Ernst Jünger
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Ernst Jünger
Ernst Jünger
(1895-1998)
102 ans le bougre !
(1895-1998)
102 ans le bougre !
Ernst Jünger, né le 29 mars 1895 à Heidelberg et mort le 17 février 1998 à Riedlingen, est un écrivain allemand.
En tant que contemporain et témoin de l'histoire européenne du xxe siècle, Jünger a participé aux deux guerres mondiales, d'abord dans les troupes de choc au cours de la Première Guerre mondiale, puis comme officier de l'administration militaire d'occupation à Paris à partir de 1941. Devenu célèbre après la publication de ses souvenirs de la Première Guerre mondiale dans Orages d'acier en 1920, il a été une figure intellectuelle majeure de la révolution conservatrice à l'époque de Weimar, mais s'est tenu éloigné de la vie politique à partir de l'accession des nazis au pouvoir. Jusqu'à la fin de sa vie à plus de cent ans, il a publié des récits et de nombreux essais ainsi qu'un journal des années 1939 à 1948 puis de 1965 à 1996. Parmi ses récits, Sur les falaises de marbre (1939) est l'un des plus connus. Francophile et francophone, Ernst Jünger a vu son œuvre intégralement traduite en français et « [...] fait partie, avec Günter Grass et Heinrich Böll, des auteurs allemands les plus traduits en France ». Figure publique très controversée à partir de l'après-guerre dans son pays, il a reçu le prix Goethe en 1982 pour l'ensemble de son œuvre.
Julien Hervier, qui a dirigé l'édition des Journaux de guerre de Jünger dans la Bibliothèque de la Pléiade a écrit : « Si l'on voulait conclure sur Jünger, il faudrait avant tout éviter la facilité qui tend à accorder autant d'importance, sinon plus, à sa légende d'homme d'action, engagé dans la guerre, la politique et l'aventure, qu'aux milliers de pages de son œuvre d'écrivain ».
source wikipédia
Ouvrages traduits en français :
Récits et romans
Orages d'acier (In Stahlgewittern - 1920)
Le Combat comme expérience intérieure (Der Kampf als inneres Erlebnis - 1922) ; également traduit en français en 1934 sous le titre La guerre notre mère.
Lieutenant Sturm (Sturm -1923)
Le Boqueteau 125, Chronique des combats de tranchée (1918) (Das Wäldchen 125, eine Chronik aus den Grabenkämpfen, 1918 -1925)
Feu et sang - Bref épisode d'une grande bataille (Feuer und Blut. Ein kleiner Ausschnitt aus einer grossen Schlacht -1925)
Le Cœur aventureux (Das abenteuerliche Herz - 1929)
Jeux africains (Afrikanische Spiele - 1936)
Sur les falaises de marbre (Auf den Marmorklippen - 1939)
Voyage atlantique (Atlantische Fahrt - 1947)
Héliopolis (Heliopolis - 1949)
Visite à Godenholm (Besuch auf Godenholm - 1952)
Abeilles de verre (Gläserne Bienen - 1957)
San Pietro (1957)
Serpentara (1957)
Le Lance-pierres (Die Zwille - 1973)
Eumeswil (Eumeswil - 1977)
Le Problème d'Aladin (Aladins Problem - 1983)
Une dangereuse rencontre (Eine gefährliche Begegnung) (1985)
Trois chemins d'écolier - Tardive vengeance (Sp. R. - Drei Schulwege - 2003) — posthume
Essais:
Le Travailleur (Der Arbeiter - 1931)
Éloge des voyelles (Lob der Vokale - 1934)
Feu et mouvement- 1934
La Paix (Der Friede - 1946)
Le traité du Rebelle ou le recours aux forêts (Der Waldgänger - 1951)
Le Nœud Gordien (Der Gordische Knoten - 1953)
Traité du Sablier (Das Sanduhrbuch - 1954)
Mantrana (Mantrana, Einladung zu einem Spiel - 1958)
Le Mur du temps (An der Zeitmauer - 1959)
L'État universel (Der Weltstaat - 1960)
Chasses subtiles (Subtile Jagden - 1967)
Approches, drogues et ivresse (Annäherungen, Drogen und Rausch - 1970)
Rivarol et autres essais (1974)
Le contemplateur solitaire (1975)
L'Auteur et l'Écriture (Autor und Autorschaft - 1982)
Les ciseaux (Die Schere - 1990)
Journaux
Jardins et routes - pages de journal 1939-1940 (trad. fr. Plon 1942)
Journal de guerre (Strahlungen 1949, trad. fr. René Julliard 1951 et 1953)
Sous le signe de Halley, Paris, Gallimard, coll. Du monde entier, 1989. (ISBN 978-2-07-071673-9)
Soixante-dix s'efface (Siebzig verweht 1977)
Soixante-dix s’efface, I – Journal 1965-1970 (Siebzig verweht)
Soixante-dix s’efface, II – Journal 1971-1980 (Siebzig verweht II)
Soixante-dix s’efface, III – Journal 1981-1985 (Siebzig verweht III)
Soixante-dix s’efface, IV – Journal 1986-1990 (Siebzig verweht IV)
Soixante-dix s’efface, V – Journal 1991-1996 (Siebzig verweht V - 1997)
Correspondance
Ernst Jünger & Martin Heidegger, Correspondance 1949-1975, Christian Bourgois, 2010.
Lettres du front à sa famille. 1915-1918, Christian Bourgois, 2016
Invité- Invité
Re: Ernst Jünger
On a un fil Hyvernaud vs Jünger, alors ici c'est la parole à Ernst !
Auteur bien décrié pour son rapport au nazisme, mais il nous a laissé (au moins) un chef-d'oeuvre :
Sur les falaises de marbre :
Une belle découverte que ce roman. Merci à Julien Gracq de l'avoir loué dans ses Entretiens.
La traduction rend vraiment bien, car la langue est sublime. J'étais plongé dans un récit onirique, allégorique.
On ne sait pas tellement ce qu'on lit, on se laisse bercer, on flotte entre rêveries et angoisses.
Une dénonciation de la barbarie, de la montée du nazisme. Certainement, mais surtout une écriture qui ne peut laisser indifférent à mon avis.
Le genre qui repousse ou qui amène à demander toujours plus.
(rapatrié)
Et ça donne envie de lire autre chose de lui !
Auteur bien décrié pour son rapport au nazisme, mais il nous a laissé (au moins) un chef-d'oeuvre :
Sur les falaises de marbre :
Une belle découverte que ce roman. Merci à Julien Gracq de l'avoir loué dans ses Entretiens.
La traduction rend vraiment bien, car la langue est sublime. J'étais plongé dans un récit onirique, allégorique.
On ne sait pas tellement ce qu'on lit, on se laisse bercer, on flotte entre rêveries et angoisses.
Une dénonciation de la barbarie, de la montée du nazisme. Certainement, mais surtout une écriture qui ne peut laisser indifférent à mon avis.
Le genre qui repousse ou qui amène à demander toujours plus.
(rapatrié)
Et ça donne envie de lire autre chose de lui !
Invité- Invité
Re: Ernst Jünger
Je pense que tu fais allusion à des choses comme ça :
Je rejoins Wikipédia sur le rapprochement suivant (encore que je ne sois pas sûr qu'il y ait réellement eu "influence", mais peut-être plutôt un "air du temps" dans la thématique) :« Elle nous rappelle que toute grande œuvre, pour la vie qu'elle représente, est aussi, est d'abord, une mise au tombeau, et que sa formule au fond est toujours la formule de Goethe "Meurs ‒ et deviens." »
Julien Gracq, « Symbolique d'Ernst Jünger », in « Préférences »
Tout ça me donne envie de le relire...L'influence de Sur les falaises de marbre a été très vite remarquée, notamment sur Le Désert des Tartares de Dino Buzzati écrit un an plus tard, ou sur Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq, admirateur de Jünger avec qui il se lia d'amitié. Les trois romans présentent de nombreux traits communs, quant à leur thématique — l'attente du barbare —, leur style — très descriptif et laissant peu de place à l'action, quoique celle-ci soit moins présente encore chez Buzzati et Gracq qui la chassent hors des bornes du récit — ou quant au monde qu'ils décrivent — trois univers imaginaires, au bord du rêve : la « Marina » et la « Campagna » chez Jünger, le « Royaume » et « l'État du nord » chez Buzzati, « Orsenna » et le « Farghestan » chez Gracq. On retrouve enfin cette influence chez J. M. Coetzee (En attendant les barbares, 1980).
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Jünger
c'est terrible car la lecture de ce livre me parait s'imposer (je n'ai pas lu donc ce livre ni celui de Gracq mais dans celui de Buzzati "le temps" est un facteur prégnant)
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21638
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Ernst Jünger
J'ai fini il y a quelques jours Sur les falaises de marbre. A plusieurs reprises il m'a semblé qu'il y avait trop d'emphase, des idées banales avancées de manière retentissante. Par exemple (mon dieu, j'oublie vite lorsque cela ne me parle pas, soyez indulgents - et toutes mes excuses - en cas d'erreurs ou approximations), à un moment il y a une sorte de prêtre présenté, une évocation de son mode de vie isolée, puis un retournement absolument gratuit : mais peut-être était-ce cela la vraie vie ?
J'ai toutefois apprécié le parallèle fait entre la création humaine, imitant à un autre degré, (et) la divine
J'ai toutefois apprécié le parallèle fait entre la création humaine, imitant à un autre degré, (et) la divine
Goswijn- Messages : 20
Date d'inscription : 25/07/2020
Re: Ernst Jünger
Tu vraiment pas à t'excuser, Goswijn !
Au contraire.
On est là seulement pour donner un point de vue personnel et subjectif.
C'est la seule chose qui compte ici.
Au contraire.
On est là seulement pour donner un point de vue personnel et subjectif.
C'est la seule chose qui compte ici.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ernst Jünger
Lieutenant Sturm
Novella d’inspiration autobiographique portant sur la Première Guerre mondiale, comme toutes les premières œuvres d’Ernst Jünger : aventures, et surtout sentiments et pensées de ce jeune lieutenant "Tempête" dans le fracas des tranchées au front.
La guerre est excitante, c’est l’action, la « vie plus intense », « l’ivresse de mort », une sorte de jeu viril, quoique le narrateur/ auteur regrettât qu’elle soit devenue une machine inhumaine à cause de la technicité dorénavant prépotente (artillerie, etc.) dans une perte de valeur de l’individu uniformisé face à l’État.
Alternant avec les scènes de guerre, Tronck le dandy, Kiel « l’homme né de la guerre » et Falk l’amateur de littérature et des femmes, les trois portraits par et de Sturm qui les lit à ses deux compagnons d’armes, constituent une mise en abyme sur le modèle du Décaméron et des Mille et Une Nuits (ouvrages mentionnés).
Les considérations abordées ont une tournure d’œuvre de jeunesse, teintée de lyrisme romantique, de désinvolture et de décadentisme (on pense à Huysmans, Baudelaire et Wilde, d’autant qu’ils sont nommément cités).
\Mots-clés : #premiereguerre
Novella d’inspiration autobiographique portant sur la Première Guerre mondiale, comme toutes les premières œuvres d’Ernst Jünger : aventures, et surtout sentiments et pensées de ce jeune lieutenant "Tempête" dans le fracas des tranchées au front.
La guerre est excitante, c’est l’action, la « vie plus intense », « l’ivresse de mort », une sorte de jeu viril, quoique le narrateur/ auteur regrettât qu’elle soit devenue une machine inhumaine à cause de la technicité dorénavant prépotente (artillerie, etc.) dans une perte de valeur de l’individu uniformisé face à l’État.
On retrouve la fascination pour l’acier et le métal en général, récurrente dans l’œuvre de Jünger.« Cet assujettissement brutal de la vie individuelle à une volonté sans réplique apparaissait ici avec une clarté cruelle. Le combat se déroulait à une échelle grandiose, auprès de quoi le destin d’un individu n’était rien. »
« Depuis qu’on était entré dans l’ère de la machine, tout avait été nivelé à un rythme accéléré. »
Alternant avec les scènes de guerre, Tronck le dandy, Kiel « l’homme né de la guerre » et Falk l’amateur de littérature et des femmes, les trois portraits par et de Sturm qui les lit à ses deux compagnons d’armes, constituent une mise en abyme sur le modèle du Décaméron et des Mille et Une Nuits (ouvrages mentionnés).
Les considérations abordées ont une tournure d’œuvre de jeunesse, teintée de lyrisme romantique, de désinvolture et de décadentisme (on pense à Huysmans, Baudelaire et Wilde, d’autant qu’ils sont nommément cités).
\Mots-clés : #premiereguerre
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Jünger
je vais laisser l'inconscient fasciné
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21638
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Ernst Jünger
Sur les falaises de marbre
Une première incursion plutôt décevante dans l’œuvre de Jünger. Pourtant, il me faut reconnaître avant tout qu’il s’agit d’un styliste impressionnant, et je comprends sans difficulté que Julien Gracq l’admirait. Les descriptions s’enchaînent, tissent comme l’araignée la plus consciencieuse et la plus acharnée l’environnement de cette étrange retraite. D’un bout à l’autre le texte est saturé de métaphores potentiellement enchanteresses, de notations sur la flore, et avec elles une ambiance particulière se créé, jusqu’au moment où cette atmosphère s’embrase. Passé cent pages j’avais l’impression assez déconcertante de ne pas avoir commencé. Il se trame quelque chose dès le début, mais à ce stade, toute rencontre, tout événement ont quelque chose de décoratif. Cela encore pourrait être séduisant, si ce n’est que toutes choses étaient liées sur un même plan, certes harmonieux, mais hermétique.
Je ne m’étonne guère que les personnages n’existent quasiment pas, ou plutôt, ils existent, mais le problème est que je n’aime pas la manière Jünger de les caractériser (en dépit de ce que la première page du récit laisse pressentir), et puis, ils sont comme les pantins d’une Histoire déjà écrite (du moins en grande partie) : on le sait, les allusions forment de manière plus ou moins transparente une évocation de ce qui se passait en Europe au moment (en 1939) où Jünger écrivait Sur les falaises de marbre. La montée des périls. Puis la guerre éclate dans le roman. Là où on l’on commence à anticiper (même si le déclenchement de la guerre, la vraie, devait être assez prévisible en 1939) on se lance dans quelque chose d’épique, Jünger se déchaîne et pourtant le récit à peine à sortir de sa chrysalide. J’ai décroché sérieusement. Est-ce mon manque de goût pour l’épique, ou est-ce parce que Jünger, dans le registre du conte ou de l’aventure, me semble quelque peu ankylosé ? Comme toujours avec les auteurs de cet envergure, c’est moi qui me sens un peu fautif, d’avoir loupé quelque chose ici. Évoquons une raison tout à fait prosaïque, je manquais de temps et donc ma lecture a été entrecoupée. J’ai bien envie de relire Sur les falaises de marbre en d’autres temps et d’autres circonstances.
Une première incursion plutôt décevante dans l’œuvre de Jünger. Pourtant, il me faut reconnaître avant tout qu’il s’agit d’un styliste impressionnant, et je comprends sans difficulté que Julien Gracq l’admirait. Les descriptions s’enchaînent, tissent comme l’araignée la plus consciencieuse et la plus acharnée l’environnement de cette étrange retraite. D’un bout à l’autre le texte est saturé de métaphores potentiellement enchanteresses, de notations sur la flore, et avec elles une ambiance particulière se créé, jusqu’au moment où cette atmosphère s’embrase. Passé cent pages j’avais l’impression assez déconcertante de ne pas avoir commencé. Il se trame quelque chose dès le début, mais à ce stade, toute rencontre, tout événement ont quelque chose de décoratif. Cela encore pourrait être séduisant, si ce n’est que toutes choses étaient liées sur un même plan, certes harmonieux, mais hermétique.
Je ne m’étonne guère que les personnages n’existent quasiment pas, ou plutôt, ils existent, mais le problème est que je n’aime pas la manière Jünger de les caractériser (en dépit de ce que la première page du récit laisse pressentir), et puis, ils sont comme les pantins d’une Histoire déjà écrite (du moins en grande partie) : on le sait, les allusions forment de manière plus ou moins transparente une évocation de ce qui se passait en Europe au moment (en 1939) où Jünger écrivait Sur les falaises de marbre. La montée des périls. Puis la guerre éclate dans le roman. Là où on l’on commence à anticiper (même si le déclenchement de la guerre, la vraie, devait être assez prévisible en 1939) on se lance dans quelque chose d’épique, Jünger se déchaîne et pourtant le récit à peine à sortir de sa chrysalide. J’ai décroché sérieusement. Est-ce mon manque de goût pour l’épique, ou est-ce parce que Jünger, dans le registre du conte ou de l’aventure, me semble quelque peu ankylosé ? Comme toujours avec les auteurs de cet envergure, c’est moi qui me sens un peu fautif, d’avoir loupé quelque chose ici. Évoquons une raison tout à fait prosaïque, je manquais de temps et donc ma lecture a été entrecoupée. J’ai bien envie de relire Sur les falaises de marbre en d’autres temps et d’autres circonstances.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Ernst Jünger
Feu et sang − Bref épisode d'une grande bataille
« Feu et sang », le déluge de feu d’acier de la « préparation d’artillerie » d’une part, et de l’autre l’avancée de l’infanterie qui lui succède dans une percée du front tenu par les Britanniques dans les Hauts de France lors de la guerre de quatorze.
C’est un témoignage saisissant de violence des affrontements, dans un lyrisme exalté qui révèle un enthousiasme martial, viril et troublant.
L’aspect machinal et inhumain de la guerre est souligné.
\Mots-clés : #guerre #premiereguerre
« Feu et sang », le déluge de feu d’acier de la « préparation d’artillerie » d’une part, et de l’autre l’avancée de l’infanterie qui lui succède dans une percée du front tenu par les Britanniques dans les Hauts de France lors de la guerre de quatorze.
C’est un témoignage saisissant de violence des affrontements, dans un lyrisme exalté qui révèle un enthousiasme martial, viril et troublant.
L’aspect machinal et inhumain de la guerre est souligné.
Jünger rapporte « la volonté de combat », « la volonté de victoire » et « la fureur de combattre » ; il évoque même une sorte de démesure qui transcende l’homme.« Ici, l’époque dont nous sommes issus abat ses cartes. La domination de la machine sur l’homme, du valet sur le maître devient évidente, et un déchirement profond qui commençait déjà en temps de paix à ébranler l’ordre économique et social se manifeste aussi de façon mortelle dans les batailles. Ici se dévoile le style d’une génération matérialiste et la technique fête son triomphe sanglant. »
« Je remarque aussitôt que la résolution que j’avais prise : ne jamais perdre la tête, est ici absolument inapplicable. Chacun devient par nécessité une partie vivante d’une force supérieure. Ici, on ne peut que se laisser manipuler et former par l’action de l’esprit du monde en personne. L’histoire est vécue en son foyer central. »
\Mots-clés : #guerre #premiereguerre
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Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Jünger
"dans un lyrisme exalté qui révèle un enthousiasme martial, viril et troublant.
L’aspect machinal et inhumain de la guerre est souligné."
donc l'auteur adhère me semble à la guerre ?
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Bédoulène- Messages : 21638
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: Ernst Jünger
On ne peut pas prétendre le contraire. C'est d'ailleurs pourquoi j'avais créé en son temps le fil "Hyvernaud versus Jünger", tant les points de vue étaient opposés, représentatifs des deux auteurs sinon des deux nations en guerre...
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Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Jünger
donc il me faudra jeter 2 yeux sur ton commentaire chez Hyvernaud !
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Bédoulène- Messages : 21638
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Ernst Jünger
Oui, c'est un vieux fil, ouvert en 2016... pas "Hyvernaud", mais "Hyvernaud versus Jünger".
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Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Jünger
ok !
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Bédoulène- Messages : 21638
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: Ernst Jünger
Le traité du rebelle ou le recours aux forêts suivi de Polarisations
Dans une note préliminaire le traducteur, Henri Plard, explicite le terme de « rebelle » employé pour « Waldgänger », mot emprunté à une coutume d'origine islandaise selon laquelle au Moyen Âge un proscrit s’exilait loin de la société.
Ce texte est un essai sur le vote (notamment des 2% de rebelles) sous une dictature.
Agréablement difficile à rattacher à une tendance politique, ce discours de résistance à l’autorité et de défiance de l’État résonne pourtant toujours aujourd’hui.
Polarisations : dans cette brève mais brillante réflexion méditative, j’ai retrouvé le plaisir de lecture des Chasses subtiles, là aussi fondée sur l’observation naturaliste (voire ethnologique) revisitée par une expérience de pensée fort inventive.
\Mots-clés : #essai #philosophique #politique #xxesiecle
Dans une note préliminaire le traducteur, Henri Plard, explicite le terme de « rebelle » employé pour « Waldgänger », mot emprunté à une coutume d'origine islandaise selon laquelle au Moyen Âge un proscrit s’exilait loin de la société.
Ce texte est un essai sur le vote (notamment des 2% de rebelles) sous une dictature.
Au-delà de la statistique, cette minorité nécessaire justifie en quelque sorte le totalitarisme, et on reconnaît les échos de l'histoire bouleversée de la première partie du XXe.« Nous vivons en des temps où nous interpellent sans cesse des pouvoirs inquisitoriaux. Et ces puissants ne sont pas uniquement animés d’une soif idéale de savoir. Lorsqu’ils s’approchent pour nous questionner, ils n’attendent pas de nous une contribution à la vérité objective, ni même à la solution de certaines difficultés. Peu leur importe notre solution ; c’est à notre réponse qu’ils tiennent. »
Écrit après-guerre, en pleine guerre froide, ce manifeste étrange, métaphorique, inspiré, confus, mêle mythologie, religion, métaphysique, arts (y compris de la guerre), et dénonce l’automatisme, la peur qui nous conduisent. Surtout, il promeut le « recours aux forêts » (refuge, « champ de sa bataille »), combat pour la liberté, individuel, voire élitiste.« L’état pléthorique de la police, qui est en fait une véritable armée, a de quoi surprendre au premier abord, dans des empires où l’assentiment a pris cette puissance écrasante. Ce doit donc être le symptôme d’un accroissement du même ordre dans la force potentielle de la minorité. Et il en est bien ainsi. »
« L’espionnage introduit ses tentacules dans chaque pâté de maisons, dans chaque demeure. Il cherche même à pénétrer dans les familles et célèbre ses suprêmes triomphes lorsque les accusés requièrent contre eux-mêmes, au cours de procès pompeux : nous y voyons l’individu, devenu policier de soi-même, contribuer à sa propre perte. »
« Le choix des sphères qu’atteindra cette persécution demeure secondaire : il s’agira toujours de minorités qui tranchent par leur nature même sur le reste du peuple, ou que l’on définit tout exprès. Il va de soi que le péril s’étend à tous ceux qui se distinguent par leurs qualités héréditaires ou leurs talents. »
Une remarque intéressante : c’est une sorte de regret de cette liberté qui fait qu’on « héroïse le malfaiteur ».« Or, avoir son destin propre, ou se laisser traiter comme un numéro : tel est le dilemme que chacun, certes, doit résoudre de nos jours, mais est seul à pouvoir trancher. »
« Nous vivons en des temps où la guerre et la paix ne sont plus guère discernables. »
Agréablement difficile à rattacher à une tendance politique, ce discours de résistance à l’autorité et de défiance de l’État résonne pourtant toujours aujourd’hui.
Polarisations : dans cette brève mais brillante réflexion méditative, j’ai retrouvé le plaisir de lecture des Chasses subtiles, là aussi fondée sur l’observation naturaliste (voire ethnologique) revisitée par une expérience de pensée fort inventive.
« Une bouée de sauvetage, sur un grand navire, peut l’accompagner dans ses croisières des années durant, tout en restant fixée à la lisse. Puis on la met au rebut, sans qu’un homme en péril de noyade s’en soit jamais ceint. Des milliers de bouées naviguent ainsi sur toutes les mers et n’accèdent jamais à leur destination. Ce n’est pas une raison pour supprimer les bouées de sauvetage. La seule qui sauve réellement, quand le navire sombre, donne à toutes les autres leur sens.
Il faut ici se demander : en fait, donne-t-elle, cette unique bouée, leur sens à toutes les autres ? Ou le sens n’est-il pas bien plutôt replié en elles toutes, et l’autre, celle qui remplit son office, ne se borne-t-elle pas à le développer, à le confirmer, à le dégager ? »
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Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ernst Jünger
merci Tristram, une idée de "rebelle" qui pourrait me plaire (si j'avais du temps)
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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21638
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Re: Ernst Jünger
Visite à Godenholm
Moltner, neurologue et Ejnar, archéologue, se sont connus à la guerre et sont en quête de connaissance spirituelle ; accompagnés d’une jeune autochtone, Ulma, ils traversent un bras de mer en barque pour rendre visite au sage Schwarzenberg dans l’île de Godenholm quelque part en Scandinavie.
Entre mystique et magie, leur entrevue est marquée de visions oniriques. Des poissons des abysses remontent ; les mythes nordiques sont évoqués. Des allusions à une récente débâcle, la prophétie de la fin de l’Empire en déclin (la Seconde Guerre mondiale ?) forment une autre toile de fond. À l’issue de cette expérience, c’est en eux-mêmes qu’ils découvrent des ressources.
Une nouvelle, La chasse au sanglier, suit cette novella. Participant à une battue dont il rêvait, un jeune garçon de seize ans est posté à côté d’un élève-forestier lorsque surgit un vieux mâle, que son voisin tue par chance ; c’est dorénavant de la bête qu’il rêve.
\Mots-clés : #contemythe #initiatique #spiritualité
Moltner, neurologue et Ejnar, archéologue, se sont connus à la guerre et sont en quête de connaissance spirituelle ; accompagnés d’une jeune autochtone, Ulma, ils traversent un bras de mer en barque pour rendre visite au sage Schwarzenberg dans l’île de Godenholm quelque part en Scandinavie.
Entre mystique et magie, leur entrevue est marquée de visions oniriques. Des poissons des abysses remontent ; les mythes nordiques sont évoqués. Des allusions à une récente débâcle, la prophétie de la fin de l’Empire en déclin (la Seconde Guerre mondiale ?) forment une autre toile de fond. À l’issue de cette expérience, c’est en eux-mêmes qu’ils découvrent des ressources.
Cette traversée initiatique des apparences m’a ramentu Hermann Hesse.« En réalité, Moltner demeurait captif du souci de la peau dont il s’était naguère dépouillé. Il savait que le naufrage avait eu lieu, et qu’on flottait sur un radeau bâti de bois d’épave. La sécurité y était moindre, et les valeurs provisoires, mais, malgré tout, on vivait encore de l’héritage, et il subsistait encore bien des obligations, et bien des moments aussi où l’on continuait à jouir de la vie. »
« Il avait, au nombre de ses qualités, l’art de retourner la monnaie courante des mots : on apercevait alors, au lieu du chiffre, la vieille image héraldique, qui parlait en figures. »
Une nouvelle, La chasse au sanglier, suit cette novella. Participant à une battue dont il rêvait, un jeune garçon de seize ans est posté à côté d’un élève-forestier lorsque surgit un vieux mâle, que son voisin tue par chance ; c’est dorénavant de la bête qu’il rêve.
\Mots-clés : #contemythe #initiatique #spiritualité
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
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