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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Dim 28 Avr - 17:57

46 résultats trouvés pour racisme

Doris Lessing

Nouvelles africaines

Tag racisme sur Des Choses à lire - Page 3 Nouvel10

J’ai lu ces nouvelles dans une édition de 1980, c'est-à-dire qu’elles ne représentent pas toute la production de Doris Lessing, mais treize nouvelles (les premières sans doute), dont Le vieux chef Mshlanga et Le soleil se lève sur le veld. (Avec évidemment les doutes usuels sur la traduction, et la mise en page ‒ sauts à la ligne escamotés ?) Ces textes offrent une description approfondie de l’intérieur de l’ex-Rhodésie, où l’auteure a vécu. Le veld, mais aussi les fermiers anglais ou afrikaners (plus ou moins en confrontation, plus ou moins aisés), en rapport distant avec les indigènes, entre paternalisme et incompréhension, ou plutôt non-questionnement :

Le vieux chef Mshlanga : une jeune fille blanche, élevée dans l’évidence de faire partie des maîtres, commence à s’interroger, partagée entre la fascination et la crainte, mais l’incommunicabilité est profondément installée.

« …] c'est mon héritage aussi ; j'ai été élevée ici ; c'est mon pays aussi bien que celui de l'homme noir ; et il y a suffisamment d'espace pour nous tous, sans que nous ayons à nous bousculer les uns les autres pour nous contraindre à céder le passage. »

« …] j’avais appris que, si l’on ne peut pas siffler son pays comme un chien, on ne peut pas non plus rejeter le passé avec un sourire en se disant paisiblement : je n’y pouvais rien, je suis victime aussi. »


Le petit Tembi est un bébé cafre sauvé par une infirmière blanche, épouse du patron de ses parents ; choyé lors de sa petite enfance, mais bouleversé par le fossé qui les sépare, il devient voleur dans la plus complète incompréhension mutuelle.

Pas de sorcellerie à vendre : de part et d’autre, il est impossible d’échanger : le cuisinier qui chérit son petit maître sauve sa vue lorsqu’il est aveuglé par un serpent cracheur, mais ne peut se résoudre à transmettre son savoir ancestral de guérisseur aux Blancs.

Rien de tranché dans ces aperçus d’un monde complexe : les petits Blancs paupérisés sont à mi-chemin des deux pôles sociaux, les colons et leurs domestiques, comme invisibles pour les premiers :
La seconde hutte : un Anglais s’acharne à faire subsister sa ferme tandis que sa nostalgique épouse languit, malade des conditions pénibles de leur existence ; il embauche comme assistant un Afrikaner qui fait des enfants à sa femme dans une volonté aveugle de survie dans la misère, et rudoie les employés cafres : ce sera un désastre pour tous.

La ferme du Vieux John : nouvelle assez longue pour déployer toute la finesse d’observation psychosociale de l’auteure, via une jeune fille entre deux générations, lors des soirées entre voisins fermiers dans le veld.  

« "Ce que je ne supporte pas, c’est cette monotonie inexorable. On presse un bouton ‒ il suffit de les abreuver suffisamment ‒ et la machine se met en route. Les mêmes choses se répètent, avec les mêmes gens, et pas un seul mot qui… C’est atroce." »


George le léopard : ou les rapports dramatiques hommes blancs - femmes noires dans un milieu britannique (i.e. puritain).

« Mais non seulement l’homme blanc prend à l’Afrique ce qu’il y trouve, mais il lui impose sa propre vision rapportée d’autres pays. »


L’hiver en juillet : un ménage à trois ‒ qui ne suffit pas même à combler la déréliction d’une femme à la ferme dans le veld.

Un toit pour le bétail des Hautes Terres : la femme d'un couple d’émigrés anglais déchante en arrivant en Rhodésie du Sud ; déçue et irritée par une existence étriquée, celle-ci découvre la condition des Africains avec un sentiment d’injustice, une empathie maladroite, toutes les facettes de cette confrontation vécue par tous les expatriés occidentaux dans des (anciennes) colonies (typiquement dans le rapport à l’argent).

L’Eldorado : un fermier s’est consacré aux cultures vivrières, faisant fi des de plus rentables ‒ mais la fièvre de l’or l’enflamme, au grand dam de son épouse : appât de l’aventure, de la chance, de la fortune "facile", passion qui le fait déchoir.

La fourmilière : le fils de l’ingénieur d’une mine d’or découvre en jouant avec son ami de la « réserve » (le village cafre) ‒ lui-même fils méconnu du propriétaire de la fourmilière humaine ‒, leur injuste différence de condition ; il partage avec lui son éducation scolaire, ils enragent dans une révolte confuse (magnifiquement transcrite), et enfin un avenir est devant eux.

Un autre beau texte, à part dans cette permanente thématique de l’impossibilité à se comprendre et partager dans les rapports Noirs - Blancs : Le soleil se lève sur le veld. Un garçon blanc de quinze ans jouit de sa liberté de chasseur dans le veld magnifique, mais est bouleversé par l’agonie d’une antilope (chevreuil » dans mon édition…) dévorée par les fourmis parce qu’elle avait une patte cassée : c’est la loi de la nature, mais peut-être a-t-il lui-même blessé cet animal ?

Dans ces nouvelles constituant un ensemble d’approches du même questionnement, j’ai particulièrement apprécié la manière approfondie d’étudier le confrontement de mondes qui ne peuvent se comprendre, séparés entre riches et pauvres, employeurs et employés, hommes et femmes, étrangers et indigènes ‒ univers mesquins, soigneusement cloisonnés, qui cohabitent à grand peine de façon artificielle. L’expérience vécue de Doris Lessing est évidente. Son œuvre a sa place parmi celles de Blixen et Coetzee notamment, pour essayer d’appréhender cette problématique complexe, où l’usage du terme "racisme", commode mais en définitive vide de sens, empêcherait toute analyse fouillée.

mots-clés : #nouvelle #racisme #segregation
par Tristram
le Dim 15 Oct - 16:14
 
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Sujet: Doris Lessing
Réponses: 15
Vues: 1637

Richard Powers

Le temps où nous chantions

Tag racisme sur Des Choses à lire - Page 3 Le-tem11

Un poisson et un oiseau peuvent tomber amoureux mais comment parviendront-ils à construire un nid ? Et quelle sera la vie de leur progéniture ? Sera-t-elle oiseau ou poisson ou un mix des deux sorte de oisson ou de poiseau ?

C'est en très raccourci à ces questions que Richard Powers nous invite à nous confronter dans ce roman qui retrace de 1939 à (presque) nos jours l'histoire américaine et en particulier celle des Noirs américains.

Delia Daley naît dans une famille noire et rencontre David Strom qui est blanc, juif et allemand. Contre toute attente et contre toutes les lois en vigueur au pays des Amériques, ils vont s'aimer, se marier et enfanter. A partir de là, la catastrophe commence et elle a pour nom : métissage. Comment élever des enfants de parents aussi différents et énigmatiquement unis par un lien musical qui remplace toutes les écoles, toutes les morales et toutes les lois du monde ? Que seront ces trois mômes dont les couleurs de peau varient et dont les parents, désireux de les protéger comme tout parent se doit de l'être, imaginent pouvoir les élever sans se poser la question de la race ou plutôt en la dépassant, envisageant de vivre dans un monde où la couleur de la peau n'aurait plus d'incidence sur le rang social, sur l'éducation, l'accès à la culture, sur la liberté. Mais aux Etats-Unis, au XXième siècle, cette éducation est formellement impossible et les enfants du couple mixte vont rapidement être confrontés à la problématique du racisme, de la loi et de la différence. Car le cœur du roman de Powers est bien celle-là : comment vivre en tant que métis dans un monde qui ne reconnaît pas le droit au mélange  ? Dans un monde qui ne s'envisage que de manière polarisée, soit noir soit blanc mais jamais gris ; dans un monde qui n'hésite pas à avoir recours à la bombe atomique, à l'assassinat politique (Martin Luther King, Malcom X,…), au lynchage de mômes pour faire régner l'Ordre. A cette problématique chacun des enfants répondra à sa manière, Jonah sera un ténor reconnu dans le monde entier en chantant des musiques blanches, Ruth s'associera aux Black Panthers pour tenter de changer le monde et Joseph cherchera à être le pilier familial dont la mort de Delia aura privé toute la famille.

Ce livre, ce grand livre, n'est pas seulement une réflexion extrêmement pointue sur le racisme, sur la manière d'élever ses enfants, sur l'histoire politique américaine, il est aussi un livre impressionnant sur la musique et sur le chant en particulier, avec ce que cela veut dire de souffle, de corps, de coffre, de tessiture et de voix, un livre sur toutes les influences musicales qui vont traverser les vies de nos protagonistes et les construire (déconstruire) presqu'autant que la politique ou l'amour. Et si le constat, amer, que fait Powers me reste au fond de la gorge, celui qui consiste à dire que l'éducation choisie par Delia et David est un leurre, qu'un enfant ne peut pas choisir en conscience sa vie, qu'il ne peut décider pour lui-même, en lui-même quels chemins il désire explorer et quels sont ceux qu'il va volontairement ignorer, on ne peut que lire ce livre dans la fièvre d'un désir de réconciliation, d'entente et de partage, tout en rêvant de jour meilleur. La toute fin, d'ailleurs, laisse espérer qu'il pourrait peut-être un jour en être ainsi...

Mais pour être encore un peu plus exhaustif, il faut ajouter une troisième dimension à ce roman et cette dimension est celle du temps. Car si David Strom est allemand et juif, il est également physicien et s'intéresse à la question du temps, permettant ainsi à Richard Powers d'écrire un livre à l'architecture parfaitement magistrale, j'insiste absolument unique.

En effet, ce que nous apprenons à la lecture de ce texte, grâce aux travaux de David, c'est d'abord que le temps n'existe pas et que nous sommes toujours maintenant, dans une succession d'instant présent qui s'emboîte à l'infini les uns dans les autres. Ce que nous découvrons ensuite, c'est que nous pouvons envoyer des messages dans le passé ou le futur mais que nous sommes incapables de les recevoir. Pourtant, la troisième leçon nous informe que nous pouvons voyager dans le passé, revenir à un évènement antérieur à partir du moment où nous l'avons vécu au moins une fois, selon le principe que si nous y sommes présent il est possible d'y retourner. Enfin, David découvre à la toute fin de sa vie que le temps forme des boucles et que nous sommes donc en quelque sorte prisonnier de boucles temporelles qui se referment sur elles-mêmes, ce qui voudrait dire que les évènements peuvent se déplacer continuellement vers leur propre avenir tout en revenant sur leur propre passé ; mais pour se faire il faut pouvoir prouver que les galaxies ont un sens de rotation préféré. Ce que Richard Powers offre au lecteur c'est la mise en application littéraire de cette théorie pour en faire un fabuleux roman.


Reste donc la musique, ce langage qui devrait unir toutes les nations et tous les êtres puisque cette Tour de Babel dressée au milieu des villes comme des déserts, en passant par les sons dépasse le clivage des accents, et pourtant, et pourtant, il n'en reste pas moins, qu'ici comme ailleurs, une blanche vaudra toujours deux noires…


mots-clés : #historique #segregation #racisme
par shanidar
le Jeu 4 Mai - 19:38
 
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Sujet: Richard Powers
Réponses: 27
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Henning Mankell

Tag racisme sur Des Choses à lire - Page 3 Sans-t11

Un paradis trompeur

Hanna Renström vit au nord de la Suède avec sa mère Elin et ses frères et sœurs. La misère est telle que sa mère ne peut plus assurer sa subsistance et l’oblige à partir et à se débrouiller toute seule. Après avoir cherché en vain des gens qui pourraient l’aider, elle rencontre Jonathan Forsman qui l’engage un certain temps. Il lui présente le capitaine Svartman, dont le navire est en partance pour l’Australie, qui l’engage comme cuisinière à bord du Lovisa. Elle a 18 ans et on est en 1904, et sa vie va changer.

Dès qu’elle monte à bord, c’est le début d’une aventure sans retour. Elle y fait des rencontres marquantes comme le second du navire, qu’elle épouse durant la traversée. Mais la fièvre aura raison de lui.

Hanna n’ira pas jusqu’en Australie. Elle décide de quitter le Lovisa quand il accoste au Mozambique, sans prévenir personne. Les marins vont la chercher, l'attendre, puis le Lovisa reprendra la mer sans elle.

A la recherche d’un hôtel, elle finit par en trouver un qui lui convient. Mais c’est un hôtel de passe. Elle est aidée par les prostituées qui vont aussi la soigner - car la vie à bord a été épique - et prendre soin d’elle.

Elle sera confrontée aux différences entre les Blancs et les Noirs, colons et indigènes. Racisme. D’abord réticente, elle finira par se lier d’amitié avec le tenancier du bordel, un colon, puis acceptera de l’épouser. Celui-ci éprouve pour elle un amour sincère, il lèguera tous ses biens à sa femme.

Hanna se retrouve veuve à nouveau, et donc riche, à la tête d’un bordel, pose ses conditions afin que les prostituées soient respectées, avec qui elle a des liens très forts. Mais la place de chacun c’est chacun sa place, aussi ces dames ne pourront jamais lui avouer leur amitié… Elles ne manifesteront aucune émotion envers elle, parce qu’elle est blanche.

On découvre plutôt les liens entre Noirs et Blancs, les rapports entre les personnes dans un monde colonial, que l’Afrique à proprement parler. Cette histoire est inspirée d'une histoire vraie.

En tout cas, un livre très agréable à lire, prenant, surtout quand on aime les livres de Hennig Mankell, ce qui est mon cas. Ce n'est pas son meilleur roman mais un p’tit Mankell de temps en temps ça fait vraiment plaisir.


mots-clés : #colonisation #segregation #racisme
par Barcarole
le Jeu 6 Avr - 21:48
 
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Sujet: Henning Mankell
Réponses: 48
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George Samuel Schuyler

George S. Schuyler (1895-1977)

Tag racisme sur Des Choses à lire - Page 3 George10

George S. Schuyler (1895-1977) était journaliste et écrivain. Militant actif de la NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleurs), opposant farouche aux discriminations raciales, il était connu pour ses satires et son esprit mordant.

Wikipedia






Tag racisme sur Des Choses à lire - Page 3 Black_10

"BLACK NO MORE, ou le récit d'étranges et merveilleux travaux scientifiques au pays de la liberté entre 1933 et 1940 après J.-C." fut publié en 1931.

Mon professeur de sociologie avait un jour déclaré que le Noir n'avait que trois manières de traiter son problème en Amérique. (Il se mit à les compter sur ses longs doigts fins.) "Foutre le camp, devenir blanc ou serrer les dents." Vu qu'il ne veut ni ne peut partir, et qu'il ne serre les dents qu'à contrecoeur, à mon avis, il ne lui reste plus qu'à devenir blanc.

Au début des années 30 aux Etats-Unis, la ségrégation raciale fait rage et le racisme est prégnant. Le docteur Crookman, aidés par ses deux "mécènes", un agent immobilier et un ancien bookmaker, compte exploiter son invention, une méthode pour blanchir la peau des clients irrémédiablement, à l'échelle de toute la population noire américaine. Max Disher décide, sur un coup de tête, d'être le premier cobaye.
Certes, il y a des longueurs sur la fin, à partir du début de la course à la Maison Blanche, et le fait que l'argent est le principal moyen et le but de pas mal de tout un chacun dans cette fiction peut agacer certains lecteurs. Mais les 150 premières pages , alternant à chaque chapitre, l'histoire de son héros et les effets du "Black no more" sur la société américaine débordent d'ingéniosité et de clairvoyance pour démonter, en creux, tous les tenants et aboutissants de la ségrégation raciale, ses causes et conséquences économiques, sociales et politiques.

Et les vingt dernières pages relancent l'histoire - notamment deux pages qui rappellent, sans concession ni exagération, les lynchages "selon l'ancienne tradition"(sic).

L'auteur porte un regard certes tranché, mais ironique et acéré sur l'Amérique au temps de la ségrégation raciale. A croire, en refermant le livre, que ces lois infamantes étaient quasiment, à l'époque, un pilier pourri du système américain.

"Comme il n'y avait jamais eu plus de deux millions de Noirs dans le Nord, le processus de blanchiment y avait été perçu avec indifférence par les masses car les faiseurs d'opinion sentaient que le pays réglait un problème très épineux à un coût nul, ce qui n'était pas le cas dans le Sud.
Lorsque les vilains fils d'Ham constituaient un tiers de la population de l'ancienne confédération, ils y avaient une grande valeur économique, sociale et psychologique. Non seulement ils accomplissaient le sale boulot et étaient à la base de la richesse des Etats du Sud, mais ils servaient aussi de chiffon rouge chaque fois que le prolétariat blanc ne supportait plus de se faire exploiter. La présence des Noirs au bas de l'échelle sociale donnait à Dixie un caractère unique aux Etats-Unis. Là-bas, en dépit de l'industrialisation galopante, la vie était un peu différente, un peu plus agréable, un peu plus douce. Il y avait du contraste et de la variété, ce qui était rare dans une nation où la standardisation s'était tant répandue que le voyageur ignorait dans quelle ville il se trouvait aussi longtemps qu'on ne l'avait pas renseigné. Le Sud avait toujours été identifié aux Noirs, et vice-versa, et ses plus beaux souvenirs, préservés dans les histoires et les chansons, s'étaient construits autour de cette caste de parias.
Si les Caucasiens du Sud étaient fascinés par la chevalerie, s'ils étaient obsédés par la protection de la féminité blanche, s'ils exaltaient la fierté raciale, s'ils faisaient tous preuve de la même arrogance étudiée, c'était dû à la présence du Noir. Virées et affamées par leurs seigneurs de l'industrie et de l'agriculture, les masses blanches tiraient leur seule consolation et leur seul bonheur du fait qu'elles était de la même couleur que leurs oppresseurs et, par conséquent, supérieures aux misérables Noirs.
Les pertes économiques occasionnées par l'émigration ethnique dans le Sud étaient considérables. Des centaines de wagons en bois, depuis longtemps interdits pour leur vétusté dans d'autres parties du pays, furent envoyés à la casse par les compagnies de chemin de fer quand il n'y eut plus de Noirs à y entasser."


Message rapatrié


mots-clés : #racisme #segregation
par Exini
le Dim 11 Déc - 9:20
 
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Sujet: George Samuel Schuyler
Réponses: 1
Vues: 570

Achille Mbembe

Critique de la Raison Nègre» de Achille Mbembé.  suite

voici un extrait :
«Par ailleurs, il y a une part maudite constitutive de l’histoire des rapports entre l’Afrique  et la marchandise. Cette histoire prend forme au moment de la traite atlantique. A la faveur de la traite des esclaves, le rapport des Africains à la marchandise se structura rapidement autour du tryptique désir de consommation/ mort/ génitalité. A plusieurs égards, l’économie politique de la traite des esclaves fut une économie foncièrement libidinale. Elle avait ceci de particulier que son centre de gravité, ou encore son moteur principal, était d’une part le désir de consommation et de l’autre le désir de la dépense absolue et inconditionnelle. Ce désir entretenait en retour un rapport étroit avec les procédures de reproduction sexuelle. Il revêtit très tôt les aspects d’une corruption que même la perspective d’autodestruction (la vente des parents proches et la dissolution du lien social) ne parvenait guère à limiter. On peut, au demeurant, dire de cette économie qu’elle fit de l’autodestruction et du gaspillage les indicateurs ultimes de la productivité....»

j'ai commencé la lecture de ce livre qui à mon sens a toute sa place ici, d'autant qu'écrit par un historien de l'esclavage qui ouvre sur le racisme, je le lis en parallèle avec Home de Toni Morrison, j'apposerai sans faute un commentaire sur ce livre dès que j'aurai plus de matière...
j'essaierai d'apporter une double problématique à ces lectures : le racisme en tant que réponse économique, et esclavage et sexualité des dominants...

Première problématique : le racisme en tant que réponse économique

Dans un premier temps Achille Mbembe établi trois grandes étapes de l'esclavage qu'il nomme aussi :"le devenir-nègre" du monde. Tout d'abord :" le premier est celui du dépouillement organisé lorsqu'à la faveur de la traite atlantique (XV°-XIX° siècles) des hommes et femmes originaires d'Afrique sont transformés en hommes-objets, hommes-marchandises et hommes-monnaies..." le second moment est :" celui qui correspond à la naissance à l'écriture et commence vers la fin du XVIII° siècle quand, de par leurs propres traces, les Nègres, ces êtres-pris-par les autres, peuvent désormais articuler un langage à eux tout en revendiquant le statut de sujets à part entière du monde vivant...." (innombrables révoltes d'esclaves, indépendance d'Haïti, combats pour l'abolition de la traite, décolonisations africaines et luttes pour les droits civiques aux Etats-Unis, démantèlement de l'apartheid lors des dernières années du XX° siècle, et enfin le troisième moment(le début du XXI° siècle) : " est la planétarisation des marchés, de la privatisation du monde sous l'égide du néolibéralisme et de l'intrication croissante de l'économie financière, du complexe militaire postimpérial et des technologies électroniques et digitales." le devenir-nègre du monde.
Mbembe démontre que le concept de race, qui a trait à la sphère animale telle que la décrivait Buffon, ce concept "servira à nommer les humanitès non européennes", ce sont des humanités frappées "d'un moindre être"
---""Le nègre n'existe cependant pas en tant que tel. Il est constamment produit. Produire le Nègre, c'est produire un lien social de sujétion et un corps d'extraction, c'est à dire un corps entièrement exposé à la volonté d'un maître, et duquel l'on s'efforce d'obtenir le maximum de rentabilité. Objet corvéable, le Nègre est aussi le nom d'une injure........."
---S'en suit un historique de l'esclavage au cours des siècles, passant des premières servitudes dont se servaient les Portugais, premiers explorateurs de l'Afrique, à l'utilisation faite par les espagnols dans des equipages de marins, de leur participation  des campagnes militaires à la decouverte de l'Amerique notamment aux côtés d'Hernan Cortès en 1519 lors de son assaut sur le Mexique.Puis après 1492, le commerce triangulaire, le développement de la créolisation, brassage de religions et de cultures, developpement du capitalisme dont il ont été la main d'oeuvre, colonisation dont ils ont été également les victimes
Ainsi : "cette petite province de la planète qu'est l'Europe s'installe progressivement dans une position de capitanat sur le reste du monde."
"Parallèlement, se mettent en place, notamment au cours du XVIII° siècle, plusieurs discours de vérité sur la nature, la spécificité et les formes du vivant, les qualités, traits et caractères des êtres humains, voire de populations entières que l'on spécifie en termes d'espèces, de genres ou de races et que l'on classe le long d'une ligne verticale."


mots-clés : #essai #racisme #segregation
par Chamaco
le Dim 4 Déc - 11:31
 
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Sujet: Achille Mbembe
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Vues: 780

Toni Morrison

Tag racisme sur Des Choses à lire - Page 3 51vynh10
"Home"

4° de couverture de "Home" Toni Morrison
"Frank Money est Noir, brisé par la guerre de Corèe, en proie à une rage folle. Il doit retrouver à Atlanta sa jeune soeur Cee, gravement malade,afin de la ramener dans la ville de leur enfance en Géorgie - "le pire endroit du monde". S'engage pour lui un périple dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950 où dansent toutes sortes de démons. Avant de trouver, peut être, l'apaisement. Parabole épurée, violemment poétique, Home conte avec une grâce authentique la mémoire marquée au fer d'un peuple et l'épiphanie d'un homme."

toujours d'actualité aux USA.

«Ici se dresse un homme»
Cette phrase peinte sur un ecriteau cloué sur un arbre près d’une tombe improvisée, c’est l’image de la redemption de Franck ce soldat noir rentré de Corèe meurtri par la guerre, la perte de ses amis d’enfance morts au combat à ses côtés et un lourd secret qu’il traîne derrière lui à travers l’amerique ségrégationniste des années 50.

"Home"
, le titre est un resumé du livre, la coquille qui contient la somme des souffrances que nous font parcourir les pages de cette thaumatologie que nous livre Toni Morrison. La colonne vertébrale de cette histoire est celle de Franck, dont nous decouvrirons au fil de la lecture sans que Toni Morrison n’en écrive le mot, avec grande pudeur, qu'il est noir. D'une famille tres pauvre, son enfance s'est déroulée dans un petit village, sa vie tourne autour de la protection qu’il porte à sa petite soeur avec qui il sera témoin d’un évènement dont il comprendra les tenants et aboutissants à la fin du livre, découverte finale qui lui permettra de formuler ses propres remords et d’atteindre la paix.

Ce bouquin construit sur des déchirements, décortiquant les peaux ne laissant que les os, est un onguent de douceur sur ces plaies béantes que sont les attaques de la misère, du racisme et de la guerre et Toni Morrison n’utilise pour seule violence que la suggestion née des mots...
Inutile de préciser que j'ai aimé ce bouquin...?


mots-clés : #racisme #segregation
par Chamaco
le Dim 4 Déc - 11:07
 
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Sujet: Toni Morrison
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