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Panait Istrati

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historique - Panait Istrati  Empty Panait Istrati

Message par bix_229 Sam 17 Déc - 17:08

Panait Istrati
(1884-1935)


historique - Panait Istrati  Panait10

Panait Istrati, 1884-1935, est né en Roumanie

Lecteur compulsif, idéaliste sincère, il s' est lancé dans le voyage poussé par une curiosité aussi naive qu' enthousiaste.
C'est cette curiosité qui l'a poussé à visiter l' URSS en 1927 avec l' écrivain grec Kazantsakis.
Il y découvre la dictature stalinienne et en repart écoeuré et révolté.
Mais contrairement à la plupart des écrivains de gauche (exception faite pour Gide ou Ante Ciliga), il écrit ce qu' il a vu et de façon très virulente dans l'Autre flamme. Ce livre lui attirera les foudres des communistes et notamment en Roumanie, où il fut traité de "fasciste".
Comme Victor Serge et beaucoup d' autres. Et Aragon n'était jamais le dernier...

Il se rend en France et apprend la langue française. Il découvre Romain Rolland et en fait son maitre à penser.
Et de fait Romain Rolland ayant appris qu'Istrati avait essayé de se suicider, vint aussitot à son
aide, ce qui lui permit de se remettre à écrire.

Il meurt de la tuberculose dans un sanatorium de Bucarest en 1935, vilipendé tant par les communistes, qui le traitent de « fasciste, » que par les fascistes qui le traitent de « cosmopolite ».
Figure assez connue de la littérature de l’entre-deux-guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son œuvre est interdite en France durant la guerre et en Roumanie durant le régime communiste. Elle est peu à peu rééditée en France à partir des années 1960.

Bibliographie en français :

Romans
Le Refrain de la fosse
Les Chardons du Baragan
Mes Départs

Recueils de nouvelles
La Jeunesse d'Adrien Zograffi : Codine - Mikhaïl - Mes départs - Le Pêcheur d'éponges
Les Récits d'Adrien Zograffi : Présentation des haïdoucs
Les Récits d'Adrien Zograffi : Domnitza de Snagov
Les Récits d'Adrien Zograffi : Kyra Kyralina, Gallimard
Les Récits d'Adrien Zograffi : Oncle Anghel
Vie d'Adrien Zograffi : La maison Thüringer - Le bureau de placement - Méditerranée (Lever de soleil) - Méditerranée (Coucher de soleil)
Nerrantsoula - Tsatsa Minka - La famille Perlmutter - Pour avoir aimé la terre

Témoignages

Vers l'autre flamme
Premier volume : Après seize mois dans l'U.R.S.S.
Second volume : Soviets 1929
Troisième volume : La Russie nue

Les oeuvres complètes ont été publiées par les éditions Gallimard (1977, 4 tomes) et par les éditions Phoebus (2005 à 2015, 3 volumes).





Je rends hommage à Romain Rolland qui a su reconnaitre en Istrati un humaniste et un idéaliste
comme lui-meme.

Et pour moi, Panait Istrait est un écrivain d' une grande sensbilité, d' une chaleur humaine communicative, souvent dirigée vers l' enfance.


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Message par bix_229 Dim 18 Déc - 17:55

historique - Panait Istrati  51v07v10

LES CHARDONS DU BARAGAN

Sur les terres pauvres du Baragan, en Roumanie, seuls poussent les chardons et quand le vent du Nord souffle avec violence en autome, il les arrache du sol et les pousse en avant.
Seuls les enfants affamés écoutent le vent avec envie. Pour eux le vent souffle la liberté et l'espérance. Alors ils suivent les chardons en les enfourchant comme des chevaux et en espérant qu'il les conduira vers un sort meilleur.

Tel est la situation dans la Roumanie paysanne de l'automne 1906.
Cettte situation c'est celle que vit un jeune garçon dee 14 ans. Lui aussi a suivi les chardons et il finit par arriver dans une ferme où un paysan généreux accepte de diminuer leurs maigres rations pour le faire manger et lui donner une formation..
Mais les récoltes sont mauvaises et tous les paysans sont encore appauvris. A l'exception des boyards, seigneurs et maîtres de tous les biens.

L'année d' après, les paysans se soulèvent au Baragan et dans toute la Roumanie et, s'ensuivra une répression sanglante.

Ce livre est une évocation historique, mais aussi poétique et sensible. La vision des événements est celle d' un adolescent doux et rêveur, baignant dans une atmospère de traditions et de légendes.
Et cette vision-là, celle d'un jeune ado, presqu'un enfant, convient particulièrement à l'écrivain Istrati.



A suivre...



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Message par bix_229 Dim 18 Déc - 17:57

Les chardons dont il est question ici apparaissent, dès que fond la neige, sous la forme d' une petite boule, comme un champignon, une morille.
En moins d'une semaine, ils envahissent la terre. C'est tout ce que le Baragan peut supporter sur son dos.
Il supporte encore les brebis qui sont gourmandes de ce chardon et le broutent avidement. Mais plus elles le broutent, et plus il se développe ; il grandit, toujours en boule, et atteint les dimensions d' une grosse dame-jeanne, et quand le bétail lui laisse la paix, il pique alors affreusement...
Il commence à régner dès que l'homme laborieux rentre chez lui, dès que les les chardons deviennent méchants et que le vent de Russie se met à souffler.
Cela se passe en septembre.

Les Chardons du Baragan, p. 12


... Le crivatz (le vent du Nord) galope sur l'empire du chardon, bouleverse le ciel et la terre, mêle les nuages à la poussière, anéantit les oiseaux, et les voilà partis, les chardons, les chardons !
... Les boules épineuses se mettent à rouler... C'est le grand départ des chardons "qui viennnet Dieu sait où et vont Dieu sait où" disent les vieux à la fenêtre.

Les Chardons du Baragan, p. 14

Dehors, c'était un branle-bas harmonieux, avec sifflements, grondements, craquements. Une cheminée à l'abandon mugissait comme un taureau. Des planches tombaient partout.
J'écoutais cela, seul le regard vainement fixé sur le trou de l' ancienne fenêtre… Soudain une brusque poussé de bise, puis quelque chose d'épouvantable me saute au visage...
- Les chardons ! Les chardons, hurlais-je !
Chacun un bâton à la main, nous fûmes vite dehors...

Les Chardons du Baragan, p. 67
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Message par bix_229 Dim 18 Déc - 18:00

J'ai lu presque tous ses récits et nouvelles et qui sont vraiment très agréables. Ils racontent la vie de gens de peu, mais qui s'accrochent vaillamamment à la vie. Beaucoup de récits sur l'enfance aussi, la sienne et celle des autres.

Et puis aussi ce livre dont je viens de parler ailleurs Vers l'autre flamme et qui est le témoignage véridique et très amer de ce qu'il vit en URSS. Et qu'il ne voulut pas cacher, contrairement à d' autres, sa profonde déception. Et c'est vrai qu 'il y eut partout dans le monde en ces années-là de très braves gens qui crurent en toute bonne foi que l'humanité allait enfin sortir de l' éternelle malédiction de la misère, de l'injustice, de l'exploitation...

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Message par Invité Mar 4 Juil - 19:37

bix_229 a écrit:
Ce livre est une évocation historique, mais aussi poétique et sensible. La vision des événements est celle d' un adolescent doux et rêveur, baignant dans une atmospère de traditions et de légendes.
Et cette vision-là, celle d'un jeune ado, presqu'un enfant, convient particulièrement à l'écrivain Istrati.

Tu as bien parlé des Chardons du Baragan.
C'est une écriture à la fois lyrique, et presque enfantine.
L'histoire, est celle de tant d'autres, parmi les déshérités. J'ai pensé aux révoltes mexicaines d'à peu près la même époque, et le slogan de Zapata : "tierra y libertad".
Le proverbe roumain cité, évoque merveilleusement la situation de ces pauvres hères (des riens, ou des sans-dents) : "le chien ne fuit pas la tarte, mais le gourdin".
Alors on fuit, en quête d'un ailleurs, d'une autre vie.


Dernière édition par Arturo le Mer 5 Juil - 10:21, édité 1 fois

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Message par bix_229 Mar 4 Juil - 20:00

Merci Arturo !
Content que tu aies été sensible à ce livre ! historique - Panait Istrati  1304972969
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Message par tom léo Mar 19 Déc - 7:47

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Kyra Kyralina

1er tome du cycle «Les récits d’Adrien Zograffi »

Originale : Français, 1923

CONTENU :
Istrati nous emmene en voyage à travers la Roumanie et l’Orient entre la fin du XIXème et le debut du Xxème siècle, sur les traces de Stavrou, le vendeur de limonade. Une fois lancé, cet « honnête homme se revèle un conteur remarquable qui va alors parlé de sa vie. Dans ce premier tome des récits de son accolyte Adrien, nous entendons Stavrou parler de son chemin de croix qui le menera de Braila (alors la ville d’Istrati au bord de la Danube!) par Constantinople, Damas, Beyrouth et le Caire finalement vers ses contrées d’origine.
Il se rappelle de son enfance à coté de sa mère et sa sœurs bien-aimées, leur vies debridée et joyeuse, mais aussi leur chemin vers l’esclavage, ou au moins un prison d’or….

REMARQUES :
La biographie en tête de fil est légèrement à travers, car bien avant avoir été en Russie, Istrati avait été depuis la jeunesse pour ainsi dire sur les routes, ayant exercé des multiples metiers, ayant visité de nombreux pays. Il me semble que tous ces récits autour d’Adrien Zograffi se nourrit de ce vécu. A quel point tous les elemens sont alors aussi autobiographiques, je ne le sais pas, mais quelque part, sous certains égards, ce Adrien, ou alors ce Dragomir/Stavrou seront probablement des « alter ego » de l’auteur où il laissera parler ses expériences dans ces contrées.

Ce qui frappe le lecteur c’est le milieu pluri-ethnique et réligieux dans lequel Stavrou grandit et voyagera ! Des Arméniens, Roumains, Turcs et Grecs…, des Musulmans comme des Chrétiens se cotoient, et vivent dans un bon melange, voir connivence. Quel monde, partiellement disparu ! Et cela vers la fin du XIXème, le debut du XXème siècle. Pas si loin que cela !

C’est alors le recit d’un conteur, et quel conteur ! Stavrou grandissait aupès de sa mère et sa sœur, son père étant absent au moulin, à quelques kilomètres. Pas un couple d’amour… : quand le père vient de temps en temps, c’est pour battre la mère qui se protège comme elle peut. Mais celle-ci, et sa fille Kyra (donc sœur de Dragomir/Stavrou) ne sont pas des tristes figures : elles se réjouissent de la vie, vivent de la richesse héritée de la mère, reçoivent des adorateurs autour de fêtes, de danses, de soirées joyeuses… Mais le drame arrive, un assassinat du père et du frère terribles est comploté. On doit fuir et puis, de fil en aiguille, d’un endroit à un autre, Kyra sera enlevée en Harem, tandis que  Dragomir va enfiler des mes-aventures, souvent victimes de son innocence et de sa vie dorée jusqu’à là.

Des épisodes dramatiques et comiques, le lumineux et le triste, le sourire et les larmes s’ensuivent et sont jamais très éloigné. Comme Adrien le dit une fois, le narrateur le fait dans son personnage de Dragomir/Stavrou : « voir dans les abîmes de l’âme humaine ». Mais même si ces abîmes et la bassesse de l’être humain semblent parfois écrasant , c’est la bonté reçu et vécu qui comptera et suffira. Et donnera à une vie éprouvée une certaine forme de légèreté, d'acceptation dans la révolte ?!

Vous l’aviez compris ? Un récit, un épos entre mille-et-une-nuit, roman d’aventure et de voyage. Quel conteur exceptionnel ! Chapeau !

Et merci alors pour cette invitation à la découverte d’Istrati !!!

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Message par Bédoulène Mar 19 Déc - 7:52

merci Tom Léo j'ai dans ma pal ces récits, donc un de ces jours !

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Message par bix_229 Mar 19 Déc - 15:08

Voici Istrati en orbite ! cheers
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Message par tom léo Jeu 21 Déc - 7:52

On pourrait être tenté de réduire la lecture des récits d'Istrati à une suite rocambolesque d'aventures. Mais ce qui est touchant, ce sont aussi des petites réflexions, comme des pauses avant de se lancer à la prochaine étape, que l'auteur intercale. Voici une que je trouve très belle:

Une vie d'homme ne se raconte ni ne s'écrit. Une vie d'homme qui a aimé la terre et l'a parcourue est encore moins susceptible de narration. Mais quand cet homme a été un passionné, qu'il a connu tous les degrés du bonheur et de la misère en courant le monde, alors essayer de donner une image vivante de ce que fut sa vie, c'est presque impossible. Impossible pour lui-même d'abord, ensuite, pour ceux qui doivent l'écouter.
Le charme, le pittoresque, l'intéressant de la vie d'un homme à l'âme puissante, tumultueuse, et en même temps aventureuse, n'est pas toujours dans les faits saillants de cette vie. Dans le détail réside le plus souvent la beauté. Mais qui écouterait le détail? Qui le goûterait? Qui le comprendrait, surtout?...
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Message par Invité Jeu 21 Déc - 9:01

Merci pour le commentaire et content alors de ma suggestion ! Smile

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Message par tom léo Jeu 21 Déc - 12:11

Arturo a écrit:Merci pour le commentaire et content alors de ma suggestion ! Smile

Bien grand Merci à toi, car sinon je crainds que ces tomes d'Istrati - qui pourtant m'attirer depuis longtemps - auraient encore attendu des âges... J'espère pouvoir continuer de temps en temps avec d'autres tomes de ces cycles...
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Message par tom léo Sam 23 Déc - 7:38

Encore un passage qui m'avait parlé:

Quand on aime, on ne vit pas seul. On ne vit pas seul même lorsqu’on ne veut plus être aimé, comme c’est mon cas aujourd’hui. Cela est tout au moins vrai pour les passionnés qui n’ont pas cessé de vivre du souvenir, car il n’y a pas de souvenir sans présent. On a beau vouloir mourir. Je l’ai voulu, plusieurs fois dans ma vie. Mais les belles figures de mon passé se sont présentées vivantes, m’ont adouci le coeur, ont remplacé l’amertume par la joie, et m’ont obligé encore et de nouveau à chercher le baume éternel sur le visage des gens. Une de ces belles figures fut…
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Message par Quasimodo Sam 23 Déc - 16:54

Voilà un auteur qui m'est absolument inconnu, et que j'ajoute à ma LAL avec ton beau commentaire, tom léo (les extraits me plaisent particulièrement; tu en as d'autres ?)
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Message par tom léo Sam 23 Déc - 17:49

Quasimodo a écrit:Voilà un auteur qui m'est absolument inconnu, et que j'ajoute à ma LAL avec ton beau commentaire, tom léo (les extraits me plaisent particulièrement; tu en as d'autres ?)

Oui, c'est vraiment "plein de ces observations fines et humaines" (à coté des récits plus ou moins rocambolesques d'avanetures!). Voici, trouvé rapidemment en ouvrant le bouqin:

Ainsi, Adrien avait commencé par aimer cet homme pour ses farces. Cependant, des choses étranges étiaient venues le troub ler et le rendre confus: parfois, en pleines rigolades et bêtises, Stavro, sérieux, se tournait vers Adrien et plongeait dans ses yeux un regard clair, tranquille et supérieur, comme nous faisons dans les bons et naïfs yeux d'un veau. Alors il se sentait diminué par ce forain, fasciné par cet illettré. Cela lui avait paru inexplicable, et il s'était mis à l'observer. Mais les occasions étaient rares. Le regard mystérieux et troublant qu'Adrien appelait secrètement "l'autre Stavrou" apparaissait rarement, et rien que pour lui.

Ailleurs:

Alors?... Comme c'est triste d'être homme et de comprendre la vie moins que les bêtes! Pourquoi la pitié à coté de la haine?... Et pourquoi aime-t-on?... Et pourquoi tue-t-on?... Pourquoi sommes-nous livrés à des sentiments qui font mal à d'autres et à nous-mêmes?...
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Message par bix_229 Sam 23 Déc - 18:26

Extrait de mes notes :


 "Il n'y a de beauté que dans l'illusion. Et qu'on atteigne ou non le but de sa course, l'amertume a presque le même goût dans les deux cas. Les fins se valent toujours. Ce qui importe, pour l'homme aux désirs démesurés, c'est la lutte, la bataille qu'il livre à son sort pendant que ces désirs persistent : voilà toute la vie, la vie du rêveur."
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Message par Dreep Mer 13 Avr - 12:36

Kyra Kyralina

historique - Panait Istrati  30085242727

Trahisons, emprisonnements, vengeances, disparition et poursuite de cette Kyra Kyralina, en l'espace d'un petit nombre de pages et avec ces récits dans le récit, le premier opus d'Adrien Zograffi déborde des misères et des fortunes du jeune Stavro. Celles-ci distillent ses perplexités et ses questionnements, par petites touches rageuses nous laissent deviner ce caractère spontané et peu introspectif, tracé dans la turbulence. Sans être persuadé que l'intérêt d'un roman puisse reposer sur une flopée de péripéties que l'on pourrait dire rebattues, les scènes qui en ressortent sont d'une grande classe. "Dans les détails réside le plus souvent la beauté" des petites touches encore une fois qui restituent "l'image vivante" de ces aventures. Cette simplicité et à la fois cette intelligence de Panaït Istrati, pour seulement suggérer des réflexions morales, en blagues ou en paroles ― en métaphores, et seulement nous laisser imaginer qui est vraiment Kyra Kyralina. On dirait que le roman se développe tranquillement sur ses forces, laissant aller un cheval un peu fou, sûr de le maîtriser à la fin.
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Message par Bédoulène Jeu 14 Avr - 10:14

merci Dreep, un auteur qu'appréciait tout particulièrement Bix.

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Message par Dreep Jeu 14 Avr - 15:10

Oui, j'aurais aimé partager cette lecture avec lui.
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Message par Tristram Ven 17 Fév - 12:24

Les Chardons du Baragan

historique - Panait Istrati  Les_ch11

Incipit :
« Quand arrive septembre les vastes plaines incultes de la Valachie danubienne se mettent à vivre, pendant un mois, leur existence millénaire. »
C’est le baragan, plaine continentale roumaine, « ogre amoureux d’immensité inhabitable » et « assoiffé de solitude », désert où ne poussait que les chardons, qui secs étaient emmenés par le Crivatz (vent froid), comme les virevoltants ou tumbleweeds des westerns.
À neuf ans, le narrateur y part avec son père, dans l’objectif de vendre le poisson qui abonde chez eux, et manque ailleurs.
« Bon pays, mauvaise organisation :
Sacré nom d’un règlement !
C’était cela : un pays riche, mal organisé et mal gouverné ; ma mère le savait comme tout paysan roumain. »
Mais l’expédition est un échec, la mère décède, et à quatorze ans Mataké se sépare de son père pour partir à l’aventure derrière les « petites meules de broussaille » avec son ami Brèche-Dent : il réalise le rêve de tous les enfants, s’évader « à la découverte du monde », « quitter la maison et s’en aller par le monde ».
Ils sont recueillis comme argats [« Valets de ferme »] dans une famille paysanne miséreuse (peut-être les cojans, terme récurrent mais non explicité, comme trop d’autres).
« Sous un ciel si terreux qu’on eût dit la fin du monde, on voyait les chars avancer comme des tortues, sur des champs, sur des routes, sur une terre que Dieu maudissait de toute sa haine. Chars informes ; bêtes rabougries ; hommes méconnaissables ; fourrage boueux ; et aucune pitié nulle part, ni au ciel ni sur la terre ! Nous avions pourtant besoin de pitié divine autant que de pitié humaine, car les chars s’embourbaient ou se renversaient ; car les bêtes tombaient à genoux et nous demandaient grâce ; car les hommes battaient les bêtes et se battaient entre eux ; car les ciocani [« Tiges de maïs, dont les feuilles servent de fourrage et le déchet de combustible »] pourrissaient dans les mares et il fallait en transporter les gerbes à dos d’homme, à dos de femme, à dos d’enfant, et ces hommes, ces femmes, ces enfants n’étaient plus que des tas de hardes imbibées de boue, de grosses mottes de terre pantelante sous l’action de cœurs inutiles.
Tels étaient les paysans roumains, à l’automne de 1906. »
Mataké est tombé amoureux de Toudoritza, ma belle demoiselle éconduite par son amoureux à cause du boyard. Grand nettoyage (deux fois par an, pour Pâques et Noël) :
« Nous vidâmes deux pièces, en entassant les meubles dans une troisième. Au milieu de la tinda, trois brouettes de glaise jaune comme le safran et une brouette de crottin de cheval furent versées avec de l’eau chaude par-dessus, et je fus chargé de piétiner le lut sur le sol des chambres dont Toudoritza badigeonnait les murs en chantant à tue-tête. Elle s’était affublée de vieux vêtements de sa mère ; complètement enfouie, chevelure et visage, sous une grande basma qui ne laissait voir que ses beaux yeux, et armée d’une brosse à long manche, elle couvrait murs et plafond de cette couche de chaux bleuâtre qui fait la joie et la santé du paysan roumain et que connaissent seuls les villages balkaniques. Le badigeonnage fini, ce fut le tour du sol. Le temps de fumer une pipe, il se fit aussi lisse qu’une table, sous les mains adroites de Toudoritza qui le nivelait en marchant à reculons.
Une semaine durant, nous vécûmes une vie de rescapés, couchant un soir ici, le lendemain là, comme ça se trouvait, et mangeant sur le pouce, dans une atmosphère de salle de bain turc dont la vapeur, sentant la chaux et la bouse, nous piquait le nez. »
Mais une mauvaise récolte suscite une famine qui désespère les paysans.
« Soudain, une nouvelle tomba dans le village, comme l’éclair d’une explosion. En Moldavie, les paysans avaient brûlé le konak du grand fermier juif Ficher ! C’est M. Cristea qui nous lut cette nouvelle, dans un journal. Et ce journal concluait : « Cela apprendra aux Juifs à exploiter les paysans jusqu’au sang. À bas, à bas les Juifs ! »
Les cojans qui écoutaient se regardèrent les uns les autres :
– Quels Juifs ? Dans notre département il n’y en a pas ! Et même ailleurs, ils n’ont pas le droit d’être propriétaires ruraux. Or, les fautifs, ce sont les propriétaires, non les fermiers.
À ces paroles, toutes les faces se tournèrent du côté du konak. »
Et les villageois révoltés brûlent le konak. (Un konak est un palais, une grande résidence en Turquie ottomane ; il doit en être de même ici, à propos de la demeure du boyard.) La bourgade est bombardée par l’armée, c’est un massacre.

Outre le témoignage sur une Roumanie rurale misérable et l’insurrection de 1907, ainsi que ses charmes de conte, ce roman offre un éclairage original sur le goût du départ et l’émigration.

\Mots-clés : #historique #lieu #misere #ruralité #temoignage

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
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