Tanguy Viel
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Tanguy Viel
Tanguy Viel, né à Brest, passe son enfance en Bretagne.
Publié dès son premier ouvrage par les éditions de Minuit, il a reçu le prix Fénéon et le prix littéraire de la vocation pour son roman L'Absolue Perfection du crime et le Grand prix RTL-Lire pour Article 353 du Code pénal.
Bibliographie :
• Le Black Note (1998)
• Cinéma (1999)
• Tout s'explique : réflexions à partir d'« Explications » de Pierre Guyotat (2000)
• L'Absolue Perfection du crime (2001) Page 1
• Maladie (2002)
• Insoupçonnable (2006) : Page 1
• Paris-Brest (2009) : Page 1
• Cet homme-là (2009)
• Hitchcock par exemple (2010)
• Un jour dans la vie (2010)
• La Disparition de Jim Sullivan (2013)
• Article 353 du Code pénal (2017)
màj le 19/11/2017
Barcarole- Messages : 3019
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Re: Tanguy Viel
Paris-Brest
La grand-mère du narrateur fait la rencontre au Cercle Maritime (un bar-restaurant guindé, provincial et fréquenté par les militaires et la bourgeoisie brestoise) d’Albert, un homme qu’elle épouse car il lui propose entre autres d’hériter de sa fortune. Une condition : garder la femme de ménage, Mme Kermeur, quand il sera mort. Et cela ne va pas tarder. La grand-mère est rapidement la légataire universelle.
Cet argent est convoité. Les parents du jeune narrateur, installés dans le Sud, rappliquent à Brest. Mme Kermeur a un fils, à la réputation de voleur depuis l’école.
Le narrateur lui-même, qui s’était installé à Paris, revient à Brest.
Le fils Kermeur est omniprésent depuis que sa mère travaille dans l’appartement.
Et tout le monde présent reluque le magot caché par la grand-mère… Péripéties intrigantes commencent.
L’auteur traite son histoire comme un clin d’œil au roman noir, tout en mêlant jeu d’écriture dépouillée, distante, et le ton adulescent du narrateur. Bien sûr il ne s’agit pas d’un polar, et on en est encore plus éloigné encore que, par exemple dans l’un de ses livres, Insoupçonnable, que j’avais préféré de loin à celui-ci. Ici, on entre dans ce livre comme on entre dans Brest, on y rencontre la bourgeoisie provinciale, le bridge, le Cercle Maritime (ce genre de lieu existe encore à Brest), la pluie et le vent, la Marine, la rade, bref, un décor et une atmosphère qui n’auraient pas déplu à monsieur Chabrol.
mots-clés : #famille
Barcarole- Messages : 3019
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Re: Tanguy Viel
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Tanguy Viel
Insoupçonnable, c'est une histoire à la James Cain, si vous avez lu par hasard Le Facteur sonne toujours deux fois...
Une histoire sordide, poisseuse, misérable et fatale, sauf que la fatalité vue par Viel a un côté distant et ironique.
C'est un roman plutôt dans la ligne des auteurs publiés par Minuit, qui est reconnaissable à la tournure des phrases, leur construction, l'absence de ponctuation...
Des gens comme Oster, Toussaint, Bailly, qui ont une certaine parenté...
"Sam est le frère de Lise. Du moins c' est ce que tout le monde croit quand Lise se marie avec Henri.Mais c'est surtout Henri qui doit le croire, pour que Sam et Louise puissent réussir un mauvais coup.
Seulement Henri aussi a un frère, un vrai cette fois, et qui s' appelle Edouard.
Or même vrai on peut être un faux frère."
Et ça c'est le 4e de couverture de Insoupçonnable et j'aime bien...
Moi j'ajouterai : Sam et Henri vont en bateau... C'est Henri qui tombe à l'eau et Sam qui se noie.
Et c'est Edouard qui a fait le coup ! bravo
Ceux qui ont lu le livre ou le liront comprendront !
bix_229- Messages : 15439
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Re: Tanguy Viel
Bix, non je n'ai pas lu James Cain, mais je te suis quand tu dis qu'Insoupçonnable est une sombre histoire décrite avec la distance de Viel et ton message donnerait envie de lire Le facteur sonne toujours deux fois !
Barcarole- Messages : 3019
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Re: Tanguy Viel
Au prologue, lors d'un partie de pêche, Martial Kermeur passe Jean Lazenec par dessus bord et s'en rentre tranquillement chez lui.
Le texte est ensuite un long huis clos entre Kermeur et le juge d’instruction, très discret. Dans un monologue tourmenté, d'une oralité travaillée, (long monologue mais court roman), le narrateur raconte cette débine qui lui a collé à la peau et l'a mené à ce geste si impensable, et pourtant si logique. Cela commence comme un roman social, le licenciement, le divorce, l'arnaque immobilière, la machine de guerre ordinaire du capitalisme au quotidien ... Et cela va vite sonder des sentiments des plus intimes et profonds, la lente dérive du loser, sa solitude, l'envahissement de la honte qui finit par l'anéantir quand il en voit le reflet dans l’œil de son fils.
J'ai marché à fond dans ce thriller psychologique sobre et pudique sur fond de petite vie misérable de province.
Certes l'interprétation par le juge du fameux Article 353, m'a paru bien peu juridique, mais plutôt littéraire. Ma foi, qu'importe, n'est pas justement de la littérature, que je demande?
mots-clés : #criminalite #psychologique #relationenfantparent #social
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
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Re: Tanguy Viel
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Tanguy Viel
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Tanguy Viel
bix_229- Messages : 15439
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Re: Tanguy Viel
C'est encore un texte court et tendu comme un arc, un truc noir de chez noir : une bande de petits malfrats, unis par une vague idée de l'honneur et de sens de la "famille", décide de tenter le casse du siècle au casino le 31 décembre.
Pierre qui raconte a plutôt envie de rompre avec cette vie de défi et de noirceur, et il le sent mal, ce coup , et d'ailleurs il a raison. Mais il est pied et poings liés avec cette foutue loyauté, et il faut aller jusqu'au bout. C'est un peu jouissif tant qu'on croit que ça marche ... et puis ça casse, évidemment.
Il y a un réalisme sombre, avec une mélancolie de voir monter peu à peu ce casse qui va mal tourner, on le sait depuis le début, et dont il n'a pas envie, de voir que ça ne peut que foirer et s'accrocher quand même à une idée fascinante qu'on s'en fait. Un truc qui fait croire qu'on existe. Et puis, au final, oui, ce n'est qu'un coup de losers. Mais ça repart, ça s'accélère , le venin le reprend, Pierre, il n'a pas dit son dernier mot.
Quelqu'un a dit qu'il n'y a pas de vrais écrivains français?
Mots-clés : #criminalite
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Re: Tanguy Viel
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Tanguy Viel
L'histoire d'un pauvre type coulé par un ignoble promoteur immobilier. C'est lui qui raconte.
Il n'est jamais facile d'écrire simple quand on est écrivain, qu'on dispose d'un vocabulaire étendu et qu'on a la faculté de l'agencer au mieux.
L'autre, le narrateur en est dépourvu. Et, à vouloir le faire parler, ça fait artificiel de temps en temps.
Mais les personnages forcent notre sympathie.
Et la dénonciation d'un sordide fait social -malheureusement trop banal- fait aussi place à une compassion qui doit plus à une psychologie subtile qu'à un matraquage à la Zola.
C'est quand même un livre intéressant.
Mots-clés : #social
bix_229- Messages : 15439
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Re: Tanguy Viel
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Re: Tanguy Viel
https://diacritik.com/2017/01/03/tanguy-viel-il-faut-etre-resolument-idiot-au-moment-ou-on-se-met-a-ecrire-et-meme-plus-quidiot-animal-vegetal-sauvage-moleculaire-le-grand-entretien/
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Tanguy Viel
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Tanguy Viel
C'est un film absolument délicieux, avec des personnages attachants des petits délinquants à la manque, une espièglerie, une loufoquerie, un humour et une tendresse. Un cinéma-détente qui ne prend pas la tête, mais doux et réjouissant.
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Re: Tanguy Viel
Une famille de « caïds » en Bretagne : Marin, qui sort de trois ans de prison, Andreï, l’oncle et la tante, et Pierre, le narrateur, qui subit leur destin (qu’il devine funeste ; il est plusieurs fois question de prescience dans ce roman), dominé par Marin ; puis Lucho, le spécialiste, puis Jeanne, la femme de Marin. Le braquage du casino est décidé, ce que l’oncle appelle « l'absolue perfection du crime » avant de mourir de vieillesse, ce qui n’arrête pas le projet. En attendant, ils boivent du cognac, notamment au Lord Jim, boîte qui appartenait à l’oncle. Le casse se passe bien, à part que Pierre tabasse le directeur du casino, et qu’ils sont arrêtés à l’issue, vendus par Lucho ; Andreï est abattu, Marin et Jeanne s’enfuient, Pierre écope de sept ans de prison. À leur terme, il retourne au Lord Jim, qui s’appelle dorénavant le Billy Budd ; il retrouve Jeanne, puis Lucho, qu’il abat ; puis c’est une belle course-poursuite derrière Marin.
Style en fait curieux, faussement populaire avec de longues phrases, quoique incertaines et heurtées dans un effet d’oralité, cf. l’incipit :
Elliptique, et volontiers cinématographique :« L’écran de télévision au-dessus du comptoir, relié à une caméra à l’extérieur pour qu’on voie qui entre, souvent par ennui ou réflexe je le regardais d’un œil lointain, et c’était à peine si la couleur des cheveux ou la peau de celui qui sonnait dehors, à peine si je les notais à travers l’écran. »
Haletant et dynamique pour le finale ; un style maîtrisé, approprié au propos (le scénario est secondaire, compte tenu des incohérences qui ont été conservées : la montgolfière dirigeable à distance, Marin pas inquiété par la police, etc.).« Les docks salis. Les rails oxydés. Les grues immobiles. L’abandon qui les gagne. La brume. Les quais. La mer presque grise. Le ressac. La promenade le long. Le pont au loin. La quatre-voies devant. Les néons rouges. Le casino.
Pour faire des images propres, a expliqué Andrei, il faut tenir la caméra à deux mains, ouvrir les coudes à l’horizontale et se déplacer lentement. La quatre-voies devant. Le temps des feux. L’entrée principale. Les vigiles en forme de figurines. Les vitres teintées. »
\Mots-clés : #polar
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
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Re: Tanguy Viel
"la montgolfière dirigeable à distance" pas encore ?
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Tanguy Viel
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Tanguy Viel
Quelques mots après la lecture de Paris-Brest de Tanguy Viel (2009, déjà...).
J'ai (re)trouvé la mélancolie de Brest (un océan puissant même s'il se tait, des ciels atlantiques et pluvieux, une rade qui prétend être vue de partout, une architecture improbable et ventée).
J'ai aussi (re)trouvé un romanesque venimeux à la Chabrol avec de vieilles histoires de familles bien recuites (une mère manipulatrice à la petite semaine, une grand-mère et son magot, un père absent mais retrouvé, un ami vrai ou faux selon l'avenir qu'il vous réserve, un frère touchant qui s'est retrouvé en touche).
C'est un faux polar très « Éditions de Minuit » (une heure du crime qu'on redoute ou souhaite selon la perspective envisagée, un fils de famille qui s'embrouille dans son récit, le même fils de famille qui manie la vénérable mise en abyme de son récit, un lecteur parfois perdu mais qui se rattrape avec une écriture souvent « cinéma »).
C'est comme un air plaisant qu'on a en tête mais qui prend le risque de l'oubli.
Laurentides- Messages : 218
Date d'inscription : 18/05/2023
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Localisation : Bretagne
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