John Maxwell Coetzee
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John Maxwell Coetzee
Né en 1940
Biographie a écrit:
J. M. Coetzee, de son nom complet John Maxwell Coetzee est un romancier sud-africain d'expression anglaise, né au Cap en 1940.
Descendant de colons afrikaners, son père était avocat et sa mère institutrice. L'anglais est sa première langue et il suit d'ailleurs sa scolarité dans une école anglaise. Il ne semble d'abord pas se destiner à un cursus universitaire dans les lettres et étudie un temps les mathématiques à l'université du Cap. En 1960, il part pour l'Angleterre et poursuit à Londres des études en linguistique et en informatique.
Après avoir travaillé comme programmeur pour IBM, puis pour International Computers, Coetzee nourrit des ambitions littéraires mais il est tenaillé entre le besoin financier et sa passion pour les livres et l'écriture. L'attribution d'une bourse d'étude lui permet de reprendre des études d'anglais à l'université du Texas à Austin, où il soutient une thèse de doctorat en 1965 sur les romans de Samuel Beckett. Il obtient ensuite un poste à l'université de Buffalo (New York) où il enseignera jusqu'en 1983. Son premier roman, "Terres de crépuscule", y est publié en 1974. "En attendant les barbares" est publié en 1980. Quatre ans après, il obtient une chaire de professeur en littérature au département d'anglais de l'université du Cap.
Coetzee s'installe en Australie en 2002 pour enseigner à l'Université d'Adélaïde. Il est maintenant professeur émérite à l'université de Chicago (Illinois), aux États-Unis.
L'auteur a reçu de nombreux prix littéraires de premier ordre: il a notamment été le premier écrivain et à ce jour encore le seul avec l'auteur australien Peter Carey, à obtenir deux fois le prestigieux Prix Booker, en 1983 pour "Michael K, sa vie, son temps" et en 1999 pour "Disgrâce". La plus importante de toutes les distinctions internationales, à savoir le prix Nobel de littérature, vient couronner en 2003 l'ensemble de son œuvre.
Bibliographie en français :
1974 - Terres de crépuscule
1976 - Au cœur de ce pays
1980 - En attendant les barbares
1983 - Michael K., sa vie, son temps
1986 - Foe ; Page 2
1990 - L’Âge de fer ; page 2
1994 - Le Maître de Pétersbourg ; page 1, 2
1997 - Scènes de la vie d’un jeune garçon
2000 - Disgrâce
2002 - Vers l'âge d'homme ; page 1, 2
2000-2003 - Trois histoires ; page 2
2003 - Elizabeth Costello ; page 1
2006 : L'Homme ralenti ; page 1, 2
2007 : Journal d'une année noire ; page 1, 3
2007 : De la lecture à l'écriture ; page 2
2010 : L'Été de la vie ; Page 2
2013 : Ici & maintenant, correspondance avec Paul Auster
2013 : Une enfance de Jésus ; page 1
2016 : La Vérité du récit
2003-2017 : L'Abattoir de verre, sept nouvelles ; Page 3
MAJ de l'index le 18/11/2024
Dernière édition par Hanta le Mar 27 Déc - 15:33, édité 1 fois
Hanta- Messages : 1596
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Re: John Maxwell Coetzee
Ce livre m'a scotché ! J'ignorais qu'il faisait partie d'une trilogie autobiographique et je ne l'ai du coup pas lu dans le juste ordre ni en le pensant autobiographique.
L'auteur nous emporte dans les méandres d'une pensée compliquée, désespérée, le propos d'un poète frustré par son manque de créativité, frustré par le manque d'émotions avec les femmes qu'il rencontre, la peur qu'elles lui volent son inspiration, et ces racines si complexes à intellectualiser.
On retrouve du Kierkegaard, celui de "La reprise" où le jeune (Kierkegaard réfléchissant à sa rupture avec Régine Olsen) pris sous l'aile du philosophe danois (comprenant qu'il s'est trompé en rompant) oscille entre choisir sa vie amoureuse et sa vie artistique.
J'y ai retrouvé du Hrabal aussi dans ses considérations sur l'importance de la littérature au sein de la société, au sein de cultures oubliées et soumises à la violence.
Le style emporte par sa simplicité à exposer des questionnements pourtant complexes.
Il y a beaucoup de pudeur et pourtant tellement de sentiments dans cette oeuvre.
Magistral.
mots-clés : #autobiographie #creationartistique
Hanta- Messages : 1596
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Re: John Maxwell Coetzee
Une enfance de Jésus
A vrai dire je n'y ai rien compris .
J'y ai vu un roman pseudo philosophique avec un gamin à claquer qui passe tout le livre à demander c'est quoi ? Comment ? Pourquoi ? et son protecteur impassible qui continue à répondre, à expliquer, à raisonner, dans un monde où l'on arrive en faisant table rase de son passé, et où on vous attribue un nouveau nom.
C'est long-long-long, pesant, prêchi-précha ...
Mais sans doute y a t'il là un sens et une poésie qui m'ont échappé...
(commentaire récupéré)
mots-clés : #initiatique
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8545
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Re: John Maxwell Coetzee
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Re: John Maxwell Coetzee
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topocl- Messages : 8545
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Re: John Maxwell Coetzee
Le maître de Petersbourg
Ortiginal : Anglais (Afrique du Sud), 1994
CONTENU :
Fiodor Dostoïevski revient précipitamment à Pétersbourg : son beau-fils Pavel, mêlé à des activités terroristes, vient d'être victime d'un accident fatal. Pavel s'est-il suicidé, a-t-il été tué par la police ou par ses camarades nihilistes ? Traqué par la police, il tente de découvrir la vérité et de sauver Matriona, jeune fille fascinée, elle aussi, par le discours des terroristes.
REMARQUES :
Coetzee sur Dostoïevski – cela promet ! Très tôt j'avais acheté ce livre, mais c'est seulement maintenant que je l'ai lu.
Sans aucun doute un grand roman, on dirait même un grand roman russe, de l'écrivain. Visiblement il se connaît dans l'oeuvre de l'auteur russe. Il n'en fait pas de lui un travail historique, mais des éléments de son œuvre sont issés dans ce roman. Signe : des actions, des caractères en particulier de l'oeuvre « Les possédés/Les démons « sont attribué au Dostoïevski fictif de ce roman. Cela peut désorienter à juste titre car pour l'amateur les lignes de démarcation entre fiction et réalité, entre roman et faits réels sont pas claires. Ainsi la description de Coetzee de l'écrivain russe est une vue subjective. Qu'est-ce que j'attribue à lui ? Coetzee fait des déductions de son œuvre au personnage. Cela est certainement bien vu, car D. se dévoile dans ses livres avec ses questionnements intérieurs, ses combats, ses contradictions aussi. Dans ce sens- là l'oeuvre est un miroir de la personne. Mais ces énoncés dans ses livres ne peuvent pas toujours permettre – à mon avis – de déduire directement sur les actions même de l'écrivain russe, voir même sur son être, sa personne dans une valeur inaliénable. Le D. fictif de Coetzee est plutôt le coté obscur de la médaille (dont parle D lui-même!). Et c'est intéressant, bien sûr.
Où alors sont les cotés plutôt lumineux, et dans l'oeuvre et dans la personne de D ? La foi ? Le désir ? Cela me manquait, vraiment. Oui, sans aucun doute Coetzee écrit un bon ROMAN, mais comme hommage à D. plutôt raté, à mon avis. Ou, disons : très tendencieux, partiel. Coetzee écrit peut-être à partir de ses démons à lui ?!
J'étais alors très attentif aux attributs, aux adjectifs utilisés pour décrire D, et ce n'est pas très réjouissant. On parle d'un homme « à faire pitié, obscène, pervers, amer, pas digne de confiance, fou » et j'en passe. Ce ne sont plus des descriptions « neutres » ou même des jugement un peu critique, mais c'est assez incompréhensible comme jugement presque dédaigneux et dur. Moi, je ne sentais pas le respect pour une personne. C'est une pure réduction sur le petit et misérable (qu'il y a en nous tous…?!).
Donc, peut-être Coetzee n'arrive pas à comprendre que le grand et l'abîme peuvent coexister dans une même vie ? Sa lutte à lui ? Malgré un grand roman alors, le Sud-Africain se heurte ici à des limites, à mon avis. Intéressant, voir passionnant comme roman miroir des œuvres de D., mais comme description, voir hommage de la personne, pour moi pas recevable. Et à élargir par d'autres approches, correspondances, récits etc...
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: John Maxwell Coetzee
J'ai beaucoup apprécié ce que j'ai lu. Coetzee traite de façon originale du racisme (Afrique du Sud oblige), notamment dans En attendant les barbares :
Ce dernier extrait réfère au Désert des tartares ?« Cela m’affligeait toujours, autrefois, de voir ces gens tomber dans les pièges tendus par les commerçants, échangeant leurs marchandises contre de la pacotille, vautrés, ivres, dans le ruisseau, et confirmant ainsi la litanie de préjugés qu’égrènent les colons : les barbares sont paresseux, immoraux, sales, stupides. »
« …] en venant au monde, chaque créature porte en elle le souvenir de la justice. […] Nous sommes des créatures déchues. Nous sommes réduits à appliquer la loi, tous tant que nous sommes, sans laisser s’évanouir en nous le souvenir de la justice. »
« Le crime est latent en nous, nous devons nous l’infliger à nous-mêmes. […] Pas aux autres. »
« Nous en sommes réduits à fourbir nos épées, à regarder et à attendre. »
« Combien de gens reste-il qui ne soient ni enfermés ni chargés de surveiller la porte ? J’ai échappé aux camps : si je fais attention à ne pas trop me montrer, peut-être que j’échapperai aussi à la charité. »
John Maxwell Coetzee, « Michael K, sa vie, son temps », Trois
« "La société humaine a créé le langage pour nous permettre de communiquer nos pensées, nos sentiments et nos intentions les uns aux autres." À son avis, qu’il se garde bien d’exprimer en public, la parole trouve son origine dans le chant, et le chant est né du besoin de remplir de sons l’âme humaine, trop vaste et trop vide. »
John Maxwell Coetzee, « Disgrâce », Un
Beaucoup de choses intéressantes dans cette oeuvre : essayez de ne pas vous décourager à la découvrir...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15922
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Re: John Maxwell Coetzee
Tristram a écrit:Beaucoup de choses intéressantes dans cette oeuvre : essayez de ne pas vous décourager à la découvrir...
Absolument d'accord. J'ai lu d'autres livres de lui (ante-parfuméens et chosiens...) dont je n'ai pas garder des notes. Mais j'en garde plutôt un bon souvenir. C'est pour cela que je m'attendais à un bon livre.
Pour souligner encore une fois:
Comme FICTION et travail avec les sujets des "Démons/Les possédés" certainement remarquable! Mais je ne suis as d'accord avec les déductions de l'auteur dans es descriptions de la personne, de l'être de Dostoïevski.
tom léo- Messages : 1353
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Localisation : Bourgogne
Re: John Maxwell Coetzee
Gnocchi- Messages : 965
Date d'inscription : 01/01/2017
Re: John Maxwell Coetzee
Vers l'âge d'homme
traduit de l'anglais par Catherine Lauga du Plessis
Lui n'est pas un réfugié; ou plutôt, s'il allait prétendre au Home Office qu'il est réfugié, cela ne le mènerait nulle part. Qui donc vous opprime? dirait-on au Home Office. Qu'est ce que vous fuyez? L'ennui, répondra-t-il. Les philistins. L'atrophie de toute vie morale. La honte.
Deuxième volet de ce que l'on peut considérer- même si c'est écrit à la troisième personne du singulier et au présent- comme une trilogie fortement autobiographique, commencée avec Récits d'un jeune garçon .
C'est en tout cas le parcours d'un jeune Sud-Africain, blanc, qui faisait des études de mathématiques au Cap et qui a émigré à Londres au début des années 60. Comme Coetzee. Grand lecteur de littérature européenne, Il a le "
projet ambitieux de lire tout ce qui mérite d'être lu avant de partir pour l'Europe, pour ne pas arriver là bas comme un provincial, un péquenot
Il pense que là, peut être , il pourra devenir quelqu'un d'autre que ce qu'il est .Ecrire de la poésie, par exemple. En exergue, une phrase de Goethe qui dit que si l'on veut comprendre le poète, il faut aller dans son pays..
Tout va mal, pour lui,de toutes façons en Afrique du Sud. le pays, d'abord:
Sa vie sentimentale est aussi un fiasco complet, et il risque à tout moment d'être appelé à l'armée, ce qui le conduirait, dit-il, au suicide..Il aimerait croire qu'il y a assez de pitié dans l'air qu'on respire pour les Noirs et pour leur sort, qu'il y a quelque désir de les traiter honorablement pour compenser la cruauté de la loi. Mais il sait qu'il n'en est rien. Entre Noirs et blancs s'est établi un fossé définitif.
Alors, adieu définitif à l'Afrique du Sud qu'a colonisée
.une poignée de hollandais se déclarant propriétaires d'un territoire étranger qu'ils n'avaient jusqu'alors jamais vu : et aujourd'hui, leurs descendants considèrent ce territoire comme leur appartenant de droit, de naissance?
L'Afrique du Sud est comme un albatros accroché à son cou, … Il veut qu'on le lui enlève, comment, il s'en moque, pour lui permettre de respirer enfin.
Ces trois années à Londres vont être une autre descente aux enfers..
On peut s'attacher au récit lui même , le Londres des années 60, ville très peu hospitalière pour les immigrés- et encore, il est blanc- sa misère,sa solitude, sa souffrance et ses emplois successifs dans les débuts de l'informatique. Mais il y a autre chose qui domine, à mon avis.
Il est venu à Londres pour faire ce qui est impossible en Afrique du Sud: explorer les profondeurs. Si l'on ne descend pas dans les profondeurs, on ne peut être un artiste. Mais qu'est-ce exactement que les profondeurs? Il avait cru que se traîner péniblement dans les rues glaciales , le coeur engourdi par la solitude, c'était ça, les profondeurs. Mais il se peut que les vraies profondeurs soient toute autre chose, et se présentent sous des formes inattendues: dans une explosion de méchanceté envers une fille au petit matin , par exemple. Peut être que les profondeurs qu'il voulait sonder étaient en lui, de tout temps, enfermées dans sa poitrine, profondeurs d'insensibilité, de goujaterie, de froideur. Est ce que céder à ses inclinations, à ses vices, et puis après se ronger et s'en vouloir, comme il le fait en ce moment, est ce que cela sert à quelque chose pour faire de lui un artiste? A l'heure qu'il est, il ne voit pas comment.
Je crois que je le vois plus.. Et que lui aussi, d'ailleurs, car ce livre date de 2002 , bien longtemps après les années londoniennes.
Et ce jeune homme qu'il décrit, en proie à de multiples questions sur la création ( poésie ou prose, quel écrivain imiter, souffrance essentielle à la création? comment concilier détachement et même pseudo indifférence avec la notion d'art?) est assez antipathique. Du moins il le serait si on ne constatait pas que c'est le regard de l'écrivain de 2002 sur le jeune homme qu'il était.C'est lui-même qui en décide. Ce décalage du regard, ce manque complet d'attendrissement pour ses personnages , c'est d'abord à lui même qu'il les applique .Toujours un recul, ou un dédoublement ( et même 3 voix dans Journal d'une année noire) Et ce besoin constant d'expier, qui donnera le fabuleux Disgrâce.
Des états d'âmes très communs au genre humain , à cet âge là. Mélange de médiocrités ordinaires, et d'aspiration au génie, d'orgueil ,naïveté , radicalité , de désirs jamais satisfaits,d'inédaquation constante avec la vie quotidienne, nombrilisme mais aussi éclairs de lucidité, générosité , empathie , constamment disséqués.
Etude -dissection, analyse en phrases lapidaires qui ne laissent guère de place à l'indulgence ,de tout cela il va faire en quelque sorte une marque de fabrique . Spectateur de ses personnages, et le premier, c'est lui-même. Et il ne se fait aucun cadeau.
Assez grandiose démonstration, a posteriori, de la naissance d'un écrivain .
Marie- Messages : 653
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Re: John Maxwell Coetzee
L'homme ralenti
Traduit de l'anglais( Afrique du sud) par Catherine Lauga du Plessis
Un australien sexagénaire, Paul Rayment, sans famille , se retrouve brutalement amputé d'un membre inférieur à la suite d'un accident. Refusant obstinément le port d'une prothèse qui lui permettrait le retour à une certaine indépendance, incapable de se débrouiller seul donc, il nécessite des soins quotidiens. Qui lui sont prodigués par une infirmière d'origine croate, récemment immigrée avec sa famille.
Et notre sexagénaire qui ,jusqu'à l'accident, assumait parfaitement sa solitude, va s'apercevoir qu'une prothèse affective, une famille, fût-elle d'adoption, est encore le meilleur rempart contre les affres de la vieillesse et du handicap physique.
Arrêt sur image. La lectrice se dit: " Voyons......Mais il va devenir presque sentimental, notre Sud-africain ! "
Erreur. C'est à ce moment du récit que débarque dans le roman -fiction dans la fiction- Elisabeth Costello, double de l'auteur. Et celle-ci, à son habitude, va remettre les pendules à l'heure. Plus précisément à l'âge.
Froide observatrice et analyste de la réalité, incisive, Elisabeth Costello met peu de temps à briser rêves et espoir......
Coetzee n'a pas changé, ses romans sont toujours aussi noirs. On les referme avec soulagement. Et pourtant, leurs personnages ne nous quittent jamais tout à fait. C'est peut être ce qui prouve que J. M. Coetzee est ,pour moi, un grand écrivain.
message récupéré
mots-clés : #pathologie
Marie- Messages : 653
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Re: John Maxwell Coetzee
Journal d'une année noire
traduit de l'anglais par Catherine Lauga du Plessis
C’est un roman.. Enfin, c’est-ce qui est écrit! Un roman à trois voix, écrites simultanément , comme sur les portées d’une partition. C’est au départ d’ailleurs très difficile à lire, on se demande comment il faut s’y prendre, parce que bien sûr, les trois voix différentes ne s’arrêtent pas simultanément à la fin d’un chapitre!
Et un roman en deux parties, la première intitulée Opinions tranchées, la deuxième deuxième cahier mais aurait pu s’appeler les seules choses qui comptent vraiment? Ou journal intime?
Ca commence avec Des origines de l’Etat et se termine avec Bach et Dostoievski..
Un vieil écrivain sud africain installé en Australie ,J.C. ( toute ressemblance avec l’auteur ne saurait être fortuite..) s’est vu demander par un auditeur allemand des opinions sur des sujets divers qui vont donc du mythe de la fondation de l’Etat selon Thomas Hobbes , à Guantanamo, la pédophilie, Zénon ,Tony Blair, ou la manière qu’emploie l’Occident pour vouloir imposer la démocratie en Orient. Des opinions , ça, il en a ,J.C. Et tranchées!
L'occasion de râler en public, de me venger par magie du monde qui ne veut pas se conformer à mes fantasmes : ça ne se refuse pas.
C’est bref, sec et sans concession .C’est une mélodie grave et pour une fois les basses sont en haut de la page..
Pour taper ces pensées , l’écrivain recrute une jeune femme d'origine philippine , qui habite dans son immeuble, et dont la vue ne le laisse pas indifférent. La deuxième voix apparaît , flûtée et futée.. Car elle a son mot à dire , Anya , l’impertinente, et elle ne se gêne pas pour le dire! Et insensiblement, l’air de rien, avec un bon sens à toute épreuve , elle discute, critique et surtout fait valoir que la politique n’intéresse plus grand monde..
Troisième voix, un bémol , l’actuel compagnon d’Anya , le plus moderne, je dirais, un ténor de la finance pas très scrupuleux, dont l’intérêt se borne à trouver tous les moyens possibles pour tirer de l’écrivain un maximum d’argent.
Bien sûr, ça ne se raconte pas. Ou très mal. Le principal intérêt est de voir , exactement comme dans un trio musical,comment ces trois voix se mélangent, agissent les unes sur les autres et comment le thème se modifie au gré des variations , une vraie fugue à trois voix..
Et pendant que J.C. constate que la vie vaut d’être vécue tant qu’il peut écouter Bach, un père spirituel, la petite Anya lui écrit:
.
En toute honnêteté, je vous dirai que vos opinions tranchées sur les questions politiques ou les choses de ce genre ne sont pas ce que vous écrivez de meilleur, peut être parce qu’il n ‘y a pas d’histoire à raconter en politique, peut être parce que vous n’êtes plus trop dans le coup, peut être parce que ce n’est pas le style qui vous convient. Mais j’espère vraiment qu’un jour vous publierez vos opinions adoucies. Si vous les publiez, n’oubliez d’envoyer un exemplaire à la petite dactylo qui vous a mis sur cette voie..
Roman, vrai journal avec auto-ironie apportée par les histoires parallèles?
Je n’en sais rien, mais ce croisement de lignes mélodiques , à lire lentement, est encore une fois d'une intelligence remarquable.
Grand plaisir de lecture!
message récupéré
Marie- Messages : 653
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Re: John Maxwell Coetzee
merci
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21622
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Re: John Maxwell Coetzee
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Tristram- Messages : 15922
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Re: John Maxwell Coetzee
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Bédoulène- Messages : 21622
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Re: John Maxwell Coetzee
Le seuil a écrit:À travers une ingénieuse succession de huit discours officiels, la vie d'Elizabeth Costello, romancière australienne vieillissante, nous est peu à peu révélée. Nous la suivons au gré de ses déplacements, d'une remise de prix en Pennsylvanie à une intervention sur les droits des animaux dans le Massachusetts, d'une conférence sur un bateau de croisière à une visite à sa sœur missionnaire en Afrique du Sud, d'un colloque sur le mal à Amsterdam jusqu'à l'ultime tentative pour franchir la porte vers un au-delà incertain.
La célébrité et l'adulation qui lui valent ces invitations à s'exprimer devant un auditoire reposent sur un roman publié voici trente ans dans lequel elle arrachait la femme de Bloom aux limites qui lui étaient imposées dans l'Ulysse de Joyce. Avec la distance ironique qu'on lui connaît, J.M. Coetzee, une fois de plus, est un autre. Il ignore le clivage entre homme et femme pour faire le portrait douloureux de l'artiste en vieille dame déboussolée, rongée par le doute et l'interrogation sur le pouvoir de l'écriture littéraire face au mal et à la mort.
La lecture de ce livre est d’abord une bouffée d’esprit, comme être le témoin d’une conversation intelligente. On se doute qu’Elisabeth Costello, écrivaine vieillissante (« qui est ou fut écrivaine », vue notamment par les yeux attentifs de son fils, et principalement reconnue comme auteure d’un roman dont le personnage central est Marion Bloom, femme du personnage de l’Ulysse de James Joyce), est un alter ego, ou un porte-parole de l’auteur, et on découvre les regards et réflexions d’une personnalité assez « acidulée » (cassante, assez amère, caustique), qui juge ce(ux) qui l’entoure du haut de son expérience, dans le contexte des huit conférences données : les honneurs reçus dans la reconnaissance, un ancien amant (occasion d’un jugement aussi critique que politiquement incorrect sur la posture du roman indigène africain, qui me paraît d’autant plus judicieux que j’en remuais déjà les éléments avec une mauvaise conscience de bon ton), au gré des communications publiques ne portant pas sur les sujets attendus (le roman, l’écriture ‒ dommage, j’avoue être spécialement attiré par les écrivains qui parlent de l’écriture) mais par exemple sur les droits des animaux, en filiation directe du Troisième Reich (rapprochement discutable entre la Shoah et les abattoirs de Chicago, qui ne manque pas de faire polémique, mais Coetzee ne tranche jamais, alors que ce qu’il énonce se trouve aujourd’hui à la pointe de l’actualité), le christianisme versus l’hellénisme des études humanistes, le "problème" du mal, Éros… avec beaucoup de référence à Kafka.
La méthode, la parole me ramentoit celles des romans de Kundera (peut-être moins déliées, plus patentes) pour formuler des thèses, ou au moins développer points de vue et idées ‒ en fait surtout pour soulever des lièvres : abstraction intellectuelle (mais forte présence de la chair, de l’émotion), avec peu de cohérence apparente entre les thèmes abordés (un peu fourre-tout des dernières cogitations). Ces thèmes abordés ne sont pas forcément ceux que le lecteur recherche particulièrement (et ce n’est plus le temps, l’amour ou la mort auxquels les écrivains se confrontent directement, étudiés sur un large spectre : leurs préoccupations et approfondissements sont moins généraux), et ce que Coetzee expose tient du rongement (il gratte où ça fait mal).
« Je n’ai plus guère le temps de dire des choses que je ne pense pas. »
« "C’est donc cela que vous pensez, dit-il enfin, que nous menons des vies parallèles, hommes et femmes, que nous ne nous rencontrons jamais réellement ?"
La conversation a pris un autre tour. Ils ne parlent plus d’écriture, pour autant qu’ils l’aient jamais fait.
"Qu’en pensez-vous, dit-elle. Que vous dit votre expérience ? Et la différence est-elle une si mauvaise chose ? S’il n’y avait pas de différence, qu’adviendrait-il du désir ?" »
« D’un autre côté, elle ne croit plus tellement en la croyance. Une chose peut être vraie, pense-t-elle maintenant, même si l’on n’y croit pas, et inversement. La croyance peut fort bien n’être, en fin de compte, qu’une source d’énergie, comme une pile qu’on attache à une idée pour la faire marcher. Comme cela arrive quand on écrit : en croyant à ce qu’il faut croire pour venir à bout de ce qu’on a entrepris. »
« L’idée que nous avons l’obligation envers les animaux eux-mêmes de les traiter avec compassion ‒ par opposition à une obligation envers nous-mêmes ‒ est très récente, très occidentale, et même très anglo-saxonne. Aussi longtemps que nous tenons à accéder à des universaux moraux auxquels d’autres traditions sont insensibles, et à essayer de les leur imposer par la propagande ou même la pression économique, nous allons rencontrer une résistance, et cette résistance sera justifiée. »
« Un esclave : un être dont la vie et la mort sont dans les mains de quelqu’un d’autre. Les bœufs, les moutons, les volailles sont-ils autre chose ? On n’aurait pas rêvé les camps de la mort si l’on n’avait pas eu l’exemple des usines de traitement industriel de la viande qui les ont précédés. »
« Elle écrit pour elle-même, c'est-à-dire pour quiconque se trouve dans la pièce quand elle y est toute seule [… »
« Plus précisément, elle n'est plus aussi sûre que les gens sont améliorés par les lectures qu'ils font. De plus, elle n'est pas sûre que les écrivains qui s'aventurent dans les contrées les plus obscures de l'âme en reviennent indemnes. Elle commence à se demander si écrire ce qu'on a envie d'écrire, tout comme lire ce qu'on a envie de lire, est en soit une bonne chose. »
Une lecture de valeur, donc. Je vais la prolonger assez rapidement par celle de L’homme ralenti, ouvrage qui suit chronologiquement celui-ci, et semble aussi en constituer une suite, puisqu'Elizabeth Costello y apparaît.
mots-clé : #creationartistique
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Re: John Maxwell Coetzee
Et sinon, il faudra que je me décide à lire Coetzee, un jour...
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Re: John Maxwell Coetzee
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Bédoulène- Messages : 21622
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Re: John Maxwell Coetzee
Oui!!! C'est tout à fait vrai. Ca devrait être interdit par la loi, mais c'est ce que j'aime chez lui!Tristram a écrit:ce que Coetzee expose tient du rongement (il gratte où ça fait mal).
Je ne crois pas que ce soit une suit Tristram. Elisabeth Costello est plutôt un personnage récurrent?Tristram a écrit:e vais la prolonger assez rapidement par celle de L’homme ralenti, ouvrage qui suit chronologiquement celui-ci, et semble aussi en constituer une suite, puisqu'Elizabeth Costello y apparaît.
Marie- Messages : 653
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Re: John Maxwell Coetzee
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Tristram- Messages : 15922
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