Kazuo Ishiguro
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Kazuo Ishiguro
Né en 1954
Kazuo Ishiguro est un écrivain et romancier britannique d'origine japonaise.
Né au Japon, à Nagasaki, le 8 novembre 1954, il suit son père en Angleterre et y réside à partir de 1960. Ses parents ne pensant y rester que temporairement, ils préparent l'enfant à poursuivre le reste de son existence au Japon. Ce retour ne se fera pas.
Ishiguro suit ses études de littérature et de philosophie dans les universités du Kent et d'East Anglia et il reste de manière définitive en Angleterre, aux côtés de sa femme écossaise.
Ishiguro aborde dans Lumière pâle sur les collines le thème de la culpabilité parentale, dans Un artiste du monde flottant celui de la génération du nationalisme belliqueux, dans L'inconsolé le thème de l'oubli et du déni.
Son œuvre se signale par l'usage d'une langue d'adoption très maîtrisée — l'anglais britannique — et une grande empathie pour la culture et les mentalités de son pays d'adoption (notamment dans Les vestiges du jour).
(Wikipédia)
Ouvrages traduits en français :
1982 : A Pale View of Hills (Lumière pâle sur les collines) : Page 2
1986 : An Artist of the Floating World (Un artiste du monde flottant) : Page 1
1989 : The Remains of the Day (Les Vestiges du jour, 1990) : Page 2
1995 : The Unconsoled (L'Inconsolé, 1997) : Page 2
2000 : When We Were Orphans (Quand nous étions orphelins, 2001) : Page 3
2005 : Never Let Me Go (Auprès de moi toujours, 2006) : Page 1, 2
2007 : quatre textes de chansons pour la chanteuse de jazz américaine Stacey Kent pour l'album Breakfast on The Morning Tram
2009 : Nocturnes: Five Stories of Music and Nightfall (Nocturnes, nouvelles, 2010)
2015 : The Buried Giant (Le Géant enfoui, 2015) : Page 1
2021 : Klara et le soleil
màj le 31/07/2024
Dernière édition par Tristram le Mer 31 Juil - 12:35, édité 10 fois (Raison : MAJ renvois aux commentaires)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
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Re: Kazuo Ishiguro
Souvenirs d’enfance en pension de la narratrice, à l’écart dans la campagne anglaise fin XXe.
Description méticuleuse de l’enfance, ses jeux, ses fantasmes, ses frictions, ses interrogations, ses manipulations déjà… Une enfance assez heureuse, protégée, avec l’accent mis sur la création artistique, jusqu’à la découverte de la sexualité.
La lecture est un peu longue, malgré une grande finesse psychologique, un style précis, une atmosphère étrange et les allusions à ce qu’on va découvrir – sans omettre une émouvante humanité.
J'hésite à divulgâcher une révélation si minutieusement amenée, une anticipation portant sur une cruelle conséquence du progrès technologique.
- divulgâchage:
- Les enfants sont des clones élevés pour le don d’organes.
Réflexion subséquente à ladite lecture, la prolongeant quelque peu (ce bouquin doit avoir été écrit pour ça) : le fait est aujourd'hui que les avancées technologiques sont implémentées sans réflexion préalable. Les moyens justifient la fin (mais vice-versa). On agit, on pense après, et comme notre société va de plus en plus vite, les dérives sont de plus en plus inévitables. Face à la vibrionnante et vaine suractivité (médiatique) de beaucoup de décideurs économiques et politiques, les conseils de sages, experts ou anciens permettent de moins en moins le contrepoids d’une réaction. Pour mémoire, un tel mécanisme a été un des paramètres obligatoires de la Shoah.
mots-clés : #initiatique
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Tristram- Messages : 15925
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Re: Kazuo Ishiguro
Et je découvre le délicieux : xyloglossie = langue de bois ! Une merveille !
shanidar- Messages : 1592
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Re: Kazuo Ishiguro
La langue française n'est pas morte ! Il y a aussi un autre synonyme, xylolalie, un peu moins évident...Shanidar a écrit:Et je découvre le délicieux : xyloglossie = langue de bois ! Une merveille !
Divulgâcher est une traduction québéquoise de spoiler, je crois.
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Tristram- Messages : 15925
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Re: Kazuo Ishiguro
(mais merci pour les mots que j'apprends)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21635
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Re: Kazuo Ishiguro
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Kazuo Ishiguro
shanidar a écrit: Et je découvre le délicieux : xyloglossie = langue de bois ! Une merveille !
J'ai cru que c'était des insectes xylophages qui s'attaquaient à la langue
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Kazuo Ishiguro
En quelque sorte, la xyloglossie s'attaque bien à la langue, avec ses contournements discursifs...
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Tristram- Messages : 15925
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Re: Kazuo Ishiguro
Par contre, j'aime mieux l'expression langue de bois!
Et j'aime beaucoup Ishiguro.
Récupération ( je m'étais donné du mal ce jour là, je n'en reviens pas )
J'ai beaucoup aimé "Les vestiges du jour" ( l'adaptation cinématographique aussi, d'ailleurs..) Et avais lu, dès lors, tous les livres d'Ishiguro.
il est né au Japon de parents japonais, il est arrivé en Angleterre à cinq ans. Avant de devenir un écrivain reconnu, il a exercé divers métiers, dont celui de rabatteur de grouses pour la reine! Ce n'est peut-être pas un métier d'avenir, mais plus anglais, il ne doit pas y avoir...Seulement, un immigré, aussi assimilé soit-il, a toujours une vie antérieure qui finit par le rejoindre. Preuves en sont les deux ouvrages "japonais", Lumière pâle sur les collines et Un artiste du monde flottant.Un thème récurrent qui m'a frappée, celui de la mémoire individuelle. On connait de mieux en mieux sur le plan neuroscientifique les mécanismes de la mémoire et des souvenirs, mais c'est toujours intéressant de découvrir ce qu'on peut faire de ces souvenirs.
Amnésie quasi complète dans L'inconsolé. Un musicien de renommée internationale arrive dans un pays de l'Europe Centrale pour y donner un récital. On attend tout de lui, on le connait, il le constate, mais lui, il ne se souvient de rien. Personnage complètement décalé, il assume et essaie de faire face.
Souvenirs occultés ou refoulés ? Dans Lumière pâle sur les collines, le premier livre paru. Une femme et sa petite fille à Nagasaki. Elles doivent partir aux Etats-Unis. On retrouve cette femme en Angleterre, elle a une autre fille, quelques mots nous apprennent le suicide de sa fille aînée, que s'est-il passé, on ne le saura pas.
Souvenirs embellis, magnifiés, dans Quand nous étions orphelins. Souvenirs d'une enfance magique , rupture brutale et un héros, persuadé que tous les mystères du monde se résolvent aussi facilement que dans les romans d'Agatha Christie, qui retourne à Shangaï résoudre le mystère de la disparition de ses parents. Seulement la concession, ce milieu fermé, paradis de l'enfance, n'existe plus, c'est une ambiance de fin d'un monde, et cette enfance était-elle si belle que cela ?Bien sûr que non...
Souvenirs sans cesse justifiés, le plus connu, Les vestiges du jour. Pendant un voyage soit disant à des fins professionnelles, Stevens, majordome dans une très grande famille anglaise, laisse enfin les souvenirs affleurer. C'est le bilan d'une vie, et il sait que ce qu'il a manqué, c'est en fait pour de fausses raisons. Miss Kenton, le personnage féminin du livre, qu'il aurait pu aimer, lui dit à un moment : "Mais pourquoi faites vous toujours semblant ?" Avait-il le choix, d'ailleurs ?
Souvenirs affrontés, enfin, Un artiste du monde flottant, titre utilisé par Christine Jordis en tête de chapitre pour parler des artistes anglais des années 80.
Dans ce très beau livre, Ishiguro nous dit : "Il peut arriver, certes, les années passant, qu'on n'accorde plus du tout la même valeur à ses propres oeuvres, mais il est toujours réconfortant de savoir que votre vie a comporté un moment ou deux de satisfaction réelle..."
Le butler et le samouraï, tout un mélange, et de beaux romans.
Marie- Messages : 653
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Re: Kazuo Ishiguro
ce que je disais sur le livre "Auprès de moi toujours"
- Spoiler:
- je n'adhère pas à la résignation des personnages. j'attendais qu'au moins un décide de changer le cours de sa vie et s'évade.
de plus ce clonage totalement amoral m'a mise mal à l'aise
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Bédoulène- Messages : 21635
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Kazuo Ishiguro
Marie, merci pour cette précieuse présentation/ analyse de l'oeuvre d'Ishiguro, qui décidément creuse sans concession des aspects troublants de l'existence.
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Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Kazuo Ishiguro
Le géant enfoui
Original : The buried giant (Englisch/UK, 2015)
CONTENU :
Les Romains sont disparus depuis longtemps et la Britannie décline. Au moins les guerres entre Britanniques et Saxons semblent avoir céssé. Ce nouveau roman d'Ishiguro se situe en proximité du Roi Arthur décédé, dans un monde de chevaliers errants, de dragons et d'ogres. Deux Britanniques, Axl et Beatrice, se décident à partir en quête de leur fils. Un brouillard étrange d'oubli est sur le pays et leur recherche cible aussi bien leur fils que la reconquête des souvenirs. Vers où est-ce que cela les menera ?
REMARQUES :
Le lecteur des œuvres d'Ishiguro est surpris (ou justement pas) : à nouveau le Britannique d'origine japonais change complètement le registre. Après des romans historique, absurde, aestetique, detective ou dystopique, il change ici le cadre et le genre, apparemment. A travers certaines personnes et le cadre choisi, on peut se croire dans un prolongement des legendes autour du Roi Arthur, voir même une sorte de roman Fantasy avec des chevaliers, des guerriers, des ogres, des dragons… Au même moment nous reconnaissons des élements du style de l'auteur, certains sujets : cette écriture flottante et la place de la mémoire, des souvenirs.
Dans un paysage pauvre Axl et Béatrice, un couple déjà en âge avancée, sont à la maison dans un campement souterrain briton. Derrière leur comportements d'attention, leur affection sensible nous sommes aussi rapidemment amené à constater que quelque chose d'innommables se met entre les gens : un nuage, un brouillard d'oubli, quelque chose d'incertain concernant son propre passé et celui de son peuple même. Juste des morceaux de souvenirs atteignent ces gens, comme si leur propre identité leur reste caché. Alors dès les premiers pages nous sommes devant des questions du lien entre souvenir et identité ! Mais avant que ne disparaît le tout dans l'oubli complet, le couple vieillissant veut se mettre en route et en recherche de leur fils « perdu ». Et au même moment en quête de leurs propres souvenirs. Mais l'oubli – est-ce que c'est une maladie, un sort jetée ? Ou éventuellement une punition de Dieu, signe de sa lassitude ? Ou un coussin sur lequel se reposer ? Y-t-il une responsabilité de se souvenir ou un droit à l'oubli ?
Sur leur chemin ils rencontrent des personnes diverses, chacun avec sa part de souvenirs, voir même sa tâche là-dedans. Il y a surtout Wistand, le guerrier saxon, parti pour tuer Querig, le dragon. Celui-ci, de son coté, semble lié avec ce nuage d'oubli sur le pays ! Aussi y-t-il Gawain, un chevalier d'Arthur, investi lui-aussi d'une tâche autour du dragon.
Mais je vais pas continuer concernant le contenu du roman. Qui, en entendant certains mots clés, s'attend à un roman de Fantasy ou de combats acharnés sera certainement déçu, car les descriptions de scènes d'actions me semblent un peu lourdes, sans vie, voir sans grand intérêt. Mais il me semble clair que pour Ishiguro l'attention centrale n'est pas là, mais que l'importance est dans les sujets tels que le souvenir et l'oubli de fautes, du passé, aussi bien sur un plan personnel (histoire d'amour entre le couple) que intertribal, entre éthnies différents, ici donc les Saxons et les Britons.
Ici Ishiguro met dans un contexte mythique, mi-historique, mi-parabolique, des sujets importants qui devraient nous interpeller aussi aujourd'hui, et dans ces siècles entamés de génocides et de responsabilités niées et repoussées. Est-ce que notre époque (et peut-être toute l'histoire personnelle et suprapersonnelle?) ne reste pas marquer par l'oubli sur différents niveaux ? Y-t-il une responsabilité de souvenir ? Ou aussi une néccessité d'oubli face aux grandes torts subis ? Est-ce qu'il peut y avoir identité sans souvenir, sans passé avoué ?...
En ce qui me concerne j'étais à nouveau fasciné par la capacité d'Ishiguro de poser des questions essentielles dans une écriture apparemment simple, voir une peu flottante. Celui qui cherche la confrontations avec de telles questions aura de quoi manger ici !
Mais de toute façon je suis peut-être un inconditionnel de cet auteur que j'estime énormement ?
mots-clés : #contemythe #historique
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Kazuo Ishiguro
Pour moi aussi, Ishiguro compte parmi les plus grands, et depuis bon nombre de lectures je me dis à chaque fois : Si jamais cela avait (encore) un sens, il aurait merité le Nobel ! J'attends pour chaque publication avec une certaine impatience, et je ne suis pas deçu. Donc, j'ai tout lu de lui ; son œuvre n'est pas si volumineuse que c'est déjà de l'ordre de l'exploit.
Merci à Marie pour ses remarques pertinentes. A juste titre elle souligne si bien le sujet de cet auteur qui revient comme un Leitmotiv : la mémoire, les souvenirs, le déni, l'oubli…
Mais je soulignerais aussi : pas seulement l'aspect change – comme l'a décrit si bien Marie – à chaque fois legèrement, mais le traitement, le choix du style change aussi. C'est ainsi qu'on pourrait trouver dans chaque livre de l'écrivain un autre genre, un autre approche : tantôt historique, dystopique, tantôt absurde-kafkaesque, policier, esthétique, voir même avec le dernier livre de l'ordre presque de la « fantasy ». J'admire pas seulement la varieté en soi, la maîtrise de différentes styles et écritures, mais le courage : ce choix de nouvelles approches montre que l'auteur ne se contente pas juste de vieilles recettes, mais qu'il ose explorer des nouvelles pistes. Quitte à surprendre. Ce serait si simple d'utiliser vraiment la même recette tout le temps !
Un mot pour la langue : j'ai lu tout en anglais, et même sans être un anglophone de naissance, il m'a semblé toujours que voici, une langue d'une élegance extrême, d'une fluidité incroyable.
Nous avions en haut une petite discussion sur la résignation des personnes, une certaine forme de passivité. Je pense qu'on parlait de ces élèves qui ne se défendent pas contre ce qu'on voulait faire avec eux. On pourrait sans doute retrouver une attitude similaire dans d'autres livres de lui. Cela ne peut que susciter une malaise, voir une non-adhésion de notre part. Mais est-ce que ce n'est pas justement là le noyau de ce que l'auteur veut nous dire ? Il est bizarre que ce qui paraît inacceptable dans nombre de livre d'Ishiguro EST justement le fait soit historique, soit humain de personnes qui consentent, qui acquiescent, pas capables de se revolter, d'être des personnes dans le sens plein d'une responsabilité et d'une autonomie.
Ah oui, cela nous revolte ! Mais à vrai dire : n'est-ce pas cela justement qui est toujours en train de se (re)produire ? Une forme d'ignorance, de fermeture des yeux. Pour faire face, on s'invente des arguments « compréhensibles », et on adhère ! On adhère même à l'impossible. Et il me semble que dans certains livres c'est justement une réalité pas seulement personnelle, individuelle, mais politique, sociétale : Ishiguro met le doigt ici dans les origines des totalitarismes. Non ?
Là je trouve que son origine comme Japonais, chargé avec une certaine histoire, mais aussi comme Britannique (voir Remains of the day/les vestiges d'un jour) lui inspire des réflexions, des pages sur une certaine forme de « mal », ou d'une passivité collaboratrice. Non , pas que les gens sont vraiment « mauvais », mais ils sont incapables de tenir face à la logique du laisser faire (avec soi).
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Kazuo Ishiguro
Juste après sa capitulation, le Japon se reconstruit en pleine transformation, de plus en plus sous influence occidentale. Sensei Ono, respectable peintre à la retraite, perturbé par les tractations du mariage arrangé de sa seconde fille et le comportement assez irrévérencieux de son petit-fils (plus marqué par les cow-boys que par les samouraïs, mais sensible à ses suggestions machistes), nous confie ses réflexions. Elles portent sur le monde flottant qui a disparu (le quartier de plaisir, par-delà le « Pont de l’Hésitation », où ils aimaient à boire et discuter, symbole du monde transitoire, impalpable, fugitif et illusoire), et sur sa propre attitude (il y a une faux-suspense sur son rôle dans la montée du nationalisme militaire et impérialiste auquel il aurait participé avant-guerre).
Disait déjà son maître, avant qu’il en devienne un et forme ses propres disciples.« "Quand je serai vieux, et que je repenserai à ma vie, je crois que je pourrai me féliciter de l’avoir consacrée à poursuivre et à essayer de retenir, et de rendre, la beauté unique de ce monde. Et on pourra toujours venir me dire que j’ai perdu mon temps !" »
Retour sur sa vie et ses choix de transformation (artistique comme sociale), teinté moins de culpabilité que de nostalgie ‒ finalement ceux d’un homme ordinaire.
« "Nous, au moins, nous croyions dans ce que nous faisions, et nous avons agi de notre mieux." »
#guerre
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Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Kazuo Ishiguro
Et bien voilà Tom Leo, c'est chose faite!Tom Léo a écrit: et depuis bon nombre de lectures je me dis à chaque fois : Si jamais cela avait (encore) un sens, il aurait merité le Nobel !
Bien sûr nous avions tous un faible pour notre Panda, mais ce sera pour l'année prochaine, je pense?
Marie- Messages : 653
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Kazuo Ishiguro
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Kazuo Ishiguro
Faudra que je le tente, mais y a tellement de choses qui me font envie ...
Invité- Invité
Re: Kazuo Ishiguro
Par contre, j'ai souvent été déçu par la suite au cours de mes lectures d'Ishiguro, malgré un style personnel toujours d'une grande limpidité. Mais il faut saluer cette récompense bien loin d'être inattendue.
Avadoro- Messages : 1405
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 39
Re: Kazuo Ishiguro
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Kazuo Ishiguro
Marie a écrit:Et bien voilà Tom Leo, c'est chose faite!Tom Léo a écrit: et depuis bon nombre de lectures je me dis à chaque fois : Si jamais cela avait (encore) un sens, il aurait merité le Nobel !
Oui, pour moi c'est une fête, vraiment! J'étais si heureux hier! Je lui souhaite des nombreux lecteurs, et ce sera probablement le cas!
(... et est-ce que j'annonce alors un prochain candidat sur ma liste? Andreï Makine!)
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
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