Vladimir Holan
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Vladimir Holan
Vladimir Holan
(1905-1980)
(1905-1980)
Source : esprits nomades.comVladimir Holan est né à Prague le 16 septembre 1905. C'est l'époque de la guerre russo-japonaise et sa mère lui donne le nom de Vladimir par sympathie pour la Russie. Il apprendra à haïr et les Russes et son prénom. Vladimir Holan meurt le 31 mars 1980, trois ans après la mort de sa fille. Il n'était sans doute ni réconcilié avec le monde, ni réconcilié avec lui-même. En étrange pays dans son pays lui-même, étrange étranger dans ce chaos organisé qu'était la Tchécoslovaquie, il végétera dans les noires années de fer de l'après-guerre, survivant de traductions et avalant les humiliations dans le silence de ses mots. Peu à peu son cercle s'élargit car il n'était point possible pour tous les rideaux de fer du monde de garder prisonnier une telle parole. En 1967, il est traduit pour la première fois en France par Dominique Grandmont puis vient la traduction de Hamlet l'année suivante. Le choc est immense la vénération immédiate.
Son œuvre poétique qui tendait vers l'universel finit par déborder des barrages de ses censeurs. Un culte s'installe autour de lui et cette lecture sacrée et secrète que faisaient ses lecteurs comme dans une catacombe finit par se disséminer. Les événements tragiques du bref printemps de Prague en 1968, en font un poète national, la voix de la résistance aux oppressions. Ses œuvres complètes commencent à être publiées et lues avidement.
Trop tard pour Holan qui ne tenait plus à la gloire et quand on lui parlait d'un possible prix Nobel, il se taisait encore plus profondément, ne croyant plus en l'espoir.
Il avait subi à la fois « le nazisme noir et le communisme rouge ». Il détestera viscéralement toutes les idéologies. Pour lui il n'y a pas de connaissance et nous ne vivons que l'illusion.
Mais il ne veut pas témoigner comme un Grossman ou un Soljenitsyne. Son silence est encore plus terrible. Forcé ou voulu peu importe. Interdit de parole pendant plus de vingt ans, vivant, ou plutôt survivant dans une île de Prague, il accomplit dans la solitude une œuvre hantée par la désespérance, le dénuement et « la visitation de la folie ».
Il vivait reclus dans sa maison sur l'île de Kampa depuis les années cinquante et n'en sortira plus. Il lançait ses poèmes sur la ville comme de dangereux oiseaux noirs. Cette voix qui ne voulait pas s'éteindre faisait froid dans le dos, elle disait le purgatoire quotidien, les mains coupées de l'espérance. Il meurt le 31 mars 1980.
Bibliographie en français :
1963 : Mozartiana (Mozartiana)
1963 : Toscane
1964 : Une nuit avec Hamlet (Noc s Hamletem)
1965 : Douleur (Bolest)
1977 : À tue-silence (Na celé ticho)
1982 : L'Abîme de l'abîme (Propast propasti)
1982 : Pénultième (extrait du recueil Předposlední, 1968-1971)
Histoires, choix de poèmes
Une nuit avec Hamlet et autres poèmes (1932-1970)
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Re: Vladimir Holan
Une nuit avec Hamlet et autres poèmes
Difficile de parler de poésie et j'aurais du mal à exprimer autre chose que mon sentiment. D'une parce que je suis peu doué pour commenter la technique littéraire d'un poète et de deux parce que la poésie parle d'elle-même à mon sens.
Je suis habituelle peu fan de poésie car je trouve souvent que la poésie fait du beau avec de jolis mots au détriment des idées. Mais là c'est le style tchèque qui transpire au travers de l'ouvre d'Holan : c'est simple, fluide et riche. Nombre d'idées éblouiraient le meilleur des philosophes s'il en est. Pas de langage alambiqué juste le plaisir d'exprimer des émotions et l'on est transporté par la sensibilité de cet auteur à fleur de peau.
Je n'en dis pas plus je gâcherais votre découverte. Un extrait pour vous donner l'envie de parcourir les pages de son ouvrage :
Ces deux poèmes se situent dans une partie du livre qui s'appelle Réponse à la France et qui est contextualisé par l'abandon de la Tchécoslovaquie par la France et le Royaume-Uni en la laissant être envahie par Hitler pour ne pas être eux-mêmes attaqués. La Tchéquie était avant un solide allié de la France et cette pure trahison fut tellement indigeste pour Dalladier qu'il s'attendait à être lynché par le peuple à son retour en France or il fut applaudi et se dit alors qu'en effet tout était perdu.
Holan a écrit:1
Même le soleil rend la nature malade,
elle vomit de l'ombre.
Jadis éternelle, la France
sonne le glas des actes.
Le crime seul se terre
dans son coin égoïste...
Pour être libre, il faut agir
C'est plus qu'un lien. Ce sont des chaînes.
2
Personne ne se soucie là-bas, chez vous tous,
que ce pays dans lequel je vis encore tranquillement
puisse n'être aujourd'hui ou demain pour votre orgueil
qu'une peau de chien pour la cornemuse.
Que personne ne se réjouisse, chez vous, fût ce par
ruse ou par intérêt,
de cette seconde de silence observée ici pour la paix.
Vous avez simplement trahi, déjà le châtiment s'élance
et va commencer par les lâches.
Cent ans ne me sont rien, pour moi qui suis poète.
je dis : rien, et donc, prenez qui vous voulez,
nous pouvons attendre. Dés maintenant, entre les mots,
ce n'est plus vous, mais quelqu'un d'autre qui se tient
près des caméras
et qui tourne...
mots-clés : #poésie
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