Henning Mankell
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Re: Henning Mankell
Chamaco- Messages : 4510
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : Corse du sud
Re: Henning Mankell
Où le lecteur retrouve Wallander (septième apparition), avec ses problèmes de manque de sommeil et d’amour, ou encore son père qui peint ou peignait des paysages ensoleillés avec ou sans coq de bruyère ; Wallander qui se demande toujours comment et pourquoi la Suède est entrée dans une époque de violence, dure et brutale.
Et pourtant, sans vraie surprise, le lecteur retrouve avec plaisir ces marques ‒ ses marques, presque ses pénates. Il y a bien une intrigue un peu tordue de jeunes gens qui se réunissent secrètement déguisés de costumes anciens, et un mystérieux prédateur pour les massacrer, mais, comme d’habitude, c’est assez accessoire.« ‒ Oui, dit Wallander. C’est ça, la vraie question : dans quel monde vivons-nous ? Mais la réponse est trop insoutenable, on n’a pas la force de la penser jusqu’au bout. Ce que nous redoutons est peut-être déjà là : l’étape suivante, si on peut s’exprimer ainsi. Après l’effondrement de l’État de droit. Une société où de plus en plus de gens se sentent inutiles, voire rejetés. Dans ces conditions, nous pouvons nous attendre à une violence entièrement dénuée de logique. La violence comme aspect naturel du quotidien. Nous nous plaignons de cette évolution, mais parfois je me demande si nous ne sommes pas encore en dessous de la vérité. »
« De plus en plus de gens jugés superflus seraient réduits à des vies indignes dans les marges très dures de la société, où ils seraient condamnés à contempler les autres : ceux qui étaient du bon côté de la barrière, ceux qui avaient des raisons d’être contents. »
Peut-être pas le meilleur cru, un peu longuet aussi, mais à doses espacées je ne me lasse pas de Mankell.
Mots-clés : #polar
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henning Mankell
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Henning Mankell
Et je trouve aussi que l'écriture de Mankell apporte très vite une sensation de familiarité, qui permet de retrouver ses repères dans l'approche du personnage et de ses doutes.
Avadoro- Messages : 1405
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 39
Re: Henning Mankell
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henning Mankell
Invité- Invité
Re: Henning Mankell
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henning Mankell
Le dynamiteur
Ce premier ouvrage d'Henning Mankell a été récemment publié. Il suit l'existence d'Oskar Johansson, dynamiteur, dont la vie a été bouleversée par un grave accident du travail lors du creusement d'un tunnel, au début du XXème siècle...mais cet évènement dramatique, suivi d'un rétablissement inespéré et presque miraculeux malgré des séquelles, n'est pas le coeur du roman.
Mankell se penche avant tout sur la simplicité du quotidien de cet homme de l'enfance à la vieillesse, qui reflète une dignité discrète et pourtant essentielle. Le couple, la famille, et les proches aident à construire un fil conducteur et les acquis socio-politiques représentent aussi une importante toile de fond. Mais à l'image du moment où le narrateur rejoint Johansson dans une île isolée pour capter une partie de ses souvenirs, les traces les plus émouvantes semblent marquées par le silence, l'oubli, l'humilité d'un regard. Et l'écriture devient alors un moyen de capter et figer ces morceaux d'une personnalité.
Si j'ai été sensible aux thèmes abordés qui révèlent de nouveau la cohérence de l'oeuvre de Mankell, quelques maladresses de structure fragilisent la lecture. Les allers-retours dans le passé, reflets d'un découpage trop visible et omniprésent, semblent contredire le dépouillement et la force expressive du propos.
Le dynamiteur reste cependant, malgré ces lacunes, bien davantage qu'une curiosité.
Avadoro- Messages : 1405
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 39
Re: Henning Mankell
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Henning Mankell
Ainsi que Mankell l’annonce dans son avant-propos, ce roman est le dernier écrit de la série Wallander, l’avant-dernier par ordre chronologique de la fiction. Mais ce qui a surtout retenu mon attention à sa lecture, c’est la postface, Wallander et moi. Mankell rappelle d’abord des vérités toujours bonnes à entendre (et par définition pas nouvelles).
Cela éclaire le profond rapport polar/ énigme/ drame.« Tout ce qu’on écrit relève d’une tradition. Les auteurs qui prétendent être entièrement dégagés de toute tradition littéraire racontent des mensonges. On ne devient pas artiste ex nihilo. »
« …] la meilleure histoire criminelle, la plus fondamentale, était la tragédie grecque antique. »
Suit le récit de la genèse de Wallander ; au risque de me montrer impertinent (dans tous les sens du mot), m’a fait un peu sourire la proclamation circonstanciée de l’auteur qui affirme que son personnage ne vaut, à ses yeux comme à ceux du lecteur, que comme « instrument » ayant « la charge de tirer le récit » pour promener « un miroir des années 1990 et 2000 en Suède et en Europe ».
Même si le dépressif Wallander s’étonne souvent, avec un peu de naïveté, de l’évolution d’une criminalité grandissante en Suède, ce n’est pas, je crois, comme messager de l’actualité qu’il nous captive. D’ailleurs, dans ce roman en particulier, en fait de dénonciation des grands maux de notre époque, il s’agit d’un drame familial vieux de plus d’un demi-siècle, et très lointainement rattaché à la situation des pays baltes pendant et après-guerre. Si Wallander a été un instrument efficace c’est plutôt, me semble-t-il, pour avoir encouragé la lecture méritée des autres livres de Mankell.
« Il y a des pages qu’il m’a été difficile d’écrire. Mais je sais que ce qui se passe dans la vie quotidienne est toujours pire que la fiction. Mon imagination ne peut pas égaler la réalité. En conséquence, je dois parfois écrire des scènes épouvantables afin de rester crédible. »
Mots-clés : #polar
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henning Mankell
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Henning Mankell
Invité- Invité
Re: Henning Mankell
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henning Mankell
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Henning Mankell
Je vais me mettre en quête.
Invité- Invité
Re: Henning Mankell
C"est ce que j'avais en tête quand j'ai écrit : "Si Wallander a été un instrument efficace c’est plutôt, me semble-t-il, pour avoir encouragé la lecture méritée des autres livres de Mankell."Bédoulène a écrit:moi ce qui m'interpelle ce sont les livres : Chaussures italiennes et bottes suédoises
Sauf que Les bottes suédoises est encore sur ma PAL, avec quelques autres !
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henning Mankell
Un ancien officier de marine disparaît ; or il enquêtait sur l’affaire des sous-marins soviétiques ayant pénétré dans les eaux territoriales suédoises dans les années 80, et qu’on avait laissés s’échapper "sur ordre d’en haut". Pour bien comprendre l’intrigue, il faut se rappeler que la Suède, dans sa tradition de « neutralité principielle », ne fait pas partie de l’OTAN, bien que les Suédois se méfient toujours de leur(s) voisin(s) de l’Est. La chute du mur de Berlin n’a été qu’une étape dans une guerre froide qui se poursuivrait, et les États-Unis sont un allié (quoique…) Wallander confesse une certaine « paresse politique » (il n’est pas le seul), et se demande si ce n’est pas irresponsable.
Ambiance espionnage et géopolitique donc pour la douzième et dernière aventure de Wallander, qui a soixante ans, décline et angoisse : ainsi en a décidé son créateur, Henning Mankell. L’auteur je ne sais pas, mais le commissaire solitaire, lui, si humain mais vieillissant, est mal parti entre ses craintes et ses oublis (notamment son arme dans un restaurant), peut-être écrasé par l’aboutissement d’une petite fille donnée par sa fille unique. Dans ce roman assez copieux, Mankell approfondit son fameux personnage en lui faisant revisiter une grande part de son passé, et je pense assez juste le point de vue de Bix dans son commentaire bien vu :
Mais une fois encore on est emporté par l’enquête, l’atmosphère de la quête ; et dans le même temps on (re)connaît l’environnement de Wallander, sentiment entre redite et confort dans la situation de lecteur.Bix a écrit:« A travers la dernière enquête de Wallander, conçue comme un "témoignage" sur la vie de l'enquêteur, on devine la présence de l'auteur, Mankell lui-même. »
Incidemment, on en apprend sur les trolls (qui sont scandinaves à l’origine, non ?) :« Wallander n’avait jamais compris ceux qui prétendaient que la relation avec les gens qu’on aimait se poursuivait au-delà de la mort. Pour sa part il n’avait jamais réussi à la prolonger. Les morts étaient pour lui des visages dont il se souvenait à peine et leurs voix ne lui parlaient plus. »
« ‒ Je voulais te revoir. On croit que c’est terminé, avec quelqu’un, qu’on ne le reverra plus. Un jour, on se réveille et on sait que rien n’est fini. Les gens qui ont été importants, on ne s’en libère jamais tout à fait. »
« Il avait entrevu sa nudité et senti monter en lui une vague de désespoir devant tout ce qui ne pouvait être vécu une deuxième fois. »
« Que m’ait été accordée, malgré tout, cette aventure étonnante de naître, de vivre et puis de disparaître une fois de plus dans l’obscurité. »
« Il ne rêvait presque jamais des femmes qu’il avait aimées ; celles avec lesquelles il avait eu des expériences plus ou moins catastrophiques le visitaient souvent en revanche. »
La traductrice nous dit en note qu’il s’agit d’une « expression courante pour signifier qu’une illusion tombe, ou qu’une peur infondée s’évanouit. D’après la légende, un troll qui lève les yeux vers le soleil explose instantanément et disparaît. » Elle ne précise pas si le trollage est contagieux.« Avant que les trolls n’éclatent. »
Mots-clés : #espionnage #politique
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henning Mankell
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Henning Mankell
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Henning Mankell
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains de Scandinavie