Premières phrases
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Re: Premières phrases
A cette époque-là, c'était toujours fete. Il suffisait de sortir et de traverser la rue
pour devenir comme folles, et tout était si beau, spécialement la nuit, que, lorsqu'on rentrait mortes
de fatigue, on espérait encore que quelque chose allait se passer, qu'un incendie allait éclater,
qu'un enfant allait naitre dans la maison ou meme, que le jour allait venir
soudain et que tout le monde sortirait dans la rue et que l'on pourrait marcher, marcher jusqu'aux champs
et jusque de l'autre coté des collines.
Cesare PAVESE : Le Bel été
Ceci se passa pendant un été torride et hallucinant, alors que Frankie avait douze ans.
Cet été pendant lequel elle n'était membre d'aucun club, ni de rien,
Frankie était devenue une isolée qui flanait devant les portes et elle avait
peur.
Carson McCULLERS : Frankie Addams.
pour devenir comme folles, et tout était si beau, spécialement la nuit, que, lorsqu'on rentrait mortes
de fatigue, on espérait encore que quelque chose allait se passer, qu'un incendie allait éclater,
qu'un enfant allait naitre dans la maison ou meme, que le jour allait venir
soudain et que tout le monde sortirait dans la rue et que l'on pourrait marcher, marcher jusqu'aux champs
et jusque de l'autre coté des collines.
Cesare PAVESE : Le Bel été
Ceci se passa pendant un été torride et hallucinant, alors que Frankie avait douze ans.
Cet été pendant lequel elle n'était membre d'aucun club, ni de rien,
Frankie était devenue une isolée qui flanait devant les portes et elle avait
peur.
Carson McCULLERS : Frankie Addams.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
L’outre-vie c’est quand on n’est pas encore dans la vie, qu’on la regarde, que l’on cherche à y entrer. On n’est pas morte mais déjà presque vivante, presque née, en train de naître peut-être, dans ce passage hors frontière et hors temps qui caractérise le désir. Désir de l’autre, désir du monde. Que la vie jaillisse comme dans une outre gonflée. Et l’on est encore loin. L’outre-vie comme l’outre-mer ou l’outre-tombe. Il faut traverser la rigidité des évidences, des préjugés, des peurs, des habitudes, traverser le réel obtus pour entrer dans une réalité à la fois plus douloureuse et plus plaisante, dans l’inconnu, le secret, le contradictoire, ouvrir ses sens et connaître. Traverser l’opacité du silence et inventer nos existences, nos amours, là où il n’y a plus de fatalité d’aucune sorte.
Marie Uguay, L'Outre-vie
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Premières phrases
On dit que les jeunes putes font les vieilles bigotes;
Ce n' est pas mon cas. Je suis devenue pute très tot et tout ce qu' une femme peut faire dans un lit, sur une table, une chaise, un banc,contre un mur ou dans l' herbe, dans l' encoignure d' une porte ou dans une chambre de passe, dans le train, dans une caserne, au bordel ou en prison, je l' ai fait.
De tout cela, je ne regrette rien. Aujourd' hui que j' ai pris de l' age, le plaisir n' est plus ce qu'il était ; je suis riche, fanée et souvent seule.
Josefine Mutzenbacher - Histoire d' une fille de Vienne racontée par elle-meme.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
Je vous le donne en mille !Mirabeau criait si fort que Versailles eut peur. Depuis la Chute de l'empire romain, jamais semblable tempête ne s'était abattue sur les hommes, les passions en vagues effrayantes s'élevaient jusqu'au ciel. La force et l'enthousiasme de vingt peuples surgissaient de l'Europe en l'éventrant. Ce n'était partout que remous d'êtres et de choses. Ici, tourmentes d'intérêts, de hontes et d'orgueil ; là-bas, conflits obscurs, impénétrables ; plus loin, héroïsmes sublimes. Toutes possibilités humaines confondues, déchaînées, furieuses, avides d'impossible couraient les chemins et les fondrières du monde. La mort hurlait dans la mousse sanglante de ses légions disparates ; du Nil à Stockholm et de Vendée jusqu'en Russie, cent armées invoquèrent dans le même temps cent raisons d'être sauvages. Les frontières ravagées, fondées dans un immense royaume de Frénésie, les hommes voulant du progrès et le progrès voulant des hommes, voilà ce que furent ces noces énormes. L'humanité s'ennuyait, elle brûla quelques Dieux, changea de costume et paya l'Histoire de quelques gloires nouvelles.
Et puis, la tourmente apaisée, les grandes espérances ensevelies pour quelques siècles encore, chacune de ces furies partie « sujette » pour la Bastille en revint « citoyenne » et retourna vers ses petitesses, épiant son voisin, abreuvant son cheval, cuvant ses vices et ses vertus dans le sac de peau pâle que le Bon Dieu nous a donné.
En 93, on fit les frais d'un Roi.
Proprement, il fut sacrifié en place de Grève. Au tranchant de son cou, jaillit une sensation nouvelle : l'Égalité.
(C'est le début de la thèse de médecine de Céline, Semmelweis !)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
J'ai cru, en lisant un peu (trop) rapidement, à du Hugo !
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Premières phrases
Ah, à trente ans il n'avait pas encore son style, mais ce n'est pas non plus le style propre à une thèse de médecine, je pense !
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Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
J’ai tué ma mère. Un oreiller sur le visage. J’ai appuyé un peu. Elle n’a même pas gigoté. Elle a cessé de respirer. C’est tout. Ensuite j’ai dormi, longtemps, profondément.
Tahar Ben Jelloun, L'insomnie
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
à recommander pour les insomniaques !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21099
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Premières phrases
Pour rester dans le registre humour noir :
"Mrs. Halle, de Sherbourne, a mis au monde hier prématurément un enfant mort-né, à la suite, dit-on, d'une grande frayeur. Je suppose qu'elle a dû, sans le faire exprès, regarder brusquement son mari."
Jane Austen (lettre à sa soeur)
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Premières phrases
oh! la vache !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21099
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Premières phrases
Quel mauvais esprit
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Premières phrases
Maintenant, Austen est l'auteure de Raison et Sensibilité, et elle fait bien le distinguo.
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Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
Cette fois, il ne s'agit pas d'une épigraphe, mais d'une dédicace, celle de Ken Kesey à Et quelquefois j'ai comme une grande idée :
L'exergue explicite d'ailleurs le titre (dont l'original est Sometimes a Great Notion) :À mon père et à ma mère
Qui m’ont dit : « La musique, c’est du pipeau »
Avant de m’apprendre tous les airs
Et puis des paroles à gogo.
« Quelquefois j’habite à la campagne
Quelquefois c’est en ville que je vis
Et quelquefois j’ai comme une grande idée
De me jeter dans la rivière aussi »
« Goodnight, Irene », de Huddie «Lead Belly» Ledbetter
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Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
merci pour la recherche Tristram !
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Bédoulène- Messages : 21099
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Premières phrases
Je n' arrive pas à prendre les sorciers au sérieux, en tant que groupe.
Ce sont les sorcières qui comptent. Les femmes ont une imagination
si vive et mènent une vie si terne.
Leur plaisir dans la vie est vite passé, elles dépendent tellement des
autres, et la dépendance devient vite assommante.
Lorsque je pense aux sorcières, je vois dans toute l' Angleterre et
dans toute l' Europe, des femmes qui vivent et vieillissent, aussi
nombreuses que des myrtilles et aussi ignorées.
Et à mesure que le temps passe, elles s' enfoncent dans la grisaille,
alors que justement s' il est une chose que les femmes détestent,
c'est qu' on les trouve ternes.
Il peut paraitre mesquin de s' en plaindre mais ce genre de choses,
c'est comme une fine poussière qui peu à peu s' installe.
Nous sommes sorcières, déclare Laura Willowes, parce que nous
savons au fond de nous memes comme nous sommes dangereuses,
imprévisibles et extraordinaires
Sylvia TOWNSEND WARNER : Laura Willowes
Ce sont les sorcières qui comptent. Les femmes ont une imagination
si vive et mènent une vie si terne.
Leur plaisir dans la vie est vite passé, elles dépendent tellement des
autres, et la dépendance devient vite assommante.
Lorsque je pense aux sorcières, je vois dans toute l' Angleterre et
dans toute l' Europe, des femmes qui vivent et vieillissent, aussi
nombreuses que des myrtilles et aussi ignorées.
Et à mesure que le temps passe, elles s' enfoncent dans la grisaille,
alors que justement s' il est une chose que les femmes détestent,
c'est qu' on les trouve ternes.
Il peut paraitre mesquin de s' en plaindre mais ce genre de choses,
c'est comme une fine poussière qui peu à peu s' installe.
Nous sommes sorcières, déclare Laura Willowes, parce que nous
savons au fond de nous memes comme nous sommes dangereuses,
imprévisibles et extraordinaires
Sylvia TOWNSEND WARNER : Laura Willowes
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
mais qui donc ignore les myrtilles ? ces fruits goûteux et bienveillant pour les yeux !
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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21099
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Premières phrases
« Février finissait, mais cette année-là, dans toute la Bretagne, l’hiver s’entêtait à se coller au sol ; l’horizon s’était embourbé dans un lointain épais ; les collines avaient sombré ; l’espace s’était aplati au ras des champs. Entre le ciel et la terre, privés de couleurs et de formes, rampait une buée fragile et frissonnante ; parfois elle titubait, s’accrochait aux rochers, aux mottes de glaise, timide haleine de malade. Sur les talus proches chancelaient les contours noircis de quelque hêtre ; autour de cette indécise colonne flottaient les limites de l’univers rétréci. A chaque pas le ciel s’écroulait dans la boue, sans bruit : le silence lui-même, alourdi et terni, gisait écrasé nul ne savait où. A la terre entière s’était mêlée une mort fangeuse. »
Armand Robin « Le Temps qu’il fait »
ArenSor- Messages : 3372
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Premières phrases
Les montagnes en surplomb dominent la vie, la mort ainsi que ces maisons blotties sur la langue
de terre.
Nous vivons au fond d'une cuvette : le jour s'écoule, le soir se pose ; elle s'emplit lentement de ténébres, puis les étoiles s'allument au dessus de nos tetes où elles scintillent éternellement,
comme porteuses d'un message urgent, mais lequel et de qui ?
Jon Kalman Stefansson : Entre ciel et terre. - 10/18
de terre.
Nous vivons au fond d'une cuvette : le jour s'écoule, le soir se pose ; elle s'emplit lentement de ténébres, puis les étoiles s'allument au dessus de nos tetes où elles scintillent éternellement,
comme porteuses d'un message urgent, mais lequel et de qui ?
Jon Kalman Stefansson : Entre ciel et terre. - 10/18
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
"L’un fut nommé là par la Compagnie des Postes, arbitrairement ou selon ses vœux ; l’autre y vint parce qu’il avait lu des livres ; parce que c’était le Sud où il croyait que l’argent était moins rare, les femmes plus clémentes et les ciels excessifs, japonais."
Pierre Michon, Vie de Joseph Roulin
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Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
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Re: Premières phrases
Sombre nuit !
ça ruisselait, ça ruisselait, ça ruisselait, comme si on s'était mis à traire le ciel.
Une lumière pour les chouettes : les gens du fameux Matias allaient trempés jusqu'au cou
et tout tremblants sur le haut de leurs betes. Les chevaux bronchaient et zou ! se jetaient
la tete la premlère dans le marécage.
Arturo Uslar Pietri : Les Lances rouges. - Le Serpent à plumes
ça ruisselait, ça ruisselait, ça ruisselait, comme si on s'était mis à traire le ciel.
Une lumière pour les chouettes : les gens du fameux Matias allaient trempés jusqu'au cou
et tout tremblants sur le haut de leurs betes. Les chevaux bronchaient et zou ! se jetaient
la tete la premlère dans le marécage.
Arturo Uslar Pietri : Les Lances rouges. - Le Serpent à plumes
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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