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Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Bohumil Hrabal

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Message par Hanta Ven 19 Jan - 10:58

C'est ma prochaine relecture d'ailleurs.
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Message par Hanta Ven 2 Nov - 10:52

En collaboration avec Christian Salmon

A bâtons rompus avec Bohumil Hrabal

Bohumil Hrabal  - Page 2 S-l16011

Je n'ai pas trouvé d'images.

Livre d'entretiens dans un premier temps avec l'auteur tchèque puis cinq petites histoires démontrant les procédés narratifs que Hrabal décrit dans l'interview.
Ouvrage surtout réservé aux fans de l'écrivain qui raconte la place de l'écriture dans sa vie, sa méthodologie pour écrire et sa relation à la langue tchèque.
On y voit un homme facétieux, dont l'idole est Hasek, passionné, et tragiquement lucide sur la place de la littérature.
Un ouvrage que je recommande si on est intéressé par cet auteur.

mots-clés : #creationartistique #entretiens
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Message par Hanta Ven 11 Sep - 20:38

Trains étroitement surveillés

Bohumil Hrabal  - Page 2 Trains10

Je poursuis lentement la relecture de mon écrivain préféré.
Magnifique roman encore du génie tchèque décrivant la vie d'une petite gare sous l'occupation nazie. Nous suivons l'activité nocturne de cette gare à travers le regard du stagiaire Milos, d'une timidité maladive, épris d'une jeune contrôleuse. Il y est question de résistance, d'amour et d'absurdité.
Grand roman qui ne renierait pas une certaine filiation avec Hasek tant la truculence est présente et laisse par moment place à une gravité très émouvante.

Un récit petit par la taille mais grand par la qualité.
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Message par Bédoulène Ven 11 Sep - 21:14

c'est noté Hanta, j'aime aussi cet auteur !

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Message par Pinky Ven 3 Fév - 14:27

La trilogie des souvenirs

Bohumil Hrabal  - Page 2 Hrabal10

Je ne reprendrai pas tout ce qu’a écrit Tristram (que je cautionne largement) mais j’essaierai de donner mon point de vue, d’apporter une petite touche personnelle.
En effet, excellente idée ce récit de la vie de l’auteur à travers les yeux de son épouse qui a eu bien du mérite de le supporter (entre nous, point de vue féminin).  Ceci dit, le récit au féminin est très crédible.

Les noces dans la maison
Poupette arrive donc à Prague, chassée de chez elle et abandonnée par son fiancé juste avant son mariage. Elle n’a pas de quoi se loger et quémande un accueil chez d’anciens employés de ses riches parents pour ne plus travailler «au noir ». Mais elle se présente pauvrement vêtue.

Une lettre de sa tante lui remet les idées en place
« Meine Liebe Pipsimaus…Un grand bonjour de Vienne. J’ai de bien mauvaises nouvelles sur ton compte, n’oublie pas que tu viens d’une bonne famille, ta tante Pisinka a beau être pauvre, elle toujours habillée proprement, elle se promène dans Vienne dans une tenue élégante et de bon goût. Pipismaus, que dirait ton papa s’il te voyait ? Tu vois, dirait-il, si tu te présentes aux gens comme une patate, ils te traiteront comme une patate, vois-tu ma fille, il faut essayer de te présenter comme une pâtisserie, les gens te prendront pour un gâteau à la chantilly…Bons baisers de Vienne…ta tante Pisinka.


Poupette revient dans la cour où elle avait aperçu « le professeur »
« Le professeur, lui, finit d’écrire, sort sa page, l’ajoute aux autres papiers, d’une blancheur aveuglante, soulève son chapeau, le campe sur sa nuque et me regarde. Moi, je lève les yeux, je vois qu’il me voit, qu’il voit ma coiffure, ma jolie robe et je soulève un pied pour lui montrer mes petits escarpins rouge corail.
Je vois aussi qu’il me regarde avec plaisir, je vois que je suis vue comme je voudrais que tout le monde me voie, mais avant tout lui, celui que je suis venue trouver pour le voir et pour qu’il me voie telle que je souhaite, qu’il me voie comme ce bon gâteau à la chantilly… »
Le professeur aime l’eau
« L’Elbe coulait derrière la brasserie et pendant quinze ans, je suis allé à la pêche, j’aimais me baigner dans ce fleuve de mon enfance, je me baignais à toutes les vacances, la nuit j’aimais me baigner au clair de lune…C’est auprès de ce fleuve que j’ai appris à être silencieux, taciturne…je regardais le fleuve en amoureux comme s’il avait été une belle fille, et ce fleuve-ci, je l’aime aussi, c’est ici que je me plais le plus. »

Des histoires de logement à dormir debout, le professeur raconte à Poupette :
« -Mon ami Marysko, le poète, vous ferez sa connaissance, lui il voulait tout le temps avoir un atelier et, après avoir dépensé dans les dix mille couronnes, il a touché un atelier, un décret lui a attribué une ancienne boutique. Et alors, on s’est retrouvés devant le rideau de fer baissé, Marysko avait son décret et les clés de la boutique et, après qu’on eut vidé la bouteille de botrysn M. Marysko a ouvert la serrure, moi j’ai poussé le rideau, il y a eu un grand fracas, le rideau s’est enroulé à toute vitesse dans son logement, on a regardé dans la devanture et derrière la porte vitrée on a vu deux lits, dans l’un un bonhomme qui dormait les jambes écartées et une armoire qui bloquait la porte. C’était un cuisinier qui avait l’appartement d’à côté, il avait creusé la paroi pour se faire une pièce de plus, il avait trois enfants, et par-dessus le marché au bureau du logement ils ont engueulé M. Marysko, ils l’ont traité d’asocial quand il est venu leur montrer son décret … »

Une visite haute en couleurs chez les parents du Professeur avec l’oncle Pepin qui ne peut pas admettre que les Autrichiens ont été vaincus et qui crie
« Qu’est-ce que tu racontes ? L’armée autrichienne a gagné toutes ses batailles !
….De quoi ? Hitler en Russie, il s’est fait tabasser, il avait de la morve jusqu’aux bottes. Mais l’armée autrichienne, elle, elle aurait battu les armées rouges, elle aurait même pris Stalingrad !
Maman court se pencher à la fenêtre, c’est clair qu’elle a peur non pas du bruit qu’il fait l’oncle Pepin mais de ce qu’il est en train de crier dans la cour, en plein dimanche »
Ce livre se termine par le mariage de Poupette et du Professeur. Un mariage haut en couleurs, très alcoolisé, chaleureux.

Vita nuova
Texte écrit sans ponctuation et pratiquement sans paragraphe. J’ai trouvé que malgré cela, le texte était beaucoup plus facile à lire qu’Ulysse car le récit suivait son cours.

Les amis discute avec le Professeur et Poupette tisse ou tricote
« Je tissais des tableaux d’après des modèles uniquement parce que mon mari était tout excité à la vue de ces images tissées. Mais moi ce que je préférais c’était le tricot je fabriquais des tableaux avec des fils de couleur d’après des modèles lorsque venaient ses amis tous ces futurs numéro un ils regardaient mon travail avec dégoût quant à mon mari ces amis le regardaient avec pitié…Et moi je leur tendais mes tableaux inachevés je leur demandais conseil qu’ils m’aident à choisir les fils de coton de couleur… mais ces futurs champions du monde haussaient les épaules s’écartaient de moi pour discuter de l’art qui secouait alors New-York et Paris…ils parlaient d’expressionnisme abstrait d’art brut d’abstraction lyrique de Camus de Sartre des beatniks de Sandburg de Ferlinghetti de Kerouac ils disaient que le vieil Erza Pound avait gardé sa verdeur … »

Les traces du nazisme
« Moi j’ai commencé un nouveau tableau L’Angelus Lizaj tricotait des gants multicolores poursuivant son interminable monologue elle ne pouvait elle ne voulait toujours pas comprendre que les Allemands avaient perdu la guerre dernièrement elle disait que tout ça c’était de la faute à Hitler parce qu’il avait brûlé six millions de juifs dans les chambres à gaz….il avait bien fait mais c’était Hitler qui s’était lancé dans la guerre avec l’Union soviétique…comme quoi après avoir vaincu la Pologne et la France et la Belgique et les Pays-Bas après avoir occupé l’Autriche et la Tchécoslovaquie….il aurait dû seulement veiller au grain garder ce qu’il avait pris…pour qu’un jour à sa mort on le proclamât Père de la Patrie…le national-socialisme c’était quelque chose d’épatant qui avait réveillé les Allemands dans toute l’Europe…sauf qu’Hitler en s’embarquant dans la guerre avec les Soviets avait appelé une vengeance terrible sur les Allemands…Moi je choisissais des fils bleus et suivant le modèle je les nattais dans la structure grossière de la toile…. »

Les jeux guerriers des enfants
J’ai regardé pour la première fois pour la première fois j’ai vraiment observé les enfants à leurs jeux vu avec quelle passion ils se tiraient dessus comme si c’était pour de bon leur expression hostile et méchante lorsqu’ils se tiraient dessus à l’aveuglette ça m’a fait frissonner parce que moi aussi quand j’était petite les garçons jouaient ainsi ils avaient des shakos en papier ils portaient des armes artificielles en fin de compte tous ces garçons que je connaissais se sont retrouvés d’abord dans la Hitlerjugend ensuite dans la Heereswaffe pour finir quelque part sur le front de l’Est… »

Le cognac contre les taches solaires
« Puis nous sommes retournés avec eux chez M. Vanista nous avons bu des cognacs toute la taverne était en folie tout le monde buvait des cognac ils disaient tous qu’il y avait comme du foehn dans l’air ou alors des taches solaires Mme Bozenka prenait ce remède contre le foehn et les taches solaires mais soupirait M. Vanista ça ne lui suffisait toujours pas…

Les statues de Notre-Dame
Ma petite fille quand Dieu aime il châtie bien…et tu vois ce que Hanta a raconté sur la Révolution française qu’ils coupaient la tête non seulement aux rois aux reines et aux aristocrates en chair et en or mais aussi aux statues de Notre Dame…et ces têtes ces pierres coupées ils les ont enfouies quelque part dans une fosse et des années après pendant la Restauration on a refait des têtes et on les a ajustées sur les statues décapitées…ça aussi c’est une leçon pour moi…mais le principal c’est que maintenant en construisant le métro ils sont tombés sur cette fosse et au bout de tant d’années les bulldozers et les perceurs de tunnel du métro ont fait ressortir au grand jour toutes ces têtes décapitées de rois et pierre et on les a remises sur la façade de Notre-Dame…ça ma petite fille c’est le progrès c’est l’histoire du monde.. »

Peur de l’écriture et de soi-même
Il faut croire que mon mari n’était pas encore mûr pour la solitude le courage qu’il faut pour se retrouver seul à travailler sur des textes c’est-à-dire sur soi-même Je savais que mon mari était terrifié par ce miroir même par un miroir ordinaire lorsqu’il se regardait ce n’était jamais longtemps juste un coup d’œil en passant car il avait peur à sa propre vue il avait surtout peur lorsque nous étions en visite il se voyait dans un miroir il prenait peur Il restait longtemps silencieux il lui fallait un bon moment pour se remettre de ce qu’il avait vu dans le miroir il s’imaginait bien plus joli garçon qu’il n’était en réalité Il mourait de peur lorsqu’il coiffait et recoiffait ses cheveux déjà rares jetant en l’air une touffe de cheveux restée sur le peigne ou la brosse il racontait avec un rire amer que du temps où il était étudiant il avait les cheveux si épais qu’il était obligé de verser de l’huile dessus pour les coiffer.

Les tombes juives (un souvenir quand je suis allée à Prague avec la fac, on nous a emmenés voir le cimetière juif et ses tombes)
C’est ce que m’avait dit Vladimir dans le cimetière juif où pour la première fois j’avais commencé à comprendre tout ce qui était arrivé aux juifs commencé à comprendre alors je me suis cabrée contre ma maman contre Lizaj et Wulli qui encore aujourd’hui haïssent les juifs qui voudraient que même ceux qui restent fussent morts et tout à coup ça m’est revenu j’étais déjà jeune fille et j’avais vu de mes propres yeux là-bas chez nous en Moravie vu les Allemands déchaînés démolir le ghetto juif arracher les monuments juifs dans les cimetières juifs à l’époque ça ne m’avait fait ni chaud ni froid car même chez nous tout le monde était content ils rayonnaient se frottaient les mains ils étaient aux anges parce que ma maman tout comme Lizaj était allée à Vienne lorsqu’Hitler avait fait son entrée à Vienne lorsqu’Hitler y avait fait son entrée elles étaient aux anges l’une et l’autre…
Puis il y a eu ce temps où j’ai commencé à aller au cimetière juif avec mon mari je m’étais mise à aimer ce cimetière juif  même j’escaladais toute seule la grille de fer forgé je venais m’asseoir sur les pierres tombales couchées enfoncées dans la terre je regardais autour de moi puis j’allais d’une pierre à l’autre parfois je devais me mettre à genoux pour lire qui reposait là sur les pierres restées debout j’ai lu tous ces beaux noms de femmes j’étais mélancolique car les juifs en tant que peuple avaient été dispersés cela n’avait pas suffi aux vainqueurs […] je n’arrivais pas à comprendre pourquoi les Allemands mais aussi les Tchèques continuaient à détester les juifs pourquoi je continuais à entendre qu’Hitler n’en avait pas tué assez qu’au fond il aurait dû les tuer tous… »

Terrains vagues

Le professeur est devenu un écrivain célèbre.

Tuer le cochon et écouter du Dvorak
« Tant qu’il était encore sobre il fallait que m. Marysko lui joue au moins une partie du concert pour violoncelle d’Antonin Dvorak en l’honneur de l’abattage du cochon, car Dvorak ce compositeur de génie était boucher de son métier…J’étais amère en racontant tout cela à maman (la mère du Professeur), mais maman pas scandalisée pour un sou, j’ai vu que cela lui faisait du bien, elle riait, elle regardait le plafond et elle a fini par me dire…tu vois ma petite fille, moi je suis déjà passée par là, à ton tour d’en prendre ton parti…tu vois, il faut regarder la vie comme un film burlesque américain. Alors, comment ça s’est passé ?
Je dis maman lorsque nous sommes arrivées, Mme Vera et moi à Mlekova-Lukosrby avec le break, il était déjà midi, seul Borek était encore sur pied, il sifflait de la bière à même la bouteille, Milena était folle furieuse contre le jeune boucher…je vais le tuer, et elle s’escrimait avec un grand couteau graisseux…Je vais le tuer ! il a gâché mes andouilles. Il y a mis un demi-kilo de gingembre, il en a fait des pains d’épice de mes andouilles…et au milieu de la cour il y avait une fosse à purin et un tas de fumier, une Skoda prise dans le tas de fumier, la porte ouverte, au volant le docteur Halir sans connaissance, une main qui pendait dans le purin jusqu’au poignet et tout évanoui qu’il était le docteur Halir souriait comme un bienheureux.
Voilà, maman, dis-je votre film burlesque et pour couronner le tout, maman, voilà le docteur Halir qui débarque dans la cuisine, il était tombé dans la fosse à purin, il arrive tout dégoûtant, il a de beaux yeux suppliants, c’est le moment, il voudrait que Karel, l’adjoint du maitre de concert du Théâtre Nartional lui joue du violoncelle le mouvement lent du concerto de Dvorak… »

Une écriture « en pagaille »
Mon mari et ses écritures, c’était un drôle de désordre, la pagaille, il se moquait du style, il ne faisait aucun effort, moi je n’étais pas forte en grammaire, mais je savais très bien qu’en fait mon mari n’avait jamais su correctement écrire le tchèque, j’avais l’impression que ses écritures étaient traduites d’une langue étrangère, rien que des notes pour un travail qui restait à faire, des esquisses d’histoires qui attendaient un travail patient….Mais c’est justement ce qui faisait la fierté de mon mari, il était ravi de pouvoir laisser son texte inachevé, un peu délabré, avec le crépi qui tombait laissant apparaître le mur nu, des briques qui s’effritaient…

Heinrich Böll et l’arrivée des chars russes
La responsable de la section étrangère d’une maison d’édition présente Böll à Hrabal
« Bohumil, mon chou, je vous présente le célèbre écrivain Heinrich Böll, il veut voir ce qui se passe là-bas à la radio….La responsable avait les yeux apeurés, c’était une juive, elle en avait bavé pendant la guerre…donc mon mari a remonté la place Venceslas, parcourue dans les deux sens par des groupes de jeunes gens très excités qui criaient « Vive Dubcek » et partout il y avait de blindés pleins de soldats soviétiques…Heinrich Böll les regardait effaré…Mein Lieber Bohumil…regardez-moi ça, leurs mains ! leurs visages ! leurs bottes toutes crottées…on dirait qu’ils reviennent du front ! …Les blindés étaient à l’arrêt, les soldats souriaient, alors qu’une foule de jeunes avec des drapeaux redescendait de la statue de saint Venceslas puis remontait, d’autres jeunes affluaient des rues voisines…tous criaient … »Vive Dubcek ! Vive Svoboda ! »…et l’écrivain Heinrich Böll se versait dans la bouche des enveloppes de poudre blanche, ses mains tremblaient, il était couvert de poudre, il avait l’air, disait mon mari, d’un paysan crucifié.


Je pensais faire plus court que Tristram mais c'est raté. J'ai beaucoup aimé ce récit truculent, sensible et intéressant du point de vue historique. Je suis allée à Prague à Pâques 69, nous avons été un des derniers groupes accueillis par la fac de Prague juste avant la fermeture du régime. Les étudiants rêvaient d'un "socialisme à visage humain".
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Message par Bédoulène Ven 3 Fév - 17:38

je compte lire ce livre (comme beaucoup d'autres me direz-vous, mais j'ai beaucoup apprécié ceux lus, alors......)

merci Pinky

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Message par Hanta Dim 5 Fév - 15:00

Après des années il demeure mon écrivain préféré.
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Message par Pinky Dim 5 Fév - 17:04

A juste titre Hanta, j'ai vraiment beaucoup aimé ce premier livre que j'ai lu. Souci, ma médiathèque n'a aucun livre de l'auteur ! Je vais donc me débrouiller pour en trouver d'autres.
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Message par Pinky Sam 8 Avr - 18:42

La petite ville où le temps s'arrêta

Bohumil Hrabal  - Page 2 La-pet10

Un  petit garçon raconte son enfance et surtout l’histoire de deux frères, son père Franci et son oncle Pepi.
L’oncle Pepi qui était venu pour 8 jours chez son frère et qui ne repartira que pour partir en maison de retraite. L’oncle Pepi, le frimeur, le coureur de filles, dur à la tâche, en particulier quand il est employé comme manœuvre dans la brasserie de son frère. Celui que tout le monde aime car il amuse, fait rêver, en contrepoint de Franci, le patron sérieux de la brasserie.
« Hors de mon chemin ! Au temps de l’Autriche-Hongrie, j’étais beau comme un astre ! Les plus belles femmes se tiraient dessus à cause de moi ! Elles jouaient des coudes devant la vitrine du photographe de la rue Ceyl à Brno pour pouvoir admirer mon portrait qui y était exposé, parmi tous les autres elles le trouvaient le plus beau, et moi, je me tenais un peu à l’écart, je buvais du petit lait, j’étais fier comme Artaban ! » jubilait la voix de mon oncle pendant que mon père se tordait les mains entre le buffet et l’armoire, les yeux révulsés d’indignation : « Mais rien n’est vrai là-dedans, depuis son enfance, il était couvert de boutons et à vingt-deux ans, il avait plein de furoncles, le cou enroulé dans des gazes sanguinolentes ! ……Et mon père tourna les yeux vers le ciel pour le prendre à témoin, mais je savais déjà que le bon Dieu n’aime pas trop la vérité, il préfère ces fous qui s’emballent aussi facilement que mon oncle Pepi. Il ne déteste pas les contrevérités pourvu qu’elles soient répétées avec foi, et un mensonge enthousiaste lui est plus agréable qu’une vérité assenée dans toute sa sécheresse, comme le faisait mon père afin de noircir tonton Pepi à mes yeux. »

Pepi sera donc mais pas seul au centre de toutes les aventures des deux frères. Des réparations et démontage complet de la Skoda de Franci laissant s’échapper l’huile du moteur dans lequel ils finissent pas baigner tous les deux.
Plus étonnant encore est la remise en état d’un camion abandonné en forêt qu’ils réussissent à faire repartir. Camion découvert lors d’une cueillette de champignons qui, comme le reste, tourne à la folie : la famille est intoxiquée par des champignons comestibles alors qu’ils avaient mangé auparavant quelques vénéneux sans aucun souci.
« C’est que la veille, en cherchant des champignons, mon père avait découvert au milieu des ronces un poids lourd de marque White, autrement dit Blanc, qui le fascina, certes ce camion dépourvu de pneus était déjà pris dans une gangue touffue de mûriers et de framboisiers, un jeune bouleau poussait même au travers de la cabine mais en soulevant le capot, mon père resta muet de saisissement. Le moteur était en parfait état. »

Le camion réparé sert à faire des livraisons dont la dernière, de la limonade pour une inauguration du monument d’un célèbre général ponctuée par le tir de canons.
« Brusquement le lieutenant abaissa le bras, et, à ce commandement, la première salve partit dans l’air ensoleillé, elle arracha les ridelles du White et les bouteilles de limonade, fauchées en vrac, vinrent s’éparpiller sur tout le paysage comme autant de flocons de neige scintillants, mon père sentit que le souffle de la déflagration avait arraché le capot… »

Mais ce petit livre de 173 pages évoque aussi en filigrane, la guerre, l’installation du communisme et la perte de la brasserie, la fin d’un monde dans lequel Franci et Pepi ne se retrouvent plus.
Le déclin progressif de Pepi se termine par une inversion des rôles ; enfin, pas tant que ça car Franci continue à veiller sur son frère, fantasque puis de plus perdu.

Comme Les noces à la maison, le livre est écrit sans paragraphe, scandé tout de même par des chapitres.  Hrabal l’a écrit lorsqu’il était malade et se croyait condamné.
« A l’instar du Roi [Moi qui ai servi le roi d’Angleterre], ce texte est lui aussi rédigé en écriture spontanée, puisqu’il y avait péril en la demeure, et par la suite, comme pour le Roi, j’y ai seulement effectué quelques ratures. »

J'ai retrouvé dans ce livre ce que j'avais aimé dans Les Noces, le burlesque associé à une grande sensibilité sur les relations entre les deux frères si différents, l'histoire tchèque et cette mort du monde ancien après 1945. Le burlesque m'a aussi fait penser à Gospodinov avec ces fêtes patrimoniales aussi grandioses que grotesques.
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Message par Tristram Sam 8 Avr - 21:26

L'autre monde, l'ancien, celui qui a existé !
« Il est d’ailleurs courant dans notre région de s’adapter à l’air du temps, jusqu’à s’y fondre complètement. »
Bohumil Hrabal, « La petite ville où le temps s’arrêta », 11

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Dim 9 Avr - 20:21

merci Pinky ! encore un livre qui me tente beaucoup et puisqu'il est court............

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Message par Krisz Mar 24 Oct - 15:30

Hanta a écrit:Trains étroitement surveillés

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Grand roman qui ne renierait pas une certaine filiation avec Hasek tant la truculence est présente et laisse par moment place à une gravité très émouvante.

Un récit petit par la taille mais grand par la qualité.

J'ai moi aussi trouvé une concordance avec Hasek dans l'humour, et ce qui est original (par rapport à Hasek et à d'autres) c'est cette façon de le faire cohabiter avec des évènements et des thèmes qui ne font pas vraiment rire sans avoir besoin de passer par un niveau d'absurde grotesque... ou d'emprunter un style ouvertement humoristique ou pince-sans-rire qui contamine toute l'histoire. Pour moi, c'est comme si un grand-père rigolo racontait à ses petits-enfants l'histoire - triste mais digérée, disons - d'un frère ou d'un ami perdu à la guerre. C'est bien dosé, c'est bienveillant, j'ai beaucoup aimé ce petit roman. J'aurais aimé le lire en tchèque.
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Message par Tristram Mar 24 Oct - 16:00

Merci pour la suggestion, je vais le lire !

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Message par Bédoulène Mar 24 Oct - 22:45

merci Krisz, j'aime aussi cet auteur, et oui y revenir

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Message par Tristram Mer 8 Nov - 10:58

Trains étroitement surveillés

Bohumil Hrabal  - Page 2 Trains10

Milos Hrma s’est révélé impuissant avec Macha, et il a tenté de se suicider. Rétabli, il a repris son travail de stagiaire dans une petite gare des chemins de fer tchécoslovaques pendant l'Occupation allemande, peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le chef de gare, M. le baron Lansky de la rose, s’occupe de ses pigeons, son adjoint, Hubicka, de la télégraphiste :
« — Voilà nos jeunes, notre espoir. Ils vont se battre pour l’Europe libre. Et ici, que faites-vous pendant ce temps ? Vous tamponnez le derrière de la télégraphiste ! »
Milos est issu d’une famille à la réputation de bons à rien et de fainéants :
« Mais en mars, quand les Allemands franchirent si brutalement la frontière pour occuper tout le pays et marchèrent sur Prague, seul mon grand-père s’avança à leur rencontre, seul mon grand-père alla au-devant des Allemands pour leur barrer la route en les hypnotisant, pour arrêter les tanks en marche avec la force de la pensée. »
(L’image ramentoit irrésistiblement l’Homme au char de Tian’anmen).
Milos supporte mal la violence, notamment sur les animaux, ce qui teinte la comédie de tragique, dans une société marquée de dérisoire entre grotesque et tristesse. Mais il aura l’opportunité de prouver sa virilité d’homme grâce à Viktoria, une jeune résistante, et de participer activement à la lutte contre les Allemands. Quant à ceux-ci :
« — Vous n’aviez qu’à rester chez vous, sur votre cul. »

\Mots-clés : #deuxiemeguerre #initiatique

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Message par Bédoulène Mer 8 Nov - 18:17

merci Tristram, pas encore lu celui_ci mais plus tard

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Message par Krisz Mar 28 Nov - 13:43

Qu'en as-tu pensé Tristram?
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Message par Tristram Mar 28 Nov - 14:15

Ce n'est sans doute pas le livre qui m'aurait incité à poursuivre dans la lecture des œuvres de Hrabal, mais il n'est pas sans intérêt.

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