Iouri Bouïda
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Iouri Bouïda
Iouri Bouïda (né en 1954)
Iouri Vassilievitsch Bouïda est un écrivain russe, né à Znamensk dans l’oblast de Kaliningrad, qui jouit d’un certain prestige dans son pays.
Oeuvres traduites en français :
Romans :
Le Train zéro, Gallimard, 1998 (Don Domino 1994)
Yermo, Gallimard, 2002 (Yermo)
Potemkine ou le Troisième Cœur, Gallimard, 2012 (Potemkine ili tret’e serdte)
La Mouette au sang bleu, Gallimard, 2015 (Sinïaaïa Krov)
Recueils de nouvelles
La Fiancée prussienne et autres nouvelles, Gallimard, 2005 (Prusskaya nevesta, 1998)
Epitre à madame ma main gauche et autres histoires, Interférences, 2010 (Poslanie gospoze moej Levoj Ruke)
ArenSor- Messages : 3428
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Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Iouri Bouïda
Le Train zéro
L’action se passe après la dernière guerre dans un lieu perdu de Russie, à l’occasion de la construction d’une gare le long d’une ligne de chemin de fer, la station 9, accompagnée de tout l’équipement nécessaire à son fonctionnement : usine pour le travail de l’acier, menuiserie pour les traverses et leur traitement, centre de transmissions, ferme pour l’alimentation. Quelques « colons » viennent peupler cet établissement. Leur mission : tout mettre en œuvre pour que le passage quotidien à minuit du train zéro se fasse sans encombre :
Car le train zéro, c’est la Patrie !
Et chaque nuit, le train passe à la même heure, toujours identique, avec une régularité de métronome. Et les années passent…
Ivan Ardabiev, le héros de l’histoire, droit dans ses bottes, assume son rôle avec beaucoup de sérieux. Il s’autorise bien quelques virées au bar, chez les prostituées, dérivatifs en pensant à la belle Fira, celle qu’il avait vue un jour :
En effet, Ivan est de plus en plus isolé. Une étrange malédiction semble toucher la petite communauté, les enfants meurent souvent à leur naissance. Beaucoup de colons commencent à s’interroger sur la nature de ce train, ce qu’il transporte. Malheur à ceux qui veulent en savoir plus. Ils disparaissent, meurent ou sombrent dans la folie. Qu’importe les mots, c’est tout comme. Même les rares qui reviennent ne mènent plus qu’une existence machinale, comme Fira qui a perdu au retour sa belle transparence au soleil.
Les années passent, les plafonds se lézardent les herbes envahissent les voies. La plupart des colons ont disparu, morts, partis, c’est tout comme… Mais Ivan est toujours là
Un soir, le train zéro passe à son heure habituelle, mais stupeur, quelques minutes plus tard, un deuxième train s’annonce, puis un troisième…
L’une des forces de ce récit réside dans le passage d’un registre réaliste à une tonalité fantasmagorique en suivant une progression qui tient en haleine le lecteur pour aboutir à un final hallucinant. L’auteur, avec une maîtrise implacable, joue sur différents registres d’arrière-plan qui donnent à son ouvrage une dimension allégorique et métaphorique. Bien sûr, on pense au « Désert des Tartares », à ces références à la shoah, au goulag, au désastre du rêve soviétique, à ces villes et industries en déshérence, à Tchernobyl, à la dictature… On pourrait multiplier les résonnances à l’envi, selon la culture et l’histoire de chacun d’entre nous.
Plus largement, le train zéro nous parle de l’absurdité de la vie, de sa recherche de sens, de Dieu, pour employer de grands termes. Pour l’illustrer, ce dialogue entre Ivan et Fira, plus clair que tout commentaire :
« Le Train zéro » d’Iouri Bouïda n’est peut-être pas un chef d’œuvre, mais on n’en est pas loin à mon avis. Sans conteste l’une de mes lectures les plus fortes de cette année.
mots-clés : #regimeautoritaire #solitude #spiritualité
L’action se passe après la dernière guerre dans un lieu perdu de Russie, à l’occasion de la construction d’une gare le long d’une ligne de chemin de fer, la station 9, accompagnée de tout l’équipement nécessaire à son fonctionnement : usine pour le travail de l’acier, menuiserie pour les traverses et leur traitement, centre de transmissions, ferme pour l’alimentation. Quelques « colons » viennent peupler cet établissement. Leur mission : tout mettre en œuvre pour que le passage quotidien à minuit du train zéro se fasse sans encombre :
" Cent wagons aux portes bouclées à mort et plombées, deux locomotives à l’avant, deux à l’arrière – tcouk-tchouk…hou-ou ! Cent wagons. Lieu de départ, inconnu. Lieu de destination, secret. On tient sa langue. Votre boulot n’est pas sorcier : les voies doivent être en état. De là à là. Ric-rac. »
Car le train zéro, c’est la Patrie !
Et chaque nuit, le train passe à la même heure, toujours identique, avec une régularité de métronome. Et les années passent…
Ivan Ardabiev, le héros de l’histoire, droit dans ses bottes, assume son rôle avec beaucoup de sérieux. Il s’autorise bien quelques virées au bar, chez les prostituées, dérivatifs en pensant à la belle Fira, celle qu’il avait vue un jour :
Mais la raison d’être d’Ivan est bien le train :« debout dans une minuscule cuvette de rien du tout, avec une cruche dans une main, tenant de l’autre ses cheveux relevés, et le soleil qui entrait par la fenêtre la traversait de part en part, il avait vu distinctement son cœur qui palpitait comme un oiseau, la masse brumeuse de son foie, la clochette azurée et translucide de sa vessie, ses os bleus qui flottaient dans la compote rosée de sa chair. »
« Et tant qu’il est ce combattant, tant qu’il est vivant, le train zéro est vivant, la Ligne est vivante, la Russie est vivante, le monde est vivant. »
En effet, Ivan est de plus en plus isolé. Une étrange malédiction semble toucher la petite communauté, les enfants meurent souvent à leur naissance. Beaucoup de colons commencent à s’interroger sur la nature de ce train, ce qu’il transporte. Malheur à ceux qui veulent en savoir plus. Ils disparaissent, meurent ou sombrent dans la folie. Qu’importe les mots, c’est tout comme. Même les rares qui reviennent ne mènent plus qu’une existence machinale, comme Fira qui a perdu au retour sa belle transparence au soleil.
Les années passent, les plafonds se lézardent les herbes envahissent les voies. La plupart des colons ont disparu, morts, partis, c’est tout comme… Mais Ivan est toujours là
Un soir, le train zéro passe à son heure habituelle, mais stupeur, quelques minutes plus tard, un deuxième train s’annonce, puis un troisième…
L’une des forces de ce récit réside dans le passage d’un registre réaliste à une tonalité fantasmagorique en suivant une progression qui tient en haleine le lecteur pour aboutir à un final hallucinant. L’auteur, avec une maîtrise implacable, joue sur différents registres d’arrière-plan qui donnent à son ouvrage une dimension allégorique et métaphorique. Bien sûr, on pense au « Désert des Tartares », à ces références à la shoah, au goulag, au désastre du rêve soviétique, à ces villes et industries en déshérence, à Tchernobyl, à la dictature… On pourrait multiplier les résonnances à l’envi, selon la culture et l’histoire de chacun d’entre nous.
Plus largement, le train zéro nous parle de l’absurdité de la vie, de sa recherche de sens, de Dieu, pour employer de grands termes. Pour l’illustrer, ce dialogue entre Ivan et Fira, plus clair que tout commentaire :
« -Tout au bout. Il voulait aller jusqu’au bout. Pour regarder, voir, comprendre ce qu’il y a là-bas, à quoi ça sert, tout ça. Jusqu’au terminus. Il espérait que là-bas, il apprendrait ce qu’il y a dans ces maudits wagons. Alors il y est allé.
- Bon sang, quel imbécile ! gémit Ardabiev. Quel triple idiot ! Et s’il n’y a rien là-bas, hein ? Juste une plaine nue ? Un désert ? Je ne sais pas moi. Rien, tout simplement. Et dans les wagons aussi, rien. Alors ?
Fira secoua la tête
- Ce n’est pas possible, Vania ! Il y a quelque chose, là-bas. Sinon, pourquoi la Ligne, pourquoi le train zéro, pourquoi nous, pourquoi tout ça ?
- Je n’en sais rien. Peut-être que tu as raison. Peut-être qu’il y a quelque chose là-bas. On ne peut jamais jurer de rien. Mais il peut tout aussi bien ne rien n’y avoir du tout, et la Ligne est quand même là, la voilà, elle est, elle existe, et le train passe, et nous vivons, et tout cela a un sens, lequel, on n’en sait rien, c’est tout. Comme dans la vie. C’est possible, non ?
- Vania… dit Fira, désemparée. Mais c’est de Dieu que tu es en train de parler, Vania…
- Quel Dieu ? dit Ivan, étonné.
- Ce que tu viens de dire sur la Ligne, ça fait des millénaires que les hommes disent ça à propos de Dieu… »
« Le Train zéro » d’Iouri Bouïda n’est peut-être pas un chef d’œuvre, mais on n’en est pas loin à mon avis. Sans conteste l’une de mes lectures les plus fortes de cette année.
mots-clés : #regimeautoritaire #solitude #spiritualité
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Iouri Bouïda
Il s' agit de Iouri BOUIDA
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Iouri Bouïda
Ça me parle beaucoup ! Un de plus à lire absolument... Ça m'a fait penser à Stalker, ton commentaire (???)
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15922
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Iouri Bouïda
pas d'hésitation dans la tablette !
merci Arensor, ton commentaire me convainc
merci Arensor, ton commentaire me convainc
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21622
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Iouri Bouïda
Oui, cela me parle aussi! Noté!
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Iouri Bouïda
Donc noté et... lu ces jours! J'ai beaucoup apprécié, là on est devant un vrai grand auteur russe contemporain que moi, je ne connaissais pas jusqu'à maintenant! Merci de l'avoir fait connaître!
Dans cette "station 9" sur la ligne, tout était centré, dirigé vers ce train mystérieux. Et alors? Est-ce que des décennies plus tard, et après et avec le départ de quasimment tous, tout cela se révèle alors une "illusion"? Mais où était-il, le sens du travail, et oui, même plus, de la vie? N'avait on pas tout sacrifié pour être au service dans ces étendues perdues, pour être une petite douille dans une grande machinerie? Ou est-ce qu'on s'était créé soi-même une raison de vivre, un sens, qui maintenant était caduc, oui avait-été depuis toujours sans sens?
Vivons-nous alors notre petite tâche, sans se mettre, et la mettre, en question? La mettre dans un contexte plus large? Et alors justement cela ne suffisait pas pour certains de la station et on part à la recherche, ou discute. Mais Ivan reste fidèle, ne comprend rien à rien. Certaines femmes sur son chemin lui suffisent.
Oui, cet oeuvere, vraiment pas loin d'un chef d'oeuvre à mon avis, relie des éléments réalistes du temps stalinien et de l'Union soviètique, de sa dissolution, avec des toutes grandes questions du sens ou non-sens de la vie et le désillusion. On faisait référence à Dino Buzzati et "Le desert des Tartares". Juste. Moi j'ai du penser aussi à des éléments (voir citation en haut) de "En attendant Godot" de Samuel Beckett...
La langue? Parfois tranchante, avec des phrases courtes, hachées. Puis d'un coup longue, vivace.
Tout cela me plaît énormement. Prochain livre déjà acheté!
Dans cette "station 9" sur la ligne, tout était centré, dirigé vers ce train mystérieux. Et alors? Est-ce que des décennies plus tard, et après et avec le départ de quasimment tous, tout cela se révèle alors une "illusion"? Mais où était-il, le sens du travail, et oui, même plus, de la vie? N'avait on pas tout sacrifié pour être au service dans ces étendues perdues, pour être une petite douille dans une grande machinerie? Ou est-ce qu'on s'était créé soi-même une raison de vivre, un sens, qui maintenant était caduc, oui avait-été depuis toujours sans sens?
Vivons-nous alors notre petite tâche, sans se mettre, et la mettre, en question? La mettre dans un contexte plus large? Et alors justement cela ne suffisait pas pour certains de la station et on part à la recherche, ou discute. Mais Ivan reste fidèle, ne comprend rien à rien. Certaines femmes sur son chemin lui suffisent.
Oui, cet oeuvere, vraiment pas loin d'un chef d'oeuvre à mon avis, relie des éléments réalistes du temps stalinien et de l'Union soviètique, de sa dissolution, avec des toutes grandes questions du sens ou non-sens de la vie et le désillusion. On faisait référence à Dino Buzzati et "Le desert des Tartares". Juste. Moi j'ai du penser aussi à des éléments (voir citation en haut) de "En attendant Godot" de Samuel Beckett...
La langue? Parfois tranchante, avec des phrases courtes, hachées. Puis d'un coup longue, vivace.
Tout cela me plaît énormement. Prochain livre déjà acheté!
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Iouri Bouïda
Très intéressant ! Tu as su me convaincre Tom Léo, merci ! (j'attendais ton commentaire !)
Et hop, dans le panier !
Et hop, dans le panier !
Barcarole- Messages : 3019
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 69
Localisation : Tours
Re: Iouri Bouïda
Content que ce livre t'ait plu Tom Léo
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Iouri Bouïda
Le train zéro
La petite communauté de la station Neuf, loin de tout, sur la Ligne du train zéro « – cent wagons aux portes bouclées à mort et plombées, deux locomotives à l’avant, deux à l’arrière » – qui transporte quotidiennement on ne sait quoi (ou qui) d’on ne sait où ni à quelle destination : notamment Ivan Ardabiev, Vania, surnommé Don Domino à cause de sa passion, élevé dans un orphelinat par la Patrie ; des Juifs, Fira, la belle Esfira Landau, épouse de Micha le chef de station ; Goussia (Avgusta, Avgustina), épouse de Vassia (Vassili), frère de lait de Vania, remplaçant de Micha lorsque ce dernier aura disparu ; le colonel roux, « un seigneur-fantôme, qui détestait l’huile et le savon noir, qui cachait son caca et offrait des fleurs aux putains, parfois des roses »…
Roman court en forme de parabole existentielle sur le mirage et l’illusion ; rappelle effectivement Buzzati, et Stalker de Tarkovski (la zone).
La petite communauté de la station Neuf, loin de tout, sur la Ligne du train zéro « – cent wagons aux portes bouclées à mort et plombées, deux locomotives à l’avant, deux à l’arrière » – qui transporte quotidiennement on ne sait quoi (ou qui) d’on ne sait où ni à quelle destination : notamment Ivan Ardabiev, Vania, surnommé Don Domino à cause de sa passion, élevé dans un orphelinat par la Patrie ; des Juifs, Fira, la belle Esfira Landau, épouse de Micha le chef de station ; Goussia (Avgusta, Avgustina), épouse de Vassia (Vassili), frère de lait de Vania, remplaçant de Micha lorsque ce dernier aura disparu ; le colonel roux, « un seigneur-fantôme, qui détestait l’huile et le savon noir, qui cachait son caca et offrait des fleurs aux putains, parfois des roses »…
Roman court en forme de parabole existentielle sur le mirage et l’illusion ; rappelle effectivement Buzzati, et Stalker de Tarkovski (la zone).
« Un matin, quand Goussia lui avait apporté sa semoule, il [Vassili] était couché face au mur. Elle l’avait secoué, avait essayé de le réveiller, mais il ne respirait plus. La bouche pleine de papier mâché. Avant de mourir, il s’était mis à arracher les pages de son précieux cahier. Il en avait brûlé quelques-unes, ensuite, visiblement, il s’était trouvé à court d’allumettes. Il avait commencé à mâchonner les feuilles l’une après l’autre, et il était mort comme ça. Une feuille qu’il n’avait pas fini de mâcher sortait de sa bouche remplie d’une bouillie de papier. Il s’était peut-être étouffé, allez savoir. »
« Sa vie, elle [Goussia] ne l’avait pas vécue, elle l’avait mâchouillée. Elle l’avait dormie, rêvassée. Où qu’elle aille, quoi qu’elle fasse, elle était toujours en train de mâchonner quelque chose, ne serait-ce qu’une croûte de pain « pour s’occuper la bouche ». Les yeux à moitié fermés, jamais une plainte, jamais une joie. Elle était devenue comme ça après le deuxième bébé, qui avait vécu quelques semaines, le temps de l’empoisonner avec sa vie. L’espoir, c’est du poison. Elle avait absorbé trop d’espoir. Et voilà que lui, crac, il était mort. On avait bien cru qu’elle aussi, elle allait y passer, tellement elle dépérissait de chagrin. Elle voulait se jeter du haut du pont. Depuis, c’était comme si elle avait cessé de vivre, comme si elle était tombée en léthargie, en hibernation : elle mâchonnait, elle cousait, elle se déplaçait, elle faisait la cuisine, mais on aurait dit qu’elle dormait, qu’elle somnolait. »
« Tu n’attends donc pas quelque chose, toi ? Tu ne te poses pas la question : bon, la Ligne, le train zéro, tout ça… Et après ? Pour quoi faire ? Où est-ce que ça mène, tout ça ? Comment ça va se terminer ? »
« Tu n’existes pas, moi non plus, il n’y a personne, nous ne sommes tous que l’ombre de la Ligne, l’ombre d’un ordre, si tu veux – l’ombre de l’avenir. »
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Tristram- Messages : 15922
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Iouri Bouïda
J'avais vraiment apprécié le Bouida; j'ai noté l'auteur "mentalement. Sûr que le récit est "bizarre", mais nééanmoins dans sa "kafkaesquité" très fort.
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Iouri Bouïda
Oui, j'ai fort aimé aussi ; cet état d'esprit me convient, mais c'est sûr qu'il faut consentir à lâcher la bride de la rationalité... Difficile de donner une référence, d'ailleurs je n'avais pas trouvé de tag adéquat. Kafka, effectivement, peut-être...
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Tristram- Messages : 15922
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Iouri Bouïda
Ouais, ça m'est assez compliquéTristram a écrit:lâcher la bride de la rationalité...
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Iouri Bouïda
Mais l'absurde est aussi basé sur une logique rationnelle. Seulement elle est inverse à des schémas logiques communs.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Iouri Bouïda
n'empêche, ça m'intéresse, bien que ça me soit assez hermétique.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Iouri Bouïda
Cela, topocl, est une remarque que j'aime beaucoup: peut-être on n'a pas besoin que ce texte soit entièrement "limpide, translucide, compréhensible etc", mais quelque chose en lui nous parle, ou touche une veine. Peut-être c'est cela qui fait finalement réflèchir et continuer une recherche. Sinon on se dit: tout compris, hopp, on va plus loin!
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Iouri Bouïda
Il y a aussi des livres qu'on aime, qu'on peut aimer, pour des raisons subjectives
et pour un ou plusieurs passages seulement.
et pour un ou plusieurs passages seulement.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
temp
Il y a encore des livres qu'on aime sans savoir pourquoi, quoiqu'avec le temps on se fasse une idée de l'indéfinissable...
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Tristram- Messages : 15922
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Iouri Bouïda
Le train zéro
C'est pour moi un bouquin extrêmement frustrant, car son irrationalité-même, c'est-à-dire son essence me le rend inaccessible, alors même que je comprends sa singularité hypnotique. Cette impression de chef d’œuvre qui apparait à lire vos commentaires m'échappe, quoique je l'appréhende.
Pourtant cette station peu à peu dévastée du bout du monde est fascinante, cette absurdité qui fait qu'on ne sait vite plus où est la réalité, le fantasme, l'hallucination, ce bruit du train qui hante toutes les nuits alors que le petit village s’active, se distrait, puis s'étiole, ces personnages enragés... J'imaginais parfaitement ça mis en scène sur un plateau de théâtre, la mise en scène minimaliste et terrifiante, les acteurs de plus en plus terrorisés par le non-sens de ce train zéro, hantés par ce fantôme fascinant, les spectateurs happés...
Mais bon, me voilà par trop désarçonnée...
C'est pour moi un bouquin extrêmement frustrant, car son irrationalité-même, c'est-à-dire son essence me le rend inaccessible, alors même que je comprends sa singularité hypnotique. Cette impression de chef d’œuvre qui apparait à lire vos commentaires m'échappe, quoique je l'appréhende.
Pourtant cette station peu à peu dévastée du bout du monde est fascinante, cette absurdité qui fait qu'on ne sait vite plus où est la réalité, le fantasme, l'hallucination, ce bruit du train qui hante toutes les nuits alors que le petit village s’active, se distrait, puis s'étiole, ces personnages enragés... J'imaginais parfaitement ça mis en scène sur un plateau de théâtre, la mise en scène minimaliste et terrifiante, les acteurs de plus en plus terrorisés par le non-sens de ce train zéro, hantés par ce fantôme fascinant, les spectateurs happés...
Mais bon, me voilà par trop désarçonnée...
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
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