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Georges Simenon

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social - Georges Simenon Empty Georges Simenon

Message par Tristram Dim 25 Déc 2016 - 1:29

Georges Simenon (1903-1989)

social - Georges Simenon Gs1110

Georges Joseph Christian Simenon est un écrivain belge francophone.

Sa vie commence par un mystère, il serait né un vendredi 13, mais déclaré le 12 par superstition.

Après des études chez les jésuites, et amené de bonne heure à gagner sa vie, Georges Simenon est contraint d'exercer divers métiers. Un temps reporter à La Gazette de Liège, il circule volontiers de par le monde, séjournant notamment à Paris.

"Le Roman d'une dactylo", publié sous un pseudonyme en 1924, est un véritable succès populaire. Dès lors, cet auteur prolifique rédige roman sur roman, à un rythme impressionnant, et donne naissance au fameux commissaire Maigret.

Simenon était un romancier d’une fécondité exceptionnelle : on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes.

Les tirages cumulés de ses livres atteignent 550 millions d’exemplaires. Georges Simenon est, selon l'Annuaire Statistique de l'UNESCO de 1989, le dix-huitième auteur toutes nationalités confondues, le quatrième auteur de langue française, et l'auteur belge le plus traduit dans le monde.

Simenon gravit les marches de l'Académie royale de Belgique en 1952, rendant au genre policier toutes ses lettres de noblesse. Il a été choisi comme un des Cents Wallons du siècle, par l'Institut Jules Destrée, en 1995.
source : Babelio

Pour lire la biographie très complète rédigée par Tristram, cliquer ici:

Bibliographie

Spoiler:

Simenon au cinéma :
Spoiler:
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Message par Tristram Dim 25 Déc 2016 - 1:34

Quelques extraits…  

« C’était curieux. À tout moment maintenant elle était saisie de la sorte par un souvenir d’enfance et elle s’y complaisait. Il lui arrivait même, comme ce matin-là, de penser de la même façon que quand elle était petite fille. […]

Aussi ce matin-là, comme les autres, vivait-elle moitié dans la réalité présente, moitié avec des images d’autrefois. […]

Cela la rendait mélancolique, parce que les souvenirs qui lui revenaient de la sorte étaient des souvenirs très anciens, tous, sans exception, d’avant ses dix-sept ans, comme si les premières années seules eussent compté, comme si le reste n’avait plus été qu’une longue suite de jours sans saveur dont il ne restait rien. »

Georges Simenon, La fenêtre des Rouet

« Un alcoolique qui s’arrête de boire n’est-il pas un homme fini ? »

Georges Simenon, Le passager clandestin

Une curieuse phrase, qui évoque le papillon de Tchouang-Tseu, ou un écran de cinéma (muet) :

« Contrairement à ce qu’il se serait figuré autrefois, ce sont les passants qui sont dans l’aquarium et c’est lui qui, à travers les vitres de la librairie, les observe avec une curiosité légèrement apitoyée. »

Georges Simenon, « Pedigree », III, 9

Tiré des Mémoires de Maigret :

« Il [Simenon !] m’a expliqué par la suite − ce qui ne signifie pas que je l’aie cru − que les réactions de quelqu’un à une affirmation sont plus révélatrices que ses réponses à une question précise. »

Et tiré des Mémoires intimes :

« Les gros mangent les petits, c'est vrai pour les poissons, pour toutes les espèces animales. C'est vrai aussi pour les hommes et, afin de s'assurer qu'il restera toujours assez de petits, certains pays donnent des primes aux parents qui font beaucoup d'enfants.»

«Plus tard, j'ai bu du bordeaux, sur le conseil de mon vieil ami le professeur Pautrier. " Deux bouteilles de bordeaux par jour, pas plus, ni trop jeune, ni trop vieux. " »

« Quand j'évoque le passé, je m'étonne toujours que l'être humain puisse accomplir tant de choses en si peu de temps. Il est vrai que la vie des plantes, par exemple, est aussi, sinon plus exubérante. »

« Cela m'est arrivé plusieurs fois dans ma vie de me sentir tout à coup étranger au décor qui m'entoure. »

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Message par animal Dim 25 Déc 2016 - 9:26

merci pour les citations !

en attendant de trouver une occasion d'y retourner je rapatrie :

Le Passager du Polarlys

social - Georges Simenon Romanp10

C'est une maladie qui s'attaque aux bateaux, dans toutes les mers du globe, et dont les causes appartiennent au grand domaine inconnu qu'on appelle le Hasard. Si ses débuts sont parfois bénins, ils ne peuvent échapper à 1'œil d'un marin. Tout à coup, sans raison, un hauban éclate comme une corde de violon et arrache le bras d'un gabier. Ou bien le mousse s'ouvre le pouce en épluchant les pommes de terre et, le lendemain, le " mal blanc " le fait hurler. A moins qu'il ne s'agisse d'une manœuvre loupée, d'un canot qui vienne se jeter étourdiment sur l'étrave. Ce n'est pas encore le mauvais œil. Le mauvais œil exige la série. Mais il est rare qu'elle ne suive pas, que la nuit, ou le lendemain, on ne constate pas un nouvel avatar. Dès lors, tout va de mal en pis et les hommes, mâchoires serrées, n'ont qu'à compter les coups. C'est le moment que la machine, après avoir tourné trente ans sans une panne, choisira pour s'enrayer comme un vieux moulin à café.

Un voyage mouvementé pour le Polarlys qui remonte la côte de Norvège depuis Hambourg. Le bateau transporte des marchandises et quelques voyageurs. Un nouvel officier qui fait ses débuts, un passager de dernière minute, un passager qui se fait assassiner, une femme troublante.... tous les éléments pour un huis-clos d'atmosphère. Une histoire qui suit tranquillement son cours. Une lecture agréable à défaut d'être prenante ou imparable, la fin pourtant est vraiment bien fichue et relève le plus intéressant du contenu, l'autre partie de la recette du huis-clos : les apparences, les doutes, les attractions et les erreurs de jugement.

Pas mal mais un peu plat pour émerveiller ce petit retour à Simenon après deux lointaines lectures : Le Bourgmestre de Furnes et  Pietr le Letton. J'ai le souvenir (collège ?) de m'être endormi dessus à force de vouloir absolument lire l'un de ces deux-là (et c'est une sorte de très bon souvenir ?).


mots-clés : #polar


Dernière édition par animal le Dim 25 Déc 2016 - 9:29, édité 1 fois

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Message par animal Dim 25 Déc 2016 - 9:28

L'ombre chinoise
social - Georges Simenon 0-l20o10

Un meurtre place des Vosges, un homme qui a fait fortune, trois femmes... Je me suis trouvé rapidement emballé par cette petite lecture d'un Maigret. ça pourrait être les portraits brossés rapidement et précisément, mais pas encore tant que ça. Le suspens tranquille et implacable de l'enquête pas non plus. Il y a le personnage du commissaire, ses temps de réflexion, ça bonhomie lucide et son sens de l'observation. Plus que tout ça été pour moi le double du personnage dans l'écriture, le partage imposé entre un monde normal et lisse et celui du crime, du dérapage, de la fêlure, de l'échec, de la frustration. Le commissaire est un trait d'union entre les mondes et il y a sa cohabitation, ses sympathies, ses fatigues et ses dégoûts, à demi-mots. Une résignation... et pourtant le portrait d'ensemble à quelque chose d'assez beau. La teneur sociale humaine et violente est très forte autour de ce faussement placide fumeur de pipe. Il y a une tristesse de fond et des espoirs qui marchent plein pot dans cette petite histoire. Ce fut une très bonne surprise car je n'en attendais pas tant et pas aussi simplement.

Et Maigret, la porte refermée, marcha vers la fenêtre que, malgré le froid, il ouvrit toute grande. Il était las, comme après un dur interrogatoire de quelque criminel. Il y avait surtout en lui ce malaise imprécis que l'on ressent quand on est obligé de regarder de la vie des aspects que d'habitude on préfère ignorer.

Ce n'était pas dramatique. Ce n'était pas révoltant.

Elle n'avait rien dit d'extraordinaire. Elle n'avait ouvert au commissaire aucun horizon nouveau.

N'empêche qu'il se dégageait de cette entrevue comme une sensation d'écœurement


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Message par animal Dim 25 Déc 2016 - 9:33

l'autre attrait de l'auteur, et on retrouve d'une manière ce qui se disait sur un autre fil (Vargas ?), c'est que s'il n'y en a que quelques-uns (il y en a eu plus), il y en a dans la bibliothèque des parents (il y en avait aussi dans celle des grands parents). ça fait partie dans l'ensemble.

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Message par Tristram Dim 25 Déc 2016 - 13:12

Animal a écrit:ça fait partie dans l'ensemble.

Oui, on a tous lu de ces romans de gare, de hasard, qui tissent sans qu'on y attache d'importance une simenosphère, une zone particulière dans le souvenir.

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Message par bix_229 Dim 25 Déc 2016 - 15:14

Simenon, combien de vies ? Combien de femmes et de livres et de voyages et d' enquetes ?
Il a connu la gloire, les prix littéraires. Il séduisait les femmes.
Mais la seule femme qu' il aimait et dont il voulait etre aimé était sa mère et il n' a pas réussi.
Et puis, il y a eu sa fille, Marie-Jo, qui s' est suicidée...
Et l' on a senti l' homme bléssé et qui s' est remis en cause...
Alors qu' il semblait blasé, cynique, satisfait de lui-meme, de sa fortune et de ses biens, il a eu conscience
de la souffrance et de la mort.
De la vulnérabilité humaine.
Se fuyait-il lui-meme à travers ses livres ?


Dernière édition par bix_229 le Dim 25 Déc 2016 - 17:21, édité 1 fois
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Message par Tristram Dim 25 Déc 2016 - 15:52

A établir sa bio pour ce fil, j'ai découvert que Simenon n'était peut-être pas toujours un gentilhomme dans la vie. Je pense notamment au bal anthropométrique, joli coup de marketing ; mais, quand on veut vivre de sa plume, et même faire de l'argent...

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Message par Tristram Dim 15 Jan 2017 - 0:06

Suis tombé sur une évocation inattendue de cet auteur dans l'excellente présentation de Max Jacob sur Wikipedia (écrite par un chosien ?!) :

Max Jacob appelle cet écart entre le mot et la chose la situation de l'œuvre. C'est ce qui crée l'atmosphère de l'œuvre et, plus que le style, propre à l'auteur qui séduit, lui donne sa puissance intrinsèque, emporte le lecteur ou le spectateur. C'est ce qu'il signale à l'exemplaire Georges Simenon commençant d'inventer ses romans policiers sans intrigues. C'est ce qu'il admire dans le précurseur du Nouveau roman qu'est Tropismes de Sarraute puis dans le premier roman existentialiste qu'est L'Étrangerde Camus, auteur qu'il a soutenu depuis de 1932 et qui lui a beaucoup pris.


Oui, peu d'intrigue pour le genre, et le réel comme point de départ de l'écrivain pour s'en distancier, ce qui nous ramène à Mallarmé...
Qui saurait nous faire un fil sur ce cher Max Jacob, un peu trop dans l'ombre d'Apollinaire tiens, pas de fil non plus) ? @Jack-Hubert Bukowski peut-être ?

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Message par Chamaco Mar 15 Aoû 2017 - 11:57

j'ai obtenu : "Maigret et son mort", prochaine lecture.
4° de couverture :
"-Pardon, madame...
Après des minutes de patients efforts, Maigret parvenait enfin à interrompre sa visiteuse...
-Vous me dites à présent que votre fille vous empoisonne lentement...
-C'est la vérité...
-Tout à l'heure, vous m'avez affirmé avec non moins de force que c'était votre beau-fils qui s'arrangeait pour croiser la femme de chambre dans les couloirs et pour verser du poison soit dans votre café, soit dans une de vos nombreuses tisanes..."
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Message par Aventin Mar 15 Aoû 2017 - 17:59

La neige était sale
(1948)
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En temps de guerre (l'occupation, seconde guerre mondiale), une petite frappe oisive vit chez sa mère qui tient un bordel bas de gamme.
Personnage principal sans référent ni bornes. Falot et excessivement détestable. Ses compagnons, ceux dont il recherche l'estime, ne valent guère mieux.

Le Liégeois propose un voyage au froid urbain, ravagé, glauque, somme toute peu recommandable dans une dés-humanité croquée à l'épure; le "décor" Simenonien est, une fois de plus, du grand art.
Pour le scénario, Simenon se complaît dans un fouillis compliqué (ou plus exactement complexifié): On ne suit pas toutes ses pistes ou traces de pas (nous égare-t'il dans la neige sale ?).

Le faux-rythme de pesanteur glaciale est très réussi.
Peut-être un ouvrage majeur du prolifique auteur liégeois à la pipe.


(Ce fut mon premier message sur Parfum, 25 mars 2013)


mots-clés : #deuxiemeguerre #polar
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Message par églantine Mar 15 Aoû 2017 - 18:18

Il faudrait que j'essaie Simenon ...Peut-être que ça me correspondrait plus à mes attentes que ce que j'ai lu jusqu'à présent dans le genre "Polar" . social - Georges Simenon 575154626
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Message par Chamaco Mar 15 Aoû 2017 - 22:44

Maigret était un personnage vraisemblable à l'époque de Simenon, un personnage proche des notables, de nos jours cette profession a beaucoup rétrogradé... social - Georges Simenon 1247285341
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Message par Tristram Sam 7 Oct 2017 - 21:54

La vieille

social - Georges Simenon La-vie10
(Ouvrage sauvé du pilon de la thèque locale)

« Sous la voûte, aussi froide et humide qu'une cave, le commissaire de police s'arrêta un instant, regarda l'heure à son bracelet-montre et, secouant son pardessus, envoya des gouttes de neige fondue sur le carrelage où elles s'agrandirent comme sur du buvard. »
Incipit qui pose le ton, avec d’entrée cet évident rapprochement entre une voûte et une cave, cependant bizarre quand on y réfléchit : comment comparer une voûte à une cave (qui peut avoir sa voûte) ?
Le commissaire Charon vient solliciter l'aide de Sophie Emel : sa grand-mère se refuse à quitter son appartement dans un immeuble vétuste qui va être démoli, et menace, si on l'y contraint, de se jeter par la fenêtre. Sa petite-fille, vedette sportive connue, qui mène une vie indépendante et bohème, recueille Juliette Viou, qui habitait avec elle et ses parents avant de disparaître voilà quinze ans. Sophie héberge les « chiens malades » l’un après l’autre : actuellement Lélia, une jeune artiste un peu paumée (« ‒ C’est un oiseau pour le chat. ») ‒ et sa grand-mère, la vieille.
Malgré les apparences, ce n’est pas un roman policier, et il n’y a guère d’énigme (mais une recherche de la vérité), et presque pas de meurtre(s).
Une atmosphère de danger, de menace entoure les deux principaux personnages, notamment caractérisés par leur dureté. Un mélange de haine impitoyable et de faiblesse humaine, de méchanceté et de malheur, qui d’abord sourd à peine, sous-tend un climat dramatique.
L’histoire que Simenon raconte passe entre les mots, insaisissable comme une ambiance cependant située dans le lieu (centre de Paris) et l’époque (contemporaine), et pourtant n’existerait pas sans les mots, qui toutefois ne semblent rien en dire. Quand on tente de décortiquer ce bref roman, on se retrouve avec des mots banals, insignifiants rouages d’engrenage démonté, sans jamais comprendre comment ils étaient arrangés pour constituer ce bloc dense, ce sociotope, ce psychotope particulier : « l’univers de la vieille ».
La psychologie des personnages est esquissée avec une savante économie ; l’action a la perfection inéluctable d’une tragédie grecque (on est à l’opposé de l’outre-Atlantique surenchère trash).
À lire Simenon, il semble que l’humanité est une monstruosité misérable qui se transmet de génération en génération...

« ‒ Cela ne me gêne pas. Seulement, en le racontant, ce sera peut-être différent de la réalité. Cela risque aussi de prendre un sens, alors que ça n’a pas eu de sens du tout. »

« Juliette avait le génie de mettre le doigt sur les points faibles des gens, sur des blessures qu’on croyait cicatrisées. Elle touchait doucement, sans insister, comme pour une caresse, et cela faisait mal, d’une douleur qui ne se dissipait pas mais allait au contraire en s’irradiant. »

« Il allait falloir tout recommencer, se raccrocher à autre chose. »

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Message par bix_229 Ven 19 Jan 2018 - 16:17

J' ai du lire des dizaines de Simenon. Au début, des Maigret, puis ses autres romans.
Puis un jour j' ai cessé.
Je ne sais plus pourquoi. Saturation ?
Mais j' ai quand meme lu par la suite, deux livres qui ont eu une importance essentielle dans  sa vie.


Lettre à ma mère.
Sa mére, la seule femme dont il voulut se faire aimer sans y parvenir.
Cet échec douloureux joua t-il un role essentiel dans sa vie de séducteur en série ?
En tout cas, c' est un texte émouvant.

Mémoires intimes.
L' autre livre est consacré à sa fille Marie-Jo avec qui, il avait un lien affectif fort, et qui se suicida à 25 ans.
D' aucuns ont reproché à Simenon de n' avoir répondu à la détresse d' une fille livrée
seule à une mère qui ne l' aimait pas.
Son plaidoyer ne m' a pas tout à fait convaincu.
Mais de toute façon, tout ou presque, est incompréhensible dans cette vie.
Ses liaison innombrables comme ses livres.
Ses ménages à trois, quasiment officialisés avec les bonnes en tiers.
Une vie inouie, presque invrisemblable pour un seul homme.
Quel role joua la gloire, la richesse,  et le confort, les femmes, les enfants.
Comme pour Picasso, les enfants de la famille ne se privèrent pas de donner
leur opinion.
Sans vraiment qu' on en sache davantage.
Toute vie est un mystère.
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Message par Aventin Dim 21 Jan 2018 - 6:39

L'Affaire Saint-Fiacre

social - Georges Simenon L-affa10
Roman, 1932, 180 pages environ.

Le Maigret qui fait allusion à l'enfance de Maigret. Notre héros fictif serait né dans un petit village tout aussi inventé de l'Allier, Saint-Fiacre, aux environs de Moulins, où son père était régisseur du château du Comte.

Maigret débarque impromptu dans son village natal, suite à l'annonce anonyme "qu'un crime sera commis à l'église de Saint-Fiacre pendant la première messe du Jour des Morts", le papier, transmis "à toutes fins utiles" par la Police de Moulins à Paris, "avait traîné pendant plusieurs jours dans les bureaux du Quai des Orfèvres".

Un Maigret campé massif-passif, harassé, paraissant, en son for intérieur, soucieux surtout qu'on ne dérangeât pas ses souvenirs d'enfance, qui se mettent en place par pans comme par bribes à mesure que se déroulent les évènements, plutôt que l'enquête - au reste L'Affaire Saint-Fiacre peut-elle être qualifiée d'enquête ?

Saint-Fiacre, donc. En trois lieux, qui sont ses trois organes vitaux: l'église, l'auberge et le château.

Et nombre d'archétypes de la cour aux matériaux de Simenon, éléments composites que son lecteur vient humer fidèlement, comme une convention entre l'écrivain et son public:
La saison de Toussaint, la froidure, l'humidité, le vent, les courants d'air. Les éclairages faibles, de pénombre.
L'épaisseur psychologique des personnages, qu'on dégage peu à peu.
La première messe, déserte, avant l'aube. L'enfant de chœur.
Les intérieurs de café de préfecture ou d'auberge de village.
L'alcool, et ses corollaires que sont l'incommunicabilité et son simili-contraire paradoxal la volubilité, les plats campagnards ou bourgeois (là ce sont les poulets en demi-deuil, rien que le nom de la recette est simenonien !).
Les petites gens et les notables, toujours campés avec un rien de manière de rupture, de porte-à-faux.

Le trépassé, tel le centre de symétrie autour duquel achalander le récit, c'est peut-être une constante dans les Maigret: cadavre, passé, drame (que j'aurais tendance à orthographier trame), dénouement.

Et puis, parfois, un passage bref où la plume atteint à la grâce, comme si Simenon l'avait laissée échapper avant de se reprendre.

Extrait:
chapitre 3 a écrit: Il n'y avait pas soleil pour déformer les images, pas de grisaille non plus pour estomper les contours. Chaque chose se découpait avec une netteté cruelle: le tronc des arbres, les branches mortes, les cailloux et surtout les vêtements noirs des gens venus au cimetière.
Les blancs, par contre, pierres tombales ou plastrons empesés, bonnets des vieilles, prenaient une valeur irréelle, perfide: des blancs trop blancs, qui détonnaient.

Sans la bise sèche qui coupait les joues, on eût pu se croire sous une cloche de verre un peu poussiéreuse.

- Je vous reverrai tout à l'heure !

Maigret quittait le Comte de Saint-Fiacre devant la grille du cimetière. Une vieille, assise sur un petit banc qu'elle avait apporté, essayait de vendre des oranges et du chocolat.
Les oranges ! Grosses ! Pas mûres ! Et glacées... Cela allongeait les dents, raclait la gorge mais, quand il avait dix ans, Maigret les dévorait quand même, parce que c'était des oranges.

 Il avait relevé le col de velours de son pardessus. Il ne regardait personne. Il savait qu'il devait tourner à gauche et que la tombe qu'il cherchait était la troisième après le cyprès.
 Partout, alentour, le cimetière était fleuri. La veille, des femmes avaient lavé certaines pierres à la brosse et au savon. Les grillages étaient repeints.

 
Ci-gît Evariste Maigret...
   

- Pardon ! On ne fume pas...
 Le commissaire se rendit à peine compte qu'on lui parlait. Il fixa enfin le sonneur, qui était en même temps gardien du cimetière, poussa sa pipe tout allumée dans sa poche.
Il ne parvenait pas à penser à une seule chose à la fois. Des souvenirs affluaient, souvenirs de son père, d'un camarade qui s'était noyé dans l'étang Notre-Dame, de l'enfant du château dans sa voiture si bien carrossée...
  Des gens le regardaient. Il les regardait. Il avait déjà vu ces têtes-là. Mais alors, cet homme qui avait un gosse sur les bras, par exemple, et que suivait une femme enceinte, était un bambin de quatre ou cinq ans...

  Maigret n'avait pas de fleurs. La tombe était ternie.  



Le final à huis-clos est époustouflant, un grand moment de Simenon.
Pour lui seul la lecture de ce livre serait justifiée, c'est d'ailleurs en essayant de me le remémorer que j'ai opté pour ce Maigret-là, mais on ne réduira pas l'intérêt de la lecture de L'Affaire Saint-Fiacre à celui-ci !
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social - Georges Simenon Empty Re: Georges Simenon

Message par ArenSor Dim 21 Jan 2018 - 19:16

Aventin a écrit:
Et nombre d'archétypes de la cour aux matériaux de Simenon, éléments composites que son lecteur vient humer fidèlement, comme une convention entre l'écrivain et son public:
La saison de Toussaint, la froidure, l'humidité, le vent, les courants d'air. Les éclairages faibles, de pénombre.
L'épaisseur psychologique des personnages, qu'on dégage peu à peu.
La première messe, déserte, avant l'aube. L'enfant de chœur.
Les intérieurs de café de préfecture ou d'auberge de village.
L'alcool, et ses corollaires que sont l'incommunicabilité et son simili-contraire paradoxal la volubilité, les plats campagnards ou bourgeois (là ce sont les poulets en demi-deuil, rien que le nom de la recette est simenonien !).
Les petites gens et les notables, toujours campés avec un rien de manière de rupture, de porte-à-faux

Aventin, tu décris parfaitement "l'univers" de Simenon, ce qui nous plait dans cet auteur Very Happy
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Message par Tristram Ven 20 Avr 2018 - 12:13

Ici des commentaires (en anglais) de traducteurs de Simenon sur les difficultés à le traduire (simplicité insaisissable, époque datée) et pourquoi ils l'apprécient (notamment empathie pour les humbles).

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Message par animal Mer 13 Fév 2019 - 22:10

social - Georges Simenon Pietr-10

Pietr-le-Letton (1930)

Première enquête de Maigret, personnage qui a néanmoins déjà de la bouteille, et premier roman signé sous le nom de l'auteur. Je l'avais lu il y a bien longtemps et j'avais tout oublié... ce qui ne m'a pas permis d'échapper à une petite déception ?

La lecture est aisée et c'est efficace mais c'est un peu léger, l'atmosphère est un peu légère et l'action va vite. Peut-être la mise en place du personnage, massif, est-elle un peu redondante et se cherche un peu, venant concurrencer celle que l'on a déjà en tête ? Probablement aussi un jeu de comparaison entre lectures, les nouvelles de Chandler lues dans le même format Omnibus notamment. Même souci de péripéties, d'efficacité, de touches de luxe et d'exotisme ?

Ou alors pas désagréable mais trop rapide pour moi ces derniers jours ? Faut voir.

J'ai dressé une oreille oculaire aussi à la tendance documentaire des méthodes (modernes) de police et au contexte d'époque avec les excursions dans le 4ème arrondissement et des observations sur les immigrés juifs.

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Message par Bédoulène Jeu 14 Fév 2019 - 10:43

je pense en avoir lu 2 ou 3 dans ma jeunesse, mais aucun souvenir.

" venant concurrencer celle que l'on a déjà en tête" c'est très possible

au prochain Animal ! Smile

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