Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Sam 27 Avr - 12:04

24 résultats trouvés pour mondialisation

Patrick Grainville

Le lien

Tag mondialisation sur Des Choses à lire - Page 2 Le_lie10

Le narrateur a tué au volant la mère de Maha, qui poussa une terrible cri avant qu’il ne s’enfuie. Dans un dessein rédempteur, il pygmalionnise la séduisante orpheline (qui l’a reconnu sans le dire), pour en faire une star "hors système" grâce à son cri/ chant, qui constitue leur lien (tandis qu’elle devient narratrice en alternance avec lui). Idole hiératique, Maha sera notamment confrontée à son double, Yanne, métisse également, mais plus assumée dans la sexualité et l’opportunisme du showbiz, et qui la singe (une bande de mandrills fait d’ailleurs partie de l’équipe).

« Je sens qu’elle recule encore un peu devant sa voix dénudée, ce léger falsetto qui la dévie et l’écarte de soi. Pourtant c’est ça le beau, l’idée sublime, l'idée sublime, cette voix d'alto déportée, sa parenté avec le registre du haute-contre, oui, cette voix qui a fait le deuil de la plénitude, d'un comble paradisiaque, qui s'élève sur un manque et qui le fait chanter, biseautée et sonore, dans le néant cosmique. »


Concession à l’époque, l’érotisme est aussi celui du lycra, du latex et des baskets ; cet érotisme omniprésent m’a ramentu les romans d’Emmanuelle Arsan (comme Le singe vêtu a peur), qui véhiculaient cependant une certaine métaphysique, et une approche différente de la femme. Le discours (trop) rodé de Grainville, dans sa démesure baroque à la limite de l’incohérence et du creux, mêle comme une fin en soi Éros et Thanatos, sacré et psychanalyse, danse et bestialité, image et industrie du spectacle. Et Grainville enfile les images-clichés de son lexique de l’excès, totémique et obsédé, dans une syntaxe facilement minimale, heurtée, mythologies violentes d’un lyrisme qui mêle épithètes et notions hétéroclites, qui en fait délire un peu à vide.

Mots-clés : #contemporain #creationartistique #mondialisation #sexualité
par Tristram
le Mar 26 Sep - 17:19
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Patrick Grainville
Réponses: 36
Vues: 2289

José Saramago

Tag mondialisation sur Des Choses à lire - Page 2 49390_10

La Caverne


Original: A caverna (portugiesisch)

CONTENU:
Cipriano Algor et sa fille sont des potiers modestes qui livrait régulièrement le „Centre“, complexe de supermarché et plus que cela, se trouvant dans la ville proche. Un jour on lui dit que ses pièces ne sont plus demandées : le plastique serait bien plus utile et ainsi on lui coupe le contrat. Sa fille est mariée avec un garde du « Centre », qui réfléchit d’y déménager bientôt avec sa petite famille. Mais pourtant, Cipriano se met à chercher une nouvelle stratégie...

OPINION:
J’avais interrompu la lecture du „Siège de Lisbonne“: Le style de Saramago est bien si exigeant que d’y ajouter de le lire en français, qui n’est pas ma langue maternelle, revient à un vrai exploit. Alors je lui ai donné une deuxième chance avec « La caverne » que j’ai lue donc en allemand (« Das Zentrum ») et, comment dire, j’ai eu de la chance ! Je suis ravi du livre, pas seulement parce qu’il parle de manière bien crédible d’un potier et décrit certains aspects de son travail très bien. Non, d’un coup son style sans points et virgules etc m’apparaissait beaucoup moins artificiel et lourd, mais presque rafraichissant dans les dialogues, accélérant la vitesse, y mettant du sel. Cela demande une attention au lecteur, mais on s’y habitue.
Certains sujets du livre – comme par exemple la globalisation, un totalitarisme capitaliste, la mise à l’écart de tout ce qui appartient au passé dans une société anonyme etc. - sont graves. Pourtant on trouve aussi une certaine dose d’humour et des descriptions pleines d’humanité des relations en famille et amoureuses. Puis – pour les amateurs des chiens – il y a même une bonne place pour ce compagnon qui apparaît dans le moment le plus obscur.
Quelques fois une certaine langage laconique semble contredire des propos graves, mais c’est la façon de l’auteur !

Peut-être trouvera-t-on l’importance du „centre“ sur la vie des hommes absurde ou grotesque, mais on peut y voir des critiques justifiés par rapport au «système ». Et la réalité n’est peut-être pas si loin que ça ! La fin du roman surprendra l’un ou l’autre : quel chemin choisir avec ou contre le système ?

Ce livre m’a fait apprécier Saramago et me donne envie, plus tard, d’y revenir.

mots-clés : #mondialisation #social
par tom léo
le Mer 13 Sep - 22:13
 
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Sujet: José Saramago
Réponses: 56
Vues: 5764

Rana Dasgupta

Tag mondialisation sur Des Choses à lire - Page 2 Unknow10

Delhi capitale

Rana Dasgupta ne connaissait l'Inde que parce que ce pays était celui de son père. Jamais il n'aurait imaginé quitter définitivement le confort de Manhattan pour la cité de Delhi. Et pourtant, il a été aspiré par le pouvoir d'attraction de cette ville dont il est, dit-il, tombé aussi amoureux qu'haineux… Et cette ville, il a eu envie de la comprendre, en se replongeant dans son histoire (récente et plus ancienne), et en allant à la rencontre de ses habitants, plus particulièrement ceux de la classe moyenne, qui sont au coeur de ce livre.

Maintes fois, Delhi a été détruite. Maintes fois, elle a su renaître de ses cendres. Le dernier traumatisme en date étant le drame de la Partition, dont les conséquences ont totalement changé le visage de la capitale indienne, donnant lieu à un vrai bouleversement culturel. L'empire moghol avait laissé en héritage une culture raffinée, un art unique et une langue célébrée des poètes. En exacerbant les antagonismes, la Partition a provoqué la mort de ce subtil sincrétisme hindo-musulman, que l'auteur évoque avec une certaine nostalgie. Cet extrait certes un peu long synthétise bien, je crois, la pensée de l'auteur :

Sans doute pense-t-on qu'un pays indépendant est plus porté à s'exprimer qu'un pays colonisé. Peut-être imagine-t-on l'Indépendance comme un moment où des voix jusque-là muettes se déversent tout à coup en conversation et en chants. Mais, dans l'Inde du Nord, la vérité était plus complexe. On ne lisait plus les ouvrages des grands auteurs en hindoustani, qui contenaient trop d'éléments désavoués et était écrits dans un alphabet qu'on ne pourrait bientôt plus déchiffrer.  Les maisonnées pendjabies, naguère si fièrement littéraires, se mirent à dédaigner les livres. La plupart, tous ceux qui ne servaient pas directement à promouvoir la carrière, représentaient une dépense sans retour sur investissement ; en fait, ils étaient une menace pour la maisonnée post-Partition, dans laquelle reconstruire la base matérielle de la famille était l'unique préoccupation légitime. (…)
Delhi mérita une fois de plus sa réputation de ville ou les langues viennent mourir. Si les réfugiés de la partition oublièrent l'ourdou en une génération, ils éprouvèrent les mêmes des difficultés à transmettre leur langue maternelle, le Pendjabi, dont leurs petits-enfants, dans leur immense majorité, ne connaissaient que des bribes. Beaucoup de membres de la classe moyenne finirent par ne parler correctement aucune langue – ni l'anglais, qui était, néanmoins, leur langue professionnelle, ni le hindi, qu'ils parlaient chez eux avec un vocabulaire limité aux besoins de la vie quotidienne. Le souci de la langue ? Vain et efféminé. La mode fut un certain relâchement dans l'expression, à une ignorance voulue de la grammaire.  (…) L'ancienne largeur de vue disparut. Les gens savaient de moins en moins ce que pensaient ceux qui n'étaient pas comme eux, l'isolement et la suspicion s'accrurent entre les castes.
Ce sont souvent les pauvres migrants des petites villes qui préservaient l'idée de la belle langue. Les réfugiés de la Partition, qui étaient propriétaires, comptaient leurs maisons et leurs économies, se repaissant de leur supériorité face à ces nouveaux venus dépenaillés ; mais parfois, ils entendaient parler les classes laborieuses venues d'autres lieux où l'on avait conservé les éléments poétiques, extatiques de l'hindoustani, et il s'apercevaient alors de tout ce qu'eux-mêmes avaient perdu.


La devise des années Nehru, "frugalité, service, nation", déjà mise à mal sous le régime d'Indira Gandhi, fut littéralement balayée par la dérégulation économique des années 2000. Aujourd'hui, la ville de Delhi se trouve dédiée tout entière à la rentabilité, à la réussite sociale et au consumérisme. L'opulence se doit d'être ostentatoire. Mais si le dynamisme de cette classe moyenne force l'admiration, il n'en cache pas moins des failles : une jeunesse désoeuvrée et en perte de repères, et des cellules familiales déstabilisées par la nouvelle indépendance des femmes, la (relative) libéralisation des moeurs, ou encore le recul de la spiritualité.
Et puis, le pendant de tout cet argent coulant à flot est, on le sait, la corruption endémique qui sévit dans le pays. Le système, loin d'être anarchique, est au contraire soigneusement planifié et entretenu par tous ceux qui y trouvent leur intérêt. Même le système médical est gangrené, les hôpitaux n'hésitant pas à faire payer des sommes ahurissantes des traitement totalement inutiles, voire dangereux pour les patients…
Delhi est en plein boom, Delhi s'enrichit, mais Delhi marche sur la tête…

Bien entendu, les pauvres sont comme toujours les grands perdants dans cette histoire. Les terrains où ils établissent leurs bidonvilles étant régulièrement convoités par les promoteurs, ils sont évincés manu militari, relégués dans les friches insalubres. Là, patiemment, de leurs propres deniers, ils reconstruisent des habitations, des écoles, et adjoignent un système de canalisation, avant d'être, de nouveaux, chassés comme des malpropres. Eternel cycle infernal pour ces déshérités ouvertement méprisés :

Le corollaire de tout cela était que, dans l'esprit de la classe moyenne, les domestiques ne méritaient pas leur salaire. Ce dernier n'était pas le reflet de leur contribution à la maisonnée, mais une espèce d'aumône qui leur était faite en dépit de leur incompétence. (…) Leur représentation des pauvres n'était pas celle d'une formidable force de travail, mais d'une meute de parasites qui vivaient au crochet de l'intelligence et du dur labeur de leurs supérieurs. C'était elle, la classe moyenne, qui boostait l'économie, et elle était déterminée à s'assurer que les fruits de la croissance lui reviennent en propre, et à personne d'autre. (…) « Se faire plumer » par les pauvres étaient quasiment une obsession (…)  Comme si, en réaction à la sempiternelle maxime de l'immédiat après indépendance – « Souvenez-vous des pauvres ! » –, Le temps était venu, semblait-il, de les oublier.


Pour dresser ce portrait contrasté de la ville, l'auteur a interviewé des gens très divers, arrogants, attachants, lucides, déroutants aussi, parfois, qui se sont livrés en toute sincérité. Mais Rana Dasgupta ne se contente pas de nous proposer des témoignages bruts, il fait un véritable travail de mise en perspective, aussi bien culturel que politique, analysant les mutations actuelles à l'aune du passé de la ville et du pays. C'est passionnant, parfois édifiant, et que l'on soit d'accord ou pas avec ses théories, on se plongera avec fascination dans cet essai de quelques 600 pages qui se lit aussi facilement qu'un roman, et livre de Delhi une vision aussi séduisante qu'effrayante.
A l'heure actuelle, Delhi est une ville à l'équilibre précaire, d'autant plus que son approvisionnement en eau est de plus en plus difficile à asssurer. Delhi pourrait donc bien s'auto-détruire. Avant de renaître, encore une fois ?


mots-clés : #corruption #essai #historique #mondialisation #social
par Armor
le Sam 15 Juil - 18:29
 
Rechercher dans: Sciences humaines
Sujet: Rana Dasgupta
Réponses: 9
Vues: 1004

Anjan SUNDARAM

Tag mondialisation sur Des Choses à lire - Page 2 Couv-k11

Kinshasa jusqu'au cou

éditions Marchialy a écrit:Dans la lignée de Ryszard Kapuściński et de V. S. Naipaul, Anjan Sundaram raconte une année de quête de vérité, une poursuite effrénée dans un pays ravagé par la misère et la violence.

Sa route est toute tracée : études de mathématiques dans la prestigieuse université américaine Yale et offre d’emploi chez Goldman Sachs. Un chemin balisé que le jeune Anjan Sundaram décide de quitter en 2005. Il abandonne tout pour plonger dans l’inconnu et prend un aller simple pour la République démocratique du Congo. Il sera désormais reporter. Ou, plutôt, essaiera de le devenir. Car derrière le romantisme de la vie d’aventures, Anjan Sundaram découvre une réalité hostile. De déconvenues en rebondissements, l’apprenti journaliste doit apprendre à survivre dans la jungle urbaine de Kinshasa. Malgré l’euphorie de l’élection présidentielle de 2006 – premières élections libres et démocratiques depuis quarante ans –, la chaleur paralysante est à l’image d’un pays qui suffoque.

Entre reportage journalistique et roman d’aventures Kinshasa jusqu’au cou est le portait sensible et humain d’un pays trop souvent réduit aux gros titres de journaux. Anjan Sundaram prend le temps de nous dévoiler la République démocratique du Congo dans toute sa complexité à travers la description d’une ville hors norme, une galerie de personnages éloquente et des aventures inédites.


Une découverte en forme de récit autobiographique de la République Démocratique du Congo ou plutôt de l'envers du décor. L'envers des titres des journaux du monde, l'envers des communiqués, une immersion aussi dans un imaginaire d'idées parfois préconçues ?

Anjan se fait loger par des connaissances de sa banquière. Loin des hôtels climatisés de la "ville", sa contribution financière à la vie de cette famille du quartier de VIctoire s'avère essentielle. Son apprentissage de la vie locale inclut de la débrouille, la peur, des amitiés incertaines et toujours une distance particulière entre lui et les autres. Lui et d'autres journalistes étrangers, d'autres indiens installés dans le pays, surtout lui et les Africains.

Il a beau partager une part de leur précarité le fait est que de pouvoir s'en aller, de pouvoir avoir plus de moyens, d'avoir plus d'opportunités  le rend forcément étranger. Désireux par ses articles, en plus du brut besoin de liquidités, de faire la lumière sur un Congo plus "vrai" on sent que ce statut a quelque chose de conflictuel. Il bénéficie de cette vision qui se perpétue et ronge le pays depuis la colonisation.

Au fil des pages on rencontre un peuple qui ne s'appartient plus vraiment et ce depuis si longtemps qu'il semble que ça en soit devenu pour ainsi dire culturel. Pays Européens, Etats-Unis, Chine, Inde et voisins africains tout le monde semble en vouloir toujours plus ou autant et à l'abris des regards du monde. Ce qui est simple quand la région concernée par la déforestation, l'exploitation minière et une violence sans fin est difficilement accessible, Au cœur des ténèbres et plus loin encore peut-être. Si l'éloignement ne suffit pas le contrat commercial, l'écologie ou encore l'ONU font apparemment amplement l'affaire.

De ce côté on tombe au moins aussi bas que les baisses de moral de notre journaliste esseulé quand il quitte la ville pour des reportages éventuels au milieu de nulle part. La mise en scène, mise en place des élections laissent songeur. Au delà d'un résultat attendu l'images de familles faisant des kilomètres pour voter... avec des haricots secs ? a quelque chose de... fou.

Une folie qui n'est qu'une fibre de celles plus vaste de Kinshasa violente, tumultueuse, injuste dans son élan vital destructeur, une ville repliée sur elle-même, ses quartiers repliés sur eux-mêmes.

Un portrait troublant, très simple dans la forme, tentaculaire et étouffant dans son contenu, les rapports de force et d'intérêts omniprésents entre individus. Un pas infranchissable vers l'autre, de la colère, de la frustration sans verser vers le document proprement à charge ou la leçon de vie.

La distance qui persiste, l'énigme culturelle imposée dans cette histoire contemporaine. C'est un fichu voyage celui dans lequel nous embarque le journaliste qui n'est plus en devenir. Et quelques impressions que je ne sais pas formuler...


mots-clés : #medias #mondialisation #politique
par animal
le Dim 9 Juil - 17:44
 
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Sujet: Anjan SUNDARAM
Réponses: 6
Vues: 753

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