Des Choses à lire
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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Ven 3 Mai - 2:09

65 résultats trouvés pour colonisation

Antonio Lobo Antunes

Le cul de Judas

Tag colonisation sur Des Choses à lire - Page 4 Image151


   En effet, selon les prophéties de ma famille, j'étais devenu un homme : une espèce d'avidité triste et cynique, faite de désespérance cupide, d'égoïsme et de l'urgence de me cacher de moi-même, avait remplacé à jamais, le plaisir fragile de la joie de l'enfance, du rire sans réserves ni sous-entendus, embaumé de pureté, et que de temps en temps il me semble entendre, voyez-vous, la nuit, en revenant chez moi, dans une rue déserte, résonnant dans mon dos en cascades moqueuses.


Echoué dans la nuit d'un bar lisboète, un homme vieillissant drague une femme inconnue à la recherche d'une brève étreinte consolatrice. Dans son paquetage, bien au fond, sa jeunesse embrigadée dans le conformisme d'une famille bourgeoise, et par-dessus 27 mois de guerre en Angola, dont il revient étranger au monde, dévasté, errant.. Et curieusement ça marche,comme le lecteur, l'auditrice muette  suit jusqu’au bout  cet « irrémédiable naufrage »  l’égrènement logorrhéique de cette  inhumaine absurdité, la confession violente et crue de cette désespérance.

   Parce que c'est cela que je suis devenu ou qu'on m'a fait devenir : une créature vieillie et cynique qui rit d'elle-même et des autres du rire envieux, maigre, cruel des défunts, le rire sadique et muet des défunts, le rire répugnant et gras des défunts, et en train de pourrir de l'intérieur, à la lumière du whisky, comme pourrissent les photos dans les albums, péniblement, en se dissolvant lentement dans une confusion de moustaches.


Ce livre a réveillé en moi le souvenir de Meroé, d'Olivier Rolin, pour l'Afrique, et du Crabe Tambour de Pierre Schoenoerffer pour la guerre qui ne vous lâche pas.  Ce sont des  mondes d'homme cassés par la vie, avec ce que cela implique de cynisme, d'amertume, d'autodérision, de haine de soi et des autres : « la farce tragique et ridicule de ma vie. », j'ai été envoûtée par cette litanie d'obsessions lancinantes.

   janvier se terminait, il pleuvait, et nous allions mourir, nous allions mourir et il pleuvait, il pleuvait,et assis dans la cabine de la camionnette, à côté du chauffeur, le béret sur les yeux, la vibration d'une infinie cigarette à la main, j'ai commencé mon douloureux apprentissage de l'agonie.


Là comme souvent la femme est le refuge nourricier, l'espoir d'un havre, son avilissement n’empêchant pas une adulation . Il y en a beaucoup,  de la légitimes aux putains noires.

   J'en avais marre, Sofia, et tout mon corps implorait le calme que l'on ne rencontre que dans les corps sereins des femmes, dans la courbure des épaules des femmes où nous pouvons reposer notre désespoir et notre peur, dans la tendresse sans sarcasme des femmes, dans leur douce générosité, concave comme un berceau pour mon angoisse d'homme, mon angoisse chargée de la haine de l'homme seul, ce poids insupportable de ma propre mort sur le dos

.

Le style d'Antunes est souvent magnifique, lyrique, dérangeant, drôle, poétique, sublime dans l'exaltation de la noirceur et des abîmés de l'âme – un peu trop, parfois, ai-je trouvé, lassée de reprendre mes phrases au début pour en retrouver la cohérence.

Et je  chipoterai encore en disant que le chapitrage par lettres de l'alphabet ( et dieu sait si j'aime les alphabets !) m'a paru vaguement maniéré (comme s'il avait besoin de ça!)

Quoiqu'il en soit, j'arrête mes remarques critiques car Le cul de Judas est un livre très fort parce qu'il nous parle de la vie, de la mort et de l'amour, il nous les crache magistralement à la figure, partagés que nous sommes entre le dépeçage de l'Afrique par de jeunes Portugais hagards et l’atmosphère lugubre de ce bar où se reconnaissent les solitudes.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #colonisation #guerre #vieillesse
par topocl
le Jeu 22 Déc - 16:37
 
Rechercher dans: Écrivains de la péninsule Ibérique
Sujet: Antonio Lobo Antunes
Réponses: 41
Vues: 6303

Kateb Yacine

Tag colonisation sur Des Choses à lire - Page 4 41w5kb10

Nedjma

Pas facile de parler de ce livre. Entremêlé d'autobiographie c'est une histoire très éclatée autour de quatre jeunes hommes autour des manifestations et représailles du 8 Mai 1945, événement très présent mais diffus. La chronologie et le fil de la narration sont brisés pour nous porter aux côtés de l'un ou de l'autre ou de plusieurs puisqu'ils se connaissent, se croisent sont demi-frères ou cousins. La violence et l'injustice coloniale sont présents comme l'ombre de la tribu et les liens compliqués de famille et de séductions. Le chômage aussi, le désœuvrement, l'ivresse et les femmes. Et pas seulement pour nos jeunes hommes. Entre le passé mythique très vivant et présent dans l'esprit, la terre, et les aspirations floues de ressemblances avec les "notables" transplantés de France, entre la richesse et les séductions étrangères, les femmes si proches mais inaccessibles (quoique). Entre les péripéties et les ennuis émerge la cousine Nedjma, cousine que l'on dirait mal mariée et qui ne cesse de séduire fatalement ces âmes en peine. Une image intermittente, floue elle aussi, qui s'échappe toujours. Écartée d'une idée de conformité à une pureté ou une autre elle est séduction et tentation sans même être une synthèse de la femme d'avant et de celle "colonisée". Elle est autre chose, on ne saura pas tout à fait quoi. Mais nos somme toute braves types ne s'en remettent pas.

Si certains passages éphémères ont l'air trop poussés et ne passe pas si bien (on pense à un artifice de forme moderne et libre) , d'autres rêveries enfumées sont un voyage recommencé, l'errance d'une condition bien simple d'aspiration juste : la femme, le travail, une tranquillité qui concrétiserait l'existence. Mais dans un environnement à la fois familier et hostile, un moment où s'affrontent et se perdent un monde tribal et le capitalisme du XXème siècle qui se prend malgré tout un peu les pieds dans un courant humaniste qui le fait trébucher. La fin de la deuxième guerre mondiale on sent aussi la possibilité d'un espoir. Forme d'époque ni écriture blanche ni lourdeur littéraire, liberté avant tout, peut-être une langue et une culture pour parler d'autre chose (ça se fait dans les deux sens). Le refus d'un état trop défini (par les uns ou les autres) et d'une condamnation, pas sans regrets cependant. Une mélancolie vivace, pas sans charmes, parfois énigmatique.

Une lecture stimulante et utile quant à "l'ombre historique". Le texte tout de même semble un peu trop insaisissable pour sa position de texte fondateur... c'est un compliment.

J'ai un gros faible pour le passage à Constantine.

Extrait :


Rachid ne quittait plus le fondouk, le balcon ; l'espace de mosaïque, de fer forgé ; il ne quittait plus la farouche collectivité, le Divan, l'intime rêverie de la horde : dix ou vingt hommes de tous les âges - rêveurs silencieux qui se connaissaient à peine les uns les autres - dispersés le long du balcon, au sein du vertige, au faîte de la falaise ; en l'une des alvéoles du Rocher, le refuge où ils se retrouvaient jour et nuit, avec l'odeur du basilic et de la menthe, le goût du thé moisi, les cèdres, les cigognes, le morse timoré des cigales, le cri sans suite de leur tranquille agonie. Rachid avait découvert depuis longtemps le fondouk dont il venait de se rendre maître, après s'être perdu de ville en ville ; il ne quitterait plus Constantine ; il mourrait probablement au balcon, dans un nuage d'herbe interdite ; enfant, il avait remarqué les têtes sévères des troglodytes ; il avait entendu la musique, et s'arrêtait sans en avoir l'air devant le fondouk, avec de rares passants courbés comme des arbres sous l'écho envoûtant du tambourin dont la violence galvanisait comme un tonnerre apprivoisé couvrant les grêles chaudes, le crescendo du luth, pesanteur et rapidité des larmes intérieures dont Rachid, comme une plante attentive, ressentait la coulée, tandis que s'élevait d'un autre point de l'abîme un air de flûte, un souffle d'été mâle, de nuit vibrante bue comme une mouche dans le café ; enfant, Rachid avait deviné que cette mélodie venait d'une société secrète, mi-nécropole mi-prison, bien qu'il n'eût jamais entendu parler de la secte des Assassins. Il savait comme tout enfant que les mélomanes du fondouk fumaient autre chose que du tabac, ce qui les rendaient fous, mais pas à la façon des ivrognes... Plus tard, il avait vu par la porte entrouverte un coin du balcon, la volière... A présent, il se savait capturé, comme le rossignol et les canaris qu'on entendait dès le seuil du fondouk, et il ne lui venait plus à l'idée d'en sortir. Cela lui était arrivé alors qu'il revenait de Bône, après l'assassinat ; en l'interrogeant, à l'époque, on avait cru et répété dans Constantine que Rachid avait son mot à dire, sans être tout à fait complice, et on l'avait cherché à savoir : "Ce n'est rien. Un simple accident", répondait-il ; affaire passionnelle, disaient les journaux, Rachid n'en parlait plus, ne voulait plus en parler ; à mesure qu'il s'habituait au fondouk, son langage se raréfiait, de même que s'embuait et se creusait son regard sombre, et les côtes se dessinaient sous la vieille chemise  de soldat, comme si son corps de plus en plus sec devait mettre en relief le squelette, uniquement le squelette de l'homme puissant qu'il eût été en d'autres circonstances...  


(message de deuxième main).


mots-clés : #colonisation
par animal
le Lun 19 Déc - 20:35
 
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Sujet: Kateb Yacine
Réponses: 6
Vues: 3618

Joseph Conrad

Nostromo

Tag colonisation sur Des Choses à lire - Page 4 51tj1h10

  "Il y a dans un trésor quelque chose qui s'attache à l'esprit d'un homme. Il prie et  blasphème et persévère cependant ; il maudit le jour où il en a entendu parler pour la première fois, et laisse arriver sa dernière heure sans s'en apercevoir, croyant toujours qu'il ne l'a manqué que d'un cheveu. Il le voit chaque fois qu'il ferme les yeux. Il ne l'oublie qu'à sa mort - et même alors… docteur, avez-vous jamais entendu parler des misérables gringos de l'Azuera, qui ne peuvent pas mourir ? Ah ! ah ! Ce sont des marins comme moi. On ne peut pas échapper à un trésor une fois qu'il s'est  attaché à votre esprit."


Sur fond historique de colonialisme, de coup d'états militaires, de guerre civile, et de politique dictatoriale au Costaguana, petit pays fictif d'Amérique latine, Joseph Conrad nous fait vivre au rythme d'un groupe d'Européen, installés là-bas comme chez eux. Écartelés entre leurs amours, leurs rêves et leur cupidité, ils mènent une existence à la fois brillante et fiévreuse, où ils apprennent que la réalisation des espérances, financières ou autres,  ne mène pas forcément à l'épanouissement personnel. Même chose pour Nostromo, un marin génois débarqué ici pour faire fortune, emblématique de cette petite communauté, qui voue un mélange d'admiration et de mépris à ce personnage valeureux et  fantasque.

Difficile de faire un commentaire  sur ce roman,  considéré par tous comme le chef-d’œuvre de Joseph Conrad, si ce n'est pour redire que c'est un roman magistral, qui se mérite, mais qui récompense généreusement l'effort qu'on a pu mettre dans sa lecture.On est captif des allers-retours temporels, des péripéties romanesques dignes des meilleurs romans d'aventure, de la complexité des personnages pris dans les rets de cette vie coloniale alternativement délicieuse et rude, cette petite communauté imbue d'elle-même, égocentrique et brillante, qui au delà de son lustre n'échappe pas à la moiteur.
Un roman âpre, foisonnant et tumultueux dont on ressort avec une satiété heureuse.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #colonisation #insurrection
par topocl
le Sam 17 Déc - 9:36
 
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Sujet: Joseph Conrad
Réponses: 95
Vues: 13377

Rachid Boudjedra

Rachid Boudjedra
Né en 1941

Tag colonisation sur Des Choses à lire - Page 4 Boudj10

Rachid Boudjedra, né le 5 septembre 1941 à Aïn Beïda, dans la région d'Oum El Bouaghi, en Algérie, est un écrivain et poète algérien de langue française et de langue arabe.
Issu d'une famille bourgeoise, il passe sa jeunesse à Aïn Beïda, puis il commence ses études à Constantine et les poursuit à Tunis (Tunisie).

Dès 1959, il prend part à la lutte contre la colonisation française en Algérie. Blessé, il voyage dans les pays de l'Est, puis l'Espagne, où il est représentant du FLN.
En 1962, après l’indépendance, il retourne en Algérie et devient un étudiant syndicaliste. Il entreprend alors des études de philosophie à Alger et à Paris. Il obtient une licence de philosophie à La Sorbonne en 1965 et achève son cursus en soutenant une thèse de doctorat sur Louis-Ferdinand Céline. Il obtient également une licence de mathématiques de l'université d’Alger. Il se destine ensuite à l’enseignement (Blida), mais en 1965, après la prise du pouvoir par Houari Boumédiène, il quitte l’Algérie. Interdit de séjour pendant plusieurs années, car il faisait l'objet d'une condamnation à mort, il vit d’abord en France de 1969 à 1972 où il sera professeur de philosophie au lycée de Coulommiers, puis au Maroc où il enseigne à Rabat jusqu'en 1975.
En 1977, il devient conseiller pour le ministère de l'Information et de la Culture. Il participe à la rubrique culturelle de la revue hebdomadaire Révolution africaine.
Il est membre de la Ligue des droits de l’homme. Il a une sœur et un frère.
En 1981, il est nommé lecteur à la SNED et enseigne à l'IEP d'Alger.
Il a reçu le Prix des Enfants terribles en 1970 pour La Répudiation, le Prix Eugène Dabit du roman populiste 1997 pour La Vie à l'endroit, et, le prix du Roman arabe pour Les Figuiers de Barbarie en 2010.


Bibliographie :

Pour ne plus rêver, poèmes, dessins de Mohammed Khadda, 1965
La Répudiation, 1969
La Vie quotidienne en Algérie, 1971.
Naissance du cinéma algérien, 1971.
Journal Palestinien, 1972.
L'Insolation, 1972
Topographie idéale pour une agression caractérisée, 1975
L'Escargot entêté, 1977.
Les 1001 Années de la nostalgie, 1979
Le Vainqueur de coupe, 1981
Extinction de voix, poèmes, 1981.
Le Démantèlement, 1982.
La Macération, 1984.
Greffe, poèmes
La Pluie
La Prise de Gibraltar
Le Désordre des choses
Fis de la haine
Mines de rien
Lettres algériennes
Peindre l’Orient
La Vie à l'endroit
Fascination
Cinq Fragments du désert
Les Funérailles
Hôtel Saint Georges
Les Figuiers de Barbarie
Printemps





Tag colonisation sur Des Choses à lire - Page 4 51ogis10

L'Hôtel St-Georges

C'est dans cet hôtel que Nabila rencontre le sergent Français Jean,  c'est lui qui demande à sa fille dans une lettre qu'elle découvre après sa mort, comme un héritage, de visiter l'Algérie où il était appelé durant la guerre, les lieux qu'il n' a jamais oubliés, cette blessure qui l'a accompagné toute sa vie et qu'il n'avait jamais confié.

Jeanne s' adresse à une famille algérienne, laquelle la guidera dans sa quête et se sera pour l'une et les autres des rapports de confiance qui leur permettront de découvrir ou redécouvrir l' histoire dans l'Histoire, celle de l'Algérie qui a été colonisée durant 132 ans, comme le précise l'un des personnages. Mais en retour le Gd-père rappellera aux jeunes que leur pays a aussi colonisé l'Andalousie et la Sicile. Cette visite se révèlera bénéfique pour tous, Jeanne séduite par le pays et reconnaissante à ses "guides", la famille algérienne étonnée  et touchée en apprenant le métier exercé par le sergent Jean et son passé dans leur pays.

Le lecteur se rend compte que cette famille algérienne ressemble à une famille française, avec des personnages lumineux, d'autres plus sombres, des secrets, des blessures, il y a même des communistes (alors que le PC est interdit en Algérie) des croyants et des athées.

Les regrets, les reproches ne peuvent être évités, oubliés  ( par exemple : alors que la France et les Alliés fêtent le 8 mai 1945, la libération, en Algérie ceux qui profitent de l' occasion (ceux qui se sont battus contre le nazisme)  pour brandir le drapeau Algérien, réclamant l'indépendance, sont, sur ordre du Préfet de Constantine, par centaines  fusillés) ; de même la reconnaissance à certains hommes.

Certains, français ou algériens lisent et commentent  Malcolm Lowry, les confessions de St-Augustin, IBN Arabi, Lacan .............

Très intéressant condensé de l'histoire de l'Algérie et une reconnaissance dans cette fiction par la quête de Jeanne. C'est aussi une déclaration d' amour à ce pays, l'Algérie, par la voix de ces femmes, de ces hommes, tous ces personnages de fiction, algériens ou français.

C'est également une critique sur la colonisation, toutes les colonisations et leurs corollaires invasifs.

"message rapatrié"



mots-clés : #colonisation #guerredalgérie
par Bédoulène
le Ven 9 Déc - 17:08
 
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Sujet: Rachid Boudjedra
Réponses: 0
Vues: 585

Mongo Beti

Mongo Beti (1932 - 2001)

Tag colonisation sur Des Choses à lire - Page 4 Mbeti110

Mongo Beti est le pseudonyme d'Alexandre Biyidi Awala (son premier pseudonyme étant Eza Boto).
Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour, publiée dans la revue Présence Africaine, dirigée par Alioune Diop, en 1953. Un premier roman Ville cruelle, sous le pseudonyme d’Eza Boto suit en 1954, publié aux éditions Présence Africaine.
Mais c’est en 1956 que la parution du roman Le Pauvre Christ de Bomba fait scandale par la description satirique qui est faite du monde missionnaire et colonial. Paraissent ensuite Mission terminée, 1957 (prix Sainte-Beuve 1958) et Le Roi miraculé, 1958. Il travaille alors pour la revue Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il travaille également comme maître auxiliaire au lycée de Rambouillet.

En 1959, il est nommé professeur certifié au lycée Henri-Avril à Lamballe. Il passe l’agrégation de lettres classiques en 1966 et enseigne au lycée Corneille de Rouen de cette date jusqu’en 1994.

En 1972, il revient avec éclat à l’écriture. Publié par François Maspero, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande, relayée par Jacques Foccart, du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono.
Il publie en 1974 Perpétue et Remember Ruben. Après une longue procédure judiciaire, Mongo Beti et son éditeur François Maspero obtiennent en 1976 l’annulation de l’arrêté d’interdiction de Main basse sur le Cameroun.
En 1978, il lance, avec son épouse Odile Tobner, la revue bimestrielle Peuples Noirs Peuples africains, qu’il fait paraître jusqu’en 1991.

En 1991, Mongo Béti retourne au Cameroun, après 32 années d’exil. Il publie en 1993 La France contre l’Afrique : retour au Cameroun. En 1994, il prend sa retraite de professeur. Il ouvre alors à Yaoundé la Librairie des Peuples noirs.


Bibliographie :

Sans haine et sans amour, 1953.
Ville cruelle (publié sous le pseudonyme Eza Boto), 1954
Le Pauvre Christ de Bomba, 1956.
Mission terminée, 1957.
Le Roi miraculé : chronique des Essazam, 1958.
Main basse sur le Cameroun : autopsie d’une décolonisation, 1972
Perpétue et l’habitude du malheur, 1974.
Remember Ruben, 1974.
Peuples noirs, peuples africains, 1978 - 1991
La Ruine presque cocasse d’un polichinelle, 1979.
Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama, futur camionneur, 1983.
La Revanche de Guillaume Ismael Dzewatama, 1984.
Lettre ouverte aux Camerounais, ou, La deuxième mort de Ruben Um Nyobé, 1986
Dictionnaire de la négritude avec Odile Tobner et la participation de collab. de la revue Peuples noirs - Peuples africains, 1989
La France contre l’Afrique : retour au Cameroun, 1993
L’Histoire du fou, 1994.
Trop de soleil tue l’amour, 1999
Branle-bas en noir et blanc, 2000.
Mongo Beti à Yaoundé, textes réunis et présentés par Philippe Bissek, 2005
Africains si vous parliez, 2005
Mongo Beti parle : Testament d'un esprit rebelle, 2006





Tag colonisation sur Des Choses à lire - Page 4 51navx10

Le Pauvre Christ de Bomba

Le Révérend Père Drumont, dit RPS pour Révérend Père Supérieur est un missionnaire français venu en Afrique pour évangéliser Bomba et sa région, le pays des Tala, au Cameroun. Ayant refusé de voir pendant trois ans les habitants de ces villages parce qu’il refuse la polygamie, il se remet en route, accompagné de son jeune cuisinier Zacharie et de son enfant de chœur Denis, âgé de 15 ans, qui est aussi son boy… et le narrateur du roman. Le RPS est en vélo tandis que les deux jeunes marchent sur les pistes.

Les femmes chrétiennes, promises au mariage, sont tenues de vivre à la « sixa », une sorte de foyer basé à la Mission de Bomba, tenu par des hommes. Cette sixa a été instaurée par le RPS, présent en Afrique depuis plus de 20 ans, qui espère lutter contre la polygamie et ramener les Camerounais de la région au catholicisme et à Dieu.

Zacharie, mi-ange, mi-démon, est l’autre personnage principal qui ne mâche pas ses mots et qui joue un rôle important, rôle non négligeable dans les actions du RPS.

Chaque jour correspond à une étape dans un village ou une petite ville, où le père Drumont se rend chez le cathéchiste, puis à l’église ou ce qu’il en reste, pour évangéliser les indigènes ou les ramener sur le droit chemin. C’est un personnage sévère, qui croit dur comme fer à ce qu’il entreprend, ne se remettant jamais en cause. Il refuse qu’une route soit construite, assurant que la population serait asservie pour la construire, sa priorité étant la cause de Dieu.

Nous sommes en pleine période du colonialisme, le roman se déroule dans les années 1930. La mission s’avère un échec total, un constat dramatique. Sous la plume de Mongo Béti, ce drame prend un tel relief... Non seulement la mission a été un échec mais elle a causé tant de dégâts, engendré tant d'horreurs.

Mon résumé n'est qu'une gouttelette d'eau qui ne rend pas l'intensité de ce roman. C'est un livre magnifique que je viens de lire et je ne compte pas en rester là avec Mongo Béti. Je vous le conseille !


mots-clés : #colonisation #minoriteethnique #religion #traditions
par Barcarole
le Sam 3 Déc - 21:21
 
Rechercher dans: Écrivains d'Afrique et de l'Océan Indien
Sujet: Mongo Beti
Réponses: 3
Vues: 1097

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