Patrick Modiano
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Patrick Modiano
Source WikipédiaPatrick Modiano, né le 30 juillet 1945 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain français, auteur d’une trentaine de romans primés par de nombreux prix prestigieux parmi lesquels le Grand prix du roman de l'Académie française et le prix Goncourt. Axée sur l'intériorité, la répétition et la nuance, son œuvre romanesque se rapproche d'une forme d'autofiction par sa quête de la jeunesse perdue. Elle se centre essentiellement sur le Paris de l'Occupation et s'attache à dépeindre la vie d'individus ordinaires confrontés au tragique de l'histoire et agissant de manière aléatoire ou opaque1.
Le 9 octobre 2014, son œuvre est couronnée par le prix Nobel de littérature pour « l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation », comme l'expliquent l'Académie suédoise1,2 et son secrétaire perpétuel Peter Englund, qualifiant l'auteur de « Marcel Proust de notre temps »3,4. Six ans après J. M. G. Le Clézio, il devient le 15e homme de lettres français à recevoir cette récompense. Son œuvre est traduite en 36 langues.
Romans et récits
1968 : La Place de l'Étoile — prix Roger-Nimier et prix Fénéon
1969 : La Ronde de nuit
1972 : Les Boulevards de ceinture — Grand prix du roman de l'Académie française
1975 : Villa Triste — Prix des libraires : Page 1
1977 : Livret de famille
1978 : Rue des Boutiques obscures — Prix Goncourt : Page 1
1981 : Une jeunesse
1981 : Memory Lane (avec des dessins de Pierre Le-Tan)
1982 : De si braves garçons
1985 : Quartier perdu
1986 : Dimanches d'août : Page 1
1988 : Remise de peine
1989 : Vestiaire de l'enfance
1990 : Voyage de noces
1991 : Fleurs de ruine
1992 : Un cirque passe
1993 : Chien de printemps
1996 : Du plus loin de l'oubli
1997 : Dora Bruder
1999 : Des inconnues
2001 : La Petite Bijou
2003 : Accident nocturne
2005 : Un pedigree
2007 : Dans le café de la jeunesse perdue : Page 1
2010 : L'Horizon
2012 : L'Herbe des nuits : Page 1
2014 : Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier : Page 1
2017 : Lointain
2019 : Encre sympathique
2021 : Chevreuse
2023 : La Danseuse
màj le 2/11/2017
églantine- Messages : 4431
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Re: Patrick Modiano
Un premier Modiano pour moi .
De jeunes adultes , dans une sorte de parenthèse de leur vie , flânent le temps d'un été , dans une station balnéaire près de la frontière suisse.
Au sein de cette ville fastueuse et pleines d'apparâts , ces jeunes personnages errent désoeuvrés et faussement désabusés , se donnant le genre du moment pour se fondre dans le décor et appartenir à une société mondaine qui n'en finit pas de languir d'ennui, dans la torpeur de ces gens qui n'ont que le paraitre pour unique souci .
La passion d'un jeune homme se faisant appeler Comte Victor Chmara pour Yvonne , petite starlette du moment s'exprime dans une mélancolie lente et brumeuse ...Le temps même n'en finit pas de s'étirer .
Une délicieuse impression de flottement surgit de cette écriture si particulière : Si Modiano s'attache à fournir des détails géographiques d'une précision de guide Michelin , il n'emprisonne pas ces personnages par une description fouillée ..Et cette opposition particulièrement marquée entre un décor très planté et l'absence de jalons psychologiques crée une ambiance très particulière ..
..
On se croirait dans un film de la nouvelle vague : quelle sensation étrange , apaisante , loin de toute exaltation , dans une douceur émotionnelle liée à l'écriture froide et détachée de l'écrivain .
L'imaginaire du lecteur a tôt fait d'investir les lieux et de s'approprier la vacuité des personnages : la lecture vous emporte dans une histoire unique , celle que vous choisirez grâce au talent de l'écrivain qui donne autant de liberté au lecteur !
Une belle découverte ....et une nuit imprégnée de cette ambiance Modianesque ( eh oui j'en ai rêvé ! : j'en redemande .
églantine- Messages : 4431
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Re: Patrick Modiano
Ses détracteurs pourront toujours affirmer qu'il se répète , qu'il nous endort , qu'il nous ressort inlassablement la même cuisine à des sauces différentes ; je les entends , je peux les comprendre aussi .
On peut aussi affirmer qu'il a sa griffe particulière l'ami Modiano , que ses livres ressemblent à des robes de haute couture dont il pare ses fantômes avec une élégance rare , que la répétition à laquelle il a habitué ses lecteurs résonne comme une douce musique et que sans cette récurrence , le talent ne serait pas là ....
Alors oui , ce livre écrit à l'automne de sa vie ne diffère pas vraiment , et c'est tant mieux !
Pour l'heure donc il s'agit d'un vieil écrivain lui aussi sur la pente douce du déclin de sa vie , qui regarde le monde tourner avec détachement . Mais la vie ne laisse jamais de répit et c'est la rencontre d'un couple étrange lui rapportant un carnet d'adresse égaré , qui va le réveiller à lui-même . L'homme et la femme portent une menace sourde et inquiétante , un nom a retenu leur attention sur ce carnet et voilà le fil directeur tout trouvé pour remonter un passé .....Toute une intrigue en apparence cousue de fil blanc se met en place pour réveiller des pans entiers ou "bribesques" d'un passé lointain . Les fantômes s'incarnent , au fil des déambulations dans Paris , chaque lieu associé à un souvenir et le puzzle prend forme . Quel style dans son souci du détail géographique qui apporte à' la robe haute couture"de l'artiste une touche très graphique toute personnelle !
Modiano , l'éternel adolescent , dans l'évanescence , dans le flou des mots et de la présence , nous fait le cadeau de ses fantômes avec lesquels il copine secrètement faute peut-être de pouvoir s'en défaire , et il le fait avec une légèreté époustouflante : gardez vos ombres monsieur Modiano , le meilleur ferment de votre littérature peut-être !
églantine- Messages : 4431
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Re: Patrick Modiano
On ne comprend le titre que dans la dernière phrase du livre:les dimanches d'août correspondent au bonheur.
Il y a d'autres dimanches d'autres saisons dans le roman, ils sont aussi importants mais ne témoignent pas du bonheur.
L'essentiel se déroule à Nice avec des flash-backs sur les bords de la Marne.
Rythme coulé, calme, tel l'écoulement de la Marne; toujours cette belle fluidité de Modiano.
L'histoire:
“Son regard a fini par croiser le mien. C'était à Nice, au début du boulevard Gambetta.
Il se tenait sur une sorte de podium devant un étalage de vestes et de manteaux en cuir, et je m'étais glissé au premier rang des badauds qui l'écoutaient vanter sa marchandise.
A ma vue, il a perdu son bagout de camelot. Il parlait d'une manière plus sèche, comme s'il voulait établir une distance entre son auditoire et lui
et me faire comprendre que ce métier qu'il exerçait, là, en plein air, était au-dessous de sa condition.
En sept ans, il n'avait pas beaucoup changé: seul son teint me semblait plus rouge.....”
Tout commence par ces retrouvailles fortuites entre le narrateur, Jean, et l'individu qu'il n'a plus vu depuis 7 ans, Villecourt.
Tout de suite, Villecourt veut discuter de Sylvia, une jeune femme qu'ils ont connue tous les deux et qui a visiblement disparu.
Mais Jean refuse tout dialogue avec Villecourt et on comprend très vite que les relations entre les 2 hommes sont tendues par le poids du passé.
A partir de ce moment, le narrateur n'aura de cesse de retourner dans la nostalgie de ses souvenirs.
C'est ainsi que l'on apprendra que Sylvia était la femme de Villecourt, à l'époque riche nanti vivant dans une belle villa au bord de la Marne.
Jean, photographe préparant un album sur la Marne balnéaire, fait la connaissance de Sylvia visiblement peu heureuse avec Villecourt.
Ils tombent amoureux l'un de l'autre et s'enfuient à Nice. Sylvia porte un diamant, la croix du sud, dont on comprend vite qu'il ne lui appartient pas.
Ce bijou, au passé trouble, va attirer un couple énigmatique, les Neal. Ils voudront acheter le bijou.
Alors que la vente est presque conclue, Jean et Sylvia appréhendent quelque chose, à juste titre.
Dès lors, on suit Jean dans ses réflexions, ses recherches et on découvrira qui étaient les Neal.
Tout le long du roman, on ne quitte pas la nostalgie de Jean et on resent un certain malaise face à Villecourt, face aux Neal alors que ni le narrateur , ni nous lecteur, ne savons pourquoi.
Lentement, calmement, on tire sur le fil de l'intrigue. Dans ce rythme ralenti, tel celui d'un fleuve tranquille, on est gagné par le suspens et surpris par les révélations de la fin.
Cliniou- Messages : 916
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Age : 54
Re: Patrick Modiano
J'ai lu quelques livres de lui et j'ai apprécié certains, comme Dora Bruder ou Un cirque passe, mais c'est de l'homme tel qu'il m'est apparu que j'aimerais dire quelques mots...
Je l'ai vu souvent chez Pivot, essayant laborieusement de répondre à une question, -nimporte quelle question. Prenant l'air concentré, commençant une phrase sans la terminer. En essayant une autre sans plus de succès.
Il échappait à la question suivante à coup de digressions, de parenthèses. Parfois, il y avait de longs silences qui ne semblaient pas le gener. Parfois enfin, il lui arrivait de sourire d'un air ravi ou en avec l'air de s'excuser de ne pas en savoir plus.
Face à ce comportement étrange, on pouvait etre géné. Pas moi.
Ce qui me frappait chez lui, c'est un mélange de douceur et d'innocence
désarmée... de décalage définitif face au "réél". L'impression de voir un reveur mal- éveillé. Et au dela de l'impuissance à s'exprimer, une humilité sincère, une gentillesse véritable, une chaleur humaine qui faisaient qu'on l'aimait tel qu'il était...
Parce qu'il était touché par la grace des égarés.
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bix_229- Messages : 15439
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Re: Patrick Modiano
bix_229 a écrit:J'ai souvent pensé qu'il vaut mieux ignorer la vie d'un écrivain, et que son oeuvre se suffit à elle meme, si elle est bonne. Mais il y a des exceptions remarquables. Je pense par exemple à Nicolas Bouvier, qui était aussi apprécié en tant qu'homme qu'en tant qu'écrivain. Et aussi à Modiano...
J'ai lu quelques livres de lui et j'ai apprécié certains, comme Dora Bruder ou Un cirque passe, mais c'est de l'homme tel qu'il m'est apparu que j'aimerais dire quelques mots...
Je l'ai vu souvent chez Pivot, essayant laborieusement de répondre à une question, -nimporte quelle question. Prenant l'air concentré, commençant une phrase sans la terminer. En essayant une autre sans plus de succès.
Il échappait à la question suivante à coup de digressions, de parenthèses. Parfois, il y avait de longs silences qui ne semblaient pas le gener. Parfois enfin, il lui arrivait de sourire d'un air ravi ou en avec l'air de s'excuser de ne pas en savoir plus.
Face à ce comportement étrange, on pouvait etre géné. Pas moi.
Ce qui me frappait chez lui, c'est un mélange de douceur et d'innocence
désarmée... de décalage définitif face au "réél". L'impression de voir un reveur mal- éveillé. Et au dela de l'impuissance à s'exprimer, une humilité sincère, une gentillesse véritable, une chaleur humaine qui faisaient qu'on l'aimait tel qu'il était...
Parce qu'il était touché par la grace des égarés.
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Comme tu en parles bien Bix ....
églantine- Messages : 4431
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Re: Patrick Modiano
Mouais, mouais ! si nous parlons du personnage... Il ne faudrait pas oublier que Modiano, dans sa jeunesse, s'est complu dans le faux ! en effet, il a imité l"écriture d'auteurs célèbres et a produit quantité d'envois sur des livres (si, si. Il a avoué)bix_229 a écrit:J'ai souvent pensé qu'il vaut mieux ignorer la vie d'un écrivain, et que son oeuvre se suffit à elle meme, si elle est bonne. Mais il y a des exceptions remarquables. Je pense par exemple à Nicolas Bouvier, qui était aussi apprécié en tant qu'homme qu'en tant qu'écrivain. Et aussi à Modiano...
J'ai lu quelques livres de lui et j'ai apprécié certains, comme Dora Bruder ou Un cirque passe, mais c'est de l'homme tel qu'il m'est apparu que j'aimerais dire quelques mots...
Je l'ai vu souvent chez Pivot, essayant laborieusement de répondre à une question, -nimporte quelle question. Prenant l'air concentré, commençant une phrase sans la terminer. En essayant une autre sans plus de succès.
Il échappait à la question suivante à coup de digressions, de parenthèses. Parfois, il y avait de longs silences qui ne semblaient pas le gener. Parfois enfin, il lui arrivait de sourire d'un air ravi ou en avec l'air de s'excuser de ne pas en savoir plus.
Face à ce comportement étrange, on pouvait etre géné. Pas moi.
Ce qui me frappait chez lui, c'est un mélange de douceur et d'innocence
désarmée... de décalage définitif face au "réél". L'impression de voir un reveur mal- éveillé. Et au dela de l'impuissance à s'exprimer, une humilité sincère, une gentillesse véritable, une chaleur humaine qui faisaient qu'on l'aimait tel qu'il était...
Parce qu'il était touché par la grace des égarés.
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Franchement je lui pardonne bien volontiers . Je suis tout à fait d'accord avec toi bix, ce qui a été souvent l'objet de risées m'émeut aussi profondèment
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Patrick Modiano
ArenSor a écrit:
Mouais, mouais ! si nous parlons du personnage... Il ne faudrait pas oublier que Modiano, dans sa jeunesse, s'est complu dans le faux ! en effet, il a imité l"écriture d'auteurs célèbres et a produit quantité d'envois sur des livres (si, si. Il a avoué)
Ah bon , je ne savais pas .....Bouh ....
églantine- Messages : 4431
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Re: Patrick Modiano
C'était pour survivre au début de sa carrière. Effectivement, ce n'est pas totalement honnête. Mais d'un autre côté, mystifier des amateurs crédules n'est pas fait pour me déplaire. Bref, ce passif, me rend le personnage encore plus sympathiqueéglantine a écrit:ArenSor a écrit:
Mouais, mouais ! si nous parlons du personnage... Il ne faudrait pas oublier que Modiano, dans sa jeunesse, s'est complu dans le faux ! en effet, il a imité l"écriture d'auteurs célèbres et a produit quantité d'envois sur des livres (si, si. Il a avoué)
Ah bon , je ne savais pas .....Bouh ....
ArenSor- Messages : 3428
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Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Patrick Modiano
Rue des boutiques obscures
Le synopsis de départ est d’une simplicité presque enfantine… Une personne, prénommée Guy, mais ne se souvient que des 8-10 dernières années de sa vie. Amnésique, il part à la recherche de son identité réelle. Il ne connaît ni son nom, ni sa vie et ce, depuis sa naissance.
On le suit dans la quête de son passé, à chaque fois à la recherche d’une nouvelle piste, amassant les noms, les photos, les adresses…
Mais au départ, ce n’est qu’un prétexte, la véritable beauté du texte réside dans les rencontres qu’il effectue. Le héros se cherche lui-même, mais découvre une suite de personnages. Dans un style simple mais efficace, en deux, trois phrases maximum, l’auteur donne une certaine profondeur à chacun à travers l’oeil du héros, uniquement par la description des décors, des sentiments et réflexes des rencontres, mais qui laisse suggérer bien plus pour le lecteur. Une vie ordinaire, plus ou moins réussie ou loupée, parfois totalement perdue…
Guy aussi se retrouve, ou, du moins croit se souvenir, par ces informations, de traces de son passé. Jusqu’à ce q’une impression, un paysage, une odeur, donne plus d’épaisseur à ce qu’il recherche. Il continue ses recherches, mais se méfie de la mémoire.
« Drôle de gens. De ceux qui ne laissent sur leur passage qu’une buée vite dissipée. Nous nous entretenions souvent, Hutte et moi, de ces êtres dont les traces se perdent. Ils surgissent un beau jour du néant et y retournent après avoir brillé de quelques paillettes. Reines de beauté. Gigolos. Papillons. La plupart d’entre eux, même de leur vivant, n’avaient de consistance qu’une vapeur qui ne condensera jamais. Ainsi, Hutte me citait en exemple un individu qu’il appelait l’ « homme des plages ». Cet homme avait passé quarante de vie sur des plages ou au bord de piscines, à deviser aimablement avec des estivants ou de riches oisifs. Dans les coins et à l’arrière-plan de milliers de photos de vacances, il figure en maillot de bain au milieu de groupes joyeux mais personne ne pourra dire son nom et pourquoi il se trouve là. Et personne ne remarquera qu’un jour il avait disparu des photographies. Je n’osais pas le dire à Hutte mais j’ai cru que l’ « homme des plages » c’était moi. D’ailleurs, je ne l’aurais pas étonné en lui avouant. Hutte répétait qu’au fond, nous sommes tous des « hommes des plages » et que « le sable - je cite ses propres termes - ne garde que quelques secondes l’empreinte de nos pas »
Le style de ce roman est simple, concis, épuré. Il ne semble pas s’embarrasser de sentiments, mais en suggère bien plus que beaucoup d’autres livres. J’ai découvert en Modiano, dans ce livre du moins, puisque c’est mon premier, un grand romancier.
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Exini- Messages : 261
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L'herbe des nuits
Je viens de terminer L'herbe des nuits (fort joli titre), et retrouve le même sentiment qu'après d'autres lectures de Modiano : une certaine déception devant un certain manque d'épaisseur, de substance (peut-être rien à citer ?! ), alors que dans ce cas-ci l'approche de type énigme politico-policière éveille davantage l’intérêt du lecteur.
L'histoire est celle du recensement des souvenirs du narrateur au temps où il fréquentait Dannie (jeune femme qui portait d’autres noms, et avait plusieurs adresses), dans un milieu un peu interlope de Paris à l'époque de la décolonisation (soit un demi-siècle plus tôt), une sorte d’enquête basée sur le carnet noir tenu à l'époque et le rapport qu’un inspecteur lui a remis depuis ‒, mais c'est surtout matière à ressasser la mélancolie de l'auteur, dans un mélange du passé, du présent et de rêves.
Malgré plusieurs expériences, toutes légèrement décevantes, je n'adhère que superficiellement à sa manière pourtant fort sensible d'aborder la nostalgie, peut-être trop dépouillée à mon goût, sans lyrisme, alors qu'elle devrait convenir parfaitement au thème (récurrent chez l'auteur, et au moins central dans son œuvre) de l'impermanence d'un monde qui se défait, au gré des promenades nocturnes dans certains quartiers de Paris.
Et pourtant Modiano fait résonner des références à Tristan Corbière, à Jeanne Duval... mais le résultat n'a rien de la profondeur d'un Tabucchi (cf. La tête perdue de Damasceno Monteiro), me semble-t-il...
D'une façon générale, il me reste peu des livres de Modiano _ mais peut-être est-ce approprié en matière de témoignage contre l'oubli...
Au moins cette Herbe des nuits m’aura valu un agréable moment de lecture.
Quand même deux petites citations, qui pourraient peut-être résumer et l'auteur et son œuvre :
« Mais, je n’y peux rien, en ce temps-là j’étais aussi sensible qu’aujourd’hui aux gens et aux choses qui sont sur le point de disparaître. »
« Les saisons varient et se confondent dans le souvenir comme si celui-ci, au cours des années, vivait sa propre vie, d’une vie végétale, et qu’il n’était jamais une image fixe et morte. »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
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Re: Patrick Modiano
Tristram a écrit:Je viens de terminer L'herbe des nuits (fort joli titre), et retrouve le même sentiment qu'après d'autres lectures de Modiano : une certaine déception devant un certain manque d'épaisseur, de substance (peut-être rien à citer ?! ), alors que dans ce cas-ci l'approche de type énigme politico-policière éveille davantage l’intérêt du lecteur.
L'histoire est celle du recensement des souvenirs du narrateur au temps où il fréquentait Dannie (jeune femme qui portait d’autres noms, et avait plusieurs adresses), dans un milieu un peu interlope de Paris à l'époque de la décolonisation (soit un demi-siècle plus tôt), une sorte d’enquête basée sur le carnet noir tenu à l'époque et le rapport qu’un inspecteur lui a remis depuis ‒, mais c'est surtout matière à ressasser la mélancolie de l'auteur, dans un mélange du passé, du présent et de rêves.
Malgré plusieurs expériences, toutes légèrement décevantes, je n'adhère que superficiellement à sa manière pourtant fort sensible d'aborder la nostalgie, peut-être trop dépouillée à mon goût, sans lyrisme, alors qu'elle devrait convenir parfaitement au thème (récurrent chez l'auteur, et au moins central dans son œuvre) de l'impermanence d'un monde qui se défait, au gré des promenades nocturnes dans certains quartiers de Paris.
Et pourtant Modiano fait résonner des références à Tristan Corbière, à Jeanne Duval... mais le résultat n'a rien de la profondeur d'un Tabucchi (cf. La tête perdue de Damasceno Monteiro), me semble-t-il...
D'une façon générale, il me reste peu des livres de Modiano _ mais peut-être est-ce approprié en matière de témoignage contre l'oubli...
Au moins cette Herbe des nuits m’aura valu un agréable moment de lecture.
Quand même deux petites citations, qui pourraient peut-être résumer et l'auteur et son œuvre :« Mais, je n’y peux rien, en ce temps-là j’étais aussi sensible qu’aujourd’hui aux gens et aux choses qui sont sur le point de disparaître. »
« Les saisons varient et se confondent dans le souvenir comme si celui-ci, au cours des années, vivait sa propre vie, d’une vie végétale, et qu’il n’était jamais une image fixe et morte. »
J'ai un peu la même impression. Modiano c'est surtout une question d'atmosphère. Souvent, je n'ai pas souvenir précis de ses livres mais d'une ambiance particulière qui me plait bien. Ceci dit, certains de ses romans sont plus marquants que d'autres
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Patrick Modiano
Quatre narrateurs, un étudiant fréquentant Le Condé (quartier de l’Odéon, donc rive gauche) ‒ ambiance d’un café avec ses habitués, d’une époque qui semble révolue ‒, un détective ‒ atmosphère de polar avec activistes, inspecteurs de police et des renseignements, indicateurs, trafiquants ‒, l'héroïne elle-même et Roland son amant, parlent de Louki, une discrète fugueuse errant rêveusement, arpentant Paris.
« Mais on était sur la rive gauche et la plupart d’entre eux vivaient à l’ombre de la littérature et des arts. Moi-même, je faisais des études. »
La ville est la vraie héroïne, avec ses zones neutres et sa matière sombre, la disparition des repères de ceux qui y vécurent.
« Ou plutôt, je sentais sa présence sur ce boulevard dont les lumières brillaient comme des signaux, sans que je puisse très bien les déchiffrer et sans savoir du fond de quelles années ils m’étaient adressés. »
L’œuvre de Modiano est la recréation nostalgique du Paris de l’après-guerre dans un récit surfacique, simple, vague : c’est en effet surtout un climat (caduc). On pense à la Trilogie new-yorkaise, à Simenon, et à bien d’autres… Et on pense aux cafés (quand on pouvait y vivre, cafetiers comme clients), à Paris, au passé…
« Si tout était écrit noir sur blanc, cela voulait dire que c’était fini, comme sur les tombes où sont gravés des noms et des dates. »
Mots-clés : #contemporain #lieu
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Patrick Modiano
Il a vieilli Modiano et Jean Daragane, son double romanesque qui lui ressemble comme un frère, aussi.
Au début, il est chez lui, un peu vide, desocupado, sans relations. Sans le désir d' en avoir.
Mais voilà ! Le téléphone sonne et il commet l' erreur de répondre.
Un homme lui annonce qu' il a trouvé son carnet d' adresse et lui demande un rendez-vous pour le lui rendre. Mais il montre trop d' insistance et Daragane sent l' arnaque. Pourtant il va au rendez-vous et son impression se confirme. Une femme est là, une complice. Daragane la reverra seule.
Ce pourrait être un début d' intrigue. Ce n' est qu' une impasse. Mais voilà le passé qui frappe à la porte et les fantômes d' un passé enfoui qui surgissent. Et parmi eux, surtout, une femme. Une femme aimée qui lui a tenu lieu de mère dans l' enfance et peut être plus tard d' amante. Enfin peut être.
"Il croyait l' épisode oublié, mais la perte avive parfois la mémoire, surtout dans le cas d' un être aimé."
Et Jean va essayer de savoir ce qu' est devenue cette femme.
Le reste est du pur Modiano et ne se raconte pas.
Plus le temps passe et plus les souvenirs s' estompent, se brouillent, se transforment. Les acteurs de ces temps-là, les témoins, disparaissent ou ont disparu. Et c' est une lutte contre l' oubli qui se joue, une douleur aussi. Comme lorsqu' on perd un membre et qu' il persiste à vous faire souffrir. Le temps est passé par là, ne laissant ni repos, ni apaisement. Juste une nostalgie poignante.
Modiano dit dans une interview : "Parfois, pour faire une oeuvre littéraire, il faut tout simplement rêver sa vie - un rêve où la mémoire et l' imagination se confondent."
Et ceci encore : "Je crois que le regard des écrivains et des enfants ont le pouvoir de donner du mystère aux êtres et aux choses qui, en apparence, n' en avaient pas. Il ne faut jamais éclaircir les mystères."
C' est pour cela qu' on l' aime Modiano !
mots-clés : #enfance #identite
bix_229- Messages : 15439
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Souvenirs dormants de Modiano
Je ne comprends pas l'engouement... Si le nom de l'auteur m'avait été caché, j'aurais dit; sans intérêt...
Même pas une jolie citation à reprendre... rien... qu'on m'explique!
Quelqu'un l'a lu?
Plume- Messages : 459
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Age : 55
Re: Patrick Modiano
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
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Localisation : En Provence
Re: Patrick Modiano
La place de l'Etoile, peut-être, pour commencer ?
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Tristram- Messages : 15926
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Age : 68
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Re: Patrick Modiano
PS je ne n'en ai aucun souvenir... ah ah! mais je le relirai...
Plume- Messages : 459
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Age : 55
Re: Patrick Modiano
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21639
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Localisation : En Provence
Re: Patrick Modiano
D' autres qui nous invitent à imaginer, derrière une trame simple
et un style économe.
Modiano est de ceux-là, je crois.
bix_229- Messages : 15439
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