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Simone Weil

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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 10:36

Simone Weil
(1909-1943)


philosophique - Simone Weil Simone10


Simone Adolphine Weil est une philosophe, humaniste, écrivain et militante politique française, sœur cadette du mathématicien André Weil, née à Paris le 3 février 1909 et morte à Ashford (Angleterre) le 24 août 1943. Bien qu'elle n'ait jamais adhéré explicitement par le baptême au catholicisme malgré une profonde vie spirituelleNote 1, elle est reconnue et se considérait comme une mystique chrétienne1. Elle est également une brillante helléniste, commentatrice de Platon et des grands textes littéraires, philosophiques et religieux grecs, mais aussi des écritures sacrées hindoues. Ses écrits, où la raison se mêle aux intuitions religieuses et aux éléments scientifiques et politiques, malgré leur caractère apparemment disparate, forment un tout d'une exceptionnelle unité et parfaitement cohérent2,3. Le fil directeur de cette pensée, que caractérise un constant approfondissement, sans changement de direction ni reniement, est à chercher dans son amour impérieux de la vérité, philosophiquement reconnue comme une et universelle, et qu'elle a définie comme le besoin de l'âme humaine le plus sacré.
(wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_Weil)

Bibliographie :

1932-1942 : Sur la science
1933 : Réflexions sur la guerre
1933-1934 : Leçons de philosophie (lycée de Roanne 1933-1934
1934 : Un soulèvement prolétarien à Florence au xive siècle
1933-1934 : Carnet de bord
1933-1943 : Oppression et liberté Paris
1934 : Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale
1936-1942 : La Source grecque
1937 : La Condition ouvrière  
1939 : L'Iliade ou le poème de la force
1940 : Note sur la suppression générale des partis politiques
1940-1942 : Cahiers.
1940-1942 : Cahiers. II
1940-1942 : La Pesanteur et la Grâce (extraits des 11 Cahiers écrits à Marseille entre oct. 1940 et avril 1942, confiés à Gustave Thibon en avril 1942)
1940-1943 : Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu
1941-1942 : Intuitions pré-chrétiennes
1942 : Lettre à un religieux, Paris
1942 : Attente de Dieu (lettres de janv. à mai 1942 au Père J.-M. Perrin)
1942-1943 : La connaissance surnaturelle
1943 : « L'agonie d'une civilisation vue à travers un poème épique » et « En quoi consiste l'inspiration occitanienne » dans le numéro spécial des Cahiers du Sud consacré au « Génie d'Oc et [au] monde méditerranéen » (sous le pseudonyme Émile Novis)
1943 : L'Enracinement, Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain
1940 : Venise sauvée
1940-1942 : Cahiers. III
1943 : Écrits de Londres et dernières lettres

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 10:49

philosophique - Simone Weil 41wusq10

L'enracinement

je me dois de faire un petit commentaire pour cette lecture si essentielle. (qui a fait l'objet d'une LC)


Simone Weil m’intéresse tout d’abord en tant que femme, j’aime les personnes qui défendent  leurs opinions avec force,  elle ne doute pas de son raisonnement et son  prélude pour une nouvelle civilisation est un projet humaniste.

S. Weil dresse tout d’abord un « état des lieux » de la France (économie, travail,  social, justice, sciences, politique, religion etc..). Elle  fait ensuite des propositions, mais ce sont plutôt des directives, pour réparer  les déficiences découvertes.

Tous les besoins vitaux et/ou sacrés qu’elle estime nécessaires à la santé physique, morale et spirituelle d’un Etre humain, elle les trouve dans les valeurs de la chrétienté, celle qui est vérité.

Après avoir nommé ces besoins, elle les développe : leur absence ou "pollution" dans la partie » déracinement » car comme une plante déracinée là où il y a manque, il y a souffrance ; puis elle restitue les besoins  amandés  c’est l’ enracinement.

Même si, S.Weil, élève ses solutions vers les cieux, vers Dieu, elle sait que l’exécution ne peut en être que terrestre :

nous sommes sur terre pour travailler  ! le travail serait notre  salut !

Je ne partage pas son choix  qui consiste à  lier ses thèses  à la religion, mais je reconnais que son prélude est bien construit, lisible. Toutefois je pense qu’un autre philosophe aurait pu édifier de façon aussi raisonnable un écrit sans emprunter  à la foi, du moins pas celle en Dieu ; même si je partage certaines des valeurs de la chrétienté en tant que citoyenne ce qui prouve que ce texte peut rassembler croyants ou non-croyants ce qui était à l’évidence le souhait de Simone Weil.

Je suis admirative de son intelligence, son travail, sa passion ; j’ai apprécié cette lecture et je trouve que l’état des lieux dressé  il y a des décennies est hélas toujours d’actualité.
Preuves nous en sont étalées tous les jours devant nos yeux.


Spoiler:






(message rapatrié)
mots-clés : #essai


Dernière édition par Bédoulène le Jeu 17 Aoû - 13:59, édité 1 fois

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Message par tom léo Mar 20 Déc - 16:21

Tout en étant philosophe et spirituelle, Simone était profondement ancrée dans un concret, dans le réel. Elle s'est engagée auprès des pauvres de son quartier, auprès des ouvriers, les réjoignant dans des mouvements de grèves etc. Elle se faisait des amis littéralement à gauche et à droite (surtout à gauche...). Dans le quartier le communisme était omniprésent: mais elle réussissait de nouer de contacts profonds de confiance.

Cet engagement ne forcait personne de devoir la suivre sur son cheminement spirituel:

Bédoulène a écrit:Je ne partage pas son choix qui consiste à lier ses thèses à la religion, mais je reconnais que son prélude est bien construit, lisible. Toutefois je pense qu’un autre philosophe aurait pu édifier de façon aussi raisonnable un écrit sans emprunter à la foi, du moins pas celle en Dieu ; même si je partage certaines des valeurs de la chrétienté en tant que citoyenne ce qui prouve que ce texte peut rassembler croyants ou non-croyants ce qui était à l’évidence le souhait de Simone Weil.

..., mais pourtant, si on veut vraiment s'approcher de sa personnalité, on ne peut pas en faire abstraction. Pour mieux comprendre (éventuellement), le livre de Catherine Millot est pas mal:

La vie parfaite: Jeanne Guyon, Simone Weil, Etty Hillesum (comme vous voyez, il rassemble trois fortes personnages féminines.
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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 16:40

c'est en écoutant un documentaire sur le Front Populaire que j'ai entendu Simone Weil dire en parlant des ouvriers son contentement lors des grèves "après avoir si longtemps baisser la tête....."

je compte lire un autre livre mais plus ancré sur le concret, même si je comprends ce que tu dis Tom
"mais pourtant, si on veut vraiment s'approcher de sa personnalité, on ne peut pas en faire abstraction. "

j'avais plusieurs approches sur le livre d'oeuvre où se trouvait l'Enracinement d' ailleurs.

j'ai dans ma PAL numérique le livre de Laure Adler "Simone Weil l'insoumise"

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Message par Marie Mer 21 Déc - 3:44

Il m'a semblé que le côté mystique de Simone Weil apparaissait plus nettement dans sa correspondance que dans L'Enracinement?
Après tout , il n'est pas nécessaire d'être croyant pour écrire :
Les besoins d'un être humain sont sacrés. Leur satisfaction ne peut être subordonnée ni à la Raison d’État, ni à aucune considération soit d'argent, soit de nationalité, soit de race, soit de couleur, ni à la valeur morale ou autre attribuée à la personne considérée, ni à aucune condition quelle qu'elle soit.

J'ai trouvé cette philosophe rayonnante d'intelligence dans ce livre, L'Enracinement, mais j'aurais dû participer à votre lecture commune pour pouvoir en dire plus maintenant..Et je crois que c'est un livre auquel il faut revenir plusieurs fois, il est très clair, mais dense.

Il m'en reste quelques extraits recopiés , dont cette vision de la politique :

On ne regarde presque jamais la politique comme un art d'espèce tellement élevée. Mais c'est qu'on est accoutumé depuis des siècles à la regarder seulement, ou en tout cas principalement, comme la technique de l'acquisition et de la conservation du pouvoir.
Or le pouvoir n'est pas une fin. Par nature, par essence, par définition, il constitue essentiellement un moyen. Il est à la politique ce qu'est un piano à la composition musicale. Un compositeur qui a besoin d'un piano pour l'invention des mélodies se trouvera embarrassé s'il est dans un village où il n'y en a pas. Mais si on lui en procure un, il s'agit alors qu'il compose.
Malheureux que nous sommes, nous avions confondu la fabrication d'un piano avec la composition d'une sonate.


Ou encore:
Il serait simple de faire avec soi-même le pacte de n'admirer dans l'histoire que les actions et les vies au travers desquelles rayonne l'esprit de vérité, de justice et d'amour; et, loin au-dessous, celles à l'intérieur desquelles on peut discerner à l'oeuvre un pressentiment réel de cet esprit.
Cela exclut, par exemple, Saint Louis lui-même, à cause du fâcheux conseil donné à ses amis ,de plonger leur épée au ventre de quiconque tiendrait en leur présence des propos entachés d'hérésie ou d'incrédulité.
On dira, il est vrai, pour l'excuser, que c'était l'esprit de son temps, lequel, étant situé sept siècles avant le nôtre, était obnubilé en proportion. C'est un mensonge. Peu avant Saint Louis, les catholiques de Béziers, loin de plonger leur épée dans le corps des hérétiques de leur ville, sont tous morts plutôt que de consentir à les livrer. L'Eglise a oublié de les mettre au rang des martyrs, rang qu'elle accorde à des inquisiteurs punis de mort par leurs victimes. Les amateurs de la tolérance, des Lumières et de la laïcité , au cours des trois derniers siècles, n'ont guère commémoré ce souvenir non plus; une forme aussi héroïque de la vertu qu'ils nomment platement tolérance aurait été gênante pour eux.
Mais quand même ce serait vrai, quand même la cruauté du fanatisme aurait dominé toutes les âmes du Moyen-Age, l'unique conclusion à en tirer serait qu'il n'y a rien à admirer dans cette époque. L'esprit de vérité, de justice et d'amour n'a absolument rien à voir avec un millésime; il est éternel: le mal est la distance qui sépare de lui les actions et les pensées; une cruauté du Xème siècle est exactement aussi cruelle , ni plus ni moins, qu'une cruauté du XIXème.
Pour discerner une cruauté, il faut tenir compte des circonstances, des significations variables attachées aux actes et aux paroles, du langage symbolique propre à chaque milieu; mais une fois qu'une action a été indubitablement reconnue comme une cruauté, quels qu'en soient le lieu et la date, elle est horrible.
On le sentirait irrésistiblement si l'on aimait comme soi-même tous les malheureux qui, il y a deux ou trois mille ans, ont souffert de la cruauté de leurs semblables.
On ne pourrait pas alors écrire, comme M. Carcopino, que l'esclavage était devenu doux à Rome sous l'Empire, vu qu'il comportait rarement un châtiment plus rigoureux que les verges.


Les tentatives du même genre dans l'analyse de l'histoire peuvent être illustrées par une pensée ingénieuse exprimée dans une revue catholique de New York, lors du dernier anniversaire de la découverte de l'Amérique. Elle disait que Dieu avait envoyé Christophe Colomb en Amérique afin qu'il y eût quelques siècles plus tard un pays capable de vaincre Hitler. Cela est encore bien au-dessous de Bernardin de Saint-Pierre; cela est atroce. Dieu, apparemment, méprise , lui aussi, les races de couleur; l'extermination des populations d'Amérique au XVIème siècle lui paraissait peu de chose au prix du salut des Européens du XXème siècle; et il ne pouvait pas leur amener le salut par des moyens moins sanglants. On croirait qu'au lieu d'envoyer Christophe Colomb en Amérique plus de quatre siècles à l'avance, il aurait été plus simple d'envoyer quelqu'un assassiner Hitler aux environs de 1923.
On aurait tort de penser que c'est là un degré exceptionnel de bêtise. Toute interprétation providentielle de l'histoire est par nécessité située exactement à ce niveau


Merci Bédou pour le fil!
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Message par Bédoulène Mer 21 Déc - 20:26

merci à toi Marie de ton intervention. Oui une LC permet de mieux échanger.

Parmi les intervenants mentionnés au début du livre que j'avais emprunté à la médiathèque, l'un de ses amis disait de S. Weil (qui a beaucoup évoqué Marx dans ce livre) "elle avait compris qu'on ne pouvait oublier Marx mais aussi que l'on ne pouvait le suivre."


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Message par Invité Jeu 7 Déc - 17:58

Je découvre avec plaisir ce fil. Je viens enfin de sortir de mes étagères ses oeuvres complètes, qui y traînaient depuis trop longtemps.

philosophique - Simone Weil L9782010

Un sacré pavé, mais je sens qu'il va me passionner. L'introduction de Florence de Lussy est alléchante.
Simone Weil, disciple d'Alain, empreinte d'un mysticisme chrétien, philosophe engagée. Elle a su pressentir les terribles conséquences qui attendaient l'Europe lors d'un cours séjour en Allemagne en 1932, puis ne pas se laisser berner par la situation en URSS. Pas comme d'autres en son temps ...
Des grands noms en font son éloge (Camus, Blanchot ...), et elle côtoie des Daumal, et autres.
Je pense que je vais commencer par toute la partie concernant la guerre d'Espagne. Je vais essayer de retranscrire ce que j'en aurai tiré, je sais qu'il y a des intéressés par ici ! philosophique - Simone Weil 3933839410


mots-clés : #philosophique

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Message par Bédoulène Jeu 7 Déc - 20:31

Coli avait aussi participé à la LC et Shanidar et d'autres sur l'autre forum, nous avions eu des échanges intéressants.

je l'ai retrouvée quelque peu dans l' excellent livre de Hans Magnus Enzensberger "le bref été de l'anarchie"

j'aurais plaisir à te lire Arturo

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Message par Invité Jeu 7 Déc - 21:08

Oui, sa place est en philo. Tu l'as étudiée, Hanta ?

J'ai lu avec plaisir vos très riches commentaires sur Parfum. Peut-être que Coli, pourrait copier son long et beau commentaire par ici ? philosophique - Simone Weil 1405744041

En fait, Simone Weil ne sera restée qu'à peine 2 mois en Espagne, en Aout-Septembre 1936, aux débuts de la guerre civile. Suite à un accident, elle rentrera en France.
Suffisant pour se faire une idée, son idée. Qui en a sans douté dérouté plus d'un. Car si elle est très ancrée à gauche, qu'elle défend les opprimés, et qu'elle est partie en Espagne pour rejoindre les rangs du POUM, puis de la colonne Durutti. A son retour, elle n'est pas tendre avec les Républicains.
Grosso modo, les anarchistes ne valent guère mieux que les fascistes à ses yeux. L'homme est un loup pour l'homme, et son pacifisme va se prendre cette brutale réalité en pleine face.
Sa lettre à George Bernanos est éloquente à ce propos (à noter qu'il l'a conservée constamment dans son porte-feuille).

Simone Weil a écrit:L’essentiel, c’est l’attitude à l’égard du meurtre. Je n’ai jamais vu, ni parmi les Espagnols, ni même parmi les Français venus soit pour se battre, soit pour se promener – ces derniers le plus souvent des intellectuels ternes et inoffensifs – je n’ai jamais vu personne exprimer même dans l’intimité de la répulsion, du dégoût ou seulement de la désapprobation à l’égard du sang inutilement versé. Vous parlez de la peur. Oui, la peur a eu une part dans ces tueries ; mais là où j’étais, je ne lui ai pas vu la part que vous lui attribuez. Des hommes apparemment courageux – au milieu d’un repas plein de camaraderie, racontaient avec un bon sourire fraternel combien ils avaient tué de prêtres ou de « fascistes » – terme très large. J’ai eu le sentiment, pour moi, que lorsque les autorités temporelles et spirituelles ont mis une catégorie d’êtres humains en dehors de ceux dont la vie a un prix, il n’est rien de plus naturel à l’homme que de tuer. Quand on sait qu’il est possible de tuer sans risquer ni châtiment ni le blâme, on tue ; ou du moins on entoure de sourires encourageants ceux qui tuent. Si par hasard on éprouve d’abord un peu de dégoût, on le tait et bientôt on l’étouffe de peur de paraître manquer de virilité. Il y a là un entraînement, une ivresse à laquelle il est impossible de résister sans une force d’âme qu’il me faut bien croire exceptionnelle, puisque je ne l’ai rencontrée nulle part. J’ai rencontré en revanche des Français paisibles, que jusque-là je ne méprisais pas, qui n’auraient pas eu l’idée d’aller eux-mêmes tuer, mais qui baignaient dans cette atmosphère imprégnée de sang avec un visible plaisir. Pour ceux-là je ne pourrai jamais avoir à l’avenir aucune estime.

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Message par Hanta Jeu 7 Déc - 21:10

Non, je reconnais son apport déterminant en philosophie, j'admets hélas qu'elle n'a pas la place qu'elle mérite sans doute parce que c'est une femme (je n'ai vu qu'Arendt s'extraire de sa condition) mais son approche philosophique ne m'a jamais interpellé.  j'ai étudié de la philosophie pour trouver des questions, et elle ne m'en apporte pas dans sa façon de traiter ses sujets.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 4 Déc - 8:27

philosophique - Simone Weil Simone10

J'ai cité Simone Weil récemment. C'est très songé et ça rejoint un peu mes préoccupations plus concrètes de syndicaliste au quotidien...

On peut entendre par liberté autre chose que la possibilité d'obtenir sans effort ce qui plaît. Il existe une conception bien différente de la liberté, une conception héroïque qui est celle de la sagesse commune. La liberté véritable ne se définit pas par un rapport entre le désir et la satisfaction, mais par un rapport entre la pensée et l'action ; serait tout à fait libre l'homme dont toutes les actions procéderaient d'un jugement préalable concernant la fin qu'il se propose et l'enchaînement des moyens propres à amener cette fin. Peu importe que les actions en elles-mêmes soient aisées ou douloureuses, et peu importe même qu'elles soient couronnées de succès ; la douleur et l'échec peuvent rendre l'homme malheureux, mais ne peuvent pas l'humilier aussi longtemps que c'est lui-même qui dispose de sa propre faculté d'agir. Et disposer de ses propres actions ne signifie nullement agir arbitrairement ; les actions arbitraires ne procèdent d'aucun jugement, et ne peuvent à proprement parler être appelées libres. Tout jugement porte sur une situation objective, et par suite sur un tissu de nécessités. L'homme vivant ne peut en aucun cas cesser d'être enserré de toutes parts par une nécessité absolument inflexible ; mais comme il pense, il a le choix entre céder aveuglément à l'aiguillon par lequel elle le pousse de l'extérieur, ou bien se conformer à la représentation intérieure qu'il s'en forge ; et c'est en quoi consiste l'opposition entre servitude et liberté. Les deux termes de cette opposition ne sont au reste que des limites idéales entre lesquelles se meut la vie humaine sans pouvoir jamais en atteindre aucune, sous peine de n'être plus la vie. Un homme serait complètement esclave si tous ses gestes procédaient d'une autre source que sa pensée, à savoir ou bien les réactions irraisonnées du corps, ou bien la pensée d'autrui (...).

Simone Weil, « Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale »
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Message par Bédoulène Lun 4 Déc - 8:36

ah! Simone Weil !

de bons souvenirs d'une LC sur L'Enracinement"

et dans un docu TV sur le Front Populaire je me souviens que S.W. avait dit "après avoir longtemps baissé la tête voilà qu'ils la relève" (en gros)

Si tu fais un commentaire je te lirai volontiers

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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 4 Déc - 8:37

Il faudrait en tout cas que je lise les textes et les livres sur la condition ouvrière!
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