Francesca Melandri

Francesca Melandri, née le 9 juin 1964 à Rome, est une écrivaine, scénariste et documentariste italienne. Francesca Melandri est la sœur de la femme politique Giovanna Melandri.

Francesca Melandri commence sa carrière comme scénariste notamment pour des films de Cristina Comencini, Lamberto Bava, et Maurizio Zaccaro mais principalement pour la télévision italienne en participant à l'écriture de diverses séries. Elle est également l'auteure d'un documentaire, intitulé Vera (2010), sur le témoignage d'une Croate juive, survivante des camps d'extermination.

En 2010, elle publie son premier roman, Eva dort.

Œuvre

- Eva dort [« Eva dorme », 2010], Gallimard, 2012,
- Plus haut que la mer [« Più alto del mare », 2012], Gallimard, 2015,
- Tous, sauf moi [« Sangue giusto », 2017], Gallimard, 2019

Eva dort



Tout au long des 1397km qui l’amènent au chevet de l’homme mourant qui aurait pu être son père si la vie était plus aimable,  et qu’elle n’a pas vu depuis 30 ans, Eva se remémore les évènements qui l’ont construite, imbriquant l’histoire familiale (d’une mère célibataire) et collective (le Tyrol du Sud, population allemande que Mussolini a voulu italianiser, qui a revendiqué son indépendance au fil des décennies, y compris par des actes terroristes).

On voyage donc très habilement entre temps et espace, récit personnel et destin d’un peuple. Le sort de ces Allemands du Nord de l’Italie est resté longtemps méconnu, y compris là-bas , et Francesca Melandri nous apprend  beaucoup de choses, sous une forme romanesque élaborée parfaitement maîtrisée, à travers des personnages complexes et attachants.


Mots-clés : #conditionfeminine #famille #historique #relationenfantparent

J'avais aimé cette histoire dramatique impliquant une famille et un pays.
Histoire qui se répète au fil des guerres, notamment dans les Balkans au début du 20e siècle.

Hum c'est bien tentant, d'autant que je ne connais absolument l'histoire de ce coin, et que tu donnes bien envie d'en savoir plus.

Ca pourrait bien t'aller, Armor!

Armor a écrit:Hum c'est bien tentant, d'autant que je ne connais absolument l'histoire de ce coin, et que tu donnes bien envie d'en savoir plus.

A condition, dans ton cas, de lire l'édition originale de Gallimard et non l'édition de poche !

J'ai suivi la vidéo, merci Bix ; le versant historique, avec le passé autrichien, me fait penser à Magris et Rigoni Stern.

bix_229 a écrit:

Armor a écrit:Hum c'est bien tentant, d'autant que je ne connais absolument l'histoire de ce coin, et que tu donnes bien envie d'en savoir plus.

A condition, dans ton cas, de lire l'édition originale de Gallimard et non l'édition de poche !

Ah merci beaucoup, bix !

merci topocl suis intéressée aussi.

donc ces habitants du Tyrol du Sud "italianisés" me rappellent ceux de l'Istrie et la Dalmatie qui ont été sous régime de l'Autriche (bonne lecture mais dont je ne me souviens pas du nom de l'auteur - topocl ? mais des myrtilles rouges) et considérés comme traitres par l'Italie

Eva dort

Le Tyrol du sud, ou Haut-Adige. Une région que les stylos des vainqueurs de 14-18 séparèrent de l’Autriche pour l’attribuer à l’Italie qui ne la réclamait même pas. Et voilà toute une population sommée de se couler dans une langue et des coutumes qui lui étaient jusqu'alors totalement étrangères... Ce qui ne se fera pas sans résistance, avec d’un côté les négociateurs et leur infinie patience, de l’autre une lutte frontale qui se radicalisera au fil des années, menant à un terrorisme aveugle et indifférent au sort des innocents fauchés par les armes…

Le Tyrol du sud où grandit Gerda est une région âpre, rude. Les terres y sont pauvres, elles ne peuvent nourrir que l’aîné d’une fratrie. Les autres sont priés de trouver leur place ailleurs. Les filles, quant à elles, sont souvent engagées dans des hôtels qui les exploitent. On les qualifient avec mépris de « matelas »… Cette existence, Gerda, cette fille si belle qu’elle fait tourner toutes les têtes, y était promise. Et puis un jour, Gerda l’allemande, la sœur de terroriste, la cuisinière talentueuse, rencontra un Vito, le carabinier italien, et avec lui l’espoir d’une vie heureuse pour elle et pour sa petite Eva. Mais le sort se joue des hommes : Vito, lui aussi, a fini par déserter leurs vies...
Trente ans ont passé et Vito, au seuil de la mort, a rappelé Eva, cette petite fille qui faillit devenir sienne et qu’il n’a jamais oubliée. Durant le long voyage qui la conduit vers lui, défilent la cohorte des souvenirs...

J'ai beaucoup appris durant cette lecture : entremêlant habilement les époques, l’intime et l’historique, Francesca Melandri parvient à rendre tangible l’histoire de ce petit bout de terre méconnu et la lutte de ses habitants pour leur reconnaissance. Mais on est loin d’une simple leçon d’histoire, malgré deux ou trois longueurs vite oubliées. Car pour incarner le profond bouleversement de la région et des mentalités au fil des ans, l’auteur a su créer des personnages infiniment complexes et émouvants, et en particulier celui de Gerda, altière figure d’une émancipation féminine en butte aux carcans sociétaux. Difficile de rester indifférent aux destins de ces êtres aux prises avec l’histoire, l’arbitraire et les passions humaines :  j’ai refermé ce livre la gorge nouée...  Merci topocl !

Je n'avais pas vu ce fil, ça a l'air bien, en effet moi non plus j'ignorais totalement ce truc..Merci !

Ah, je suis contente que ça t'ait plu, Armor!
M. topocl vient de le finir aussi.
En fait ce livre m'a été prêté cet été par un copain, genre Monsieur-je sais-toujours-tout, qui m'a avoué avoir beaucoup appris en effet (il en était étonné lui-même, un truc qu'il ne connaissait pas... mais il m'a rassurée, personne ne connaît, même en Italie. Et c'est d'ailleurs ce que dit F Melandri )

J'ai été tentée dès que j'ai lu ton commentaire, topocl. Et comme il était en stock sur la catalogue de la médiathèque, je l'avais réservé aussitôt.
Personnellement, je savais juste qu'il y avait un petit bout d'Italie germanophone, mais je ne connaissais absolument rien de son histoire récente compliquée.

Vu le nombre de livres dont le didactisme historique appuyé t'a rebutée récemment, topocl, je crois deviner combien l'habileté de l'auteur à mêler grande et petite histoire a dû te plaire !

PS : Ah, les monsieurs-je-sais-tout, tout un poème !