Fernando Pessoa
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Fernando Pessoa
Octavio Paz, Un inconnu de lui-même : Fernando Pessoa, in La fleur saxifrage, Gallimard, 1984.
Biographie sommaire des principaux hétéronymes de Fernando Pessoa :
Fernando Pessoa : Lisbonne, 1888-1935.
Très jeune, orphelin de père. Sa mère se remarie. De 1898 à 1905 à Durban, il vit en Afrique du Sud – son beau-père y est consul du Portugal – où il reçoit une éducation anglaise. En 1907, il quitte l’université (Lettres) et ouvre un atelier de typographie. Ce sera un échec. Le 8 mars 1914, naissance du maître, Alberto Caeiro, qui lui donne Le gardeur de troupeau et lui présente ses disciples, Ricardo Reis et Alvaro de Campos. Création en 1915 de la revue Orpheu qui ne comptera que deux numéros ; autour de lui : Sà-Carneiro, Luiz de Montalvor, Angelo Lima, les peintres Sousa-Cardoso et Almado Negreiros et le poète açorien Armando Cortes-Rodrigues. Sera admiré par la génération suivante (José Régio, Joáo Gaspar Simóes, Adolpho Casais Monteiro). Entre 1918 et 1921, il fait imprimer à compte d’auteur des poèmes écrits en anglais. Devenu une gloire internationale bien après sa mort. La fameuse grande malle rustique, découverte après son décès, a révélé au monde un écrivain qui comptera désormais parmi les plus importants de ce siècle, pour ne pas dire, de tous les temps.
Alberto Caeiro : Lisbonne 1889-1915.
Très jeune, orphelin de père et de mère. Il vécut presque toute sa vie dans la villa de Ribatejo avec une vieille tante. N’a pas beaucoup fréquenté les bancs d’école – niveau primaire uniquement. Paganiste convaincu et convainquant : “Mon maître Caeiro n’était pas païen ; il était le paganisme même” (Alvaro de Campos) ; “Il ne croit en rien, il existe. (…) Ce n’est pas un philosophe, c’est un sage” (Octavio Paz).
Il est l’auteur de :
– Le Gardien de troupeau (1911-1912)
– Le Pâtre amoureux, poèmes épars (1913-1915)
Alvaro de Campos : Tariva, 15 octobre 1890
D’ascendance juive. Il devient ingénieur naval à Glasgow. Il voyage en Orient et ramène certainement l’inspiration de son Opium à bord. Il est partisan d’un esthétique non aristotélicienne qu’il voit incarnée par trois poètes : Walt Whitman, Alberto Caeiro et,…lui-même. Il utilise un monocle et s’est forgé une solide réputation d’homme irascible et impassible. Aime les falsifications et ses masques sont autant de contradictions. Auteur, entre autres, du très célèbre Bureau de Tabac “qui ouvre l’ère de l’absurde, de l’humour triste, d’un existentialisme penché sur son narcissique miroir où il pressent le plissement des premières rides ” (Armand Guibert) et du sulfureux Ultimatum.
Fernando Pessoa l’appelle “son fils”.
Ricardo Reis : Porto, 1887. Vivait encore en 1935 au Brésil (depuis 1919), il y est peut-être mort.
Élevé dans un collège de jésuite. Latiniste par devoir et semi-helléniste par goût. “Reis est un ermite au même titre que Campos était un vagabond” (Octavio Paz). Il est l’auteur des Odes et d’un Débat esthétique entre Ricardo reis et Alvaro de Campos.
Œuvres traduites en français
Notes en souvenir de mon maître Caeiro
Chronique de la vie qui passe (œuvres en prose en dehors du Livre de l'intranquillité)
Ode maritime et autres poèmes
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro avec Poésies d'Alvaro de Campos
Erostratus (Erostrate)
Lisbonne
Le Marin
Bureau de tabac : Page 3
Ode Maritime
Bureau de tabac et autres poèmes
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro
Visage avec masques, poèmes des principaux hétéronymes
Antinoüs
Le Gardeur de troupeaux
L'Ode triomphale & douze poèmes de la fin d'Alvaro de Campos
Cent cinquante-quatre quatrains
Le Livre de l'intranquillité
Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes
Alvaros de Campos, choix de poèmes
Quatrains complets
Ultimatum
Traité de la négation et autres textes : Page 4
Opium à bord.
Sur les hétéronymes
Quaresma
Le Banquier anarchiste : Page 3
Contes, fables et autres fictions
Le Pèlerin : Page 4
Proses vol.1 : 1912-1922, vol. 1
Proses vol.2 : 1923-1935, vol. 2
Histoires d'un raisonneur : Page 4
Ode maritime
Dans la collection « Pléiade » : Œuvres poétiques
Pessoa par pessoa(s)
“La vérité est la seule excuse de l’abondance. Nul homme ne devrait laisser 20 livres à moins de pouvoir écrire comme 20 hommes différents (…), s’il peut écrire comme 20 hommes différents de quelque manière que cela puisse être, et ses vingt livres sont justifiés.”
Erostratus
“Et pourtant – je le pense avec tristesse – j’ai mis en Caeiro tout mon pouvoir de dépersonnalisation dramatique, j’ai mis en Ricardo Reis toute ma discipline intellectuelle revêtue de la musique qui lui est propre, j’ai mis en Alvaro de Campos toute l’émotion que je n’accorde ni à la vie, ni à moi-même. (...)
Enfant, j’avais déjà tendance à créer autour de moi un monde fictif, à m’entourer d’amis et de connaissances qui n’avaient jamais existé – (je ne sais pas bien entendu s’ils n’ont pas existé ou si c’est moi qui n’existe pas.
Un jour…– ce fut le 8 mars 1914 – je m’approchai d’une commode haute, et prenant un papier, je commençai d’écrire, debout, comme je le fais chaque fois que je le peux. Et j’écrivis une bonne trentaine de poèmes d’affilée, dans une sorte d’extase dont je ne saurais définir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie, et je n’en connaîtrai jamais de semblable. Je débutai par un titre Le gardeur de troupeau et ce qui suivit fut l’apparition en moi de quelqu’un que j’ai d’emblée appelé Alberto Caeiro. Pardonnez-moi cette absurdité : en moi était apparu mon maître. "
Extraits de la lettre à Adolpho Casais Montero, le 13 janvier 1935. (La traduction intégrale, par Rémy Hourcade, de la lettre se trouve dans Sur les hétéronymes, éditions Unes, 1985.)
“Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau c’est mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense par les yeux et par les oreilles
par les mains et par les pieds
par le nez et par la bouche.”
(…)
Alberto Caeiro, Le Gardeur de troupeau
Èditions Unes, 1986, traduit du Portugais par Rémy Hourcade et Jean-Louis Giovannoni.
“ La réalité n’a pas besoin de moi.”
(idem)
“J’impose à mon esprit altier l’exigence assidue
De la hauteur, et au hasard je laisse,
Et à ses lois, le vers :
Car, lorsqu’est souveraine et haute la pensée,
Soumise la phrase la cherche,
Et le rythme esclave la sert.”
Ricardo Reis, Odes, in Poèmes Païens, Christian Bourgois, 1989.
“Je pressens le crâne que je serai
(…)
Lors c’est moins l’instant que je pleure,
que ce moi futur que je vois,
Vassal absent et nul
Du destin universel. "
(idem)
"Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent.
(…)
À celui que je me connais : J’écris. "
(idem)
“ ‘J’ai horreur du mensonge parce que c’est une inexactitude.’ Tout Ricardo Reis – passé, présent et futur – est dans cette phrase.”
Alvaro de Campos, Notes à la mémoire de mon maître Caiero, in Sur les hétéronymes, éditions Unes, 1986, traduction de Rémy Hourcade.
“Fernando Pessoa éprouve les choses mais il ne bouge pas, pas même à l’intérieur.”
(idem)
Les édition José Corti
Mots-clés : #poésie
Mis à jour le 02/06/2024
bix_229- Messages : 15439
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Re: Fernando Pessoa
bix_229- Messages : 15439
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Re: Fernando Pessoa
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Fernando Pessoa
c'est bricolé ! mais depuis tout ce temps je ne comprends toujours pas comment tu fais tes copier-coller "avec tout qui vient" !bix_229 a écrit:Help ! Quelqu' un peut-il me supprimer ce foutu cadre ?
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Re: Fernando Pessoa
Comme je peux !animal a écrit:c'est bricolé ! mais depuis tout ce temps je ne comprends toujours pas comment tu fais tes copier-coller "avec tout qui vient" !bix_229 a écrit:Help ! Quelqu' un peut-il me supprimer ce foutu cadre ?
Ma souris semble avoir des problèmes. J' ai du mal à surligner et la flèche fait des embardées..
bix_229- Messages : 15439
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Re: Fernando Pessoa
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Re: Fernando Pessoa
ArenSor a écrit:Je me rends compte seulement maintenant que l'avatar de Jack-Hubert est un portrait de Pessoa
Le portrait «obamisé» de Pessoa, oui...
Quant à la génèse de mon pseudo, il est pessoen dans son essence...
Jack pour Jack Kerouac et Jack London.
Hubert pour Hubert Aquin, auteur québécois dont la brillance s'est confirmée et se confirme encore à l'occasion, circonstanciellement... parmi tous les hubert qui se sont illustrés en littérature...
Buk se passe de présentations. Voilà pour le pseudo. J'y ajoute en surlignage l'ombre tutélaire de Dany Laferrière.
Buk et Laferrière ont depuis lors été éclipsés par Pessoa et Geneviève Desrosiers.
Revenons maintenant à Pessoa. Fin de l'anecdote.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Fernando Pessoa
«Nombreux sont ceux qui vivent en nous»
Nombreux sont ceux qui vivent en nous;
Si je pense, si je ressens, j'ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l'on pense, où l'on ressent.
J'ai davantage d'âmes qu'une seule.
Il est plus de moi que moi même.
J'existe cependant
À tous indifférent.
Je les fais taire : Je parle.
Les influx entrecroisés
De ce que je ressens ou ne ressens pas
Polémiquent en celui que je suis.
Je les ignore. Ils ne dictent rien
À celui que je me connais : J'écris.
Source : Fernando Pessoa, Je ne suis personne. Une anthologie, 1994, Paris : Christian Bourgois, p. 181.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Fernando Pessoa
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Fernando Pessoa
« Au bout de ce jour il reste ce qui restait d'hier, ce qui restera de demain : l'angoisse insatiable d'être toujours le même et toujours un autre. »
« J'ai mal à la tête et à l'univers (entier). »
« Il n'est personne, me semble-t-il, qui admette véritablement l'existence réelle de quelqu'un d'autre. »
« Chacun de nous appareille vers lui-même, et fait escale chez les autres. »
« La littérature tout entière est un effort pour rendre la vie réelle. »
« L'œuvre pseudonyme est celle de l'auteur "en propre personne" moins la signature de son nom ; l'œuvre hétéronyme est celle de l'auteur "hors de sa personne" ; elle est celle d'une personnalité totalement fabriquée par lui, comme le seraient les répliques d'un personnage issu d'une pièce de théâtre quelconque, écrite de sa main. »
« Je change peu à peu de personnalité, je m'enrichis (c'est là qu'il peut y avoir évolution) dans mon aptitude à créer des personnalités nouvelles, de nouvelles façons de feindre, de comprendre le monde, ou plutôt de feindre qu'il peut être compris. »
Lettre à Adolfo Casais Monteiro (1935), in « Fragments d'un voyage immobile »
« Vivre, c'est appartenir à un autre. Mourir, c'est appartenir à un autre. Vivre et mourir sont la même chose. Mais vivre c'est appartenir à un autre du dehors et mourir c'est appartenir à un autre du dedans. Les deux choses se ressemblent sauf que la vie est le côté extérieur de la mort. »
Alvaro de Campos, « Ambiant »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
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Re: Fernando Pessoa
"Épisode"
Qu'importe ce que nous rêvons,
Ce que nous rêvons est vrai.
Qu'importe l'apparence,
Dieu la crée chose vue
Et dès lors elle est
Réelle comme tout ce que voici.
Qu'importe ce que nous désirons,
Nous la tenons quelque part ailleurs,
Maintenant, maintenant pour toujours, et nous sommes
Riches ici de ce qui est là-bas.
Lorsqu'au tréfonds de nous nous sentons notre je
C'est une aperception, en personne, de Dieu.
Parfois je pense que l'espoir
A le pouvoir de rendre cela vrai,
Mais je m'arrête, je tâtonne :
Vie, frayeur, affliction,
Voilà tout ce qui reste.
Pour quoi donc ces douleurs,
Cette intranquillité qui fait frémir
D'une possible joie
Toute la douleur qui submerge
Notre espoir jusqu'à la nausée?
Pour quoi cela, pour quoi
Si tout est incertain?
Oh! une brise me soit octroyée
Sur une terre aux beaux herbages,
Puisse cette brise charmer
Et moi n'y rien comprendre.
Car toute angoisse n'est
Que vague désir de félicité.
Merci à Hubert Aquin...
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Fernando Pessoa
Ce que nous rêvons est vrai.
Les poètes se rejoignent !
bix_229- Messages : 15439
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Re: Fernando Pessoa
De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu'il n'existe qu'une seule réalité. En fait, ce qui existe, ce sont différentes versions de celle-ci, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes l’effet de la communication et non le reflet de vérités objectives et éternelles. »
Paul Watzlawick, « La réalité de la réalité ‒ Confusion, désinformation, communication »
« Je cite à un moment cette phrase de Kant sur Platon quand il dit que Platon est pareil à une colombe qui maudit la résistance de l’air qui l’empêche d’aller plus vite et qui oublie que c’est cette résistance de l’air qui lui permet de voler. Libre est le romancier, il crée un monde à sa guise, mais il le fait sur le bord du monde qui existe. Sa liberté est très réduite. C’est celle de la colombe. »
Jacques Laurent (Cecil Saint-Laurent), entretien avec Bernard Pivot, novembre 1977, Lire n°27
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
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Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Fernando Pessoa
6 juillet 1935
Je ne pense à rien,
et cette chose centrale, qui n'est rien,
m'est agréable comme l'air de la nuit,
frais en contraste avec le jour caniculaire.
Je ne pense à rien, et que c'est bon!
Ne penser à rien,
c'est avoir une âme à soi et intégrale.
Ne penser à rien,
c'est vivre intimement
le flux et le reflux de la vie...
Je ne pense à rien.
C'est comme si je m'étais appuyé
dans une fausse posture.
Un mal aux reins, ou d'un côté des reins,
mon âme a la bouche amère :
c'est que, tout bien compté,
je ne pense à rien,
mais vraiment à rien,
à rien...
(citation rapatriée)
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Fernando Pessoa
bix_229- Messages : 15439
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Re: Fernando Pessoa
Je suis les faubourgs d'une ville qui n'existe pas, le commentaire prolixe d'un livre que nul n'a jamais écrit. Je ne suis personne, personne. Je suis le personnage d'un roman qui reste à écrire, et je flotte, aérien, dispersé sans avoir été, parmi les rêves d'un être qui n'a pas su m'achever. Je pense, je pense sans cesse ; mais ma pensée ne contient pas de raisonnements, mon émotion ne contient pas d'émotion.
(Et si Pessoa et tous ses hétéronymes n'étaient que de confuses ébauches ou esquisses de quelqu'écrivain velléitaire [l'Autre] ? De la responsabilité des auteurs d'achever leurs personnages [dans tous les sens du terme ?]...)
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Tristram- Messages : 15925
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Re: Fernando Pessoa
« Quel ennui, maintenant qu'il a commencé, il va falloir finir, c'est une sorte de fatalité, Et les gens n'imaginent même pas que celui qui termine une chose n'est jamais le même que celui qui l'a commencée, même s'ils portent tous le même nom, lui seul ne change pas, rien que lui. »
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Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Fernando Pessoa
Tristram a écrit: De la responsabilité des auteurs d'achever leurs personnages [dans tous les sens du terme ?]...)
Je n'ai pas réponse à tes interrogations, mais merci pour tes extraits. Pessoa me manque, il faut que je le relise. Il m'est vital ce garçon.
Invité- Invité
Re: Fernando Pessoa
À la veille de ne jamais partir
du moins n’est-il besoin de faire sa valise
ou de jeter des plans sur le papier,
avec tout le cortège involontaire des oublis
pour le départ encore disponible du lendemain.
Le seul travail, c’est de ne rien faire
à la veille de ne jamais partir.
Quel grand repos de n’avoir même pas de quoi avoir à se reposer !
Grande tranquillité, pour qui ne sait même pas hausser les épaules
devant tout cela, d’avoir pensé le tout
et d’avoir de propos délibéré atteint le rien.
Grande joie de n’avoir pas besoin d’être joyeux,
ainsi qu’une occasion retournée à l’envers.
Que de fois il m’advient de vivre
de la vie végétative de la pensée !
Tous les jours, sine linea,
repos, oui, repos…
Grande tranquillité…
Quelle paix, après tant de voyages, physiques et psychiques !
Quel plaisir de regarder les bagages comme si l’on fixait le néant !
Sommeille, âme, sommeille !
Profite, sommeille !
Sommeille !
Il est court, le temps qui te reste ! Sommeille !
C’est la veille de ne jamais partir !
Traduit du portuguais par Armand Guibert
In, Fernando Pessoa : "Poésies d’Alvaro de Campos"
Editions Gallimard (Poésies du monde entier), 1968
Source : http://www.barapoemes.net/archives/2014/06/20/30112283.html
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Age : 43
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Re: Fernando Pessoa
Dans le cycle éternel qui altère les choses
Un nouvel hiver après un nouvel automne
Sur une terre différente
De la même façon revient.
Moi, pourtant, il ne me trouve pas différent,
Il ne me quitte pas différent, enfermé
Dans la maligne réclusion
De mon indécise nature.
Proie de la blême fatalité de ne pas
M'altérer, lors je me renouvelle infidèle
À mes desseins muets
Périssables et infinis.
Poèmes païens, Édition Points Poésie, p. 211.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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