Jean-Baptiste Labat
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Jean-Baptiste Labat
Jean-Baptiste Labat (1663-1738)
(wikipedia)Jean-Baptiste Labat appelé plus communément Père Labat (Paris, France, 1663 - Paris, France, 1738) était un missionnaire dominicain, botaniste, explorateur, ethnographe, militaire, propriétaire terrien, ingénieur et écrivain.
Ordonné prêtre à Paris en 1685, Jean-Baptiste Labat poursuit des études scientifiques à Nancy.
En 1693, il est volontaire et part comme missionnaire avec l'autorisation des responsables de l'ordre des dominicains aux Antilles. Le 29 janvier 1694, il débarque en Martinique. Il rejoint ses pères à la paroisse de Macouba, où il travaille pendant deux ans à développer la paroisse et construit de nombreux édifices. En 1696, il voyage en Guadeloupe et en Dominique puis est nommé procureur syndic des îles d'Amérique à son retour en Martinique.
Il a visité les Antilles françaises, néerlandaises et anglaises de Grenade à Hispaniola. Le père Labat a décrit de nombreux aspects de la société caribéenne dont l'esclavage. Il était lui-même un fervent défenseur de l'esclavage et possédait des esclaves. Il a inclus dans ces récits, en 1698, ses impressions en observant les esclaves martiniquais et leurs passions pour la danse. Il est également le témoin privilégié d'un autre aspect de cette société, la flibuste, pour laquelle ses écrits sont des sources primaires d'une grande importance.
Il a fondé l'exploitation sucrière de Fonds-Saint-Jacques à Sainte-Marie en Martinique, et fondé les paroisses de Le Robert et Le François. Il a aidé à développer et moderniser l'industrie de la canne à sucre dans les Antilles françaises. Il a assisté le botaniste Charles Plumier dans son travail quand celui-ci était aux Antilles même s'il jugeait la mission que lui a confié Louis XIV plus qu'inutile. Il a fortifié et préparé la défense de la Guadeloupe (dont il reste la tour du Père-Labat) puis pris part au combat lors de l'attaque britannique de l'île en 1704. Il a été nommé vice-préfet apostolique la même année.
En 1706, il rentre en Europe et est nommé en Italie ou il entreprend la rédaction du célèbre Nouveau Voyage aux isles Françoises de l'Amérique à partir des notes journalières qu'il avait prises toutes ces années durant. Le père Labat a tenté d'organiser son retour aux Amériques mais n'obtint jamais l'autorisation de sa hiérarchie. Il voyagea à Paris en 1716 et vécut dans le couvent de la rue Saint-Honoré où il exerça les fonctions d’agent du Maître général de l’Ordre jusqu'à sa mort.
Pendant ces années, il publie finalement Nouveau Voyage aux Isles Françoises de l'Amérique en 6 volumes à Paris en 1722, avec de nombreuses illustrations qu'il réalisa lui-même.
Il a ensuite travaillé de manière similaire sur d'autres pays à partir de notes d'autres missionnaires. Alors qu'il ne s'est jamais rendu en Afrique lui-même, il s'est en particulier largement inspiré des mémoires d'André Brue rédigées vers 1725 pour élaborer sa Nouvelle relation de l'Afrique occidentale (1728), un récit dont la fiabilité a fait l'objet de polémiques.
D'après Prosper Cultru, Jean Baptiste Labat a largement plagié les récits de Michel Jajolet de la Courbe publiés en 1685 dans son livre "Premier voyage du Sieur La Courbe fait à la Coste d' Afrique". Attribuant ses aventures à André Brue.
Il aurait élaboré aux Antilles, pour soigner une fièvre, une eau de vie (guildive sucrée)qui, à la suite de quelques évolutions, est aujourd'hui devenue le rhum. Sur l'île de Marie-Galante, la distillerie artisanale Poisson produit le Rhum du Père Labat qui porte son nom.
Aujourd'hui encore, en créole martiniquais, le terme pèrlaba qualifie un esprit malin.
Bibliographie
1722 Nouveau Voyage aux isles Françoises de l'Amérique,
nouveau voyage aux isles Tome I
nouveau voyage aux isles Tome II
nouveau voyage aux isles Tome III
nouveau voyage aux isles Tome IV
nouveau voyage aux isles Tome V
nouveau voyage aux isles Tome VI
1693-1705 Voyage aux Isles, Chronique aventureuse des Caraïbes
1725, 1726, et 1727 Voyage du Chevalier Demarchais en Guinee, iles voisines, et a Cayenne
1728 Nouvelle relation de l'Afrique occidentale
1732 Relation historique de l'Éthiopie occidentale
1730 Voyages en Espagne et en Italie
Dernière édition par Bédoulène le Sam 10 Déc - 10:03, édité 2 fois
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
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Re: Jean-Baptiste Labat
Voyage aux Iles de l'Amérique (présenté par Daniel Radford)
Ce sont les mémoires du R.P. J.B. Labat qui a séjourné aux Antilles plusieurs années .
Ce moine dominicain est un personnage des plus actifs doué pour édifier, structurer, gérer un village, outre de donner les bénéfices qu’il pense, de la religion aux hommes qui peuplent ces îles, plus particulièrement la Martinique et la Guadeloupe. Mais il visitera aussi la Dominique, Saint Martin etc… au gré des acquisitions françaises et les îles coloniales de l’Espagne au gré des alliances des pays.
Il dresse un inventaire étonnant des végétaux (forme, utilité, culture) des animaux (les nourriciers, les dangereux), cite même des recettes pour le manger et le boire, car le R.P. apprécie la bonne chère ( il y a d’ailleurs des accommodements à la règle du Carême) et il apparait que les îles étaient giboyeuses et poissonneuses.
Il consacre un chapitre aux cultures qui font la richesse des îles : le sucre de canne et les sucrières, le cacao et le coton.
Il présente aussi pour les diverses communautés de gens leurs qualités et défauts, leurs mœurs et usages, les civilités : les propriétaires sont français, les esclaves des noirs et les Caraïbes sont les indiens (ou sauvages comme certains les appellent)
Il ressort de ce récit que la mentalité des hommes, y compris le R.P. était très « macho »(les femmes ont été créées pour servir !) et que l’esclavage était une chose normale, accepté comme nécessaire(le paiement des esclaves se fait en nature, le plus souvent le sucre en est la monnaie)
« Jamais les épouses ne doivent manger avec leur mari. Cette coutume, toute extraordinaire qu’elle paraisse d’abord, n’est pas trop sauvage. Après quelque réflexion, elle m’ a paru remplie de bon sens et fort propre pour contenir ce sexe superbe dans les bornes du devoir et du respect qu’il doit aux hommes. »
« Cependant, elles (les femmes Caraïbes)savent si bien leur devoir et le fond avec tant d’exactitude , de silence, de douceur et de respect qu’il est rare que leurs maris soient obligés de leur en faire souvenir. » Grand exemple pour les épouses Chrétiennes , que l’on prêche inutilement. »
(dur à lire cela)
La sorcellerie est vivement réprouvé et le R.P. cite d’ailleurs des évènements passés et certain qu’il a eu l’occasion de voir .
« A la fin pour leur faire voir que je ne craignais, ni le diable, ni les sorciers je crachais sur la figure (le marmouset) et la rompis à coups de pied.
Enfin je le fis mettre aux fers (l’esclave noir) après l’avoir fait laver avec une pimentade, c’est-à-dire avec de la saumure dans laquelle on a écrasé des piments et des petits citrons. Cela cause une douleur horrible à ceux que le fouet a écorchés, mais c’est un remède assuré contre la gangrène qui ne manquerait pas de venir aux plaies. Je fis aussi étriller tous ceux qui s’étaient trouvés dans l’assemblée. »
La guerre avec les Anglais était quasi permanente et les deux pays avaient besoin de l’aide des Caraïbes pour faire pencher la balance en leur faveur.
Sur l’île de Saint Christophe le Sieur Coullet su convaincre les Caraïbes et les noirs : « Après les avoir régalés et leur avoir offert maints présents, il les convainquit de rompre leur alliance avec les Anglais. Ils s’empressèrent alors de massacrer quelques uns de ces derniers qui tombèrent entre leurs mains et d’apporter leurs membres boucanés pour faire voir qu’ils avaient entièrement rompu avec nos ennemis. »
Déjà le R.P. me parait parler de surconsommation et d’écologie : La difficulté de leur chasse (il s’agit des oiseaux appelés diables) en conserve l’espèce qui serait détruite entièrement depuis fort longtemps, selon la mauvaise habitude des français, s’ils ne se retiraient pas dans des lieux qui ne sont pas accessibles à tout le monde. »
« La nonchalance ordinaire de nos insulaires qu’ils communiquent hélas aux européens »
(ceci est, toujours en vigueur)
Le R.P fut à plusieurs reprises atteint de la maladie de Siam (la fièvre jaune)il fut bien soigné et assez fort pour s’en sauver. Il n’hésite pas plus tard alors qu’il souffre de fièvre, d’enflure à se soigner lui-même avec des plantes.(teinture de Scamonée, raclures de mahot-cousin, tisane de bois de gayac et de fguine
Les Européens ont apporté en amérique des maladies comme la petite vérole notamment.
Un chapître évoque le tabac qui devient médicament, et parait-il soigne beaucoup de maux – le R.P. averti toutefois de se garder de tout excès, il est mentionné d’ailleurs qu’il est interdit en Turquie, en Perse. Cette culture du tabac participera à l’établissement de nos colonies et l’enrichissement pour le roi.
Café : à présent répandu dans le monde comme boisson le RP. A un avis laconique sur son utilisation « drogue nouvelle » cependant sa culture a « sauvé » la Martinique qui ne disposait que de sucreries et peu nombreux étaient ceux qui savaient bien faire.
Cacao : l’usage du cacao est très répandu aux Iles, les habitants le consomme à l’ordinaire ; en France c’est l’Infante d’Espagne qui a introduit cette boisson.
L’écriture fait souvent sourire, le R.P. a-t-il un humour involontaire ?
« Cette femme était toute nue et tellement nue qu’elle n’avait pas deux douzaines de cheveux sur la tête. »
« Mais ce qui est bien plus admirable, c’est que sans discours et sans querelle ils se massacrent et se tuent fort souvent. »
« l’arbre tomba enfin, sa curiosité fut satisfaite, mais il en porta la nouvelle en l’autre monde car il en sentit tout le poids. »
« Cette cérémonie (je leune de 30 à 40 jours) ne se pratique que pour le premier né ; autrement les pauvres maris qui ont cinq ou six femmes pourraient s’attendre à jeûner plus de Carêmes que les Capucins. »
C’est un récit très vivant, intéressant même s’il date, peut-être d’ailleurs pour cette raison et parce que c’est l’Histoire des Iles, de cette France lointaine.
C’ est aussi une aventure, faune, flore, Caraïbes, Esclaves, hommes d’église, pirates……………
"message rapatrié"
mots-clés : #autobiographie #esclavage #historique #insularite
Dernière édition par Bédoulène le Mer 14 Nov - 20:08, édité 4 fois
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Jean-Baptiste Labat
"Voyage aux Isles" de J.B Labat
c'est le récit détaillé du séjour du Père Labat, dominicain, à la Martinique et aux Caraïbes de 1693 à 1705. Le livre commence par l'embarquement de ce missionnaire sur un vaisseau devant le mener à La Martinique où il doit s'établir sur une mission qui lui sera attribuée à son arrivée.
Le texte est traduit de l'Ancien Français, et bien que la traduction est excellente on ressent parfois à la lecture des phrases un peu désuètes qui en font cependant le charme.
Le Père Labat a répondu à un appel de postes de sa hierarchie, son côté aventureux a été le plus fort et il s'est embarqué avec d'autres moines pour remplacer de nombreux prètres décimés par une épidémie de Fièvre Jaune, il ne cite pas cette maladie, mais dans le cours de son récit il parle du mal du Siam (Fièvre jaune) amené par un bateau venant de cette contrée.C'était une maladie dont peu de gens pouvaient réchaper...
D'emblèe on se rend compte que ce missionnaire adore décrire ses activités, la vie à bord du navire, le travail des équipages avec force détail, il utilisera ce procédé tout au long du livre pour livrer tout ce qu'il est amené à découvrir et l'on se rend compte qu'il est doué pour ce mode de vie. Ainsi décrit il ses journées à bord du navire : la prière, le bréviaire, la messe, le déjeuner, un peu de promenade sur le gaillard, la lecture, la leçon de géométrie qu'il donnait, le jeu après diner, le catéchisme aux mousses et matelots, le souper, le jeu d'échecs,, la prière et le coucher....
On participe au pitoresque baptême du tropique du cancer dont la tradition s'est poursuivie au cours des siècles. En passant il décrit la punition aux marins fautifs, dont ce qu'il nomme : la bouline sèche : une corde était attachèe du gaillard d'avant au gaillard d'arrière, le marin était dévétu de son haut, on lui fixait une corde autour du corps avec un anneau passé dans la corde tendue d'avant en arrière, l'équipage se mettait de part et d'autre de la grande corde avec des garcettes en main (petites cordes tressées) le marin devait courir sept fois d'avant en arrière et ses collègues le flagellaient au passage.. Labat assista à cette punition durant son voyage, un marin ayant juré pendant la traversée se vit infliger ce traitement.
Son voyage est pimenté par un combat naval contre un navire anglais, c'est le début d'une succession d'aventures que le Père décrit dans le détail....
S'en suit l'installation de Labat dans la mission qui lui a été attribuée, il s'agit de la région de Macouba à la pointe nord de l'île, je n'ai pas visité le nord de l'île au dessus de Fort de France, je connais le sud et d'après les descriptions qu'il en donne notamment celle des "mornes" je ne pense pas, sauf erreur, qu'il y ait d'énormes différences, voici une photo de google :
Labat fait la description des bâtiments, des lieux, du paysage, des relations avec les propriétaires voisins et sa découverte des "nègres" (je retranscris ici un terme employé constamment dans le livre)
il est également confronté avec certaines croyances, ainsi "un nègre" mordu par un serpent, on le soigne en tuant le serpent en souhaitant qu'ainsi le venin agirait avec moins de force, il définit cette croyance comme un phénomène de sympathie...On sent qu'il éprouve parfois de la compassion pour les malheurs de ces "nègres"...
Je pense sincèrement que ce livre pourrait également être lu dans le cadre de la LC sur l'esclavage....
Je ne regrette pas d'avoir écouté les conseils de Bédoulène, ce livre est succulent, il se lit bien, composé de mini chapitres relativement indépendants les uns des autres bien que respectant une chronologie simple, de son départ à son retour des isles...C'est une mine de renseignements sur les moeurs de l'époque. Si on le lit avec un regard contemporain on pourrait être choqué par le peu de cas sur le sort de ces "nègres" utilisés selon les besoins, lui même s'en sert pour son etablissement,il eprouve quelque fois de la compassion, mais son intérêt principal, pour l'instant, est d'en convertir et baptiser le plus possible. Bien que quelques fois critique il exerce son esprit à suivre la société des propriétaires terriens, sur laquelle parfois, individuellement, il jette un regard critique, relevant de ci de là les travers des gens, tout en n'omettant pas au passage de se glorifier un peu, il en est ainsi de son attitude vis à vis des autres Pères, dont on dirait qu'il savoure les echecs, se posant en donneur de leçons. Au fil du livre on apprend qu'il était retourné en France pour régler quelques affaires et que son retour aux îles avait été rendu impossible par ses superieurs, on peut se demander s'il n'avait pas attiré sur lui quelques jalousie devant ses réussites qu'il affiche ostensiblement...
c'est le récit détaillé du séjour du Père Labat, dominicain, à la Martinique et aux Caraïbes de 1693 à 1705. Le livre commence par l'embarquement de ce missionnaire sur un vaisseau devant le mener à La Martinique où il doit s'établir sur une mission qui lui sera attribuée à son arrivée.
Le texte est traduit de l'Ancien Français, et bien que la traduction est excellente on ressent parfois à la lecture des phrases un peu désuètes qui en font cependant le charme.
Le Père Labat a répondu à un appel de postes de sa hierarchie, son côté aventureux a été le plus fort et il s'est embarqué avec d'autres moines pour remplacer de nombreux prètres décimés par une épidémie de Fièvre Jaune, il ne cite pas cette maladie, mais dans le cours de son récit il parle du mal du Siam (Fièvre jaune) amené par un bateau venant de cette contrée.C'était une maladie dont peu de gens pouvaient réchaper...
D'emblèe on se rend compte que ce missionnaire adore décrire ses activités, la vie à bord du navire, le travail des équipages avec force détail, il utilisera ce procédé tout au long du livre pour livrer tout ce qu'il est amené à découvrir et l'on se rend compte qu'il est doué pour ce mode de vie. Ainsi décrit il ses journées à bord du navire : la prière, le bréviaire, la messe, le déjeuner, un peu de promenade sur le gaillard, la lecture, la leçon de géométrie qu'il donnait, le jeu après diner, le catéchisme aux mousses et matelots, le souper, le jeu d'échecs,, la prière et le coucher....
On participe au pitoresque baptême du tropique du cancer dont la tradition s'est poursuivie au cours des siècles. En passant il décrit la punition aux marins fautifs, dont ce qu'il nomme : la bouline sèche : une corde était attachèe du gaillard d'avant au gaillard d'arrière, le marin était dévétu de son haut, on lui fixait une corde autour du corps avec un anneau passé dans la corde tendue d'avant en arrière, l'équipage se mettait de part et d'autre de la grande corde avec des garcettes en main (petites cordes tressées) le marin devait courir sept fois d'avant en arrière et ses collègues le flagellaient au passage.. Labat assista à cette punition durant son voyage, un marin ayant juré pendant la traversée se vit infliger ce traitement.
Son voyage est pimenté par un combat naval contre un navire anglais, c'est le début d'une succession d'aventures que le Père décrit dans le détail....
S'en suit l'installation de Labat dans la mission qui lui a été attribuée, il s'agit de la région de Macouba à la pointe nord de l'île, je n'ai pas visité le nord de l'île au dessus de Fort de France, je connais le sud et d'après les descriptions qu'il en donne notamment celle des "mornes" je ne pense pas, sauf erreur, qu'il y ait d'énormes différences, voici une photo de google :
Labat fait la description des bâtiments, des lieux, du paysage, des relations avec les propriétaires voisins et sa découverte des "nègres" (je retranscris ici un terme employé constamment dans le livre)
il est également confronté avec certaines croyances, ainsi "un nègre" mordu par un serpent, on le soigne en tuant le serpent en souhaitant qu'ainsi le venin agirait avec moins de force, il définit cette croyance comme un phénomène de sympathie...On sent qu'il éprouve parfois de la compassion pour les malheurs de ces "nègres"...
Je pense sincèrement que ce livre pourrait également être lu dans le cadre de la LC sur l'esclavage....
Je ne regrette pas d'avoir écouté les conseils de Bédoulène, ce livre est succulent, il se lit bien, composé de mini chapitres relativement indépendants les uns des autres bien que respectant une chronologie simple, de son départ à son retour des isles...C'est une mine de renseignements sur les moeurs de l'époque. Si on le lit avec un regard contemporain on pourrait être choqué par le peu de cas sur le sort de ces "nègres" utilisés selon les besoins, lui même s'en sert pour son etablissement,il eprouve quelque fois de la compassion, mais son intérêt principal, pour l'instant, est d'en convertir et baptiser le plus possible. Bien que quelques fois critique il exerce son esprit à suivre la société des propriétaires terriens, sur laquelle parfois, individuellement, il jette un regard critique, relevant de ci de là les travers des gens, tout en n'omettant pas au passage de se glorifier un peu, il en est ainsi de son attitude vis à vis des autres Pères, dont on dirait qu'il savoure les echecs, se posant en donneur de leçons. Au fil du livre on apprend qu'il était retourné en France pour régler quelques affaires et que son retour aux îles avait été rendu impossible par ses superieurs, on peut se demander s'il n'avait pas attiré sur lui quelques jalousie devant ses réussites qu'il affiche ostensiblement...
Chamaco- Messages : 4510
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Re: Jean-Baptiste Labat
je poursuis ma lecture qui quelques fois m'amène à faire des recherches fort interessantes, et alors je laisse le bouquin de côté et digresse. Ainsi Labat parle du Lamantin un animal qui vit aussi en Amérique du sud. Il le décrit et le classifie comme un poisson tout en notant que sa chair ressemble à celle du veau. Buffon ne naîtra que deux ans après la mort de Labat, et Buffon dans ses oeuvres complètes classera le lamantin dans la famille des morses, mais félicitera le travail fait par Labat en citant également "le voyage aux isles"...
Egalement, la relation passionnante d'un ouragan sur les isles, sur laquelle je reviendrai dès que possible... Very Happy
p.s : oups j'oubliais : encore un mot sur le lamantin, une commune de la Martinique porte phonétiquement ce nom (près de Fort de France, c'est là que se trouve le plus grand aéroport de l'île...), voici ce qu'en dit wikipedia :
"La commune se nomme ainsi car les berges de la rivière la Lézarde étaient fréquemment visitées par les lamantins, aujourd'hui disparus des Petites Antilles. Un jour, un lamantin a été retrouvé échoué sur les berges de la rivière et depuis la commune porte ce nom. On peut d'ailleurs aujourd'hui en voir une très belle représentation sous la forme d'une statue devant la mairie de la commune." le lamantin dont il est parlé serait celui vu par Labat...
Labat décrit en cinq pages, avec minutie, un phenomene qu'il nomme ouragan celui de 1694, qui fut en fait un cyclone, mais ce nom n'apparaîtra qu'au XVIII°. Ce type de phenomene etait peu connu à l'epoque ce qui explique qu'apres avoir subi l'arrivée des pluies et des bourrasques de vent lorsque tout se calma les gens vaquerent a nouveau à leurs occupations et furent surpris par la deuxieme vague du cyclone, en fait ils n'avaient pas intégré l'existence de l'oeil du cyclone periode où le calme revient comme si de rien n'était...
Cependant Labat fait une superbe relation des effets de cet "ouragan" sur la nature, ouragan accompagné d'une sorte de tsunami sur les côtes, il decrit les dégâts subis par les habitations, les arbres arrachés, et la disparition de la plupart des oiseaux pendant trois années. Ce sont cinq belles pages fort bien écrites, j'y ai retrouvé des ressemblances avec le cyclone Dean dont j'ai pu constater de visu les conséquences...
Toujours dans le Labat, toujours dans les pas de ce moine missionnaire aux Antilles, qui nous en apprend beaucoup sur la vie dans ces îles à l’époque de Louis XIV...Quelle mine...Et, pour se détendre entre deux visites à ses paroissiens, à ses «nègres» à ses co-religionnaires, entre deux missions de bâtisseur d’églises, d’habitation, de canal d’irrigation, quel gourmet..! je ne dis pas goinfre mais on n’en est pas loin, un jouisseur de bonnes chaires, qui n’hésite pas de ponctuer son récit par la relation de ses agapes quotidiennes...Et, il partage avec nous la constitution de ses repas, un exemple : ce «boucan de tortue» dont il donne la recette détaillée, et nous fait entendre ses sentiments sur ce «mets» : «je ne crois pas que les plus grands monarques de l’Ancien et du Nouveau Monde aient jamais eu sur leur table un pâté d’environ cinq cent livres pesant comme était le nôtre, dont le dedans fût plus délicat et la croûte plus ferme et plus naturelle.» Un pâté de 250 Kgs...! et lorsqu’il en parle c’est comme si des années plus tard il le mange à nouveau, un vrai gargantua du XVII° siècle...
--Mais...le remords n’est pas loin :
«On dira peut être que voilà bien des documents de cuisine pour un missionnaire apostolique ; à quoi j’ai à répondre que quand on est obligé d’avoir soin de son ménage, on est en même temps obligé de s’instruire de bien des choses, dont je ne serais pas chargé la mémoire si j’avais toujours été dans mon cloître ; mais l’obéissance m’ayant employé dans un état, j’ai été en même temps obligé de savoir ce qui était comme des dépendances de cet état, eu égard à la nécessité qu’il y a de vivre et souvent de se préparer soi-même ce qui est nécessaire à la vie»
mais oui....
Truculent, il se confesse et s’absout...
Egalement, la relation passionnante d'un ouragan sur les isles, sur laquelle je reviendrai dès que possible... Very Happy
p.s : oups j'oubliais : encore un mot sur le lamantin, une commune de la Martinique porte phonétiquement ce nom (près de Fort de France, c'est là que se trouve le plus grand aéroport de l'île...), voici ce qu'en dit wikipedia :
"La commune se nomme ainsi car les berges de la rivière la Lézarde étaient fréquemment visitées par les lamantins, aujourd'hui disparus des Petites Antilles. Un jour, un lamantin a été retrouvé échoué sur les berges de la rivière et depuis la commune porte ce nom. On peut d'ailleurs aujourd'hui en voir une très belle représentation sous la forme d'une statue devant la mairie de la commune." le lamantin dont il est parlé serait celui vu par Labat...
Labat décrit en cinq pages, avec minutie, un phenomene qu'il nomme ouragan celui de 1694, qui fut en fait un cyclone, mais ce nom n'apparaîtra qu'au XVIII°. Ce type de phenomene etait peu connu à l'epoque ce qui explique qu'apres avoir subi l'arrivée des pluies et des bourrasques de vent lorsque tout se calma les gens vaquerent a nouveau à leurs occupations et furent surpris par la deuxieme vague du cyclone, en fait ils n'avaient pas intégré l'existence de l'oeil du cyclone periode où le calme revient comme si de rien n'était...
Cependant Labat fait une superbe relation des effets de cet "ouragan" sur la nature, ouragan accompagné d'une sorte de tsunami sur les côtes, il decrit les dégâts subis par les habitations, les arbres arrachés, et la disparition de la plupart des oiseaux pendant trois années. Ce sont cinq belles pages fort bien écrites, j'y ai retrouvé des ressemblances avec le cyclone Dean dont j'ai pu constater de visu les conséquences...
Toujours dans le Labat, toujours dans les pas de ce moine missionnaire aux Antilles, qui nous en apprend beaucoup sur la vie dans ces îles à l’époque de Louis XIV...Quelle mine...Et, pour se détendre entre deux visites à ses paroissiens, à ses «nègres» à ses co-religionnaires, entre deux missions de bâtisseur d’églises, d’habitation, de canal d’irrigation, quel gourmet..! je ne dis pas goinfre mais on n’en est pas loin, un jouisseur de bonnes chaires, qui n’hésite pas de ponctuer son récit par la relation de ses agapes quotidiennes...Et, il partage avec nous la constitution de ses repas, un exemple : ce «boucan de tortue» dont il donne la recette détaillée, et nous fait entendre ses sentiments sur ce «mets» : «je ne crois pas que les plus grands monarques de l’Ancien et du Nouveau Monde aient jamais eu sur leur table un pâté d’environ cinq cent livres pesant comme était le nôtre, dont le dedans fût plus délicat et la croûte plus ferme et plus naturelle.» Un pâté de 250 Kgs...! et lorsqu’il en parle c’est comme si des années plus tard il le mange à nouveau, un vrai gargantua du XVII° siècle...
--Mais...le remords n’est pas loin :
«On dira peut être que voilà bien des documents de cuisine pour un missionnaire apostolique ; à quoi j’ai à répondre que quand on est obligé d’avoir soin de son ménage, on est en même temps obligé de s’instruire de bien des choses, dont je ne serais pas chargé la mémoire si j’avais toujours été dans mon cloître ; mais l’obéissance m’ayant employé dans un état, j’ai été en même temps obligé de savoir ce qui était comme des dépendances de cet état, eu égard à la nécessité qu’il y a de vivre et souvent de se préparer soi-même ce qui est nécessaire à la vie»
mais oui....
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Chamaco- Messages : 4510
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
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Re: Jean-Baptiste Labat
merci Chamaco de m'avoir accompagnée dans cette lecture !
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Bédoulène- Messages : 21642
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Localisation : En Provence
Re: Jean-Baptiste Labat
oui, un tres bon souvenir
Chamaco- Messages : 4510
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : Corse du sud
Re: Jean-Baptiste Labat
Projet de lecture découvert grâce à la route du rhum !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
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Re: Jean-Baptiste Labat
Il a aussi fait un voyage en Itlalie, Labat, et qui semble plein de promesses.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean-Baptiste Labat
merci Bix je vais regarder de ce côté.
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Bédoulène- Messages : 21642
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