Gabriel Garcia Marquez
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21652
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Re: Gabriel Garcia Marquez
Trois personnages, le brillant Docteur Urbino, son épouse têtue Fermina, et Florentino, l’obsessionnel amoureux transi, constituent 50 ans durant un étonnant trio amoureux asymétrique, chacun enfermés dans la folie de ses obsessions et désirs. Un arrière-fond de tension est là : guerres civiles, tornade, épidémie de choléra, mais rien ne détourne les protagonistes de leurs passions démesurées.
Garcia Marquez inventorie ainsi tous les aspects de l’amour, charnel ou passionné, romantique ou réservé, adultère ou pédophile, tarifé ou fantasmé, puritain ou dépravé, inexpérimenté ou libertin.
C’est bien lui qui va répondre à la question que nous nous posions l’autre jour « Peut-on vivre sans amour ? » et montrer qu’une réponse pas du tout niaiseuse peut y être apportée.
Cette réponse est NON, avec toute le brio, la fougueuse poésie, la pittoresque inventivité de cet auteur hors norme.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8551
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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Armor- Messages : 4589
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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Bédoulène- Messages : 21652
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Re: Gabriel Garcia Marquez
« "Le monde est divisé entre ceux qui baisent et ceux qui ne baisent pas." Il se méfiait de ces derniers : sortir du droit chemin était pour eux à ce point insolite qu'ils se piquaient de faire l'amour comme s'ils venaient de l'inventer. Ceux qui le faisaient souvent, en revanche, ne vivaient que pour lui. Ils se sentaient si bien qu'ils se comportaient comme des sépulcres scellés, car ils savaient que de la discrétion dépendait leur vie. Ils ne parlaient jamais de leurs prouesses, ne se confiaient à personne, jouaient les distraits au point de se bâtir une réputation d'impuissants, de frigides et surtout de pédérastes timides, comme c'était le cas pour Florentino Ariza. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15935
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Re: Gabriel Garcia Marquez
C'est drôle, quelqu'un m'en a parlé hier, qui hésitait à le commencer. Je vais le lire (pour les cours) d'ici la fin du mois de juinArmor a écrit:Cent ans de solitudes est sur ma PAL depuis bien longtemps maintenant. Je le regarde avec circonspection, il me fait un peu peur. Le réalisme magique et moi, ça n'a jamais fonctionné. Il faudrait que je saute le pas, pour voir.
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Gabriel Garcia Marquez
Chanceux!Quasimodo a écrit:Merci topocl, c'est engageant !C'est drôle, quelqu'un m'en a parlé hier, qui hésitait à le commencer. Je vais le lire (pour les cours) d'ici la fin du mois de juinArmor a écrit:Cent ans de solitudes est sur ma PAL depuis bien longtemps maintenant. Je le regarde avec circonspection, il me fait un peu peur. Le réalisme magique et moi, ça n'a jamais fonctionné. Il faudrait que je saute le pas, pour voir.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8551
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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Bédoulène- Messages : 21652
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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Tristram- Messages : 15935
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Re: Gabriel Garcia Marquez
J'avais beaucoup aimé "L'Amour au temps du choléra" ; en revanche, "Cent ans de solitude" m'était tombé des mains...
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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Re: Gabriel Garcia Marquez
bix_229- Messages : 15439
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Re: Gabriel Garcia Marquez
bix_229 a écrit:Soyez révolutionnaire, lisez L'Automne du patriarche !
touchez aux limites de Gabriel García Márquez (que j'ai pourtant badé, dévoré, encensé, etc...), lisez Mémoire de mes putains tristes (Memoria de mis putas tristes)...
Aventin- Messages : 1985
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Re: Gabriel Garcia Marquez
« Je me suis plongé dans la littérature romantique que j’avais rejetée quand ma mère avait voulu me l’imposer par la contrainte, et grâce à elle j’ai pris conscience que la force invincible qui mène le monde, ce ne sont pas les amours heureuses mais les amours contrariées. »
« Le sexe c’est la consolation quand l’amour ne suffit pas. »
Gabriel García Márquez, « Mémoire de mes putains tristes », 3
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15935
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Re: Gabriel Garcia Marquez
Le dernier puisque à l'évidence le cadavre découvert dans la maison du pouvoir, un véritable capharnaüm, est bien celui du dictateur, sa défunte mère Bendicion Alvarado pourrait en témoigner, elle la canonisée laïque ! Le corps en habit de général, son physique : des pieds de pachiderme et son appareil génital que défigure une vilaine hernie ! Il n'a pas survécu à ses précédentes morts !
"pourtant quand les rumeurs de sa mort semblaient les plus sûres on le voyait paraître plus vivant et plus autoritaire que jamais au moment le plus imprévu pour imposer d’autres caps imprévisibles à notre destin. Il aurait été facile de se laisser convaincre par les indices immédiats du sceau présidentiel ou la dimension surnaturelle de ses pieds de marcheur increvable ou l’évidence insolite de cette roupette volumineuse que les charognards n’avaient pas osé picorer, mais quelqu’un gardait toujours le souvenir d’autres indices semblables chez d’autres morts moins importants du passé. "
Le Général président qui n'a pas d'âge défini mais que l'on peut situer entre 107 et 232 ans a exercé de nombreuses années son pouvoir tyrannique.
Tout les ingrédients sont là, arrestations arbitraires, tortures, tueries de masses, l'enrichissement ( l'argent et les propriétés du général), sa paranoïa, ses superstitions, sa sexualité.
S'y mêlent l'ingérence et la spoliation d'autres pays, notamment la capture de "la mer" cette mer qu'il aimait observé de sa fenêtre. La décrépitude de la vieillesse surgit au long du récit, de la perte des souvenirs à la perte de la vie.
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Tout ce que je pourrais dire ne serait que faiblesse devant une telle écriture, une telle imagination ; car ce n'est que de la fiction, une satire non ? ......................quoi que !
La longueur XXL des phrases ajoute à la fantaisie, à la bizarrerie de cette écriture débridée, ensorcelante, poétique.
(je ne sais si c'est habituel le changement de personne, sautant impromptûment du je au il ou se nommant général)
Ce n'est que ma première intrusion dans l'oeuvre de l'auteur ; je laisse donc parler les extraits
" il était minuit et le général Rodrigo de Aguilar n’arrivait toujours pas, quelqu’un tenta de se lever, avec votre permission, dit-il, il le pétrifia d’un regard mortel qui signifiait que personne ne bouge, que personne ne respire, que personne ne vive sans ma permission jusqu’au douzième coup de minuit où les rideaux s’ouvrirent et où l’illustre général de division Rodrigo de Aguilar fit son entrée sur un plat d’argent, étendu de tout son long sur une garniture de choux-fleurs et de laurier, macéré dans les épices, doré au four, accommodé avec son uniforme à cinq amandes d’or des grandes occasions et les ganses du courage illimité sur la manche retroussée de son bras de manchot, sept kilos de médailles sur la poitrine et un brin de persil dans la bouche, prêt à être servi à ce banquet de camarades par les équarisseurs officiels devant nous tous les invités pétrifiés d’horreur qui assistâmes le souffle coupé à l’exquise cérémonie du découpage et de la distribution, puis quand il y eut dans chaque assiette une part de ministre de la Défense farci aux pignons et aux herbes, il donna l’ordre de commencer, bon appétit messieurs !"
"... il nous promit de reconstruire une réplique exacte du panthéon des hommes illustres dont les décombres calcinés sont restés tels jusqu’à nos jours, il ne fit rien pour dissimuler le terrible exorcisme du mauvais rêve mais profita de l’occasion pour liquider l’appareil législatif et judiciaire de la vieille république, écrasa d’honneurs et de fortune les sénateurs les députés les magistrats dont il n’avait plus besoin désormais pour sauver la façade comme au début de son régime, il les exila dans des ambassades heureuses et lointaines ne gardant pour toute suite que l’ombre solitaire de l’Indien à la machette qui ne l’abandonnait jamais, goûtait sa nourriture et son eau, maintenait les distances, surveillait la porte tandis que lui restait chez moi alimentant la rumeur qu’il était mon amant secret alors qu’en réalité il me rendait visite deux fois par mois pour consulter les tarots durant ces nombreuses années où il se croyait encore mortel, avait la vertu du doute, savait se tromper et accordait plus de confiance aux cartes qu’à son instinct primitif, arrivait toujours aussi effrayé et vieux que la première fois où il s’était assis devant moi et sans dire un mot m’avait tendu ces mains aux paumes lisses et tendues comme un ventre de crapaud telles que je n’en avais jamais vu et ne devais jamais en revoir au cours de ma longue vie de liseuse de destins étrangers, il les avait posées en même temps sur la table comme deux suppliques muettes de condamné, il me parut alors si anxieux et désabusé que je fus moins impressionnée par ces paumes arides que par sa mélancolie sans soulagement, la débilité de ses lèvres, son pauvre cœur de vieillard rongé par l’incertitude et dont le destin non seulement nous échappait dans les lignes de ses mains mais dans toutes les sources de consultation dont nous disposions, car dès qu’il les coupait les cartes devenaient des puits troubles, le marc de café s’embrouillait au fond de la tasse où il avait bu, les clefs de tout ce qui avait quelque chose à voir avec son avenir, son bonheur et la réussite de ses actions s’évanouissaient pour devenir limpides dès qu’il s’agissait par contre du destin des gens qu’il fréquentait de près ou de loin, nous vîmes donc sa mère Bendicion Alvarado en train de peindre des oiseaux........................
"elle s’était agrippée à pleines mains à mes cheveux pour ne pas mourir seule dans le vertige abyssal où je me mourais sollicité à la fois et avec la même violence par toutes les urgences du corps, et cependant il l’oublia, il resta seul dans les ténèbres à se chercher lui-même dans l’eau saumâtre de ses larmes général, dans le fil paisible de sa bave de bœuf, général, dans l’étonnement de son étonnement de madre mía Bendicion Alvarado comment ai je pu vivre tant d’années sans connaître ce doux supplice, pleurait-il, étourdi par les désirs de ses reins, le chapelet de pétards de ses tripes, le déchirement mortel du tendre entacule qui lui arracha les entrailles et le transforma en bête égorgée dont les bonds d’agonie éclaboussaient les draps neigeux d’une matière chaude et acide qui corrompit dans sa mémoire l’air de verre liquide de cette soirée de pluie radieuse de la moustiquaire, car c’était de la merde, général, et cette merde-là c’était la vôtre"
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Bédoulène- Messages : 21652
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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Re: Gabriel Garcia Marquez
On a trop tendance à penser "Cent ans de solitude" quand on pense à Garcia Marquez, (non que ce
livre ne le mérite pas) mais dans mon souvenir en tout cas, L'Automne du patriarche le vaut bien.
Il s'inscrit aussi parfaitement dans la lignée des dictateurs latino américains décrits par d'autres auteurs.
Avec des différences notables quand meme, le style déjà.
A la fois drolatique, sinistre et quand meme, mélancolique.
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Gabriel Garcia Marquez
bien sur Bix qu j'ai bien compris la satire sur les dictateurs latino américains !
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Bédoulène- Messages : 21652
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Re: Gabriel Garcia Marquez
Enfin, trêve de digression ! Comme je disais, bien que j'ai aimé le roman mentionné ci-dessus et que jai d'ailleurs lu plusieurs fois, L'automne du patriarche est pour moi le meilleur roman de l'auteur !
Quel expérience de lecture que je mets au même niveau que la nouvelle Mon oncle le jaguar de João Guimarães Rosa.
Je suis un grand amateur des anciennes chroniques de Guillaume Gallienne, ça ne peut pas faire de mal. Je rêve que ce dernier lise ce roman, cela pourrait valoir le détour !
ZeBebelo- Messages : 36
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Re: Gabriel Garcia Marquez
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Bédoulène- Messages : 21652
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