Jean Giono
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Re: Jean Giono
Ce n'est pourtant pas faute d'en avoir bourré ma bibliothèque ! Bon : ça devrait pouvoir se caser un de ces jours. Même si en termes de lacunes, actuellement, ce n'est pas celles qui concernent les auteurs français masculins du XXe que j'essaie de combler.Tristram a écrit:Qu'attends-tu ?! Quelle lacune _ et quelles perspectives de lecteur !Quasimodo a écrit:Dire que c'est le seul Giono que j'aie lu…
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Jean Giono
Je suis content que Giono t'ait plus Bédoulène, moi il m'a toujours laissé de marbre.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Jean Giono
OH ! dans tous ses livres ?
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21164
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean Giono
Il a des styles assez hétérogènes, en tous cas.
Bédoulène, ton retour de lecture m'a enchantée, comme j'aime que tu cites ainsi, en appui à ton cheminement. j'ai cru relire le livre mais y découvrir encore plus de beauté. Comme si j'avais lu trop vite, en transe, lors des deux lectures que j'ai fais de ce titre, ces trente dernieres années.
merci beaucoup .
Bédoulène, ton retour de lecture m'a enchantée, comme j'aime que tu cites ainsi, en appui à ton cheminement. j'ai cru relire le livre mais y découvrir encore plus de beauté. Comme si j'avais lu trop vite, en transe, lors des deux lectures que j'ai fais de ce titre, ces trente dernieres années.
merci beaucoup .
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Jean Giono
Angélique
Œuvre de jeunesse, inachevée, à laquelle Giono aurait beaucoup travaillé. Les chapitres ne sont pas définitifs, des fragments attendent d’être unifiés. C’est immature, mais le lecteur attentif pressent l’œuvre à venir.
Et c’est une histoire médiévale, archaïsante, à la limite du songe fantastique.
Dès l’épigraphe, un extrait de Moll Flanders de Daniel de Defoe (voir ici) où l’héroïne dissimule son sexe sous une apparence masculine, signale l’ambiguïté de ce personnage principal, jeune homme avec un prénom féminin, qui donne son titre au roman.
Un des châteaux évoqués s’appelle Suze, et de plus savants feront peut-être des rapprochements avec L'Iris de Suse, une œuvre plus tardive.
Parmi les influences, il m’a semblé percevoir Baudelaire ‒ et surtout l’image paternelle.
@Nadine, on y trouve déjà la "peur panique" de Giono l’helléniste.
Œuvre de jeunesse, inachevée, à laquelle Giono aurait beaucoup travaillé. Les chapitres ne sont pas définitifs, des fragments attendent d’être unifiés. C’est immature, mais le lecteur attentif pressent l’œuvre à venir.
Et c’est une histoire médiévale, archaïsante, à la limite du songe fantastique.
Dès l’épigraphe, un extrait de Moll Flanders de Daniel de Defoe (voir ici) où l’héroïne dissimule son sexe sous une apparence masculine, signale l’ambiguïté de ce personnage principal, jeune homme avec un prénom féminin, qui donne son titre au roman.
Un des châteaux évoqués s’appelle Suze, et de plus savants feront peut-être des rapprochements avec L'Iris de Suse, une œuvre plus tardive.
Parmi les influences, il m’a semblé percevoir Baudelaire ‒ et surtout l’image paternelle.
@Nadine, on y trouve déjà la "peur panique" de Giono l’helléniste.
« ‒ Père, ne pleurez plus, vos pleurs sont le pain de la bête qui s’est cachée dans votre cœur ; laissez-la mourir de faim. »
« ‒ Je sais, les réalités sont parfois de désagréables personnages, tandis que les illusions, toujours riantes, agitent sans cesse leurs éventails de plumes. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jean Giono
Giono faisant l'éloge de la fainéantise _ ou plutôt du travail manuel, de l'individualisme et de la ruralité _, et devenant d'actualité (conférence de Claire Daudin, ~ 40', + 20' de questions-réponses) :
https://soundcloud.com/ifm-paris/claire-2
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@Arturo !Quand on ne fait rien on rêve, et quand on rêve, on crée
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Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jean Giono
@Tristam, précise pour moi stp
la "peur panique" héllénique, tu réfères à cette sorte de trame cosmique que Giono place en raison supérieure , souvent, avec ses sujets initiés qui veillent sur l'amphictyonie ? Autrement dit ce côté alerté et angoissé à réparer le fatum ? C'est en cela que tu soulignes le goût de Giono pour le système héllenique ?
la "peur panique" héllénique, tu réfères à cette sorte de trame cosmique que Giono place en raison supérieure , souvent, avec ses sujets initiés qui veillent sur l'amphictyonie ? Autrement dit ce côté alerté et angoissé à réparer le fatum ? C'est en cela que tu soulignes le goût de Giono pour le système héllenique ?
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Jean Giono
Merci Tristram, je vais écouter. Mais à quoi bon, je suis déjà un convaincu... un paresseux rêveur créateur qui apprécie Giono.
Invité- Invité
Re: Jean Giono
Nadine, c'est beaucoup plus simple : Giono lisait les Grecs, et savait que l'étymologie de panique remonte au dieu Pan, qui représente la nature, et qui inspire aussi la peur... et Giono ! Ses trois premiers livres forment la trilogie de Pan (Panturle dans Colline incarne ce dernier), avec en préface Présentation de Pan, et il a aussi Prélude de Pan, une nouvelle...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jean Giono
Ah merci, j'étais loin , là !
Dis donc, tout à l'heure j'ai trqué les autres titres de la chaîne que tu me conseilles, et heureusement car hors pléiade, , le "Grand théâtre", 'aurais pu le chercher longtemps sur les tranches : j'ai vu qu'il est édité ces dernières années en recueil avec Le déserteur" (et autres récits, donc.)
ça prendra le temps que ça prendra mais j'ai envie de lire tes titres. merci encore.
Dis donc, tout à l'heure j'ai trqué les autres titres de la chaîne que tu me conseilles, et heureusement car hors pléiade, , le "Grand théâtre", 'aurais pu le chercher longtemps sur les tranches : j'ai vu qu'il est édité ces dernières années en recueil avec Le déserteur" (et autres récits, donc.)
ça prendra le temps que ça prendra mais j'ai envie de lire tes titres. merci encore.
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Jean Giono
Et je me souviens en effet un peu vaguement malheureusement que tu avais rebondis sur Pan, en effet. C'était compter sur ma mémoire et ma suite d'idées, deux carences chez moi. C'était sur le fil de Calvino je crois. merci
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Jean Giono
Dans la correspondance de Bukowski, je suis tombé sur un échange avec Henry Miller, et ce dernier conseille à Bukowski de lire Giono. C'était dans les années 60, Bukowski disait qu'il aimait beaucoup Céline et Genet, les premières oeuvres de Sartre, L'Etranger de Camus. Allez savoir s'il a lu Giono (et ce que ça donne en traduction), j'étais surpris de voir son nom surgir.
Invité- Invité
Re: Jean Giono
Ah oui, ça serait intéressant de pouvoir entendre sa réception.
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Jean Giono
Il n'y a pas de tâche plus noble que la poursuite du bonheur. Là aussi, il est difficile de rester pur sans être dupe, mais quelle victoire si on y parvient ! Iĺ y faut presque autant de bravoure. Je me suis laissé prendre à l'illusion de la quantité. La bonne opinion qu'on avait de moi, j'ai voulu la justifier en me sacrifiant au plus grand nombre. Quel bonheur, au contraire, si je pouvais mettre mon coeur au service de la qualité ! Cette qualité n'étant même contenue que dans une seule personne.
Angelo est un jeune italien, en fait Sarde, un colonel de hussards de moins de 30 ans.
Angelo Pardi, c'est le héros du Hussard sur le toit, sa première apparition sous la plume de Giono. Plus qu' une esquisse tout de même.
Angelo est beau, spontané, fougueux. A la poursuite de l'aventure et de l'amour.
Exilé après avoir tué en duel un espion autrichien, il se réfugie en France.
Les aventures ne manquent pas. L'amour davantage vu qu'il est idéaliste et romantique.
De fait, les femmes jouent un grand rôle dans sa vie, à commencer par sa mère, une duchesse sarde, tendre et affectueuse.
Mais il sera bientôt troublé par une jeune femme aussi belle que mystérieuse, Pauline de Théus.
Malheureusement pour lui, elle est mariée à un homme plus âgé qu'elle de 50 ans. Le pire est qu'elle en est éprise. Et Angelo devra attendre.
Telles sont les aventures de ce héros stendhalien, inspiré par Dumas et revu par Giono.
Les hommes dans le récit sont des héros garantis bon teint, qui parlent comme des mousquetaires, avec des éclats gascons et des arrières plans métaphysiques.
Mais dans la fiction, on peut tout se permettre, sauf d'être médiocres !
Mots-clés : #amour #aventure #exil
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Jean Giono
Oui, beaucoup, mais mes commentaires sont implicites, j'essaye d'éviter l'emphase !Nadine a écrit:ça t'a plu ?
En fait j'aime beaucoup Giono, moins celui de la première période qui sacrifie trop volontiers au pitoresque.
Que celui qui se réclame de Stendhal, et dont le style est certes lyrique, mais accorde une plus grande place
à la liberté de l'individu, au bonheur de l'imagination et de la création littéraire.
Et dont le livre préféré de cette période est Un roi sans divertissement.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean Giono
Tout pareil pour moi !bix_229 a écrit:Oui, beaucoup, mais mes commentaires sont implicites, j'essaye d'éviter l'emphase !Nadine a écrit:ça t'a plu ?
En fait j'aime beaucoup Giono, moins celui de la première période qui sacrifie trop volontiers au pitoresque.
Que celui qui se réclame de Stendha.l, et dont le style est certes lyrique, mais accorde une plus grande place
à la liberté de l'individu, au bonheur de l'imagination et de la création littéraire.
Et dont le livre préféré de cette période est Un roi sans divertissement
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Jean Giono
Divergence de vues avec Bix et Églantine: Je n'oppose pas son œuvre en termes de goût personnel au travers de son évolution dans le temps.
(Rappelant qu'Angélique est justement un ouvrage de jeunesse, inachevé et paru en l'état post-mortem).
Non, Colline, Naissance de l'odyssée, Un de Baumugnes ou Le grand troupeau, par exemple, font autant mes délices que les splendides opus parus sur le tard dans sa bibliographie, du type Récits de la demi-brigade, vraiment un recueil de nouvelles de tout premier plan, ou un roman comme Le déserteur...
Indifféremment, pour le mitan de sa carrière, Le chant du monde ou Batailles dans la montagne sont délectables...
Tandis que, tout à l'opposé, je reste un peu sur mon quant-à-soi sur un roman de pleine maturité littéraire du type du Moulin de Pologne (je ne dis pas que je n'aime pas, j'y ai consacré plusieurs relectures et vraiment pour la joie d'ouvrir ces pages, mais...), voire même circonspect sur un roman tardif, un rien série B selon moi, comme l'Iris de Suze.
Pour tous ces exemples (à défaut de raisons), je ne minore pas ce qu'il était littérairement avec ce qu'il est devenu, et ne marque pas une préférence binaire ou manichéenne selon époque ou style, si vous préférez...
(Rappelant qu'Angélique est justement un ouvrage de jeunesse, inachevé et paru en l'état post-mortem).
Non, Colline, Naissance de l'odyssée, Un de Baumugnes ou Le grand troupeau, par exemple, font autant mes délices que les splendides opus parus sur le tard dans sa bibliographie, du type Récits de la demi-brigade, vraiment un recueil de nouvelles de tout premier plan, ou un roman comme Le déserteur...
Indifféremment, pour le mitan de sa carrière, Le chant du monde ou Batailles dans la montagne sont délectables...
Tandis que, tout à l'opposé, je reste un peu sur mon quant-à-soi sur un roman de pleine maturité littéraire du type du Moulin de Pologne (je ne dis pas que je n'aime pas, j'y ai consacré plusieurs relectures et vraiment pour la joie d'ouvrir ces pages, mais...), voire même circonspect sur un roman tardif, un rien série B selon moi, comme l'Iris de Suze.
Pour tous ces exemples (à défaut de raisons), je ne minore pas ce qu'il était littérairement avec ce qu'il est devenu, et ne marque pas une préférence binaire ou manichéenne selon époque ou style, si vous préférez...
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Jean Giono
Aventin a écrit:Divergence de vues avec Bix et Églantine: Je n'oppose pas son œuvre en termes de goût personnel au travers de son évolution dans le temps.
(Rappelant qu'Angélique est justement un ouvrage de jeunesse, inachevé et paru en l'état post-mortem).
Non, Colline, Naissance de l'odyssée, Un de Baumugnes ou Le grand troupeau, par exemple, font autant mes délices que les splendides opus parus sur le tard dans sa bibliographie, du type Récits de la demi-brigade, vraiment un recueil de nouvelles de tout premier plan, ou un roman comme Le déserteur...
Indifféremment, pour le mitan de sa carrière, Le chant du monde ou Batailles dans la montagne sont délectables...
Tandis que, tout à l'opposé, je reste un peu sur mon quant-à-soi sur un roman de pleine maturité littéraire du type du Moulin de Pologne (je ne dis pas que je n'aime pas, j'y ai consacré plusieurs relectures et vraiment pour la joie d'ouvrir ces pages, mais...), voire même circonspect sur un roman tardif, un rien série B selon moi, comme l'Iris de Suze.
Pour tous ces exemples (à défaut de raisons), je ne minore pas ce qu'il était littérairement avec ce qu'il est devenu, et ne marque pas une préférence binaire ou manichéenne selon époque ou style, si vous préférez...
j'ai aimé autant même si différemment que le roi sans divertissement !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21164
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean Giono
De Monluc à la Série Noire
Henri Godard cite le journal de Jean Giono dans l’avant-propos :
De même, lorsqu’il digresse à propos du Voyage en Italie de Montaigne :
Mots-clés : #essai
Henri Godard cite le journal de Jean Giono dans l’avant-propos :
Et c’est formidablement vrai : dès le premier texte, sa préface aux Commentaires de Montluc, Giono ne peut réfréner son imagination : il y est, et nous aussi :« Je ne peux rien faire qui ne soit moi en plein. »
Parlant des autres, il parle surtout de lui, car toujours c’est au travers de son regard individuel.« On croit qu’aux alentours de 1500, Blaise naquit à Saint-Puy, un pauvre village qui perdait sa paille par le trou des murs. L’hiver, le vent grondait, l’été, les guêpes. Les champs ne rapiéçaient par-ci, par-là qu’un maquis brunâtre ; plus de jappements de renards que de cris d’araire. Les collines sans grâce éreintaient les chevaux et les rêves. Le hérissement des montagnes, la perte de vue des plateaux protégeaient le cuir délicat des gentilshommes ruinés. Vivre de débris n’était possible qu’ici, loin de tous regards ; on y pouvait racler le pot jusqu’à l’émail, sans perdre la face. Ainsi se fabriquent des âmes maladroites que l’opulence éberluera toujours. »
De même, lorsqu’il digresse à propos du Voyage en Italie de Montaigne :
Dans sa préface à A la découverte des orchidées de France, du Dr Jean Poucel (où on ne trouve guère mention des orchidées ni même du livre), Giono revient sur sa propre curiosité d’arbre sédentaire par rapport à celle du vent, qui voyage :« Un arbre de forme étrange, le glapissement d’un renard, l’odeur des tilleuls en fleurs le fait ondoyer en serpent de caducée à gauche et à droite de sa route. Mentor de cette troupe de jeunes gens, c’est lui qui se fera rappeler à l’ordre pour ses velléités de courses buissonnières, ses foucades, ses passions. Il n’a pas la curiosité en droite ligne, il pivote sur sa selle comme une girouette, ému de vents et de fumées ; il vise l’étape, mais il disperse son plomb sur tout ce qui brille et tout ce qui bouge. On ne fait pas danser un singe dans son alentour sans qu’il y coure et s’il n’était pas accompagné de ces cavaliers de vingt ans, il n’arriverait jamais à Rome, il se perdrait dans ses labyrinthes de curiosité. »
Tout Giono est là, aussi.« Au lieu de me confiner, la station démesure à chaque instant mes territoires. Cette immobilité me plante. Elle n’est sans mouvements qu’en apparence ; en réalité, elle en a, de très lents, de très profonds, cachés ; il me pousse des racines et des branches ; je respire en dehors de moi par mille feuilles différentes de mes poumons et qui font dans l’air déjà choisi un nouveau choix plus scrupuleux (et dans ce que je rejette encore je sais qu’il reste encore à choisir) ; je suis nourri d’aliments extraordinaires, venus d’endroits sur lesquels vous n’arrêteriez même pas votre regard, que vous ne soupçonnez même pas puisqu’ils sont ensevelis dans des profondeurs d’où s’approche seulement le lent serpentement des racines qu’il faut des années à se construire. »
Mots-clés : #essai
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
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