens)
L'Équation du bonheur, avec Henri Rubinstein (entretiens)
À rebrousse-poil, avec Henri Xhonneux (échanges)
La Cuisine cannibale (recettes)
Rumsteak Morceaux choisis (poèmes et chansons)
Vous savez, moi, sans mes lunettes, 1992
Pense-bêtes (phrases, poèmes et dessins), 1992
Bibliographie établie par Wikipedia
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Roland Topor
Vaches noires
De très courtes nouvelles qui suivent un fil de pensée ou transmutent une petite histoire de simple banalité dans toute sa splendeur. La dérive vers un surréalisme très épuré (on ne sent pas d'intention obligatoire derrière) et l'humour direct et très à froid pouvant être franchement noir, il faut reconnaître que le cocktail est assez sévère.
ça pourrait faire penser à Buzzati dans un mauvais jour, ou un jour d'orage.
n'empêche ça fait du bien. Très envie d'y revenir, et pas que pour des souvenirs télévisuels. J'apprécie au passage ce commentaire sur Le Locataire chimérique.
Avec ou sans Disneyland, je reprends ces beaux petits extraits :
"Euro-Disneyland est la Patrie du Malheur"
"n'empêche que Mickey Mouse demeure le véritable initiateur du projet destiné à rendre les enfants encore plus cons que leurs parents. "
"Vous ne comprenez pas ? Alors je vais vous mettre les points sur les i d'idiots.
Un enfant con, c'est un malheur.
Il confond l'héroïne pure et la purée de pommes de terre, il se met la cuillère dans l'œil parce qu'il rate la bouche, au lieu d'écrire sur son cahier, il se plante son porte-plume dans le bide, il devient accro à Dorothée et à Jacques Martin, il boit de longues rasades du parfum empoisonné de sa maman, il se taillade les veines avec les lames de rasoir de son papa, fourre le nouveau né dans la machine à laver, flanque le feu à la maison, se jette par la fenêtre du sixième étage pour voler comme Peter Pan, tire la queue des chiens enragés, vote pour Le Pen, enfonce ses doigts dans la prise de courant et finir par s'enfermer dans le four à micro-ondes."
(message de récup).
mots-clés : #nouvelle
_________________
Keep on keeping on...
Re: Roland Topor
La Princesse Angine
quatrième de couverture a écrit:En plus d’être une maladie, Angine est une petite fille ; une princesse qui a abandonné le royaume de ses parents aux mains des ennemis pour aller se réfugier chez son oncle. Elle taille la route à bord d’un camion-éléphant vantant les bienfaits du thon à l’huile, accompagnée par le Duc des Vitamines, son fidèle chancelier, très alcoolique et un peu poète. En chemin, elle rencontre Jonathan qui embarque avec eux pour ce long trajet les menant de Lourdes à Jérusalem en passant par La Mecque, dont le but est de mettre la main sur l’oncle introuvable. Mais le voyage ne sera pas de tout repos, une princesse et son trésor ne peuvent que susciter les convoitises...
Angine fait irrésistiblement songer à une petite sœur d’Alice de Lewis Carroll. Un conte noir, tendre et loufoque qui brouille l’espace temporel.
Avertissement de l'auteur
Lorsqu'une petite fille ne parle pas du tout comme une petite fille,
il y a de fortes chances pour qu'elle n'en soit pas réellement une.
Elle peut être à peu près n'importe quoi, même une maladie, ce
qui n'est jamais très agréable. Pourtant, si la maladie est bénigne,
on peut s'y attacher et la rendre chronique.
Bien sûr, il serait plus sage d'aller consulter un spécialiste, mais
lorsqu'on s'y décide enfin, il est souvent trop tard...
Moi, j'ai cessé de fumer, mais je ne vais pas mieux.
Avertissement de l'illustrateur
Il est bien délicat de représenter des personnages dont on ignore
au juste s'ils sont des petites filles ou des maladies. En désespoir de
cause, l'illustrateur a préféré représenter l'énigme elle-même plutôt
que de lui fournir une solution personnelle. C'est pour cette raison
qu'il a composé des images largement inspirées par les rébus du
XIXe siècle, ceux de Maurisset en particulier.
Lorsqu'une petite fille ne parle pas du tout comme une petite fille,
il y a de fortes chances pour qu'elle n'en soit pas réellement une.
Elle peut être à peu près n'importe quoi, même une maladie, ce
qui n'est jamais très agréable. Pourtant, si la maladie est bénigne,
on peut s'y attacher et la rendre chronique.
Bien sûr, il serait plus sage d'aller consulter un spécialiste, mais
lorsqu'on s'y décide enfin, il est souvent trop tard...
Moi, j'ai cessé de fumer, mais je ne vais pas mieux.
Avertissement de l'illustrateur
Il est bien délicat de représenter des personnages dont on ignore
au juste s'ils sont des petites filles ou des maladies. En désespoir de
cause, l'illustrateur a préféré représenter l'énigme elle-même plutôt
que de lui fournir une solution personnelle. C'est pour cette raison
qu'il a composé des images largement inspirées par les rébus du
XIXe siècle, ceux de Maurisset en particulier.
Absurde et ruptures logiques farfelues dans une narration pourtant limpide. Un jeu du langage qui navigue au gré des ruptures d'humeurs. Les humeurs d'Angine la petite fille, qui n'en est pas vraiment une, despotique, râleuse et triste. Gentille aussi. Attachante certainement. Comme les autres occupants de ce camion éléphant qui vogue sur les routes d'un imaginaire presque infernal et au sens de la répartie imparable.
ça ne tient pas debout et ça ne s'abandonne pas, très rafraîchissant avec une pointe de gravité. ça donne l'impression de jouer résolument. C'est très agréable et dépaysant. On aurait peur de se lasser des pirouettes langagières et des peuplements de la page (il n'y a pas que l'éléphant qui prend de la place) mais non, on va de surprise en surprise, on se laisse emmener...
Une lecture étonnamment particulière au charme non moins particulier. ça doit vraiment ressembler à n'importe quoi et pourtant (ou justement) on s'y sent un peu à la maison.
c'est à tenter !
Petit extrait :
L'animal était couleur fraise écrasée. Sur son flanc figurait en lettres noires l'inscription suivante :RIEN NE VAUT LE THON A L'HUILE
Le vieillard trottina jusqu'à la porte arrière qu'il ouvrit à l'aide d'une clé dorée. Il disparut à l'intérieur.
- Vous regardez notre lama? demanda Angine.
- Non, je regardais l'éléphant.
- Vous voulez dire notre crocodile?
- Non, l'éléphant du camion.
- Ah ! vous voulez parler de l'okapi!
- Mais non, de l'éléphant, là, sur la route.
- Imbécile, éclata Angine, "éléphant" est un mot interdit ! C'est un gros mot. On ne dit pas un éléphant, on dit une souris.
- Mais ce n'est pas la même chose !
- Qu'en savez-vous ? Ils sont de la même couleur, grise ou blanche. Ce sont également des mammifères, et ils mangent de l'herbe.
- Ils n'ont pas la même forme, ni la même taille!
- Un petit éléphant est quand même un éléphant, n'est-ce pas, et une grande souris, une souris. Donc la taille ne compte pas. Quant à la forme... c'est à s'y méprendre. Avec un peu de bonne volonté c'est absolument pareil.
- Vous allez fort !
- Non, mais vous ne voulez pas y mettre du vôtre. En clignant un peu des yeux, l'illusion est parfaite. Écoutez :
Haut les {
pouces
index
majeurs
annulaires
auriculaires
fit le bandit qui n'avait aucun sens de la synthèse.
"C'est une histoire assez difficile à raconter! Nous allons commencer l'examen immédiatement. Ne profitez pas de l'absence du Marquis pour sauter sur moi. Je suis ceinture noire de karaté.
(récup again).
mots-clés : #contemythe
_________________
Keep on keeping on...
Re: Roland Topor
J' aime beaucoup Topor.
C' était un homme très angoissé mais plein d' humour.
C' était un homme très angoissé mais plein d' humour.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Roland Topor
J'ai lu Le Locataire chimérique, qui reflète justement l'angoisse et l'humour de R. Topor. Avec lui j'ai passé un excellent moment, je recommande ce livre.
Barcarole- Messages : 3019
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 69
Localisation : Tours
Re: Roland Topor
Mémoires d'un vieux con
Je suis attirée -révulsée par les dessins de Topor depuis longtemps, il est fascinant.
Je le sens sombre et pourtant solaire. C'est compliqué pour quelqu'un comme moi qui suis très premier degré dans mes constructions mentales.
Rencontré notamment dans la très belle édition des oeuvres de Marcel Aymé.
Bref : un jour je vais chez mon libraire, et comme on s'achette une robe je veux m'acheter un livre. Cette librairie est petite, rien ne me tente. Je suis trop dans la pulsion d'achat. D'ailleurs je n'arrive pas à lire depuis des semaines, trop fatiguée, trop occupée.
Je tombe sur ce livre fin. Allez je prends.
Lu en 15 fois avant de dormir, au compte goutte, 10 mn avant de ronquer comme une bienheureuse : j'ai adoré.
Ce qui est génial c'est que j'ai plongé dedans "franco", en me demandant même, au bout de deux soirs de lecture brève mais gourmande si c etait vrai ou pas : delicieuse naiveté qui prouve comme il sait manier les codes du genre biographique. C'est assez évident que c'est un faux, même sans connaitre l'auteur, et à la fois c'est si foutraquement tripé qu'on a envie d'y croire.
J'ai beaucoup ri. Ce qui n'est pas fréquent pour moi. J'ai le second degré lent. Délicieux.La tournure des phrases est plus vraie que nature. Il épouse les temps de la biographie avec un appétit de surenchère joyeuse et c'est libérateur d'inhibition. Cela fait un sort à la notion de bonne foi.
\Mots-clés : #autobiographie #humour
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Roland Topor
Et ça donne envie d'être aussi bon conteur.
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|