Ernst Zürcher
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Ernst Zürcher
Ernst Zürcher
Biographie:
Ingénieur forestier, docteur en sciences naturelles, professeur et chercheur en sciences du bois à la Haute École spécialisée bernoise, chargé de cours à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et à l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ), Ernst Zürcher étude plus particulièrement les structures temporelles des arbres (la chronobiologie). Il est l'auteur de nombreux articles scientifiques.
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Les Arbres, entre visible et invisible
Paru en France chez Actes Sud en 2016, 270 pages environ y compris préface, postface, annexes, schémas, tableaux et photographies.
Débutant par une fascinante partie consacrée aux arbres sacrés, arbres remarquables et peuples de l'arbre, Ersnt Zürcher nous embarque sans coup férir et nous ne lâcherons plus l'ouvrage, même dans les sections très techniques ou très scientifiques, comme par exemple ce qui a trait à la chronobiologie, à la spiralité (sic) et à la polarité (j'ai enfin compris, entre mille autres choses, comment un arbre s'y prend pour pousser vers le haut, défiant ainsi les lois de l'attraction terrestre !).
Les parties sur les messages subtils (les interactions entre arbres, et entre arbres et le reste du vivant si l'on veut), et tout ce qui a trait à la fertilité et à la fertilisation paraissent moins absconses, ou alors le lecteur commence à se roder, ce qui reste hypothétique mais dans le champ du possible.
Ceux qui, comme moi, traînent depuis les ouvrages de Jacques Brosse et aussi leur enfance campagnarde un attrait incommensurable pour l'arbre, sortent régénérés, ragaillardis d'une telle lecture, qui ouvre à chacun tant de perspectives tout en instruisant avec une grande (et sans doute professionnelle) pédagogie.
Ouvrant, au passage, de nouveaux champs d'investigations pour les chercheurs actuels et futurs, versant avec autant de ténuité que possible dans le constat accablant de l'asphyxie par pollution, du biocide généralisé et de la déraison économique qui mène le monde, Ernst Zürcher analyse et met en évidence des solutions, inlassable force de propositions, avec l'humilité du scientifique, du chercheur face à un problème posé, dût-il y avoir le sort de la planète en jeu (ce qui est le cas).
C'est cette humilité, couplée à cette solidité dans ses travaux scientifiques, qui, je le présume, l'a aidé à surmonter le dédain, voire les sarcasmes; en effet, ainsi que le signale le préfacier (Francis Hallé):
Dans les années 1990, les biologistes français étaient hostiles à toute recherche portant sur les liens éventuels unissant la Lune aux êtres vivants; il a fallu à Ersnt un réel courage pour présenter en France ce thème de recherche et je me souviendrai toute ma vie, avec honte, de ce congrès international sur "L'Arbre, biologie et développement", que j'avais organisé en 1995 à l'Institut botanique de Montpellier.
Lorsque Ernst est monté à la tribune et a pris la parole pour décrire l'influence de la Lune sur le rythme de germination d'un arbre tropical, Maesopsis eminii, beaucoup de mes collègues sont sortis avec ostentation ou ont commencé à discuter entre eux, à bâiller ou à rire, dans l'intention évidente de déstabiliser le conférencier.
Contrastant avec la courtoisie habituelle de ces congrès scientifiques, ce comportement choquant signifiait: "Manifester le moindre intérêt, ce serait nous compromettre avec l'obscurantisme".
Au cours des années qui ont suivi, Ernst a montré que l'obscurantisme était bel et bien du côté de ses adversaires; [...].
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Ernst Zürcher
Merci, Aventin, ça fait longtemps que je veux lire ce livre.
Je lis en ce moment un livre prodigieux, L'Arbre d'or : John Vaillant,
qui parle de la destruction génocidaire des forets en Colombie Britannique
au seul bénéfice de l'industrie du bois.
On y parle de bien d'autres sujets que j'ignorai totalement.
C'est un livre d'histoire et de contre histoire,qui met en question nos connaissances
et nos préjugés.
On sait vraiment peu de choses.
Je lis en ce moment un livre prodigieux, L'Arbre d'or : John Vaillant,
qui parle de la destruction génocidaire des forets en Colombie Britannique
au seul bénéfice de l'industrie du bois.
On y parle de bien d'autres sujets que j'ignorai totalement.
C'est un livre d'histoire et de contre histoire,qui met en question nos connaissances
et nos préjugés.
On sait vraiment peu de choses.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ernst Zürcher
L'arbre d'or n'est-ce pas cet arbre prodigieux de Colombie-Britannique, Bix ?
Si c'est bien lui, Ernst Zürcher en parle dans un petit encadré au chapitre I:
Si c'est bien lui, Ernst Zürcher en parle dans un petit encadré au chapitre I:
Dans ce contexte, mentionnons encore le tragiquement célèbre arbre sacré des Haïdas de la côte de Colombie-Britannique.
"L'Arbre d'or" était un exemplaire unique d'épicéa de Sitka (Picea Sitchensis) vieux de 300 ans et haut de 50 mètres, entièrement couvert de lumineuses aiguilles dorées, probablement issues d'une mutation particulière.
Dans un geste paradoxal, il fut abattu en 1997 à la tronçonneuse par un bûcheron expérimenté.
L'auteur du crime voulait protester par là contre la dévastation apparemment inexorable des forêts primaires, jetant la communauté locale dans la consternation.
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Ernst Zürcher
C'est cela meme.
Un acte fou commis par un bucheorn, et en temps temps une protestation contre la
dévastation à laquelle il avait lui-meme participé.
Mais qui ne tenait évidement pas compte du fait que l'arbre d'or était sacré pour Haidas.
Un acte fou commis par un bucheorn, et en temps temps une protestation contre la
dévastation à laquelle il avait lui-meme participé.
Mais qui ne tenait évidement pas compte du fait que l'arbre d'or était sacré pour Haidas.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ernst Zürcher
Je ne regarderai plus un arbre de la même façon après la lecture de ce livre sensible, humble et érudit à la fois...
Les questions traitées ne sont pas toujours faciles, l'auteur étant aussi un scientifique de haut vol, chronobiologiste (le temps et la vie croisés dans la même étude, ça fait rêver...), mais je me suis accroché...
Toute la partie qui traite de l'imaginaire lié aux traditions et cultes autour des arbres, est fascinante, mais un peu courte.
Durant les mois qui ont suivi le confinement, je me suis moqué (gentiment) de doux dingues rencontrés dans le Luberon, qui enlaçaient des arbres... Mea maxima culpa ! Après le lecture de ce livre, je demande à voir...
Et pour la route, un extrait de Vertigo, film américain réalisé par Alfred Hitchcock (1958), pour cette scène tournée au Muir Woods National Monument, en Californie, forêt de Sequoia sempervirens.
Laurentides- Messages : 207
Date d'inscription : 18/05/2023
Age : 66
Localisation : Bretagne
Re: Ernst Zürcher
j'avais vu il y a longtemps un documentaire RTS sur lui ! J'avais oublié qu'il avait écrit également. Bon ma première recherche de ces livres en numérique n'est pas très probante par contre ...
Mais je vais essayer de le garder dans un coin de ma tête !
MAJ : je l'ai trouvé Il se rajoute à ma PAL ! Merci Laurentides !
Mais je vais essayer de le garder dans un coin de ma tête !
MAJ : je l'ai trouvé Il se rajoute à ma PAL ! Merci Laurentides !
Silveradow- Messages : 676
Date d'inscription : 30/12/2016
Age : 31
Localisation : Nomade
Re: Ernst Zürcher
En y regardant de plus près, je n'aperçois que je ne l'ai pas lu, et même que je le cherche depuis longtemps...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15896
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Zürcher
si jamais tu le veux format numérique, n'hésite pas
Silveradow- Messages : 676
Date d'inscription : 30/12/2016
Age : 31
Localisation : Nomade
Re: Ernst Zürcher
Les arbres, entre visible et invisible – s'étonner, comprendre, agir
Dans la préface, Francis Hallé soutient nombre des assertions de Ernst Zürcher. Dans son introduction, ce dernier montre comme la pensée (invisible) permet de saisir les fonctions à partir des structures (visibles), notamment chez les arbres.
Dans le premier chapitre, Arbres sacrés et peuples de l’arbre, est pris l’exemple de l’if.
Dans le second, c’est la structure arborescente qui est revisitée, la longévité et le gigantisme de certains arbres, mais aussi la physiologie du bois.
Dans le troisième, Zürcher évoque notamment la croissance et les flux de sève hélicoïdes selon la section dorée.
Dans le quatrième, Chronobiologie (« les manifestations rythmiques des processus vitaux »), il rapporte « des synchronicités avec les grands rythmes de nature astronomique », notamment des cycles lunaires à prendre en compte pour les semis et l’abattage.
Le cinquième traite du bois à cet égard.
Le sixième évoque les parfums, mais aussi l’ionisation négative ambiante des forêts, et autres « messages subtils ».
Le septième et dernier chapitre, Partenariats pour la fertilité met en valeur la gestion forestière et ses intérêts, et diverses techniques, comme les jardins-forêts.
\Mots-clés : #essai #nature
Dans la préface, Francis Hallé soutient nombre des assertions de Ernst Zürcher. Dans son introduction, ce dernier montre comme la pensée (invisible) permet de saisir les fonctions à partir des structures (visibles), notamment chez les arbres.
Dans le premier chapitre, Arbres sacrés et peuples de l’arbre, est pris l’exemple de l’if.
Dans le second, c’est la structure arborescente qui est revisitée, la longévité et le gigantisme de certains arbres, mais aussi la physiologie du bois.
Dans le troisième, Zürcher évoque notamment la croissance et les flux de sève hélicoïdes selon la section dorée.
Dans le quatrième, Chronobiologie (« les manifestations rythmiques des processus vitaux »), il rapporte « des synchronicités avec les grands rythmes de nature astronomique », notamment des cycles lunaires à prendre en compte pour les semis et l’abattage.
Le cinquième traite du bois à cet égard.
Le sixième évoque les parfums, mais aussi l’ionisation négative ambiante des forêts, et autres « messages subtils ».
Le septième et dernier chapitre, Partenariats pour la fertilité met en valeur la gestion forestière et ses intérêts, et diverses techniques, comme les jardins-forêts.
La postface "inspirée" de Bruno Sirven, en pendant de la préface de Francis Hallé et « où le savoir ne connaît pas la limite de la stricte rationalité ou d'un quelconque carcan matérialiste », synthétise bien mes réserves. D’apparence rigoureusement scientifique, cet essai me paraît considérer comme des faits établis et significatifs (au sens d’effets importants) des phénomènes tels que l’influence lunaire, l’eau « nouvelle » (apparentée à celle qui aurait une mémoire !) et l’électrosmog. Je ne suis pas certain qu’un tel mixte de faits scientifiques, d’ailleurs tout à fait étonnants, et de théories à la limite de la mystique ou de la superstition soit vraiment éclairant, mais voilà assurément une lecture qui intéressera ceux qui s’inquiètent des arbres et plus généralement de notre environnement.« …] le maximum de diversité floristique fut également atteint vers la fin de l'ère préindustrielle, où l'on mettait en valeur divers types de prairies (avec des régimes de coupe et de pacage correspondants), allant des zones marécageuses aux coteaux maigres et secs extrêmement riches en espèces, peuplés d'innombrables insectes et papillons.
Il ressort de ces faits que certaines formes de gestion active de la nature par l'homme – à but de production – ont eu, dans certaines conditions, l'effet paradoxal non de l'appauvrir, mais d'en augmenter la biodiversité. En ce sens, le dualisme "écologie-économie" ou "nature-culture", ou encore "réserves naturelles intégrales (dont l'homme serait censé être banni)-zones agro-industrielles intensives" doit être remis en question et dépassé. De multiples exemples l'ont démontré : l'homme n'a pas fatalement un impact destructeur sur la nature – il est aussi capable de s'y insérer et d'y agir dans une sorte de "partenariat" constructif et dynamisant, à condition d'en avoir compris les principes de fonctionnement et d'en tenir compte. »
\Mots-clés : #essai #nature
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Tristram- Messages : 15896
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Zürcher
merci Tristram, c'est une lecture que j'aimerais faire, manque du temps
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21537
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
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