Georges Simenon
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Re: Georges Simenon
Dans cette affaire qui paraît simple et où le suspense est cependant fort bien tenu, Simenon donne au préalable tous les éléments nécessaires.
Le prégnante toile de fond qui crée l’atmosphère, c’est le contraste entre le milieu protestant strict et austère, à la netteté rigoureuse jusque dans les meubles cirés, et celui de la marine, qui trafique et fraude, boit Bols et bière dans le port de la paisible Delfzijl en Frise néerlandaise, « la ville proprette où tout était en ordre comme dans le buffet d’une bonne ménagère » :« Contre son habitude, Maigret nota quelques détails matériels, surtout topographiques, et ce fut à proprement parler du flair, car par la suite la solution devait découler de questions de minutes et de mètres. »
« Un principe : ne pas se laisser détourner de la vérité par des considérations psychologiques… Suivre jusqu’au bout le raisonnement qui découle des indices matériels… »
Il y a aussi un clin d’œil contextuel sur les colonies, dont les bourgeois font importer le bois tandis que leurs épouses se cotisent pour vêtir les indigènes…« Un calme capable de faire croire à un Français que toute cette ville était aussi artificielle qu’une carte postale. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
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Re: Georges Simenon
Maigret change à la dernière minute sa destination de vacances pour Fécamp : un ami d’enfance lui demande son aide pour le télégraphiste du chalutier Océan qui vient de rentrer de Terre-Neuve après une campagne de pêche à la morue frappée par le mauvais œil, accusé d’avoir assassiné le capitaine.
Malgré l'atmosphère et « le vin bleu des bistrots », de multiples incohérences et contradictions font que ce Maigret ne tient pas vraiment debout.
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Georges Simenon
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Georges Simenon
Parmi les premiers Maigret, "Le Rendez-vous des Terre-Neuvas" est un de ceux que j'aie le plus apprécié
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Georges Simenon
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Georges Simenon
J'ai pris du retard, je vous rejoins le week-end prochain!
Plume- Messages : 459
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Re: Georges Simenon
Tristram a écrit:Je suis sans doute trop critique, surtout quant à la cohérence psychologique (du personnage du télégraphiste notamment).
Ce qui m'a intéressé dans ce roman c'est le caractère mal défini de la culpabilité. Qui est le plus coupable : celui qui tue ou celui qui arme le bras ? Dès le départ Maigret devine que cette enquête ne peut trouver de solution pleinement satisfaisante, d'où son inquiétude, son caractère maussade et chafouin.
Ceci dit, il y a pas mal d'incohérences, comme souvent chez Simenon qui à cette époque écrit beaucoup (trop ?) pour des raisons essentiellement alimentaires. La femme cachée sous une couchette dans la cabine du patron est-ce vraiment crédible ?
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Georges Simenon
Retour au pays natal pour Simenon avec cette intrique qui se déroule à Liège. Le Gai-Moulin est une boîte de nuit assez miteuse destinée aux bourses bien garnies de riches touristes avides de distraction ou d’adolescents venus se dessaler. Ici, le commissaire se montre joueur, quelque peu condescendant envers ses collègues belges éblouis par ce fonctionnaire venu de Paris. On le surprend même à déplacer subrepticement un cadavre dans une malle d’osier !
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Georges Simenon
Le commissaire éprouverait-il quelques réticences à passer des vacances en Alsace avec madame Maigret ? Déjà, lors d’un précédent opus, « Au rendez-vous des Terre-Neuvas », il changeait à la dernière minute la destination alsacienne pour Fécamp. Cette fois-ci, c’est une rencontre de hasard dans une boutique où un individu cite le nom de la guinguette à deux sous, nom qu’il a entendu au préalable dans la bouche d’un condamné à mort lui indiquant la présence d’un assassin dans ce lieu, qui l’entraîne dans une filature à Paris, puis dans une bamboche bourgeoise qui se déroule dans la fameuse ginguette. Atmosphère orageuse d’un mois d’août en région parisienne, force quantité de pernod avalé mettent Maigret dans une douce euphorie cotonneuse, ce qui ne l’empêche nullement de dénouer les fils de l’intrigue.
Au détour, Georges Simenon nous livre la méthode de son héros :
En marge du récit, une appréciation gustative sur les femmes :« Il avait quelques centaines d’enquêtes à son actif. Il savait que presque toutes se font en deux temps, comportant deux phases différentes.
D’abord la prise de contact du policier avec une atmosphère nouvelle, avec des gens dont il n’avait jamais entendu parler la veille, avec un petit monde qu’un drame vient d’agiter.
On entre là-dedans en étranger, en ennemi. On se heurte à des êtres hostiles rusés ou hermétiques.
La période la plus passionnante, d’ailleurs aux yeux de Maigret. On renifle. On tâtonne. On n’a aucun point d’appui, souvent aucun point de départ. On regarde des gens s’agiter et chacun peut être le coupable ou un complice.
Brusquement on saisit un bout du fil et voilà la seconde période qui commence. L’enquête est en train. L’engrenage est en mouvement. Chaque pas, chaque démarche apporte une révélation nouvelle, et presque toujours le rythme s’accélère pour finir par une révélation brutale.
Le policier n’est plus seul à agir. Les évènements travaillent pour lui, presque en dehors de lui. Il doit les suivre, sans se laisser dépasser. »
« « Elle n’était ni belle ni jolie. Mais elle était appétissante, surtout dans ses vêtements de deuil qui, au lieu de lui donner un aspect triste, la rendait plus croustillante. »
- Spoiler:
- Je vous rassure : après avoir démasqué le coupable, le commissaire prend le train de 22h.40 pour Strasbourg afin de passer quelques jours de repos avec son épouse…
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Georges Simenon
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Georges Simenon
Simenon trouve un biais original pour lancer cette enquête : Jean Lenoir, un assassin qui va être exécuté, confie à Maigret qu’un tueur méritant son sort autant que lui fréquente la guinguette à deux sous. Le commissaire s’empresse de la localiser en suivant par hasard Marcel Basso, un importateur de charbons prospère et exubérant, dont il découvre au passage qu’il a une maîtresse, Mado. C’est un établissement modique en bord de Seine (la musique est fournie par un piano mécanique qu’on remonte en y glissant deux sous), où on s’amuse beaucoup lors du bal costumé du week-end ; on y boit aussi copieusement, comme James, un Anglais qui s’adonne au Pernod (« l’apéritif opalin ») et sympathise avec Maigret. Celui-ci discute avec Marcel Feinstein le chemisier mari de Mado – une « femme à tempérament » –, et prend la mesure de la clientèle, d’un milieu parisien assez aisé.
Il y a « les gens à villa et les clients de l’auberge ».« Auparavant, il n’y avait là-bas que quelques ouvriers de Corbeil qui venaient danser le dimanche… James a pris l’habitude, quand les autres étaient trop bruyants, d’aller y boire tout seul… Un jour la bande l’a rejoint… On a dansé… Et l’habitude a été prise… Au point que les anciens clients, dépaysés, ont peu à peu abandonné la guinguette. »
Feinstein est tué, et Basso découvert le pistolet à la main ; il s’enfuit. James sous-entend que le mari trompé renflouait son affaire chancelante avec l’argent des amants de sa femme, qu’il mettait adroitement à contribution. Grâce à Victor Gaillard, le complice de Lenoir pour faire chanter l’auteur du premier meurtre voilà six ans, il découvre que la victime était un usurier qui prêta notamment à Feinstein.« Tous avaient un canot, soit à moteur, soit à voiles. Tous étaient pêcheurs plus ou moins passionnés. »
L’article Wikipédia divulgâche la fin, mais énonce quelques contrevérités.
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Georges Simenon
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Bédoulène- Messages : 21639
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Georges Simenon
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Georges Simenon
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Georges Simenon
meilleure réponse !
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Georges Simenon
Roman typique de Simenon, presque archétypal : Ouistreham, son petit port, avec l’écluse et la taverne attenante, et bien sûr la brume, cette grande alliée métaphorique des polars (cf. Le Fleuve des brumes, de Valerio Varesi), cette atmosphère d’un milieu où « tout le monde se tait, tout le monde ment », avec bien sûr une énigme étonnante : une capitaine retraité devenu responsable dudit port, qui disparaît soudainement, est retrouvé amnésique à Paris avec une cicatrice professionnellement soignée au crâne, ramené chez lui par Maigret, pour y mourir empoisonné...
« Et c’était, une fois de plus, l’atmosphère caractéristique de cette affaire ? »
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Re: Georges Simenon
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Georges Simenon
Derrière les façades de la place des Vosges, on trouve la réussite sociale, mais pas que. Au-delà de l’ombre d’une cour obscure, le propriétaire d’une affaire qui a réussi est retrouvé assassiné ; mais d’autres locataires vivent mesquinement, s’épiant dans une aigreur proche de la folie… De même, à l'Hôtel Pigalle, certains pensionnaires ignorent qu’ils avoisinent d’autres auxquels ils sont indirectement liés. La victime avait testé pour « ses trois femmes », celle d’un premier mariage, celle du second, et sa maîtresse.
Comme dit par Animal dans ses commentaires de lecture et relecture de ce polar, Maigret constitue le « trait d'union entre ces mondes » ; sa sympathie vient pour le défunt dont il découvre progressivement la personnalité, mais aussi pour sa maîtresse – autre victime. Drame de famille, affaire d’intérêts, où Maigret est présenté comme particulièrement massif, mais aussi observateur, empathique, et seul sourire du roman.
\Mots-clés : #polar #social
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Re: Georges Simenon
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