Lola Lafon
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Lola Lafon
Lola Lafon
Née en 1972
Lola Lafon, née en 1972, est une femme de lettres, chanteuse et compositrice française
Elle est l'auteure de quatre romans, Une Fièvre impossible à négocier (2003), De ça je me console (2007), Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce (2011) et La petite communiste qui ne souriait jamais (2014).
Bibliographie :
2003 : Une fièvre impossible à négocier
2007 : De ça je me console
2011 : Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce
2014 : La petite communiste qui ne souriait jamais
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
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Re: Lola Lafon
Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce
Elles ressemblent à deux filles un peu fofolles avec leurs tresses en chignon et leurs collant à losanges. L'une a vu son cœur brusquement s'arrêter, et pendant qu’elle sort peu à peu de cette mort temporaire, l'autre raconte.
Elles se sont connues au groupe de parole pour femmes violées.
« Toutes ces années, nous nous sommes tirées chacune par la main. Nous avons partagé l'expérience de la vie morte. Nos peurs, nous les guettions l'une l'autre, laisser un de nos corps en arrière aurait fait tomber toute la chaîne de nos nuits sans vie, un boucan terrible. Et peut-être que nous avons fini par les additionner et les mélanger, nos peurs, pour former ce magma pesant de frayeurs enchevêtrées. »
Elles essaient assez lamentablement de s'en sortir, d’autant que le viol n'est jamais que le reflet d'une société répressive, basée sur le rapport de force et l'exclusion, sous la férule d'un président démocratiquement élu par une Election (tableau terrorisant semi-uchronique [notre avenir réel peut-être] qui ne nomme personne, avec juste ce qu'il faut de décalage, de soulignage pour se faire poser la question : on est en France ou dans un pays fictif, elle invente, elle en rajoute ???), une société du sexe-roi et de la normalité-reine. Et que la narratrice est réfugiée de la Roumanie de Ceaușescu, danseuse professionnelle soumise depuis l'enfance aux diktats de ses maîtres , de ses idoles, mais aussi de son propre plaisir.
Elles croisent une fille encore plus bizarre, sans doute psychotique, La Petite Fille au bout du Chemin, disciple de toute une collection d'anarchistes, qui va les faire passer de la révolte à la Révolution, des larmes à d'autres larmes.
« Mais voilà que je ne veux pas être réparée. Sauvegardée. Rafistolée pour continuer à avancer. Je ne veux pas qu'on colmate ce que je m'acharne à défaire, découdre. (…)
Songe qu'on affirme fièrement, je suis raisonnable, cet aveu qui dit en vérité je me laisserai raisonner par Vous.»
Je vous passe les détails, ce livre est d'une richesse incroyable... Ca fourmille de thèmes, de pistes, d'inventivité. C'est un livre incongru et généreux, qui part dans plein de directions sans jamais se perdre, une observation psychologique pointue, un pamphlet pour quelque chose qui ne serait pas que de la vigilance, mais une riposte . Il y a un mélange assez jouissif de tristesse, de douceur, de rage et de gaîté, qui m'a un peu fait penser à La guerre est déclaré dans la première partie, pour évoluer ensuite vers un discours beaucoup plus large, partir de la douleur intime pour avoir un regard et un rôle dans le monde.
« Peur de finir par ne plus chercher que de jolis refuges de campagne où être bien, des terriers ou des nids à construire, m'appliquer à les border de couvertures et prendre bien garde à n'y installer que des lumières indirectes, apaisantes. Finir par s'y installer, dans l'oasis, dans la pause,et oublier qu’on ne faisait que passer avant de repartir. Finir par ne plus s’occuper que de son propre corps à sauvegarder, une jolie plante fraîche à arranger, soigner, nourrir. Se suffire de à peu près et presque. Et ne plus savoir comment commence, mais qu'est ce qu'une tempête. La craindre, la conspuer même, la moquer, cette tempête, dès qu'on en renifle les débuts, en répétant, mauvais et frileux, « ça ne changera rien », se prendre à souhaiter qu'il n'y en ait plus jamais des tempêtes parce qu'on s'y est fait à ces journées, finalement . »
Je ne peux pas dire que je partage toutes les convictions de Lola Lafon alias Voltairine, peut-être suis je trop timorée, ou pas assez lucide, certaines choses m'ont même gênée, mais ce fut un moment à la fois instructif et réjoui, de partager cet arrachement face à l'agression quotidienne d'un monde trop dur, trop impitoyable, trop sûr de lui. Il y a là une réflexion sur la normalité, sur la révolte, sur le droit d'être autre et de le dire. Sur le droit de ne pas être rien, des filles de rien.
C'est un livre irrévérencieux, qui crie et hurle une rage, revendique le droit de savoir dire non. Un livre jeté dans une mer d’indifférence avec l'espoir d’allumer des étincelles, et que ces étincelles , de proche en proche allument un grand feu salvateur autour duquel se réchauffent toutes les Petites Filles au bout du Chemin.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #violence
Dernière édition par topocl le Mer 14 Déc - 11:58, édité 1 fois
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Flore Vasseur
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Re: Lola Lafon
La petite communiste qui ne souriait jamais
Tout d’abord c’est le titre qui interpelle parce qu’ elle savait sourire Nadia, mais c’était une façon pour les USA, notamment, de caricaturer la petit Roumaine, car d’après eux là-bas dans l’Est les petites filles devaient être tristes.
L’auteure a choisi une composition très vivante en organisant ce récit sous forme de dialogue entre elle et la supposée Nadia. C’est très habile et elle fait ainsi passer ses sentiments vis-à-vis de ce pays où elle a passé une partie de son enfance et peut en connaissance critiquer l’attitude des pays de l’ouest où elle vit aussi. Personnellement je trouve les oppositions Est/Ouest éclairent la situation.
Il me semble qu'il faut oublier notre regard d'occidental de l'ouest sur la Roumanie, nos à priori pour comprendre le personnage de Nadia et l'époque.
Lola Lafon use de mots très durs dans les dialogues : pornographie, rideaux d’une chambre close, vous avez contribué à la fabrication de votre image, vos supposées démocraties libérales etc……….. pour provoquer le personnage de Nadia.
La gymnastique est bien le choix de l'enfant, c'est elle qui s'impose des défis, elle obtient ce qu'elle souhaite et ses exécutions sont l'objet de descriptions intenses que se soient la légèreté du corps ou les meurtrissures, par l'auteur.
Tous ceux qui s’engagent dans une carrière « physique » doivent respecter un rythme de vie sain (entrainement, alimentation, sorties), la réussite demande des sacrifices et ils sont acceptés, voire devancés. C’est ce que l’auteure nous dit à travers la parole de Nadia.
Béla l’entraineur de Nadia et de l’équipe a été honoré ou critiqué, tour à tour par le « Camarade » suscitant les interventions dans son foyer de la sécuritat. (ceci me parait très réaliste) Cette sécuritat dont tous se méfiaient ou se servaient.
Le chapitre concernant Véra Caslovska et son implication dans la politique de son pays s’oppose à l’ attitude inconstante et incertaine de Nadia, l’auteure nous dit son admiration pour celle qui agit.
Sur le plan politique le Conducator est représenté comme le dictateur qu’il est, avec « ses arrangements au marxisme » mais ce qui m’a le plus heurtée, sa main mise sur le corps des femmes : l’interdiction de l’avortement et les auscultations (j’emploierai moi : la violation), par le médecin de la police des menstruations !
C’est par des anecdotes que l’auteure nous fait mesurer la dangerosité, « la folie » ? du couple suprême et l’imprévisible rapidité de l' exécution des Ceausescu. Quant à la révolution : qui l’a déclenchée, qui l’a faite ? ou coup d’état préparé ? comme à l’époque en direct à la télévision, c’est la confusion. Toutefois l’auteure fait mention des ouvriers de Timisoara qui eux manifestaient.
Quant à la fuite de Nadia, là aussi chacun a sa vérité, mais quels que soient ses choix reste pour toujours « la petite fée » Roumaine qui a enchanté le monde avec son pied menu lancé vers la lune.
Une excellente lecture qui m’oblige à lire un autre livre de cette auteure .
(de toute façon Topocl dit que c'est ma punition )
oui Shanidar j'en ai encore appris comme la nouvelle catégorie de personnes "sans antécédent" à surveiller !
mots-clés : #biographie #creationartistique #regimeautoritaire
Dernière édition par Bédoulène le Jeu 17 Aoû - 14:55, édité 2 fois
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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Re: Lola Lafon
La petite communiste qui ne souriait jamais
On se laisserait facilement aller à croire que, sur fond de dictature roumaine triomphante puis déchue, c'est seulement un livre sur Nadia Comaneci, la petite gymnaste qui subjugua le monde entier, adulée par le communisme comme par l'occident, objet fascinant de vaillance et de fragilité mêlées, façonnée par son entraîneur, instrumentalisée comme propagande pro-roumaine par le pouvoir, jetée comme un kleenex quand elle commença à ne plus tout à fait rentrer dans la case qui lui avait été attribuée.
Ce serait déjà bien. Toute la première partie, l'ascension de la petite fille jusqu'au « 10 » suprême aux Jeux Olympiques, entre bien dans ce cadre-là : une histoire unique, pleine de violence et de passions, intelligemment menée qui tient le lecteur en haleine, l'informe et l’émeut à la fois.
Puis peu à peu les fêlures apparaissent, l'appareil se met à gripper, Nadia prend de l'épaisseur (à tous les sens du terme) et on monte d'un cran.
Si on regarde le titre et qu'on le compare vidéo de la jeune gymnaste qui sourit, si l'on regarde l'indication « roman », si l'on porte attention au fait que, à côté de son information tous azimuts, Lola Lafon entend « remplir les silences» comme elle le dit d'entrée de jeu, si elle fait intervenir un dialogue fictif et critique, entre Nadia Comaneci, et la narratrice, en train d'écrire sur elle, on comprendra qu'on va beaucoup plus loin, qu'on entre dans une réflexion sur le choix et le non-choix, l'ambiguïté, le sens donné aux mots et aux informations, la réécriture du réel.
L'idée directrice du roman est que les choses sont complexes, très complexes, qu’elles soient personnelles, sociales ou politiques, loin de l'image sans nuance véhiculée par les médias.
Je dirais pour ma part qu'on est bien devant une œuvre littéraire et non un documentaire, avec une ligne narrative confrontée à l'histoire individuelle et collective, une réflexion sous-jacente, un style d'écriture, qui, s'il n'est pas classique et peut déplaire, n'en est pas moins ouvragé.
(commentaire rapatrié)
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Re: Lola Lafon
De ça je me console
Comme Lola Lafon, j'exècre le marchandisage des femmes, le tout-apparence et superficialité, l'exclusion des pauvres, la mise à l'écart des étrangers…Seulement, moi, je me console : je fais partie de ces Presque Morts qui s'attristent de tout cela en faisant passer le plat de lasagne à leur voisin avec un grand sourire, puis enchaînent sur autre chose...
Emilyatine, l'héroïne-miroir de Lola Lafon, elle, ne se console pas.
Elle comprend qu'« On ne naît pas vivant on le devient. »
Quelle solution au-delà de la chaleur de l'amitié et de la solidarité ? La violence, les mots adressés à soi-même ou vers les autres, ou le refus ?
De la mort de son père, non plus, elle ne se console pas…et c'est extrêmement touchant et fort beau.
Malgré de petits moments de sur-place dans la deuxième partie, cela donne un livre qui pourrait être prêchi-prêcha, où on ne peut pas adhérer à tout , mais qui est joyeux et déchirant à la fois, ébouriffant d' inventivité et d 'émotion, d'une vivacité chaleureuse. Une claque salutaire.
C'est un livre qui remue dans ces temps de violence terrifiante.
(commentaire récupéré)
Pour lui, apparemment, tuer n'était qu'un geste presque inévitable, rien qu'une réponse à la violence diffuse qu'on nous imposait tous les jours, la vraie responsable, elle. La serveuse fantôme, les milliers de fantômes qui balayaient les déchets français, ceux qu'on soustrayait des statistiques qui comptaient, ces corps assis sur les quais de métro, pas pressés parce qu'ils y resteraient la semaine, tous étaient des symptômes, des preuves de guerre sourde.
Comme Lola Lafon, j'exècre le marchandisage des femmes, le tout-apparence et superficialité, l'exclusion des pauvres, la mise à l'écart des étrangers…Seulement, moi, je me console : je fais partie de ces Presque Morts qui s'attristent de tout cela en faisant passer le plat de lasagne à leur voisin avec un grand sourire, puis enchaînent sur autre chose...
Emilyatine, l'héroïne-miroir de Lola Lafon, elle, ne se console pas.
On dit sois un peu ouverte.
En général, on m' enjoint d'être ouvert au moment même où passent dans les conversations des choses acérées qui forcent leur chemin vers mon cerveau pour y trouver une place que je ne veux pas leur donner.
(…)
Ont dit avoir les idées larges, je commence à mieux entendre, j'entends idées larges comme des idées obèses de compromis.
Elle comprend qu'« On ne naît pas vivant on le devient. »
Quelle solution au-delà de la chaleur de l'amitié et de la solidarité ? La violence, les mots adressés à soi-même ou vers les autres, ou le refus ?
Depuis des années, le monde tel qu'on me le présente ressemble à une histoire inspirée de faits réels à laquelle je n'arrive pas à croire, ni à participer. Et on est quelques-uns à ne pas croire à cette histoire vraie.
De la mort de son père, non plus, elle ne se console pas…et c'est extrêmement touchant et fort beau.
Malgré de petits moments de sur-place dans la deuxième partie, cela donne un livre qui pourrait être prêchi-prêcha, où on ne peut pas adhérer à tout , mais qui est joyeux et déchirant à la fois, ébouriffant d' inventivité et d 'émotion, d'une vivacité chaleureuse. Une claque salutaire.
C'est un livre qui remue dans ces temps de violence terrifiante.
(commentaire récupéré)
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Re: Lola Lafon
Une fièvre impossible à négocier
C'est encore une fois l' histoire d' une gentille fille, Landra, qui un soir se fait violer dans l'intimité de sa chambre par un jeune homme respectable et tout ce qu'il y a de plus insoupçonnable. Et après, elle ne veut pas mourir, mais elle ne peut plus vivre. Ou en tout cas, vit avec la peur. Et, comme disent les surfeurs, « La peur n'est une émotion comme les autres, il faut l'accepter » . Alors , si Landra cache cette peur intime, elle décide de hurler une peur plus générale devant notre humanité humiliée, bafouée, violentée par les politiques, les capitalistes,les intégristes de tous poils. Finis les commentaires aux terrasses de bistrot, elle va jouer sa révolte au plus fort, dormant dans des squats, frayant et agissant avec des groupuscules d' extrême gauche. Elle veut que cette fois-ci, son NON soit entendu.
Il faut écouter Lola Lafon, s'attacher à cette jeune femme qui se débat,il faut comprendre sa rage contre un monde manipulé par des mains impitoyables.il faut se demander si, finalement, elle n'a pas raison, s'il n'y a pas que l'action, même illégale, pour répondre à cette violence qui domine le monde, s'il ne faudrait pas arrêter de se croiser les bras, de commenter et de juger, arrêter de « négocier », en se réjouissant d'être du bon côté.
Elle me remue, cette Lola Lafon. A chaque lecture.
Et elle me fait peur.
Peur qu'elle n'ait que trop raison.
mots-clés : #politique #violence
Je pense à cette sensation d'être tenue à terre par le pouvoir et l'ordre. Être à genoux sans rien pouvoir y faire ou presque. Je ne veux pas me dire, demain ou plus tard, que je n'ai rien fait.
Je ne veux pas laisser des personnes décider d'en allonger d'autres, étouffées. Alors mon envie se précipite, plus bruyante que la peur des flics, des ennuis potentiels ; il faut que je bouge, rouge, il faut que ça se fasse. Je veux aller un peu plus loin que parler.
C'est encore une fois l' histoire d' une gentille fille, Landra, qui un soir se fait violer dans l'intimité de sa chambre par un jeune homme respectable et tout ce qu'il y a de plus insoupçonnable. Et après, elle ne veut pas mourir, mais elle ne peut plus vivre. Ou en tout cas, vit avec la peur. Et, comme disent les surfeurs, « La peur n'est une émotion comme les autres, il faut l'accepter » . Alors , si Landra cache cette peur intime, elle décide de hurler une peur plus générale devant notre humanité humiliée, bafouée, violentée par les politiques, les capitalistes,les intégristes de tous poils. Finis les commentaires aux terrasses de bistrot, elle va jouer sa révolte au plus fort, dormant dans des squats, frayant et agissant avec des groupuscules d' extrême gauche. Elle veut que cette fois-ci, son NON soit entendu.
Alors que, c'est dommage, il suffit de :
Mettre un poing final dans la figure de la Peur…
Pour réapparaître à soi-même, en entier, rêves compris, tout recousu.
Je suis là.
Terrain d'entraînement : ma Vie
Il faut écouter Lola Lafon, s'attacher à cette jeune femme qui se débat,il faut comprendre sa rage contre un monde manipulé par des mains impitoyables.il faut se demander si, finalement, elle n'a pas raison, s'il n'y a pas que l'action, même illégale, pour répondre à cette violence qui domine le monde, s'il ne faudrait pas arrêter de se croiser les bras, de commenter et de juger, arrêter de « négocier », en se réjouissant d'être du bon côté.
La résignation est un suicide quotidien.
Elle me remue, cette Lola Lafon. A chaque lecture.
Et elle me fait peur.
Peur qu'elle n'ait que trop raison.
« À Régis, j'écrivis quelques lignes où je précisais que je ne voulais pas entrer dans le vieillissement sans avoir connu le feu d'un combat réel, qu'aucune jeunesse n'avait de sens qui ne risquât de mourir violemment et qu'à ma jeunesse je voulais donner un sens qui ne fût pas de me vautrer dans le plaisir de vivre. » Pierre Goldman, Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France.
mots-clés : #politique #violence
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Re: Lola Lafon
Mercy, Mary, Patty
Patricia Hearst, l'héritière du richissime magnat d'une presse sevile, élevée dans les meilleures institutions américaines, est enlevée par un groupe révolutionnaire. En quelques jours, elle adhère à leur cause, revendique le droit pour tous à manger à sa faim, quitte à recourir à des méthodes violentes.
Manipulée, droguée, terrorisée? ou simplement révélée à elle-même comme une photo dan le bac de développement, parce qu'"elle a vu l'envers de l'Amérique"? Pour elle, n'est-ce pas "un deus ex machina providentiel vêtu de treillis militaire ?"
C'est ce que s'activent à dénouer trois femmes, se passant avec passion le relais entre 1975 et aujourd'hui, portant chacune en elle sa forme et sa méthode de rébellion : Gene Neveva, la chercheuse Américaine ancienne activiste, Violaine, son assistante anorexique et -croit-on- candide, et, des années plus tard, bouclant la boucle, la narratrice inommée.
Cela donne un curieux roman très élaboré, un édifice tout à la fois déroutant et magistral de maîtrise. On peine au début à se glisser dans le récit du fait d'un fouillis initial volontairement orchestré, mais surtout du choix narratif, les personnages sont "je", "elle" et "vous" et cela déconcerte dans les premières pages, et même parfois au-delà, rendant la lecture parfois ardue. Mais ce choix se justifie pleinement quand on avance en lecture, instituant une hiérarchie de respect entre les protagonistes.
Quant au propos, son intérêt est sa grande fluidité.
Pas de chronologie détaillée, mais une analyse rétrospective des archives, textes, radio-cassettes, films pour en tirer la moelle cruciale.
Pas d'apologie du terrorisme, simplement une mise à plat de ce qui peut y mener, ou à toute rébellion quelle qu'elle soit. Ce questionnement: qu’est ce qui fait que dans une société de jeunes blanches bourgeoises font le choix d’adopter la tribu indienne qui les a enlevées (Mercy et Mary), de partager la cause d'un groupuscule terroriste (Patty), ou de partir au Jihad… Car plus qu' encore plus que des actes, c'est sans doute des motivations de ces "âmes flottantes", "identités mouvantes" » qu'il faut trouver le sens. Le rôle des rencontres qui permettent les choix et les refus.
Pas de leçons, pas de conclusions définitives, pas de raccourcis réducteurs, mais une réelle attention à la détresse que cela exprime, une détermination farouche à ne pas tomber dans le manichéisme, à débusquer l'ambiguïté et la complexité des choses, une pensée intelligemment subversive.
Mercy, Mary, Patty est un hommage à toutes celles qui ont eu le courage de ne pas suivre le chemin tracé, une analyse, indépendante de toute naïveté, des accomplissements et des errements que cela implique, une belle incitation à s'indigner.
mots-clés : #conditionfeminine #insurrection #captivité
"Défiez-vous des histoires simples "
Patricia Hearst, l'héritière du richissime magnat d'une presse sevile, élevée dans les meilleures institutions américaines, est enlevée par un groupe révolutionnaire. En quelques jours, elle adhère à leur cause, revendique le droit pour tous à manger à sa faim, quitte à recourir à des méthodes violentes.
"On ne trouvera dans ces pages ni victime, ni coupable, ni sainte, martyre ou héroïne révolutionnaire."
Manipulée, droguée, terrorisée? ou simplement révélée à elle-même comme une photo dan le bac de développement, parce qu'"elle a vu l'envers de l'Amérique"? Pour elle, n'est-ce pas "un deus ex machina providentiel vêtu de treillis militaire ?"
Si j'ai subi un lavage de cerveau c'est celui qui nous conditionnes tous à prendre et garder notre place dans la société. J'ai passé douze années dans des écoles privées au milieu de jeunes occupés à développer leurs aspirations de dominants. Rétrospectivement, pour moi, ces écoles sont un terrain d'entraînement, de formation de futurs petits fascistes, on nous encourageait à développer toutes les valeurs du capitalisme : individualisme, sens de la compétition, sans oublier le racisme.
C'est ce que s'activent à dénouer trois femmes, se passant avec passion le relais entre 1975 et aujourd'hui, portant chacune en elle sa forme et sa méthode de rébellion : Gene Neveva, la chercheuse Américaine ancienne activiste, Violaine, son assistante anorexique et -croit-on- candide, et, des années plus tard, bouclant la boucle, la narratrice inommée.
Cela donne un curieux roman très élaboré, un édifice tout à la fois déroutant et magistral de maîtrise. On peine au début à se glisser dans le récit du fait d'un fouillis initial volontairement orchestré, mais surtout du choix narratif, les personnages sont "je", "elle" et "vous" et cela déconcerte dans les premières pages, et même parfois au-delà, rendant la lecture parfois ardue. Mais ce choix se justifie pleinement quand on avance en lecture, instituant une hiérarchie de respect entre les protagonistes.
Quant au propos, son intérêt est sa grande fluidité.
Pas de chronologie détaillée, mais une analyse rétrospective des archives, textes, radio-cassettes, films pour en tirer la moelle cruciale.
Pas d'apologie du terrorisme, simplement une mise à plat de ce qui peut y mener, ou à toute rébellion quelle qu'elle soit. Ce questionnement: qu’est ce qui fait que dans une société de jeunes blanches bourgeoises font le choix d’adopter la tribu indienne qui les a enlevées (Mercy et Mary), de partager la cause d'un groupuscule terroriste (Patty), ou de partir au Jihad… Car plus qu' encore plus que des actes, c'est sans doute des motivations de ces "âmes flottantes", "identités mouvantes" » qu'il faut trouver le sens. Le rôle des rencontres qui permettent les choix et les refus.
Pas de leçons, pas de conclusions définitives, pas de raccourcis réducteurs, mais une réelle attention à la détresse que cela exprime, une détermination farouche à ne pas tomber dans le manichéisme, à débusquer l'ambiguïté et la complexité des choses, une pensée intelligemment subversive.
Mercy, Mary, Patty est un hommage à toutes celles qui ont eu le courage de ne pas suivre le chemin tracé, une analyse, indépendante de toute naïveté, des accomplissements et des errements que cela implique, une belle incitation à s'indigner.
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topocl- Messages : 8414
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Re: Lola Lafon
je te lirai plus tard il est dans ma PAL !
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Bédoulène- Messages : 21098
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Re: Lola Lafon
Cela semble une lecture éclairante : comment peut-on oublier, en France, que les terroristes pour l'un sont les héros de l'autre, et vice-versa ; sans jugement de valeur, il faudrait comprendre leurs motivations, et (pour ça aussi) il y a urgence ?
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15609
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Re: Lola Lafon
Bien sûr (tout le monde n'oublie pas)
En fait elle parle assez peu de terrorisme. Son idée, c'est surtout de la nécessité de trouver son propre chemin hors des sentiers battus, quel qu'il soit, de la capacité de se remettre en question. Du libre-arbitre, en fait.
En fait elle parle assez peu de terrorisme. Son idée, c'est surtout de la nécessité de trouver son propre chemin hors des sentiers battus, quel qu'il soit, de la capacité de se remettre en question. Du libre-arbitre, en fait.
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topocl- Messages : 8414
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Localisation : Roanne
Re: Lola Lafon
ça donne envie d' en savoir plus long sur Lola Lafon.
Je veux dire en dehors de ses livres.
J' aime tellement ceux qui sont en adéquation avec
l' impossibilité de se taire et de rester les bras croisés
en attendant que ça passe...
Une fièvre impossible à négocier, ça me parle !
Je veux dire en dehors de ses livres.
J' aime tellement ceux qui sont en adéquation avec
l' impossibilité de se taire et de rester les bras croisés
en attendant que ça passe...
Une fièvre impossible à négocier, ça me parle !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Lola Lafon
bix_229 a écrit:ça donne envie d' en savoir plus long sur Lola Lafon.
Elle chante, aussi.bix_229 a écrit:Je veux dire en dehors de ses livres..
Ma petiote est en train de le lire et a déjà prévu de lire après De ça je me console. Le clan des filles , chez les topocl, est lafonophile!bix_229 a écrit:Une fièvre impossible à négocier, ça me parle !
Les trois premiers (je suis incapable de dire lequel je préfère), sous couvert de roman , parlent plus d'elle , et sont vraiment rageux.
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topocl- Messages : 8414
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Re: Lola Lafon
Parce qu'il est tombé entre mes mains et parce que Lafon , ça sonne plaisant ces derniers jours avec l'écho encore récent de ma dernière lecture d'une autre Lafon , parce que je garde un souvenir particulier de sa petite communiste , et probablement aussi parce que j'ai retenu quelques éloges d'internautes plutôt avisés ....
Si on s'accorde commodément à pointer du doigt la littérature actuelle dans son nombrilisme outrancier , en concordance avec nos selfies , dépendance Instragamesque ou Facebookienne visant à nourrir notre culte de l'Ego affamé , voilà un ouvrage apportant bémol et espoir à ceux qui désespèrent retrouver une plume libérée de ce joug !
C'est à partir d'une histoire vraie ( tout comme la petite communiste avec Nadia Comaneci ) que Lola Lafon bâtit son roman .....Celle de Patty Hearst , victime d'un enlèvement en 1974 .
Victime ?
Première question , les choses ne sont pas si simples.......
Et c'est bien là toute la force de l'approche de Lola Lafon , que de porter un regard multiple , sans jamais affirmer , dénoncer brutalement , radicaliser ses positions .
Patty Hearst , 19 ans lors de son enlèvement en 1974. Ravissement à sa famille bien pensante , propriétaire d'un grand journal américain ,milliardaire aux mains bien évidemment douteuses .
Situons le contexte : Les états-Unis de l'époque , c'est déjà des années de guerre contre le vietnam, c'est une jeunesse en révolte contre une Amérique puritaine , affaiblie économiquement mais qui ferme les yeux sur cette chute inexorable ...
Rien d'étonnant à ce que germent ici et là des groupes révolutionnaires ...
Rien d'étonnant non plus qu'une jeune fille enlevée par l'un de ces groupes le SLS ( Symbionese Liberation Army ) découvre soudain avec ces ravisseurs ....une libération ," un ravissement" .
Visiblement pourtant ce n'était pas la pensée de l'époque ...Le serait-t-elle aujourd'hui ?
Patty expulsant sa fougue de jeune femme affranchie , Patty victime du syndrome de Stockholm peut-être ?
Patty manipulée ?
Ou manipulatrice , car c'est bien connu les jeunes filles le sont toutes un peu ! Patty devenue Tania , effaçant l'identité subie , et empruntant les chemins de sa création .
Patty , oui mais Mary ...et Mercy ...kidnappées aussi des siècles auparavant par des tribus indiennes , et qui firent aussi le choix de ce "ravissement" , libres , femmes et souverraines dans leur corps , leur âme , leur esprit .
Patty , Mary , Mercy mais aussi Gene Neveva et Violaine qui, de concert ,se penchent sur ces curieux destins et s'engagent , chacune à sa façon pour une reconnaissance de la cause féministe , pour un prisme élargi de l'histoire de la femme .Et de s'interroger alors sur le conditionnement , les rouages d'une mécanique trop huilée qui finit pourtant par déraper , les systèmes qui asservissent , les causes à défendre , l'identité , le libre-arbitre bien sûr en exergue ...
Gene Neveva , sociologue universitaire , qui consacrera sa vie à rechercher toutes formes de vérité concernant l'affaire Patty Hearst ...déterminée , farouche , sauvage , tyrannique avec ses collaboratrices , travaillant sans relâche des années durant sur le procès de Patty , celle-ci accusée de ....On ne sait plus vraiment dans cette Amérique aux abois , destabilisée par cette sale gosse de riche insolente ( ou pauvre victime ? ) !
Mais aussi ,Violaine stagiaire auprès de la charismatique Gene Neveva , menant son combat à elle , amazone anorexique incernable , dans sa forme d'insolence inattaquable ....Toutes deux , dans une intimité atypique , "défusionnée " , solitaires unies dans une union/opposition , au fil des décennies , porteront l'histoire de Patty ,Mary , Mercy .
L'écriture de Lola Lafon n' a rien de jouissif . La structure du roman pourra rebuter le lecteur : c'est une sorte de jeux de pronoms , " vous , je , elle" déroutant . C'est aussi une absence de chronologie dans une farandole féminine plutôt agréable et abolissant l'espace temps dans une fraternité qui gagne le lecteur ( euh probablement plus la lectrice ? ) . C'est extrêmement documenté , détaillé , fouillé , archives à l'appui et bizarrement ça devient presque , dans cette apparente sécheresse subversif . Avec délice .
A découvrir .
Vous dites ceci , qu être un jeune américain c'est compter ses morts au Vietnam, si on est noir , mourir lors d un contrôle de police d une balle dans la tête avant d avoir eu le temps de tendre sa carte d'identité, c'est avoir vu ses parents échouer à changer les choses et les échecs successifs des différents gouvernements et ne trouver aucun parti, ni idéologie susceptible de susciter de l espoir. C est le Valium dans le sac à main de maman et le magazine porno dans le bureau de papa . Ce sont des dîners où on n échange que des milliers calories vides devant une télévision, on digère la mort en famille depuis le canapé, tous ces corps inertes dont on ne sait plus s ils sont les acteurs du feuilleton qui précède le journal télévisé ou si ce sont les cadavres exhibes pour faire croire à une victoire de l Amérique sur le communisme. Et la seule question que les éditorialistes se posent c'est comment de gentilles étudiantes blanches et aisées peuvent se transformer en insurgées armées ? Vous, ce qui vous étonne, c'est qu'il n'y en ait pas des milliers et des milliers.
églantine- Messages : 4431
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Re: Lola Lafon
églantine a écrit:Si on s'accorde commodément à pointer du doigt la littérature actuelle dans son nombrilisme outrancier , en concordance avec nos selfies , dépendance Instragamesque ou Facebookienne visant à nourrir notre culte de l'Ego affamé , voilà un ouvrage apportant bémol et espoir à ceux qui désespèrent retrouver une plume libérée de ce joug !
Ses trois premiers romans parlent beaucoup de sa vie et son expérience personnelle, si on n'aime pas, on peut même trouver qu'elle y tourne en rond.Mais elle sait ne pas rester nombriliste et offrir un partage d'expériences et une ouverture à l'autre. Avec toujours la rage comme toile de fond
C'est cela qui me faisait peur, pour toi, églantine. mais je ne doutais pas que le fond te plairait. Mais je n'étais pas sûre que tu irais jusqu'à:églantine a écrit:L'écriture de Lola Lafon n' a rien de jouissif .
églantine a écrit:Avec délice .
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topocl- Messages : 8414
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Re: Lola Lafon
Il est dans ma PAL ce sera pour plus tard
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21098
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Re: Lola Lafon
topocl a écrit :
Eh bien ça me surprend . Je programmerai un de ces romans un de ces jours dont tu parles , ça me rend curieuse quand même ...Ses trois premiers romans parlent beaucoup de sa vie et son expérience personnelle, si on n'aime pas, on peut même trouver qu'elle y tourne en rond.Mais elle sait ne pas rester nombriliste et offrir un partage d'expériences et une ouverture à l'autre. Avec toujours la rage comme toile de fond
Si . Parce qu'on peut se délecter de multiples façons dans la littérature (et note que j'écris "littérature" , ce n'est pas un mot que j'écris à la légère .) et que j'ai fait effort pour y trouver ce plaisir ( et j'ai bien fait ) , par d'autres chemins que ceux j'emprunte habituellement : Lola Lafon ne "produit" pas , elle a sa place dans le paysage littéraire actuel .Et pas la moindre à mon avis. (En dehors de mes goûts certes , mais c'est une véritable écrivaine .)topocl a écrit :églantine a écrit:L'écriture de Lola Lafon n' a rien de jouissif .C'est cela qui me faisait peur, pour toi, églantine. mais je ne doutais pas que le fond te plairait. Mais je n'étais pas sûre que tu irais jusqu'à:églantine a écrit:Avec délice .
églantine- Messages : 4431
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Re: Lola Lafon
...et j'ajoute encore mes impressions:
La petite communiste qui ne souriait jamais
Originale: Français, 2014
REMARQUES :
Qui a grandi dans les années 70, voir : avait été déjà adulte, ou qui s'interessait à la gymnastique après ces années - et ne soit ce que que superficiellement - ne peut pas ignorer l'apparition quasimment mystificatrice aux J.O. de Montreal d'une fille, voir : d'un enfant, de 14 ans qui exerçait des tours dans les salles de sports qui étaient partiellement inimaginables. Je me souviens bien de nos premières réactions incrédules face à une fille à peine plus âgée que moi-même. Néanmoins, et un peu à contretemps à l'auteur Lafon, je dois souligner (j'ai vérifié cette impression en parlant avec ma mère) à quel point cela frisait l'irréalité, et à quel point cela nous « choquait ». Etait-ce des préjugés ? Nous, on voyait aussi une boîte mécanique merveilleux, parfaite, mais qui faisait peur, voir : qui laissait craindre le pire de coté de l'entraînement, de la pression exercée...
Mais – et Lafon le souligne dans son introduction à la version française au moins – il s'agit pas ici d'une biographie simplement. Certes, des dates essentiels ne furent pas changés et certainement on trouve de la recherche dans l'approche. Mais finalement on désigne l'oeuvre comme un roman, contenant des hypothèses sur un monde maintenant disparu, et apportant aussi par exemple un dialogue fictif entre la narratrice et Nadia C.
Pour commencer on décrit encore une fois – et d'une façon magistrale – l'exploit des jeux olympiques. Après cela l'auteure déroule le devenir de Nadia, à partir de sa tendre enfanc, la découverte par l'entraineur d'origine hongroise, Bélà, et l'entraînement systématique, contenant même le maintien sous faim, des injections, l'empêchement de la menstruation etc. Peut-être de façon général on saute un peu trop d'un événement à un autre (compétitions) ? J'aurais aimé découvrir encore plus de la personne de Nadia, de sa famille, sa vie, les peines endurées… Même si plus tard elle semble jamais (?) renier cette vie d'esclave.
Pas mal de gens (en Occident ? Et à l'Est?) voyait en Nadia un produit d'un régime dictatoriale, peut-être une victime de la volonté d'autres, de surveillances et d'attentes exagerées. Eventuellement on sera surpris que Lafon, à travers sa narratrice, nous offre un image autrement plus complexe et compliqué, pas seulement du régime de Ceaucescu, mais aussi de nos soi-disant démocraties si libres où les médias, le consumérisme, la loi du marché transforme l'homme (et la femme!) en produit de marché. Dans un entretien Lafon disait qu'elle n'aimerait pas en juger. Je la comprends. Néanmoins j'ai des difficultés quand de temps en temps elle semble cautionner certains procédés de la Roumanie d'antan. Est-ce qu'on peut finalement comparer les déviations des systèmes, voir les justifier?
Mais l'auteur, venant elle-même de l'Est de l'Europe, pose des questions incomfortables. L'homme peut devenir esclave, ici et là. Et nos « analyses » a posteriori peuvent être complètement à coté de la réalité vécue.
Le livre a reçu plusieurs prix. Dans certains passages ce livre peut communiquer l'ébahissement, dans certaines descriptions et propositions d'interprétation il nous ouvre un chemin de réflexion. Néanmoins dans une certaine tonalité donnée il ne pouvait pas me convaincre complètement.
La petite communiste qui ne souriait jamais
Originale: Français, 2014
4ème de couverture a écrit:Retraçant le parcours d une fée gymnaste, qui, dans la Roumanie des années 1970 et 80 et sous les yeux émerveillés de la planète entière, vint, en son temps, mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records, ce roman est le portrait d une enfant, puis d une femme, évadée de la pesanteur, sacralisée par la pureté de ses gestes et une existence intégralement dévolue à la recherche de la perfection. En mettant en exergue les dévoiements du communisme tout autant que la falsification, par les Occidentaux, de ce que fut la vie dans le bloc de l Est, ce récit, lui-même subtilement acrobate, est aussi une passionnante méditation sur l invention et l impitoyable évaluation du corps féminin.
REMARQUES :
Qui a grandi dans les années 70, voir : avait été déjà adulte, ou qui s'interessait à la gymnastique après ces années - et ne soit ce que que superficiellement - ne peut pas ignorer l'apparition quasimment mystificatrice aux J.O. de Montreal d'une fille, voir : d'un enfant, de 14 ans qui exerçait des tours dans les salles de sports qui étaient partiellement inimaginables. Je me souviens bien de nos premières réactions incrédules face à une fille à peine plus âgée que moi-même. Néanmoins, et un peu à contretemps à l'auteur Lafon, je dois souligner (j'ai vérifié cette impression en parlant avec ma mère) à quel point cela frisait l'irréalité, et à quel point cela nous « choquait ». Etait-ce des préjugés ? Nous, on voyait aussi une boîte mécanique merveilleux, parfaite, mais qui faisait peur, voir : qui laissait craindre le pire de coté de l'entraînement, de la pression exercée...
Mais – et Lafon le souligne dans son introduction à la version française au moins – il s'agit pas ici d'une biographie simplement. Certes, des dates essentiels ne furent pas changés et certainement on trouve de la recherche dans l'approche. Mais finalement on désigne l'oeuvre comme un roman, contenant des hypothèses sur un monde maintenant disparu, et apportant aussi par exemple un dialogue fictif entre la narratrice et Nadia C.
Pour commencer on décrit encore une fois – et d'une façon magistrale – l'exploit des jeux olympiques. Après cela l'auteure déroule le devenir de Nadia, à partir de sa tendre enfanc, la découverte par l'entraineur d'origine hongroise, Bélà, et l'entraînement systématique, contenant même le maintien sous faim, des injections, l'empêchement de la menstruation etc. Peut-être de façon général on saute un peu trop d'un événement à un autre (compétitions) ? J'aurais aimé découvrir encore plus de la personne de Nadia, de sa famille, sa vie, les peines endurées… Même si plus tard elle semble jamais (?) renier cette vie d'esclave.
Pas mal de gens (en Occident ? Et à l'Est?) voyait en Nadia un produit d'un régime dictatoriale, peut-être une victime de la volonté d'autres, de surveillances et d'attentes exagerées. Eventuellement on sera surpris que Lafon, à travers sa narratrice, nous offre un image autrement plus complexe et compliqué, pas seulement du régime de Ceaucescu, mais aussi de nos soi-disant démocraties si libres où les médias, le consumérisme, la loi du marché transforme l'homme (et la femme!) en produit de marché. Dans un entretien Lafon disait qu'elle n'aimerait pas en juger. Je la comprends. Néanmoins j'ai des difficultés quand de temps en temps elle semble cautionner certains procédés de la Roumanie d'antan. Est-ce qu'on peut finalement comparer les déviations des systèmes, voir les justifier?
Mais l'auteur, venant elle-même de l'Est de l'Europe, pose des questions incomfortables. L'homme peut devenir esclave, ici et là. Et nos « analyses » a posteriori peuvent être complètement à coté de la réalité vécue.
Le livre a reçu plusieurs prix. Dans certains passages ce livre peut communiquer l'ébahissement, dans certaines descriptions et propositions d'interprétation il nous ouvre un chemin de réflexion. Néanmoins dans une certaine tonalité donnée il ne pouvait pas me convaincre complètement.
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Lola Lafon
Chavirer
Dans les années 80, une organisation pédopornographique de quinquagénaires en vue dans les médias recrute de toutes jeunes fille en banlieue, leur fait miroiter une bourse pour réaliser leur passion. Non seulement la bourse n'est pas au rendez-vous, mais le prix à payer est plus que fort , et fait chavirer la vie de ces jeunes filles.
Très déçue par ce roman, espèce de chaos/puzzle (comme la vie des jeunes femmes devenues adultes ?) plutôt ennuyeux. La désorganisation a empêché en moi l'empathie. Et ce n’est pas vraiment neuf d’apprendre que les victimes en sont marquées à vie, que celle-ci chavire à la suite de ces agressions. Je n'ai pas trouvé l'acuité rebelle, la rage décapante que j'avais aimées précédemment chez Lola Lafon, mais de l'application à appliquer une technique.
Dans les années 80, une organisation pédopornographique de quinquagénaires en vue dans les médias recrute de toutes jeunes fille en banlieue, leur fait miroiter une bourse pour réaliser leur passion. Non seulement la bourse n'est pas au rendez-vous, mais le prix à payer est plus que fort , et fait chavirer la vie de ces jeunes filles.
Très déçue par ce roman, espèce de chaos/puzzle (comme la vie des jeunes femmes devenues adultes ?) plutôt ennuyeux. La désorganisation a empêché en moi l'empathie. Et ce n’est pas vraiment neuf d’apprendre que les victimes en sont marquées à vie, que celle-ci chavire à la suite de ces agressions. Je n'ai pas trouvé l'acuité rebelle, la rage décapante que j'avais aimées précédemment chez Lola Lafon, mais de l'application à appliquer une technique.
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topocl- Messages : 8414
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Re: Lola Lafon
merci pour ton appréciation topocl, je pense retarder la lecture
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21098
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Re: Lola Lafon
5 critiques enthousiastes au Masque et la Plume!
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