Julien Gracq
Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
Re: Julien Gracq
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Julien Gracq
(il est pour toi celui-là, Bédou, et ils est court : trois nouvelles), un de mes Gracq préférés.
Et puis les Carnets du grand chemin.
Mais piano... ou relisez !
Un calcul, même très approximatif, du nombre d'heures dont nous avons disposé au cours de notre vie pour la lecture, nous prouve que nous avons en réalité lu sensiblement moins de livres que nous le croyons. Nous n'avons pas eu le temps matériel de lire tous les livres que nous pensons avoir lus.
Mais les livres que nous avons lus sont bien loin d'être les seuls éléments de notre culture livresque. Comptent aussi, parfois presque autant, ceux dont nous avons entendu parler, d'une manière qui nous a fait dresser l'oreille (l'oreille interne), ceux dont un passage cité ailleurs isolément a éveillé en nous des échos précis, ou dont la mitoyenneté avec des ouvrages déjà connus de nous a permis au moins l'étiquetage. Ceux dont nous ne connaissons guère que le titre et le sens général, mais qui, dessinés en creux par les frontières des livres connexes, figurent pourtant, dans notre répertoire livresque, comme références utilisables.
Carnets du grand chemin.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Julien Gracq
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Julien Gracq
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Julien Gracq
Tristram a écrit:Je voudrais relativiser pour modérer votre enthousiasme (et protéger mes arrières) : ce n'est ni Le rivage ni Le balcon (mais ceux qui ont aimé apprécieront).
J'ai cherché un peu d'informations sur cet inédit. C'est un roman inachevé dont Gracq n'avait sauvé que "La Route"
– Le livre est mort : paix à ses cendres. il est mort de ce que je n'avais pas choisi, pour l'attaquer, le ton juste : erreur qui ne se rattrape guère. Et aussi, sans doute, de ce que le sujet, contrairement à ce que je m'imaginais, ne me tenait pas assez à coeur.
Gracq ne souhaitait qu'il soit publié. C'est la raison pour laquelle il ne figure pas dans les "oeuvres complètes" de la Pléiade
Encore un "testament trahi".
@ Bédoulène : il faut absolument que tu lises Gracq. Je te conseillerais volontiers "Un balcon en forêt"
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Julien Gracq
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Julien Gracq
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Julien Gracq
bon j'ai terminé "la presqu'île" !
enthousiaste ? non
déçue ? non
je ne sais si ce n'était pas le bon moment ou si Gracq n'est pas pour moi, j'ai trouvé dans cette lecture le temps longgggggggggggggggggg
La route : la première nouvelle, la plus courte m'annonçait pourtant bien une bonne lecture ; cette longue route, les reliefs d'un temps passé, l' étrange, l'inconnu, comme d'ailleurs quelques "passantes" rencontrées, apportaient beaucoup d'émotions. (j'ai pensé "aux passantes de Brassens)
La presqu'île : De très belles et très nombreuses métaphores ; la flânerie fait ressurgir les souvenirs d'enfance dans la nouvelle qui donne son titre au livre et l'attente, celle d'un train, d'une femme, de l'amour donc.
Le moral du narrateur passe de l'enthousiasme à la déception, et l'environnement s'accorde à son moral ou bien est-ce l'inverse ?
Le roi Cophetua : La troisième nouvelle n'est qu'attente aussi, celle de l'ami et hôte qui n'arrive pas, sur fond de guerre, la voix assourdie du canon meuble la maison. Tout est ombre, la femme qui le reçoit (servante et/ou maîtresse du propriétaire ?), la maison elle-même, et la mort supposée de l'ami ; même l'acte d'amour n'apporte pas l'apaisement. Seul le départ dénoue le narrateur (et la lectrice)
En ce qui concerne les annexes, je ne suis pas à même d'apprécier, j'ai seulement compris (j'espère) que Gracq critiquait le "nouveau roman" auquel il reprochait de s'intéresser à l'objet plutôt qu'à l'humain ; mais que les critiques trouvaient tout de même certains points de ressemblance. (vu que c'est ma seule lecture de Gracq et que je n'ai pas lu les "nouveaux romanciers", un quelconque avis de ma part serait impertinent)
C'est certain que l'écriture est très belle, poétique, de ça je suis convaincue.
Judicieux le rapprochement du tableau (le roi Cophetua et la mendiante) avec ce que le narrateur suppose des relations entre son ami et la servante.
Et comme dit plus haut de très belles et nombreuses métaphores et références.
Je lirai plus tard "le rivage des Syrtes" que recommande Tristram, peut-être rencontrerais-je vraiment l'auteur.
Mots-clés : #nouvelle
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Julien Gracq
Bédoulène a écrit: Le roi Cophetua : La troisième nouvelle n'est qu'attente aussi
L'attente est une thématique importante et récurrente de l'oeuvre de Gracq. Elle structure "Le Rivage des Syrtes"
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Julien Gracq
Bonne question de géographe : je vais lire ce recueil !Le moral du narrateur passe de l'enthousiasme à la déception, et l'environnement s'accorde à son moral ou bien est-ce l'inverse ?
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Julien Gracq
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Julien Gracq
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Julien Gracq
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Julien Gracq
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Julien Gracq
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Julien Gracq
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Julien Gracq
(édition enrichie 1969)
Recueil de poèmes en prose, comprenant une série de quarante textes brefs écrits de 1941 à 1943, le bref recueil La Terre habitable (1951), La Sieste en Flandre hollandaise (1951) et deux textes isolés, Gomorrhe (1957) et Aubrac (1963).
L’acception de « poèmes » pour ces textes indéniablement poétiques, tels ceux de Ponge, Michaux, Cendrars, me paraît dans certains cas douteuse, s’agissant plutôt de "novelettes", ou de moments notés.Pour galvaniser l'urbanisme
Venise
Transbaïkalie
Le vent froid de la nuit
Pleine eau
Gang
Grand hôtel
Written in water
Le jardin engourdi
Isabelle Elisabeth
La barrière de Ross
L’averse
Vergiss mein nicht
Inabordable
Villes hanséatiques
Salon meuble
Un hibernant
Les nuits blanches
Robespierre
Les affinités électives
Les trompettes d’Aïda
Unité originairement synthétique de l’aperception
Scandales mondains
La rivière Susquehannah
Bonne promenade du matin
Le grand jeu
Les basiliques de Pythagore
Les jardins suspendus
L’appareillage ambigu
Paysage
La justice
La vie de voyage
Truro
Le couvent du Pantocrator
Au bord du beau Bendeme
Le passager clandestin
Cortège
La bonne auberge
Surprises-parties de la maison des augustules.
La vallée de Josaphat
La Terre habitable
Paris à l’aube
L’explorateur
Moïse
Roof-garden
Intimité
Les hautes terres du Sertalejo
Gomorrhe
La sieste en Flandre hollandaise
Aubrac
Images surréalistes, liberté de l'imagination, amoureuses évocations féminines, instants préservés, vues de contrées souvent hivernales et septentrionales, scènes de voyage, oniriques ou fantastiques…
Difficile de ne pas voir là un prélude d’Un balcon en forêt !« À l'air libre, trempé soudain de soleil tournoyant comme par une fanfare, mes pieds amoureusement ravivant la pente secrète d'une colline longue comme une joue, je redescendais chaque soir aux champs calmes, les mains pleines comme celui qui touche une femme, appuyant le front encore, les yeux fermés, ainsi que le cœur manque et qu'on marche en dormant, au songe odorant et au vide sous le soleil de ce village accoudé à la forêt comme un après-midi d'été au balcon de sa nuit sauvage. »
« Le sommeil des persiennes sur l'aquarium de la chambre basse ranime doucement le globe aux fleurs d'orange comme un œuf nocturne au creux des chaumes, la main qui tisonne le loquet de fer, l'horloge qui éclabousse l'enclume du silence. »
Mots-clés : #poésie
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Julien Gracq
Le premier texte, La Route, est rescapé de Les Terres du couchant¸ qui n’a été publié qu’après la mort de Gracq et contre sa volonté. De mémoire, le ton est différent (plus simple, moins épique) ; mais on sent bien que ce n’est qu’un fragment, ou plutôt deux avec le passage sur les femmes de rencontre, un peu incongru.
Ce « Perré » (voie empierrée) qui avec le temps épouse les paysages (ou l’inverse) est très sensiblement rendu.« …] et c’était soudain toute une femme, chaude, dénouée comme une pluie, lourde comme une nuit défaite, qui se laissait couler entre vos bras. »
La Presqu’île : c’est essentiellement une description soignée, avec recherche du mot juste (parfois rare), dans un style dépouillé, des paysages de la Bretagne des vacances d’enfance de Simon le narrateur, tandis qu’il se promène dans l’attente de sa maîtresse qui doit venir par le train.
(C'est moi qui ai mis en gras.)« Il arrêta sa voiture un moment avant d’entrer dans Kergrit, et, sans même ouvrir la portière, il coupa le contact pour laisser les bruits familiers l’emplir : il entendit le bruissement des pins, où jadis, quand il arrivait pour l’été, la mer l’enivrait davantage encore que sur la plage – mieux que présente : annoncée – il sentit l’odeur brûlée de la résine, qui après les parfums de sève crue du bocage était pour lui comme la quintessence d’une distillation presque spirituelle. »
Ce sont donc les éclairages et cieux changeants au cours d’une journée d’automne, avec encore la fascination des syrtes, ici le « Marais Gât » (la terre gaste est en vieux français un terrain désert, inculte, inhabité, aussi pillé, ruiné, également un territoire désolé et devenu stérile dans la légende arthurienne) :
Un suspense se tend progressivement comme approche l’heure des retrouvailles.« …] on entendait le marais vivre : un vaste crépitement bulleux et gras, épaissement digestif, montait du chaume spongieux, qui tenait de la mousse de savon qui se résorbe et du coassement liquide des grenouilles ; le long des fossés, des cloques brunes venaient crever une à une sur l’eau. »
« Une minute, il pensa qu’il était profondément heureux, c’est-à-dire qu’il sentit qu’il allait cesser de l’être. »
Le Roi Cophetua : au bord d’une forêt, pendant la guerre dont on entend la canonnade en fond sonore, le narrateur attend un ami dans la demeure de ce dernier, seul avec une jeune femme, servante et/ou maîtresse.
L’atmosphère est théâtrale, étrange ‒ dramatique, « d’attente et de tension pure ».
« On n’attend personne – songea-t-il de nouveau. Le monde n’attend rien. Jamais rien. »
« Il ne faudrait qu’attendre, pensa-t-il encore. Seulement attendre. Mais il y a quelque chose de défendu à attendre cela. »
\Mots-clés : #nouvelle
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Julien Gracq
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
» Julien Offray de La Mettrie
» Julien Bouissoux
» Julien Capron
» Julien Gravelle