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Javier Cercas

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Message par Bédoulène Sam 7 Jan - 10:08

je plussoie

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Message par Chamaco Sam 7 Jan - 16:31

topocl a écrit:Les soldats de Salamine?

Alléchant si c'est ce que je pense : la grèce et la Perse, l'Histoire, d-s que possible je passe à ma librairie...Merci amiga.
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Message par Chamaco Sam 7 Jan - 16:31

Bédoulène a écrit:je plussoie

Very Happy
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Message par Chamaco Sam 7 Jan - 22:49

Chamaco a écrit:
topocl a écrit:Les soldats de Salamine?

Alléchant si c'est ce que je pense : la grèce et la Perse, l'Histoire, d-s que possible je passe à ma librairie...Merci amiga.

ah bin non rien a voir c'est la guerre civile espagnole, je prend quand même Very Happy
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Message par topocl Dim 8 Jan - 9:44

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Message par Chamaco Dim 8 Jan - 11:42

Merci
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Message par Chamaco Mer 18 Jan - 12:55

Le Cercas est arrivé en librairie en Corse, je l'achete cet'aprem...Je manquais de lecture le soir avant de m'endormir avec Clio...
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Message par Chamaco Jeu 19 Jan - 16:08

Je viens de recevoir le livre de Cercas, parcouru la couverture il semble possible de faire un parallele entre "les lois de la frontière" et "les guerriers de Salamine", dans le film tiré du premier à la fin ce sont les paroles du père et la decision du policier qui ont decidé de l'avenir du jeune héros,, dans le second un regard aurait décidé du destin...
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Message par Chamaco Jeu 19 Jan - 16:11

J'ai connu la Barcelone de l'année 70  et les patrouilles tres craintes de la Guardia civile de Franco dans les rues la nuit, j'en garde le souvenir...Tout le monde fuyait et se refugiait dans les immeubles ou les bars du barrio Chino.
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Message par Chamaco Lun 30 Jan - 10:58

Les soldats de Salamine

Pour l'instant plus de 40 pages sur la non-execution de Mazas, un peu repetitif non..?
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Message par Bédoulène Lun 30 Jan - 14:05

continue

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Message par Chamaco Dim 5 Fév - 14:06

Bédoulène a écrit:continue

j'ai continué et effectivement je comprend pourquoi... Very Happy
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Message par Tristram Mar 17 Oct - 12:34

L'imposteur

historique - Javier Cercas - Page 5 Image116

Cercas détaille comme, troublé par l'histoire d’Enric Marco, « le grand imposteur et le grand maudit » qui s'est fait passer pour un survivant des camps de concentration et est devenu une célébrité espagnole de la mémoire historique des horreurs nazies, il s’est finalement résolu à écrire ce roman non fictionnel. « Comprendre, est-ce justifier ? » N’est-il pas lui-même un imposteur ?
« La pensée et l’art, me disais-je, essaient d’explorer ce que nous sommes, ils révèlent notre infinie variété, ambiguë et contradictoire, ils cartographient ainsi notre nature : Shakespeare et Dostoïevski, me disais-je, éclairent les labyrinthes de la morale jusque dans leurs derniers recoins, ils démontrent que l’amour est capable de conduire à l’assassinat ou au suicide et ils réussissent à nous faire ressentir de la compassion pour les psychopathes et les scélérats ; c’est leur devoir, me disais-je, parce que le devoir de l’art (ou de la pensée) consiste à nous montrer la complexité de l’existence, afin de nous rendre plus complexes, à analyser les ressorts du mal pour pouvoir s’en éloigner, et même du bien, pour pouvoir peut-être l’apprendre. »

« Un génie ou presque. Car il est bien sûr difficile de se départir de l’idée que certaines faiblesses collectives ont rendu possible le triomphe de la bouffonnerie de Marco. Celui-ci, tout d’abord, a été le produit de deux prestiges parallèles et indépassables : le prestige de la victime et le prestige du témoin ; personne n’ose mettre en doute l’autorité de la victime, personne n’ose mettre en doute l’autorité du témoin : le retrait pusillanime devant cette double subornation – la première d’ordre moral, la seconde d’ordre intellectuel – a fait le lit de l’escroquerie de Marco. »

« Depuis un certain temps, la psychologie insiste sur le fait qu’on peut à peine vivre sans mentir, que l’homme est un animal qui ment : la vie en société exige cette dose de mensonge qu’on appelle éducation (et que seuls les hypocrites confondent avec l’hypocrisie) ; Marco a amplifié et a perverti monstrueusement cette nécessité humaine. En ce sens, il ressemble à Don Quichotte ou à Emma Bovary, deux autres grands menteurs qui, comme Marco, ne se sont pas résignés à la grisaille de leur vie réelle et qui se sont inventés et qui ont vécu une vie héroïque fictive ; en ce sens, il y a quelque chose dans le destin de Marco, comme dans celui de Don Quichotte et d’Emma Bovary, qui nous concerne profondément tous : nous jouons tous un rôle ; nous sommes tous qui nous ne sommes pas ; d’une certaine façon, nous sommes tous Enric Marco. »
Simultanément s’entrelace l’histoire de Marco depuis l’enfance, retiré nourrisson à sa mère enfermée à l’asile psychiatrique ; il aurait été maltraité par sa marâtre et ignoré par son père ouvrier libertaire, puis ballotté d’un foyer à l’autre, marqué par les évènements de la tentative d’indépendance catalane d’octobre 1934, juste avant que le putsch et la guerre civile éclatent. Cercas a longuement interviewé Marco, un vieillard fort dynamique, bavard et imbu de lui-même, criant à l’injustice parce qu’il aurait combattu pour une juste cause.
D’après Tzvetan Todorov :
« [Les victimes] n’ont pas à essayer de comprendre leurs bourreaux, disait Todorov, parce que la compréhension implique une identification avec eux, si partielle et provisoire qu’elle soit, et cela peut entraîner l’anéantissement de soi-même. Mais nous, les autres, nous ne pouvons pas faire l’économie de l’effort consistant à comprendre le mal, surtout le mal extrême, parce que, et c’était la conclusion de Todorov, “comprendre le mal ne signifie pas le justifier mais se doter des moyens pour empêcher son retour”. »
Militant anarcho-syndicaliste, Marco aurait combattu dans les rangs de la République, et Cercas analyse le « processus d’invention rétrospective de sa biographie glorieuse » chez ce dernier.
« Et je me suis dit, encore une fois, que tout grand mensonge se fabrique avec de petites vérités, en est pétri. Mais j’ai aussi pensé que, malgré la vérité documentée et imprévue qui venait de surgir, la plus grande partie de l’aventure guerrière de Marco était un mensonge, une invention de plus de son égocentrisme et de son insatiable désir de notoriété. »
Cercas ne ménage pas les redites, procédé (didactique ?) un peu lassant.
« Parce que le passé ne passe jamais, il n’est même pas le passé – c’est Faulkner qui l’a dit ; le passé n’est qu’une dimension du présent. »

« Mais nous savons déjà qu’on n’arrive pas à dépasser le passé ou qu’il est très difficile de le faire, que le passé ne passe jamais, qu’il n’est même pas le passé – c’est Faulkner qui l’a dit –, qu’il n’est qu’une dimension du présent. »

« La raison essentielle a été sa découverte du pouvoir du passé : il a découvert que le passé ne passe jamais ou que, du moins, son passé à lui et celui de son pays n’étaient pas passés, et il a découvert que celui qui a la maîtrise du passé a celle du présent et celle de l’avenir ; ainsi, en plus de changer de nouveau et radicalement tout ce qu’il avait changé pendant sa première grande réinvention (son métier, sa ville, sa femme, sa famille, jusqu’à son nom), il a également décidé de changer son passé. »
Cercas évoque De sang-froid de Truman Capote et L’Adversaire d’Emmanuel Carrère, deux « chefs-d’œuvre » du « roman sans fiction » dont il juge le premier auteur atteint de « turpitude » pour avoir laissé espérer tout en souhaitant leur exécution les deux meurtriers condamnés à mort, et doute du procédé du second, présent à la première personne dans son récit peut-être pour se donner une légitimité morale fallacieuse.
Intéressantes questions du kitch du narcissique, et du mensonge (peut-il être légitime ? un roman est-il mensonge ?)
« Il y a deux mille quatre cents ans, Gorgias, cité par Plutarque, l’a dit de façon indépassable : “La poésie [c’est-à-dire, la fiction] est une tromperie où celui qui trompe est plus honnête que celui qui ne trompe pas et où celui qui se laisse tromper est plus sage que celui qui ne se laisse pas tromper.” »
En fait de déportation, Marco a été travailleur volontaire en Allemagne fin 1941, et emprisonné au bout de trois mois comme « volontaire communiste ». Revenu en Espagne, il a effectivement connu « les prisons franquistes, non comme prisonnier politique mais comme détenu de droit commun. » Il abandonne ses premiers femme et enfants, change de nom pour refaire sa vie (grand lecteur autodidacte, il suit des cours universitaires d’histoire) – et devenir le secrétaire général de la CNT, le syndicat anarchiste, puis président de l’Amicale de Mauthausen, l’association des anciens déportés espagnols. Il a toujours été un séducteur, un amuseur, un bouffon qui veut plus que tout qu’on l’aime et qu’on l’admire.
« …] de même, certaines qualités personnelles l’ont beaucoup aidé : ses dons exceptionnels d’orateur, son activisme frénétique, ses talents extraordinaires de comédien et son manque de convictions politiques sérieuses – en réalité, l’objectif principal de Marco était de faire la une et satisfaire ainsi sa médiapathie, son besoin d’être aimé et admiré et son désir d’être en toute occasion la vedette – de sorte qu’un jour il pouvait dire une chose et le lendemain son contraire, et surtout il pouvait dire aux uns et aux autres ce qu’ils voulaient entendre. »

« Le résultat du mélange d’une vérité et d’un mensonge est toujours un mensonge, sauf dans les romans où c’est une vérité. »

« Marco a fait un roman de sa vie. C’est pourquoi il nous paraît horrible : parce qu’il n’a pas accepté d’être ce qu’il était et qu’il a eu l’audace et l’insolence de s’inventer à coups de mensonges ; parce que les mensonges ne conviennent pas du tout à la vie, même s’ils conviennent très bien aux romans. Dans tous les romans, bien entendu, sauf dans un roman sans fiction ou dans un récit réel. Dans tous les livres, sauf dans celui-ci. »
Après la Transition de la dictature franquiste à la démocratie, la génération qui n’avait pas connu la guerre civile a plébiscité le concept de “mémoire historique”, qui devait reconnaître le statut des victimes.
« La démocratie espagnole s’est construite sur un grand mensonge, ou plutôt sur une longue série de petits mensonges individuels, parce que, et Marco le savait mieux que quiconque, dans la transition de la dictature à la démocratie, énormément de gens se sont construit un passé fictif, mentant sur le passé véritable ou le maquillant ou l’embellissant [… »
Cercas raconte ensuite comment l’historien Benito Bermejo a découvert l’imposture de Marco, alors devenu un héros national, et s’est résolu à la rendre publique (c’est loin d’être la seule du même genre). Marco tente depuis de se justifier par son réel travail de défense de la cause mémorielle. Cercas décrit ses rapports avec Marco partagé entre le désir d’être le personnage de son livre, et le dépit de ne pas pouvoir contrôler ce dernier.
« — S’il te plaît, laisse-moi quelque chose. »
Opiniâtre quant à la recherche de la vérité, outre ses pensées Cercas détaille son ressenti, qui va du dégoût initial à une certaine sympathie ; "donquichottesque", il pense même un temps à sauver Marco non pas en le réhabilitant, mais en le plaçant devant la vérité…
Manifestement basée sur une abondante documentation, cette étude approfondie, fouillée dans toutes ses ramifications tant historiques que psychologiques ou morales, évoque aussi le rôle de la fiction comme expression de la vérité.

\Mots-clés : #biographie #campsconcentration #devoirdememoire #ecriture #guerredespagne #historique #politique #psychologique #xxesiecle

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Message par Bédoulène Jeu 19 Oct - 9:05

tu en penses quoi de ses critiques des livres de Truman Capote et Carrère ?

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Message par Tristram Jeu 19 Oct - 12:50

Pour ce qui est de Capote, le livre m'avait impressionné, mais je ne savais rien de l'attitude douteuse de l'auteur (selon Cercas) ni même de sa vie privée.
L'Adversaire est effectivement contaminé par ce qu'on peut considérer comme l'agaçant nombrilisme de l'auteur, mais se placer "honnêtement" comme l'investigateur, avec ses doutes et ses limites, est une démarche pertinente en soi, ne serait-ce que pour éviter d'asséner des faits dont le lecteur ne saurait pas d'où ils viennent à un auteur omniscient. Le ressenti personnel est aussi plus circonscrit.
En parlant de limites, je me demande encore l'intérêt pour Cercas de préciser les vêtements qu'il portait lui-même lors de la visite de tel camp de concentration. Il indique sans doute ainsi qu'il se réfère au film que son fils tourna pour documenter ladite visite, mais ça me paraît quand même plutôt déplacé.
Une approche factuelle, clinique, le plus exhaustive possible, me semble plus intéressante qu'une discutable "incarnation" fictive, comme dans Errance de Lawrence Block, encore qu'il y en a d'excellentes.
En tout cas s'emparer personnellement d'un fait divers réel est toujours gênant, sinon dangereux, cf. Le Dalhia noir de James Ellroy.

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Message par Bédoulène Jeu 19 Oct - 17:21

oh la vie de J.Ellroy m'avait impressionnée.
pour Capote j'ai vu le film mais ai-je lu le livre ? (et je viens de lire wikipedia)

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Message par Tristram Dim 18 Fév - 11:35

Le Monarque des ombres

historique - Javier Cercas - Page 5 51bt-t10

Cercas ne voulait pas écrire sur Manuel Mena, son grand-oncle maternel, volontaire phalangiste et sous-lieutenant du 1er tabor de tirailleurs d’Ifni, mort au combat à dix-neuf ans. Il ne voulait pas évoquer le passé franquiste et/ou phalangiste de sa famille à Ibahernando, village d’Estrémadure, lors de la rébellion franquiste au début de la guerre civile espagnole – mais il avait pourtant approché cette histoire dans Les Soldats de Salamine. De ce dernier roman a été tiré un film tourné par le réalisateur David Trueba, devenu son ami et qui l’accompagne pour recueillir le témoignage du « Tondeur », nonagénaire dont le père républicain est disparu aux mains des franquistes alors qu’il était enfant. À l’occasion d’une émission télévisée, Javier Cercas (le narrateur, et l’auteur en tant que personne dans le livre, qui semble de façon troublante se dédoubler pour séparer l’enquêteur et le rédacteur ; c’est ce dernier qui narre les comptes-rendus biographiques de Manuel Mena, et notamment les batailles où il combattit, ainsi que le contexte social et politique : les serfs opprimés par les propriétaires, et « un coup d’État militaire contre une démocratie, soutenu par l’oligarchie et l’Église ») Javier Cercas interroge ensuite Alejandro et Manolo Amarilla, socialistes qui ont connu Manuel Mena, puis sa tante Puri et son oncle Alejandro, avec sa propre mère (pour qui Manuel Mena fut presque un frère, et un héros).
« Je pensai que pour raconter l’histoire de Manuel Mena, il fallait que je raconte ma propre histoire ; autrement dit, je pensai que pour écrire un livre sur Manuel Mena, je devais me dédoubler : d’un côté, je devais raconter une histoire, l’histoire de Manuel Mena, et la raconter comme le ferait un historien, avec le détachement et la distance et le souci de véracité d’un historien, m’en tenant strictement aux faits et laissant de côté la légende, l’imagination et la liberté du littérateur, comme si je n’étais pas qui je suis mais un autre ; d’un autre côté, je devais raconter non pas une histoire mais l’histoire d’une histoire, c’est-à-dire l’histoire de comment et pourquoi j’en étais venu à raconter l’histoire de Manuel Mena, même si je ne voulais pas la raconter ni l’assumer ni l’ébruiter, même si toute ma vie j’avais cru être devenu écrivain précisément pour ne pas écrire l’histoire de Manuel Mena. »
Cercas fait référence à la « belle mort », celle d’Achille dans l’Iliade, « idéal éthique des Grecs et garantie de leur immortalité », à Le Désert des Tartares de Dino Buzzati et à Il est glorieux de mourir pour la patrie de Danilo Kiš (une nouvelle du recueil Encyclopédie des morts), à Hannah Arendt, mais aussi à la guerre vue par Vélasquez et Goya, à Antonioni et Secret Story.
De Cercas la prose est précise, précautionneuse (qui n’empêche pas qu’on soit un peu égaré – il y a apparemment plusieurs Alejandro, par exemple ; de même, l’auteur est incontestablement "de gauche") ; son écriture reflète « cette manie obsessionnelle de véracité » qui l’anime.
« Et que ce soit avec un document contenant une erreur flagrante m’inspira une méfiance absolue envers les documents, une conscience aiguë de leur faillibilité et de toute la difficulté à reconstituer le passé avec précision. La méfiance était justifiée : ce n’est pas seulement que, comme j’ai pu souvent le vérifier, les textes des historiens soient bourrés d’inexactitudes et d’erreurs ; c’est que les documents eux-mêmes l’étaient. »
Ce roman "embrouillé" reflète la complexité de l'Histoire, et surtout celle de la recherche de l'historien, par ailleurs forcément marquée de subjectivité. Je partage les réserves de Topocl, Églantine et Avadoro quant au rendu, mais c'est aussi qu'il s'agissait peut-être davantage de la démarche d'enquête rationnelle que des faits historiques eux-mêmes dans ce roman douloureux, où la mémoire est à la fois personnelle, familiale et collective.

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