Baron de Lahontan
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Baron de Lahontan
Louis Armand de Lom d'Arce, plus connu sous l'appellation de baron de Lahontan ou de la Hontan, est un voyageur anthropologue et écrivain français (né en 1666 à Bayonne et décédé en 1716, dans le duché de Hanovre) qui est l'auteur d'une ethnologie réflexive sur l'organisation politique des différents peuples du Québec en nations.
Son père, Isaac de Lom, seigneur d'Esleix dans le Béarn, s'était remarié avec sa mère Jeanne-Françoise Le Fascheux, à Saint-Paul à Paris. Il avait acheté les seigneuries d'Esleix et de Lahontan, dépensa toute sa fortune à redresser le cours du gave de Pau, et mourut accablé de dettes.
A l'âge de dix-sept ans, Louis-Armand embarque pour la Nouvelle-France où il débarque le 8 novembre 1683, passe l'hiver sur la côte de Beaupré. Sa carrière d'observateur, d'écrivain et d'ethnographe débute. «Sans mentir,» écrit-il dans sa deuxième lettre rédigée sur la côte, le 2 mai 1684, «les paysans y vivent plus commodément qu'une infinité de gentilshommes en France. Quand je dis paysans, je me trompe, il faut dire habitants, car ce titre de paysan n'est pas plus reçu ici qu'en Espagne […] »
En mai, La Hontan quitte la côte à destination de Ville-Marie, il s'arrête à l'île d'Orléans, à Québec, à Sillery, au Sault-de-la-Chaudière, à Lorette et aux Trois-Rivières.
Officier de marine, grâce à son titre de noblesse, il vit en Nouvelle-France pendant 10 années et de son périple, laisse des écrits notoires. Multipliant les déboires financiers (il perd sa baronnie, ruiné par des créanciers fallacieux et une administration locale malhonnête) et sociaux (sa verve le brouille avec le gouverneur de la colonie ; l'armée le considère comme déserteur ; les autorités religieuses lui reprochent ses idées libertines et plus tard, ses attaques contre les vertus des habitantes, etc.)
(...)
source et plus : wikipedia.org
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Re: Baron de Lahontan
Récup' de souvenirs pour une lecture qui laisse sa marque durablement. Dépaysant, riche, instructif, inhabituel, charismatique, ...
Un baptême iroquois
Les nouveaux voyages en Amérique septentrionale (1683-1693)
Pas facile de catégoriser ce livre entre voyage (professionnel), géographie et témoignage d'une histoire en train de se faire. C'est qu'en cette fin de 17è siècle le Canada pour un européen, et certainement pour la plupart de ses habitants, cela signifie beaucoup de points d'interrogation.
On découvre au fil des lettres adressées à un protecteur l'organisation politique et économique de la colonie française. Une économie qui repose pour beaucoup sur le commerce des peaux de la faune locale dont le prix grimpe à chaque étape les rapprochant de la France. Parmi les fournisseurs il y a des tribus indiennes, autre volet et peut-être le plus important de ce qu'on découvre dans cette lecture.
Fourrures contre breloques et matériel à un rapport avantageux mais pas pour les indiens mais surtout un regard curieux et attentif sur l'organisation politique des indiens et leurs pratiques. Les guerres et paix entre les tribus, la chasse et certains usages, plus ça va plus on sent notre baron à l'aise avec les sauvages comme il les appelle. Lassé sans doute des difficultés rencontrées avec une vie sociale et les politiques d'intrigues qui font que empêché à l'autre bout du monde il ne pourra jamais conservé ou reprendre ce qui lui vient de son père (puis pire encore qu'il ne soit promis au cachot). Plus à l'aise dans l'action et l'aventure, pas sans espoir de fortune mais sensible à la découverte le jeune homme prend de page en page de l'épaisseur.
Les tribus amies pas forcément tendres sont souvent la proie des Iroquois qui s'entendraient donc mieux avec les Anglais (et qui menacent aussi les "villes" de Montréal et Québec), chaque camp profitant de ses alliances pour gêner le commerce de l'autre et tenter de s'imposer sur le territoire. De rivière en rivière et de fort en fort de Lahontan fait son job, ne manque pas d'idées (qui ne trouvent pas souvent d'oreilles) et exerce un regard critique sur la politique et les manœuvres françaises.
Mais c'est aussi le goût d'une nature riche voire débordantes en ressources et parfois rude avec des hivers rigoureux qui se transforme petit à petit en mélancolie. La terre d'accueil et de possibles se fermera malgré tout à lui sans qu'il puisse aller plus loin encore, la faute à la politique et au service d'un pays et d'un roi qui lui auront probablement mal rendu.
Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est dépaysant. C'est aussi très instructif d'un point de vue historique et pour le rapport à l'autre, au sauvage pas si sauvage que ça sous certains aspects. Proposé dans un compromis de version originale et de modernisation le texte est agréable et facile à lire*, l'immersion favorisée par les notes qui proviennent pour bonne part d'autres écrits de l'auteur.
Bref, un drôle de truc qui mérite bien de revoir le jour !
*: le style ou genre épistolaire (de lettres qui ne nécessitent pas forcément de destinataire) fait très bien l'affaire.
mots-clés : #colonisation #historique #lieu #nature #québec #voyage
Un baptême iroquois
Les nouveaux voyages en Amérique septentrionale (1683-1693)
Une source oubliée des philosophes des Lumières ! Le récit initiatique d’un jeune aventurier français, le témoignage d’un des premiers explorateurs des immenses territoires la Nouvelle-France, une peinture pleine d’empathie du mode de vie et de la pensée des peuples autochtones, une réflexion philosophique sur l’idée de civilisation, une étude des mœurs politiques de la Colonie, et l’histoire vécue des premiers temps de la rivalité franco-anglaise au Nouveau Monde.
En 1683, à l’âge de 17 ans, le Baron de Lahontan embarque pour le Canada. Il y passe dix ans d’une vie libre et aventureuse, entre Québec et la région des Grands Lacs : officier auprès du gouverneur de la Nouvelle France, libertin en butte à l’autorité des jésuites, coureur des bois dans les vastes territoires de l’Amérique du Nord, il met en lumière le rôle du commerce des fourrures dans la guerre franco-anglaise, palabre avec les indiens dont il apprend les langues, les coutumes, les ruses et la philosophie.
Composé de lettres adressées à un lecteur inconnu, les Nouveaux voyages en Amérique déploient la verve d’un authentique libertin, l’esprit libre d’un homme curieux des mœurs et de la culture des peuples autochtones, la franchise politique d’un gentilhomme ruiné en rupture avec la cour du Roi Soleil.
Si l’ironie de son style, l’humanité de son regard et l’audace de ses observations annoncent la philosophie des Lumières, elles condamneront surtout son auteur à l’exil, et son œuvre à l’oubli et au mépris des partisans d’une histoire édifiante. Bien après Michelet qui vit dans ce « livre hardi et brillant le vif coup d’archet qui, vingt ans avant les Lettres persanes, avait ouvert le XVIIIe siècle », il faut attendre la fin du XXe pour qu’en France on redécouvre cet auteur au travers de Dialogues avec un sauvage.
Mais l’œuvre du baron de Lahontan ne saurait se limiter à ce livre et c’est pour rendre justice à cet écrivain de l’exil que nous rééditons les Nouveaux voyages en Amérique dans leur version originale de 1702.
lepassagerclandestin.fr
Pas facile de catégoriser ce livre entre voyage (professionnel), géographie et témoignage d'une histoire en train de se faire. C'est qu'en cette fin de 17è siècle le Canada pour un européen, et certainement pour la plupart de ses habitants, cela signifie beaucoup de points d'interrogation.
On découvre au fil des lettres adressées à un protecteur l'organisation politique et économique de la colonie française. Une économie qui repose pour beaucoup sur le commerce des peaux de la faune locale dont le prix grimpe à chaque étape les rapprochant de la France. Parmi les fournisseurs il y a des tribus indiennes, autre volet et peut-être le plus important de ce qu'on découvre dans cette lecture.
Fourrures contre breloques et matériel à un rapport avantageux mais pas pour les indiens mais surtout un regard curieux et attentif sur l'organisation politique des indiens et leurs pratiques. Les guerres et paix entre les tribus, la chasse et certains usages, plus ça va plus on sent notre baron à l'aise avec les sauvages comme il les appelle. Lassé sans doute des difficultés rencontrées avec une vie sociale et les politiques d'intrigues qui font que empêché à l'autre bout du monde il ne pourra jamais conservé ou reprendre ce qui lui vient de son père (puis pire encore qu'il ne soit promis au cachot). Plus à l'aise dans l'action et l'aventure, pas sans espoir de fortune mais sensible à la découverte le jeune homme prend de page en page de l'épaisseur.
Les tribus amies pas forcément tendres sont souvent la proie des Iroquois qui s'entendraient donc mieux avec les Anglais (et qui menacent aussi les "villes" de Montréal et Québec), chaque camp profitant de ses alliances pour gêner le commerce de l'autre et tenter de s'imposer sur le territoire. De rivière en rivière et de fort en fort de Lahontan fait son job, ne manque pas d'idées (qui ne trouvent pas souvent d'oreilles) et exerce un regard critique sur la politique et les manœuvres françaises.
Mais c'est aussi le goût d'une nature riche voire débordantes en ressources et parfois rude avec des hivers rigoureux qui se transforme petit à petit en mélancolie. La terre d'accueil et de possibles se fermera malgré tout à lui sans qu'il puisse aller plus loin encore, la faute à la politique et au service d'un pays et d'un roi qui lui auront probablement mal rendu.
Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est dépaysant. C'est aussi très instructif d'un point de vue historique et pour le rapport à l'autre, au sauvage pas si sauvage que ça sous certains aspects. Proposé dans un compromis de version originale et de modernisation le texte est agréable et facile à lire*, l'immersion favorisée par les notes qui proviennent pour bonne part d'autres écrits de l'auteur.
Bref, un drôle de truc qui mérite bien de revoir le jour !
*: le style ou genre épistolaire (de lettres qui ne nécessitent pas forcément de destinataire) fait très bien l'affaire.
mots-clés : #colonisation #historique #lieu #nature #québec #voyage
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Re: Baron de Lahontan
L'extrait qui va avec :
Tout ce que je peux vous dire du fleuve Mississippi avant de le quitter, c'est que sa moindre largeur est d'une demi-lieue et sa moindre profondeur d'une brasse et demie d'eau, qu'il n'est pas trop rapide durant sept ou huit mois de l'année, selon le rapport des sauvages. Pour des battures ou bancs de sable, je n'y en vis point. Ce fleuve est rempli d'îles, lesquelles paraissant comme autant de bocages par une grande quantité d'arbres, ils font, dans le temps de la verdure, un aspect fort agréable. Il est bordé de bois, de prairies et de coteaux. Je ne sais d'ailleurs si ce fleuve serpente ; mais autant que j'ai pu le remarquer, son cours est fort différent de celui de nos fleuves de France ; car je vous dirai ici en passant que les rivières de l'Amérique courent assez droit. Pour revenir à notre fleuve, il est riche par lui-même, par la bonté du climat, par la quantité prodigieuse de bœufs, de cerfs, de chevreuils, de coqs d'Inde qui paissent sur ces rivages. On y voit aussi d'autres bêtes et oiseaux, dont je ne saurais vous parler sans vous envoyer un volume. Si je pouvais vous faire tenir la copie de mon journal, vous y verriez, jour pour jour, des chasses et des pêches de différentes espèces d'animaux, aussi bien que des rencontres de sauvages, et tout ce détail vous rebuterait par sa longueur. Enfin, je finis l'article du fleuve par la quantité d'arbres fruitiers que nous y vîmes dans un triste état, dépouillés de verdure, et surtout les treilles dont la beauté des grappes et la grosseur des grains vous surprendraient. J'ai mangé de ces raisins desséchés par au soleil, comme je vous ai dit ; le goût m'en a paru merveilleux. Pour des castors ils y sont aussi rares que sur la rivière Longue, où je n'ai vu que des loutres dont ces peuples font des fourrures pour l'hiver.
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Re: Baron de Lahontan
Tout cela paraît fort sympathique, le bonhomme en premier !
(Il semble que ce soit une loi immuable que les producteurs sont toujours floués _ agriculteurs, ouvriers, ici les chasseurs...)
(Il semble que ce soit une loi immuable que les producteurs sont toujours floués _ agriculteurs, ouvriers, ici les chasseurs...)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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