Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
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Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Marceline Loridan-Ivens, née Rozenberg est née de parents Juifs polonais, émigrés en France depuis 1919. Au début de la Seconde Guerre mondiale, sa famille s'installe dans le Vaucluse. C'est là qu’elle entre dans la Résistance. Capturée par la Gestapo avec son père, Szlama Rozenberg, elle est envoyée à Auschwitz-Birkenau par le convoi 71 du 13 avril 1944, dans le même convoi que Simone Veil et Anne-Lise Stern, puis à Bergen-Belsen, enfin au camp de concentration de Theresienstadt. Elle recouvre la liberté à la libération du camp, le 10 mai 1945 par l'Armée rouge.
Elle épouse Francis Loridan, jeune ingénieur en travaux publics, engagé sur des chantiers lointains. Des années plus tard ils divorceront et Francis autorisera Marceline à conserver son nom.
Elle adhère au Parti communiste français en 1955 et le quitte un an plus tard. Elle croise alors des « déviationnistes », comme le philosophe Henri Lefebvre ou le sociologue Edgar Morin, tape des manuscrits pour des intellectuels, travaille au service reprographie d'un institut de sondage, est « porteuse de valises » pour le FLN et fréquente les nuits parisiennes de Saint-Germain-des-Prés.
Elle tient un monologue place de la Concorde à Paris dans le film documentaire de Jean Rouch et Edgar Morin, Chronique d'un été (1961), qui est l'un des premiers témoignages filmés de la déportation durant la Seconde Guerre mondiale.
En 1963, elle rencontre et épouse le réalisateur de documentaires Joris Ivens de trente ans son aîné. Elle l'assiste dans son travail et coréalise certains de ses films comme Le 17e parallèle en 1968. Ils ont une liaison et partent ensemble pour le Vietnam, où ils sont reçus par le président Hô Chi Minh.
De 1972 à 1976, pendant la révolution culturelle déclenchée par le président Mao Zedong, Joris Ivens et Marceline Loridan travaillent en Chine et réalisent Comment Yukong déplaça les montagnes composé d'une série de 12 films. Critiqués par Jiang Qing, la femme de Mao, ils doivent quitter précipitamment la Chine.
En 2003, elle réalise un film de fiction, La Petite Prairie aux bouleaux, avec Anouk Aimée, très inspiré de son parcours dans les camps (le titre est la traduction du nom polonais Brzezinka, germanisé en Birkenau).
Elle a donné des conférences et témoigné dans les collèges et les lycées sur la Shoah.
Oeuvres autobiographiques
- Spoiler:
- 17ème parallèle, la guerre du peuple, deux mois sous la terre, 1968, Les éditeurs français réunis
Ma vie Balagan, 2008, robert Laffont
- Spoiler:
- Réalisatrice[/b]
1962 : Algérie, année zéro - Documentaire coréalisé avec Jean-Pierre Sergent
1968 : Le 17e parallèle - Documentaire coréalisé avec Joris Ivens
1976 : Comment Yukong déplaça les montagnes - Série de documentaires coréalisés avec Joris Ivens
1976 : Une histoire de ballon, lycée n° 31 Pékin - Court-métrage (19 min) de la série, coréalisé avec Joris Ivens
1977 : Les Kazaks - Documentaire coréalisé avec Joris Ivens
1977 : Les Ouigours - Documentaire coréalisé avec Joris Ivens
1988 : Une histoire de vent - Documentaire-fiction coréalisé avec Joris Ivens
2003 : La Petite Prairie aux bouleaux
Actrice
1961 : Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin
1999 : Peut-être de Cédric Klapisch
2008 : Les Bureaux de Dieu de Claire Simon
2008 : Une belle croisière, de Boris Lehman
2013 : Les Beaux Jours de Marion Vernoux
Scénariste
2003 : La Petite Prairie aux bouleaux - Sous le nom Marceline Loridan-Ivens
Dans la culture populaire
2014 : La Loi, téléfilm de Christian Faure, joué par Aurélia Petit.
Judith Perrignon, née en 1967, est une journaliste, écrivaine et essayiste française.
Entrée en 1991 au journal Libération comme journaliste politique, elle fera un détour par la page « portrait » du journal, avant de le quitter en avril 2007. Depuis, elle collabore en tant que pigiste aux revues Marianne, M, le magazine du Monde et XXI et elle s'adonne à l'écriture de livres.
Livres avec Marceline Loridan-Ivens
Et tu n'est pas revenu, avec Judith Perrigon, 2016, Grasset, Page 2
L'amour après, avec Judith Perrigon, 2017, Grasset, Page 1, 2
fil personnel : https://deschosesalire.forumactif.com/t280-judith-perrignon
MAJ de l'index le 07/04/2019
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
avec Judith Perrignon
Au crépuscule de sa vie, lumineux quoiqu'elle perde la vue, Marceline Loridan-Ivens rouvre la valise de ses archives et se rappelle comment, au retour des camps, avec "l'ombre de la mort" dans son dos, elle a fait le choix de la liberté, là où beaucoup de ses compagnes ont choisi le mariage, la sagesse, les enfants, cadre rassurant pour dépasser l'empreinte infernale. Comment elle joue le "jeu de la séduction dont j'avais abusé pour me rassurer, par simple peur d'être aspirée par le vide".
C'est l'occasion de parler d'un corps qui ne peut que se souvenir des sévices, de l'usage d'une espèce de liberté qu'elle a paradoxalement apprise dans les camps, où, jetée à 15 ans, elle s'est affranchie de toute tutelle pour ne vivre que par elle-même. C'est aussi l'occasion de parler d'amour dans cette incroyable relation partagée avec Joris Ivens, d'amitié, notamment avec quelques pages très fortes sur Simone Veil, si différente et si proche, de ce lien impossible à couper entre les survivant(e)s.
C'est un texte que la belle écriture de Judith Perrignon contribue à rendre aussi joyeux que terrible, vivant, en quelque sorte, de cette énergie de savoirs, de relations, de combats qui a conduit Marceline Loridan-Ivens.
Seuls comptent la quête, le mouvement, le sens.
Sans mentir, franche, résolue, elle ne franchit jamais les limites d'une impudeur, ni sur l'horreur ou la douleur, ni sur la joie, ni sur le plaisir. Les dernières pages sont bouleversantes, elle se retrouve seule dans le lit de son conjoint décédé reste de son côté, puis adopte le milieu. Tout cela est bien remuant. Il y a une beauté à cette façon de mener sa vie.
Mots-clés : #amour #autobiographie #campsconcentration #conditionfeminine #correspondances #temoignage
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Une femme libre et lumineuse, d'une franchise déroutante, totalement iconoclaste, et férue de découvertes et d'expérimentations (notamment amoureuses !) Un sacré personnage !
Vous pouvez revoir son passage dans la grande librairie par exemple ici : clic
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Et, oui, elle impressionnait autant par son humour que par sa philosophie de la vie.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
« Tous les hommes que j'ai rencontrés, je les ai aimés ‒ Ah ouais. Même ceux que j’ai oubliés ‒ et il y en a pas mal. Maintenant je me rends compte que j’en ai oublié pas mal ‒ je suis une vraie salope quand même ! »
Marceline Loridan-Ivens, La grande librairie, 18 janvier 2018
« Tous les hommes que j’ai aimés, je les ai aimés. Je ne vois pas pourquoi un jour tu rejetterais comme une vieille chaussette, non : si tu l’as aimé un jour, tu l’aimes toujours. »
Marceline Loridan-Ivens, France Culture, 31 janvier 2018
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
L'amour après
Ca y est, je l'ai lu, le récit de ce drôle de bout de femme, qui à près de 90 ans fume encore des joints et invite des jeunes hommes à danser. C'est un récit à son image, alerte, sans temps mort, sans fausse pudeur mais sans dévoilement excessif, qui dit en creux l'infinie solitude des survivants de la Shoah. Le silence, voulu ou subi, l'impossible partage, et la vie comme un tourbillon, pour ne pas sombrer.
Marceline Loridan-Iven a refusé les carcans de son époque, la vie de mère de famille rangée qu'on lui promettait. Elle a beaucoup expérimenté, beaucoup cherché, et s'est peut-être parfois perdue dans les mirages de Saint-Germain des Prés et le côté rassurant de toutes les conquêtes qu'elle accumulait sans y accorder beaucoup d'importance. C'est finalement auprès du réalisateur Joris Ivens qu'elle est enfin parvenue à réconcilier en elle "la femme et la survivante".
Il y a des pages magnifiques dans ce récit, notamment, comme l'a déjà dit topocl, sur Simone Veil, qui partageait son baraquement à Auschwitz. Un temps perdue de vue, puis retrouvée, et plus jamais quittée. Deux femmes aux antipodes liées par une amitié indéfectible.
Le livre est court, incisif, et ne s'embarrasse pas de fioritures et de minauderies. Ca claque, ça percute, ça vous serre le cœur et ça vous remue les entrailles, et ça vous laisse tout pantelant. Non décidément, ça ne peut pas vous laisser indifférent. Au bout d'un moment j'ai arrêté de noter, j'aurais voulu tout citer.
Sacré bout de femme, sacré sens de la formule !
A lire de toute urgence.
Grand merci à topocl !
Il m'a fallu du temps pour comprendre que le plaisir vient du fantasme, puis de l'abandon. J'avais peur de l'abandon, c'était l'une des pires choses au camp, se relâcher, abandonner la lutte de chaque jour, flirter avec volupté vers l'idée que tout vous est égal, et devenir une loque qui n'attend plus que la mort. Il m'a fallu faire taire la mauvaise voix en moi, celle qui parle la langue du camp, qui est chargée de son inhumanité, qui nous dédouble sans cesse, moi et bien d'autres qui ont connu le même sort. Ce que je cherchais dans l'étreinte d'un homme, c'était une place dans ce monde, une échappée, mais qu'avais-je à lui offrir en retour ? Pas grand-chose. Chaque fois je m'enfuyais. J'avais besoin d'éprouver ma liberté.
Dernière édition par Armor le Dim 5 Aoû - 23:41, édité 5 fois
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Armor- Messages : 4589
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Armor a écrit:Sacré bout de femme, sacré sens de la formule !
Je m'interroge sur la part de Judith Perrignon dans le style ?
En tout cas, il est heureux qu'elle ait recueilli ce témoignage (le refus de procréer déjà est parlant).
Le rapprochement avec Simone Veil, autre grande dame, m'interpelle aussi.
Sinon, quelqu'un aurait lu de ses autres livres ?
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Et bien il te suffit de lire l'Intraquille, où elle accouche splendidement Garouste,et qui ne pourrait que t'intéresser, mais aussi ses romans plus personnels, par exemple les faibles et les forts, pour voir que Judith Perrignon a une sacrée plume.Tristram a écrit:Je m'interroge sur la part de Judith Perrignon dans le style ?
Qu'est-ce que tu veux dire par là?Tristram a écrit:(le refus de procréer déjà est parlant)
Je vais m'y attacher .Tristram a écrit:Sinon, quelqu'un aurait lu de ses autres livres ?
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
(le refus de procréer déjà est parlant)
l'idée fait penser à Kaddish pour un enfant qui ne naîtra pas d' Imre KERTÉSZ
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Sinon, j'envisage sérieusement de me plonger dans la lecture de ces deux auteures..
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Localisation : Roanne
Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Tristram a écrit:Oui Topocl, Bédoulène a raison, je faisais allusion au moment où elle apostrophe le public féminin dans La grande librairie, pour l'engager à ne pas faire d'enfants.
Sinon, j'envisage sérieusement de me plonger dans la lecture de ces deux auteures..
C'est apaisant parfois aussi d'entendre ce son de cloche... ça change...
Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
Pourquoi devrait-elle concerner seulement la Chine ou l' Inde ?
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
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Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
(Otello arrête de faire le geek !!!
j'arrive pas à écrire un post il met des zzzzzzzou ppppp ou pppssttt ou quoi encore et en plus il mange mon fromage et mes haricots verts ! )
églantine- Messages : 4431
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