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Mariam Petrosyan

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Message par ArenSor Sam 11 Juil - 19:57

Mariam Petrosyan
Née en 1969 à Yerevan

Mariam Petrosyan Mariam10

Sa carrière ne la destinait pas à devenir écrivain : après des études d’art, pendant lesquelles elle suit une formation de graphiste, elle travaille vingt ans sur des films d’animation (d’abord au studio d’Armenfilm, puis chez Soyuzmultfilm, à Moscou, et de nouveau à Armenfilm).
Étonnamment, c’est ce cursus qui lui fournit l’inspiration nécessaire à l’écriture : ses personnages ont d’abord pris vie sous forme de dessins – qu’elle conserve précieusement aujourd’hui encore dans des pochettes scellées –, avant de s’épanouir par le texte. Ils deviendront rapidement les héros de « La Maison dans laquelle », qu'elle rédige en russe.
Elle travaille à son roman une dizaine d’années, réécrivant le livre plusieurs fois, sans pourtant avoir l’intention de le publier. Vers la fin des années 1990, elle laisse le manuscrit à des amis. Quinze ans plus tard, après être passé de lecteurs en lecteurs, le texte est donné à un éditeur qui y jette un œil par politesse avant de le dévorer en quelques jours. À sa sortie en 2009, le livre est nommé et lauréat de nombreux prix. Il devient rapidement un best-seller. Depuis, la communauté de ses fans ne cesse de grandir.
La Maison, dans laquelle est le seul roman de Mariam Petrosyan ; elle affirme ressentir un grand vide depuis sa parution.
« Quand j’ai commencé à décrire l’univers de La maison dans laquelle, j’avais à peu près le même âge que mes personnages. J'avais la tête pleine de ce que j’avais lu et des expériences insolites que j’avais vécues. De plus, je rejetais farouchement mon environnement. J’avais l’impression d’écrire à propos de quelque chose qui n’a rien à voir avec le monde réel. Et je vois aujourd’hui que le monde qui m’entourait se reflète dans mon roman. L’amitié, l’antipathie, la liberté et les contraintes, la bande, la capacité ou l’incapacité à se fondre dans un groupe, la peur de l’avenir… quand il m’arrive de rencontrer mes lecteurs, je vois bien que les questions qui les préoccupent sont les mêmes que celles qui me préoccupaient à l’époque. »

Ouvrage traduit en français :

- La maison dans laquelle, 2016
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Message par ArenSor Sam 11 Juil - 20:13

La Maison dans laquelle

Mariam Petrosyan 51-5jr10

Je n’ai jamais lu quelque chose de comparable ! Par moments, on peut penser à Bruno Schultz pour le délire fantastique, mais de loin. On a évoqué aussi l’univers de Tim Burton, de Lewis Caroll, du William Golding de « Sa Majesté des mouches ». Il y a du vrai dans ces comparaisons, mais c’est tout de même un ouvrage très original.
Mariam Petrosyan, qui est une plasticienne, n’a écrit que ce livre. Elle s’y est attelée à l’âge de 18 ans. C’est la raison pour laquelle elle a su si bien parler du passage de l’adolescence à l’âge adulte.

« Le monde de l’adolescence est moins agréable que celui de l’enfance, mais beaucoup plus intense et plus riche en émotions et en sentiments que celui des adultes. Le monde des adultes est ennuyeux. Les adolescents ont hâte de grandir, parce qu’ils croient que l’indépendance va leur apporter la liberté. Alors qu’en réalité, ils vont se retrouver dans une espèce de prison à vie, faite d’obligations et d’interdictions dont ils ne pourront sortir que lorsqu’ils auront atteint la vieillesse – pour les plus chanceux. »

Ce n’est pas le moindre des mérites de ce livre sur lequel elle a travaillé une dizaine d’années, c’est même probablement sa grande force que cet univers restitué de l’enfance et de l’adolescence.
Ce fut visiblement une expérience forte pour l’auteure « Tout comme elle ne dit pas l’avoir écrit mais y avoir vécu, s’y être réfugiée soir après soir, elle ressent un grand vide depuis sa parution. »
On sent, derrière la transposition fictionnelle, un vécu personnel très fort.

Ouvrons la porte de cet univers :

« Salut à vous les avortons, les prématurés et les attardés. Salut, les laissés-pour-compte, les cabossés et ceux qui n’ont pas réussi à s’envoler ! Salut à vous, enfants-chiendent ! »

Le ton est donné. Nous voici dans la Maison

La Maison est une sorte de pensionnat pour handicapés physiques, mais aussi mentaux

« Tous les types de démences réunis en un seul et même Nid. Les spécialistes n’avaient qu’à se munir de leurs encyclopédies pour s’amuser à les pointer un par un. Des psychopathes, ici, il y en avait pour tous les goûts »

La Maison est gigantesque, puisqu’elle est toujours vue par les yeux de leurs pensionnaires, avec des couloirs interminables, remplie de caches et d’endroits mystérieux, certains frappés d’anathèmes ou tout du moins dangereux à fréquenter, de dortoirs qui sont devenus souvent de vrais dépotoirs où l’on clope, picole, bouffe et où éventuellement on dort, de la cafetière, du Croisement et de son canapé, autre point de rencontres, et de beaucoup d’autres lieux que l’on découvre au fur et à mesure de la lecture. Surtout, il y a la Maison et l’Extérieur, les deux mondes sont étanches, tout du moins le voudrait-on !

« Chaque recoin de la Maison était hanté par les morts qui y avaient vécu. Chaque armoire abritait un squelette anonyme qui finissait d’y pourrir. Quand il y avait trop de spectres pour une pièce, ils commençaient à envahir les couloirs. Pour lutter contre ces importuns, on dessinait des symboles ésotériques sur les portes et on s’accrochait des amulettes autour du cou. On aimait ses propres fantômes, on les amadouait, on leur demandait conseil, on leur chantait des chansons et on leur racontait des histoires. Et ils répondaient par des inscriptions au savon et au dentifrice sur les miroirs, ou par des dessins à la peinture violette sur les murs. Il leur arrivait de murmurer à l’oreille de certains élus, quand ceux-ci prenaient une douche ou se montraient suffisamment téméraires pour passer la nuit sur le canapé du Croisement. »

La Maison en vient à être une sorte d’organisme vivant quelque peu inquiétant :

« Car la Maison exige une forme d’attachement mêlé d’inquiétude. Du mystère. Du respect et de la vénération. Elle accueille ou elle rejette, gratifie ou dépouille, inspire aussi bien des contes que des cauchemars, tue fait vieillir, donne des ailes… C’est une divinité puissante et capricieuse, et s’il y a bien une chose qu’elle n’aime pas, c’est qu’on cherche à la simplifier avec des mots. Ce genre de comportement se paie toujours. »

Il existe une singulière osmose entre la Maison et ses occupants. Les murs sont couverts de dessins, d’inscriptions. Les fenêtres, une fois nettoyées, ont été rapidement noircies à la peinture car… elles donnaient sur l’Extérieur !
Quelques rares éducateurs savent lire les graffiti qui marquent les lieux

« Les murs étaient leurs journaux à eux, leurs magazines, leurs panneaux de signalisation, leur téléphone, leur musée. Le principe était simple : on y notait ce qu’on avait à dire, après quoi il ne restait qu’à attendre. Ce qui en découlait ne dépendait plus de l’auteur. Un surnom pouvait aussi bien être oublié et recouvert d’un autre gribouillis, qu’adopté et employé sur le champ. »

Les pensionnaires ont modelé, autant qu’ils ont été modelés par la Maison :

« Par exemple, j’avais compris que le goût des habitants de la Maison pour les histoires à dormir debout n’était pas né comme ça, qu’ils avaient transformé leurs douleurs en superstitions, et que ces superstitions s’étaient à leur tour muées, petit à petit, en traditions. Et les traditions, surtout lorsqu’on est enfant, on les adopte immédiatement. Si j’étais arrivé ici il y a quelques années, peut-être que je trouverais banal de communiquer avec les morts. Je serais à côté des autres sur la vieille photo de Noiraud, avec un arc fabriqué de mes propres mains ou une corne sortant de ma poche ; je porterais fièrement une amulette pour mettre les esprits frappeurs en déroute, que j’aurais échangé contre une collection de timbres ; je craindrais certains endroits, des lieux précis de la Maison à certains moments précis de la journée, où je me rendrais toutefois par défi. »

C’est une bien curieuse faune qui vit dans la Maison…

Au départ, nous rencontrons « Fumeur », un « roulant », qui vient de s’être fait virer du groupe des « Faisans » pour avoir oser arborer des baskets trop voyantes. Il trouve refuge auprès de « Lord » du groupe 4 qui vient de goûter au Chemin Lunaire, boisson on ne peut plus dangereuse, encore plus que l’Arc-en Ciel Blanc ou les Quatre-marches.

« Bon, tout a commencé quand Lord a décidé d’essayer un truc qui s’appelle le chemin Lunaire. Or, l’effet de cette boisson sur l’organisme se caractérise par le fait qu’il est… totalement imprévisible, justement. Certains se sentent mal, d’autres sont euphoriques, d’autres encore commencent à se conduire bizarrement… Vu de l’extérieur, c’est assez impressionnant. Par exemple, je connais quelqu’un qui, après en avoir bu, ne s’exprimait plus qu’en vers. Tiens, et un autre qui n’arrivait tout simplement plus à parler… »

Pour Lord, le résultat est de tomber en catalepsie. Pris de peur, « Noiraud » conduit Lord au « Sépulcre ». Pour cette raison, « Sphinx » va casser la figure à noiraud. En effet, Lord a déjà trois traits rouges sur son dossier ; un quatrième signifierait l’exclusion de la Maison, autant dire la mort. Finalement Sphinx qui connait bien une « araignée » est chargé par le groupe de plaider la cause de Lord…

Ainsi les pensionnaires sont répartis en différents groupes, six au total, plus ou moins hiérarchisés. Chacun a son chef, ses acolytes, ses règles de vie, ses codes… L’histoire pullule de rivalités, de putschs, manqués ou réussis, pour s’assurer la domination. Pour compliquer le tout, il y a les Bandar-Log, groupe transversal, sortes de bad boys comparables aux Hells Angels.

« Pour mériter son titre, la Meute devait régulièrement se rappeler au bon souvenir de son entourage par des vitres cassées, de graffitis, des souris glissées dans les tiroirs des professeurs, des cigarettes fumées dans les toilettes. Ils faisaient tout pour entretenir leur mauvaise réputation, car elle les distinguait de leurs ennemis jurés, les roulants. Mais les victimes préférées de la Meute, c’étaient les nouveaux, les petits chéris à leur maman qui sentaient encore l’Extérieur : un ramassis de chochottes et de geignards, pas même dignes d’avoir un surnom. »

Le plus haut en couleur est incontestablement le groupe 2, « Les Rats »,  dont les membres évoquent les Punks

« Ses cheveux ressemblaient à du sang séché et ses lèvres étaient d’une couleur si vive qu’on les aurait dites fardées de rouge. Il avait le menton strié de coupures de rasoir et le cou enserré d’un collier d’os de poulets séchés. Comme tous les autres Rats, il était loufoque, mais de près, il paraissait encore plus bizarre. »

« Pendant une demi-heure ce fut l’extase. Puis un rat dépressif éclata en sanglots et sortit un rasoir. Décidément, ces gars-là ne savaient pas se tenir ! Ils devaient manifestement considérer leurs tendances suicidaires comme leur bien le plus précieux.
Le Raton se taillada, noyé dans sa morve. Fasciné par le spectacle, Valet se mit à jouer faux. Le charme était rompu. Les Rats se dispersèrent pour emmener leur rejeton se faire raccommoder. Au sol s’étendaient de belles flaques rouges. Sphinx soupira. Je chaussai mes lunettes n° 5 ; elles offraient un spectre de couleurs tonifiant, dans les tons jaunes orangés. Bien utile quand on avait affaire aux anciens Pestiférés ».

Derrière la noirceur, bien réelle, parfois inquiétante, il y a beaucoup d’humour dans l’univers de Mariam Petrosyan. On rit beaucoup.

« Après quelques mètres, nous avons remarqué deux silhouettes solitaires et avons hâté le pas. C’étaient l’Aveugle et la Rate. Un couple parfaitement assorti – à faire froid dans le dos. Aussi pâles que des cadavres, dotés des mêmes yeux cernés de bleu, et tous deux dans un état de dépérissement avancé. L’Aveugle, en outre, était lacéré des clavicules au nombril, son t-shirt en lambeaux, laissait voir les écorchures de sa peau. Un spectacle d’autant plus saisissant que les ongles de Rate étaient rougis de sang séché.
- Tiens, regarde, dis-je à Sirène. C’est un trip dans le genre de ton « Kamasutra », mais tendance marquis de Sade. »

Eh oui, au milieu de l’ouvrage, la « Nouvelle Loi » permet une forme de mixité. Entrent dans la danse Gaby la Longue, Rousse, Sirène, Rate, Aiguille… pour le meilleur et parfois le pire.

Tout ce petit monde vit avec une angoisse de fond : le moment de quitter la Maison au moment des 18ans.
Toutes les astuces sont bonnes pour échapper à ce moment fatidique : distorsion du temps avec la nuit la plus longue

« Dans la Maison, le temps ne s’écoulait pas comme à l’Extérieur. On n’en parlait pas vraiment, car ces choses-là étaient bizarres et auraient vite fait d’attirer les foules, mais certains parvenaient à vivre plus d’une vie, tandis que d’autres n’y passaient qu’un seul mois. Plus tu tombais dans ces endroits étranges qui aspiraient le temps, plus tu existais. En règle générale, ça n’arrivait qu’à ceux qui habitaient ici depuis déjà un bail, si bien que la différence entre les vétérans et les nouveaux était immense ; pas besoin d’être extralucide pour la voir. Les plus avides s’adonnaient à ça plusieurs fois par mois, si bien qu’ils traînaient derrière eux plusieurs versions de leur passé. »

Echappée vers l’imaginaire avec la nuit des contes, ou moyens plus radicaux :

« Qu’ils grandissent, se métamorphosent, eux et leur territoire, jusqu’à l’âge où il leur faudrait quitter la Maison. La promotion précédente avait trouvé un moyen bien à elle de faire face à cette échéance : douze tentatives de suicide, dont cinq réussies. »

Las adultes sont pourtant présents, mais toujours en arrière-plan. Les professeurs dont on ne parle pratiquement pas. Le Directeur, Requin, essayant vaguement de maintenir une façade de discipline. En revanche, une place plus large est faite aux éducateurs, Ralf, Elan, qui sont les traits d’union entre les pensionnaires et la direction.

Au final, je vois tout ces protagonistes sur une photo de groupe, avec leurs vêtements excentriques qui affirment leur personnalité, leurs gris-gris et amulettes pour se protéger, leurs collections d’objets dérisoires et inutiles, leur regard bravache, parfois terriblement cruel (il y a des morts dans l’histoire), qui trahit toutefois leur désarroi, leur solitude et un terrible besoin d’affection.
J’ai eu du mal à me séparer de ces « Crevards pestiférés » : Sphinx, l’Aveugle, Fumeur, Roux, Sauterelle, Chacal Tabaqui, Vautour, Bossu, Putois, le Macédonien, Sirène, Rousse, Rate et tous les autres, au bout de plus de 900 pages mais qui se lisent comme du petit lait, pourvu qu’on accepte de rentrer dans cet univers singulier.
A mon avis, un grand livre sur l’adolescence. Ce n'est pas si fréquent les écrivains capables de créer un univers:D
Je termine en précisant que la couverture est très belle. Je trouve que la maison Monsieur Toussaint Louverture a une politique éditoriale tout à fait remarquable.

Mots-clés : #enfance #fantastique #initiatique
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Message par topocl Dim 12 Juil - 9:54

Ha! tu as pu en venir à bout!
perso, j'avais lâchée en cours de route, tout en reconnaissant la singularité de ce bouquin.

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Message par Tristram Dim 12 Juil - 13:26

J'en lirai peut-être aussi (au moins) une partie...

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Message par tom léo Dim 12 Juil - 17:04

Elle est Arménienne ou Russe? Elle écrit en quelle langue?
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Message par Tristram Dim 12 Juil - 17:13

D'après Wikipédia, c'est une Arménienne qui écrit en russe.

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Message par Burlybunch Sam 18 Juil - 10:55

Bravo et merci @ArenSor, ouvrage remarquable et parmi ceux qui resteront durablement marquants chez moi.
J'aurai je pense beaucoup de plaisir à le relire!
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Message par Pinky Sam 29 Jan - 14:20

Mariam Petrosyan 51-5jr11


Le livre m’a beaucoup intéressé, le mot est faible car on est happé dans un monde à part, un monde clos où des enfants et ados  « irrécupérables » mais surtout rejetés vivent en communautés encadrés par des éducateurs parfois presque aussi marginaux qu’eux. Ce sont des rapports parfois extrêmement violents allant  jusqu’à l’élimination qui voisinent avec une tendresse pour les plus handicapés qu’eux. Rivalités entre groupes, à l’intérieur des groupes sont parfaitement évoqués. Il semble bien que ce monde est connu  par l’auteur qui l’a côtoyé de près mais qui en a fait une œuvre de fiction. Ces sortes d’établissements fermés ont existé jusque tard dans le XXe siècle. J’avais trouvé un article sur la colonie de Mettray en Touraine où Jean Genet a séjourné et qui a fermé à la fin des années 1930. (Télérama : La Colonie de Mettray en Touraine : dans l'enfer du premier bagne pour enfants, (08/07/21) Télérama.
Référence littéraire pas évidente, peut-être du côté de Dickens et au cinéma Les Quatre cents coups ou peut-être Jean Vigo. Pour le sujet mais pas exactement pour la forme.


Extraits (je fais court car Arensor a développé le sujet)

Larry frappe Fumeur. Discussion entre Sphinx et Fumeur :

-
Pourquoi tu te fais taper dessus ?
- [….]
- Parce que selon toi, ça changerait quelque chose ?
- Bien plus que tu ne l’imagines


Chaque recoin de la Maison était hanté par les morts qui y avaient vécu. Chaque armoire abritait un squelette anonyme qui finissait d’y pourrir. Quand il y avait trop de spectres pour une pièce, ils commençaient à envahir les couloirs. Pour lutter contre ces importuns, on dessinait des symboles ésotériques sur les portes et on s’accrochait des amulettes autour du cou. On aimait ses propres fantômes, on les amadouait, on leur demandait conseil, on leur chantait des chansons et on leur racontait des histoires. Et ils répondaient par des inscriptions au savon et au dentifrice sur les miroirs, ou par des dessins à la peinture violette sur les murs. Il leur arrivait de murmurer à l’oreille de certains élus, quand ceux-ci prenaient une douche ou se montraient suffisamment téméraires pour passer la nuit sur le canapé du Croisement …. »


« Au cours de la soirée, une fillette entra dans sa chambre, vêtue d’un pyjama bleu, avec des cheveux aussi flamboyants qu’une fleur de pavot. Il n’avait encore jamais vu une chevelure d’un rouge aussi vif et n’aurait d’ailleurs jamais cru qu’il puisse en exister –à part peut-être chez les clowns. La fillette s’approcha de la fenêtre, tenant fièrement un bouquet de fleurs toutes plus étranges les unes que les autres. Elles illuminaient la pièce, comme si elle était le foyer d’un petit incendie. »

Noiraud dit que Lord est une sorte de psychopathe, qu’il a besoin de soins. Finalement Lord est emmené et chaque habitant de la chambre lui donne quelque chose :
«
en partant, Lord ressemblait à un  véritable épouvantail. Il portait le pull du Macédonien, compagnon fidèle d’innombrables heures de ménage ; la veste la plus extraordinaire de Tabaqui ; la ceinture de Larry ornée d’une boucle à tête de gorille ; un gant noir gauche, sans doigts ayant appartenu à Sphinx ; un collier de l’Aveugle avec un coquillage comme pendentif ; une plume de Nanette et, enfin un bavoir de Gros Lard qu’on fourra dans sa poche. Puis, je me souvins de l’amulette, censée contenir des fragments d’œufs de basilic, et je la lui offris aussi.
Pour son départ, personne ne l’accompagna au rez de chaussée. »


.
Les Siamois font des pièges à chats mais l’un d’entre eux est expédié dans le piège par Boiteux. Les Crevards Pestiférés s’introduisent dans une fête des grands. Sauterelle demande ce qu’ils écoutent
« Sauterelle lut l’inscription sur la serviette :
« Le zeppelin » déchiffra-t-il.
Les grands éclatèrent de rire
« Led ! Led Zeppelin ! »
Sauterelle rougit :
« Pourquoi « Led » ?
-Pourquoi pas ? Tu verras c’est un groupe génial, qui donne envie de tout casser ? même les vitres » répondit Gibbon, impassible. »

De retour dans la chambre, les autres Crevards demandent à Sauterelle ce qu’il a appris
« Bossu descendit de sa couchette. Il prit le papier des mains de Putois et le parcourut à son tour.
« Le zeppelin ? Qu’est-ce que c’est que ce charabia ?
- Bien sûr, je pourrais écrire qu’un pauvre petit paralytique veut s’adonner à l’aéronautique…marmonna Putois pensivement… »
.
. La bataille de boules de neige.
« Les filles répliquèrent bientôt par une véritable averse de projectiles. [….]. « Tu disais quoi à propos des filles tout à l’heure ? lui demandai-je ? (Tabaqui s’adresse à Lord). Qu’elles étaient …attends que je me rappelle …ah, oui, douces et ravissantes ? »
Après la bataille, deux filles Rousse et Mouche viennent leur rendre visite dans leur chambre.
«
Les filles avaient beau être chouettes, c’étaient quand même des filles. Et les filles, ça paralyse. On voulait tous paraître spirituels, seulement aucun bon mot ou repartie ne nous venaient. »
---
.
Dans la chambre des filles avec Femme à Chats, Sirène qui regarde tous les objets qu’elle a amassées : « un collier de coquilles de noix. Une pièce trouée. Une peau de citron sèche. Un bouton. Une serviette froissée et maculée de jaune d’œuf. Un bandeau en cuir. Un médiator. Elle en, avait volé certains, d’autres lui avaient été apportés par Femme à Chats. Seuls le collier et la pièce s’étaient retrouvés en sa possession de façon honnête. Sirène annonce qu’elle a choisi Sphinx comme amoureux mais qu’il ne le sait pas encore. »
.
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Message par Bédoulène Sam 29 Jan - 22:39

merci pour ton commentaire Pinky et pour les extraits

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Armor Lun 31 Jan - 17:13

J'avais tenté, à une époque, mais l'avais reposé. Je crois que c'est trop original pour moi !

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Message par Pinky Lun 31 Jan - 19:37

Armor, disons qu'il faut avoir envie de s'y plonger et supporter ce qui peut être assez dur car ces ados un peu déglingués ne sont pas toujours tendres.
Et pour plus de douceur, je poste mes remarques sur les Quatre sœurs
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Message par topocl Mar 1 Fév - 7:51

Armor a écrit:J'avais tenté, à une époque, mais l'avais reposé. Je crois que c'est trop original pour moi !

Moi aussi, je l'avais tenté et reposé. Il y a un désir de perdre sa lectrice auquel j'avais succombé.

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