Premières phrases
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Re: Premières phrases
du jour, ça a beaucoup ruisselé !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21099
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Premières phrases
Le lendemain , personne ne mourut.
José Saramago : Les Intermittences de la mort.
José Saramago : Les Intermittences de la mort.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
"Le 25 septembre 1937, un courant de perturbations circulant de Terre-Neuve à la Baltique dirigeait dans le couloir de la Manche des masses d’air océanique doux et humide. À 17 h 19 un souffle d’ouest-sud-ouest découvrit le jupon de la vieille Henriette Puysoux qui ramassait des pommes de terre dans son champ, fit claquer le store du Café des Amis de Plancoët, rabattit brutalement l’un des volets de la maison du docteur Bottereau en bordure du bois de la Hunaudaie, tourna huit pages des Météores d’Aristote que lisait Michel Tournier sur la plage de Saint-Jacut, souleva un nuage de poussière et de paille broyée sur la route de Plélan, mouilla d’embruns le visage de Jean Chauvé qui engageait sa barque dans la baie de l’Arguenon, fit bouffer et danser sur la corde où ils séchaient les sous-vêtements de la famille Pallet, emballa l’éolienne de la ferme des Mottes, et arracha une poignée de feuilles dorées aux bouleaux blancs du jardin de la Cassine."
Michel Tournier, Les Météores
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15616
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Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
On enterre les gens dans une tombe à leur taille pendant trois ans, au Vietnam. Puis ce délai passé, la chair évaporée, on transvase dans un coffret plus chétif ce qu'il reste du corps : les os. Ce sont eux qui demeurent, singuliers. Le premier cercueil est temporaire, public, il ne sert qu'à désosser et reçoit, tous les trois ans, différents morts. C'est un lieu de repos passager. Ensuite dans l'unique boîte, il n'y aura plus que les os propres, comme si la chair importait peu, modifiable telle qu'elle est le long d'une vie, tantôt fraîche, tendre, lisse, tantôt ridée, malade, tavelée, tantôt douce, serrée, tantôt rêche, distendue, tantôt cisaillée tantôt... A la fin, il n'y a plus que les os qui s'entrechoquent.
Les sentiments de la chair, dégoulinants, sont passés. L'émotion terrestre est partie. Ne restent plus que les sentiments des os - essentiels. Nous finissons tous ainsi, après tout, et c'est doux.
Line Papin
Les os des filles
Les sentiments de la chair, dégoulinants, sont passés. L'émotion terrestre est partie. Ne restent plus que les sentiments des os - essentiels. Nous finissons tous ainsi, après tout, et c'est doux.
Line Papin
Les os des filles
Caramel- Messages : 64
Date d'inscription : 05/02/2021
Age : 53
Localisation : La Châtre
Re: Premières phrases
une bonne lecture Caramel ?
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Bédoulène- Messages : 21099
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Premières phrases
Oui c'est un magnifique petit livre ! prix des lecteurs 2020 !
Caramel- Messages : 64
Date d'inscription : 05/02/2021
Age : 53
Localisation : La Châtre
Re: Premières phrases
Le seul à écouter les taupes. Elles sont en dessous, on ne les voit pas.
Il dit qu'elles marchent quand elles creusent des couloirs, plutot nagent dans la terre,
petites mains roses écartées.
On voit le tas où elles montent la terre, par la couleur on sait à peu près combien de
temps. Parfois jusque devant les marches de la maison.
Lui n'entre pas au jardin des fermes, son domaine : la courbure de la commune.
Ou alors il attend qu'on lui demande, j'en ai une là, si tu pouvais la prendre.
Jean-Loup Trassard : Conversation avec le taupier. - Le Temps qu'il fait.
Il dit qu'elles marchent quand elles creusent des couloirs, plutot nagent dans la terre,
petites mains roses écartées.
On voit le tas où elles montent la terre, par la couleur on sait à peu près combien de
temps. Parfois jusque devant les marches de la maison.
Lui n'entre pas au jardin des fermes, son domaine : la courbure de la commune.
Ou alors il attend qu'on lui demande, j'en ai une là, si tu pouvais la prendre.
Jean-Loup Trassard : Conversation avec le taupier. - Le Temps qu'il fait.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
Raoul de Limézy flânait sur les boulevards, allégrement, ainsi qu'un homme heureux qui n'a qu'à regarder pour jouir de la vie, de ses spectacles charmants, et de la gaieté légère qu'offre Paris en certains jours lumineux d'avril.
Maurice Leblanc
La demoiselle aux yeux verts
Pourquoi cette phrase ?
Parce que Paris, Arsène Lupin et cette atmosphère insouciante, suggérée en une phrase, qu'on ne retrouvera jamais...
Maurice Leblanc
La demoiselle aux yeux verts
Pourquoi cette phrase ?
Parce que Paris, Arsène Lupin et cette atmosphère insouciante, suggérée en une phrase, qu'on ne retrouvera jamais...
Tatie- Messages : 278
Date d'inscription : 14/02/2021
Re: Premières phrases
« Au fin fond de ce musée de Düsseldorf, sur une chaise austère parquée dans l’inconfortable recoin qui lui est assigné depuis des années au bout de la dernière et de la plus reculée des salles consacrées à Klee, on peut voir ce matin Rosa Schwarzer, l’efficace gardienne, bâiller discrètement non sans commencer à s’alarmer un peu, car voilà quelques minutes que depuis le Prince Noir lui parvient, à travers le bruit de la pluie qui tombe sur le jardin du musée, le séduisant appel du sombre prince qui, pour l’inviter à pénétrer et à se fondre dans la toile, lui envoie les fiers accents des tam-tams de son pays, le pays des suicidés. »
Enrique Vila-Matas, Rosa Schwarzer revient à la vie in La Modestie et autres récits
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Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
Je rêverais d'être gardienne dans un musée au moins un jour... ou une nuit.
Dernièrement, avec quelqu'un de cher, on a vu un gardien en train d'observer et d'écrire, observer, écrire, etc.
Dernièrement, avec quelqu'un de cher, on a vu un gardien en train d'observer et d'écrire, observer, écrire, etc.
Ana- Messages : 236
Date d'inscription : 29/03/2018
Re: Premières phrases
Leonor de Récondo a passé ainsi une nuit au musée Greco de Tolède, qu'elle raconte dans La Leçon de ténèbres.
Je l'envie aussi !
Surtout pour ce peintre génial.
En ce lieu simystique mystérieux .
Je l'envie aussi !
Surtout pour ce peintre génial.
En ce lieu si
Tatie- Messages : 278
Date d'inscription : 14/02/2021
Re: Premières phrases
« Il ne se doutait pas que chaque fois qu’il passait devant sa boutique, elle le regardait, la commerçante, le soldat Brû. »
Raymond Queneau, Le Dimanche de la vie
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Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
" Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m'apprête à raconter mes expéditions. Mais que de temps pour m'y résoudre ! Quinze ans ont passé depuis que j'ai quitté pour la dernière fois le Brésil et, pendant toutes ces années, j'ai souvent projeté d'entreprendre ce livre...."
Claude Lévi-Strauss
Tristes tropiques
Claude Lévi-Strauss
Tristes tropiques
Chamaco- Messages : 4307
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Premières phrases
Le soir et la nuit, il n'y a plus de maisons à Pétersbourg : il y a des navires de pierre de cinq étages.
Monde solitaire de cinq étages, un navire vogue sur les vagues de pierre parmi d'autres mondes
solitaires de cinq étages ; le navire fend l'océan de pierre déchainé des rues, scintillant des feux de
ses innombrables cabines.
Il n'y a pas d'habitants dans les cabines, bien sur : ce sont des passagers. Comme à bord d'un
navire, ils se connaissent tous sans se connnaitre, tous, les citoyens de cette république de cinq étages assiégée par l'océan de la nuit.
Mamai, nouvelle in Le Pecheur d'hommes : Evgueni Zamiatine. - Rivages
Monde solitaire de cinq étages, un navire vogue sur les vagues de pierre parmi d'autres mondes
solitaires de cinq étages ; le navire fend l'océan de pierre déchainé des rues, scintillant des feux de
ses innombrables cabines.
Il n'y a pas d'habitants dans les cabines, bien sur : ce sont des passagers. Comme à bord d'un
navire, ils se connaissent tous sans se connnaitre, tous, les citoyens de cette république de cinq étages assiégée par l'océan de la nuit.
Mamai, nouvelle in Le Pecheur d'hommes : Evgueni Zamiatine. - Rivages
Dernière édition par bix_229 le Mer 17 Nov - 18:47, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
Je me souviens précisément où je me trouvais et de ce que je faisait quand j'ai appris que mon père venait de mourir.
4° tome des Sept soeurs de Lucinda Riley
4° tome des Sept soeurs de Lucinda Riley
Provence- Messages : 11
Date d'inscription : 11/11/2021
Age : 62
Localisation : ardeche
Re: Premières phrases
« On croit parfois universels certains concepts qu’on estime essentiels à la vie, et on s’étonne d’apprendre qu’ils ne s’appliquent pas partout. C’est le cas, par exemple, des notions de "société", de "liberté" ou d’"amour", qui n’existent en japonais que depuis l’ouverture du pays au XIXe siècle, comme concepts traduits des langues européennes. »
Ryoko Sekiguchi, Nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter
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Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Premières phrases
Oui, oui, un roman emblématique du Québec des années 1960, cette révolution tranquille des écrivains québécois :
Claude Jasmin, Pleure pas, Germaine
Se faire bardasser. Partir sur une baloune tous les vendredis soirs. On vient qu'on en a plein le casque. J'suis pas le diable fier. J'ai quarante ans. Déjà. Où c'est que ça m'a mené de me faire mourir à travailler comme un maudit cave toutes ces années. Vingt-cinq ans de sueur. De job en job. Mal payé, malcontent. Y a pas un plant, pas un trou d'usine où j'ai pas sué, pas une manufacture de Montréal où j'ai pas un peu bavé pour ma pitance. Et là, j'ai eu envie de changer. D'aller me laver, d'aller plus loin. Je me sens plein de poux, sale à mort, de la morve. Puant. Et la femme qui me répète son idée, sa maudite idée, sa Gaspésie.
Claude Jasmin, Pleure pas, Germaine
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Premières phrases
merci pour cet extrait Jack, j'aime beaucoup ! (dans ma pal)
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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21099
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Premières phrases
Pistoli ne parlait jamais du temps qu'il avait passé dans l'au-delà.
Il se contentait de hocher la tete, se mettait à regarder son gros orteil ou une coccinelle rouge
quand on lui demandait où il avait bien pu passer, depuis quand il était ressuscité des morts.
Gyula Krudy : Le Coq de madame Cléophas
Il se contentait de hocher la tete, se mettait à regarder son gros orteil ou une coccinelle rouge
quand on lui demandait où il avait bien pu passer, depuis quand il était ressuscité des morts.
Gyula Krudy : Le Coq de madame Cléophas
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Premières phrases
" Bleu d'acier et légères, agitées par un imperceptible vent debout, les vagues de l'Adriatique avaient déferlé à la rencontre de l'escadre impériale lorsque celle-ci, ayant à sa gauche les collines aplaties de la côte de Calabre qui se rapprochaient peu à peu, cinglait vers le port de Brundisium, et maintenant que la solitude ensoleillée et pourtant si funèbre de la mer faisait place à la joie pacifique de l'activité humaine, maintenant que les flots doucement transfigurés par l'approche de la présence et de la demeure humaines la peuplaient de nombreux bateaux, - de ceux qui faisaient route également vers le port et de ceux qui venaient d'appareiller, - maintenant que les barques de pêche aux voiles brunes venaient de quitter, pour leur expédition nocturne, les petites jetées des nombreux villages et hameaux étendus le long des blanches plages, la mer était devenue presque aussi lisse qu'un miroir. Sur l'eau s'ouvrait la conque nacrée du ciel, le soir descendait et l'on sentait l'odeur des feux de bois, chaque fois que les bruits de la vie, le son d'un marteau ou un appel étaient apportés du rivage par la brise. "
La mort de Virgile
Hermann Broch
La mort de Virgile
Hermann Broch
Diomếdes- Messages : 13
Date d'inscription : 06/04/2020
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