Pierre Schoendoerffer
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Pierre Schoendoerffer
Né le 05 mai 1928, décédé le 14 mars 2011, Pierre Schoendoerffer s'engage sur un cargo suédois de marine marchande alors qu'il n'a que dix-neuf ans. Il devient chef opérateur au Service cinématographique des armées en Indochine, où il passe trois années à filmer les combats. Grand reporter pour Paris-Match, il est de tous les conflits : révolution marocaine de 1955, Laos, guerre d'Algérie.
Carrière au cinéma :
En 1956, Pierre Schoendoerffer coréalise son premier film avec Jacques Dupont, La Passe du diable, d'après un scénario de Joseph Kessel. Ce premier film marque sa rencontre avec le producteur Georges de Beauregard et le directeur de la photographie Raoul Coutard avec lesquels il travaille à de nombreuses reprises. En 1958, le cinéaste adapte à l'écran deux romans de Pierre Loti, Ramuntcho et Pêcheurs d'Islande. En marge du cinéma, il poursuit son métier initial de correspondant de guerre. La guerre est l'élément clé de toute son oeuvre. La 317e Section (1964), dont l'action se déroule au nord du Laos, met en relief tout le credo du metteur en scène : l'amitié virile, la foi en la patrie et en Dieu. En 1966, il tourne Objectif 500 millions (dont le scénario est coécrit par Jorge Semprun) qui traite du traumatisme des vétérans de la guerre d'Algérie. L'année suivante, il se rend au Viêt Nam pour suivre pendant deux mois des soldats américains sur le terrain. Le film, La Section Anderson (1967), remporte l'oscar du meilleur documentaire. Avec Le Crabe-Tambour (1977), le cinéaste revient avec nostalgie sur ses années de mer en racontant les derniers jours d'un capitaine de vaisseau qui, malade, se sait condamné. Il évoque le souvenir de l'Empire colonial perdu avec L'Honneur du Capitaine (1982). En 1991, il tourne Diên Biên Phu au Viêt Nam, relation de la bataille du même nom durant laquelle il avait été fait prisonnier trente-sept ans auparavant.
Source : bifi.fr
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Re: Pierre Schoendoerffer
Diên Biên Phu
Commencer un fil par ce film c'est commencer à la fois par la fin et le début de la carrière de ce cinéaste consistant et hanté. Diên Biên Phu, l'Indochine sont des éléments fondateurs, avec la mer de cette personnalité. Fait prisonnier après la bataille de Diên Biên Phu, on le reconnaît d'ailleurs dans le film sous les traits d'un de ses fils.
Un grand, gros ? film historique qui se révèle à la fois ambitieux et moins accessible qu'il n'y paraît (pour moi du moins). En alternance Hanoï et les errances d'un journaliste américain (Donald Pleasance) et le champ de bataille au fil des jours, des heures. Des paris sur le conflit chez le bookmaker chinois au bar où se retrouve les militaires aux collines où les mêmes ou d'autres meurent ou attendent des renforts qui n'arrivent pas. En arrière plan un concert d'une violoniste du conservatoire de Paris (Ludmila Mikaël) pour les dernières heures d'un moment et de beaucoup d'hommes.
Il y a aussi la toile de fond du concert avec une Marianne qui s'impose au milieu d'un décor beaucoup plus local. Des témoins, un intellectuel nationaliste pourquoi pas francophile... toute une France "des colonies" et d'ailleurs : légionnaires et immigrés de plus ou moins longue date qui apparaît souvent ensemble dans des images qui ne sont pas sans rappeler des tableaux ou figures des représentations de travailleurs ou de soldats de toute la première moitié du siècle dernier.
Beaucoup de symbolique dont c'est au spectateur de gratter la portée avec ses propres incertitudes et le rapport distant et ... craintif ? qu'on a en abordant ce conflit ? Le point de vue est celui du gâchis des vies humaines du côté français dans un tumulte d'éclairs, d'explosions, de boue et de blessures. Le tableau est sidérant et effrayant, le seul reste de sens aux frontières de l'absurde c'est la solidarité entre les soldats et le sacrifice. Mais pour quoi le sacrifice ? Pour les camarades ? Les lointaines valeurs de la république, balayées par les circonstances et les hésitations du commandement, la volonté de faire comme si tout allait bien ?
Un des films les moins "individualisé" du réalisateur, un film que j'ai du mal à appréhender (et c'est peut-être un de ses atouts). Un film qui a cette drôle de possibilité de ne pas réécrire ou expliquer a posteriori ? Un témoignage qui ne veut rien enlever à ceux qui sont morts (même s'ils ont tué aussi) ?
Il y a une part d'énigme derrière ce résultat cinématographique très "carré" mais terriblement saisissant (la reconstitution ne plaisante pas).
N'oublions pas non plus la conclusion du narrateur qui n'est autre que Pierre Schoendoerffer lui-même :
« Ce film a été tourné moins de quarante ans après la bataille de Diên Bien Phu, au Vietnam, au Tonkin comme nous disions autrefois, avec les Vietnamiens et l'armée du Viêtnam. Ce fut une expérience bouleversante, pour eux comme pour nous. Refermant une page douloureuse de notre histoire, elle n'a de sens que si elle contribue à renouer des liens avec ce Vietnam que nous aimons, que j'aime. »
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Re: Pierre Schoendoerffer
Un des militaires français dit d'ailleurs au journaliste américain que c'est par amour pour le Viêt-nam qu'ils se battent (dans une guerre coloniale ?)
Beaucoup (trop ?) de panache : plus Jünger que Remarque...
Je n'ai guère compris les péripéties de la bataille, l'enjeu de tenir sans une chance de pouvoir le faire longtemps.
Réalisé par un témoin : comme souvent, il rend mal compte de ce qui est évident pour lui ?
Beaucoup (trop ?) de panache : plus Jünger que Remarque...
Je n'ai guère compris les péripéties de la bataille, l'enjeu de tenir sans une chance de pouvoir le faire longtemps.
Réalisé par un témoin : comme souvent, il rend mal compte de ce qui est évident pour lui ?
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Re: Pierre Schoendoerffer
Il y a des paradoxes, il y a aussi le jeune d'origine polonaise qui se marie avec une vietnamienne.
Je crois aussi qu'ils croient au moins un temps pouvoir ou "gagner" (notion relative ?) ou s'en sortir (relatif aussi) avant de savoir l'impasse complète.
Pas faux pour le panache mais difficile de faire autrement ? Il y a quelque chose de froid aussi (qu'on retrouve par exemple dans le Crabe tambour ?), froid ou morbide ?
Je crois aussi qu'ils croient au moins un temps pouvoir ou "gagner" (notion relative ?) ou s'en sortir (relatif aussi) avant de savoir l'impasse complète.
Pas faux pour le panache mais difficile de faire autrement ? Il y a quelque chose de froid aussi (qu'on retrouve par exemple dans le Crabe tambour ?), froid ou morbide ?
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Re: Pierre Schoendoerffer
Je ne suis pas sûr qu'il y ait paradoxe dans ce type de colonialisme à la française, paternalisme et "mixité" (ce sont des anglo-saxons qui m'ont indirectement fait prendre mesure de notre "spécificité nationale" en la matière...)
Il ne faut pas perdre de vue non plus que c'était une guerre civile (bien sûr au centre d'une rivalité globale Est-Ouest, capitalisme-communisme).
Le cynisme est fort appuyé dans ce contexte "décadent", "fin du monde", décalage entre la vie urbaine et celle des collines aux prénoms féminins.
Il ne faut pas perdre de vue non plus que c'était une guerre civile (bien sûr au centre d'une rivalité globale Est-Ouest, capitalisme-communisme).
Le cynisme est fort appuyé dans ce contexte "décadent", "fin du monde", décalage entre la vie urbaine et celle des collines aux prénoms féminins.
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Re: Pierre Schoendoerffer
Je ne sais pas si il s'agit de cynisme mais il me semble voir ce que tu veux dire. (Je serai curieux que tu de développe autour de la prise de mesure).
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Re: Pierre Schoendoerffer
En substance, les Français auraient une tendance marquée à se mélanger avec les indigènes... De là à les prendre pour des êtres humains, voire des égaux... Chocking !
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