Des Choses à lire
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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Sam 27 Avr - 20:29

149 résultats trouvés pour aventure

Alejo Carpentier

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 51eyh010

"Partage des Eaux"  

Toujours le plaisir de l'écriture poétique, lyrique de l'auteur, il semble (à la lecture de mes 2 livres) que la musique sous tous les sons soit indispensable à cette écriture.
Une petite révolution ou une guerre civile pour situer l'époque.
Quels plaisir que les descriptions de l'auteur qui s'accompagnent de références littéraires, musicales, scientifiques selon l'objet, voire la personne étudiée.

Une région, des rites, des populations dont je n'avais aucune connaissance et dont l'évocation m'a autant, surprise, enchantée mais aussi effrayée tant notre société est en est éloignée, tant notre état primitif s'est altéré.

La conclusion de cette expérience, de ce voyage dans la profonde forêt vierge : les Indiens n'ont nul besoin de notre religion (cf l'assassinat de l'ecclésiastique) de nos lois, il semble aussi, hélas,  que le sentiment de faire partie d'une "race supérieure" s'exprime parmi ces peuplades (cf les prisonniers repoussants que découvre le narrateur)

La population métissée vit simplement en accord avec la nature, adaptant ses besoins au rythme de la journée, des saisons, des lieux, respectant la Nature et les us et religions des autres populations.

Le narrateur, exerçait un métier (musicien) qui n'était pas un métier utile pour vivre dans le dur environnement  de la forêt vierge, et je pense qu'il ne pouvait aussi pas offrir à Rosario ce qu'elle attendait d'un Homme, il s'en rend compte à son retour.

Le retour à la Nature, du moins celle-ci, semble impossible quand on a dans nos valises mentales tant de notre société matérialiste. Il ne suffit pas que de s'émouvoir des oiseaux, des plantes, des pierres, du chant de l'eau, il faut savoir gérer les dangers et nos peurs.

Il faut un corps et une âme forte mais surtout sincère pour s'adapter à une telle Nature.

Je n'ai pas saisi la fin du récit : le musicien part avec Yannes à la ville, oui mais après ? le lecteur ne peut que supposer et de toute façon il me semble que seule la musique, s'il réalise la création envisagée, pourra le sauver de la solitude, du désarroi dans lequel il se trouve.

Encore une fois c'est avec un grand plaisir que j'ai suivi Carpentier, merci à tous ceux qui par leur commentaire m'ont donné l'envie de cette découverte.


"message rapatrié"
mots-clés : #aventure
par Bédoulène
le Mar 13 Déc - 8:43
 
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Sujet: Alejo Carpentier
Réponses: 16
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Jean Rolin

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 Captur39

L’or du scaphandrier

Deux personnages un Capitaine Français et son acolyte Africain qui ont tous deux bourlingué sur les mers du globe se retrouvent vieillissants,  en France à la recherche d’un trésor « l’or du scaphandrier ». Les  divers personnages qu’ils ont rencontrés durant cette vie d’aventures par maints chemins  et intérêts les ont conduits à cette recherche dans un lieu d’abandon, une ancienne « maison  de santé ».
Le duo aura fort  à fouiller, à lire, pour  ne jamais découvrir ce qu’il espérait.
Mais le lecteur lui pense, est sur de savoir.

J’admire la manière avec laquelle Rolin amène ses digressions, lesquelles ne sont  pas  gratuites  et  plongent le lecteur  dans des domaines  qui peuvent le dérouter,  mais pour ma part je les attends.
Telles les descriptions saisissantes  de la cité souterraine d’Anvers, la fête des légumes de Ventrouge ; les carnets de jours de la maison de santé, les tentatives de classements scientifiques du scaphandrier ou les démêlées de la Veuve avec  Dieu, qui  permettent à l’auteur de tacler  au passage le domaine médical, scientifique et la religion,  non sans humour.

Extraits :  Elle se rappelait tout ce calme, toute cette fraîcheur, la netteté de l’intérieur briqué jour après jour, et l’envie lui venait soudainement de trancher d’un coup d’incisive la queue turgescente du miché qui haletait dans son décolleté moite.

Pendant ce temps, le Capitaine a de son côté fait main basse sur un utérus de magot, un pénis de narval, les organes génitaux déployés d’une femelle kangourou, et le squelette en parfait état d’un « phoque à oreilles, ours marin tué en 1874 aux iles Lobos (côte du Pérou) par le Lieutenant de vaisseau A. Pujo ».

En effet, si elle n’avait alors jamais eu le moindre commerce avec un homme – surtout pas avec le professeur Bouscarle, cette grande brêle -, la veuve présentait la particularité remarquable de prendre du plaisir par les oreilles. La musique n’entrait absolument pour rien dans cette affaire. Toutefois, même dans l’environnement le moins propice – ainsi lors des empoisonnantes réunions de comité de gestion de la clinique, auxquelles en tant que propriétaire et veuve du fondateur elle était plus ou moins tenue d’assister, ou bien à la messe, sur la tombe de son mari, lors des neuvaines ou des ventes de charité – elle pouvait à l’insu de son entourage, en se fourrant discrètement le petit doigt jusqu’au tympan, se procurer en douce de formidables orgasmes auriculaires qui la laissaient toute pantelante, et dont ne transpiraient à l’extérieur qu’un épanouissement furtif, puis relâchement complet de ses traits habituellement rigoureux. Tout au plus laissait-elle échapper parfois un faible cri, que l’on mettait sur le compte de son caractère lunatique.

A la fin tout cela se confondit dans l’esprit de la veuve en un effrayant pandémonium, éclaboussé du sang des martyrs, puis des hérétiques mis à mort par ces mêmes martyrs devenus bourreaux à leur tour. (………) Des bannières lacérées claquaient tout autour d’elle, dans la nuit, sur des tours en ruine, et doutant si le Fils était de la même substance que le Père, elle se dit que le plus simple était décidément de renoncer à l’un et à l’autre.


"message rapatrié"


mots-clés : #aventure
par Bédoulène
le Sam 10 Déc - 17:15
 
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Sujet: Jean Rolin
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Giacomo Casanova

Giacomo Casanova (1725-1798)

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 Casano10

Je me décide à ouvrir un fil sur cet individu hors du commun. Une personnalité mouvante qui vous glisse des mains telle une anguille, aux multiples facettes, à l’image des masques vénitiens qu’il affectionnait tant.

Casanova, fut à la fois ecclésiastique (peu de temps), soldat, ambassadeur (plus ou moins officiel selon les circonstances), agent secret, grand voyageur (il séjourne dans toutes les grandes cours européennes), joueur (toujours et dans toutes ses actions), mage (alchimiste, voyant…), aventurier (son exploit le plus célèbre étant l’évasion de la prison des Plombs à Venise), quelque peu escroc, séducteur impénitent et surtout, pour ce qui nous intéresse, écrivain.

Campons mieux le personnage : plus de 1m90, teint mat, vraie force de la nature, il nait à Venise dans un milieu de comédiens et restera vénitien jusqu’au bout des ongles jusqu’à la fin de sa vie, bien qu’il fut éloigné de sa patrie à plusieurs reprises et qu’il finit sa vie tristement comme bibliothécaire en Bohême.

Sa principale caractéristique : Casanova est un amoureux de la vie et il la dévore avec un appétit d’ogre : repas et vins somptueux, conversation entre amis, jeu (le pharaon où il mise gros) et amoureux de la femme (je vais y revenir). Au XXe siècle, Casanova aurait été qualifié de flambeur, dragueur et macho.

Casanova séduit
un nombre considérable de femmes. Il les préfère bien sûr jeunes et jolies, mais apprécie également leur innocence, leur esprit, leur culture, leurs bonnes manières. Toutefois, il ne les veut pas « savantes » et raisonneuses, matières nobles réservées à l’intelligence masculine. Il n’échappe pas à son temps avec des mœurs qui nous choquent aujourd’hui, montrant une attirance pour les très jeunes filles, parfois à peine nubiles, pratiquement vendues par leur mère dans l’espoir d’un beau parti. Mais le sexe n’est pas tout pour Casanova. D’ailleurs, lorsqu’il lui arrive de fréquenter les prostituées, il en éprouve du remords, déçu par les relations « animalières ». De plus ces rencontres lui sont souvent fatales et se traduisent par des chaudes-pisses qu’il soigne à coup de mercure et de régime. En résumé, Casanova doit tomber amoureux pour être heureux et cela ne se résume pas seulement à des échanges physiques. Le problème est que Casanova est constamment amoureux. Il promet le mariage à l’une en toute bonne fois, mais il suffit qu’une autre lui tombe sous les yeux pour qu’il oublie la première. Cependant, bon prince, il cherche à confier cette délaissée à un ami ou une connaissance de qualité afin de lui faire faire un beau mariage !

Libertin donc Casanova, mais pas à la manière de Sade. Ce serait même son antithèse. Pas de provocations blasphématoires chez lui. Esprit libre, éloigné des superstitions, franc-maçon, il croit en Dieu. Casanova est plutôt du genre "gentil" avec les femmes en ce 18e siècle.

Venons-en à l’écriture. Casanova s’est dès son plus jeune âge intéressé à la littérature et en particulier le genre noble en Italie à cette époque, la poésie. Toutefois, les quelques ouvrages qu’il fait publier ne lui apportent pas le succès qu’il en attendait. Comment aurait-il pu deviner que son nom aller passer à la postérité grâce au manuscrit dans lequel il raconte sa vie et qu’il entreprend d’écrire dans la deuxième moitié de son existence ? Manuscrit qu’Il a pensé à faire publier puis à détruire avant de mourir, tel Virgile avec l’Eneide. Comment aurait-il pu penser que ce texte soit publié ? En effet, Casanova est très corporel, il s’embarrasse rarement de métaphores et ses descriptions ne donnent pas dans l’allusif. Il parle masturbation, vit, tout juste si le sexe féminin a droit au doux nom de « sanctuaire ». A cela probablement une raison simple : selon la belle expression de Gérard Lahouati (préface édition Pléiade), L’Histoire de ma vie est une sorte d’A la Recherche des plaisirs perdus. Casanova, ses facultés de séduction sur le déclin, revit les jouissances du passé par le souvenir et l’écriture. Preuve en est que son ouvrage s’arrête en 1774, à la cinquantaine au moment où l’âge fait sentir ses effets.

Alors ce texte ? C’est un vrai roman d’aventure, sans aucun temps mort. Le lecteur est happé par les multiples péripéties, les anecdotes, les rencontres avec des personnages célèbres ou inconnus. L’auteur est d’une verve incroyable mêlant réflexions profondes et décrivant les situations auxquelles il est confronté avec esprit et humour (il n’hésite pas à rapporter certains « râteaux » mémorables avec les femmes). A la fois imbu de lui-même et doté d’autodérision, Casanova nous offre un fascinant kaléidoscope de la civilisation du 18e siècle.

L’histoire du manuscrit est à l’image de l’auteur. Vendu à l éditeur Brockhaus en 1820, il fut traduit dans une version expurgée en allemand, reprise en français ! Ensuite, le manuscrit fut tenu pratiquement secret. Déménagé en catastrophe en 1943, de Leipzig en flammes, il fut enfin publié correctement en 1960. Récemment, la bibliothèque nationale a pu en faire l’acquisition. C’est un vrai miracle que nous puissions lire aujourd’hui les aventures de ce diable d’homme !

Dernier point : il faut absolument éviter les anciennes éditions totalement caviardées : expurgées, réécrites. Seulement deux d’entre-elles sont à recommander : celle de la collection « bouquins » et encore mieux, pour les plus fortuné (e), la dernière édition en Pléiade.


Bibliographie sélective en français :

- Confutation de l’Histoire du gouvernement de Venise d’Amelot de la Houssaye, 1769
- Lana Caprina, 1772
- Icosaméron ou Histoire d'Edouard et d'Elisabeth 81 ans chez les Mégamicres (5 tomes), 1787
- Histoire de ma fuite des prisons de la République de Venise, 1788
- Histoire de ma vie, 1826-1832 (également publié sous le titres Mémoires de J. Casanova de Seingalt)
- Soliloque d'un penseur (essai)
- Ma voisine, la postérité
- L'amour à Venise
- Essai de critique sur les moeurs, sur les sciences et sur les arts
- Discours sur le suicide

Extraits des mémoires :
- Le duel, ou essai sur la vie de J.C Vénitien (épisode des Mémoires, initialement publié séparément)
- Mes folies de l'île de Casopo
- Mes apprentissages à Paris
- Madame F, suivi de Henriette

mots-clés : #aventure #autobiographie
par ArenSor
le Jeu 8 Déc - 13:49
 
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Sujet: Giacomo Casanova
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Leo Perutz

Le cavalier suédois

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 41rqk610


J'ai été emportée par ce mélange de roman d'aventure et de conte fantastico-philosophique, où les hommes, au nom de l'honneur, partent à la guerre dans la froidure, où des pactes se signent avec des fantômes, où des cavaliers épuisés se reposent dans des auberges obscures, où un homme courageux sauve une orpheline éplorée, où une petite fille pétulante est visitée la nuit par l'esprit de son père, où un homme qui croit échapper à son destin finit par devoir expier sa faute.

Comme dans tous les contes, on peut faire une lecture au premier degré, se laissant emporter par les péripéties des aventures, les tempéraments fougueux, les amours passionnées. On peut aussi s'interroger sur l'identité, qu'est-ce qui fait qu'un homme est lui-même, dans quelle mesure peut-il changer son destin, où est la véritable droiture ?



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #aventure #fantastique #historique
par topocl
le Jeu 8 Déc - 13:47
 
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Sujet: Leo Perutz
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Thomas Pynchon

Mason and Dixon


Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 Mason-10

1786 à Philadelphie. En visite chez sa soeur, le révérend Cherry-coke entreprend de raconter à ses neveux les aventures de deux astronomes anglais, Charles Mason et Jeremiah Dixon qui, vingt-cinq ans plus tôt, avaient été chargés par la Royal Society d'observer, au Cap, le passage de Vénus -ce qui les laissera des jours durant dans une profonde hébétude passionnelle- avant de se retrouver embarqués, à partir de 1763, dans une in-croyable odyssée au coeur de l'Amérique du Nord, où ils ont pour mission de tracer d'est en ouest une ligne absolument rectiligne de huit mètres de large, qui devra séparer le Maryland et la Pennsylvanie, et ce à la demande de Lord Baltimore et de Thomas Penn, les héritiers respectifs de ces deux provinces. Les deux compères -le mélancolique Mason et le sanguin Dixon, le veuf inconsolable et le coureur de jupons- ne savent pas bien sûr que cette ligne portera un jour leurs noms et symbolisera plus tard la funeste frontière entre les états de l'Union et le Sud pro esclavagiste. Epiés par des conspirateurs de tous bords, surveillés par les Indiens ou traqués par l'énigmatique jésuite Zarpazo -le « loup de Jésus » !, Mason et Dixon vont fréquenter aussi bien Georges Washington, Benjamin Franklin et Samuel Johnson qu'un homme- castor, un Chinois féru de feng shui, un canard mécanique amoureux d'un cuisinier français, un golem des bois et quelques bizarres croisés... Thomas Pynchon signe là une véritable épopée drôlatique, tourmentée et prodigieusement inventive, truffée de majuscules en hommage à la littérature anglaise du XVIIIe siècle et baignée par cette étrange brume érotique qui envahit le ciel quand Vénus l'éclaire de sa lueur. Mason & Dixon a été salué à sa sortie comme l'un des sommets du roman contemporain. Il a figuré longtemps parmi les meilleures ventes aux États-Unis.

L'un des meilleurs romans que j'ai lus. Fait partie de mon top 5 voire mon top 3. C'est tout simplement un monument de la littérature et je pense que l'on s'en rendra compte quand Pynchon sera mort. Sa qualité de la description est fascinante, il détaille si bien les lieux, les personnages, que l'on se croirait équipé d'une caméra (quelque peu anachronique) avec pour honneur la permission d'assister au récit en spectateur privilégié. Langage très riche et très pointu il faut des fois faire appel au dictionnaire et l'on ne va pas s'en plaindre. il y'a tant de livres qui rabaissent notre niveau de vocabulaire, pour une fois je tombe sur un qui m'en apporte une richesse considérable. Les dialogues sont très bien organisés, ils sont drôles, apportent un rythme, une cadence intéressante, un peu poétique et théâtrale. Et quel humour, quand il n'est pas absurde, il est ironique et subtile. C'est magnifique un roman qui sait allier ces deux formes d'humour, ils sont si rares. Et quelle histoire, c'est une superbe odyssée, une aventure où se mêlent beaucoup de genres littéraires. Le livre est long, pas assez à mon goût, trop pour beaucoup, mais j'aurais voulu que jamais il ne finisse. J'aime et je déteste ce sentiment d'ailleurs quand j'ai l'impression de me sentir orphelin à la fin du livre que j'ai pris plaisir à lire. Là ce fut le cas. J'ai adooooooré !!!


mots-clés : #aventure
par Hanta
le Mar 6 Déc - 23:17
 
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Sebastian Barry

Les tribulations de Eneas McNulty

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 7656_a10

Comme le monde est obscur et meurtri et profond.


Eneas McNulty est un Irlandais né avec le siècle, « un coeur ordinaire sans exigences fabuleuses ». Alors qu’il aspire au calme du foyer, sa vie va cependant être marquée d'un bout à l'autre de l’empreinte des combats de l'Irlande pour son indépendance. Parce que rêvant d'aventure, à l'âge de 16 ans, il s'embarque sur un bateau anglais, et sera donc désormais considéré comme traître, traqué, pourchassé au fil des décennies, par ceux-là mêmes qui furent les héros de son enfance, porteur d'une « peur pire que celle d'un enfant,(…) et plus noire que du goudron ». Il ne s'accordera  que quelques rares escales dans le bungalow irlandais de son Papa et de sa Maman, renoncera à l'idée même de la douceur d'une femme, et parcourra un monde de désolation…

Il repense un peu à sa vie et à l'endroit où il est né, et se demande s’il en a fait somme toute un tel gâchis ? N'a-t-il pas simplement vécu la vie qui lui était échue, sans avoir à choisir son camp davantage qu'un mulot lorsque la charrue de Dieu s’abat pour écraser son nid ?


Décidé à choisir le seul camp de son cœur pur, aspirant à un bonheur simple, Eneas McNulty est poursuivi par la tragédie de l'Histoire. La haine de ses poursuivants s’oppose à son humble fidélité. C'est un héros d'une touchante humanité, un homme bon pourrait-on dire, pris dans les mailles absurdes de l'absolutisme politique. On le suit donc dans un roman d'aventures teintées d'horreur et de mélancolie, marqué au coin de l’intolérance et de l'histoire. La prose de Sébastien Barry, d'une beauté souvent étrange,révèle une poésie à la fois sauvage et tendre, etsouffle sur cette  histoire tragique, haletante,  pour lui donner une ampleur à la fois solennelle et naïve.

À noter qu'on croise ici Roseanne, qui sera un des personnages-phares de Le testament caché que Sébastien Barry écrira dix ans plus tard.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #aventure #historique
par topocl
le Lun 5 Déc - 9:56
 
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Luis Sepulveda

Dernières Nouvelles du Sud

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 Images70

Dans les années 90, Sepulveda a sillonné le sud de l'Argentine et du Chili jusqu'en Patagonie avec son ami le photographe Daniel Mordzinski dans le but de ramener un témoignage qu'il souhaitait sans contrainte. Celui-ci consiste en une dizaine d'histoires illustrées de souvent belles photographies noir et blanc, centrées chacune sur un personnage original, touchant ou intrigant, dans le but de démontrer que notre monde, basé sur les valeurs artificielles du fric et de la puissance, détruit peu à peu ces personnes et ces territoires, pourtant symboles de liberté et de pureté pour l'humanité entière. Le monde change dans un sens qui attriste et effraye Sepulveda, lequel veut fixer ce qui était.

Cela donne une série de récits piquants, rapportés sur un mode très fluide, comme une histoire qui se raconte. Autant que des personnes rencontrées, cela nous donne un portrait attachant de Luis Sepulveda, homme flâneur et jouisseur, homme de rencontre appréciant les grillades d'agneau et le maté qu'il aime partager dans le dialogue et le silence assumé.

Que manque-t-il pour emporter pleinement mon adhésion ? La brièveté de ce texte empêche un certain approfondissement, la présentation sous forme de nouvelles juxtaposées se fait au détriment d'une certaine cohérence.

En somme j'ai trouvé cette lecture plaisante mais j'attendais plus de ce livre qui m'a distraite sans m’emporter. Je m'attendais à un peu plat consistant et non à quelques gâteries joliment présentées.
J'avais eu le même sentiment à la lecture de Le vieil homme qui lisait des romans d'amour, pour lequel je n'ai jamais compris l'enthousiasme qu’il déclenche chez beaucoup.

Lire ou écrire, c'est une façon de prendre la fuite, la plus pure et la plus légitime des évasions. On en ressort plus forts,  régénérés et peut-être meilleurs. Au fond, et malgré tant de théories littéraires, nous autres écrivains nous sommes comme ces personnages du cinéma muet qui mettaient une lime dans un gâteau pour permettre au prisonnier de scier les barreaux de sa cellule. Nous favorisons des fugues temporaires.


Ni mon socio ni moi n’appartenons à la corporation des chercheurs de lumière et de paix intérieure. D’un agnosticisme salutaire, nous savons qu'on trouve la paix intérieure en faisant ce qu'on doit faire au moment voulu et qu'on découvre la lumière en ouvrant grand les yeux, mais nous nous sentions bien, là, près de la vieille dame, à siroter notre maté en nous laissant hypnotiser par le langage du feu.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #aventure
par topocl
le Dim 4 Déc - 10:06
 
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Emmanuel Carrère

Limonov

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 Image103

Qu'est-ce qui a pu pousser Emmanuel Carrère à écrire un livre sur Limonov, ce russe dont personne n'avait entendu parler il y a encore 3 mois et qui fait la couverture de tous nos magazines depuis la rentrée littéraire ? Et que tout le monde s'accorde à trouver entre « pas très sympathique » et « franchement antipathique » ? Même si leurs existences se sont croisées à plusieurs reprises de façon assez ponctuelle, cela peut surprendre.

Eh bien d'abord Emmanuel Carrère et Limonov ont trois points communs : ils ont adoré Les trois mousquetaires quand ils étaient petits (ce qui ne constitue pas un point particulièrement distinctif) et ils ont deux autres passions la Russie/URSS et l'écriture.
À part ça ce sont deux hommes totalement différents, et c’est sans doute plus cette différence qui a fasciné Emmanuel Carrère écrivain plutôt doux que torture un perpétuel questionnement,

Je vis dans un pays tranquille et déclinant, où la mobilité sociale est réduite. Né dans une famille bourgeoise du 16e arrondissement, je suis devenue un bobo du 10e (…). Je ne pense pas que ce soit mal, ni que cela préjuge de la richesse d'une expérience humaine, mais enfin du point de vue tant géographique que socioculturel on ne peut pas dire que la vie m'a entraîné très loin de mes bases,  et ce constat vaut pour la plupart de mes amis.


S’opposant à  Limonov, un « rentre dedans » qui, justement ne se pose pas trop de questions, pour qui la vie « c'est vaincre ou mourir » , et pour cela , il est « prêt à tuer » Un homme qui relève tous les défis, tous les départs, qui ne tient pas en place, touche à tout avec pour seul but de s'en sortir. C'est un remuant, il a besoin que ça bouge pour se sentir exister. Il n'est pas étouffé par les scrupules, c'est le moins qu'on puisse dire.

C'est justement cet homme-là qui a interrogé Emmanuel Carrère, comme dans D'autres que la mienne, où il raconte des itinéraires totalement différents du sien, mais dont il a trouvé qu'il lui apprenaient quelque chose.

Quelque chose, oui, mais quoi ? Je commence ce livre pour l'apprendre .


La première moitié du livre décrit les efforts persévérants de Limonov pour sortir de la lie de ses origines : fils obscur d’un soldat assez compromis dans une non-moins obscure ville moyenne du fin fond de l'Union Soviétique. Il est prêt à tout pour sortir de cette médiocrité, il touche à tout : petite délinquance, petits trafics, petit couteau à cran d'arrêt, petite affaires sordides… Mais  ce sur quoi il compte pour vraiment se distinguer c’est la poésie (que les jeunes soviétiques pratiquent avec autant d’art que la vodka), et où il s'avère vite être le meilleur. Cela ne l'empêche pas de connaître les pires débines, Limonov est décidément un aventurier, et le  récit des diverses galères qui vont le mener jusqu'aux États-Unis nous tient en haleine. C'est un héros des temps modernes, de la catégorie des loosers.

J'ai l'impression d'avoir déjà écrit cette scène. Dans une fiction, il faut choisir : le héros peut toucher le fond une fois, c'est même recommandé, la seconde est de trop, la répétition guette. Dans la réalité, je pense qu'il l’a touché plusieurs fois. Plusieurs fois il s'est retrouvé à terre, vraiment désespéré, vraiment privé de recours et, c’est un trait que j'admire chez lui, il s'est toujours relevé, toujours remis en marche, toujours réconforté avec l'idée que quand on a choisi une vie d'aventurier, être perdu comme ça, totalement seul, au bout du rouleau, c'est simplement le prix à payer.


Dans la 2e moitié du livre,  il commence à sortir de cette déveine crasse : il commence à être édité, reconnu, fêté. Il n' a pas vraiment trouvé sa place pour autant, ses amours se délitent, il lui en faut toujours plus, il devient vraiment sordide. À la recherche d'émotions fortes, il va  se mêler de façon assez sordide aux guerres des Balkans. En même temps l'Union Soviétique sort du communisme, et il revient dans son pays natal, qu'il chérit comme un Russe sait chérir sa terre. C'est l'occasion pour Emmanuel Carrère d’aborder des notions plus personnelles d'une part, plus historiques et géopolitiques d'autre part, qui sont intéressantes, exprimant une façon de voir plutôt originale et très documentée, mais qui cassent un peu le rythme du récit (Limonov reste un fil rouge même si on le perd un peu de vue par moments). Le désir de l'auteur est ici apparemment de nous faire comprendre à quel point cette situation est tortueuse et compliquée, et c'est réussi au point qu'on perd parfois un peu le fil, quand, comme moi, on n'a pas des connaissances approfondies sur cette partie de l'histoire du monde. C’est d’ailleurs sans doute le but, et de nous faire ainsi mieux comprendre pourquoi dans cette situation absolument inextricable, Limonov (qu’on retrouve enfin au premier plan) ne veut rien moins que fonder un parti nationaliste, fédérer les « paumés de la province russe » courant après leurs repères, et pour finir, pourquoi pas, prendre le pouvoir, quand son heure viendra. Tout cela  en restant punk ou rocker et « sans bonté », gardant pour maîtres mots la provocation, la révolte, et la violence.

Dans un monde d’oligarques et de corruption, où Poutine pointe son nez, il fanatise suffisamment ses troupes pour inquiéter, puisque son parti est interdit , et lui est emprisonné. En prison aussi il réagit, il rebondit, il refuse de se laisser vaincre, se conduit en homme digne, peut-être enfin respectable, et puis, grâce à son aura de grand écrivain, il est libéré. Mais quelque chose s'est cassé, la sauce ne prend plus, il essaie d’y croire encore, mais son tour est passé…. Carrère, qui, évidemment, a fini par l’aimer d’une certaine façon, essaie de lui trouver une fin digne de lui, et les dernières pages du livre sont splendides.

Ce qui est particulièrement troublant  dans la description de Carrère, ce qui justifie sa fascination pour le personnage, c'est l'ambiguïté perpétuelle qu'on trouve chez Limonov, cet homme qui ne peut vivre que s'il domine, s'il est le meilleur, si l'adrénaline crache, qui court d’échec en coups foireux, et rebondit perpétuellement, repart à l'attaque, joue sa vie en permanence. Cette ambiguïté répond à celle de  la situation politique, du jeu des pouvoirs qui fait que, comme dit Carrère, « ce n'est pas si simple que ça », que nous voyons les choses depuis notre petit point de vue d'occidentaux qui n’ont pas vécu l'épouvantable bordel de l'Union soviétique/Russie de ces 50 dernières années, et que cela  devrait nous inciter  à adopter une certaine humilité dans notre capacité à juger une situation que nous croyons connaître, mais n’abordons que de l'extérieur.

Limonov est un livre d’un genre nouveau, au croisement de la biographie romancée et de la réflexion politique et du grand roman d'aventure. On se demande si Emmanuel Carrère n'a pas voulu écrire ici, à sa façon si personnelle, ses propres Trois Mousquetaires : une histoire palpitante, où les  rebondissements ne sont pas toujours crédibles, tournant autour des forces au pouvoir, avec des coups bas et des actes grandioses, où, si les héroïnes féminines se font « baiser » et « enculer »,  elles n'en sont pas moins l'objet d'un amour indéfectible et chevaleresque, où une dynamique  débridée et romanesque l’emporte. Le style de Carrère est absolument magnifique, dense, rythmé, exalté sans doute par la personnalité de Limonov, il se surpasse réellement et on le suit haletant. Il confirme son immense talent à décrire les personnages (célèbres ou inconnus), aller au fond d'eux-mêmes, traquer leurs faiblesse, valoriser leur humanité..

Pour finir, Limonov est, comme le décrit l’un des personnage « un être magnifique, capable d’actes monstrueux. ». Cela justifie bien un livre…Et je rajouterai que Carrère est un auteur magnifique, habile à décrire des personnages, des situations historiques ou intimes avec une lucidité ,une tendresse, des formules percutantes qui nous font vivre en direct chaque moment de ce livre particulièrement brillant.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #aventure #biographie #politique
par topocl
le Sam 3 Déc - 17:35
 
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Blaise Cendrars

Rhum

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 8 Cvt_rh10


J. Galmot  comme Sutter est de la race des aventuriers, des pionniers. Après avoir bourlinguer dans plusieurs pays il découvre une île où il peut s'exprimer, apprivoiser la jungle (c'est un créatif Galmot) et rendre la vie meilleure à cette population qui le séduit et qu' il séduit. Le serment qu'il fait aux Guyannais il l'assumera comme promis, jusqu' au bout de sa vie.

"Je jure de lutter jusqu'à mon dernier souffle...Je demande à Dieu de mourir en combattant pour le salut de ma patrie, la Guyane immortelle..."


Ses nombreuses et fructueuses activités d'homme d'affaires, d ' élu s' appliquent toujours à ses principes, l'honnêteté, la justice et la liberté. Mais ses qualités ne touchent pas  ses adversaires, les affairistes, les banquiers, les politiciens.

C'est l'affaire dite des "Rhums" qui entamera la chute de la maison Galmot, sa défense, ses preuves  sont inattaquables pourtant, mais emprisonné, privé de liberté plusieurs mois, ses affaires périclites, il est ruiné. Pourtant J. Galmot ne baisse pas les bras, il trouve un emploi, écrit, suit ce qui se passe en Guyanne où ses "enfants" sont maltraités par Gobert, l' allié des blancs du continent. Après avoir été élu député de la Guyane Galmot perd en 1924 les élections, "les élections des défunts" ; non ce n'est pas de la magie noire, Gobert a fait voter des morts.

Ses réussites n'étaient pas du goût de ses adversaires, depuis plusieurs années son arrêt de mort était décidé, dans les affaires on n'aime pas "ceux qui suivent une autre route qu'eux" (comme dirait Brassens). Qu'avait-il à se mêler de la population Guyanaise,  de son présent, de son avenir alors qu'il n' était besoin que de profits ?

J. Galmot meurt empoisonné le 6 août 1928, ils l'ont eu "les salauds" !

J. Galmot a beaucoup sacrifié à la Guyane, même sa famille

Je retiens sa persévérance, son ideal de justice et de liberté, sa non violence ; il n'a jamais pris les armes pour se défendre et à repousser les offres d' hommes d'affaires étrangers.

L'auteur a certainement fait de nombreuses recherches pour l'écriture de ce livre mais (me référant à wikipedia) je regrette que les relations de Galmot avec G. Anquetil et Stavisky ne soient pas évoquées ;   peut-être une réponse à son paiement des 23 millions de taxes ? quant à son coeur ?  aux mains de ceux qui l' aimaient ?

donc je reste un peu sur ma faim.


mots-clés : #aventure #biographie
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 22:35
 
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