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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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167 résultats trouvés pour Creationartistique

Imre Kertész

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 41kcsz10

Liquidation

C’est un court « roman » qui n’a pas l’ampleur et l’ambition de « Le Refus » mais qui tourne autour des mêmes thématiques. Un écrivain, nommé Bé, dont l’histoire est liée au camp d’Auschwitz, se suicide. L’un de ses amis éditeur récupère ses archives et se met en quête d’un ultime roman dont il est persuadé qu’il existe et qui résumerait toute la pensée de l’auteur. Il rentre en contact avec plusieurs femmes qui l’ont connu et qui lui révèlent quelques facettes du personnage, pièces qu’il tente d’assembler comme un puzzle. Je ne vous en dirai pas plus, même en spoiler)  Razz

On retrouve ici les interrogations principales de Kertész sur le sens de la vie, parfois sous forme de paradoxe :

« Un homme totalement dégradé, en d’autre terme un survivant, n’est pas tragique, disait-il, mais comique, parce qu’il n’a pas de destin. »

« Seules nos histoires peuvent nous apprendre que notre histoire est finie, sinon nous vivrions comme s’il y avait toujours quelque chose à continuer (notre histoire par exemple). C’est-à-dire que nous vivrions dans l’erreur. »

« La grande désobéissance c’est / De vivre sa vie / Et aussi la grande humilité / Que nous nous devons à nous-mêmes / Le seul moyen acceptable / Du suicide, c’est la vie / Se suicider c’est comme /Continuer sa vie / Recommencer chaque jour / Revivre chaque jour / Remourir chaque jour. »

« ..les hommes ne comprennent pas qu’il est plus facile de haïr que d’aimer, et que la haine est l’amour des perdants. »


Son sens de l’humour noir dans le contexte de la Hongrie communiste (cela fait penser un peu à Thomas Bernhard) :

« L’Etat est toujours le même. Il a toujours financé la littérature pour pouvoir la liquider. Quand l’Etat subventionne la littérature c’est toujours une manière déguisée de la liquider. »

« Ici tout le monde a raté sa vie. C’est la spécificité, le génie du lieu. Par ici, si on n’a pas raté sa vie, c’est qu’on est simplement dépourvu de talent. »

« J’avais pris l’habitude de dormir longtemps parce que je commençais à comprendre que c’était la seule activité sensée à laquelle je pouvais passer mon temps. »


Les considérations sur l’écriture et la littérature :

« En tout cas, la littérature est un piège qui nous retient prisonnier. Plus précisément, la lecture. La lecture est comme une drogue qui confère un agréable flou aux cruels contours de la vie. »

« Des quantités de livres dorment ainsi en moi, des bons et des mauvais, de tout genre. Des phrases, des mots, des alinéas et des vers qui, pareils à des locataires remuants, reviennent brusquement à la vie, errent solitaires ou entament dans ma tête de bruyants bavardages que je suis incapable de faire taire. »

« Mais je crois en l’écriture. En rien d’autre, seulement en l’écriture. L’homme vit comme un ver mais écrit comme un dieu. Autrefois, on connaissait ce mystère oublié de nos jours : le monde se compose de tessons qui s’éparpillent, c’est un obscur chaos incohérent que seule l’écriture peut maintenir. Si tu as une idée du monde, si tu n’as pas oublié tout ce qui s’est passé, alors sache que c’est l’écriture qui a créé pour toi le simple fait que tu as un monde et qu’elle continue à le faire, elle est la toile d’araignée invisible qui relie nos vies, le Logos. »



mots-clés : #creationartistique #regimeautoritaire
par ArenSor
le Mar 6 Déc - 11:54
 
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Sujet: Imre Kertész
Réponses: 17
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Imre Kertész

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 51tnjr11

Le Refus

Quel livre étrange ! il commence comme un « Nouveau roman » des années 50 par sa recherche d’objectivité : description minutieuse des lieux, répétitions, etc. Il continue par des réflexions sur la nature du témoignage, du roman, de l’écriture en général (il est fortement recommandé de lire auparavant « Etre sans destin »). I Kertézs s’/nous interroge sur ce qu’on retient d’un évènement qui a changé la vie d’un adolescent ; en l’occurrence, des images, des idées qui ne correspondent pas à la doxa admise : le souvenir d’un lever de soleil vu du train, les sales gueules des prisonniers, les crématoires perçus comme une plaisanterie. Comment s’étonner alors que les « autorités » refusent la publication de ce «roman» ? Cet échec incite l’auteur à revenir sur son écrit, ce qui nous vaut un superbe passage sur la relation entre l’écrivain et son texte. Comment ce situe celui-ci ? comment peut-il se relire objectivement ? Kertesz livre là une vraie maïeutique de la création littéraire.

La seconde partie narre les aventures d’un certain Köves, sorte de double de l’auteur. L’écriture se fait alors plus fluide, le climat onirique - le souvenir récurrent de situations et de paroles déjà dites- avec des accents kafkaïens. C’est une partie du livre que j’ai trouvé envoûtante. Le récit se prête à quantité de métaphores ; Köves revenant de l’étranger pourrait être Kertész rentrant des camps de concentration dans un Budapest détruit par la guerre et pris dans la tenaille stalinienne. Le héros erre dans ce monde policé jusqu’à l’absurde où les individus peuvent disparaître physiquement et de la mémoire des protagonistes, comme beaucoup dans les geôles stalinienne, comme les juifs dans les fours crématoires, où le travail n’a d’autre utilité que « d’éveiller l’amour propre et la considération générale » des travailleurs envers eux. Köves est un peu perdu dans cet univers – il prend les policiers pour des douaniers – et étrangement absent. A un moment, il échange avec un certain Berg, encore un double de lui-même, côté non plus victime mais bourreau. C’est, à mon avis, un autre moment clef du livre, qui avait déjà été abordé dans la première partie lorsque l’auteur s’interrogeait sur Ilse Koch – une gardienne de Büchenwald - qui, disait-il, faisait son boulot et accomplissait son destin. Là se trouve l’une des interrogations majeures, il me semble, d’Imre Kertész : quelle différence y-a-t-il entre un bourreau et sa victime ? Comment le destin de chacun peut-il échapper aux circonstances extérieures ? Comment une victime peut-elle être amenée à frapper un prisonnier refusant de s’alimenter ? Sur ces questions plane l’ombre de la « grâce » rédemptrice (ou non !). Il y a là un côté qui me rappelle Dostoïevski.

En conclusion, j’avais peut-être trop pris Être sans destin (ces deux termes résument toute la pensée de Kertész) comme témoignage historique. Le Refus m’a montré combien Imre Kertész est un immense écrivain, non seulement par la qualité de ses réflexions, mais aussi par la construction du récit et un style très original. Pour sûr, un Nobel qui n’est pas usurpé. Un grand merci à Églantine qui m’a incité à me plonger dans ce «roman».  cheers


mots-clés : #creationartistique #regimeautoritaire
par ArenSor
le Mar 6 Déc - 11:21
 
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Sujet: Imre Kertész
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Jaume Cabré

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 51qlyx10

Confiteor

Avec quelle habileté l'auteur lie les évènements du passé et du présent, interférant dans la lettre testament du narrateur(Adrià) à son fils.

Dans ce récit le destin des personnages est dévoilé grâce à l'âme des objets, textes anciens, dont la rareté les rend unique,   arrachés, pas toujours honnêtement par les protagonistes, et récupérés par Félix Averdol le père d'Adria.

Deux phrases illustrent la situation de l'enfant Adrià : " Ce n'est que hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j'ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. "

"Ce qui me pesait chez papa c'est qu'il savait seulement que j'étais son fils. Il n'avait pas encore compris que j'étais un enfant."

Pas étonnant que cet enfant, aussi doué fut-il et il l' était, ait choisi pour soutiens et  confidents deux jouets : le chef indien Aigle-Noir et le Shériff Carson (bravoure et sagesse)

En exergue de ce premier chapitre, ce pourrait-être le sentiment de l'enfant : "Je sera rien" Carles Camps Mundo

C'est le père d'Adria qui choisit l'éducation qui convient à son fils (lequel doit faire mieux que tous parce qu'il le peut et que son père le veut) effacement de la mère qui doit s'incliner.

Au fil des études d'Adria, de ses sentiments se révèle une vérité pas toujours comprise par l'enfant mais qui découvre l'homme qu'est Félix Ardèvol, le père. Un homme qui a épousé par intérêt la fille d' un paléographe, qui dans sa jeunesse a été indigne, adulte ignoble et dont la veuve demandera des années durant, la tête de l'homme qui l'a assassiné en le décapitant  (a capite)

Adrià apprend aussi le violon, mais ce n'est qu'à l'adolescence qu'il consentira à jouer devant un public.

j'ai dressé la chronologie de certains faits qui facilitent le suivi des choses et personnages

vers 1400 frère Julia de Sau (ex Fra Miquel moine hérétique  dernier vivant du monastère Sant Pere del Burgal (assassiné) avait en sa possession l'acte fondateur du monastère que récupèrera des siècles plus tard Félix Ardèvol

1690 Jachiam Mureda de Pardac tue Bulchanij Brocia incendiaire de la forêt et s'enfuit emportant le médaillon que lui donne sa petite soeur Bettina (médaillon de leur mère, représentant Santa maria dai Ciüf (médaille de Pardac)

Quelques années après Jachiam retourne à Pardac portant un chargement de bois d'érable et d'un autre bois noble, dans lesquels Lorenzo Storioni confectionnera son premier violon dénommé Vial (c'est une autre histoire d'assassinat) qui sera plusieurs siècles plus tard l'une des pièces de Félix Ardèvol

en 1918 alors qu'il est étudiant à Rome (ecclésiastique) Félix tombe amoureux de Carolina qui lui offre la médaille de Pardac héritée de son oncle (nous saurons certainement plus tard ce qu'il est advenu de Carolina)

à l'âge de 40 ans Félix Ardèvol se marie avec Carme Bosh ils ont un enfant, le narrateur Adria. J'ai aussi relevé dans l'écriture une récurrence ; il fait une description (n'importe le sujet) en tant que spectateur  aussitôt suivie d'une en tant qu'acteur (j'espère que vous me comprendrez avec cet exemple)

"Adrià était très content de connaître le cadre de vie de cette fille qui lui entrait dans la peau........"Et la chambre de Sara était plus grande que la mienne..."

une autre manière de liaison.

Après la disparition du père d'Adrià, une jeune femme (Danièla) se présente au domicile de la famille Averdol, elle revendique une part d'héritage, c'est la fille que Carolina a eu de Félix Averdol alors qu'il étudiait à Rome, et qu'il a lâchement abandonnée.

Adrià à présent âgé de 20 ans ne souhaite pas exercer en tant que violoniste, au grand dam de sa mère, il veut continuer à étudier et devenir "philosophe de la culture" comme il l'avait annoncé à l'un de ses camarades. Son amitié avec Bernat se poursuit, ils ont besoin l'un de l'autre, une amitié orageuse certes, mais quoi de plus beau quand l'un console l'autre en lui jouant un morceau au violon ?

Par sa demi-soeur, Adrià prend connaissance d'une personnalité de son père qui lui était inconnue, toute la part d'ombres. Il s'est aussi rendu compte du poids négatif que son père faisait peser sur sa mère, laquelle se révèle habile, autoritaire, gérant le magasin de façon utile. Mais leur relation restera ce qu'elle était, sans tendresse, dialogue restreint au minimum.

Les  plus belles pièces de la collection privée de Félix Ardevol ont été acquises en spoliant les Juifs pendant la seconde guerre mondiale ; le sang d'une victime signe d'ailleurs l'étui du violon Storioni le Vial. (après l'assassinat du violoniste Leclaire par Vial, le violon était donc en la  possession de cette vieille femme Juive)

Ce livre demande a être écouté pour la musique du rythme et des richesses.
Alors il m'apparait que le narrateur n'écrit pas à son fils, non, je pense à celle qu'il a aimée, Sara et que c'est son autoportrait dont il est question, à plusieurs reprises, et qui se trouve dans le bureau d'Adrià ! D'ailleurs il dit suite à une dispute avec sa mère : "Si un enfant m'avait répondu comme je répondais à maman, je lui aurais donné une claque mais je n'ai pas d'enfant."

Par contre, malgré des hauts et des bas dans leur relation il gardera l'amitié de Bernat  et c'est d'ailleurs à lui qu'il confiera le récit de sa vie alors qu'il se sait malade.

Sara sa bien-aimée s'enfuit à Paris, le laissant abattu devant cet acte incompréhensible pour lui ; il part pour l'Allemagne étudier et sa présence dans ce pays est l'occasion d'en connaître plus sur certains personnages. La mort d'un SS nommé Grübbe Franz atteint par les balles d'un ami étudiant de Félix Ardèvol à la Gregoria et qui pour défendre sa patrie a quitté la soutane, Drago Gradnik.

Adrià lit dans la presse qu'un psychiatre a été assassiné, il s'agit du Dr Voigt, alias Zimmermann, alias Falegnani, à qui Félix Ardèvol a acheté le violon Vial ; souvenons nous que cet ignoble docteur qui faisait des "expériences" sur les prisonnières des camps de concentration, avait lui-même volé ledit violon à une vieille Juive après l'avoir abattue. Adria à ce moment là ignore les faits qui le relient à ce docteur.

On apprend aussi la raison de l'assassinat de Frau Julia de Sau (ex Fra Miquel), il avait refusé de couper la langue à un Juif accusé à tort par l'Inquisiteur Nicolau Eimeric.

A travers les siècles  l'Inquisiteur et  l'Obersturmbannfürher Rudolf Hoss révèlent les mêmes exactions sur des victimes , cette alternance de l'un à l'autre  simule un échange entre ces deux personnages ignobles.


j'ai terminé ce livre  de passions,  de toutes les passions humaines les plus ignobles comme les plus belles, physiques, morales ou spirituelles.

En suivant le destin de ces objets, animés dans ces pages  ;  violons, médaille, tableaux, tissu, manuscrits et incunables le lecteur suit celui de l'humanité, en Europe notamment sur des siècles. Ces objets sont des témoins de l'histoire, du Mal qui a sévit dans ces siècles et jusqu'au dernier jour d'Adria spolié par son ami.

J'ai bien apprécié l' "échange" entre les trois illustres du nouvel essai d'Adria : Lull, Berlin et Vico sur l'attentat de l'immeuble d'Oklahoma city.
Egalement "les gardiens" d'Adria qui dialoguent aussi, Aigle-Noir et le shériff Carson.

La métaphore faite par Adria avec la création du monde quand il emménage son appartement avec Benart.

Ce livre m'a passionnée, avec quelle maîtrise, quelle recherche l'auteur l'a composé, construit pour rendre crédibles tous les évènements, les personnages et que l'ensemble de ces morceaux d'histoire s'imbrique dans un tout harmonieux.

un violon Storioni

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 Violon10

Cloitre de Bebenhausen  
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l'Urgell  
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sant pere del Burgat  

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Mots-clés : #Amitié, #Amour, #Creationartistique, #Culpabilité, #Relationenfantparent, #Romanchoral, #Violence
par Bédoulène
le Lun 5 Déc - 23:33
 
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Sujet: Jaume Cabré
Réponses: 62
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Lola Lafon

La petite communiste qui ne souriait jamais

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 La-pet10

Tout d’abord c’est le titre qui interpelle  parce qu’ elle savait sourire Nadia,  mais c’était une façon  pour les USA, notamment, de caricaturer la petit Roumaine, car d’après eux là-bas dans l’Est les petites filles devaient être tristes.

L’auteure a choisi une composition très vivante en organisant ce récit sous forme de dialogue entre elle et la supposée Nadia. C’est très habile et elle fait ainsi passer ses sentiments vis-à-vis de ce pays où elle a passé une partie de son enfance et peut  en connaissance critiquer l’attitude des pays de l’ouest où elle vit aussi. Personnellement je trouve les oppositions Est/Ouest éclairent la situation.

Il me semble qu'il  faut oublier notre regard d'occidental de l'ouest sur la Roumanie, nos à priori pour comprendre le personnage de Nadia et l'époque.

Lola Lafon use de mots très durs dans les dialogues  : pornographie, rideaux d’une chambre close, vous avez contribué à la fabrication de votre image, vos supposées démocraties libérales etc……….. pour provoquer le personnage de Nadia.

La gymnastique est bien le choix de l'enfant, c'est elle qui s'impose des défis, elle obtient ce qu'elle souhaite et ses exécutions sont l'objet de descriptions intenses que se soient la légèreté du corps ou les meurtrissures, par l'auteur.

Tous ceux qui s’engagent dans une carrière « physique » doivent  respecter un rythme de vie sain (entrainement, alimentation, sorties), la réussite demande des sacrifices et ils sont acceptés, voire devancés. C’est ce que l’auteure nous dit à travers la parole de Nadia.

Béla l’entraineur de Nadia et  de l’équipe a été honoré ou critiqué, tour à tour par le « Camarade » suscitant les interventions dans son foyer de la sécuritat. (ceci me parait très réaliste) Cette sécuritat dont tous se méfiaient  ou se servaient.

Le chapitre concernant Véra Caslovska  et son implication dans la politique de son pays s’oppose à l’ attitude inconstante et incertaine de Nadia, l’auteure nous dit son admiration pour celle qui agit.

Sur le plan politique le Conducator est  représenté comme le dictateur qu’il est,  avec « ses arrangements au marxisme » mais   ce qui m’a le plus  heurtée,  sa main mise sur le corps des femmes : l’interdiction de l’avortement et les  auscultations (j’emploierai moi :  la violation), par le médecin de la police des menstruations !

C’est par des anecdotes que l’auteure nous fait mesurer  la dangerosité,  « la folie » ? du couple suprême et l’imprévisible rapidité de l' exécution des Ceausescu. Quant à la révolution : qui l’a déclenchée, qui l’a faite ?  ou  coup d’état préparé ? comme à l’époque en direct à la télévision, c’est la confusion. Toutefois l’auteure fait mention des ouvriers de Timisoara qui eux manifestaient.

Quant à la fuite de Nadia, là aussi chacun a sa vérité, mais  quels que soient ses choix reste pour toujours « la petite fée » Roumaine qui a enchanté le monde  avec son pied menu lancé vers la lune.

Une excellente lecture qui m’oblige à lire un autre livre de cette auteure .

(de toute façon Topocl dit que c'est ma punition )  

oui Shanidar j'en ai encore appris comme la nouvelle catégorie de personnes "sans antécédent" à surveiller !


mots-clés : #biographie #creationartistique #regimeautoritaire
par Bédoulène
le Lun 5 Déc - 9:57
 
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Sujet: Lola Lafon
Réponses: 29
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Victor Paskov

Victor Paskov
Né en 1949


Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 Paskov10
Musicien et écrivain bulgare

Victor Paskov vit à Sofia (Bulgarie) où il est né en 1949. Il est l'auteur de plusieurs romans dont trois ont été traduits en français dans les années 1990 : Ballade pour Georg Henig, Allemagne, Conte cruel et Big Business.

(source : bibliomonde)

Ouvrages traduits en français :

Ballade pour Georg Henig
Allemagne
Conte cruel
Big Business





Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 97828610

Ballade pour Georg Henig

C'est en fouillant dans de vieux papiers de famille que le narrateur retrouve 2 lettres qui font ressurgir une partie de son enfance. Le père de Victor est un pauvre musicien Valaque et sa mère la fille de riches terriens, rejetée par sa famille pour cette union. La famille vit dans un appartememnt situé dans une vieille maison. Les autres appartements de la maison sont aussi habités par des familles pauvres, de cette pauvreté qui détruit les esprits et les corps. Au fil des ans les difficultés financières pertubent les relations du couple. Les regrets de la mère qui coud à domicile pour améliorer les revenus, se changent en amertume et se concrétisent sur l'absence d'un buffet, buffet qui était un bien présent dans sa famille. Le père décide alors de construire le buffet qu'il ne peut acheter, il mettra plusieurs mois à cette réalisation. Ce buffet sera travaillé dans l'atelier d'un vieux Maître luthier Georg Henig, qui lui avait fabriqué un huitième de violon 5 ans auparavant. Le vieux Maitre survit misérable, malade dans une pièce. Devant tant de dénuement la famille se charge d'aider le vieux Henig, lequel est harcelé par un voisin indigne et s'attache à lui.

Le jeune Victor trouve en ce vieil homme un ami. Un ami qui l'appelle "roi Victor" et qui l'entraine dans un monde fascinant où les ombres des morts viennent les visiter, où le bois sait parler à qui sait l'entendre. Sentant que son chemin n'est plus très long le vieux luthier créé un violon pour Dieu, Dieu qui pourtant a travaillé trop rapidement à faire le monde.
Le vieux luthier mourra quelque temps après dans un hospice.

C'est bien écrit, l'amour pour la musique à travers le métier du père, le travail de lutherie est sensible ; même le bois joue sous les mains du vieux luthier ou sous celles du père qui fabrique le buffet.
La misère est évoquée sans rehausser mais accompagne ces familles vivant dans la vieille maison et dans ce quartier de la ville.
L'amitié qui nait entre le jeune Victor et le vieux Georg est très palpable, elle nourrit et mûrit l'enfant.

Un très bon moment de lecture. Merci à la personne de m'avoir adressé le livre et fait connaître cet écrivain.

"Il me faisait fermer les yeux, effleurer le bois et promener lentement l'extrémité de mes doigts sur sa surface. J'avais l'impression qu'il réagissait à ce contact.
-Sentir ?
-oui !
-Quoi sentir ?
- Il est très lisse....comme la peau
-chaleur, sentir ?
Une légère chaleur émanait du bois et elle pénétrait en moi, m'emplissait, s'arrêtait sous le creux de l'estomac et s'accroissait doucement, envahissant tout mon être.
-d'où vient-elle ?
-Bois avoir recueilli soleil de Bohême, deux cents ans, trois cents ans ; avoir respiré vent chaud...
- l'air chaud
- pas air, vent ! après, mon père avoir trouvé bois et demandé si bois vouloir venir avec lui. Etre d'accord, venir avec lui dans notre maison.
- après ?
- père avoir fait maison pour bois, sèche et chaude, comme avoir été là-bas. Pour que bois pas avoir d'eau.
- comment peut-il vivre sans eau ?
- vivre ! Bois plus vivant que vieux Henig. Quand pas avoir d'eau, chanter plus fort, plus... comment dire ? Le vieillard commença à s'agiter sur son divan pour que je devine comment chantait le bois.
-plus pleinement ?
- oui ! belle voix ! entendre ? Il frappait doucement le bois, de son doigt recourbé : celui-ci faisait entendre un tintement cristallin.
- j'entends !
- entendre... bonne oreille. moi, avoir dit : toi roi. pas croire ! rire !


(message rapatrié)

mots-clés : #creationartistique
par Bédoulène
le Dim 4 Déc - 8:48
 
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Sujet: Victor Paskov
Réponses: 2
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Jean Giono

Le Déserteur

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 51a49d10

C'est un tout petit bouquin qui parle simplement de gens simples et de choses simples, avec une empathie assez extraordinaire.
C'est une histoire vraie.
Un jour, dans les montagnes suisses, émerge un homme affamé, fatigué, qui a voyagé longtemps en se cachant des gendarmes. On ne sait pas pourquoi, on s'interroge, on ne saura jamais, et finalement parce que cet homme est un simple, un timide, et qu'il amène avec lui deux pinceaux et quelques couleurs en poudre, il va trouver sa place au village, s'installer même si c'est en retrait, et produire une oeuvre qui restera. Cet homme s'appelle Charles-Frédéric Brun.
C'est un livre tellement un et attachant, qu'il n'y a rien à en dire, si ce n’est que c’est superbement écrit avec une douce attention pour le déserteur, les villageois, la montagne, l'art de peindre quelque chose comme l’art de récolter ou de construire des  meubles.
Quelque chose qui s'appellerait comme muette d’admiration


(commentaire rapatrié)
mots-clés : #creationartistique
par topocl
le Ven 2 Déc - 17:48
 
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Sujet: Jean Giono
Réponses: 188
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Jean-Yves Jouannais

Artistes sans œuvres

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 9 Sans1011


Artistes sans œuvres est une invitation à penser la littérature hors du livre, à s'interroger sur certaines figures qui n'ont jamais publié mais ont imprimé leur marque sur la création artistique.
 
De Jacques Vaché dont Breton fera l'un des tous premiers écrivains sans livre à Marcel Duchamp en passant par le fameux (pour ne pas dire fumeux) Félicien Marbœuf inventé pour l'occasion, Jouannais déroule un catalogue abrasif d'artistes sans postérité matérielle, sans support écrit, physique, auditif ou visuel, ce qui ne veut pas dire sans oeuvres.
 
De ceux qui inspirèrent les autres sans jamais rien produire (Felix Fénéon, Pepin Bello ou Armand Robin), de ceux qui ne publièrent rien de leur vivant (Joseph Joubert), ceux dont l'œuvre fut anéantie par le temps (Antisthène), des 'héros de l'Art Brut' chers à Dubuffet, Jouannais ne cesse de poser la question de l'absence d'œuvre, de l'intérêt de l'objet comme œuvre d'art, de l'importance du geste créatif. L'art contemporain ne relevant plus de la souffrance, du travail mais se substituant au labeur par mutisme, copie complète ou musées imaginaires, la question est de savoir où et comment on peut rendre compte de ces œuvres ou plutôt de ces non-œuvres.
 
De Roland Barthes écrivant des essais pour ne pas écrire le roman qu'il voudrait, de la pose du dandy, esthète absolu désirant faire de sa vie une œuvre d'art, de l'excentrique dont en effet chaque geste pourrait s'inscrire dans une chanson de geste, de Borgès imaginant Pierre Ménard copiant mot à mot le Don Quichotte de Cervantès ou qui passe le plus clair de son temps d'écriture à compiler les œuvres des autres, de Marcel Duchamp mettant en œuvre la mort annoncée de l'art rétinien et se complaisant à ne rien produire, jusqu'à Rauschenberg qui en grattant une peinture de Willem de Kooning amène l'œuvre à sa propre destruction, atomisation, inexistence.
 
De l'art conceptuel comme art dont l'objectif est la dématérialisation de l'art, aux arts idiots c'est-à-dire singulier, donnant à l'instantanéité du geste une dimension qui questionne le rapport au temps de l'œuvre, du pas franchi aisément qui conduit du dandy au dilettante et du dilettante à l'amateur (dans le sens de Barthes), jusqu'à la célébration ultime de ce qui n'a pas eu lieu.
 
Jouannais nous convie à un bien étrange voyage en terre inconnue, illisible parce que illusoire, non avenue, incréée.

Mais tout de même, le grand absent de cet essai est le lecteur lui-même ou le spectateur, du moins celui qui reçoit (ne reçoit pas) l'œuvre. Qu'en est-il du 'réceptionneur' du XXème siècle et du XXIème ? Quels sont ceux qui vont écouter les 24 mn silencieuse d'une œuvre de John Cage, qui s'intéresse à la non-œuvre de Duchamp (celle qu'il n'a pas peinte, pas modélisée), qui croit encore à l'éphémère dilettantisme des artistes sans œuvres et les revendiquent ? Que sommes-nous devenus, nous lecteurs, nous spectateurs, visiteurs de musée dans lesquels les performances artistiques ne peuvent plus être accrochées aux murs puisqu'elles sont par essence 'des actions d'une seule fois'. Que faire de cet art, comment le cataloguer ? Comment le reconnaître ? Comment l'aimer ?
 
Il semblerait que le nombre d'artistes sans œuvres, du moins d'artistes ne proposant plus des œuvres tangibles soit en augmentation, alors il est intéressant de se poser la question de leur place, de leur réception, dans le champ culturel et chez les 'amateurs' d'art.
 
On peut aussi se demander jusqu'où peut aller cette forme d'art, si elle ne prédit pas une fin totale de la 'représentation' du monde, de l'être, des objets qui nous entourent. Est-ce à dire que nous tombons dans une forme de cécité artistique ou que cette absence d'objets ouvre une nouvelle ère ?
 
Toutes ces questions restent en suspens. Dommage. J'aurais aimé que Jouannais creuse encore plus loin sa réflexion, mais il se peut que les réponses à ces questions se trouvent en chacun de nous et que ce soit notre 'charge' de les penser.
 
Ce livre est écrit comme une sorte d'hommages à ceux qui n'ont rien laissé derrière eux ou si peu, il est bourré d'anecdotes, de situations, d'interrogations, il pourrait être considéré comme étonnant puisqu'il donne à Jouannais la possibilité d'écrire une œuvre sur l'absence d'œuvre, sur la non-création, mais il révèle au fond la belle puissance de l'homme dépassant la production d'objets et faisant travailler à plein son propre imaginaire.
 
A la fois passionné, érudit et ludique.


mots-clés : #creationartistique #essai
par shanidar
le Ven 2 Déc - 16:31
 
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Sujet: Jean-Yves Jouannais
Réponses: 7
Vues: 854

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