Jean-Claude Pirotte
Page 1 sur 2 • 1, 2
Jean-Claude Pirotte
(Récits incertains)
source : Le MondeJean-Claude Pirotte est un écrivain, poète et peintre belge né à Namur le 20 octobre 1939 et mort le 24 mai 2014.
Né à Namur (Wallonie) le 20 octobre 1939, Jean-Claude Pirotte grandit au sein d'une famille d'enseignants qu'il confessait haïr. Fréquentant des petits voyous, il eut une jeunesse tourmentée. Attiré précocement par les voyages et la littérature, il publia, durant ses études de droit, un premier recueil de poèmes en 1963, Goût de cendre (Thone). L'année suivante, il commença sa carrière d'avocat interrompue en 1975 par sa radiation du barreau. Pour avoir, selon l'accusation, facilité la tentative d'évasion d'un de ses clients- délit qu'il a toujours nié avoir commis-, il fut condamné à 18 mois de prison.
A la geôle, Jean-Claude Pirotte préféra la cavale. Il s'enfuit en France et y mena une existence nomade et clandestine. Sitôt prononcée la prescription de sa peine en 1981, il retourna à Namur et publia, la même année, Le Journal moche (Luneau-Ascot) puis la Pluie à Rethel, son premier roman en 1982. Ont suivi d'autres ouvrages, tels Un été dans la combe (prix Victor Rossel 1986), Sarah, feuille morte (Le Temps qu'il fait, 1989), Le Noël du cheval de bois (Le Temps qu'il fait, 1998), Autres arpents (La Table Ronde, 2000, prix Marguerite Duras).
En 2006, pour Une adolescence en Gueldre (La Table ronde), Pirotte obtint le prix des Deux-Magots. En 2012, il fut récompensé à la fois par le Grand prix de poésie de l'Académie française et le Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son œuvre.
Jean-Claude Pirotte, c'était le poète du quotidien et du paysage, des bonheurs fragiles, de la solitude et des « ciels immenses, gorgés de vent », un prosateur à la fois mélancolique et grave, nonchalant et précis. Il y avait beaucoup de tendresse chez ce barbu qui ne s'appréciait guère. Il se traitait de renégat, ne s'était jamais pardonné d'avoir contracté un mariage sans amour et perdu sa fille suicidée en 1991. Jean-Claude Pirotte aimait Jacques Chardonne, Léon-Paul Fargue, André Dhôtel qui fut son ami et Pierre Mac Orlan avec lequel on l'a parfois comparé.
Dans La légende des petits matins (Manya 1990), il faisait l'éloge de la paresse « limogeage consenti », consacrant « un état de vacuité redoutable, que seule une élite rarissime supporte sans terreur ». Flâneur de vignobles qu'il beaucoup chantés et grand amateur de vin qu'il considérait comme «le refuge ultime de la délicatesse et, disons le mot, de la civilisation », Jean-Claude Pirotte avait été choisi pour diriger un colloque international organisé par le centre d'études pluridisciplinaires des imaginaires du vin en 2004. Peintre, il avait aussi illustré plusieurs livres. Il s'est éteint dans le Jura, à la frontière suisse.[
Bibliographie
1963 : Goût de cendre (poèmes)
1965 : Contrée (poèmes)
1969 : D'un mourant paysage poèmes
1981 : Journal moche essai
1982 : La Pluie à Rethel (roman) : Page 2
1984 : Fond de cale (roman)
1986 : Un été dans la combe (roman) : Page 1
1987 : La Vallée de misère (poèmes)
1988 : Les Contes bleus du vin (chroniques)
1989 : Sarah, feuille morte (roman)
1990 : La Légende des petits matins (roman)
1991 : L'Épreuve du jour enfantine
1991 : Fond de cale roman
1992 : Récits incertains (mélanges)
1993 : Il est minuit depuis toujours (essais)
1993 : Lettres de Sainte Croix du Mont (photographies de Jean-Luc Chapin)
1994 : Plis perdus (mélanges)
1996 : Un voyage en automne (récit)
1997 : Cavale (roman) : Page 1
1997 : Faubourg (poèmes)
1997 : Le Noël du cheval de bois (conte illustré)
1998 : Boléro (roman)
1999 : Mont Afrique (roman)
2000 : Autres arpents (chroniques)
2000 : Enjoués monostiches (avec Jean-Marie Queneau)
2001 : Ange Vincent (roman)
2002 : Les Chiens du vent (avec Pierre Silvain)
2003 : Rue des Remberges (prélude)
2003 : Un rêve en Lotharingie (récit)
2003 : Dame et dentiste poèmes (Inventaire/Invention)
1953-2003 : Le Promenoir magique et autres poèmes
2004 : Fougerolles (poèmes)
2004 : La Boîte à musique (avec Sylvie Doizelet) (poèmes)
2005 : Une adolescence en Gueldre (roman) : Page 2
2006 : Expédition nocturne autour de ma cave (récit)
2006 : Un bruit ordinaire suivi de Blues de la racaille (poèmes)
2006 : Hollande poèmes et peintures
2007 : Absent de Bagdad (roman)
2008 : Passage des ombres (poèmes)
2008 : Revermont
2008 : Avoir été
2009 : Voix de Bruxelles (avec Hugues Robaye)
2010 : Autres séjours
2011 : Cette âme perdue
2011 : Place des savannes
2012 : Ajoie : Page 1
2012 : Le très vieux temps, Le Temps qu'il fait, 2012
2013 : Vaine pâture, Mercure de France, 2013
2013 : Brouillard, Le Cherche Midi, 2013
2014 : Gens sérieux s'abstenir, Le Castor Astral, 2014
2014 : Portrait craché, Le Cherche Midi, 2014 : Page 2
2014 : À Saint-Léger suis réfugié, L'Arrière-Pays, 2014
2016 : Le Silence, Stock, 2016 : Page 2
Mots-clés : #poésie
MAJ le 24/07/2024
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean-Claude Pirotte
Jean-Claude Pirotte, « Encombrant », in « Il est minuit depuis toujours »
« Ils jaugent dans les miroirs l’enfer de leurs regards battus comme la sanction de la plus méritoire des défaites [… »
Jean-Claude Pirotte, « La légende des petits matins »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Jean-Claude Pirotte
reprise du message d'un autre temps :
Cavale
Des épisodes fragmentaires entrecoupés de poèmes, ou plus exactement avec des réminiscences de poèmes. De toute façon l'esquisse de ce récit* qui par moment est grave mais sans être trop sérieux est dans le sens du retour. Un retour par les chemins de traverses et les détours, qui s'égare à dessein. On n'en saura jamais trop de la réalité de cette non moins très vécue "cavale". On partagera une mélancolie à l'air assez heureuse entre les verres, les bouteilles, les amours, les affinités littéraires, une poignée de terroirs et quelques "gueules". Compagnonnages romanesques, écart entre les mondes pour celui passé de l'autre côté de la barrière (de la justice), références nombreuses, souvent inconnues si ce n'est pour le nom de leur auteur, qui laissent rêveur...
Brumeux, brouillant les pistes, déréalisant les instants en les écrivant pour leur donner une vérité ? Lecture frustrante sans l'être vraiment dont on peut lire un paragraphe ou dix pages sans que ça importe vraiment, on se trouve surpris de la quantité de très belles petites phrases qui sonnent si vrai dans ce texte a l'air si simple qui pourtant avoue et revendique son penchant littéraire.
Étonnant, certainement pas moche, qui laisse dans l'embarras d'en parler proprement... mais serait-ce l'objet lu si c'était possible ?
* : Un tour de France avec un crochet en Espagne, pour des bars, des attentes, de mauvaises fréquentations, d'un avocat (l'auteur donc qui s'est retrouvé sur ce chemin) qui s'est soustrait à la justice de son pays (la Belgique).
un petit extrait :
J'aimerais raconter notre vie, mais j'en suis sans doute incapable. Et puis ce possessif : notre, quel sens lui attribuer ? qu'avons-nous partagé ? Trop souvent j'ai ruminé le sentiment de n'être rien pour toi. De ne t'appartenir en rien, et c'est ma faute, et c'est aussi la tienne. Voici la Loire, et les désastreux faubourgs de Tours. Une bretelle d'autoroute, une grue surveillant une carcasse de béton, des saules pleureurs essoufflés, un pont, des pavillons tristes, un talus sablonneux, et le train prend de la vitesse. De ce voyage, je retiendrai ce sempiternel goût de cendre glacée, celui de tous mes voyages. Celui des retours loin de toi, des abandons, et de l'automne. J'aime aussi ce goût, puisqu'il m'apprend que je suis pauvre, et que je suis seul. C'est bien écœurant. Il y a si longtemps que je cherche à m'expliquer. Il y a si longtemps que je n'écris qu'à toi pour ne pas être lu.
il faut que je revienne encore sur la lecture, plus tard. et merci bix !
_________________
Keep on keeping on...
Re: Jean-Claude Pirotte
Poésie, paru en 2012, 90 pages "aérées" environ.
Drôle d'écriture, qui n'arrive pas à se déprendre tout à fait de la rime (bien que s'en accommodant "à la hussarde"), porté sur la stance, flirtant avec des spondées et des réminiscences de poésie début XXème (Francis Jammes ? - bien que Pirotte revendique plutôt une proximité avec André Dhôtel).
Sans doute à conseiller à ceux qui ne lisent pas de poésie mais aspirent à en feuilleter quelques pages, l'aspect familier, peu déroutant, les correspondances, l'absence de sens très caché ou de renvois hermétiques à destination d'initiés doivent mettre en confiance tout lecteur. Pirotte, dans Ajoie, "sonne" franc à voix haute et...pas seulement à vois haute avec une touche de naïveté (recherchée plutôt que consentie, à mon humble avis) dans l'agencement des strophes.
Deux poèmes non intitulés, illustratifs de sa manière, logés dans la partie III du recueil (arrière-été), poèmes qu'il eût été possible (ou plus pertinent peut-être) de poster sur le fil Bleu.
C'est la fleur bleue des légendes
le bleu du cavalier bleu
dans le jardinet sauvage
sous le ciel indifférent
le bleuet (c'est un mystère)
orne à nouveau l'été lent
contre tous les vents contraires
et les instruments de mort
c'est un signe parmi nous
que nous adresse le temps
le dieu qui noue et dénoue
l'âme et les renoncements
Et, dans une veine tellement similaire qu'il serait dommage de dépareiller ces deux poèmes, celui-ci, introït de la partie III.
Hardi, le coup du "encore" orthographié avec un "e" dans la première strophe, mais sans "e" dans la troisième.
Joli, le coup d'une seule ponctuation, un point d'interrogation tellement isolé qu'il vaut mot - ou plaque tournante du poème, en fin de première strophe:
dans le jardinet farouche
un désordre de bleuets
ce matin le vent de bise
l'ébouriffe mais encore ?
il arrive que le vent
censément n'y soit pour rien
c'est alors qu'on se demande
qui va là qui donc se penche
au cœur du bleu très ardent
qui le dérange et l'entraîne
à se faire encor plus bleu
en ses multiples nuances
que le bleu le plus céleste
plus franc plus médiéval
bleu royal d'enluminure
bleu de geste et d'épée nue
bleu minéral de parure
bleu de saint bleu de travail
on dit bleu comme la terre
bleu natal et bleu mortel
et l'on choisit de se taire
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Jean-Claude Pirotte
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean-Claude Pirotte
Qu' ètes vous devenus Toma, GGG, Constance...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean-Claude Pirotte
et de jour en jour je cède
du terrain je me précède
parfois pour jouer le jeu
Je deviens la mort qui court
à mes basques son discours
je le prononce moi-meme
pour lui montrer que je l' aime
depuis mon enfance morte
on meurt en bonne santé
de la vie ou de l' aorte
au fond ce n' est pas pour rien
si l' on prend soin de sauter
dans le vieux fleuve à pieds-joints.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean-Claude Pirotte
dit l’enfant je passe mon chemin
je vais vers les prairies lointaines,
où l’herbe chante à minuit près des saules
qui pleurent car c’est ainsi
que s’ouvre à mon cœur la musique fidèle
et que le monde enfin commence à vivre
et que je commence à mourir
tu ne me verras pas vieillir
ni ne reconnaîtras mon ombre
adossée au talus là où le sentier noir
se perd dans un fouillis d’épines
et les étoiles des compagnons blancs
tu as beau regarder sans cesse derrière
toi comme si tu craignais l’orage
et que tu te hâtais poursuivi par l’éclair
jamais tu ne surprendras mon sourire
tendrement cruel comme celui d’un tueur triste
Veilleurs, Passage des ombres, La Table ronde, 2008
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean-Claude Pirotte
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean-Claude Pirotte
la page blanche comme lait
me regarde je m'y vois laid
pour la séduire avec la rime
et pour la frime et pour la frime
je la transforme en un palais
dépoussiéré par le balai
de ma vieille sorcière intime
qui la repousse vers l'abîme
Elle me parle, cette page blanche, quoi...!
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Jean-Claude Pirotte
4 x 5 minutes, extraits de Ajoie, Passage des ombres et Cette âme perdue (réédition Gallimard 2018)
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Jean-Claude Pirotte
à part causer de la lune dis-moi
qu'est-ce que tu sais faire?
guetter un cri d'oiseau nocturne
pauvre miracle à ta mesure
ton regard mort creuse la nuit
mais le miracle ne survient
jamais à l'heure où je m'ennuie
de tant de mondes possibles
offre-moi des escarpins d'or
comme tu l'avais promis
je m'en irai d'ici ton sort
sera celui que tu espères
changé en vieil hibou tu pourras
enfin t'adresser à ta vieille lune
postiche en toute intimité
(signé : ton amie aux yeux clos)
p. 192
si je n'ai rien perdu
rien n'aurai-je gagné
à répéter l'indu
l'on se mange le nez
mon père m'a donné
ce que m'a pris ma mère
avant que d'être né
j'aurai goûté l'amer
picon de l'agonie
je serai mort souvent
sans souci d'harmonie
et la chemise au vent
que dire sinon couac
il ne fait pas beau temps
dans l'enfer des familles
et le feu est au lac
p. 193
Jean-Claude Pirotte, Ajoie précédé de Passage des ombres et de Cette âme perdue
Juste avant, j'avais la vague impression que Jean-Claude Pirotte était sympathique avec les flâneurs... j'ai trouvé d'autres choses que je posterai dans le fil conséquent.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Jean-Claude Pirotte
pour le choix des poèmes !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean-Claude Pirotte
Je me suis installé hier dans ce baraquement déglingué. Certaines gens se trouvent toujours et partout de péremptoires raisons de vivre. Moi, sans doute, je n’ai jamais connu semblable assurance. Il y a ceux qui parlent de leurs vacances, dessinent les plans d’un bungalow pour leurs vieux jours, rêvent d’un rire de femme, courent les putains, les cafés ou les banques, et comptent les dimanches. J’ai peut-être été comme eux. En apparence? Mes souvenirs sont bien confus. Je ne vois qu’une succession d’hivers et d’étés, les grands gestes brutaux du vent sur des campagnes échevelées, de soudaines bourrasques grinçantes entre des banlieues de béton, de la pluie.
Ou si la fuite, l'errance ou une certaine forme de vagabondage étaient le trousseau de clefs qui permet d'ouvrir toutes les portes de l'esprit, des sentiments, des regrets, des remords...
Récit qui oscille entre réalité, imaginaire et même une certaine forme de délire.
Comment se retrouver sauf en allant plus loin, faire d'autres rencontres, découvrir d'autres lieux qui ne sont tous, peut-être, que les acteurs des souvenirs.
Avec une langue gorgée de poésie, l'auteur nous donne d'imaginer, nous aussi, l'itinéraire de cet homme-errant, ses vérités, ses mirages...
N'espérons-nous pas tous regagner" notre combe", finalement ?
Ce livre est un récit à interpréter, chacun, selon nos bagages...
Le café, lui, dégageait une parfum gras qui rappelait l'odeur de certaines fougères, dans les sous-bois après la pluie. Je dois bien avoir passé une heure à chercher l'image des fougères, et j'ai fini par me souvenir de la forêt du Grand-Jailly, où j'allais, enfant, me perdre en automne, sous le prétexte de ramasser des trompettes de la mort. Dans l'odeur du café aussi il y avait des trompettes de la mort.
Invité- Invité
Re: Jean-Claude Pirotte
Récit qui oscille entre réalité, imaginaire et même une certaine forme de délire.
Comment se retrouver sauf en allant plus loin, faire d'autres rencontres, découvrir d'autres lieux qui ne sont tous, peut-être, que les acteurs des souvenirs."
Oui, il était ainsi, Pirotte, éternel errant, fuyant ce qu'il ne pouvait rattraper,
une jeunesse vagabonde entourée d'amis, de femmes et de vins.
Tout était vain et il repartait ailleurs.
A la fin de sa vie, lui, l'homme du Nord, était venu dans le Sud, le Cabardès.
On était presque voisins.
Mais il était déjà ailleurs.
Il s'attendait à mourir et la mort était au rendez-vous comme si c'était lui qui l'avait anticipée finalement. B
Dernière édition par bix_229 le Mar 26 Nov - 18:50, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean-Claude Pirotte
(J'aime beaucoup le deuxième extrait.)
Mauvais pour mes finances ! Heureusement que Noël approche
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Jean-Claude Pirotte
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean-Claude Pirotte
La dure obligation d'avoir à me "reconstituer" chaque matin, à rassembler mes éléments épars, éprouve mes nerfs comme si je me livrais à un jeu de patience affolant, dont les règles sans cesse se modifient à mon insu. Une collections d'images brouillées et fuyantes déroule dans le désordre les fragments d'un kaléidoscope, dont je m'obstine à interpréter l'incohérence. Chaque être est-il ainsi contraint de jour en jour à cette recherche harassante de ses clés ?
Invité- Invité
Re: Jean-Claude Pirotte
Une cabane abandonnée dans une combe, près d’une ancienne décharge. Un homme dont la personnalité est dispersée en multiples fragments et qui essaie de se reconstruire. Qui est-il, d’où vient-il ? Il est question de marches dans les sentiers, de villages, de villes, Reims, Dijon, le Mont Afrique, d’autres lieux aussi, avec des canaux et des mariniers, des cafés et l’Hôtel Brienne, de l’irruption récurrente d’un rire franc de fille. Est-ce celui d’Hélène ? Et toujours une grande fille aux longs cheveux noirs, qui pourrait répondre au prénom d’Hélène, qu’il a connue ou qu’il connaîtra, qui sait ? Le récit se boucle sur lui-même comme le narrateur.
Une écriture très poétique, qui a parfois un peu tendance à s’écouter parler.
« Le type, la cabane, le rire de fille, il y a tout pour faire une histoire. Mais il n’y a pas d’histoire, à moins que l’histoire ce soit justement l’absence d’histoire. Le type c’est moi, et je ne sais pas trop qui est moi. Qui je suis, cela me regarde-t-il ? Un type qui s’est installé dans une cabane délabrée, au fond d’une combe broussailleuse, et qui, en somme, se demande d’où il vient »
« Du moins il suffirait de peu de chose pour que ces lumières dispersées en moi se rejoignent, et que je m’endorme sans trembler, sans souffrir. »
« Lorsque j’avais pris le pli de traîner dans la ville, avec toutes ces stations dans les bistros, c’était comme un chemin de croix. Une façon d’égrener des prières, ailleurs que dans les églises. Me perdre en me cherchant. J’explique de cette façon aujourd’hui, mais est-ce que je n’essaie pas de me justifier ? Et de quoi donc ? »
« La trame des années, me semble-t-il, n’a jamais reposé que sur une suite infinie de malentendus. Questions sans réponses, toujours. La réponse, elle se peut qu’elle soit toute entière contenue dans ce cahier, sous les mots, ou entre les lignes, sans que j’en aie conscience. A mon insu, j’aurais trouvé la clef perdue, mais j’ignore quelle porte elle ouvre, je ne peux pas m’en servir. »
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Jean-Claude Pirotte
Le chat l'unique élu
du dieu de l'immanence
on le trouve assis
sur le manuscrit perdu
Il le quitte la nuit
pour nourrir sa mémoire
en flânant dans les rues
il est maître du temps
Il explore les lieux
qui sont toujours nouveaux
et l'herbe des talus
que défroisse la lune
(" Autres séjours")
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Page 1 sur 2 • 1, 2
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones