Giuseppe Tomasi de Lampedusa
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Giuseppe Tomasi de Lampedusa
Giuseppe Tomasi di Lampedusa est né à Palerme en 1896 d'une grande famille aristocartique et mort à Rome en 1957. D'un caractère rêveur, taciturne, solitaire, il parcourut la planète en s'isolant fréquemment dans sa maison de Palerme. Il y passe la plus grande partie de son temps à méditer et à lire, érudit de littérature et de Stendhal en particulier. L'ironie de la vie a voulu qu'il soit reconnu après sa mort, le manuscrit du Guépard étant refusé par plusieurs éditeurs. Le livre sera finalement publié en 1958 et reçoit le prix Strega en 1959. En 1963, le livre, qui connait un grand succès, est adapté au cinéma par Luchino Visconti. En 2007, il est retraduit par Jean-Paul Manganaro.
Oeuvres traduites en français :
Le Guépard ; Page 1
Le Professeur et la Sirène (nouvelles)
Leçons sur Stendhal (dans Stendhal et la Sicile)
Voyage en Europe, correspondance avec Casimiro et Lucio Piccolo sur ses voyages à Londres
Byron
Shakespeare
Stendhal
MAJ de l'index le 27/09/2018
Dernière édition par bix_229 le Lun 19 Déc - 18:41, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
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Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
Le Guépard. - Giuseppe Tomasi di Lampedusa. - Ed. du Seuil. - 2007
Le guépard se situe en 1860 en Sicile, à un moment clé de l'histoire de l'Italie, celui de sa formation en tant qu'État. On peut dire que l'histoire est au coeur de ce livre, même si Garibaldi qui vient de s'emparer de la Sicile à la tête des Mille -les chemises rouges - n'y apparait qu'en ombre portée. Mais Lampedusa évite la fresque historique. Un simple épisode suffit à évoquer les combats et à indiquer l'orientation des choses. C'est aussi une chronique de famille, celle du prince Salina, aristocrate lucide et âgé, qui pressent que sa propre classe va disparaître - même s'il ne la regrette pas - au profit d'une bourgeoisie qui risque d'être pire encore. Une simple manoeuvre permettra aux privilégies de survivre en changeant simplement d'origine sociale. Selon le vieux principe : il faut que choses changent pour rester identiques...
Le guépard est aussi une autobiographie et un livre de réflexions sur la vie, la vieillesse et la mort. Et c'est peut-être l'aspect que j'ai préféré, à cause des accents profondément personnels de l'auteur. Le guépard a été adapté fidélement au cinéma par Visconti. Et si cette adaptation est superbe, le film est moins cruel que le livre et ne le fait pas oublier... C'est un livre classique et profondément maitrisé et c'est le seul roman de Lampedusa, dont on a publié aussi un recueil de nouvelles : Le professeur et la sirène, des essais littéraires dont un sur Shakespeare, et Voyage en Europe, un recueil de lettres adressées par Lampedusa à ses cousins. Le tout est publié aux éditions du Seuil.Message récupéré
mots-clés : #historique
bix_229- Messages : 15439
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Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
Le guépard
Autant que du prince de Salina, c'est du sort de toute cette famille de l' aristocratie sicilienne, face à un monde en mutation, que nous entretient Tomasi di Lampedusa : or et décadence, éclat et nostalgie. Et si les bouleversements politiques (qui pour le lecteur resteront une simple toile de fond) sont assez durs à avaler, au moins par toute une culture de l'alliance et de l'hypocrisie sociale, les biens seront-ils préservés.
Tomasi di Lampedusa déploie une prose aussi chatoyante que les intérieurs luxuriants, aussi caressante que les robes sophistiquées pour un portrait sans concession de cette déchéance qui n’est autre que celle de sa famille, et qui est vécue par Le Guépard avec un mélange d'arrogance et d'humilité. Car au-delà son irascibilité, sa suffisance et sa nostalgie, il est traversé d'interrogations, de doutes et de compréhension, pétri d'une humanité complexe, cachée derrière une façade imperturbable sévèrement élaborée par l'héritage de son milieu. Sous les fastes, c'est bien d'un roman de l'intime qu'il s'agit, d'un intime tourmenté, finalement surprenant dans une société en vase clos où l'individu s'efface face à la tradition.
La grande surprise que j'ai eue à lire ces pages, c’est de découvrir à chaque page, derrière la noblesse et l'ambition de l'auteur, une tender ironie, un humour subreptice qui font comme une connivence avec les personnages et surtout avec leur narrateur.
mots-clés : #famille #psychologique
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8548
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Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
Merci Topocl !
Pour moi le Guépard, c' est surtout la confession lucide et sensible d' un homme saisi par l' age.
A sa déchéance physique et intellectuelle s' ajoute la douloureuse certitude d' avoir raté sa vie.
Et celle de constater que si, l' aristocratie mérite cent fois d' etre remplacée, elle le sera par une
bourgeoisie aux aguets et qui a manipulé la révolution garibaldienne pour mieux imposer ses
propres interets..
Le cinéaste Visconte avaiit évidemment des affinités avec Lampedusa.
Aristocrate comme lui et progressiste.
La reconstitution est brillante et fastueuse.
Et l' interprétation de Burt Lancaster tout à fait remarquable dans le role du prince Salina.
Pour moi le Guépard, c' est surtout la confession lucide et sensible d' un homme saisi par l' age.
A sa déchéance physique et intellectuelle s' ajoute la douloureuse certitude d' avoir raté sa vie.
Et celle de constater que si, l' aristocratie mérite cent fois d' etre remplacée, elle le sera par une
bourgeoisie aux aguets et qui a manipulé la révolution garibaldienne pour mieux imposer ses
propres interets..
Le cinéaste Visconte avaiit évidemment des affinités avec Lampedusa.
Aristocrate comme lui et progressiste.
La reconstitution est brillante et fastueuse.
Et l' interprétation de Burt Lancaster tout à fait remarquable dans le role du prince Salina.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
ça me fait envie ....
églantine- Messages : 4431
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Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
si j'ai vu le film je n'ai jamais lu le livre, je vais y réfléchir
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21645
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Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
« Il était assez expérimenté pour comprendre que les souffrances déposent peu à peu au fond de l’âme des sédiments de deuil dont l’accumulation quotidienne est en définitive la cause de la mort. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, « Le Guépard », chapitre deuxième
« Tout cela ne devrait pas durer [la misère] ; pourtant cela durera toujours ; le toujours humain, bien entendu, un siècle, deux siècles ; après quoi, ce sera différent, mais pire. Nous fûmes les Guépards, les Lions : ceux qui nous succéderont seront les Chacals, les Hyènes. Et tous tant que nous sommes, Guépards, Chacals, Brebis, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la terre. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, « Le Guépard », chapitre quatrième
J'ai aussi retrouvé une citation fort gourmande, que j'ai casée ici
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, « Le Guépard », chapitre deuxième
« Tout cela ne devrait pas durer [la misère] ; pourtant cela durera toujours ; le toujours humain, bien entendu, un siècle, deux siècles ; après quoi, ce sera différent, mais pire. Nous fûmes les Guépards, les Lions : ceux qui nous succéderont seront les Chacals, les Hyènes. Et tous tant que nous sommes, Guépards, Chacals, Brebis, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la terre. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, « Le Guépard », chapitre quatrième
J'ai aussi retrouvé une citation fort gourmande, que j'ai casée ici
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
"Elle avait trop d'orgueil et d'ambition pour céder à cet anéantissement provisoire de la personnalité sans lequel il n'existe pas d' amour."
"On comprenait tout de suite que Vincent était un "homme d'honneur", un de ces violents imbéciles capables de toutes les tueries."
"Dans l'ombre qui montait, il essaya de compter le temps qu'il avait réellement vécu ; son esprit s'embrouillait dans les calculs les plus simples : trois mois, vingt jours, un total de six mois, six fois huit quatre vingt quatre... quarante huit mille...
Il se reprit : "J'ai soixante treize ans, en gros, le total de ce que j'aurai vraiment vécu, est de deux ou trois ans au maximum."
"Et les douleurs, l'ennui, combien avaient-ils duré ?
Inutile de se fatiguer à faire le compte : tout le reste, soixante dix ans."
Le Guépard. Citations personnelles.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
Oui, à quarante ans, sa fille tombe amoureuse et tout d'un coup ça lui tombe dessus: je suis vieux! Si c'est pas un type torturé, ça!bix_229 a écrit:c' est surtout la confession lucide et sensible d' un homme saisi par l' age.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8548
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Roanne
Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
(mais ce n'est pas que ça, sinon, il n'y aurait pas le chapitre sur le prêtre qui revient au village, et le dernier chapitre sur ses trois filles devenues de vieilles bigotes)
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topocl- Messages : 8548
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Roanne
Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
C' est vrai, évidemment !topocl a écrit:(mais ce n'est pas que ça, sinon, il n'y aurait pas le chapitre sur le prêtre qui revient au village, et le dernier chapitre sur ses trois filles devenues de vieilles bigotes)
Mais, ce livre fait partie des lectures précoces et qui alimentèrent mon pessimisme et mon questionnement personnel.
Hermann Hesse, Svevo, Carson Mc Cullers, Tchekhov et d' autres.
Je trouvais chez eux ce que je cherchais, moins des réponses que des confirmations.
Je pense que notre subjectivité joue un grand role dans nos lectures.
Et aussi le moment, les circonstances...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
Je partage tant et plus ce travers, ce tri sélectif irrépressible du lecteur qui trouve surtout ce qu'il cherche et dont la sensibilité pourrait se formater, cet instinctif crible de critères qui risque d'émousser la curiosité et l''objectivité" (je parle pour moi, encore que chaque lecteur fasse aussi le livre qu'il lit...)bix a écrit:Je trouvais chez eux ce que je cherchais, moins des réponses que des confirmations.
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Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
... Mais quand même, on évolue.
Et si on continue quand même à rechercher des confirmations, des affinités électives et d'autres peut-être plus secrètes, on rencontre des textes, des thèmes, des contradicteurs, qui sont un peu le contraire de ce qu'on cherchait auparavant.
Et sinon contraires, du moins étrangers, nouveaux, dérangeants. Qui résistent à notre analyse et à nos facilités.
Mais qui font leur chemin, consciemment ou non.
On a besoin de repères, de figures en miroir.
Mais les certitudes qu'on avait, qu' on croyait avoir ado, volent en éclat sans qu' on ait trop besoin de les regretter trop longtemps.
Parce qu' on avance, qu' on est forcé d' avancer et que demain ne ressemblera jamais à hier.
Malgré les apparences.
Et que ce qu' on savait, croyait savoir est devenu soudain caduc, impraticable.
Dangereux peut-être.
Et pourtant, plus on avance et moins on sait.
On est de plus en plus une forteresse assiégée attendant que l'ennemi attaque...
Où, quand, comment ?
Peut-être est-il déjà dans la place et on ne le sait pas...
Ou alors, on fait semblant.
Quelqu'un parlait de Buzzati...
Et si on continue quand même à rechercher des confirmations, des affinités électives et d'autres peut-être plus secrètes, on rencontre des textes, des thèmes, des contradicteurs, qui sont un peu le contraire de ce qu'on cherchait auparavant.
Et sinon contraires, du moins étrangers, nouveaux, dérangeants. Qui résistent à notre analyse et à nos facilités.
Mais qui font leur chemin, consciemment ou non.
On a besoin de repères, de figures en miroir.
Mais les certitudes qu'on avait, qu' on croyait avoir ado, volent en éclat sans qu' on ait trop besoin de les regretter trop longtemps.
Parce qu' on avance, qu' on est forcé d' avancer et que demain ne ressemblera jamais à hier.
Malgré les apparences.
Et que ce qu' on savait, croyait savoir est devenu soudain caduc, impraticable.
Dangereux peut-être.
Et pourtant, plus on avance et moins on sait.
On est de plus en plus une forteresse assiégée attendant que l'ennemi attaque...
Où, quand, comment ?
Peut-être est-il déjà dans la place et on ne le sait pas...
Ou alors, on fait semblant.
Quelqu'un parlait de Buzzati...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Giuseppe Tomasi de Lampedusa
C'est totalement vrai, Bix, on évolue (notamment en prenant pleine conscience de ce "biais de lecteur" catégorisant), mais c'est aussi un gâchis irrémédiable pour les livres qu'on a faussés (mais comment rendre pleine justice à un livre), et surtout c'est inévitable de passer par ces errements pour réellement se modeler.
Personnellement je ne jette pas aux orties mes fondamentaux (scolaires : Baudelaire, Camus, etc.), ces phares initiaux, tout en les prolongeant effectivement d'autres auteurs (qui les continuent d'ailleurs).
Quant aux certitudes, il y a beau temps que les miennes sont sujettes à variation(s).
Finalement, voilà pourquoi chaque lecteur est unique : il n'est jamais une page blanche à l'origine.
Ça n'empêche pas du tout de s'intéresser à des choses "nouvelles", mais comme je ne suis pas capable de tout assimiler, il faut bien se limiter...
Et d'où l'intérêt de ce forum pour défricher, puisqu'on ne peut pas tout lire (hélas).
Personnellement je ne jette pas aux orties mes fondamentaux (scolaires : Baudelaire, Camus, etc.), ces phares initiaux, tout en les prolongeant effectivement d'autres auteurs (qui les continuent d'ailleurs).
Quant aux certitudes, il y a beau temps que les miennes sont sujettes à variation(s).
Finalement, voilà pourquoi chaque lecteur est unique : il n'est jamais une page blanche à l'origine.
Ça n'empêche pas du tout de s'intéresser à des choses "nouvelles", mais comme je ne suis pas capable de tout assimiler, il faut bien se limiter...
Et d'où l'intérêt de ce forum pour défricher, puisqu'on ne peut pas tout lire (hélas).
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