Georges Simenon

Monsieur Gallet, décédé



Dans « Pietr-le-Letton », le commissaire Maigret souffrait du froid, se réfugiant près de son poêle. Cette fois-ci, il pâtit d’une canicule qui s’est abattue sur la France en fin de mois de juin. La mort d’un certain Emile Gallet va l’entraîner dans une enquête difficile à Sancerre, au bord de la Loire.
Par rapport à Pietr, l’intrigue est beaucoup plus resserrée dans l’espace et les péripéties de l’intrigue plus construites, quoique celle-ci s’avère tout de même assez embrouillée.
Plus que l’histoire par elle-même, c’est l’arrière-plan social qui est intéressant : haines de famille, double-vie, déclassement social, appât du gain…
Maigret est toujours aussi imposant :

« Il était énorme. Quand il passait sous l’ampoule électrique, il la frôlait de la tête et ses épaules suffisaient à remplir le rectangle de la fenêtre, comme les seigneurs du Moyen Age, aux manches bouffantes, touchent le cadre des tableaux anciens. »

bien tentant !

hé oui, il faut se laisser tenter !

Maigret se fâche (1947)

Le retour de Maigret, à la retraite et en direct de Meung-sur-Loire, sorti de son hibernation estivale par une vielle dame originale. Mystère et squelettes dans les placards au menu ainsi que ce qu'il faut de personnages remarquables. Un retour passé aussi la barrière de la guerre. Peut-être bien bien ancré sur ses bases ce bougon de Maigret mais un plaisir de le retrouver et de se laisser prendre à cet atmosphère de campagne de région parisienne embourgoisée et ombragée.

je vais y revenir puisque le livre lu, n'était pas un polar

Maigret à New York (1946)

Maigret toujours retraité se retrouve à accompagner un jeune homme à New York. Pittoresque réglementaire par name dropping géographique qui ne fait pas oublier les bons rails de l'habitude sur lesquels nous sommes avec en plus l'amusement des tranches de franchouillardise de notre bon commissaire bougon.

N'empêche qu'avec trois fois rien; les trames de l'immigration dans l'intrigue et des moments d'ambiance très film noir on a en main un épisode assez efficace avec un vrai goût de là-bas dedans. Plaisant !

... Et écrit en moins de dix jours ?

j'y viendrais !

Le Charretier de la Providence



Cette enquête constitue une plongée dans le passé (1930), un monde presque disparu, que Simenon connaissait mieux que Maigret : celui des mariniers, avec son vocabulaire.

« Et Maigret apprenait qu’un chaudron est un remorqueur, qu’un panama est un bateau qui n’a ni moteur ni chevaux à bord et qui loue un charretier avec ses bêtes pour un parcours déterminé, ce qui constitue de la navigation au long jour. »

J’ai eu dès le second chapitre l’impression de reconnaître l’histoire, déjà lu ou téléfilm ; et surtout ce monde, que j'ai eu la chance d'un peu approcher dans la réalité. J’ai été étonné de découvrir que cet univers paisible était également marqué par la hâte, dans la course aux écluses.

« Le commissaire s’épongea en entrevoyant enfin un semblant de but. Il avait le souffle court et chaud. Il venait de parcourir cinquante kilomètres sans même boire un verre de bière. »

On voit que dans ce roman Maigret donne de sa personne, et que sa consommation d'alcool est limitée.

\Mots-clés : #polar

Un des premiers Maigret. Je l'ai lu il y a peu de temps: un bon cru. Comme souvent chez l'auteur, l'essentiel est dans l'atmosphère.

merci Tristram !

Monsieur Gallet, décédé

« Chaque affaire criminelle a sa caractéristique, qu’on saisit plus ou moins vite et qui donne souvent la clé du mystère.
Est-ce que la caractéristique de celle-ci n’était pas la médiocrité ? »

La première phrase est possiblement une clé de la fameuse atmosphère qui caractérise les polars de Simenon ; mais pour la seconde partie, c’est peut-être parler un peu vite !

« Je connaîtrai l’assassin quand je connaîtrai bien la victime. »

C’est sur le mort surtout qu’enquête Maigret, et ce Monsieur Gallet, qui ne quitte pas son esprit, « avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités », ne se révèle pas aussi simple qu’il n’y paraissait de prime abord.

« Il revint sur ses pas, tête basse, arrangeant à nouveau dans son esprit la silhouette de M. Gallet, la mettant en quelque sorte à jour.
Le personnage, au lieu de se compléter et de devenir plus compréhensible, ne se dérobait-il pas ? La physionomie de l’homme à la jaquette trop étroite ne se brouillait-elle pas au point de n’avoir plus rien d’humain ?
Au portrait, seule image tangible, théoriquement complète que Maigret possédât, se substituaient des images fuyantes qui n’eussent dû former qu’un seul et même homme et qui refusaient de se superposer. »

Voilà dix-huit ans que Gallet avait abandonné son métier de voyageur de commerce et faisait croire à sa famille qu’il le pratiquait toujours ; il était un ingénieux bricoleur s’adonnant à la pêche, mais aussi « l’escroc des légitimistes », et fut un « gai luron » en Indochine.
De menus usages devenus désuets participent du charme des romans de Simenon (il écrivit celui-ci en 1930).

« À gauche, dans le corridor, était posé un plateau avec une seule carte cornée : celle du maire de Saint-Fargeau. »

(Une carte de visite cornée signalait qu’elle avait été délivrée en personne.)
Toujours une impression de déjà-lu, mais peut-être seulement parce qu’à la lecture de chaque Maigret on retrouve un peu le même monde. Et celui-ci constitue également un excellent cru.

\Mots-clés : #polar

La Tête d’un homme, 1931



Maigret prend des risques énormes en facilitant l’évasion d’un condamné à mort qu’il pense être innocent. De plus, il se trouve confronté à un adversaire particulièrement intelligent qui cherche à le manipuler en lui fournissant des indices, mais aussi en l’aiguillant sur de fausses pistes. C’est un vrai jeu du chat et de la souris qui s’engage. Comme souvent, l’adversaire se laisse griser par son pouvoir et commet plusieurs fautes que le commissaire n’omet pas de mettre à profit.
L’ambiance balance entre quartiers chics de Paris : hôtel Georges V, bar de la Coupole. Contraste entre les beaux immeubles d’Auteuil et de l’autre-côté de la Seine, les secteurs encore déshérités de Grenelle et d’Issy-les-Moulineaux ; décor de terrains vagues, quais de déchargements encombrés de matériaux en piles. Il y traîne de tout : des tas de brique, de vieux châssis d’auto, du carton bitumé et même des rails de chemin de fer. Royaume des mariniers et trimardeurs qui se rencontrent dans l’improbable guinguette « La Citanguette ».

merci vous deux !

j'ai bien envie de faire un tour avec Maigret

Il semble qu'ArenSor et moi poursuivions de conserve, quoique à l'insu l'un de l'autre, une (re)lecture de "Tout Maigret (qui le vaut bien) !

Le Chien jaune – 1931



Un chien jaune efflanqué vient errer à l’emplacement de la tentative de crime, on le retrouve un peu plus tard, quelques pas plus loin, à l’hôtel de l’Amiral ou la bonne société de Concarneau se rassemble. Personne ne connait ce chien, ni sait d’où il sort. Les protagonistes du café ce sont essentiellement  les notables de la ville qui viennent à l’Amiral pour discuter, manger, boire, et lutiner les jeunes servantes. Maigret les observe et tente de démêler une intrigue aux écheveaux particulièrement embrouillés dans laquelle nombre de personnalités de la petite cité bretonne, fouettée par la pluie, se trouvent imbriqués à un titre ou à un autre.
Comme le soulignait Animal, ce roman évoque le cinéma de Chabrol et sa critique de le bourgeoise provinciale.
Le livre a été porté à l’écran dès 1932, sous le même titre, par Jean Tarride.

là il me tente encore plus !

La Nuit du carrefour – 1931



L’intrigue se passe dans l’Essonne, dans un triangle formé par trois bâtisses : un garage tenu par un gérant bon enfant, une maison bourgeoise occupée par un assureur et sa femme, un château où vivent un designer de tissus danois et sa sœur. Un matin le vieux tacot du danois se retrouve dans le garage de l’assureur échangé contre la luxueuse limousine de ce dernier retrouvée chez le danois, un homme criblé de balles au volant…..
L’ambiance et ici proche du film de gangsters de l’époque – d’ailleurs le roman est rapidement adapté au cinéma par Jean Renoir. Quelques beaux portraits, en particulier ceux du danois et de sa sœur dont le sex-appeal met à l’épreuve notre bon commissaire.

Un crime en Hollande - 1931



Maigret vient aider un compatriote français en mauvaise posture : surpris un revolver à la main lors d’un assassinat. Le commissaire débarque dans une petite ville du nord de la Hollande, sillonnée de canaux, terres plates parsemées de rutilantes bâtisses proprettes qui ressemblent à des maisons de poupée. Dans ce port, Les mœurs protestantes austères de la bourgeoisie créent un carcan étouffant pour la jeunesse. Handicap de taille, Maigret ne parle ni le néerlandais, ni l’anglais, ni l’allemand. De plus, il est l’objet de l’hostilité d’une partie de la population se demandant ce qu’est venu faire ce policier français. Malgré cela, Maigret résoudra l’énigme grâce à un plan détaillé des lieux et un timing particulièrement précis des évènements.
Livre plaisant et dépaysant.

Le Pendu de Saint-Pholien



Intrigué, Maigret suit un suspect jusque Brême – où ce dernier se suicide en constatant que Maigret a substitué une valise similaire à la sienne, qui ne contenait qu’un vieux costume… Enquête étrange de bout en bout, où le commissaire est précédé par l’une des quatre connaissances connues de la victime, l’homme d’affaires Van Damme – peut-être celui-là même qui tente de le tuer.

« Il eût été difficile de lire une pensée quelconque sur le visage de Maigret, dont la dernière des qualités semblait bien être la subtilité. »

Un drame qui sourd finalement du remords, et appréhendé avec beaucoup d’humanité.

\Mots-clés : #polar

Chers collèques du 36!

Attendez-moi, non d'une pipe, je vous rejoins!
Prochaine enquête, je m'attaque au pendu de St Pholien...
On se retrouve au café du coin, devant une fine, pour en parler?