Nina Berberova
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Nina Berberova
WikipédiaNina Nikolaïevna Berberova née à Saint-Pétersbourg le 26 juillet 1901 (8 août 1901 dans le calendrier grégorien) et morte à Philadelphie le 26 septembre 1993, est une femme de lettres et poétesse russe-américaine connue pour ses récits de Russes en exil.
Née d'un père arménien et d'une mère russe, Nina Berberova grandit à Saint-Pétersbourg. Elle écrit des poèmes dès son enfance.
Sa dernière année au lycée est marquée par des événements majeurs : la Révolution russe et la paix de Brest-Litovsk avec l'Allemagne.
Elle quitte la Russie en 1922 avec le poète Vladislav Khodassevitch. Le couple vit dans plusieurs villes européennes dont Berlin, avant de s'installer à Paris en 1925. Elle y côtoie de nombreux artistes russes, notamment Anna Akhmatova, Vladimir Nabokov, Boris Pasternak, Marina Tsvetaïeva et Vladimir Maïakovski.
Durant l'entre-deux-guerres, Nina Berberova se sent à l'écart des groupes dadaïstes, surréalistes et d'avant-gardes, qui dominent la scène littéraire parisienne, indifférents selon elle aux écrivains russes émigrés.
En 1950, elle émigre aux États-Unis. En 1954, elle épouse George Kochevitsky, un pianiste et enseignant russe. Elle commence sa carrière académique à l'Université Yale en 1958, où elle enseigne la littérature russe. En 1959, elle acquiert la nationalité américaine.
En parallèle de son enseignement, elle continue d'écrire, principalement des nouvelles, des critiques littéraires et de la poésie.
En 1963, elle quitte Yale pour l'Université de Princeton, où elle enseigne la littérature russe jusqu'à sa retraite en 1971.
En 1991, elle part s'installer à Philadelphie, où elle s’éteint deux ans plus tard.
En France, elle a connu un grand succès à la fin de sa vie, et une bonne partie de ses œuvres seront publiées à titre posthume. Parmi les plus célèbres, on peut citer son autobiographie, C'est moi qui souligne (parue en français en 1989), et L'Accompagnatrice (parue en français en 1985), qui donnera lieu au film du même nom de Claude Miller.
Elle a également écrit la première biographie du compositeur Piotr Ilitch Tchaïkovski en 1936, suscitant une controverse par son ouverture concernant l'homosexualité du compositeur.
Bibliographie :
Romans
L'Accompagnatrice
Le Laquais et la putain
Astachev à Paris
Le Roseau révolté
La Résurrection de Mozart
Le Mal noir
De cape et de larmes
À la mémoire de Schliemann
Roquenva
La Souveraine
Le Livre du bonheur
Les Derniers et les premiers
Le Cap des tempêtes
Récits
Chroniques de Billancourt
Où il n'est pas question d'amour
Les Dames de Saint-Pétersbourg
Zoïa Andréevna
Nabokov et sa Lolita
La grande ville
Biographies
Tchaïkovski
Histoire de la baronne Boudberg
C'est moi qui souligne (autobiographie)
Borodine
Alexandre Blok et son temps
Histoire
L'affaire Kravtchenko
Les Francs-maçons russes du XXe siècle
Poésie
Anthologie personnelle
L'ensemble de ses écrits a été publié chez Actes Sud.
Invité- Invité
Re: Nina Berberova
J'ai aimé ses premiers romans et récits et ses chroniques de russe réfugiée.
Comme Le Livre du bonheur.
Elle fut à l'origine de Actes Sud grace à Nyssen.
Comme Le Livre du bonheur.
Elle fut à l'origine de Actes Sud grace à Nyssen.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Nina Berberova
L'accompagnatrice :
Si Sonetchka avait accepté de bonne grâce, l'opportunité qui s'offrait à elle en devenant l'accompagnatrice d'une belle et virtuose soprano, il n'y aurait pas eu de roman !
Et vous n'avez pas honte (...)Vous n'avez pas honte, Sonetchka. Nous attendions tellement de vous. dira un des personnages.
Tout le récit tend à décrire cette bourgeoisie russe qui se prépare à l'exil et le regard que porte Sonetchka sur les événements quotidiens, regard d'une vie jusque là faite d'une immense misère.
Mélange d'admiration, d'envie, de suspicion, de haine : tous ces sentiments traversent l'accompagnatrice qui devient le spectateur d'une vie qui est si nouvelle pour elle.
Ce roman,qui nous emporte grâce à la fluidité de son écriture, nous permet de découvrir la vie dans cette Russie d'après la révolution d'Octobre en nous "présentant" des personnages secondaires qui vivent dans les souvenirs de Sonetchka. Et c'est l'autre versant du récit, en fait, pour moi.
C'est un livre qui m'a laissée très triste, en le renfermant : tant d'amertume l'habite...
Mots-clés : #exil #musique #social
Présentation de l'éditeur.En quelques scènes où l'économie des moyens renforce l'efficacité du trait, Nina Berberova raconte ici les relations d'une soprano issue de la haute société pétersbourgeoise, avec Sonetchka, son accompagnatrice, bâtarde et pauvre; elle décrit leur exil dans les années qui suivent la révolution d'Octobre, et leur installation à Paris où leur liaison se termine dans le silencieux paroxysme de l'amour et de la haine. Virtuose de l'implicite, Nina Berberova sait tour à tour faire peser sur les rapports de ses personnages l'antagonisme sournois des classes sociales et l'envoûtement de la musique (il y a sur la voix quelques notations inoubliables). Par ce roman serré, violent, subtil, elle fut, en 1985, reçue en France, où elle avait passé plus de vingt ans avant de s'exiler définitivement aux Etats-Unis.
Si Sonetchka avait accepté de bonne grâce, l'opportunité qui s'offrait à elle en devenant l'accompagnatrice d'une belle et virtuose soprano, il n'y aurait pas eu de roman !
Et vous n'avez pas honte (...)Vous n'avez pas honte, Sonetchka. Nous attendions tellement de vous. dira un des personnages.
Tout le récit tend à décrire cette bourgeoisie russe qui se prépare à l'exil et le regard que porte Sonetchka sur les événements quotidiens, regard d'une vie jusque là faite d'une immense misère.
Mélange d'admiration, d'envie, de suspicion, de haine : tous ces sentiments traversent l'accompagnatrice qui devient le spectateur d'une vie qui est si nouvelle pour elle.
Ce roman,qui nous emporte grâce à la fluidité de son écriture, nous permet de découvrir la vie dans cette Russie d'après la révolution d'Octobre en nous "présentant" des personnages secondaires qui vivent dans les souvenirs de Sonetchka. Et c'est l'autre versant du récit, en fait, pour moi.
C'est un livre qui m'a laissée très triste, en le renfermant : tant d'amertume l'habite...
Mots-clés : #exil #musique #social
Invité- Invité
Re: Nina Berberova
Nouvelle, apparemment écrite en 1927, publiée par Actes Sud en 1995, une soixantaine de pages.
À Rostov, une jeune femme, d'un milieu aisé si l'on en croit son habillement, débarque d'un train de marchandises.
Elle loue une chambre, qui est en fait un salon, chez les sœurs Koudélianov, qui ont en quelque sorte démembré leur maison au décès de l'homme de la famille pour louer des chambres et s'assurer quelques subsides.
La nouvelle se passe dans les années de guerre révolutionnaire, le front est proche, l'épidémie de typhus échauffe les cerveaux.
Dans cette atmosphère tout ce qu'il y a de plus délétère les sœurs guignent le peu d'habits, de bijoux, de bien qu'a pu emporter la fuyarde.
Celle-ci, légèrement malade, se retrouve aux mains des tenancières, qui voient là un signe certain du typhus...
Nouvelle sordide, cruelle, mais cependant lumineuse, magnifiquement menée par Berberova, du grand art.
Peut-être reçoit-elle un éclairage nouveau aujourd'hui, pour un enfonçage de porte ouverte précisons en temps de pandémie, et aussi en temps de réfugiés que nous ne savons accueillir...mais il y a bien plus que ça en germe dans ces quelques pages.
\Mots-clés : #exil #huisclos #nouvelle #temoignage #trahison #xxesiecle
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Nina Berberova
merci Aventin ! ça m'intéresse !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Nina Berberova
Merci Aventin, c'est une écrivaine que j'admire beaucoup, je pensais d'ailleurs la lire bientôt.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Nina Berberova
Je confirme : L'Accompagnatrice, Le Livre du bonheur, C'est moi qui souligne... Je continuerai.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Nina Berberova
C'est moi qui souligne Actes sud 1989
Ce livre, qui se présente comme une forme d'autobiographie, est surtout la façon dont Nina Berberova a traversé le siècle.
Née en Russie, sous l'empire tsariste, dans une famille aisée russo-arménienne, elle va connaître une enfance facile. puis arrive la révolution, elle vit à Petersbourg. C'est une enfant pleine de fantaisie, qui semble peu attachée à sa famille, elle propose à une de ses amies d'échanger leurs mères, celle de son amie lui plaisant plus que la sienne. Il y avait déjà le besoin d'aller voir ailleurs, d'explorer des mondes nouveaux.
Les livres , et les échanges avec ses amies autour des livres tiennent déjà une place importante.
La révolution arrive.
La famille déménage dans un appartement communautaire, dans lequel ils occupent deux chambres. C'est le début, à la fois de longues années de dénuement, voire de famine, mais également des années d'études, de rencontres avec des auteurs, les premiers écrits poétiques.
Très souvent, Nina Berberova, lorsqu'elle les cite, mentionne très sobrement, qu'ils ont été fusillés, ou sont morts en déportation, assassinés.
Elle quitte la Russie avec celui qui sera son premier mari, l'écrivain Khodassevitch.
Ils arrivent à Paris, après être passés par Prague, Berlin.
Ils vont vivre d'expédients, n'ayant le droit de travailler que comme indépendants. Ils écrivent dans des revues russes, Nina occupent des emplois de couturière, secrétaire... Leur vie est très pauvre, misérable. Trouver de quoi se payer le nécessaire est un défi quotidien. Cependant, la richesse intellectuelle de cette diaspora russe compense toutes les difficultés. Peu à peu la dépression de Khodassovitch devient trop pesante pour Nina, qui le quitte pour épouser un peintre qu'elle ne nomme que par ses initiales. Elle continuera à soutenir son premier mari ainsi que la nouvelle femme de celui-ci qui mourra en déportation.
La seconde guerre mondiale arrive, avec son cortège d'emprisonnements, de déportations, de dénonciations. Après la guerre Nina se sépare de son deuxième mari, puis ne trouvant plus autour d'elle ce chaleureux groupe de russes émigrés, morts, ou repartis en Russie, ou bien ont émigré aux USA, elle décide de partir à New York, quasiment sans un sou en poche. Elle sera aidée sur place par les russes émigrés, entre autres la dernière fille de Tolstoï. Elle dit peu de choses de sa vie américaine, précaire au début, puis plus facile ensuite lorsqu'elle enseignera la littérature russe à l'université, rien de son troisième mari.
C'est très étrange cette autobiographie, dans laquelle l'auteure parle finalement très peu d'elle, mais se veut un témoin de son époque. J'ai été également surpris par le peu d'interactions qu'elle semble avoir eu avec les français, si on excepte le voisin fou qui l'a séquestrée après la guerre et a essayé de l'assassiner. Les auteurs français, bien trop complaisants avec Moscou et fermant les yeux sur les exécutions, voire les justifiant la révoltent. Elle semble avoir plus apprécié la spontanéité des américains, plus proche de celle des russes.
J'ai apprécié ce livre, sauf le passage dans lequel elle transcrit son journal (que j'ai sauté rapidement) Il y a une analyse de la mentalité russe, qui me semble à méditer, au vu des évènements de la semaine dernière.
Ce livre, qui se présente comme une forme d'autobiographie, est surtout la façon dont Nina Berberova a traversé le siècle.
Née en Russie, sous l'empire tsariste, dans une famille aisée russo-arménienne, elle va connaître une enfance facile. puis arrive la révolution, elle vit à Petersbourg. C'est une enfant pleine de fantaisie, qui semble peu attachée à sa famille, elle propose à une de ses amies d'échanger leurs mères, celle de son amie lui plaisant plus que la sienne. Il y avait déjà le besoin d'aller voir ailleurs, d'explorer des mondes nouveaux.
Je lui suggérai de venir vivre chez nous à ma place pendant un mois. Puis nous pourrions aller dans d'autres familles. On apprendrait plus comme ça sur la vie et on grandirait plus vite.
Les livres , et les échanges avec ses amies autour des livres tiennent déjà une place importante.
La révolution arrive.
J'avais dix-huit ans et je n'avais pas encore d'identité sociale. La révolution était le terreau sur lequel j'allais me développer, je n'en connaissais pas d'autre. L'avenir comptait plus que le passé. p.127
La famille déménage dans un appartement communautaire, dans lequel ils occupent deux chambres. C'est le début, à la fois de longues années de dénuement, voire de famine, mais également des années d'études, de rencontres avec des auteurs, les premiers écrits poétiques.
Très souvent, Nina Berberova, lorsqu'elle les cite, mentionne très sobrement, qu'ils ont été fusillés, ou sont morts en déportation, assassinés.
Elle quitte la Russie avec celui qui sera son premier mari, l'écrivain Khodassevitch.
Ils arrivent à Paris, après être passés par Prague, Berlin.
Ils vont vivre d'expédients, n'ayant le droit de travailler que comme indépendants. Ils écrivent dans des revues russes, Nina occupent des emplois de couturière, secrétaire... Leur vie est très pauvre, misérable. Trouver de quoi se payer le nécessaire est un défi quotidien. Cependant, la richesse intellectuelle de cette diaspora russe compense toutes les difficultés. Peu à peu la dépression de Khodassovitch devient trop pesante pour Nina, qui le quitte pour épouser un peintre qu'elle ne nomme que par ses initiales. Elle continuera à soutenir son premier mari ainsi que la nouvelle femme de celui-ci qui mourra en déportation.
La seconde guerre mondiale arrive, avec son cortège d'emprisonnements, de déportations, de dénonciations. Après la guerre Nina se sépare de son deuxième mari, puis ne trouvant plus autour d'elle ce chaleureux groupe de russes émigrés, morts, ou repartis en Russie, ou bien ont émigré aux USA, elle décide de partir à New York, quasiment sans un sou en poche. Elle sera aidée sur place par les russes émigrés, entre autres la dernière fille de Tolstoï. Elle dit peu de choses de sa vie américaine, précaire au début, puis plus facile ensuite lorsqu'elle enseignera la littérature russe à l'université, rien de son troisième mari.
C'est très étrange cette autobiographie, dans laquelle l'auteure parle finalement très peu d'elle, mais se veut un témoin de son époque. J'ai été également surpris par le peu d'interactions qu'elle semble avoir eu avec les français, si on excepte le voisin fou qui l'a séquestrée après la guerre et a essayé de l'assassiner. Les auteurs français, bien trop complaisants avec Moscou et fermant les yeux sur les exécutions, voire les justifiant la révoltent. Elle semble avoir plus apprécié la spontanéité des américains, plus proche de celle des russes.
J'ai apprécié ce livre, sauf le passage dans lequel elle transcrit son journal (que j'ai sauté rapidement) Il y a une analyse de la mentalité russe, qui me semble à méditer, au vu des évènements de la semaine dernière.
En Occident, les gens ont en commun un chu sacré, ce mot chinois désignant quelque chose que tous respectent, quelles que soient par ailleurs leurs opinions. De là surgit un équilibre qui est l'un des facteurs déterminants de la culture et de la démocratie occidentales. Mais dans l'intelligentsia russe, les tendances révolutionnaires et réactionnaires n'ont pas été des facteurs d'équilibre: il n'y a jamais eu de chu, sans doute parce que les Russes sont le plus souvent incapables de compromis. Le mot même, qui en Occident implique une notion de créativité et de modération, est synonyme, en Russie de lâcheté et de mesquinerie. p.194
Albert- Messages : 162
Date d'inscription : 23/04/2023
Localisation : région parisienne
Re: Nina Berberova
merci Albert pour ton intéressant commentaire
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
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