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Yasmina Reza

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Message par Nadine Sam 3 Déc - 10:48

Yasmina Reza
née en 1959

Yasmina Reza Avt_ya10

Fille d'un ingénieur iranien et d’une violoniste juive de Hongrie arrivée en France pour fuir la dictature soviétique2, Yasmina Reza étudie le théâtre et la sociologie à l'université de Nanterre.

Ses pièces mettent souvent en scène des personnages contemporains, dont elles reflètent les défauts et le ridicule. Les premières, Conversations après un enterrement créée à Paris en 1987, puis « Art » (1994) connaissent un succès immédiat en France et aux États-Unis. Depuis, ses œuvres théâtrales ont été adaptées en plus de 35 langues et produites dans des théâtres de renom.

À partir de l'automne 2006, elle suit Nicolas Sarkozy pendant sa campagne électorale, afin d'écrire un livre-enquête4 intitulé L'Aube le soir ou la nuit, sorti le 24 août 2007.

Yasmina Reza a obtenu de prestigieuses récompenses et notamment certains des prix anglo-saxons les plus réputés : deux Laurence Olivier Awards (Royaume uni) et deux Tony Award (États-Unis) pour « Art » (1998) et Le Dieu du Carnage (2009). Le 3 novembre 2016, elle est lauréate du prix Renaudot pour son roman Babylone. Yasmina Reza est également auteur de romans et de récits.

Elle est également apparue comme actrice dans quelques films : Loin d'André Téchiné, Le Goûter chez Niels et À demain de Didier Martiny.

Bibliographie :

Romans
2002 : Adam Haberberg
2013 : Heureux les heureux
2016 : Babylone

Théâtre
1987 : Conversations après un enterrement
1990 : La traversée de l'hiver
1994 : Art
1995 : L'homme du hasard

Récits et essais
1997 : Hammerklavier
1999 : Une désolation


Dernière édition par Nadine le Dim 4 Déc - 14:51, édité 2 fois
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Message par Nadine Sam 3 Déc - 10:53

Le premier truc que j'ai découvert d'elle, c'est ART.

En en regardant une captation filmée dernièrement, je me faisais la reflexion suivante : à l'epoque , comme beaucoup ici, j'avais vraiment aimé, il y avait quelque chose de tout à fait neuf à s'emparer de ces trames. J'avais je crois l'impression que c'était la premiere fois qu'on soulignait ce jargon, qu'on le pointait, qu'on le brossait.
Or récemment, cela me frappait moins, le brio, et l'humour, même si j'ai eue encore beaucoup de plaisir à la voir jouée. Je me suis dis que sans doute les temps actuels avaient aplati la force qu'avait alors son pastiche.


Je vous conseille une lecture très drôle : "Comment vous racontez la partie".
Que j'ai ri, mon dieu, mais ri.
Je vis en province, et ai eue l'occasion d'essayer quelques rencontres littéraires. C'est peut-être mon expérience qui a enchanté à ce point cette lecture.
Reza est très fine observatrice.
Et le fond de ses confrontations ne manque pas de finesse non plus.
C'est un texte relativement court. Un sac de popcorn. Miam

Fabienne Pascaud dans Télérama, à sa sortie :
"Son dernier pari ? Mettre en scène sa propre détestation de se raconter, de participer à rencontres et débats, dans une satire brillante de nos pratiques médiatico-culturelles décentralisées. C'est en effet dans le bien nommé et sinistre « Espace polyvalent » de Vilan-en-Volène, à l'occasion d'un troisième cycle de samedis littéraires, qu'est invitée à discourir sur son oeuvre avec Rosanna Ertel-Keval — journaliste littéraire célèbre et snob (mais enfant du pays) — la romancière Nathalie Oppenheim, fraîchement auréolée du prestigieux prix Germaine-Beaumont pour Pays des lassitudes."


J'avais lu en diagonale son ouvrage consacré à Nicolas sarkozy, j'avais pas aimé. Son esprit semblait y être affadi.
Son roman Heureux les heureux, je n'avais pas non plus accroché.
Il me semble pourtant qu'elle est brillante cette femme.
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Message par topocl Mer 1 Fév - 10:05

Babylone
Prix Renaudot 2016

Yasmina Reza Image336

Élisabeth, sexagénaire discrètement désabusée, raconte son amitié avec  son voisin Jean-Lino.
Déjà, tout le livre est dans le choix de ce prénom, Jean-Lino : quelque chose de très ordinaire, vaguement vulgaire, discrètement décalé, censé faire rire.
De retour d'une soirée arrosée chez Élisabeth, Jean-Lino et son épouse se disputent (à partir d' un sujet tendance : faut-il manger les animaux ?), Jean-Lino se sent tout méprisé, et étrangle son épouse. Comment va réagir Élisabeth, comment va-t-elle aider Jean Lino? Cela va-t-il changer la vie d'Élisabeth ?

N'attendez pas un roman noir psychologique, avec un questionnement sur la faute et la responsabilité, c'est bien au contraire une galéjade, moyennement écrite, basée sur le principe de mettre un petit décalage dans des personnages ou des situations super-ordinaires et d'en tirer un effet comique. (d'où un mari en  caleçon-jupette rose, un cadavre qu'on tasse dans une valise, et autres trucs super marrants...). On se coltine même 17 pages de  dialogue ininterrompu avec l'avocat, totalement creux (l'adaptation théâtrale est servie sur un plateau).

Yasmina Reza n'en reste pas là, il faut bien "donner du sens" .
Le récit est truffé de souvenirs,  réminiscences et coqs à l'âne parlant d'une enfance et d'une adolescence ordinaires, de personnes âgées, mortes ou dépendantes,  de questions et remarques pseudo philosophiques (Qui peut déterminer le point de départ des choses ?/ Qui peut se dire en sécurité ? Tout est incertain. C'est la condition même de l'existence.). Il s'encombre de la description de photos de Robert Frank, qui n'ont rien à voir avec la choucroute (c'est peut-être le plus grand mérite de ce livre de m'avoir  fait découvrir ce photographe, voir ci dessous) , ainsi que d'une citation biblique, arrivée comme un cheveu sur la soupe, et qui donne son titre  à l'ouvrage (l'exil, vous l'aurez compris), ce qui achève de le rendre bien snob.


Mais bon, ce livre a eu le prix Renaudot...  Peut-être se cache-t'il quelque chose derrière? Les choix qui ont donné naissance à ce livre sont sans doute l'absurde et l'expression de la vacuité. Il y a  en Babylone, , en fouillant bien (oui il faut une bonne pioche),quelque chose d'Houellebecq, comme un regard désabusé sur le monde, une ironie qui se veut mordante, une moquerie de la convention et du renoncement petit-bourgeois, l'expression d'un désespoir à travers un humour décalé. Mais là où Houellebecq nous claque avec cynisme et nous laisse anéantis, Yasmina Reza choisit une  facilité boulevardière où le sens se perd.

Yasmina Reza Jehova10
 

Yasmina Reza Robert10

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Message par animal Mer 1 Fév - 12:38

(j'avais utilisé la deuxième chez Hammett peut-être ?)

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Message par Nadine Mar 14 Jan - 20:52

Je n'ai pas lu celui dont tu parles, topocl. ça donne pas trop envie. Je crois que ses textes peuvent avoir un caractère assez inégal.


Celui que j'ai relu ces jours derniers est sans doute de ceux écrits en confiance, en confiance envers sa pertinence et son caractère, j'imagine,  catharsistique. Cela est induit parfois dans le texte.
je l'ai beaucoup aimé, ce livre,ou plutôt , j'ai beaucoup aimé le fréquenter trois soirs durant. A la nuitée. Apparemment, si je me crois, plus haut, la premiere lecture, transversale, m'avait saoulée. Je devais chercher l'analyse de Sarkozy, sans recevoir le ton propre de la narratrice.

J'aime beaucoup Reza, c'est dit.
j'ai lu trois trucs, c'est un peu court. Tant pis.

Au diable de saisir si son talent est réel ou non : elle ôte en moi, précisément, toute velléité à être snob, à prendre garde.
Je préfère me nourrir à sa mamelle plutôt qu'à celle de Marie Claire.
Partant de là, la question de son talent est pour moi superflue. Elle peut me parler comme une amie.
Et je lui en prête beaucoup de talents. Celui de la sincérité, notamment.
Pas du génie, mais de la valeur.


L'aube le soir ou la nuit

Yasmina Reza L-aube10

Reza suit Sarkozy lors de sa campagne présidentielle, en 2007.
Elle dédie son livre à "G". Et secret de polichinelle c'est à Strauss Kahn , en réalité et dans les faits, qu'elle le dédie. Qu'elle le dédicace. G c'est DSK.
Le dit Strauss Skahn a été son amant. "Marie Claire" en a parlé des mois après la sortie du livre, longtemps après. On n'est pas censé le savoir, donc.


Donc.
Reza a été happée par le génie de DSK. (Pardon, "G"), homme fascinant, animal politique.
(Sans la version veule.DSK. Avec la version queue quand-même, apparemment, pardon c'est facile. Mais elle témoigne d'un homme, plus admirable que violent dans ses pulsions qu'on, nous, lecteur averti, traque en vain. Elle ne parle d'ailleurs pas de sexe ou d'amour. Elle intellectualise , elle sublime, ou je ne sais quoi. Elle écrit pour dépasser cette rencontre. ça, oui :c'est dit.

Elle est intriguée bouleversée par la force des vocations tournées vers le pouvoir.
Elle demande à G d'écrire sur lui, de l'observer, de tenir un "journal de l'exercice politique",il décline. Il lui suggère Sarkozy.
Elle propose à Sarkozy, il accepte.

Voilà toute l'histoire.

ça donne un livre pas vraiment roman, ni essai, un livre- journal.Avec une construction chronologique et non journalistique. L'intériorité de l'auteur prime pas mal.

et là je cite , grâce à Tristam, Saer :

« Créer un objet capable d’embrasser ce que spécialistes et profanes ont en commun : ainsi peut se résumer la fonction de la littérature. […]

plus nous [les] mettons en valeur [les détails], plus nous tâchons d’éclairer l’image que nous voulons donner, et plus nous procurons de plaisir à notre destinataire, qui du seul fait de les évoquer, les reconnaît comme siens.

Le but de l’art n’est pas de représenter l’Autre, mais le Même.

Le terrain le plus favorable à l’Autre, c’est, bien qu’à première vue cela paraisse contradictoire, l’accidentel et le stéréotype : l’accidentel, parce qu’il n’exprime que les contingences extérieures, la résolution purement technique des actions humaines, et le stéréotype, parce qu’il est la cristallisation stylisée, dorénavant indépendante de l’imaginaire, de ces accidents. »


Or,si l'on en croit Saer, j'ai aimé reconnaitre, à un niveau trivial de l'analyse textuelle, le personnage public de Nicolas Sarkozy. On sait qu'elle prend des notes sur lui, on le voit autant qu'elle le voit, la chose publique, le personnage public, ça prend corps. J'ai aimé qu'elle l'observe simple homme, et curieux homme.


un tableau hétérogène.

Evidemment elle a été cassée : écrire sur un candidat de droite, what the shame. Elle a même dansé avec lui. Il y a des vidéos.

"Oui. bah Moi j'ai lu Attali. Shame"

"T'as compris ?"

Je conseille. Si ça vous tente.

Il n'est jamais trop tard. Une des premières choses que m'ait dites G. Je l'ai entendue comme il n'est pas trop tard, je n'ai pas pris garde au jamais.
Il a tord. Aucun espace de la vie ne s'ouvre à perte de vue.


Mon cahier des jours derniers. Que des répétitions. Dans mon cahier, les jours s'égrènent et se confondent, frénésie monotone où cependant l'histoire s'écrit.
Il n'y a pas de lieux dans la tragédie. Il n'y a pas d'heures non plus. C'est l'aube, le soir, ou la nuit.
A mon humble avis, Reza réfère à ce ténu fil qu'elle poursuit , quasi passive, à transcrire son suivi d'un homme politique. Elle traque le sens des existences qui se passent des autres , par vocation plus extrème.
Pour moi c'est un livre sur le chemin des désamours. Sarkozy est une figure au sens fort. Pas le sujet.
Ce qui n'empêche une foule d'anecdotes assez amusantes sur ces exercices du pouvoir.

"Bon, je suis là à reculons", dit-il, enlevant sa veste, rue curvier, dans une salle du Museum d'Histoire Naturelle, inaugurant ainsi la rencontre privée avec les ONG écologiques. "Beaucoup de mes amis ne voulaient pas que je vienne, pensant qu'il y avait un côté humiliant...Je veux bien discuter mais il suffit pas qu'on me balance des tracts et qu'on me dise, signe, signe, signe. Des à  priori, j'imagine que j'en ai moins que certains d'entre vous à mon égard..."

Sur ce la discussion s'engage, de façon plutôt constructive, de part et d'autres. Un peu plus tard, un intervenant, croyant lui donner acte : "Vous n'êtes pas un facho, et on n'est pas des baba-cool...
-Mais ça n'a rien à voir ! Baba cool : c'est sympa . Vous vous rendez-compte, le point d'hystérie de la politique française pour qu'on en arrive là ! "
Dans un article de l' Express qui lui est consacré, je trouve cette expression dont la justesse me frappe,  cette authenticité antipathique... Justesse des termes et de leur rapprochement dans cet ordre."


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Message par Nadine Mar 14 Jan - 21:05

Ah ya un bugg, je n'arrive pas à modifier le nom du fil qui a changé, si un modo passe par là... Le fil s'appelle "YASMINA REZA".j'ai dû faire une fausse manip, involontairement, juré craché


Dernière édition par Nadine le Mar 14 Jan - 21:07, édité 1 fois (Raison : J')
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Message par Cliniou Mar 14 Jan - 21:52

J’ai lu Art et Carnage. Le second est délectable dans le crescendo pourri de l’humain.
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Message par Armor Mar 14 Jan - 22:06

Nadine a écrit:
"Oui. bah Moi j'ai lu Attali. Shame"
Il semblerait que tu aimes vivre dangereusement, Nadine. Yasmina Reza 1390083676

(bug réparé)

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Message par Nadine Mer 15 Jan - 19:51

Merci Armor pour la rectification du bugg.

Tu dois avoir raison , hihi, sinon, sur le risque et la vie que je mène. Wink
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Message par Nadine Mer 15 Jan - 19:53

@Cliniou, j'ai regardé c'était quoi, Carnage, je vois : piece de théâtre, dans la lignée d'Art mais avec un corpus de personnages relié à la parentalité et la défense des rejetons, pugilat etc

hu hu. J'aimerais assez la voir.

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Message par Bédoulène Jeu 4 Fév - 14:25

Serge

Yasmina Reza 413-fa10

Dédicace : "À mon Vladichka    À Magda et Imre Kertész, amis chéris"

 
 
Jean, Anna (Nana pour la famille) et Serge, une fratrie, une famille d'origine juive ; le père est disparu il y a quelque temps et la mère malade s'éteint aussi.

"Assis au bord du lit matrimonial dans la chambre sombre quelques mois plus tard, Serge avait dit, tu veux être enterrée où maman ?
      — Nulle part. Je m’en fiche pas mal.
      — Tu veux être avec papa ?
      — Ah non pas avec les juifs !
      — Tu veux être où ?
— Pas à Bagneux.
      — Tu veux être incinérée ?
      — Incinérée. Et on n’en parle plus.
      On l’a incinérée et on l’a mise à Bagneux dans le caveau des Popper. Où d’autre ? Elle n’aimait ni la mer ni la campagne. Aucun endroit où sa poussière aurait fait corps avec la terre."


Il y a aussi le cousin Maurice et les enfants de Nana et Ramos (Victor et Margot), la fille de Serge (Joséphine) ; les ex de Serge et Jean.

Le narrateur, Jean, est à la piscine avec Luc l'enfant de Marion son ex-maîtresse, il aime beaucoup cet enfant différent et aime s'occuper de lui.

"Il sautillait en faisant le bruit, tchout tchout tchout, sans se lier avec des amis. Je restais un peu, en retrait à regarder à travers la grille. Personne ne lui parlait.
      J’aime bien ce gosse. Il est plus intéressant que d’autres. Je n’ai jamais su exactement qui j’étais pour lui. Pendant un temps il me voyait dans le lit de sa mère. Je garde un lien avec Marion pour ne pas le perdre lui. Mais ça je ne pense pas qu’il le sache. Et ce n’est peut-être pas complètement vrai. Il m’appelle Jean. C’est mon nom. Prononcé par lui, il a l’air encore plus court"


Alors que Serge, superstitieux, se demande comment renouer avec Valentina qui l'a quitté récemment :

"Elle farfouille dans la valise, trouve le Ganesh protecteur qu’il croyait avoir mis à l’abri au creux d’une manche et le projette de toutes ses forces sur le carrelage de la cuisine. La statuette vole en éclats. Serge contemple le dieu désagrégé. Passé la seconde d’horreur et de sidération, il s’accroupit pour ramasser fébrilement tous les morceaux, tous, y compris les plus infimes, y compris la poussière de terre qu’il met dans un torchon.
Qu’avait-il déclenché en jurant sur la tête de sa fille ? N’avait-il pas attiré sur l’enfant des forces maléfiques ? Il avait en tête l’image vague de serpents s’enroulant autour des jambes de la personne désignée. Comment annuler ces paroles irréfléchies ? Elles avaient répondu à l’urgence du moment, elles comptaient pour du beurre ! Que faire pour que rien ne s’abatte sur Joséphine ? Il allait booster son propre système de conjuration.
Et tandis qu’à quatre pattes dans la cuisine il furète sur le carrelage, il se sent comme délivré d’un poids terrible. Je suis puni, pense-t-il, c’est moi Serge Popper qui suis puni et non ma fille innocente ! C’est pourquoi il ramasse avec tant de soin le Ganesh en miettes, convaincu de la clémence et de la persistance des forces de la divinité modifiée. "

La  fille de Serge, Joséphine  convainc la fratrie de l'accompagner à Auschwitz. Lors de ce voyage Nana et Serge, qui fera la gueule pendant toute la visite du camp, se disputent  à propos de l'attitude de son fils Victor. Retour morne. Ce que chacun aura retenu ou pas de ce retour dans le passé restera personnel. Mais Nana et Joséphine se sont intérêssées, quant à Jean, comme le lui reproche Nana il est le "dévot" de Serge et s'est donc attaché à le réconforter.

"Je retourne m’asseoir au volant. Serge fume. Je dis, c’est la Judenrampe.
      — C’est quoi la Judenrampe ? Vous me faites chier avec la Judenrampe.
— C’est là où les juifs sont arrivés en grande majorité.
      — Bon. Je la vois. Je vois tout ça de la bagnole.
      — Je te dis juste ce que c’est.
      — Elles font chier à vouloir bouffer du malheur toutes les deux.
      — Tu pourrais être plus gentil avec Jo.
      — C’est une obsessionnelle. Hier l’académie de sourcils, aujourd’hui l’extermination des juifs. Tout le monde doit rentrer dans ses délires. En dehors de ça c’est une fille qui ne donne pas signe de vie sauf quand elle veut de l’argent ou un appartement."

Nana à Serge : "— Tu pourrais juste humblement regarder. Non, il faut constamment que tu te démarques. Qu’est-ce que tu veux prouver ? Que tu as déjà intégré tout ça ? Que tu n’es pas un touriste ? On a compris que tu étais là à reculons. Tu n’as pas besoin de le faire savoir à chaque instant. Moi je regrette, j’ai pris l’avion pour Cracovie pour voir de mes yeux les lieux où des milliers de gens sont morts abominablement, des gens de notre famille des gens avec qui on aurait pu être liés. Serge Popper a tiré les leçons de l’horreur, tant mieux, je te félicite, mais pas moi, et pas ta fille. Et Jean on ne sait pas, il est ton dévot. Mais si, tu es son dévot "


Jean : " Je vois Nana toute seule à l’avant, la bandoulière rouge lui barre le dos. Je suis pris d’un élan pour cette petite femme vieillie. Il s’en faut de peu que je coure lui faire peur et l’embrasser dans le cou. Mon frère et ma sœur je nous vois sur cette route bordée de cheminées et de pierres mortes et je me demande ce qui nous a fait tomber fortuitement dans le même nid, pour ne pas dire dans la vie même."

Au retour le quotidien revient avec , les interrogations sur le sens de leur vie ; réussite ou échec ?

Bref comme dans toutes les familles des partages ou des reproches, des rancunes que se soit dans la fratrie ou dans la parentèle. Mais quand Serge apprend qu'il a un cancer, ils sont trois à attendre dans le couloir de l'hôpital, le lien fraternel qui n' était que distendu se ressere.

" Nous sommes trois dans le bunker. Collés au mur sur la banquette industrielle, les trois enfants Popper. Nous serons toujours pour nous-mêmes les trois enfants Popper.
      Nana dit, la dernière fois qu’on était ensemble c’était à Auschwitz, maintenant PET-scan à Madeleine-Brès. Il faudrait qu’on trouve un truc plus marrant à faire.
      Il se tourne vers elle (il est assis au milieu), l’attire à lui par sa queue-de-cheval et l’embrasse dans le cou.
Elle se déporte pour se presser contre lui et lui caresser le dos de la main mais ces sièges ne sont pas faits pour l’intimité"


Une très bonne lecture.  Est-il besoin de visiter les lieux de cette tragédie pour accomplir notre devoir de mémoire ? me semble que c'est la question que pose Serge implicitement.

Qu'en est-il de nos liens familiaux ?  

De beaux portraits des personnages. Les extraits sont parlant je pense.
 


Mais je pense que topocl vous en dira plus.

Je lirai encore cette auteure que je rencontre pour la première fois.


Mots-clés : #deuxiemeguerre #devoirdememoire #famille #fratrie

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Message par Tristram Jeu 4 Fév - 15:41

Popper : allusion à Karl (ou les euphorisants, ou les leurres) ?

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Message par Bédoulène Ven 5 Fév - 0:01

aucune idée Tristram !

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Message par Nadine Ven 5 Fév - 21:15

Je ne connais pas cet ouvrage mais je suis contente que tu aies aimé, Bédou. J'ai de la tendresse pour l'écriture de cette femme, qui est fine. Assez subtile et simple tout à la fois. ^^
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