David James Duncan
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David James Duncan
David James Duncan
(1952)
(1952)
Bibliographie :Biographie :
Duncan est né à Portland, dans l'Oregon et vit à Lolo dans le comté de Missoula, dans l'État du Montana. Il a écrit de nombreux articles de soutien à la préservation de la rivière Blackfoot dans le Montana. Il a aussi écrit un recueil de nouvelles, River Teeth (1996) et des mémoires, My Story As Told By Water (2001). Sa dernière œuvre publiée est God Laughs and Plays: Churchless Sermons in Response to the Preachments of the Fundamentalist Right, en 2006.
Il travaille depuis 12 ans à l'écriture de son prochain roman.
Un essai, Bird Watching as a Blood Sport, a paru dans le Harper's Magazine en 1998 ; Duncan a écrit la préface de Thoreau on Water: Reflecting Heaven (2001) et un autre essai, a été publié en 1992, A Mickey Mantle koan: The obstinate grip of an autographed baseball dans le Harper's Magazine.
- La Rivière Pourquoi
- Les Frères K
- River Teeth
- My Story As Told By Water
- God Laughs and Plays: Churchless Sermons in Response to the Preachments of the Fundamentalist Right
- Bird Watching as a Blood Sport
- A Mickey Mantle koan: The obstinate grip of an autographed baseball
Dreep- Messages : 1539
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Age : 32
Re: David James Duncan
La Rivière Pourquoi
J'ai tendance à considérer les livres publiés chez Monsieur Toussaint Louverture comme les blockbusters de la littérature, ce qui est injuste, eu égard aux exceptions de génie (Ken Kesey, Robert Pen Warren, Maryam Petrosyan) et à ces quelques étrangetés inclassables (comme Op Oloop ou Enig Marcheur), pas du tout de l'acabit d'un bouquin facile à digérer malgré son épaisseur, où une langue mi- grossière, mi- poétique s'applique sur les rails de ces montagnes russes narratives afin de les rendre plus fluides ou plus amusantes. Sans compter le monceau de citations et de théories cosmogoniques dont La Rivière Pourquoi est pourvu, qui alourdissent inutilement son cours et lui font faire du surplace, le roman de David James Duncan correspond assez bien au style de publication que je prête à l'éditeur bordelais.
On suit donc Gus, pêcheur à la dérive issu d'une famille où l'on considère le Parfait Pêcheur à la ligne (d'Izaac Walton) comme un ouvrage plus sacré que la bible. Le petit frère de Gus, garçon très imaginatif et touchant (il fait un peu penser au petit frère de Noir, dans Amer Béton) est l'exception vu qu'il ne s'intéresse à tout sauf ce qui touche à l'eau. Mais je ne sais pas si le roman, avec son pot-pourri mystique, cherche à donner une leçon à son lecteur ou à lui faire vivre narrative avec son personnage souvent rendu abruti par les circonstances qui le touchent et les personnages qu'il rencontre. Par ailleurs cette aventure aux contours d'abord imprécis finit par suivre un chemin flairé longtemps d'avance : l'amour (au sens conjugal) et la communion de Gus avec la Nature, laquelle nous réserve toutefois de très belles phrases, des métaphores qui illuminent ce récit quelque peu bordélique.
J'ai tendance à considérer les livres publiés chez Monsieur Toussaint Louverture comme les blockbusters de la littérature, ce qui est injuste, eu égard aux exceptions de génie (Ken Kesey, Robert Pen Warren, Maryam Petrosyan) et à ces quelques étrangetés inclassables (comme Op Oloop ou Enig Marcheur), pas du tout de l'acabit d'un bouquin facile à digérer malgré son épaisseur, où une langue mi- grossière, mi- poétique s'applique sur les rails de ces montagnes russes narratives afin de les rendre plus fluides ou plus amusantes. Sans compter le monceau de citations et de théories cosmogoniques dont La Rivière Pourquoi est pourvu, qui alourdissent inutilement son cours et lui font faire du surplace, le roman de David James Duncan correspond assez bien au style de publication que je prête à l'éditeur bordelais.
On suit donc Gus, pêcheur à la dérive issu d'une famille où l'on considère le Parfait Pêcheur à la ligne (d'Izaac Walton) comme un ouvrage plus sacré que la bible. Le petit frère de Gus, garçon très imaginatif et touchant (il fait un peu penser au petit frère de Noir, dans Amer Béton) est l'exception vu qu'il ne s'intéresse à tout sauf ce qui touche à l'eau. Mais je ne sais pas si le roman, avec son pot-pourri mystique, cherche à donner une leçon à son lecteur ou à lui faire vivre narrative avec son personnage souvent rendu abruti par les circonstances qui le touchent et les personnages qu'il rencontre. Par ailleurs cette aventure aux contours d'abord imprécis finit par suivre un chemin flairé longtemps d'avance : l'amour (au sens conjugal) et la communion de Gus avec la Nature, laquelle nous réserve toutefois de très belles phrases, des métaphores qui illuminent ce récit quelque peu bordélique.
Dernière édition par Dreep le Mar 24 Aoû - 18:37, édité 1 fois
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: David James Duncan
donc tu regrettes le manque de "rangement" !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21635
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Localisation : En Provence
Re: David James Duncan
Non non, je regrette juste que l'on reste un peu confiné dans ce bordel un peu théorique et plein de gros mots, et qu'on ne parte pas si souvent que cela à l'aventure.
David James Duncan n'est pas Sterne et de toute manière il a deux cent ans de retard !
David James Duncan n'est pas Sterne et de toute manière il a deux cent ans de retard !
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: David James Duncan
un goût trop prononcé de cahier des charges de "grand roman américain" ?
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Keep on keeping on...
Re: David James Duncan
Pardon pour cette réponse tardive, j'étais parti pour une promenade vendéenne.
Oui, c'est un peu ça, c'est très américain et on a l'impression d'avoir déjà lu ce genre de livres. Mais bon, certains passages valent quand même le détour.
Oui, c'est un peu ça, c'est très américain et on a l'impression d'avoir déjà lu ce genre de livres. Mais bon, certains passages valent quand même le détour.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: David James Duncan
Dans le roman « la rivière pourquoi », la pêche est un prétexte pour parler de la vie.
Alors oui, il y a des passages qui peuvent paraître longs, mais en fait, cela reste raisonnable et loin d’être décourageant (et je n’y connais rien en pêche) . En fait, il s’agit surtout du parcours initiatique d’un jeune homme de 20 ans dont la passion assez obsessionnelle est la pêche. Si la première partie présente une famille, certes, loufoque où on pourrait parfois s’ennuyer, le ton et le rythme du roman démarrent dès la seconde partie. Avec beaucoup d’humour et de poésie, notre protagoniste se pose des questions existentielles notamment sur la famille, son poids, son réconfort, sur de quoi nourrir sa vie, est-ce qu’une passion peut à elle seule combler une vie, sur la découverte de la solitude, sur l’écoute du chant de la terre et la remise en cause de tout ce qui précède, la découverte des autres, mais aussi sur la relation de l’homme avec l’homme, la perte de connexion de l’homme et de la nature, la remise en question du soi, de Dieu ou tout autre force invisible, la découverte de l’amour, sur comment être à la hauteur, et enfin sur la découverte de son chemin et l’harmonie avec soi-même.
Pourquoi ? Pourquoi ?.....eh bien, voilà pourquoi !
Alors oui, il y a des passages qui peuvent paraître longs, mais en fait, cela reste raisonnable et loin d’être décourageant (et je n’y connais rien en pêche) . En fait, il s’agit surtout du parcours initiatique d’un jeune homme de 20 ans dont la passion assez obsessionnelle est la pêche. Si la première partie présente une famille, certes, loufoque où on pourrait parfois s’ennuyer, le ton et le rythme du roman démarrent dès la seconde partie. Avec beaucoup d’humour et de poésie, notre protagoniste se pose des questions existentielles notamment sur la famille, son poids, son réconfort, sur de quoi nourrir sa vie, est-ce qu’une passion peut à elle seule combler une vie, sur la découverte de la solitude, sur l’écoute du chant de la terre et la remise en cause de tout ce qui précède, la découverte des autres, mais aussi sur la relation de l’homme avec l’homme, la perte de connexion de l’homme et de la nature, la remise en question du soi, de Dieu ou tout autre force invisible, la découverte de l’amour, sur comment être à la hauteur, et enfin sur la découverte de son chemin et l’harmonie avec soi-même.
Pourquoi ? Pourquoi ?.....eh bien, voilà pourquoi !
Cliniou- Messages : 916
Date d'inscription : 06/12/2016
Age : 54
Re: David James Duncan
j'avais du m'arrêter à la première partie, alors ...
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: David James Duncan
Les frères K.
Dans la famille Chance, le père est joueur de baseball professionnel et la mère est fanatiquement religieuse : ainsi est-ce une famille typiquement américaine, tiraillée entre ces deux pôles si emblématiques. Soudés par un amour indéfectible, les 6 enfants, soutenus par leur père charismatique, vont partager une solidarité tenace, qui les soutiendra au fil des épreuves que ce beau pays réserve à ses précaires, et tout particulièrement la guerre du Vietnam qui est un des temps phares du roman.
Les frères K est magistralement construit pour suivre ses 8 personnaegs au fil des décennies. Pour jouir de ce pavé coup de poing, reflet de l’Amérique et de ses traquenards, fait d’émotion et de combat, il suffit de passer l’obstacle des 200 premières pages qui ne parlent que de baseball et de religion ; le courage est entretenu par quelques paragraphes semés ici ou là, des merveilles de sensibilité : on se dit qu’il doit bien y avoir quelque chose au bout. Et on a raison !.
Dans la famille Chance, le père est joueur de baseball professionnel et la mère est fanatiquement religieuse : ainsi est-ce une famille typiquement américaine, tiraillée entre ces deux pôles si emblématiques. Soudés par un amour indéfectible, les 6 enfants, soutenus par leur père charismatique, vont partager une solidarité tenace, qui les soutiendra au fil des épreuves que ce beau pays réserve à ses précaires, et tout particulièrement la guerre du Vietnam qui est un des temps phares du roman.
Les frères K est magistralement construit pour suivre ses 8 personnaegs au fil des décennies. Pour jouir de ce pavé coup de poing, reflet de l’Amérique et de ses traquenards, fait d’émotion et de combat, il suffit de passer l’obstacle des 200 premières pages qui ne parlent que de baseball et de religion ; le courage est entretenu par quelques paragraphes semés ici ou là, des merveilles de sensibilité : on se dit qu’il doit bien y avoir quelque chose au bout. Et on a raison !.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: David James Duncan
Merci topocl, un auteur qui a attiré mon attention.
Avadoro- Messages : 1405
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 39
Re: David James Duncan
Pour ma part, je ré-essayerai La rivière pourquoi.Avadoro a écrit:Merci topocl, un auteur qui a attiré mon attention.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: David James Duncan
merci topocl, je ne crains pas le foot, je note
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21635
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: David James Duncan
La Rivière Pourquoi
Henning Hale-Orviston, illustre pêcheur à la mouche, est H2O pour son fils, Gus, le narrateur ; et Ma, sa mère, pêche à l’appât… L’intello et la péquenaude, voilà le socle de la famille, à laquelle il faut ajouter Bill Bob, le petit frère (qui s’intéresse à beaucoup de choses, mais absolument pas à la pêche). La première partie constitue une sorte de satire de cette institution de la pêche à la mouche aux États-Unis (cf. Brautigan et nombre d’autres auteurs), dans une verve humoristique qui rappelle John Irving (de même que l’attention aux enfants), et avec comme point d’orgue la guerre du Parfait Pêcheur à la ligne d’Izaak Walton, Bible paternelle (la raillerie de la religion est aussi fort marquée).
Dans la seconde partie, Gus part vivre seul sa monomanie (auprès de la rivière Tamanawis, qui fait un ?). Comblé en pêchant sans cesse, il ne vit cependant pas le rêve escompté, qui tourne au cauchemar quand il récupère un pêcheur noyé. Profondément déprimé, il remue des considérations métaphysiques, inspirées des « nourêves » (dont le « Monde Jardin ») de la cosmo-mythologie de son frère et des souvenirs d’un Indien respectueux de la nature, Thomas Bigeater ; il renonce à la pêche (où il a détruit des quantités de poissons) et décide de frayer avec ses semblables afin de se réconcilier avec le monde. Puis il rencontre une superbe pêcheuse, Eddy, qui disparaît. Titus, un philosophe, l’initie à la connaissance, en commençant par les mystiques et sages, surtout orientaux. Puis Gus vit de ses mouches montées, et y travaille avec Nick, qui porte sur la paume la cicatrice laissée par l’hameçon qui permit de le sortir de l’eau en mer nordique. Comme il a remonté le ruisseau mort de son enfance jusqu’à sa source cloaquale, Gus remonte la Tamanawis tel un Indien Tillamook lors de son initiation.
Une approche originale, assez bizarre, mais Augustin, le pêcheur qui ne parle qu’à sa canne Rodney (fishing rod) ne m’a pas totalement convaincu.
\Mots-clés : #amérindiens #amour #initiatique #merlacriviere #nature #solitude
Henning Hale-Orviston, illustre pêcheur à la mouche, est H2O pour son fils, Gus, le narrateur ; et Ma, sa mère, pêche à l’appât… L’intello et la péquenaude, voilà le socle de la famille, à laquelle il faut ajouter Bill Bob, le petit frère (qui s’intéresse à beaucoup de choses, mais absolument pas à la pêche). La première partie constitue une sorte de satire de cette institution de la pêche à la mouche aux États-Unis (cf. Brautigan et nombre d’autres auteurs), dans une verve humoristique qui rappelle John Irving (de même que l’attention aux enfants), et avec comme point d’orgue la guerre du Parfait Pêcheur à la ligne d’Izaak Walton, Bible paternelle (la raillerie de la religion est aussi fort marquée).
Dans la seconde partie, Gus part vivre seul sa monomanie (auprès de la rivière Tamanawis, qui fait un ?). Comblé en pêchant sans cesse, il ne vit cependant pas le rêve escompté, qui tourne au cauchemar quand il récupère un pêcheur noyé. Profondément déprimé, il remue des considérations métaphysiques, inspirées des « nourêves » (dont le « Monde Jardin ») de la cosmo-mythologie de son frère et des souvenirs d’un Indien respectueux de la nature, Thomas Bigeater ; il renonce à la pêche (où il a détruit des quantités de poissons) et décide de frayer avec ses semblables afin de se réconcilier avec le monde. Puis il rencontre une superbe pêcheuse, Eddy, qui disparaît. Titus, un philosophe, l’initie à la connaissance, en commençant par les mystiques et sages, surtout orientaux. Puis Gus vit de ses mouches montées, et y travaille avec Nick, qui porte sur la paume la cicatrice laissée par l’hameçon qui permit de le sortir de l’eau en mer nordique. Comme il a remonté le ruisseau mort de son enfance jusqu’à sa source cloaquale, Gus remonte la Tamanawis tel un Indien Tillamook lors de son initiation.
C’est le sens du mythe des filles aveugles de la mer et du soleil qui, dispersées par le vent, regagnent leur mère. Puis c’est le retour :« Les troncs s’élevaient comme des piliers pour former tout en haut une mosaïque de vert, de noir et de ciel. Seule une lumière de vitrail filtrait. Au centre, il y avait un creux, entouré de fougères et d’arbres abattus. Au fond du creux, il y avait un large bassin rocheux étrangement tapissé de pierres de la taille de têtes humaines et aux cheveux de mousse. Et au milieu de ces pierres sourdait une paisible source d’où, coulait, inlassable, une eau ancienne et pure. »
« Je me suis remémoré les paroles des anciens Tillamooks : la source est partout. Je commençais à appréhender leur signification, peut-être pas à un degré très profond, mais au moins sur un plan météorologique et géographique, ce qui, somme toute, était suffisamment profond pour un cas désespéré de pêcheur affamé assis dans la forêt la pipe à la bouche. J’ai compris qu’une mecque n’avait de valeur que s’il s’agissait d’un endroit en soi plutôt que d’un endroit dans le monde. J’ai compris que cette mecque-source, ici, dans la maison d’épicéas, était à la Tamanawis ce qu’était pour moi mon lieu de naissance : un point de départ tangible et non une source ultime. J’ai compris que la vraie Tamanawis était la Tamanawis tout entière et que la source de cette rivière-là était la pluie, les nappes phréatiques, la rosée, la fonte des neiges, le brouillard, la brume, la pisse des animaux, les ruisselets anonymes, les marécages perdus, les sources souterraines, et la source de toutes ces sources était les nuages, et la source des nuages était la mer, si bien que la rivière qui coulait devant ma cabane prenait réellement sa source « partout », du moins partout où cette eau était passée, ce qui inclut tout l’espace et le temps de la terre… »
Eddy réapparaît – et le défie d’accompagner un saumon remontant le courant, à peine lié par un bas de ligne trop fin, dans une anabase taoïste et amoureuse.« Cette nuit-là, j’ai fait quelques découvertes. D’abord, j’ai découvert qu’outre le « deuxième souffle » bien connu, il en existe un troisième, un quatrième et un cinquième, chacun plus faible et plus bref que le précédent. Puis, alors que l’aube ne se lèverait pas avant des heures, j’ai découvert qu’il y a un dernier souffle essoufflé qui dure jusqu’au moment où tu t’écroules. Celui-là, tu le sens davantage dans le ventre que dans le cœur ou les poumons. Tu sais qu’il est là quand tu t’aperçois que des parties essentielles de ton être commencent à mâcher et à dévorer les parties moins essentielles. Tu marches en te digérant toi-même, désormais incapable de faire semblant de comprendre, d’aimer, de désirer ou de rechercher quoi que ce soit. Tu oublies tout ce qui a pu t’arriver et tu en viens à croire que rien d’autre n’arrivera que cette marche interminable dans la nuit détrempée. Tu cesses de réfléchir, de percevoir, de te donner du mal, d’effectuer le moindre geste conscient. Tu ne sens plus tes pieds et tu te laisses emporter par la route telle une feuille morte par le courant. »
« Si le corbeau continue vers la mer, il survolera bientôt le ? Il regardera en bas et verra les mêmes méandres que ceux que tu as vus, mais tu sais à présent que le corbeau n’y lira rien, ni question, ni mot, ni ordre, parce qu’il n’est nul besoin de mot ou de question, parce qu’il n’y a pas de désordre. Le corbeau verra le ? comme la rivière l’a écrit, une simple affirmation. La complexité de l’univers de la rivière depuis sa source jusqu’à l’océan, la vie et les vies que l’eau nourrit et contient, l’infinité de facettes qu’elle soude en une seule, tout cela ne doit pas être questionné, mais affirmé. Affirmé ainsi que cela a été créé, dans un langage si simple, si pur, si primordial qu’il échappe à notre examen et à notre compréhension, de même qu’à notre esprit et à notre langue. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il existe… et, grâce au corbeau, tu en as eu un aperçu. »
Une approche originale, assez bizarre, mais Augustin, le pêcheur qui ne parle qu’à sa canne Rodney (fishing rod) ne m’a pas totalement convaincu.
\Mots-clés : #amérindiens #amour #initiatique #merlacriviere #nature #solitude
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
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