Patrice Desbiens
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Patrice Desbiens
Patrice Desbiens
Né en 1948
Né en 1948
Patrice Desbiens est le poète beat du Canada français le plus illustre et prolifique. En publiant de façon presque exclusive à Prise de parole, une maison d’édition franco-ontarienne basée à Sudbury, jusqu’en 2007, Patrice Desbiens fait son coming-out québécois en publiant six recueils de poésie à la maison d’édition montréalaise d’inspiration surréaliste L’Oie de Cravan. Nous apprenons dans un article du journal Le Devoir consacré à son intention qu’il demeure à Montréal depuis 1993. Il avait bien publié Amour ambulance aux Écrits des forges en 1988 (maison d’édition basée à Trois-Rivières), mais la consécration québécoise est venue bien tardivement… L’avant-garde poétique québécoise des années 2010 lui reconnaît une influence prégnante.
Dans ce cas, à l’instar de Gabrielle Roy, Patrice Desbiens est inclassable. La voix de la raison me dit qu’il peut être considéré comme un poète québécois. Toutefois, mon côté sentimental le place parmi les poètes canadiens français. De plus en plus, Patrice Desbiens émaille ses recueils poétiques de références poétiques et littéraires québécoises. Il conçoit donc écrire dans ce cadre-là, ce qui peut l’inclure dans un corpus de poésie québécoise.
Bibliographie
Récits poétiques
1974 : Ici, Editions à Mitaine,
1977 : Les conséquences de la vie, Prise de parole,
1979 : L'Espace qui reste, Prise de parole,
1981 : L'Homme invisible, Prise de parole,
1983 : Sudbury textes 1981-1983, Prise de parole,
1985 : Dans l'après-midi cardiaque, Prise de parole, Finaliste du Prix du Gouverneur général,
1987 : Les cascadeurs de l'amour, Prise de Parole,
1988 : Poèmes anglais Prise de parole,
1988 : Amour ambulance, Écrits des forges,
1995 : Un pépin de pomme sur un poêle à bois, Prise de parole, Prix Champlain,
1997 : L'effet de la pluie poussée par le vent sur les bâtiments, Docteur Sax,
1997 : La fissure de la fiction, Prise de Parole,Prix de poésie des Terrasses Saint-Sulpice,
1999 : Rouleaux de printemps, Prise de parole,
2001 : Bleu comme un feu, Prise de parole,
2002 : Hennissements, Prise de parole,
2004 : Grosse guitare rouge, livre cd avec René Lussier, Prise de parole,
2005 : Désâmé, Prise de parole,
2007 : En temps et lieux, L'Oie de Cravan,
2008 : Homme invisible (L') / The Invisible Man suivi de Les cascadeurs de l'amour, Prise de parole,
2008 : Décalage, Prise de parole,
2008 : En temps et lieux 2, L'Oie de Cravan,
2009 : En temps et lieux 3, L'Oie de Cravan,
2011 : Pour de vrai, L'Oie de Cravan.
2013 : Les abats du jour, L'Oie de Cravan.
2015 : Vallée des cicatrices, L’Oie de Cravan
2016 : Le quotidien du poète, Prise de parole
Document audio
1985 : La cuisine de la poésie présente: Patrice Desbiens, Prise de parole
1999 : Patrice Desbiens et les moyens du bord, avec René Lussier, Guillaume Dostaler, Jean Derome et Pierre Tanguay, Prise de parole
1999 : Ambiance Magnétique, CD[/spoiler]
#poésie #québec
Dernière édition par Jack-Hubert Bukowski le Jeu 29 Déc - 9:31, édité 5 fois
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Patrice Desbiens
Un pépin de pomme sur un poêle à bois (1995) :
S’il y a un recueil de Patrice Desbiens qu’il faut lire pour le comprendre et l’accompagner sur les deux versants de sa quête poétique, c’est bien celui-là. Dans Un pépin de pomme sur un poêle de bois, la poésie est narrée au point de prendre forme dans un récit continu. Le résultat pour sobre qu’il apparaisse quand on l’examine sous toutes ses coutures n’en est pas moins mû par une émotion qui nous saisit à tout instant, quand on s’y attend le moins. Lorsque nous ouvrons un recueil de Patrice Desbiens, nous sommes vite avertis par le rythme de la lecture. Dans ce recueil, la poésie, le récit, prennent des longueurs même si elles sont invraisemblables tellement la brièveté des vers entrecoupe ce qui s’inscrit dans la longueur des réminiscences des souvenirs immémoriaux. Patrice Desbiens use de tendresse et d'humour pour nous communiquer avec vivacité d’esprit ce dont il nous entretient en tant que matière poétique.
Je me répète.
Je vous répète.
Je suis en dette.
Je suis l’écho de ma
génération.
Pauvre poisson.
Encore les écailles
Ébouriffées.
Regarde maman :
On me donne de l’argent
pour écrire des poèmes.
Regarde maman :
On me donne de l’argent
pour lire des poèmes.
Tout est si beau.
L’écriture nous coupe aux
genoux comme
une faux.
Tout ceci est si faux.
Mais on continue
quand même.
mots-clés : #poésie
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Patrice Desbiens
J'avais été assez déçu par ma tentative et déçu sans doute car je n'avais pas ressenti de geste particulier par rapport à la langue. A part que ce n'était pas en anglo-américain. Il me faut plus de croquettes dans ma gamelle !
En temps et lieux
Je ne peux pas dire que je regrette ma lecture car il y a des passages qui me plaisent mais c'est le genre d'objet qui me renvoie directement à mes réserves et à mes doutes quant au genre ou à l'icône poésie.
Le recueil m'est apparu inégal. Indépendamment d'une forme contemporaine à l'américaine "beat" ou "post-beat" mais pas trop et nativement en français. Peu de mots, fluidité pour fixer l'instantanéité d'une vision ou du moment d'un souvenir. La femme, la ville, quelques rimes parfois envahissantes ou aux airs superflus, décalées ?
Pas simple de dire pourquoi un poème plutôt qu'un autre va mieux fonctionner dans l'exercice répétitif du recueil. L'exotisme nord américain joue probablement un rôle mais ce n'est pas sûr. En effet qu'y aurait-il d'absolument typique là-dedans ? Rien que quelques régionalismes de vocabulaire ou décor, de noms de lieux.
Ce qui ramène à l'objet. C'est un beau petit livre, de qualité mais qu'y a-t-il dedans ? Rien d'extraordinaire. Les qualités sont celles du commun, les défauts ceux de l'anecdote. Mais l'accumulation. La poésie, le recueil, m’apparaît encore comme l'accumulation de peu, trop peu, dont l'étiquette devrait suffire à placer au-dessus le contenu, le sauver et sauver son lecteur. Et ça je n'y crois pas.
Peut-être l'effet d'une drogue d'une illusion que la brièveté rend accessible ? Il y a des choses qui me plaisent, d'autres qui ne m'intéressent pas et un je ne sais quoi qui me met sur la défensive.
(Dix pages de prose narrative alimentaire correcte valent au moins trois pages de "poésie").
En temps et lieux
Je ne peux pas dire que je regrette ma lecture car il y a des passages qui me plaisent mais c'est le genre d'objet qui me renvoie directement à mes réserves et à mes doutes quant au genre ou à l'icône poésie.
Le recueil m'est apparu inégal. Indépendamment d'une forme contemporaine à l'américaine "beat" ou "post-beat" mais pas trop et nativement en français. Peu de mots, fluidité pour fixer l'instantanéité d'une vision ou du moment d'un souvenir. La femme, la ville, quelques rimes parfois envahissantes ou aux airs superflus, décalées ?
Pas simple de dire pourquoi un poème plutôt qu'un autre va mieux fonctionner dans l'exercice répétitif du recueil. L'exotisme nord américain joue probablement un rôle mais ce n'est pas sûr. En effet qu'y aurait-il d'absolument typique là-dedans ? Rien que quelques régionalismes de vocabulaire ou décor, de noms de lieux.
Ce qui ramène à l'objet. C'est un beau petit livre, de qualité mais qu'y a-t-il dedans ? Rien d'extraordinaire. Les qualités sont celles du commun, les défauts ceux de l'anecdote. Mais l'accumulation. La poésie, le recueil, m’apparaît encore comme l'accumulation de peu, trop peu, dont l'étiquette devrait suffire à placer au-dessus le contenu, le sauver et sauver son lecteur. Et ça je n'y crois pas.
Peut-être l'effet d'une drogue d'une illusion que la brièveté rend accessible ? Il y a des choses qui me plaisent, d'autres qui ne m'intéressent pas et un je ne sais quoi qui me met sur la défensive.
(Dix pages de prose narrative alimentaire correcte valent au moins trois pages de "poésie").
_________________
Keep on keeping on...
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Patrice Desbiens
Amour ambulance :
J'ai pris le temps de lire, reposer et reprendre la lecture d'Amour ambulance. Patrice Desbiens s'y révèle dans les thèmes qu'il chérit. Nous pourrions dire à la limite qu'il incarne un autre genre de La marche à l'amour de Gaston Miron, version beat. Il est très porté sur la sonorité des choses, il joue beaucoup des rimes et on peut comprendre la réticence toute naturelle d'un Animal. Il y a quand même des perles qui ressortent.
Alors, autant parler d'autos...
J'aime bien les motifs et les métaphores que Patrice Desbiens laisse transparaître.
Patrice Desbiens renchérit et de belle façon :
Il y a une musique qui est caractéristique de la patte à Desbiens :
Il y a une belle séquence concernant Aimée et un long poème qui clôt le recueil. Je me contenterai pour le moment de revenir à Aimée :
Et on se demande d'où nous vient un poète de la jeune génération à l'instar de Daniel Leblanc-Poirier. Il y en a plein des comme lui et elle et ça nous vient tout droit de l'héritage de Patrice Desbiens.
J'ai pris le temps de lire, reposer et reprendre la lecture d'Amour ambulance. Patrice Desbiens s'y révèle dans les thèmes qu'il chérit. Nous pourrions dire à la limite qu'il incarne un autre genre de La marche à l'amour de Gaston Miron, version beat. Il est très porté sur la sonorité des choses, il joue beaucoup des rimes et on peut comprendre la réticence toute naturelle d'un Animal. Il y a quand même des perles qui ressortent.
3
Ton amant est toujours
là comme
la température et
je suis l'hypoténuse
de ce rêve rectangle.
Tu es belle comme
une ruelle.
Alors, autant parler d'autos...
3
Le bruit que fait
une voiture.
Le bruit qu'elle fait
quand on est à l'intérieur.
Le bruit qu'elle fait
quand on l'entend venir.
Le bruit qu'elle fait
quand elle frappe un homme
le long d'un chemin de frontière
la nuit.
J'aime bien les motifs et les métaphores que Patrice Desbiens laisse transparaître.
7
C'est la solitude
folle et froide
au creux du cœur.
Le cerveau exposé comme
un chou-fleur dans une
épicerie.
La noirceur s'acharne
à l'unique fenêtre.
C'est la solitude
belle et lente
comme une chatte.
Éponge de sang et
la mer à boire.
Patrice Desbiens renchérit et de belle façon :
4
La pluie danse
sur tous les
temps.
L'Arc-de-Triomphe
de tes jambes
dans un pays
qui n'existe que
dans les cartes postales.
Tu es vraie
comme le sang
comme la lune au-dessus
d'un centre d'achats.
Mes mains sont
des animaux frileux
qui grelottent à ta
porte.
Il y a une musique qui est caractéristique de la patte à Desbiens :
8
Tout est si bien
mesuré et
posé.
Seulement la chair
est imprécise.
La cuisine tranquille
la nuit qui se frotte
aux fenêtres comme
un chat noir.
La seule métaphore
qui marche encore
est toi
ou
moi.
Il y a une belle séquence concernant Aimée et un long poème qui clôt le recueil. Je me contenterai pour le moment de revenir à Aimée :
UNE PROMENADE AVEC AIMÉE
Je marche le long des rues
de Sudbury avec Aimée.
Il y a des hommes qui la
regardent.
Ils ont des planchers de danse
dans les yeux.
Ils ont des trous de mines
dans le cœur.
Ils demandent tous
ce qu'un bum comme moi
fait avec une belle fille
comme elle.
Et on se demande d'où nous vient un poète de la jeune génération à l'instar de Daniel Leblanc-Poirier. Il y en a plein des comme lui et elle et ça nous vient tout droit de l'héritage de Patrice Desbiens.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
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Re: Patrice Desbiens
Décalage :
J'ai pris l'occasion d'un de mes achats de Patrice Desbiens pour le relire. J'y ai fait des découvertes qui allaient dans le sens de ce que j'avais découvert à propos de l'influence de Lorca dans son oeuvre. Je ne pense pas qu'il s'agit ici d'un des meilleurs recueils qui le concernent, mais Patrice Desbiens se cite bien à l'occasion.
Tout d'abord, l'influence des Jack Kerouac, Denis Vanier et Josée Yvon :
Dans la même suite poétique plus loin :
Ce poème est très emblématique de l'écriture de Patrice Desbiens :
Puis, cet indice :
Comme vous voyez, Patrice Desbiens est souvent un adepte de la poésie brève. Il y a beaucoup de jeu dans ses vers, des références qui s'échangent entre les lecteurs et lui. Il a été un produit de l'époque à laquelle il a vécue, c'est-à-dire allant du passage des Denis Vanier et Josée Yvon à la rencontre internationale Jack Kerouac qui a eu lieu à Québec du 1er au 4 octobre 1987.
J'ai pris l'occasion d'un de mes achats de Patrice Desbiens pour le relire. J'y ai fait des découvertes qui allaient dans le sens de ce que j'avais découvert à propos de l'influence de Lorca dans son oeuvre. Je ne pense pas qu'il s'agit ici d'un des meilleurs recueils qui le concernent, mais Patrice Desbiens se cite bien à l'occasion.
Tout d'abord, l'influence des Jack Kerouac, Denis Vanier et Josée Yvon :
Dignes comme des cygnes et
gelés comme des pingouins
Josée Yvon et
Denis Vanier
glissent le long de
la rue Saint-Jean.
Josée Yvon porte
un t-shirt de
Jack Kerouac
tellement trop petit
tellement serré sur
elle qu'on voit son
coeur battre et
Denis derrière
qui sourit sans
explications.
Dans la même suite poétique plus loin :
Devant le Fou-Bar
un cortège funèbre
descend la rue Saint-Jean
comme une parade malade
comme un fleuve de
chair fatiguée et floue
qui chatouille les chevilles
des piétons qui
sourient jaune
en se noyant
dedans.
Ils sourient jaune
et jeunes et jolis.
et
Jack where's Jack
et
ils ont tous lu
un de ses livres
au moins une fois
dans leurs
petites pack-sacks
de vies.
Ce poème est très emblématique de l'écriture de Patrice Desbiens :
À Timmins
à une danse d'école
les Fallen Leaves
jouent du Hendrix
dans un gymnase
qui sent le sexe et
la statue de sel.
Les gars regardent
les filles
les filles
regardent le chanteur
je regarde le
batteur.
J'ai des années
et des années
j'ai les plis infinis
d'un nouveau-né
je porte tous
les manteaux d'hiver
de ma vie.
Je regarde le
batteur.
Je ne danse pas.
Puis, cet indice :
De Cochrane à Kandahar
toutes les lunes
de Lorca
nous lorgnent.
De Kandahar à Kapuskasing
le monde s'émonde
sans rancune
aucune.
Le monde s'émonde
Le monde s'émiette
et à Timmins
un bulldozer
rase le
Bucovetsky's.
Il n'y a pas de
décalage.
Comme vous voyez, Patrice Desbiens est souvent un adepte de la poésie brève. Il y a beaucoup de jeu dans ses vers, des références qui s'échangent entre les lecteurs et lui. Il a été un produit de l'époque à laquelle il a vécue, c'est-à-dire allant du passage des Denis Vanier et Josée Yvon à la rencontre internationale Jack Kerouac qui a eu lieu à Québec du 1er au 4 octobre 1987.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Patrice Desbiens
j'aime énormément !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Patrice Desbiens
Bleu comme un feu :
Patrice Desbiens est un poète vers qui je reviens. Bleu comme un feu est un de ces petits recueils de Desbiens qu'on déguste.
Il y a un doux sarcasme avec Desbiens :
Desbiens est drôle dans ce qu'il écrit :
C'est très songé, ce qu'il dit :
Emblématique du bleu :
Il y a un poème qui clôt le recueil, du moins l'avant-dernier, qui vaut le coup d'oeil. Je vous encourage à lire le recueil, comme la plupart de ceux de Desbiens.
Patrice Desbiens est un poète vers qui je reviens. Bleu comme un feu est un de ces petits recueils de Desbiens qu'on déguste.
la guerre la serre
dans ses bras et
elle vole en éclats
comme un violon
avec les cordes
qui mordent le
silence et
son corps qui
compte la cadence
et la décadence
et
p. 12
Il y a un doux sarcasme avec Desbiens :
Elle est si béate
elle est si bête
elle est si cuite
elle est si coït
elle est si couette
elle est si écluse
elle est si cool
elle câline le ciel et
couche avec
Caligula
p. 28
Desbiens est drôle dans ce qu'il écrit :
Elle aime trop
elle aime tout.
Elle aime la terre comme
une roue.
Elle monte les marches
elle marche dans ses
jambes.
elle marche dans mes
jambes.
p. 36
C'est très songé, ce qu'il dit :
Elle me regarde
de par
en dedans.
Est-ce que
je broie le noir
ou
est-ce le noir
qui me
broie?
p. 54
Emblématique du bleu :
Elle brûle si bleue
Elle brûle si dure
Elle brûle si pure
Elle brûle pour deux et
même si
elle brûle si peu
elle brûle si brave
elle brûle sans broncher
p. 57
Il y a un poème qui clôt le recueil, du moins l'avant-dernier, qui vaut le coup d'oeil. Je vous encourage à lire le recueil, comme la plupart de ceux de Desbiens.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Patrice Desbiens
merci pour les extraits Jack !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Patrice Desbiens
Les abats du jour (2013) :
Je vais en parler différemment. Ce recueil m'a rejoint d'une façon que Patrice Desbiens a su matérialiser :
Sans nous prévenir :
Voilà pourquoi j'aime Desbiens :
That's why :
Je skippe la prochaine page qui parlait d'Hubert Aquin - encore :
Et on se demande d'où vient cette chanson que nous fredonnons :
Pour conclure, le bus :
Je vais en parler différemment. Ce recueil m'a rejoint d'une façon que Patrice Desbiens a su matérialiser :
«L'innocence»
C'était une déesse grecque
née à St-Tite
et
elle est toujours
belle
toujours
et
À un lancement
je lui montre les
poèmes neufs que
j'ai faits avec les vieux
poèmes qu'elle a transcrits
à Québec dans
les années 60
poèmes que j'ai reprisés
comme des vieux
chaussons
Elle est avec sa fille
qu'elle a eue avec un
des innombrables
dieux grecs et
elle dit
on était si innocents
où est l'innocence?
et
devant le silence poétique
de mon silence
elle fige comme
une statue grecque
en plein festival western
de St-Tite
et
elle est toujours
belle
toujours
p. 17-18.
Sans nous prévenir :
LE GRAND MALAXEUR
Le monde est en
noir et blanc
et
je suis
daltonien.
Je bascule
je trébuche
dans la
lumière.
Je suis un
presbyte en
orbite autour
de la Terre.
Le Grand Malaxeur
de l'Univers
brasse le milkshake
des étoiles dans
ma tête.
p. 22
Voilà pourquoi j'aime Desbiens :
LES PAGES JAUNES (v. f.)
Ce n'est que son sang
qui fait que ses doigts
font les cent pas
autour du téléphone
ce ne sont que ses doigts
qui marchent sur son coeur
comme des soldats
sur une ville
ce n'est que le vide
et le plein
dans elle et
sans elle
elle est seule
et
elle aime
quelqu'un
Mtl fév 2013
p. 27
That's why :
BECAUSE
because -
i'm going back
home -
i hate this fucking
place -
fucck this shit &
fuck you -
bye -
(sur un balcon
dans une ruelle
elle portait une
blouse blanche et
une jupe noire)
*
En sortant de l'appartement
elle croise les voisins
un peu trop souriants et
avenants
avec un smile un peu trop
fin
ils lui disent
vas-tu ben loin
coudon c'est tu encore
dans l'coin
elle leur tourne le dos et
valise grise en main elle
marche lentement vers
l'arrêt d'autobus -
elle se dit
il n'y aura jamais assez de
distance assez
grande -
Elle vient d'ailleurs
elle veut être ailleurs
mais une fois rendue
là
ailleurs
dans la chambre de bain
de sa
chambre d'hôtel
c'est toujours elle
là
dans le miroir -
p. 49-50
Je skippe la prochaine page qui parlait d'Hubert Aquin - encore :
PLUS TARD LE MÊME SOIR (v.f.)
Je suis assis dans
le soir qui dort
sur mon épaule comme
un grand oiseau noir
Tout est tranquille comme
anguille sous roche et
c'est l'été partout où
c'est permis et soudainement
sous ma fenêtre brisée
sous une pluie de suie
une grosse Harley ruisselante
de rouille
passe en trombe en
coup de poing américain et
en anglais dans le texte
avec un bruit de
fin du monde
Mtl fév 2013
p. 54
Et on se demande d'où vient cette chanson que nous fredonnons :
WHITNEY
Elle se coule un bain
et se coule dedans
l'eau lui colle au corps
comme une chanson
colle au coeur
l'eau lui monte à la
gorge
les yeux se ferment sous
le follow-spot du soleil
un dernier baptême
bleu et blême
sa voix s'éteint
les anges chantent
des applaudissements comme
une averse soudain
p. 58
Pour conclure, le bus :
UN AMOUR PERDU
L'autobus pleine de
monde affamé
arrête au coin
et
t'avale
toute ronde et
encore chaude
p. 63
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Patrice Desbiens
Grosse guitare rouge :
Je pars d'un mouvement lent. Patrice Desbiens s'est vraiment dépassé dans Grosse guitare rouge. On peut écouter un CD qui accompagne le recueil de poèmes. Je dirai tout de même qu'il marque au fer rouge. Je n'en ai pas parlé avant longtemps, mais je savais que j'y reviendrais. C'est la première fois que j'en parle dans son fil sur les deux forums.
Tout d'abord :
Donner à voir :
Qu'importe :
Quand même :
Surgit :
Et de plus belle :
Patrice Desbiens c'est quand même ça. Il est très musical dans la façon de s'exprimer, de mettre en mots et de tout nous envoyer ça en ritournelles. Il est très cru par moments mais on le découvre mieux en lisant l'ensemble de ses recueils au fil du temps.
Je pars d'un mouvement lent. Patrice Desbiens s'est vraiment dépassé dans Grosse guitare rouge. On peut écouter un CD qui accompagne le recueil de poèmes. Je dirai tout de même qu'il marque au fer rouge. Je n'en ai pas parlé avant longtemps, mais je savais que j'y reviendrais. C'est la première fois que j'en parle dans son fil sur les deux forums.
Tout d'abord :
ta bouche s'ouvre
et cette blessure
qu'est ta langue
bouge
cette bougie
qu'est ta langue
ne veut plus
s'éteindre
// p. 19
Donner à voir :
sous un ciel
de la couleur
de tes yeux
je me réveille
seul
et
tout habillé
avec
le soleil
qui me
gifle
// p. 31
Qu'importe :
comme un
glissando sur
une
contrebasse
tu caresses
ma carcasse
tu caresses
mes cordes
tu caresses
mes caresses
// p. 45
Quand même :
tu dis
tout est faux
tu dis
toi-même
t'es faux
mes mains
sont muettes
sous tes
mots
tout est là
comme
toi
// p. 54
Surgit :
dans le gymnase abandonné
de ton amour
les victoires et les défaites
se donnent la main et
lèvent la tête vers les
chevrons vers les lanières
de lumière
quelque part
une guitare pose
une question
// p. 57
Et de plus belle :
chez toi
l'amour ronronne
comme une
deux chevaux
une deux chevaux
qui fait un
pas de deux
entre les
deux pays
que je suis
// p. 66
Patrice Desbiens c'est quand même ça. Il est très musical dans la façon de s'exprimer, de mettre en mots et de tout nous envoyer ça en ritournelles. Il est très cru par moments mais on le découvre mieux en lisant l'ensemble de ses recueils au fil du temps.
Dernière édition par Jack-Hubert Bukowski le Dim 9 Jan - 8:28, édité 1 fois
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Patrice Desbiens
merci Jack, et oui c'est rythmé
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
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