Citation du jour
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Re: Citation du jour
Fragments de Le Chiendent, de Queneau« …] il me semble que vous préférez le singulier au général, le particulier à l’universel. Préférence affective et non affirmation raisonnée, je crois.
‒ Oui, c’est cela. Je préfère ce qui existe à ce qui n’existe pas. »
« Dès qu’on regarde les choses d’une façon désintéressée, tout change. C’est bien évident et c’est cela qui rend difficile l’évidence de ce qui se présente d’emblée. Ne pas tenir compte de la destination d’un objet, quelle étrange activité ! On commence par ne rien voir parce qu’on se remue, puis on regarde parce qu’on a envie de faire autre chose, ensuite on contemple parce qu’on est fatigué de travailler. »
« Les mots aussi sont des objets fabriqués. On peut les envisager indépendamment de leur sens.
[…]
‒ Et ce qui est naturel, et par conséquent n’a pas de sens, lui en attribuez-vous un ?
[…]
En tout cas, ce qui est naturel peut acquérir un sens ; quand les hommes lui en donnent un.
[…]
‒ Pour moi, aussi, dit Pierre, les choses, le monde n’a pas la signification qu’il se donne, il n’est pas ce qu’il prétend être ; mais je ne crois pas qu’il ait une autre signification. Il n’en a aucune.
‒ C’est comme ça que vous pensez ? interrogea Étienne. Moi, je disais : on croit voir une chose et on en voit une autre.
‒ Et moi je dis, on croit voir une chose, mais on ne voit rien. »
« Le monde, comme un jeu de cache-cache, de nouveau, il eut cette vision. La vie était-elle donc une surprise continuelle ? »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15643
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Le narrateur de Monastère de Eduardo Halfon roule en voiture et longe le mur érigé par Israel.
J' ai baissé complètement la vitre, j' ai sorti un peu la tete et, respirant un air
tiède et frais, j' ai pensé à d' autres murs.
Aux murs chinois, aux murs allemands, aux murs de Etats-Unis. Aux murs sacrés
des temples et aux murs humides des cachots.
Aux murs en briques d' un ghetto, aux murs autour d' une population entière
enfermée dans un ghetto...
Soudain j' a vu, cru voir, ou imaginé que je voyais la figure toute noire de la fille
peinte sur le mur par l' artiste anglais Banksy : sa tresse noire, sa frange noire,
sa jupe noire, ses souliers noirs, son regard noir tourné vers le haut, tout en elle
regardant vers le haut, vers le ciel, tandis qu' elle s' élève contre le mur grace à
J' ai pensé, la tete à moitié dehors qu' un mur était la manifestation physique de
la haine de l' autres. Une manifestation palpable, concrète, qui cherche à nous
séparer de l' autre, à nous isoler de l' autre, à éliminer l' autre de notre vue et de
notre monde.
Mais c' est aussi une manifestation de toute évidence inutile : pour haut et épais
qu' on le construise, pour long et imposant qu' on le batisse, un mur n' est jamais
infranchissable.
Un mur n' est jamais plus grand que l' esprit de l' homme qu' il enferme.
Car l' autre reste là. L' autre ne disparait pas. L' autre ne disparait jamais.
L' autre de l' autre c' est moi. Moi, et mon esprit. Moi, et mon imagination.
Moi et ma grappe de ballons noirs."
J' ai baissé complètement la vitre, j' ai sorti un peu la tete et, respirant un air
tiède et frais, j' ai pensé à d' autres murs.
Aux murs chinois, aux murs allemands, aux murs de Etats-Unis. Aux murs sacrés
des temples et aux murs humides des cachots.
Aux murs en briques d' un ghetto, aux murs autour d' une population entière
enfermée dans un ghetto...
Soudain j' a vu, cru voir, ou imaginé que je voyais la figure toute noire de la fille
peinte sur le mur par l' artiste anglais Banksy : sa tresse noire, sa frange noire,
sa jupe noire, ses souliers noirs, son regard noir tourné vers le haut, tout en elle
regardant vers le haut, vers le ciel, tandis qu' elle s' élève contre le mur grace à
une grappe de ballons noirs qu' elle tient dans a petite main noire.
J' ai pensé, la tete à moitié dehors qu' un mur était la manifestation physique de
la haine de l' autres. Une manifestation palpable, concrète, qui cherche à nous
séparer de l' autre, à nous isoler de l' autre, à éliminer l' autre de notre vue et de
notre monde.
Mais c' est aussi une manifestation de toute évidence inutile : pour haut et épais
qu' on le construise, pour long et imposant qu' on le batisse, un mur n' est jamais
infranchissable.
Un mur n' est jamais plus grand que l' esprit de l' homme qu' il enferme.
Car l' autre reste là. L' autre ne disparait pas. L' autre ne disparait jamais.
L' autre de l' autre c' est moi. Moi, et mon esprit. Moi, et mon imagination.
Moi et ma grappe de ballons noirs."
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Voilà qui s'appliquerait bien à la musique, à l'écriture, et à bien d'autres choses...« Chaque groupe était sans doute guidé par les mobiles, moins contradictoires qu’il ne semble, de faire comme les autres, aussi bien que les autres, mieux que les autres, et pas comme les autres : c'est-à-dire de raffiner constamment sur des thèmes dont seuls les contours généraux étaient fixés par la tradition et l’usage. »
Claude Lévi-Strauss, « La Pensée Sauvage », III
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15643
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
S’engager complètement dans une pratique, dans une action, sans pour autant s’identifier avec elle, c’est le message de la Bhagavad Gita : ne pas rechercher les fruits de l’action tout en faisant aussi parfaitement que possible ce que l’on doit faire.
La recherche d’un résultat n’a rien à voir avec l’action elle-même. Escompter un résultat, c’est se projeter dans l’avenir, et l’action, elle, ne peut exister que dans le présent.
Françoise Mazet dans les commentaires aux Yoga-Sutras de Patanjali
Re: Citation du jour
Et oui, et ne pas rester dans le passé parce que les moments qu'on a vécu dans le passé ont été vécus dans le présent. ça repose.....
Pia- Messages : 135
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 55
Localisation : Utrecht
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Pia a écrit:Et oui, et ne pas rester dans le passé parce que les moments qu'on a vécu dans le passé ont été vécus dans le présent. ça repose.....
Les Yoga-Sutras sont d'une richesse sans cesse renouvelée... toujours dans les commentaires :
Le volontarisme est inutile, le lâcher-prise essentiel. Mais on ne peut lâcher que ce que l’on a. De même que la digue a joué son rôle, de même, construire son ego est une étape nécessaire dans le processus de transformation.
Vient ensuite le moment de l’éliminer. En calmant l’agitation du mental, en éliminant les imprégnations énergétiques qui nous encombrent, on permet à l’énergie de vie de circuler en nous, librement, comme l’eau de la rivière.
Re: Citation du jour
ça rejoint bien le passage sur le fleuve comme métaphore de la vie, dans Siddhartha, de Hermann Hesse.
Invité- Invité
Re: Citation du jour
Le genre de rapprochement métaphorique qui me fait planer...« L’espace est une société de lieux dits, comme les personnes sont des points de repère au sein du groupe. »
Claude Lévi-Strauss, « La Pensée Sauvage », VI
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Tristram- Messages : 15643
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Ce qu'il dit des personnes me fait penser à la vision systémique, mais je m'éloigne peut-être un peu trop...Tristram a écrit:Le genre de rapprochement métaphorique qui me fait planer...« L’espace est une société de lieux dits, comme les personnes sont des points de repère au sein du groupe. »
Claude Lévi-Strauss, « La Pensée Sauvage », VI
Louvaluna- Messages : 1678
Date d'inscription : 19/03/2017
Re: Citation du jour
Tu as raison, Louvaluna, l'approche systémique actuelle (qui existe déjà dans certaines cultures exotiques) découle pour partie du structuralisme.
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15643
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
...Le structuralisme dont Levi Strauss était, volens nolens, un des chefs de file.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
La morale n'est qu'une interprétation - ou plus exactement une fausse interprétation - de certains phénomènes.
Friedrich Nietzsche
Friedrich Nietzsche
Chamaco- Messages : 4365
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Citation du jour
Arturo a écrit:ça rejoint bien le passage sur le fleuve comme métaphore de la vie, dans Siddhartha, de Hermann Hesse.
Oui c'est vrai... j'ai lu ce passage dans Siddharta ce matin justement...
Raymond Ruyer dans Néo-finalisme :
Plus le corps humain ressemble à un automate des jardins royaux, plus Dieu ressemble à un ingénieur italien.
Re: Citation du jour
Pourquoi est-on passé de l'intellectuel engagé à l'intellectuel "dégagé" ? En partie parce que les intellectuels sont détenteurs de capital culturel et que, même s'ils sont dominés parmi les dominants, ils font partie des dominants. C'est un des fondements de leur ambivalence, de leur engagement mitigé dans les luttes. Ils participent confusément de cette idéologie de la compétence. Quand ils se révoltent, c'est encore, comme en 33 en Allemagne, parce qu'ils estiment ne pas recevoir tout ce qui leur est dû, étant donné leur compétence, garantie par leurs diplômes.
Derrière la vision mondialiste de l'internationale des dominants, il y a une philosophie de la compétence selon laquelle ce sont les plus compétents qui gouvernent, et qui ont du travail, ce qui implique que ceux qui n'ont pas de travail ne sont pas compétents. Il y a les winners et les losers, il y a la noblesse, ce que j'appelle la noblesse d'Etat, c'est-à-dire ces gens qui ont toutes les propriétés d'une noblesse au sens médiéval du terme et qui doivent leur autorité à l'éducation, c'est-à-dire, selon eux, à l'intelligence, conçue comme un don du Ciel, dont nous savons qu'en réalité elle est distribuée par la société, les inégalités d'intelligence étant des inégalités sociales.
Pierre Bourdieu, extraits de son intervention à Athènes en 1996 : Le mythe de la "mondialisation" et l'Etat social européen.
Losers, ou "gens qui ne sont rien", ou "sans dents", comme vous voulez ...
Invité- Invité
Re: Citation du jour
Tiré du livre Contre-feux. Un recueil d'interventions de Bourdieu visant principalement à lutter contre le néo-libéralisme. Ça date des années 1990. J'ai mis d'autres extraits sur le fil commentaires de l'actualité. Il a vraiment une analyse pertinente, et propose aussi des solutions, malheureusement vu de 2018 ça semble des voeux pieux tant sa vision est minoritaire, pour ne pas dire marginale ...
Invité- Invité
Re: Citation du jour
Pourtant après mes études jusqu'à ce jour, il y a deux références qui prédominent en mon esprit dans l'ensemble de mes cours (un pour chaque bac) : Paul Feyerabend et Pierre Bourdieu. Je vais voir pour les études autochtones et les références littéraires éventuellement, mais j'ai fait beaucoup de déblayage depuis ce temps. Pour en revenir à Bourdieu, les assisses théoriques qu'il propose nous viennent tout droit de l'idéal de la décolonisation et des héritages culturels de la mentalité autour du mouvement de Mai 68. Ça vaut donc la peine de le lire au fil du temps.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Citation du jour
Toute vache, j’ai écrit toute vache et maintenant je dois finir ma phrase, l’écrivain se met parfois dans de sales situations, je vous jure, des pièges profonds, car je ne vais pas reculer, effacer ces premiers mots, ce serait la lâcheté même, ce serait lamentable, la négation de mes principes, toute vache se propose de brouter l’herbe qui reste, c’est un peu décevant, bien sûr, mais au moins ai-je la fierté de n’avoir pas renoncé et, quoi qu’il m’en coûtât, d’avoir été au bout.
Éric Chevillard - L'Autofictif
Louvaluna- Messages : 1678
Date d'inscription : 19/03/2017
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