Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

La date/heure actuelle est Ven 10 Mai - 6:28

23 résultats trouvés pour satirique

Elfriede Jelinek

Les Exclus

Tag satirique sur Des Choses à lire - Page 2 Visuel11

Un fait divers épouvantable qui défraya les journaux en 1965.
C’est « affreux, sales et méchants » ou « Chez ces gens-là » de Brel. D’abord, d’abord, y a le père, ancien officier SS qui a perdu une jambe à la guerre, réduit maintenant au rôle de portier, ayant comme passe-temps de faire des photos pornos, artistiques, de sa femme et de la battre, puis de la tromper. Dure vie lorsqu’on a été maître du monde en Pologne et en Ukraine…
La mère, elle, est totalement soumise et essaie maladroitement de limiter la casse.
Puis il y a les deux enfants, jumeaux, adolescents, Rainer et Anna. Ils n’ont qu’une hâte, fuir ce milieu moche, sale, sordide. Rainer se donne des airs de poète méprisant souverainement le monde qui l’entoure. Adepte de Camus et de l’acte gratuit, il se veut chef de bande et entraîne ses camarades dans des actes de crapulerie : tabassage d’un passant pour lui piquer son fric. Rainer est amoureux fou de Sophie.
Anna, la sœur de Rainer, pianiste de talent, est totalement renfermée sur elle-même, hantise de la souillure, anorexie… totalement inhibée, sauf en ce qui concerne le sexe.

« Anna méprise premièrement les gens qui ont une maison, une auto et une famille, et deuxièmement toutes les autres personnes. Elle est toujours à deux doigts d’exploser de rage. Un étang totalement rouge. L’étang est rempli de mutisme qui sans cesse la noie sous des paroles. »


Joyeux couple !

« Ils se tiennent à l’écart, non qu’ils craignent la lumière, mais la lumière les craint, et pour cause. En classe, comme dans le préau. La harde de loups se regroupe toujours dans les coins. Manifestant une sur-humanité incontestée que les autres aimeraient aussi manifester, mais ceux-ci atteignent à peine le niveau de sous-hommes d’ailleurs indispensables pour faire ressortir les performances sur-humaines. De leurs recoins obscurs ils étendent brusquement les jambes, et presque chaque fois tel fils à sa maman ou telle fille à son papa en jupe à carreaux fait un vol plané. »


Les camarades de jeu ne valent pas mieux : Hans, l’ouvrier aux beaux muscles et à la tête creuse. Il renie les convictions libertaires de ses parents : père fusillé à Mauthausen, mère passant son temps à coller des affiches, mettre sous enveloppes des tracts à l’intention du Parti. Hans rêve de belles bagnoles, de jazz et… de Sophie. En attendant, il entretient une liaison incandescente avec Anna.
Sophie « de », aristocrate, belle blonde sportive, famille très aisée, « propre sur elle ».

« Sourire blanc de Sophie, pure vierge lainée à qui un peu de woolite suffit. »


Elle est peut-être cependant la plus dangereuse du groupe, en tout cas la plus perverse.

Elfried Jelinek qualifie cet ouvrage de satire, terme important qui explique l’exagération, l’outrance, voire l’humour, même s’il est au second degré. Jelinek tire à boulets rouges sur la société autrichienne de l’après-guerre, hypocrite, non dénazifiée. On pense à Thomas Bernard, mais en plus noir ; plus encore au cinéma de Michael Hanecke (« Funny games » par exemple). On pense aussi aux performances extrêmes du groupe d’avant-garde des activistes viennois.
Jelinek a manifestement été marquée au fer rouge pendant son enfance et son adolescence. Elle a survécu grâce à l’écriture qui lui a permis de véhiculer une terrible violence interne. Je pense qu’il y a beaucoup d’elle dans le personnage d’Anna.
Un prix Nobel je pense bien mérité. Je vais poursuivre avec cette auteure (mais il faut des moments propices)  Very Happy


Mots-clés : #jeunesse #regimeautoritaire #satirique #sexualité #violence
par ArenSor
le Lun 25 Mar - 19:40
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Elfriede Jelinek
Réponses: 9
Vues: 1093

LU Xun

Tag satirique sur Des Choses à lire - Page 2 Lu_xun10

La Véritable Histoire de Ah Q

C'est une longue nouvelle, moderne et au ton humoristique ou plutôt satirique. Ah Q est une sorte d'idiot du village, à cela prêt que l'idiot du village est généralement plutôt gentil. Ah Q n'est pas gentil, envieux, pas doué mais méchant, aussi bête que rusé... Finalement il ressemble beaucoup à ses congénères à la différence qu'il a moins de sous dans la poche.

Au fil des chapitres on découvre le village, les influences extérieures et les mouvements politiques... Un joli paysage-portrait de communauté ouvertement grinçant mais vivifiant. Surtout ça arrive à ne pas sonner vache, ça touche mais sans donner l'impression d'un coup bas.

Il va falloir que je trouve autre chose de Lu Xun à lire !


Mots-clés : #contemythe #nouvelle #revolution #satirique
par animal
le Sam 23 Mar - 21:34
 
Rechercher dans: Écrivains d'Asie
Sujet: LU Xun
Réponses: 5
Vues: 1222

Paula Fox

Côte Ouest

Tag satirique sur Des Choses à lire - Page 2 Cyte_o10

Annie (Paula ?) quitte le milieu communiste-artiste-paumé-miséreux de New-York pour Los Angeles (idem, y compris l’alcool) ; elle a dix-sept ans, abandonnée par son père, peu sûre et surtout pas d’elle-même, ignorante du monde où elle est généralement prise pour une gourde.
« Son père lui avait dit que la vie n’avait pas de sens, qu’elle n’était qu’une énergie irréfléchie, celle des vers qui se tortillent. »

« Dans la chambre d’à côté, l’homme pleurait. Il devait être contre le mur, son malheur semblait transpirer à travers la fine cloison. »

« Je crois qu’une fois adulte, moi aussi, je pourrais devenir quelqu’un de bien. »

Satire du communisme à l’américaine (surtout au travers du camarade Calvin Schmitter) :
« Il ne l’embrassait jamais sur la bouche, il disait que ça ne se faisait qu’au cinéma, pure esbroufe. Elle lui avait demandé si, en URSS, les gens ne s’embrassaient pas. »

Elle se marie sans trop savoir pourquoi avec un marin communiste et ancien acteur ; d’ailleurs, plutôt frigide, elle couche avec d’autres hommes, sans raison apparente.
« Quelqu’un avait demandé : "Faites quelque chose pour que ses tétons saillent."
Elle se rhabilla. Wildener l’emmena dans un restaurant de Sunset Strip. Un acteur qu’elle reconnut buvait seul dans un coin. Après quelques verres de plus, il vomit dans son beau feutre gris. Puis il le tendit à un serveur et il sortit en titubant. Des tentures de brocart pendaient en plis menaçants des quatre coins de la salle. Elle avait l’impression d’être sous une tente qui allait s’effondrer.
"Il n’y a pas de mal à poser, lui assura Wildener. Tu as un corps somptueux. Nous allons faire quelques photos couleur et ces messieurs pourront t’admirer à travers tout le pays. Prends un strogonoff." Il passa sa main épaisse et puissante sur le bras d’Annie. "Tu as besoin de vêtements pour te lancer", dit-il. Elle l’interrogea sur ses étudiants. Il ne mordit pas à l’hameçon longtemps. Tous deux savaient ce qui allait se passer. Après s’être lourdement relevé du lit, dans son appartement, il s’était dirigé vers la salle de bain en disant "Quelle tristesse !" sur un tel ton qu’elle pensa qu’il allait se mettre à pleurer. Elle croyait qu’il parlait de lui.
Elle découvrit, ou plutôt reconnut enfin que ce que les hommes voulaient faire avec elle, ils voulaient le faire avec n’importe qui. Son corps, l’objet, n’avait pas de valeur particulière pour elle. Cependant, quelque part, elle ressentait envers ce corps une sorte d’amour, comme une perversion cachée, la même pitié que pour les animaux perdus qu’elle voyait parfois s’abriter furtivement le soir dans les entrées des magasins fermés. »

Le point de vue narratif est tantôt celui d’Annie, tantôt celui d’un autre protagoniste, comme Max.
La seconde Guerre Mondiale est en filigrane de son séjour en Californie (« un lieu absurde et cruel, et complètement artificiel »), qui se déroule en parallèle.
« Tu n’as donc pas compris que l’épine dorsale de la morale du monde est brisée à jamais ! »

Une prise de conscience de la condition féminine prend place peu à peu.
« "Si j’avais quitté mon mari, expliqua Mrs Ives, c’est lui qui aurait eu les enfants. Je n’exagère pas, mais j’en suis certaine, même si c’est lui qui est allé voir ailleurs, avec une fille dégoûtante qui pense qu’elle a entre les jambes la huitième merveille du monde alors qu’on nous demande à toutes de faire comme si nous n’avions rien à cet endroit. Tout cela est écœurant." »

C’est aussi le temps où on va beaucoup au cinéma, alors dans toute sa puissance (et on est dans l'ombre d'Hollywood).
C’est encore l’époque d’une mixité raciale qui s’ébauche à peine, et ces différents thèmes montent en puissance au fur et à mesure.
« Pour Annie, qui ne faisait partie de rien, même pas au sens où les enfants sont imperceptiblement imprégnés par une communauté de sentiments, d’idées et d’aspirations, les Noirs constituaient une abondante réserve de surprises et de possibilités, récompenses de leur exclusion. Il y avait beaucoup d’espace autour d’eux ‒ leur triomphe, leur défaite.
Pourtant, se dit-elle, et cela la fit même sourire, elle s’était liée à une certaine communauté, celle du Parti. Et bien que ne le percevant que de façon vague, elle trouvait que ce dernier constituait en vérité un groupe terriblement conventionnel. Il fallait qu’elle en parle à Max. Cela l’amuserait : grâce aux communistes, elle savait maintenant comment se comportaient les membres des classes moyennes. »

Annie se fait recommander la lecture d’auteurs qui sans doute l’influencent aussi, et d’ailleurs tout le roman est l’histoire de sa formation, une sorte de bildungsroman sauce BBQ ou Tex-Mex.
« ‒ Tu ne peux pas demander aux gens de ne pas prendre position… de se contenter de regarder, comme tu le fais. Il faudra bien un jour que tu en arrives à certaines conclusions… que tu deviennes têtue, et convaincue, comme le reste d’entre nous. […]
"Tu devras te faire des opinions, dit Myron. Comment un être humain pourrait-il vivre sans opinions ?" »

Paula Fox sait de quelques traits rassembler les linéaments d’une scène, d’une personne. La séquence amoureuse avec ver solitaire est une pièce d’anthologie ; entr’autres personnages, j’ai particulièrement apprécié Theda.
« Tu crois que coucher avec des hommes est élégant ‒ comme offrir une cigarette au bourreau avant qu’il te coupe la tête.
‒ Je crois que je vais vomir.
passe, passera, chanta Theda en renversant son verre. Porcs ! Guerriers nabots ! Cochons de tripoteurs !
‒ Nibards ! cria Annie.
‒ En poire, en gouttes d’huile, pommes, melons, lunes, nichons pendants, ballottant, mamelonnant ! hurla Theda en se levant, titubant, puis elle bondit au milieu de la pièce. Hommes, espèce porcine, amateurs de roberts…
‒ Tétons !" glapit Annie. »

Et elle en rencontre, des gens différents, Annie ! telle Miranda :
« Elle veut le premier quart d’heure de n’importe quelle histoire d’amour. Beaucoup de quarts d’heure l’attendent, avant que le reste du temps les rattrape. »

Cletus, "homme de couleur", nous vaut cette admirable synthèse des notions de foule et de bouc émissaire :
« ‒ Je n’aime pas les groupes, dit-il. Quoi qu’ils racontent. Il y a toujours du lynchage dans l’air, avec eux. »

Ces personnages croisés au hasard de l’existence dans la ville inhumaine rappellent ceux d'Henry Miller.

Ce livre constitue un bel exemple de la persévérance payante chez le lecteur : les premières dizaines de pages n’ont pas vraiment retenu mon attention (quelques 500 pages quand même au total), puis ce que dit Paula Fox a pris forme ‒ c’est d’ailleurs tout l’art du roman, qui n’est rien sans sa longueur, et qui laisse les choses prendre leur place à leur rythme (a contrario des courts extraits que je peux en donner).


mots-clés : #satirique #social
par Tristram
le Ven 30 Nov - 23:36
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Paula Fox
Réponses: 16
Vues: 1515

Revenir en haut

Page 2 sur 2 Précédent  1, 2

Sauter vers: