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236 résultats trouvés pour polar
Gérard Delteil
Pourquoi presque ? Ultime récup', pour la suite il me faudra des lectures fraîches !Riot gun
Ne pas se laisser abuser par la couverture, qui colle tout de même pas si mal au bouquin, on ne déménage pas de l'autre côté de l'Atlantique pour des effets exotiques. France, années 80, un bonhomme au chômage avec une bonne occasion qui tourne au désastre. De directeur adjoint dans une entreprise de sécurité il se retrouve en cavale, poursuivi pour meurtre.
Je n'en dirai pas trop pour préserver une certaine fraîcheur à cette histoire qui se dévore si vous avez la bonne idée de vous laisser tenter. Quelques jours de fuite et d'enquête, traversés à fond de train en s'accrochant à des détails très vivants et en déroulant un scénario classique mais précis. Avec ça on serait déjà pas mal, à pouvoir frétiller des doigts de pieds sous la couette et à repousser l'heure d'éteindre la lumière.
En plus il y a ces détails accrocheurs, on croirait une solide série B qui refuse les excès pour rester percutante, il y a le fond de la trame entre boites de sécurité, police, institutions, syndicats et marchands de viande. Et pour tout ça en un poil moins de deux cent pages on n'est pas trop surpris de lire qu'il a aussi enquêté comme journaliste sur le sujet.
C'était ma deuxième pioche, au hasard presque (je voulais des polars français) dans une sympathique petite librairie parisienne et je ne la regrette pas.
C'est un genre mais c'est concret et sous cette forme je peux concevoir qu'on s'en nourrisse avec avidité. Avec ou sans CX et Tour Montparnasse, à coup sûr j'y reviendrai...
Extrait pour l'ambiance :
Je jetai un oeil dans le rétroviseur. La CX avait emprunté le même chemin, mais elle se trouvait assez loin derrière. Après avoir brûlé deux feux rouges, je ne vis plus mes poursuivants. Les chances qu'ils aient relevé le numéro de la Golf semblaient faibles. Ce rodéo n'avait duré que quelques secondes. Se retourner, viser, tirer et lire en même temps, ça devait être coton.
Je m'arrêtai dans une grande surface pour acheter de la bouffe et rentrai dans le pavillon des Maillard. Les abords de la baraque étaient calmes. Les flics n'avaient pas tendu de souricière, comme ils l'auraient fait s'ils avaient identifié la voiture. J'examinai la carrosserie de la Golf : la balle avait traversé la portière et s'était enfoncée dans le siège. Ça faisait un petit trou rond, bien net, dans le skaï. Le type avait tiré trop haut s'il visait les pneus, ou trop bas s'il voulait me descendre.
Cette poursuite m'avait coupé l'appétit. Je me contentai de grignoter quelques chips et des gâteaux secs devant la télé. Le chat s'installa sur mes genoux. Le bulletin d'information était consacré à une catastrophe ferroviaire et ne faisait pas allusion à la Sopavidé. Pour les médias, cette histoire était classée. Un polar de Molinaro avec Mireille Darc succéda aux spots de pub. Je n'avais pas la tête à le regarder. Les événements de l'après-midi me tarabustaient.
mots-clés : #polar
- le Jeu 13 Avr - 13:17
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Gérard Delteil
Nouvelle récup mi-SF mi-polar :Balles de charité
Même qualités que Riot gun. On profite cette fois encore d'un type moyen genre cadre moyen, peut-être encore plus moyen que celui de Riot gun avec pas forcément beaucoup de scrupules et besoin d'avoir son chèque à la fin du mois.
Surtout que dans un futur proche si on n'a pas de sous on se retrouve déclassé et parqué dans des ghettos. Notre bonhomme travaille pour la Compagnie du Christ une grosse entreprise d'humanitaire parmi d'autres qui se livrent à une lutte sans merci pour avoir le plus gros des marchés. Vous voyez le genre ? Vous pouvez ajouter quelques boites plus conventionnelles comme des grosses boites d'industrie électronique qui détiendrait des quartiers ou villes entières sur un fond de magouilles bien rustiques.
Très efficace dans le déroulement de l'action et dans l'exposition de ce panorama SF franchouillard de région parisienne, solidement noir et grinçant mais certainement plus désabusé que cynique. Tout se passe encore une fois sans que soit jouée la carte des excès techniques ou des prouesses de gros bras ou de gros cerveaux.
Un portrait d'une société à plusieurs vitesses avec sa dose de centre commerciaux et de clinquant creux atroce mordant et réussi, un excellent moment de lecture dans son genre, j'en redemande !
Et savoir qu'on doit bien avoir quelques autres titres à lire pour peu qu'on pense à mettre la main dessus ça fait du bien.
mots-clés : #polar #romananticipation
- le Mer 12 Avr - 21:33
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Juli Zeh
L'Ultime Question , traduit de l'allemand par : Brigitte HÉBERT, Jean-Claude COLBUS
Après un premier chapitre un peu pesant, qui aurait sans doute gagné à être légèrement aminci, Juli Zeh propose un roman totalement atypique, énigmatique, mélangeant intelligemment physique quantique, mondes parallèles, vie de couple, amitié, paternité et crime. Loin d'être un entrelacs incompréhensible de notions physiques ou logiques plus complexes les unes que les autres, le roman ouvre de grands espaces de compréhensions, de réflexions et d'interrogations, dans des domaines qui, s'ils ne nous semblent pas très familiers restent accessibles.
D'autant plus que Juli Zeh parvient à donner beaucoup de relief et d'intensité à ses personnages et aux relations, troubles, ambiguës, sensibles qu'ils vivent les uns par rapport aux autres. Les deux personnages masculins sont des scientifiques qui ont fait toutes leurs études ensemble et s'entendent merveilleusement bien, jusqu'au jour où non seulement Sebastian décide de se marier mais aussi de renoncer à la physique quantique et d'explorer la possibilité de l'existence de mondes parallèles. Pour Oskar la rupture est nette et même si chaque mois il vient dîner chez le couple formé par Sebastian, la merveilleuse Maike et leur petit garçon, Oskar ne peut s'empêcher de reprocher à son ami (qui est sans aucun doute pour lui beaucoup plus qu'un ami) de renoncer à faire des choix dans la vie réelle estimant que chaque bifurcation peut être corrigée dans un autre monde. A force, Sebastian se complait dans une forme d'atermoiement continu qui lasse et qui agace Oskar à la personnalité écrasante.
A la fin de la soirée, exaspéré, Oskar propose un duel télévisuel à Sebastian pour tenter de lui brûler les ailes ou de le faire agir.
Le lendemain du duel, un enfant disparaît et un homme meurt.
Apparait alors la figure éminemment fascinante d'un commissaire pas vraiment de ce monde, à la fois détaché de toute matérialité et en même temps en phase avec les préoccupations les plus sensibles de nos protagonistes. L'énigmatique Schilf, à la fois attendrissant et délétère devient alors le pivot d'une narration qui bien loin de divaguer rassemble un à un les fils épars de l'intrigue pour aboutir à une conclusion qui, quoique lente à venir, apaise et séduit.
Tout comme séduit la plume de Juli Zeh, extrêmement agréable à lire et qui donne terriblement envie d'aller visiter Fribourg (oui).
Peu après l'envol, quand on s'élève vers le nord-est, Fribourg ressemble moins à une ville qu'à une tapisserie multicolore : masse confuse aux reflets chatoyants. Personne ne saurait dire s'il fait partie d'elle ou si elle fait partie de lui. Une mosaïque de toits sur laquelle le soleil matinal déverse en abondance ses nuances dorées. Entre eux le ruban sinueux du vif-argent de la Dreisam. L'air bleu porte comme de l'eau. Les montagnes rappellent les oiseaux.
(...)
J'ai donc été particulièrement séduite par l'inventivité et l'originalité de ce roman, son décalage, l'attention portée aux attitudes des uns et des autres qui dessinent parfois mieux que des mots les liens et les exaspérations.
mots-clés : #polar #science
- le Mer 12 Avr - 16:50
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Lars Kepler
Le Pacte , trad. Hege ROEL ROUSSON
600 pages écrites sous tension, qui s'avalent sans même que le lecteur s'en rende compte, avec un art parfait du tempo et du suspens.
Trois personnes sont sur un bateau. L'une meurt noyée sans être mouillée et les deux autres parviennent à échapper de justesse à leur agresseur. Un tueur. Payé pour aller au bout de son contrat.
Le même jour, le corps de Carl Palmcrona est retrouvé pendu dans son appartement (suicide ou meurtre déguisé ?). L'homme est chargé de valider les contrats d'armement de la Suède.
Quel est le lien entre les deux affaires ?
C'est à Joona Linna que l'enquête est confié et il se voit épauler par une elfe en la personne de Saga Bauer. A eux deux (et quelques autres), ils vont précipiter le lecteur dans une course contre la montre haletante et parfaitement maîtrisée.
Je me suis vraiment régalée à lire ce roman écrit d'une traite, totalement addictif et qui ne se laisse jamais prendre en défaut. On est dedans, totalement immergé, comme si on suivait pas à pas l'ombre de Joona Linna, dont le personnage à la fois attachant et terriblement intuitif n'empêche pas les auteurs de travailler allègrement les autres personnages. Un très beau travail de composition où les lignes de vie et de mort se mélangent pour former un texte très bien rythmé.
D'ailleurs, la musique est très présente dans ce roman qui porte le titre de : Paganinikontraktet (Le Contrat-Le Pacte Paganini) ce qui est bien loin de me déplaire. Car si le couple Lars Kepler réussit à écrire un thriller parfait, il n'hésite pas à ouvrir des portes (parfois inattendues) sur des questions aussi vastes que la vente d'armes et les hypocrisies politiques qui les accompagnent, la problématique des groupuscules extrémistes, la misogynie de certains milieux policiers, tout en n'oubliant jamais de faire en sorte que les personnages est un fond, des doutes, des liens complexes, des rêves et des failles.
Un Régal !
mots-clés : #polar
- le Mar 11 Avr - 15:59
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Lars Kepler
L'Hypnotiseur , trad. Hege ROEL ROUSSON, Pascale ROSIER
Première enquête de l'inspecteur Joona Linna, en compagnie d'un hypnotiseur qui depuis dix ans a renoncé à sa pratique et qui se voit obliger (pour sauver la sœur d'un enfant sauvagement attaqué et dont le reste de la famille est morte poignardée) de revenir à l'hypnose. Suite à cette séance les vies de Erich Maria Bark, de sa femme Simone et de son fils Benjamin vont être totalement bouleversées, car, sachez le, on ne parcourt pas impunément les abysses d'êtres détruits, violents et suicidaires.
On a donc un hypnotiseur qui n'hypnotise plus, une famille pleine de fissures qui se construit autour de Benjamin, l'enfant hémophile et d'un flic (Joona) qui prétend avoir toujours raison (et qui aime bien qu'on le lui dise).
Ce roman qui a pour cadre la cellule familiale prête à exploser est également un roman des profondeurs, celles que l'on découvre dans la seconde partie du récit, lorsque le lecteur revient dix ans en arrière pour découvrir les patients de Bark et les raisons qui lui ont fait arrêter l'hypnose…
Naviguant entre enfants tueurs, folles furieuses hystériques et nymphomanes, enquêtes parallèles et famille maltraitante, la foule des personnages, des intrigues, des événements se déroule le long de 650 pages qui se dévorent. Oui. Même si parfois la narration semble flotter dans une sorte d'entre-deux bizarre, de jusant, de fausse activité, même si parfois le lecteur se demande qu'elle est la place de la police dans la vie suédoise (ne sont-ils donc que deux ou trois plus ou moins incompétents et que l'on rechigne à appeler ?), ainsi que celles des institutions psychiatriques (a-t-on réellement relâché des patients violents sous prétexte d'une guérison qui arrangeait les budgets de l'Etat ?), mais c'est peut-être justement dans ce flottement, dans cette vacance que le lecteur trouve tout l'intérêt de cette lecture. Comme si les auteurs ne désiraient pas imposer des vérités mais plutôt soulever des questions.
Ce premier opus, sans doute pas totalement réussi (le fait d'écrire à deux mains créant peut-être ce flottement narratif) mais malgré tout très intrigant, a au moins le mérite de ne pas proposer l'histoire d'un flic surpuissant physiquement et intellectuellement mais plutôt un intuitif et des personnages vraiment attachants parce que en proie aux doutes, aux infidélités et aux mensonges ; aux petites lâchetés quotidiennes qui pourrissent lentement les existences...
mots-clés : #polar
- le Mar 11 Avr - 15:55
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Lars Kepler
Le Marchand de sable , trad. Lena Grumbach
Une chouette découverte.
Un texte qui va à l'essentiel. Pas de perte d'informations, tout ce qui est écrit est nécessaire, le reste est totalement absent. On se fout de savoir ce que les personnages mangent ou à quelle heure ils se brossent les dents, cela ne fait tout simplement pas partie de l'histoire. L'histoire n'est d'ailleurs pas une histoire mais un ensemble de faisceaux liés les uns aux autres qui font progressivement monter la tension du lecteur jusqu'à l'insoutenable (ou presque). J'ai plus d'une fois retenu ma respiration à la lecture de certains passages. Mais attention, ici pas de descriptions scabreuses, ni de plaies sanguinolentes, pas d'horreurs impensables, les auteurs ne font pas dans le gore mais peu à peu encerclent le lecteur. L'écriture n'a rien de folichon, les rares facilités concernent essentiellement les bulletins météorologiques qui parsèment le texte (il neige, il gèle, il fait froid…) mais ce resserrement sur l'histoire est un pur bonheur de lecture.
Il s'agit d'un roman mettant en scène un personnage violent, un tueur découvert plus ou moins par hasard par Joona Linna, un flic qui n'a rien d'un salaud, d'un alcoolique ou d'un baroudeur (il fait son job et c'est tout). Les auteurs ne s'arrêtent jamais sur les états d'âme des uns ou des autres, à moins que cela ne serve directement l'intrigue, son avancée. Jurek Walter, ce tueur, est emprisonné dans une cellule spéciale d'un hôpital psychiatrique car il est considéré comme un psychotique éminemment dangereux (le chef du service se met des bouchons d'oreille quand il doit entrer dans sa cellule !). Mais… Treize ans après sa disparition, Michael est retrouvé sur une voie de chemin de fer. Il souffre de malnutrition et de légionellose pourtant il est vivant et malgré ses treize années d'enferment (de l'âge de dix à vingt-trois ans) il n'a pas complètement perdu l'esprit. Sa sœur, Felicia est encore entre les mains de celui qu'il appelle comme dans les contes de l'enfance : Le Marchand de sable… Or si ce Marchand de sable existe, alors c'est que Jurek a un complice qui continue son œuvre machiavélique (enlever des êtres humains et les enfermer pendant de longues années sans autres sévices que cet enfermement).
Pour faire parler Jurek, une jeune flic va devoir intégrer l'hôpital en se faisant passer pour une patiente violente.
Le reste est à l'avenant ! Une très grande efficacité pour un roman qui se lit dans la fièvre et l'attente. La fin tarde un peu à venir mais de bout en bout l'ambiance glaçante reste convaincante.
mots-clés : #polar
- le Mar 11 Avr - 15:51
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Gérard Delteil
La conjuration florentine
Le pape Alexandre VI Borgia a décidé de se débarrasser du moine Savonarole, qui dénonce la corruption du Vatican. Il missionne un jeune novice, Stefano Arezzi, dont la foi frise le fanatisme. Mais Stefano découvre Florence, ses charmes, ses mœurs et ses complots. Il y rencontrera la belle et influente Antonella, le jeune Machiavel, et Savonarole lui-même dont le charisme le fera douter de ses certitudes
Thriller historique qui m'a permis de découvrir un morceau de cette histoire à laquelle je ne connais rien qui donne une toile de fond très pittoresque qui réveillera sans doute des curiosités et imaginations endormies. Ruelles, places, cathédrales, Italie, Renaissance, ...
Et le cocktail attendu du thriller : du mystère, du suspens, de l'action, du poison, une femme fatale, des trahisons et des doubles jeux. Pas mal de branches auxquelles se raccrocher et ce n'est pas plus mal. Je reconnais un intérêt fluctuant (c'est que j'ai été plus motivé par mes autres lectures de l'auteur et que ce n'est pas une période qui m'attire a priori) et ce métier a l'air parfois rustique du thriller, la mécanique apparente du genre m'a quand même fait avaler des pages par dizaine avec plaisir !
Ce n'est pas non plus un divertissement écrit "dans le vide", Gérard Delteil donne en postface ses sources et éclaire sur ce qu'il a inventé et les versions historiques qu'il a retenues pour écrire son livre. C'est un vrai plus.
Mais le plus intéressant, et un de ses points forts pour ce que j'ai lu de lui, c'est la manière dont il fait évoluer son Stefano vers moins de crédulité et moins d'intransigeance au fur et à mesure qu'il lui fait découvrir des complexités humaines en plus d'oppositions qui sont autant sociales que morales. Plus que par les personnages du jeu politique c'est par cet aspect qu'on peut dire thriller politique. L'actualité de la question de la foi, de son usage politique, celle de l'opposition des puissants et des faibles, des moyens du gouvernement, de l'équité ? la troublante énigme de la croyance et de l'espoir... Le miracle est espéré, instrumentalisé. Cette facette là du récit est pas mal fichue vivante et m'a bien plu.
mots-clés : #historique #polar
- le Ven 7 Avr - 16:09
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Deon Meyer
le Pic du Diable
Il s'agit de 3 personnages, une prostituée Christine, un inspecteur de police alcoolique Benny et un ancien combattant anti-apartheid Thobela qui chacun raconte leur histoire.
Les agissements de ces trois personnages vont s'entremêler dans des évènements tragiques
Les enquêtes pour meurtres, kidnapping se succèdent et sont autant de missions pour Benny. Il sera atteint personnellement à travers sa famille mais le lecteur l'a découvert ; c'est le meilleur inspecteur de la Criminelle.
Les personnages se déplaçant, les paysages très différents de cette région d'Afrique du Sud se révèlent par moment et de même l'ambiance post-apartheid où comme le répète l'inspecteur s' est installée la période de la discrimination positive tant dans la société qu'au commissariat.
La criminalité s'enfle à la même cadence que le sida et les quartiers pauvres sont encore ceux des Noirs ; la situation géographique du Cap est providentielle pour les trafiquants de drogue.
Après plusieurs années de fonction dans cette difficile situation, l'alcoolisme de l'Inspecteur est plus une protection qu'un vice?
Dans la première partie le chassé-croisé construit de phases courtes et rapides, donne au récit beaucoup de dynamisme plus loin les personnages et les évènements sont plus fouillés et s'imbriquent dans un rythme soutenu, malgré quelques pauses qui permettent d'assurer les enjeux des uns et des autres, avec d'inévitables surprises qui consolident le récit.
Une agréable lecture qui tient en haleine, que j'ai appréciée et qui m'incitera à lire d'autres polars.
(message récupéré)
mots-clés : #polar
- le Dim 2 Avr - 11:44
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- Sujet: Deon Meyer
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J.P. Delaney (pseudonyme de Tony Strong)
Avertissement : Ne lisez pas la 4ème de couverture
Le livre commence ainsi :
1. Dressez la liste de tous les objets qui vous semblent indispensables.
C'est un examen d'aptitude à ?.................. vivre dans une maison.
C'est à dire, serez-vous le ou la locataire à qui le propriétaire (un architecte de renom) accepte de louer la maison ?
Répondez aux nombreuses questions qui vous sont posées, acceptez-vous les conditions et exigences draconiennes qui vous permettraient de vivre dans cette maison "idéale" sur concept "minimaliste" selon la vision de l'architecte ?
3. Vous êtes responsable d'un accident de la route. L' autre conducteur/conductrice est désorienté (e) et semble croire qu'il/elle est à l'origine de la collision. Dites-vous à la police que c'était sa faute ou la vôtre ?
Sa faute
Votre faute
23. Seriez-vous prêt (e) à vous sacrifier pour sauver dix inconnus innocents ?
25. Face à des personnes obèses, vous éprouvez :
a) de la tristesse
b) de l'agacement
etc, etc..............
Il n'est pas utile que je vous en dise plus, à vous de savoir si vous acceptez le "contrat" lecture !
La présentation et l'intrigue sont inventives.
Le lecteur découvre et entend deux voix en alternance, celle d' Emma et celle de Jane. Leur profil psychologique se dévoile au fil des jours dans cette maison étrange qui influe sur le comportement des habitants, les conditionne.
Mais ils ont accepté le contrat qui les lie et que leur rappellent les "mises à jours" auxquelles ils doivent répondre sous peine de rupture dudit contrat.
Je trouve ce polar psychologique intéressant, accrocheur.
N.B. Il faut absolument lire la page remerciements qui nous renseigne sur l'auteur.
mots-clés : #polar
- le Dim 2 Avr - 10:27
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- Sujet: J.P. Delaney (pseudonyme de Tony Strong)
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Carlo Emilio Gadda
L’Affreux Pastis de la rue des Merles- Synopsis:
- Rome, 1927. Dans la riche et populaire rue Merulana, 219, escalier A, troisième étage, la comtesse Zelaméo, un certain lundi 14 mars, se voit dérober ses bijoux par un beau plombier qui, pour comble, omet de lui faire subir les derniers outrages. Tandis que l'inspecteur Ingravallo enquête, on découvre, toujours au troisième, porte en face, le jeudi 17, une femme égorgée. Avec toute une généalogie de " nièces " saisonnières, dans laquelle s'égarer, autour.
Le lecteur suivra de lui-même les péripéties de l'enquête et découvrira - peut-être - les coupables. Mais il faut l'avertir des savoureuses aventures littéraires et morales que Gadda lui réserve.
Dans ce " Pastis ", il y a tout. Et d'abord toutes les langues : chaque personnage parle dans le dialecte de sa région, avec l'argot de son métier, avec les inflexions propres à son caractère ; chaque objet même est dit dans la langue, lâche ou pompeuse, qui convient à son style. Bref, c'est Babel. Tous les tons ensuite : la farce quand il s'agit du peuple, l'invective pour Mussolini, la pitié devant la faiblesse, l'épopée face à l'absurde, et puis, pour le plaisir, la rhétorique et le pastiche, un peu partout. En un mot, le Baroque.
Un baroque printanier, tout souffrant de désir. Derrière chaque décision, chaque geste, chaque pensée, il y a, obstinée, la présence du sexe. Et toutes les métaphores du " Pastis " s'organisent autour de cet archétype premier : la fécondation. Pour le coup, nous voici au mythe des origines. La race des Romains commence, comme on sait, avec certain rapt des Sabines et ce n'est certes pas un hasard si le cours de l'enquête fait remonter Gadda depuis la rue des Merles jusqu'aux filles des coteaux sabins : ce récit goguenard est aussi une somme.
Place au Audiard italien ! Oui oui, je me suis cru en train de visionner les grandes scènes des Tontons flingueurs ou du Clan des Siciliens. Argot truculent que la nouvelle traduction reproduit fidèlement qui nous séduit à chaque mot et chaque page. On rit beaucoup, on s'émerveille devant ce langage quasiment disparu hélas. Au cours de ce pseudo polar comique on se retrouve immergé dans l'Italie un peu grandiloquente, un peu caricaturale mais qui dévoile au fur et à mesure un très grand charme.
L'auteur nous happe littéralement dans un récit sans nécessairement d'objet précis mais en nous faisant voyager dans une époque, dans un pays, dans une culture que les personnages mettent fortement en valeur. Un immense coup de coeur.
mots-clés : #polar
- le Ven 24 Mar - 19:39
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- Sujet: Carlo Emilio Gadda
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Pavel Kohout
L'heure étoilée du meurtrierquatrième de couverture : En février 1945, les bombardements des Alliés se succèdent sur Prague pour faire plier les Allemands... Le corps de la veuve d’un dignitaire nazi est retrouvé horriblement mutilé. Pour des raisons politiques, Morava, jeune policier tchèque, et Buback, inspecteur chevronné de la Gestapo, sont obligés de s’associer pour mener l’enquête. Les voilà lancés sur la piste d’un meurtrier psychopathe, une terrifiante poursuite qui va bouleverser leurs vies.
Tandis que les Allemands tentent de retarder l’inéluctable et que les communistes s’apprêtent à s’emparer du pouvoir, les deux hommes apprennent à se connaître et à s’estimer. Autour d’eux le monde s’écroule et le chaos s’installe.
Avis :
Bon petit polar au coeur du Prague de la fin de la guerre où une véritable anthropologie du peuple tchèque est mis en avant au travers d'une enquête bien ficelée. Les crimes sont particulièrement morbides et le questionnement entre crimes de guerre et crime tout court est très intéressant.
Les personnages sont bien représentés dans ce contexte de fin de guerre, beaucoup d'emphase romantique contrasté avec un fort désespoir dans certaines situations, j'ai trouvé que Kohout savait excellemment gérer les sentiments de ses personnages. Cela change du polar nordique ou du moins d'un certain type où le personnage possède un état émotionnel prédominant sur tout le reste.
De belles descriptions de Prague avec certains lieux que je connais donc cela m'a fait du bien de les retrouver.
Style simple, des fois un peu trop c'est le seul bémol mais il ne remet pas en cause la qualité de l'histoire.
J'ajoute l'expression superbe de certains dilemmes que les personnages ont en eux, très réalistes, cela fait du bien de voir "monsieur tout le monde" dans un livre, qui partage nos doutes et nos questions qu'il soit policier ou non.
Une belle oeuvre du genre policier.
mots-clés : #deuxiemeguerre #polar
- le Dim 26 Fév - 18:18
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- Sujet: Pavel Kohout
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S.J Watson
Avant d'aller dormirA la suite d’un accident survenu une vingtaine d’années plus tôt, Christine est aujourd’hui affectée d’un cas très rare d’amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu’elle a en fait 47 ans et qu’elle est mariée depuis vingt ans. Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime afin qu’elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence. Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer. Très vite elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé… et sur son présent.
Après avoir entendu une excellente critique sur ce livre, je me suis lancée à mon tour.
Il est une loi pour le polar qui diffère de la littérature, celle de l'écriture...nous passons sur une stylistique peu recherchée pour en savourer l'intrigue.
Malheureusement , en ce qui concerne la trame j'avoue avoir été prise au dépourvu . En plus des passages récurrents et lassants, c'est une histoire cousue de fil blanc, une machination dont nous connaissons les rouages bien avant la fin. Il m'a laissé un goût de série télévisée américaine que l'on regarde sans même s'en rendre compte, on ne deskotche pas mais on en retire pas grand chose, on attend juste patiemment la chute qu'on devine relativement vite.
En conclusion, je ne fais pas partie des personnes le recevant comme une révélation du thriller, je le conseille tout juste pour la plage entre deux mots croisés.
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mots-clés : #polar
- le Dim 26 Fév - 11:32
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- Sujet: S.J Watson
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Jean Patrick Manchette
La position du tireur couché
Tout comme dans Fatale qui m'a moins plu, le roman s'ouvre sur une certaine austérité quant au personnage planté. On est nettement dans l'hiver de l'âme, et les décors sont mornes.
Mornes à souhait, on est ferré, on est intrigué par ce déroulement méthodique de la situation d'entrée posée : un homme à abattre.
Mais contrairement à Fatale, et tout comme Le petit bleu de la côte Ouest, les personnages secondaires sont plantés avec un exotisme gourmand, peut-être parce que l'évolution du tueur se fait dans des domaines moins bourgeois, toujours, les traits sont dépeinds avec un décalage propre à manchette apparemment.
J'ai mis davantage de temps à vraiment exhulter qu'avec Le petit bleu, pourtant. Mais c'est un très bon roman noir, sec et drôle, qui joue des ressorts très spécifiques de la surenchère et de l'iexorable. Des tueurs veulent tuer le tueur, et sa marge de manoeuvre est ténue, c'est un processus implacable, qu'on intègre sans faire baisser la tension.
J'aime beaucoup la manière de Manchette dans ses dialogues. Il plante les liens, l'affection, l'air de rien, la veulerie. C'est magnifique.
Je retrouve ce qui chez Vargas, Audiard, ou Simenon séduit : une époque dépeinte l'air de rien, par les objets, les habits, l'état d'esprit, le champ lexical. ici c'est la parenthèse des années 70/80, une certaine désinvolture, et sensualité, aussi.
L'action est bien ficelée, on a quelques déroulés inattendus ou insoupçonnés, c'est bien.
Je le conseille.
mots-clés : #polar
- le Sam 25 Fév - 9:51
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- Sujet: Jean Patrick Manchette
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QIU Xiaolong
J'ai lu Les courants fourbes du lac taiAprès sa lecture je me souviens avoir regardé mon livre l'air dubitatif .Où est le Qiu Xiaolong et le vénérable inspecteur Chen dont j'ai tant entendu parler?
J'ai pallié le manque de noirceur et d'intrigue associés au polar par un goût amer de déception.Les personnages ne sont pas creusés mais à défaut sonnent creux.
L'intrigue ( ou ce qui devrait être une intrigue ) est soporifique à souhait.
La noirceur , oui , il' y en a ! les eaux du lac...
Petite note positive qui a sauvé ce livre de la noyade , la poésie chinoise distribuée au gré des pages.
Conclusion: Je ne l'ai pas conseillé.
Cependant, après multiples avis recueillis qui vont dans ton sens sur ses polars antérieurs , je vais retourner à la rencontre de L'inspecteur Chen en espérant que "les courants fourbes du lac tai" ne soit qu'une erreur de parcours...
mots-clés : #polar #corruption #regimeautoritaire
- le Ven 24 Fév - 17:42
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- Sujet: QIU Xiaolong
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Jean-Christophe Grangé
Le serment des limbesQuand Mathieu Durey, flic à la brigade criminelle de Paris apprend que Luc, son meilleur ami, flic lui aussi, a tenté de se suicider, il n'a de cesse de comprendre ce geste.
Il découvre que Luc travaillait en secret sur une série de meurtres aux quatre coins de l'Europe, dont les auteurs orchestrent la décomposition des corps des victimes et s'appuient sur la symbolique satanique.
Les meurtriers ont un point en commun : ils ont tous, des années plus tôt, frolé la mort et vécu une «Near Death Experience».
Peu à peu, une vérité stupéfiante se révèle : ces tueurs sont des «miraculés du Diable» et agissent pour lui.
Mathieu saura-t-il préserver sa vie, ses choix, dans cette enquête qui le confronte à la réalité du Diable ?
Pour une première approche de Grangé , je suis comblée , je voulais un polar , frissonner , être malmenée , sombrer dans les limbes de la noirceur…Et c’est diablement bien réussi !
Le mal contre le bien, le religieux et le malin m’ont fait verser dans un monde fait d’éclaboussures incandescentes, je me suis littéralement noyée au beau milieu du paradoxe faustien, de la symbolique satanique, de l’anxiété sous ces lignes évoquant cette atmosphère moribonde.
C’est dans un univers d’isolement, ténébreux, à l’ombre de tout éclair de clairvoyance que Grangé nous mène avec brio au beau milieu d’une intrigue sans relâche, toujours plus imaginative et insoutenable.
Si les « sans lumières » sont au rendez-vous, pour ma part, j’ai été suffisamment éclairée pour savoir que je récidiverai le plaisir « grangé »
mots-clés : #polar
- le Dim 19 Fév - 13:09
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- Sujet: Jean-Christophe Grangé
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Antonio Tabucchi
La tête perdue de Damasceno Monteiro
Manolo le Gitan découvre le corps sans tête d'un homme dans une zone perdue de la banlieue de Porto.
Firmino, jeune journaliste de vingt-sept ans (qui préfère dire qu'il a la trentaine pour paraître plus sérieux) est envoyé par le directeur de son journal (une feuille de chou du genre Détective !) sur place. Il doit d'abord se rendre à la pension de Dona Rosa qui va lui donner tous les passe-droits nécessaires pour rencontrer Manolo et bien d'autres petites et grandes personnalités de la Ville.
Car s'il y a bien une première surprise à la lecture de ce vrai-faux-roman policier, c'est que notre jeune journaliste n'a pas besoin de se creuser la tête pour trouver des indices : les gens l'appellent et Dona Rosa (mystérieuse et discrète entremetteuse) fait en sorte qu'il se trouve au bon endroit au bon moment. Le corps sans tête va donc être rapidement identifié, la tête va être retrouvée (et placée sur un plateau le journaliste, telle une Salomé d'opéra, pourra la prendre en photo en exclusivité pour son journal) et rendez-vous est pris avec Don Fernando (alias Lonton), avocat des pauvres, des travelos, des déclassés. La rencontre improbable entre le jeune journaliste et le brillant avocat obèse, est un véritable morceau d'anthologie ; une merveille.
L'admirable roman de Tabucchi résonne encore aujourd'hui avec une force étonnante ; parce qu'il nous parle de violences policières, de cette impunité que les tortionnaires pensent avoir quand ils ont le pouvoir de blesser et de tuer ; parce qu'il est aussi question de justice et de littérature ; et surtout de l'importance de la parole du journaliste, comme s'il était le dernier des mohicans d'un monde en capilotade. Tout en ne s'offrant jamais le luxe d'un cynisme morbide, Tabucchi met le doigt dans la plaie de nos vies bourgeoises et démonte pas à pas les collusions entre police et mafia, police et crime, justice et journalisme. Placides, ses deux personnages principaux ne cherchent pas l'affrontement des concepts au fond d'un canapé mais inventent une solidarité d'idées (il faudrait ici entendre ce mot comme l'exprimait Platon) et l'envie manifeste de "déchirer ce qu'on appelle le voile de l'ignorance". De citations de De Quincey à Hölderlin, de Jouhandeau à Flaubert (et même Louise Colet), le roman policier devient un microcosme du monde et explore la question fondamentale de la mort, de l'acte de tuer et de celui de juger. Dans un monde où l'on invoque pour se cacher derrière, les motifs de la barbarie ou de l'homme ordinaire qui obéit aux ordres, du responsable mais non coupable, Tabucchi replace le vocable : humanité au cœur de sa/notre réflexion. On ne peut que s'en louer et le lire, puis le relire !
mots-clés : #polar
- le Jeu 16 Fév - 11:40
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- Sujet: Antonio Tabucchi
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Jean Patrick Manchette
Wikipedia :
En 1976 paraît Le Petit Bleu de la côte ouest, qui suscite à sa sortie des articles de presse revenant sur « le malaise des cadres » dans les sociétés libérales. Dans ce livre, Georges Gerfaut, cadre commercial, témoin d’un meurtre, devient à son tour la cible des assassins. Il abandonne abruptement sa famille et sa vie trop parfaite avant de rentrer au bercail, une fois ses poursuivants éliminés, car au fond, il ne sait que faire d'autre. Jalonné de références au jazz West Coast et rempli de morceaux de bravoure, ce roman reste l'un des chefs-d'œuvre de Manchette.
Vient ensuite Fatale, l'histoire d'Aimée Joubert, une tueuse à gages fragile qui affronte les notables d'une petite ville côtière. Le livre, refusé par la Série noire pour manque d'action, paraît hors collection chez Gallimard. Manchette explique qu’il a tenté dans ce « roman expérimental » de mettre en parallèle la dégradation idéologique du marxisme à la fin du xixe siècle et la décadence du style flaubertien à la même époque, et précise que « ce n’est pas vraiment un sujet de polar. Je ne le ferai plus. »
Fatale
Nota BD a écrit:Noter que ce roman a été adapté par Max Cabanes en BD, et que les presses sont bonnes à son propos :Le travail d’adaptation sur Fatale, soutenu par Doug Headline (le propre fils de Jean-Pierre Manchette) :132 pages .
Un livre dédié à sa compagne, en tant que lectrice je me disais "ça va dépoter" au regard du précédent lu et beaucoup aimé, car assez vite on apprend que c'est d'une tueuse dont il s'agira.
Mais même si je l'ai lu sans déplaisir, une certaine chlorose dans le ton m'a déçue. C'est un tout autre souffle qui habite ce polar, les seconds rôles sont, peut-être trop cernés (j'avais le sentiment appuyé d'être dans un film de Chabrol, petite bourgeoisie de province et dialogues qui vont avec) : je n'étais plus surprise par une fantaisie bien personnelle. Une impression de suivre un topique aristotélicien, exercice de style non dénué d'élégance, toujours une maitrise incontestable et une économie stylistique, mais ce personnage est rétif à mobiliser quelque empathie qu'il soit, et ses mobiles vénaux laissent un peu sur ma faim.
Je ne vous recommanderais pas ce polar pour comprendre le talent de Manchette qui explosait dans Le Petit Bleu de la côte ouest, et je remercie le hasard de m'avoir fais commencer par ce dernier. Car je vais enchainer sans doute aucun avec un troisieme, La position du tireur couché : sans cela j'aurais jugé que les louanges à Manchette se fondent sur un certain snobisme de caste. Mais pas moyen, il a quelque chose de plus quand-même.
A recommander à ceux qui aiment bien les ambiances pâles et convenues des étroits sentiers provinciaux et laa mise en scène d'une certaine vacuité. Mais pour moi ça manquait de fer et de chair. C'est sans nul doute un choix de l'auteur, d'ailleurs.
mots-clés : #polar
- le Mer 15 Fév - 19:46
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- Sujet: Jean Patrick Manchette
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Jean Patrick Manchette
Le petit bleu de la côte ouest
Ce court roman noir est magnifique, il m'a happée tranquillement et sûrement.
Trois points forts :
1. la construction
Manchette nous promène très habilement avant que de nous expliciter les enjeux de l'action. On ne saura pas tout de suite qui est tueur, pourquoi, et ces questions sont posées en nous présentant quatre tueurs d'un coup alors qu'on en attendait un seul.
Autre trait intéressant : une cascade de tentatives de meurtre à chaque fois faisant chou blanc. Ces micro-évènements, choix et réactions qui tout le temps sauvent la mise pour la cible à abattre prètent vie aux caractères dépeints, sans psychologie mais avec un dynamisme très parlant, cinématographique, ils deviennent pivots de tout un tas de ratages et produisent un effet comique très séduisant.
La fin de l'épopée, sans aucun essouflement, est merveilleuse . Six mois sont passés et en une evidence jubilatoire, un homme rentre chez lui, couvert de vomi, comme il aurait acheté des cigarettes en une heure.
2. La violence sans sa surenchère perverse.
. L'absence de développements psychologiques au profit de l'action, des réactions, et des dialogues permet des apothéoses et carnages sans qu' à aucun moment j'ai pu y voir une fin en soi. La posture du protagoniste principal, qui ressemble à celle d'une personne très énervée qu'on lui ait balancé un coup de marteau sans raison et sans préavis, mue la chasse à l'homme en péripéties loufoques, à la limite de l'absurde. Survie sans mélo, rétrécissement de l'angoisse au profit d'un bon sens de survie.
3. Les personnages
Les seconds rôles sont magnifiques. Manchette décrit bien, il a un style fluide et précis.
Un extrait.
C'est la cavale, le personnage atterrit chez un ami de jeunesse.
- Tu penses, dit Liétard quand ils furent attablés au rez-de-chaussée devant leur steack tartare qu'un excès de condiment dément faisait noircir dans l'assiette, tu penses qu'on a voulu te supprimer à cause du type que tu as ramassé sur la route, l'autre nuit ?
- Moi ? Pourquoi ? dit Gerfaut.
-C'est ce que tu as dis hier soir. Tu as dit que tu penses qu'on croit que tu as écrasé ce type ou quelque chose, et ses copains veulent le venger.
- Excuse-moi, j'ai pas compris, dit Gerfaut en secouant énergiquement la tête.
Liétard répéta.
-Ah oui, dit Gerfaut. Oui. Enfin, je ne sais pas.
- Tu devrais parler à la police. (Liétard versa du Médoc.)
-J'ai pas envie.
Ils se regardèrent un instant en mâchant.
-Tu veux rester ici quelques jours ? proposa Liétard.
-Non, non.
-Demain après-midi, à la télé, ah les salauds ! Tu as vu ? dit Liétard. Le fuller hier soir ? En v.f, les enculés ! Ah non, c'est vrai, tu n'as pas vu. Qu'est-ce que je disais ? Oui ! Demain après-midi, ils passent le réveil de la sorcière rouge d'Edward Ludwig. Vraiment fou. Je pleure à la fin. Tu sais, ajouta t'il, le truc qui me tue à chaque fois, je ne comprends pas comment ça fonctionne mais c'est garanti, c'est quand les gens morts ressucitent à la fin, comme dans Yang Kwei Fei, ou Madame Muir. Tiens, même Ce n'est qu'un au revoir, à chaque coup je me dis merde quelle connerie militariste, et à la fin ça ne rate jamais, quand Donald Crisp et la mère O'Hara se pointent sur la pente, vlan ! (il fit un geste pour indiquer avec exagération que des larmes alors ruisselaient sur son visage.)
-honhon, fit Gerfaut qui n'avait pas la moindre idée de ce dont Liétard parlait.
Ils finirent leur tartare et leur vin. Il était neuf heures du soir. Ils allumèrent des cigarettes. Gerfaut demanda à Liétard s'il n'avait pas un peu de musique à mettre.
-Comme quoi?
-Un petit bleu de la côte Ouest, dit Gerfaut.
-Kleine Frauen, dit Liétard, kleine lieder, ach, man liebt und liebt sie wieder. les petites femmes, expliqua-t il, les petites chansons, on les aime encore et encore, le petit bleu de la côte Ouest c'est toi. Désolé mon pote. J'ai que du hard bop.
- Déjà au lycée, dit Gerfaut, nous n'étions pas d'accord.
Cet extrait n'est pas représentatif du roman, qui suit davantage l'action que les huis clos, c'est juste une parenthèse du récit, qui , en plus d'expliciter le titre du roman, présente un savoureux tableau d'amitié. je trouve.
Je disais dernierement sur un fil que l'absence de cohérence psychologique m'agaçait dans un livre, ici non seulement il n'y en a pas , de psychologie, mais en plus cette absence de psychologie ne handicape pas la cohérence. une bonne leçon pour mes aprioris.
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- le Dim 12 Fév - 11:08
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- Sujet: Jean Patrick Manchette
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Henning Mankell
L'HOMME INQUIEI
A travers la dernière enquête de Wallander, conçue comme un "témoignage" sur la vie de l'enquêteur, on devine la présence de l'auteur, Mankell lui-même.
Certes, Wallander est atteint de divers troubles et pathologies. Dont le plus inquiétant (pour lui) porte sur ses "absences".
Il sent qu'il vieillit et que sa vie n'est plus qu'un processus de démolition.
Wallander a soixante ans et il va être bientôt à la retraite. Au delà d'un avenir qu'il sent menacé, il y a le bilan désenchanté d'une vie marquée par la solitude, l'incompréhension des autres et du monde où il vit.
Il n'a compris son père que trop tardivement.
Ses amours se sont mal terminées et Wallander se sent seul.
Son dernier point d'ancrage est sa fille et surtout sa petite fille.
Tout ce qu'il a vécu publiquement ou en privé l'a laissé dubitatif.
Il se reproche de n'avoir pas essayé de mieux comprendre la réalite sociale et politique et de se sentir trop ignorant et démuni.
Finalement, le bilan de cette dernière enquête est négatif sur le strict plan policier.
Il y a infiniment plus de questions que de réponses.
En même temps, il le reconnait et l'accepte.
Son comportement a toujours été fait d'honnêteté, de courage et d'entêtement.
En quête d'une vérité trop complexe et fuyante pour être comprise.
Et il pourrait conclure comme Dostoievski qu'il y a plus de punis que de coupables.
Mankell était différent de son personnage. Instruit, cultivé, engagé politiquement et socialement.
Mais comme lui, il est en quête d'une réalité autre que décevante et mouvante.
Et finalement menacé d'une mort imminente.
C'est cela qu'ils se ressemblent et en cela qu'il nous émeut comme jamais.
mots-clés : #polar
- le Ven 10 Fév - 17:49
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- Sujet: Henning Mankell
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L'Anonyme de chez Sonatine
Psycho Killer
Tout semble paisible à B Movie Hell, 3672 habitants. Jusqu’au jour où un tueur mystérieux portant un masque en forme de crâne, surmonté d’une crête iroquoise rouge se mette à assassiner tranquillement certains des habitants de la ville. Le FBI confie l’affaire à un couple d’enquêteurs, Milena Fonseca et Jack Munson, surnommé le Fantôme, spécialiste des opérations clandestines. Bientôt de mystérieux liens apparaissent entre cette terrifiante série de meurtres et un projet top secret du Département d’Etat, l’opération Blackwash. Alors que la paranoïa s’empare de la ville, la collaboration entre le FBI et les autorités locales s’annonce difficile. Les habitants de B Movie Hell, bien décidés à garder leurs nombreux secrets, entendent en effet résoudre seuls et sans aide extérieure cette histoire aussi terrifiante qu’enigmatique.
On en voulait d'avantage et l’anonyme l’a fait. Certes, pas de Bourbon Kid à l’horizon, mais une patte que l’on reconnaîtrait entre toutes.
L’auteur encore une fois prouve qu’il est le chef du film/fiction trash de la littérature, le pilier du genre Dark aux héros toujours aussi plaisants.
On s’embrase encore une fois à cette lecture, le sourire aux lèvres menant parfois au rire face à l’humour toujours aussi corrosif... et les pages tournent et défilent.
Une entrée en matière qui présente un remake de massacre à la tronçonneuse, un costume pour notre tueur des plus absurdes se voulant terrorisant, des clins d’œil toujours aux grands classiques qui flirtent avec l‘affectif.
Comment ne pas vénérer la trame d’un tueur fou insolite entouré de personnages tout aussi extravagants quand celui-ci sollicite nos sens en éveil ?
En bref, un auteur toujours aussi déjanté qui possède encore une fois son lectorat et quelque chose me dit que ce n’est pas terminé.
Séduite je le suis encore !
mots-clés : #polar
- le Jeu 9 Fév - 14:26
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- Sujet: L'Anonyme de chez Sonatine
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