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Herman Koch

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Message par topocl Mar 6 Déc - 18:50

Herman Koch
Né en 1953


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Herman Koch est une vedette en Hollande. Très populaire pour ses émissions de télé et ses chroniques satiriques dans la presse écrite. Le dîner, élu livre de l'année, a connu un énorme succès aux Pays-Bas : 400 000 exemplaires vendus pour un pays de 16 millions d’habitants, et a été traduit dans 14 langues.
Ne lisant pas le hollandais, je ne peux donner d’autres informations, mais je constate qu’il a  déjà écrit de nombreux livres.

Œuvres traduites en France :

Le Dîner, 2009 ; Page 1
Villa avec piscine, 2011 ; Page 1
Cher Monsieur M., 2016

MAJ de l'index le 28/09/2018

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Message par topocl Mar 6 Déc - 18:51

Le dîner

Herman Koch 41kclu10

Le dîner est un livre qui, sous des aspects classiques est très dérangeant qui déstabilise par son mode de récit comme par ce qu’il raconte et les idées qu’il remue. Il est difficile d ‘en rendre compte, car c’est la progression du récit et les découvertes progressives qui le rend si fort, et je ne voudrais donc pas déflorer plus ce roman que cela ne l’a été fait dans la presse ou sur le quatrième de couverture. Je vais essayer cependant de vous faire partager mon enthousiasme.

Tout commence par  la couverture, qui je l’avoue ne m’ a pas vraiment tentée au départ. Ce homard rougeoyant m’évoquait quelque chose de ludique, sans doute assez superficiel. Ne vous y fiez pas. Regardez plutôt ses pinces qui sont prêtes à vous saisir cruellement et ne plus vous lâcher. C’est ainsi qu’est fait le livre, ça part léger et ça continue dans un tourbillon angoissant.

Le récit est construit autour du fameux dîner. C’est à dire une unité de lieu, de personnages et de temps qui commence en comédie et finit en tragédie antique où vont se révéler en une soirée des comportements et des personnalités qui se sont construits depuis des années, à l’occasion d’un événement (que je ne veux pas décrire) plus récent qui cristallise tout cela.

On commence donc avec Paul le narrateur , qui va dîner en compagnie de son épouse Claire, avec Serge et Babette, frère et belle-sœur, dans un restaurant bobo-branché. Paul a un regard ironique sur ce monde : description très précise du moindre détail du repas, de la mise en scène, des attitudes des convives, des serveurs, des tarifs, qui est absolument parfaite et bien vue quand on fréquente parfois ce genre de lieux : il en remet juste une petite couche par ci par là pour faire de ce rituel de plaisir luxueux, une mise en scène hilarante. Son frère aussi, il le regarde à sa façon : pas vraiment sympathique, un homme politique de gauche un peu vulgaire, qui sera prochainement élu premier ministre, qui a réussi, qui le sait et en profite, pas toujours avec délicatesse ; Là encre la description de l’homme people un peu arriviste, calculateur, trop bien dans sa peau est plutôt fine.

Puis peu à peu il se fait un glissement insensible. La crique, d’amusante, devient amère. Paul se campe sur des positions d’homme « ordinaire », de « bonheur à trois » dans sa famille qu’il défend avec une jalousie et  une supériorité qui tourne assez vite au mépris. On sort de l’ l’amusement, et on sent des choses grinçantes qui s’insinuent, de la paranoïa pourquoi pas.
Pourtant le dîner commençait sur le mode léger : apéritif au champagne, propos courtois sur les vacances et le films de Woody Allen. Paul mord un coup à droite et à gauche, mais cela passe …

Il faut en venir au plat de résistance et on comprend la tension qui était dans l’air et que chacun semblait nier : Serge en se faisant plus amical qu’il ne l’est, Paul en lâchant son fiel hargneux. Il faut parler des enfants. Des adolescents « comme les autres » qui ont commis un acte répréhensible, chacun le sait , et nous le découvrons peu à peu, comme les parents l’ont eux même découvert, horrifiés (?). Et il faut faire des chois : comment réagir, et surtout, les préserver en postulant qu’ils sont bien plus innocents que la réalité ne va le monter. Mais aussi (surtout ?) préserver son petit bonheur personnel, son cocon familial, sa place en politique, son image personnel de soi et sa famille….Un somptueux travail de déni scrupuleusement organisé, une absence totale de remise en question, et, caché derrière un prétendu amour filial, une absence totale d’humanité.

Tout cela réserve pas mal de surprises, chacun se révèle tel qu’il est en réalité. La sournoiserie, la perversion, la haine, tout y est, magnifiquement enrobée derrière un voile de bonne conscience dévoyée . Le pire n’est jamais celui que l’on croit. Les enjeux de toute une vie se révèlent à travers cet épisode cathartique. Cela explose et quand cela a fini d’exploser cela a encore des soubresauts qui modifient notre façon d’appréhender leur réalité.

Cette histoire nous remue par sa violence extrême. Ce qu’annonce le quatrième de couverture « jusqu’où irons nous pour protéger nos enfants » n’est déjà pas anodin, mais il est réducteur. Ce n’est qu’un des aspects de ce livre à suspense. On s’interroge de façon beaucoup plus large sur ce que nous avons fait de notre société, et de ce que notre société nous a fait en retour pour que nous, parents et eux, enfants agissent ainsi. Le drame qui se joue sous nos yeux n’set qu’un effet zoom sur plein de dysfonctionnements plus anodins que nous pratiquons ou côtoyons au jour le jour sans forcément y prendre garde et qui pourraient , peu à peu au final, nous mener là… nous prévient Herman Koch.

L’idée de nous présenter cette situation de dîner est absolument excellente. Le retournement  de ton au fil du livre, racontant ce repas raffiné jusqu’à ce final monstrueux, est mené avec une grande habileté. Il n’y a pas un moment où on se dit « Ah ça tourne » , les petites saloperies quotidiennes s’infiltrent peu à peu pour bouleverser le récit, sans qu’on s’en rende vraiment compte sur le moment. Les notations sur la cuisine, le service , les interventions des serveurs sont un moteur de l’intrigue, elle permettent des pauses salutaires et souvent drôles dans la progression dramatiques qui sont réjouissantes, elle permettent de conserver le caractère banal de la situation.. Le repas au restaurant constitue un huis clos où la tension monte, mais d’où les personnages peuvent sortir (petit tour au toilettes, dans le parc) et interférer avec d’autres (les serveurs , les autres clients, le fils de passage ) pour faire des pauses dans cette montée en puissance.

Le style n’est pas extrêmement travaillé, c’est le reproche qu’on pourrait à faire à ce livre, mais finalement c’est d’assez peu d’importance, et on y gagne peut-être même en rythme.. Il y a une compréhension de la fragilité humaine, des failles où s’insinue le mal et des extrémités auxquelles elle peut mener qui est assez terrifiante.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #famille #pathologie #violence


Dernière édition par topocl le Jeu 15 Déc - 7:51, édité 1 fois

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Message par Hanta Mar 6 Déc - 22:57

Herman Koch 41kclu10

Le Dîner

Quel livre !!! Qu'il soit le centre d'un débat semble logique quand on l'a lu.
Il y a à cela deux raison qui dominent selon moi.
La première est la discutabilité morale du récit et du message délivré par le narrateur ainsi que le dénouement qui le clôture.
En effet, tout livre dont le message moral sort du consensus préexistant est soit attirant soit repoussant. Personnellement je me suis beaucoup reconnu dans le dilemme qui articule l'histoire : que serais je prêt à faire pour mon fils ?

Une chose est sure je ferais tout pour qu'il s'en sorte et soit heureux quitte à écarter toute morale.
Donc cette question par ce livre est résolue pour ma situation personnelle.

La deuxième raison est le style de l'écriture ainsi que le déroulement du récit.
J'émets une hypothèse à la quelle j'ai pensée en même temps que je finissais de lire. N'est il pas possible d'envisager que cela vienne de la langue néerlandaise ? je me rappelle de Kundera qui avait déclaré écrire désormais en français car la langue tchèque était pauvre en émotion. se pourrait il en être de même pour la langue batave ? Ou bien est ce tout simplement la traduction qui est boîteuse ?
Toujours est il que cela ne m'a pas dérangé et que j'ai lu style bien plus désagréable. Au contraire la simplicité du discours a permis de mieux comprendre l'histoire qui avec un rythme assez irrégulier et discontinue constitué de beaucoup de digressions aurait alors pu devenir tout bonnement ingérable avec une langue riche.

Un petit mot sur les personnages.
Paul pour commencer n'est ni pour moi insignifiant ni aigri ni jaloux. Il en a juste marre de n'être compris par personne d'autre que sa femme toujours pris en tenaille par ce qu'il faut faire, ce qu'il faut dire et donc ce qu'il n'arrive pas à accepter.
C'est pour cela qu'il déteste son frère figure incarnatrice du consensus de ce qu'il faut dire et de ce qu'il faut faire pour être accepté par les autres. C'est également pour cela il me semble qu'il admire sa femme qui même si elle partage son esprit critique arrive à se fondre dans la masse pour être sinon acceptée tout du moins pas méprisée. Et c'est aussi pour cette raison qu'il est si empathique vis-à-vis de son fils souffrant du même souci que lui.
Nous pouvons d'ailleurs remarquer que l'on est surpris par tous les personnages sauf par Serge ce qui montre son insignifiance caricaturale car lui pour le coup indiffère.
Ce livre dérange car il est plus représentatif de ce qu'on pourrait tous faire pour son enfant au lieu de ce que le devoir nous incombe de faire.
Nous sommes tous des Paul ou des Claire alors que nous les méprisons tellement. Ils sont l'image de notre irrationalité désespérée et folle quand la pire des situations arrive à nos enfants.

J'ai beaucoup aimé ce roman et j'en garderais un souvenir fort. Un livre qui n'est pas anodin est déjà tellement.
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Message par églantine Sam 10 Déc - 16:30

Ce fameux diner ! lol!
Il est dans ma PAL depuis longtemps , il faudra bien que je franchisse le pas !
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Message par topocl Sam 10 Déc - 17:13

Tu vas détester. C'est beaucoup trop mal écrit pour toi Herman Koch 2441072346 !

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Message par Ouliposuccion Sam 21 Jan - 21:27

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Le dîner

J'apporte ma petite contribution à ce fil !
Un roman effectivement intéressant et dérangeant puisqu'il va à l'encontre de toute morale.
Herman Koch démontre que tout être est capable de dépasser les codes de la déontologie pour préserver son enfant à l'instar des animaux lorsque le danger se présente, la manipulation en plus.
Plus loin que ça, il interroge sur le regard que l'on peut porter sur la société actuelle.

Alors je me pose cette première question :
Qu'est ce qui est le plus immoral?
Est ce le déni parental face à un acte violent afin de protéger sa progéniture alors même que la société oblitère les valeurs et engendre donc le chaos , ou la lente culpabilité de l'abandon de son enfant dans le cas contraire pour préserver des principes moraux ignorés et balayés dans un quotidien ultra violent?

Qui est coupable?
L'enfant?
Les parents?
La société?

Quant à la deuxième question que tout lecteur peut se poser :
Qu'aurais-je fait?

Réponse pour ma part  à laquelle il est difficile de répondre avec objectivité sans se retrouver dans le contexte.
Quoiqu'il en soit , ce livre amène une profonde réflexion sur ce que fabrique la société , le mode d'éducation , l'absence de morale au quotidien , les loupés de tout un chacun.
On pourrait penser au gré des pages à une maladie congénitale ,le père étant atteint d'une maladie. certains lecteurs y ont vu une réponse.
Pour ma part  , j'y ai vu une métaphore de notre société décadente...Une maladie crée par un mal être ambiant (maniaco dépressif?)

L’élément important à mon sens dans ce roman n'est pas tant de comprendre pourquoi l'enfant devient violent , d'en connaitre les causes , mais bien l'aveuglement  des parents face aux actes atroces perpétrés sur autrui ainsi que les séquelles d'une époque ultra violente , individualiste et laxiste engendrant les traumatismes psychologiques et troubles psychiatriques.
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Message par topocl Dim 22 Jan - 9:16

Ouliposuccion a écrit:
On pourrait penser au gré des pages à une maladie congénitale ,le père étant atteint d'une maladie. certains lecteurs y ont vu une réponse.
.
Oui il y a bien cette possibilité, outre la transmission éducative; J'y avais vu plus un autre questionnement qu'une réponse.

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Message par topocl Jeu 26 Jan - 11:24

J'avais moins aimé Villa avec piscine, même si cela n'apparait pas trop dans mon commentaire de l'époque.

Villa avec piscine

Herman Koch Image319

S’il y a bien quelque chose que j’ai détesté dans mon un peu longue carrière de parent, c’est, quand j’allais voir un prof pour l’un de mes enfants, et qu’il me parlait d’un de ses aînés, qui était plus ceci, moins cela… Je m’étais donc dit que je ne parlerais pas du Dîner dans mon commentaire de Villa avec piscine.

Cela paraît pourtant difficile. D’abord il y a réellement des thèmes très proches. La responsabilité parentale et l’aveuglement auquel elle peut mener, le besoin de se protéger soi et son petit monde envers et contre tout, comment la société et les individus peuvent-ils juger des actes humainement intolérables, ainsi qu’un recul par rapport à un mode de vie basé sur l’envie du jardin du voisin, une histoire de paille et de poutre.

On trouve aussi des personnages assez identiques, des espèces de clones des précédents, une famille outrageusement fusionnelle, un père d’un cynisme incommodant, prêt à tout par amour pour ses enfants (ou de lui-même ?), qui met  son petit monde et ses opinions bien au dessus de toute loi, et surtout de toute morale (avec le facteur aggravant qu'il est médecin), le mensonge comme garant de l’identité, la fuite comme arme de choix et à l’occasion le passage à l’acte sans scrupule.

C’est pourtant une histoire radicalement différente, beaucoup plus linéaire (même si Koch se prête brillamment au jeu des allers-retours temporels). Beaucoup mieux écrit, un récit qui se lit comme un policier. Marc le narrateur expose avec complaisance ses compromissions, son arrogance, son mépris de l’autre, sa veulerie pour tout dire. L’auteur pose tranquillement ses billes  et comme il a pris soin d’annoncer dès les premières pages que ça tournera mal, il prend plaisir à semer les fausses pistes,  à nous entraîner vers des interprétations erronées, pour mieux montrer que le mal n’est pas seulement dans ce qui se joue sous nos yeux, mais aussi dans ce que nos yeux y mettent, et dans ce qui aurait pu se jouer : ces individus ont un mode de pensée tellement trivial, tellement primaire, que le drame était la seule issue.

Mais si on y regarde bien, ces personnages sont  loin d’être si différents de nous. Ils ne font que passer sous la loupe de Herman Koch. Le monde du Dîner était un monde consumériste, celui de Villa sans piscine est conduit par le sexe , dans un rapport de forces et de séduction éplorée. Mais, tour de force, ces gens-là aiment aussi, souffrent aussi , sont faibles et désemparés. Ils ne vivent qu’à travers le regard de l’autre et c’est leur faille première. Leur abjection n’empêche qu’ils sont terriblement humains, et c’est bien ce qui est le plus effrayant. Leur monde est violent, abject, leur monde est le nôtre.

Cette impasse odieuse dans laquelle s’enferme Marc est l’aboutissement de comportements égocentrés, rejetants, suspicieux, malsains, mais Marc n’en est pas moins un époux confiant, un père affectueux. Avec ses erreurs, comme nous tous. C’est cette ambiguité-là qui permet de ne pas tomber dans le manichéisme ou dans l’excès (même si Koch n’y va pas avec le dos de la cuiller), d’accepter horrifié ce dénouement aussi incroyable que révoltant.



(commentaire récupéré)

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Message par Ouliposuccion Jeu 26 Jan - 11:31

Ton commentaire ne fait qu'alimenter l'idée qu'il faut que je le lise un jour quand même !
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Message par topocl Jeu 26 Jan - 11:41

C'est un type qui brasse des histoires de société et des questionnements du quotidien.

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