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Magda Szabó

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Message par églantine Dim 4 Déc - 21:36

Magda Szabó
(1917-2007)

Magda Szabó Olvas_10

Née dans une famille cultivée de la bourgeoisie, elle finit ses études de hongrois et de latin à l'université de Debrecen en 1940 et commence à enseigner dans sa ville natale, puis dans le lycée protestant pour filles de Hódmezővásárhely. À partir de 1945, elle est employée par le ministère de la Religion et de l'Éducation jusqu'à son licenciement en 1949, année où on lui retire également le prix Baumgarten. En 1947, elle se marie avec l'écrivain Tibor Szobotka (1913-1982). Elle écrit ses premiers recueils de poèmes, comme Bárány ou Vissza az emberig. Ses premiers livres paraissent juste après la Seconde Guerre mondiale. Puis s'ensuit, pour des raisons politiques, dans la dernière période du stalinisme, un long silence littéraire, rompu seulement vers la fin des années 1950, où elle connaît alors un grand succès.

En 1959, elle reçoit le prix Attila József, puis le prix Lajos Kossuth en 1978, le prix Pro Urbe Budapest en 1983, le prix Csokonai en 1987, le prix Getz en 1992, le prix Déry en 1996 et le prix Agnes Nemes Nagy en 2000. Son roman La Porte (1987) obtient le prix Betz Corporation (États-Unis) en 1992 et le prix Femina étranger en 2003. En 2007, elle reçoit le prix du meilleur roman européen pour Rue Katalin. Le premier volume de son autobiographie Für Elise, paru en Hongrie en 2002, appelle un second volume, auquel elle travaillait... Magda Szabó est un des écrivains hongrois les plus traduits dans le monde. En France, ce sont les Éditions Viviane Hamy qui éditent aujourd'hui Magda Szabó.

Œuvres traduites en français

Le Faon (Az őz), 1962 : Page 1
Fresque (Freskó), 1963
Dites à Sophie (Mondják meg Zsófikának), 1963
Bleu-île (Sziget-kék), 1967
La Ballade d'Iza (Pilátus), Seuil 1967, 2004 : Page 1
Les Parents perdus (Mózes egy, huszonkettő), 1970
Lala, Prince du pays des fées (Tündér Lala) (littérature jeunesse), 1971
Rue Katalin (Katalin utca), 1974, 2006 : Page 1
Le Vieux Puits (Ókút), 2008 ; Page 1
La Porte (Az ajtó), 2003 — Prix Femina étranger : Page 1, 2, 3
L'Instant (A Pillanat), 2009

màj le 15/12/2021
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Message par églantine Dim 4 Déc - 21:42

La porte .

Magda Szabó Captur57

Une bien étrange histoire que nous raconte Magda Szabo et qui nous laisse songeur longtemps après avoir refermé cette porte !

Une relation peu ordinaire entre une intellectuelle Hongroise (Maria Szabo elle-même )  et cette dame qu'elle prendra à son service comme femme de ménage...
D'entrée de jeu les cartes ne fonctionnent pas dans le sens habituel : c'est qu'Emerence, sollicitée pour le poste  en question , renverse la situation en exigeant des références à ses futurs employeurs :

«Je ne lave pas le linge de n'importe qui, dit Emerence».

Tout au long du livre , on tentera en vain de cerner ce personnage qui n'entre dans aucune case, aucune norme et fonctionnera toute sa vie en électron libre.

«Emerence était l'unique habitante de son royaume à une personne , plus souveraine que le Pape à Rome ...»

«Elle était intelligente , dotée d'un esprit froidement analytique , d'une logique imparable ,mais elle ne voulut pas se cultiver,, ni s'élever , ni oeuvrer dans l'intêrêt de la collectivité que ce soit sur ordre ou dans le cadre des campagnes , elle décida elle même ce qu'elle ferait , pour quoi , pour qui et dans quelle mesure , elle se cantonna à à un monde de plats de marraine et de chats aux pelages divers.

«Emerence avait  fait toute sa vie  des déclarations négatives .J'avais pu m'en rendre compte , son opposition était  de nature particulière , presque irrationnelle».

Ces quelques passages donnent un aperçu de l'immense complexité psychologique de cette femme ! Ange et démon , presque figure mythologique , Emerence semble ne pas faire partie de ce monde .

Un énorme bloc , une masse pesante qui n'a de cesse de travailler jour et nuit pour «la rue», se rendant indispensable à son entourage mais refusant toute reconnaissance en retour, balayant inlassablement les rues enneigées de la ville , oeuvrant pour autrui selon ses propres exigences... et une fois la tâche terminée, se réfugiant «derrière la porte», dans sa maison vécue comme une antre dans laquelle personne n'a jamais mis les pieds .

Pendant plus de 20 ans elle s'imposera dans la vie de Magda , régentant son quotidien, lui imposant les diktats de ses propres  lois internes apparaissant pour le commun des mortels comme des lubies, des originalités, des manies ou pour le mieux quelques fantaisies!

Insidieusement, au fil des ans, un lien affectif marqué par la domination de la servante sur sa maitresse se tissera et les asservira l'une à l'autre : ainsi Emerence entreouvrira-t-elle sa porte à Magda, cet acte constituant le pacte d'une union quasi sacrée et irréversible.
Lorsque Emerence tombera malade, Magda sera partagée entre le contrat tacite qui lui impose de laisser la vieille femme mourir toute seule dans son antre et son devoir de forcer la porte pour lui porter assistance : Elle outrepassera la volonté d'Emerence pour la sauver mais rompant à jamais le lien... ce qui conduira l'une à la mort et l'autre dans les affres de la culpabilité insurmontable.

Un récit qui dérange car les repères sociaux habituels sont balayés, Emerence parait presque irréelle, figure puissamment fantômatique dans cette bizarre incarnation : qui est-elle ? capable du meilleur comme du pire, passant outre  les lois, les codes sociaux, les devoirs de bienséance, et toutes formes d'acceptation d'un ordre auquel elle se soustrait, comme si elle n'appartenait pas à ce monde, ostensiblement secrète, machiavéliquement dominatrice et pourtant prête à se sacrifier pour aider son prochain dès lors qu'elle l'a décidé...

Un superbe personnage, attachant par l'ensemble de ses contradictions et l'incapacité qu'il nous est donné de comprendre toute sa complexité : il en découle un inévitable sentiment de frustration... Mais Emerence a-t-elle existé telle que nous l'a dépeint Magda Szabo ? Peut importe, c'est le personnage perçu et certainement recrée par Magda qui naît sous la plume de celle-ci avec une puissance quasi surnaturelle qui nous fascine, nous dérange, nous violente, nous attendrit et finalement nous laisse orphelin... Un grand moment de lecture pour moi, inoubliable et qui n'aura pas dévoilé tout son secret…
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Message par tom léo Dim 4 Déc - 22:32

Je partage l'enthousiasme d'églantine pour Magda Szabo et ce livre en particulier.

Derrière les bizarreries apparentes, les lubbies et le secret cherché, il me semble que l'immense liberté du personnage d'Emerence, son dévouement à autrui dont parle églantine ET au même moment la/une porte reservée et fermée à l'autre sont intimement liés. Je ne peux pas m'aider à penser que cette porte cache le secret d'un être humain, l'intime qu'on ne partage pas, qu'on ne peut pas partager. Il y a une part en nous qui reste à tout jamais un secret pour l'autre et qu'il faudra accepter et rencontrer avec respect. Et, d'autre part, cette part existe en nous.

En ce qui me concerne, je nommerais cette part «l'âme», pour utiliser un vieux mot, néccessaire (François Cheng en témoignait récemment dans son nouveau livre!). On respecte, on se tient à distance, et on n'entre pas par effraction.
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Message par topocl Lun 5 Déc - 9:19

Magda Szabó Captur57

La porte

Il s'agit d'un splendide portrait de femme, une vieille  femme, servante mais libre, et qui s'est construite sur les drames de sa vie. Mais surtout d'une relation tout à fait ambiguë, à travers  l'humble allégeance d'une femme de lettre face à une femme du peuple.
En effet, si elle tend à sacraliser Emerence, l'auteur trace un portrait d’elle-même, sans indulgence : psychorigide, pleine de de préjugés, accrochée à sa machine à écrire autant qu'à son intellect, à sa rationalité plus qu'à son cœur. A tel point qu'on se demande parfois pourquoi elle est fascinée par Emerence, avec ses humeurs, sa tyrannie, ses leçons perpétuelles, ses excès. Mais cette femme a un charisme, un passé et une intelligence affective qui l'expliquent.
Et on se demande encore plus pourquoi Emerence s’attache à sa « maitresse », ce n’est pas seulement pour Viola, le chien, c'est bien elle qu'elle l'aime, c'est que dans sa finesse elle perçoit en Magda (décidons de l'appeler ainsi et de faire la part belle à l’autobiographie) ce que l'auteur ne sait trouver en elle-même.

J'écrivais, j'étais encore jeune, je n'avais pas analysé à fond à quel point l'affection est un sentiment illogique, mortel, imprévisible

C'est au final dans le commentaire d'églantine que je me reconnais le mieux, c''est aussi pour moi
églantine a écrit:Un récit qui dérange
de par
églantine a écrit:l'incapacité qu'il nous est donné de comprendre toute sa complexité : il en découle un inévitable sentiment de frustration ......
En effet on n'est pas dans une histoire romanesque où tout colle et se suffit à lui-même, mais dans la vraie vie, où on ne comprend pas grand chose, où les mystères demeurent, où on se satisfait de ce qu'on a. et ce d'autant plus que ce bout de vie est raconté par une femme fascinée par autre qu'elle même, honteuse de sa propre « grandeur » et de ses petitesses.

La vraie vie ? Mais plus encore.
Par sa façon d'aduler Emerence, ( cette femme admirable par certains côtés, généreuse, «chrétienne» sans foi, mais aussi capricieuse, pire qu'exigente, et incapable de se mettre à la place de l'autre) mais aussi en se présentant elle-même comme si revêche, incapable d'un amour désintéressé, l'auteur fait entrer une part de subjectivité complète dans son récit, elle en est à la limite du pathétique par moment. Cette histoire est comme un conte où les personnages sont emblématiques et non de chair et d'os. Il y a d'ailleurs comme dans un conte des mystères, des pouvoirs quasi magiques,  une cache inviolable et tentatrice, la mort qui finit par ouvrir les yeux. Le chien  est  un compagnon fidèle et omniscient, qui prend par moments des allures de chœur antique. Tout  le véritable travail de l'écrivain apparaît là dans la transformation d'un récit autobiographique en un roman à la limite de l'onirique qui rend hommage aux petites gens.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #psychologique


Dernière édition par topocl le Mer 14 Déc - 18:10, édité 1 fois

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Message par bix_229 Lun 12 Déc - 15:56

Magda Szabó Captur57

LA PORTE

Quelques mots seulement pour confirmer l'impression enthousiaste concernant ce livre...

J'aimerais revenir sur le personnage central d'Emerence et de sa relation avec la narratrice dont elle fut la servante et qui dura de longues années.
Emerence est une femme rude en apparence, silencieuse, qui ne se livre pas. Son être véritable, elle ne le montre jamais, pire, elle s'acharne à le brouiller, à l'obscurcir...

On comprend assez rapidement qu'elle a subi de graves blessures morales, et qu'elles ne sont toujours pas guéries.
Ce qu'Emerence souhaite par dessus tout, c'est qu'on la devine et qu'on l'aime au delà de ce qu'elle tait, et malgré son agressivité insolite. Et particulièrement la narratrice qui l'aime tout autant...
Cette soif d'affection réciproque entre les deux femmes, ne sera qu'espérée, entrevue, mais finalement restera inassouvie.

Cette impression de frustration et d'inachèvement, c'est peut-être celle que nous ressentons quand il est trop tard pour y remédier et que nous pensons alors que décidément toutes les vies sont ratées.

C'est la force de Magda Szabo d'être quand même parvenue à sublimer cette femme qui l'aima tellement et d'en faire aussi un personnage inoubliable...

(Message récupéré)
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Message par bix_229 Lun 12 Déc - 16:00

Merci Eglantine pour cette romancière si sensible et  originale.
L' une des plus grandes de sa génération en Europe.
A redécouvrir la littérature hongroise de l' époque, la première moitié du 20e siècle et un peu plus.
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Message par tom léo Lun 12 Déc - 16:45

Magda Szabó 41vq0l10

Rue Katalin

Originale: Katalin utca  (Hongrois, 1969)

CONTENU :
Le roman décrit les liens entre trois familles en proche voisinage dans la rue Katalin, dans le Budapest à partir des années 30. Pendant la guerre un des personnages principaux, Henriette, a seize ans. Elle meurt et change ainsi tragiquemment la vie de tous les autres jusqu'à la fin du roman qu'on pourrait situer dans les années 60. La rue Katalin devient le symbole, devenu inatteignable, de l'enfance, de la jeunesse, de l'amour et de l'harmonie entre les familles. Mais elle devient aussi le lieu d'événements qui provoquent tristesse et desespoir.

REMARQUES :
Après avoir lu déjà trois autres livres de cet immense auteur hongrois, je n'ai pu faitre autrement que de me procurer aussi celui-ci, paru également dans une nouvelle édition chez Viviane Hamy (merci!).

Ce roman aussi demande une certaine attention dans la lecture, particulièrement au début : les perspectives de narration changent assez souvent et quelques fois la vie est racontée plutôt du point de vie de l'un ou l'autre protagoniste. Certaines parties sont aussi écrit dans la première personne par certains acteurs (Iren). Des époques différents, des niveaux de temps semblent melangés et désorientent d'abord dans la compréhension. Plus tard on comprend doucement que ce jeu de cache-cache apparent avec le lecteur déboussolé n'est pas juste une demonstration inutile de l'auteur, mais qu'il ne fait que réflèter les liens intérieurs et profonds entre le passé et le présent, la mort et la vie, ainsi que les relations intenses entre les personnes. Des choses, apparaissant dans l'enfance et la jeunesse si inébranlables et sûres (nous l'avons tous vécues, n'est-ce pas?) se défont sous l'influence des événements et du temps qui passe.

C'est un fait survenu au temps de la guerre qui va influencer du fond au comble le tout, bien au-delà le cadre strict du temps de la guerre. Rien n'est plus comme avant et quelque chose se perd irrévocablement. On voudrait tant retenir un passé, mais c'est trop tard. Peut-être les protagonistes l'ont reconnu déjà, mais ils jouent encore le jeu, se font encore des illusions, continuant desormais leur vies qui auront des tracées et des inévitabilités d'une tragédie grecque.

Voilà, avec ces pauvres impressions je ne peux qu'effleurer les multiples niveaux de narration et donc de compréhension. Mais j'avoue : j'ai découvert lors de la lecture des choses dans lesquelles je me retrouvais, qui m'ont frappées dans mon propre ressenti.

Donc, récommandation de ce titre et de l'oeuvre de cette femme-écrivaine formidable!
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Message par tom léo Mer 14 Déc - 7:14

Magda Szabó 41n6vm10

Le faon

Originale: Az őz, 1959

La narratrice Esther – comme adulte une actrice avec du succès – se tourne dans ce regard en arrière vers son amant. Elle regarde les frustration de son enfance, où la famille anciennement aristocratique, avait dégringolé dans la misère et la pauvreté. Celles-ci ont été vécu comme une humiliation, une honte. La rencontre avec Angela, figure d'une grande harmonie en quelque sorte, suscite moins l'amour en retour que plutôt de la haine qui, elle, ne sera jamais même perçu par Angela. Un événement enraciné dans la grande Histoire va éloigner les deux l'une de l'autre. Plus tard, cela deviendra dramatique quand Esther aimante découvrira comme adulte qu'Angela est l'épouse de son amante !

La narration bascule dans les niveaux de perspectives entre les différentes stations de la vie, et elle me paraissait, au moins en français, comme assez exigeante et épuisante, même si la langue en soi ne pose pas de problèmes. La virtuosité de Szabo est la mise d'ensemble de tous les niveaux et fils différents, entre retour, regard en arrière vers l'enfance et puis la description d'un passé plus proche. Lentement se déploie une vue de plus en plus large, détaillée sur un drame seulement préssenti au début.

Mais ce qui me rendait la lecture difficile, en plus dans un temps très chargé par le travail, était l'atmosphère d'accusation, l'espérience difficile de sentiments de vraie haine indomptable. Assurement Szabo arrive avec maîtrise de revèler ce labyrinthe intérieur de jalousie, d'envie. Aussi dans la description de honte, de la humiliation liées à la pauvreté dans la première partie du livre. Observations très justes et percutantes. On pressent aussi, causés par les temps historiquement difficiles, les circonstances contrariants : avant, pendant et après la guerre, et sous différents régimes.

Mais probablement beaucoup seront sonnés par l'atmosphère « sombre » du livre. Tout en admirant le talent de Szabo j'ai du interrompre cette lecture, en attente d'un humeur, d'une disposition intérieure plus favorable pour goûter encore plus les finesses de détails ?!
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Message par Invité Dim 10 Sep - 19:07

Je découvre cette auteure, actuellement, en lisant La ballade d'Iza et c'est une vraie rencontre : j'aime autant l'écriture que le sujet et je m'oblige à lire par petites touches pour faire durer ce partage !


(Vous faites de très beaux commentaires sur les livres que vous lisez...)

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Message par bix_229 Dim 10 Sep - 19:14

Pour l' instant, en tout cas, tu mets l' accent sur des auteurs que nous aimons
particulièrment.

Alors on essaie de les faire aimer...
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Message par Invité Dim 24 Sep - 9:46

La ballade d'Iza

Magda Szabó La_bal10


Quatrième de couverture :

Dans sa maison de la Grande Plaine, Mme Szöcs attend qu'on vienne la chercher : son mari est en train de mourir. A l'hôpital, Vince ne la reconnaît pas, et sa dernière phrase est destinée à Iza, leur fille trop aimée. Une fois son père enterré, Iza emmène sa mère vivre avec elle dans on appartement de Budapest. Elle a tout décidé, fait le tri entre meubles et objets à garder et à abandonner, arrangé la chambre, sans demander à la vieille dame -qui pourra " enfin se reposer " -ni son avis ni ses envies. Peu à peu la fragile vieille dame se pétrifie de la non-existence qui lui est ainsi offerte, jusqu'au jour où elle décide de retourner dans son village...


En portant le regard porte sur Etelka - Madame Szöcs - , le livre décrit , page après page,  les différents membres de la famille.
Il y a Vince, celui qui s'en va ( et qui est le centre de cette histoire, pour moi, davantage que la femme qu'il laisse seule), il y a Etelka qui, dans son chagrin, se réjouit d'aller vivre chez sa fille et espère retrouver la relation d'enfant à adulte qu'elles avaient toutes les deux, il y a leur fille Iza, devenue un médecin réputé pour son diagnostic et admiré et qui croit faire le bonheur de sa mère en l'emmenant à Budapest pour ne pas la laisser seule, son ex-mari, Antal, médecin lui aussi qui décide d'acheter la maison de Vince et Etelka au départ de celle-ci, la compagne d'Antal - Lydia - infirmière  qui accompagne Vince dans ses derniers instants de vie dans le cadre de sa profession (mais pas seulement).

Tout un ensemble de personnages et d'histoires individuelles, prétexte à raconter un peu d'Histoire de cette Hongrie des villages et d'une certaine pauvreté. Il se dégage de ce récit une atmosphère que l'on quitte à regret.


J'ai beaucoup aimé cette lecture, vous l'aurez deviné, et me réjouis de savoir que d'autres livres du même écrivain m'attendent.

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Message par Armor Dim 24 Sep - 15:35

Spontanément cet auteur ne m'attire pas plus que ça, mais vous m'intiguez, tous, avec vos commentaires qui donnent envie d'être curieux !
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Message par bix_229 Lun 9 Juil - 22:40

Magda Szabó Le_fao10

LE FAON. - V. Hamy

Malheur à ceux qui n'ont pas été aimés enfants.
Leur détresse morale fera peut etre d'eux des monstres très ordinaires.

Le Faon, c'est l'histoire d'une femme brillante, lucide, qui ne s'aime pas, depuis longtemps, et qui ne peut aimer que si on l'aime à l'exclusion de toute autre chose qu'elle-meme.
D'une femme qui se déteste au point de détester son image, son apparence. Au point de penser qu'elle n'a pas de visage et de décider de devenir comédienne pour pouvoir s'inventer une identité provisoire derrière laquelle elle se cachera.
"Je n'aime que jouer", avoue t'elle.

Enfant, elle a pourtant beaucoup aimé ses parents.
Fille de gens dénués de tout, elle les a littéralement tenus à bout de bras,
essayant comme un chien affamé de se réchauffer à la passion qui les
unit.
"Témoin et voyeuse de leur amour", elle n'obtiendra qu'une attention un peu distraite.
Plus tard, elle va aimer un homme. Mais "elle a peur de l'étrangère à elle-meme qu'elle devient en aimant".
Alors, elle finira par le rejeter parce que rien ni personne ne saurait jamais
combler l'immense soif de tendresse refoulée au plus profond d'elle-meme.

Sa vie n'est qu'un enfer que rien n'allège. Au contraire, elle n'a de cesse de se blesser et de se meurtrir davantage.
Alors, après avoir tout quitté, tout brisé, elle pleure enfin.
Monstrueuse et pathétique. Odieuse et pitoyable, telle est Eszter, victime
et coupable de sa détresse morale.

Magda Szabo est parfois, souvent, extraordinairement convaincante.

Récupéré

Je viens d' entamer Le Vieux Puits, et je suis déjà subjugué.
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Message par Bédoulène Mar 10 Juil - 8:56

merci Bix ! en attente cette auteure !

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
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Message par ArenSor Lun 16 Juil - 12:28

La Porte

Vous avez tous parfaitement résumé ce livre extraordinaire et je n’ai rien d’original à ajouter à vos commentaires. C’est une relation d’amitié toute particulière qui unit ces deux personnes si opposées l’une à l’autre. On ne choisit pas toujours d’aimer quelqu’un, l’autre parfois choisit, ou bien le sentiment lui-même s’impose.

« Quand j’étais étudiante, je détestais Schopenhauer, plus tard j’ai compris que je devais retenir de sa théorie, que toute relation sentimentale est une possibilité d’agression, plus je laisse de gens m’approcher, plus il y a de voies par lesquelles le danger peut m’atteindre. »

Ceux qui ne n’ont pas encore lu « La Porte », n’hésitez pas, c’est vraiment un grand ouvrage. Merci de me l’avoir fait découvrir. cheers
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Message par bix_229 Mer 5 Sep - 18:38

Magda Szabó Arton710

Le vieux puits

Un vieux puits comblé dans la cour de la maison natale. Les parents ont interdit à la petite fille de s'en approcher de peur que la terre s'écroule.
Mais, c'est bien connu, ce qu'on interdit aux enfants, les attire d'autant plus.
Par respect pour ses parents la petite fille respecte l'interdit.
Mais rien ne l’empêche d'imaginer ce qu'il y a peut être au fond du puits. Ni, plus tard, de s'y glisser pour retrouver ses souvenirs d'enfant, sa ville, ses amis, ses parents. Tout ce qui l'a frappée si tôt et si durablement.

Les souvenirs de Magda Szabo sont ceux d'une enfant précoce, vive, sensible et imaginative. Entourée de parents exceptionnellement aimants, compréhensifs et doués.
Tous deux sont dotés de dons artistiques comme le reste de la famille.
Si la vie ne leur permettra pas de les exprimer publiquement, ils inventent pour elle des contes quotidiens, tissant ainsi entre eux une complicité active.

Plus que tout, c'est sa mère que la petite Magda aime, et admire. Jamais elle ne connaîtra un être plus proche dans sa vie.

"Mère avait toujours à faire, je ne sais pas comment elle trouvait le temps d'écrire -sans doute la nuit. L'art était pour elle autre chose que pour des artistes plus favorisés : sa corde de rappel, sa bouée de sauvetage quand la vie était trop lourde à porter."

Magda la juge téméraire, inventive, fantasque, fabuleusement douée pour réinventer une vie  meilleure.
Un être romanesque, une fée.
Avec le père, Magda découvre la ville, les monuments, les commerçants. L'histoire, la science, la culture. Mais elle l'aime également beaucoup.

"La vie était simple, il offrait bonheur et sécurité.
Et il était homogène. Tout  y était vivant, non seulement les humains et les,animaux, mais aussi les choses ; toutes les créatures fantastiques y vivaient, comme des êtres de chair et de sang."


Même la maladie et la fièvre lui apportent des visions surnaturelles. D'autant plus appréciées que, "du fait de ses aptitudes et du caractère de ses parents, les limites entre réalité et imaginaire étaient floues."
Très tôt aussi, elle a besoin de réfléchir, de raisonner, de chercher des explications à tout.
La réalité vivante de la ville et des êtres lui apporte des éléments supplémentaires et concrets de connaissance.
Ce qui ne l'empêche pas, comme tout enfant d'aimer ou de haïr sans trop savoir pourquoi.

Comme ses parents, elle aime les animaux, et elle réalise qu'en fait, ils n'existent "qu'en tant qu'outils et nourriture."
Un jour, elle assiste à l'agonie et à la mort d'un cheval accidenté et c'est pour elle l'occasion d'un profond traumatisme.
Ce qui la trouble durablement aussi, c'est le silence des animaux face à la mort.

Un peu plus tard, la conscience de la mort se rapproche, c'est celle de son père qu'elle pressent.
Et cette révélation sera désormais une inquiétude constante.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces souvenirs, remarquables par leur quantité autant que par leur précision. Même si la romancière a réinventé.
C'est une enfance heureuse et pleine qu'elle a connue dans l'ensemble.
Et, de fait, c'est ce qu'elle nous révèle de plus intéressant.
"Il n'est pas facile d’être adulte et une fois adulte de supporter celui qu'on a été."

mots-clés : #autobiographie #enfance
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Message par Bédoulène Mer 5 Sep - 20:30

merci Bix, je ne connais pas l'auteure

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par bix_229 Mer 5 Sep - 20:48

Bédoulène a écrit:merci Bix, je ne connais pas l'auteure
Noooon ! Tu as de biens beaux jour devant toi !
La Porte, c'est pour toi !
Pour commencer...
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Message par Bédoulène Mer 5 Sep - 20:51

ok je crois que je l'ai ce livre

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Message par Invité Dim 9 Sep - 18:35

J'ai gardé La porte pour cet automne, mais c'est écrit tout petit !! affraid


Bix, tu me tentes avec celui-là, aussi !! Je n'ai lu que La Ballade d'Iza que j'avais adoré.

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