Judith Perrignon
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Judith Perrignon
Judith Perrignon, née en 1967, est une journaliste, écrivaine et essayiste française.
Entrée en 1991 au journal Libération comme journaliste politique, elle fera un détour par la page « portrait » du journal, avant de le quitter en avril 2007. Depuis, elle collabore en tant que pigiste aux revues Marianne, M, le magazine du Monde et XXI et elle s'adonne à l'écriture de livres.
Œuvres
Mauvais génie, cosigné avec Marianne Denicourt, 2005
C'était mon frère, 2006
La Nuit du Fouquet's, cosigné avec Ariane Chemin, 2007
Lettre à une mère et Les Secrets des mères, avec le professeur René Frydman, 2008
L'Intranquille, autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou, cosigné avec Gérard Garouste, 2009 : Page 1
Les Chagrins, 2010 : Page 1
Les Yeux de Lira avec Eva Joly, 2011
N'oubliez pas que je joue avec Sonia Rykiel, 2012
Les Faibles et les Forts, 2013
Et tu n'es pas revenu, avec Marceline Loridan-Ivens, 2015.
Victor Hugo vient de mourir, L'Iconoclaste, 2015
màj le17/11/2017
en commun avec Marceline Loridan-Ivens : https://deschosesalire.forumactif.com/t2011p20-marceline-loridan-ivens-avec-judith-perrignon
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Judith Perrignon
Cinq ans en prison, à 20 ans, pour un casse foireux avec son amoureux, alors que d'autres montent les barricades de mai.. Un amour-passion fou pour elle, une étape pour lui. Croit-il. En prison nait Angèle, et meurt la joie d'Helena, son enthousiasme, sa capacité d'amour. A la mort de celle-ci, la prison a été détruite, mais des pistes sont là, des lettres, des témoins, autant de traces d' une vie perdue pour cause d' amour perdu, laissées à une petite fille mal aimée qui enfin pourra cerner cette mère étrange.
Je ne sais ce qui est plus poignant de cette mère qui ne sait plus aimer ou de cette fillette délaissée, à l'heure où un vent de liberté souffle sur le destin des autres. Le temps a passé, Angèle se penche sur cette histoire avec autant de douceur que d'obstination, car comprendre peut-être pansera les plaies. Judith Perrignon raconte cette histoire de passions inexprimées, de blessures trainées, de mots non-dits, avec une économie de moyens qu'exprime un style d'une belle sobriété.
Roman d'amour et de désamour, roman d'une vie qui a mal tourné, est devenue grise et creuse parce qu'un jour Héléna a trop aimé, Les chagrins porte de belles émotions contenues. J'ai beaucoup aimé le regard de Judith Perrignon sur des êtres que la vie n'a pas épargnés, et cette façon de donner la parole à divers points de vue, mais jamais à Héléna, qui garde sa part de mystère.
(commentaire rapatrié)
Dernière édition par topocl le Jeu 15 Déc - 8:33, édité 1 fois
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Flore Vasseur
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Re: Judith Perrignon
Gérard Garouste, peintre coté sur le marché international de l'art, plus ou moins considéré comme « officiel », raconte comment un homme se construit, ce déconstruit, puis se reconstruit perpétuellement, un homme, c'est-à-dire lui-même.
Et tout y est. L'histoire familiale et ses secrets peu a peu découverts, le père autoritaire - plus qu'autoritaire : terrorisant, pour lequel il fallut à Garouste des années avant de comprendre qu'il l’aimait cependant,
un mélange de force physique et de bêtise, un faible s'abritant derrière la colère
la mère transparente à force d'être effacée, les années d'apprentissage tantôt douces et tantôt rudes, les rencontres de passage, anonymes ou célèbres, qui ouvrirent une piste, donnèrent un espoir, tracèrent un chemin.
J'aurais pu sombrer, rester dans l'ignorance, laisser s’user ma vie sans même qu’elle ait commencé, mais je sentais grandir en moi l’urgence et j'avais tellement le sentiment d'être fragile que je n'avais plus rien à perdre.
Ainsi se fait peu à peu le chemin de Garouste, homme aux racines torturées, jamais bien à sa place, et errant entre un art salvateur et une folie dévastatrice, perpétuellement porté par l'un et menacé par l'autre.
Car la personne dont j'avais le plus peur n'était pas mon père, mais moi.
Être dans la lune, c'est une soupape de sécurité quand les choses deviennent insupportables.
Je peins, débarrassé de l'excitation du succès, je ne redoute que le prochain internement.
Je suis fragile 24 heures sur 24.
Un chemin où la émotion est une menace, la peinture un exutoire, la pensée un tuteur, pour un homme élevé dans un antisémitisme mortifère, qui adopte les rituels juifs de son épouse juive, étudie la Torah, en tire une pensée de dignité et de tolérance qui est son soutien quotidien.
Le Talmud dit d'ailleurs qu'il ne faut pas lire la Bible seul, elle se discute, elle s'arrange pour être compliquée et faire douter les hommes.
Qu'on ne me demande pas si je suis encore athée, c’est une question de catholiques qui oblige à se situer par rapport à la foi. Je me fous de l'existence de Dieu, appelons le x et raisonnons sur nous-mêmes. J'ai besoin d'une réflexion sur l'être et la connaissance, j'y vois comme une architecture de la pensée.
Et parlons de son épouse, Élisabeth, évoquée, suggérée, déesse protectrice du peintre maudit, toujours là, discrète mais solide, ancrage salvateur.
Un livre concis et intelligent, sur un grand artiste qui interpelle, mais n'en est pas moins un homme, un homme qui pense et qui souffre. Un témoignage d’une humble lucidité pour un quêteur de vie que son talent a placé sous les projecteurs, et qui a refusé de se laisser éblouir par eux.
(commentaire rapatrié)
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Judith Perrignon
merci topocl, une lecture à faire (j'ai Et tu n'es pas revenu en attente d'ailleurs)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Judith Perrignon
Et tu n'es pas revenu
avec Marceline Loridan-Ivens
Des camps, Marceline est revenue à 17 ans, mais son père, parti avec elle, n'est pas revenu. Avec une belle intelligence affective, elle raconte, 75 ans après, parce que c'est toujours là, comment "Mon retour est synonyme de ton absence". Comment ce mari, ce père, dont on ne sait rien de ses derniers mois et de sa mort, qui n'a même pas de tombe, a manqué, laissant une béance impossible à combler, définitivement traumatisante. Elle raconte l'impossible retour, l'impossible réconciliation au monde.
mots-clés : #autobiographie #campsconcentration #relationenfantparent
avec Marceline Loridan-Ivens
Pourquoi une fois revenue au monde, était-je capable de vivre ? C'était comme une lumière aveuglante après des mois dans le noir, c'était violent, les gens voulaient que tout ressemble à un début, ils voulaient m'arracher à mes souvenirs, ils se croyaient logiques, en phase avec le temps qui passe, la roue qui tourne, mais ils étaient fou, pas que les Juifs, tout le monde ! La guerre terminée nous rongeait tous de l'intérieur.
Des camps, Marceline est revenue à 17 ans, mais son père, parti avec elle, n'est pas revenu. Avec une belle intelligence affective, elle raconte, 75 ans après, parce que c'est toujours là, comment "Mon retour est synonyme de ton absence". Comment ce mari, ce père, dont on ne sait rien de ses derniers mois et de sa mort, qui n'a même pas de tombe, a manqué, laissant une béance impossible à combler, définitivement traumatisante. Elle raconte l'impossible retour, l'impossible réconciliation au monde.
mots-clés : #autobiographie #campsconcentration #relationenfantparent
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topocl- Messages : 8546
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Re: Judith Perrignon
Marceline Loridan-Ivens est morte ..
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/09/19/marceline-loridan-ivens-s-ur-de-camp-de-simone-veil-est-morte_5357268_3382.html
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/09/19/marceline-loridan-ivens-s-ur-de-camp-de-simone-veil-est-morte_5357268_3382.html
Nadine- Messages : 4882
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Re: Judith Perrignon
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Armor- Messages : 4589
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Re: Judith Perrignon
Là où nous dansions
Autant Judith Perrignon m’a séduite quand elle donnait la parole intime à des personnalités attachantes et tourmentées (Gérard Garouste, Marceline Loridan-Ivens ), autant elle m’impressionne quand elle décide de décrire, rien que ça, le destin d'une ville, en l'occurrence Detroit : grandeur et décadence. Et à travers cette ville, le destin du capitalisme et son arrogance comme le destin des individus, en particulier des Noir·es alternativement discriminé·es, amadoué·es, spolié·es, au final toujours bafoué·es…
De l'apogée du fordisme à l'effondrement, de l'abandon à la résurgence financière, elle nous parle la vie des immeubles détruits par les promoteurs, des autoroutes, prenant la place des logements. Et à travers eux, des vies touchantes et vibrantes des habitant.es, écrasé·es par la grosse machine, de celles et ceux qui s'en sortent, petits et grands destins de chanteurs.ses, de flics, d’artistes comme de ceux et celles qui subissent, plongent dans la détresse, la drogue, la délinquance.
Là où nous dansions est un ambitieux emporté haut la main par Judith Perrignon, grâce à son style lyrique, sa vision inclusive, son attachement à l'intime des êtres, sa détestation du libéralisme.
\Mots-clés : #economie #lieu #segregation #social
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Judith Perrignon
sujet intérêssant, la ville de Détroit ; merci topocl de nous faire connaître ce livre de Perrignon.
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Bédoulène- Messages : 21642
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