Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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329 résultats trouvés pour nouvelle

Yoko OGAWA

Jeune fille à l'ouvrage

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Tylyc121

Les lecteurs familiers de l’univers de Yôko Ogawa retrouveront dans ce recueil les thèmes qui lui sont chers : le monde très privé des enfants et des vieillards quand il s’agit entre eux de transmission et de confiance. Les vibrations des mélodies n’existant que par-delà le silence, l’hyperacousie quand s’avance alentour le bruit cristallin d’un poisson qui saute, l’effacement d’un temps que seul l’amoncellement d’objets semble pouvoir réanimer. L’attirance gourmande et dangereuse pour les aliments sucrés, la présence rassurante des animaux, et d'autres encore.


Première approche de Yôko Ogawa , c'est chose faite après avoir tourné autour depuis pas mal de temps à la sortie de son livre « Les tendres Plaintes ».
La plus grande admiratrice d'Haruki Murakami m'a bercé dans un univers que je reconnais bien , celui de l'onirisme japonais et du voyage initiatique tendre et mélodieux.
10 Nouvelles à l'esthétique harmonieuse , une écriture pure mêlée à la beauté des textes évoquant le souvenir , l'amour et la mort avec une savoureuse délicatesse.
Yôko Ogawa se saisit des instants de vie , du cycle des jours sous un même ciel qui construit chaque personnage dans un nouvel univers. Si sa narration est un soleil qui nous caresse l'esprit , elle n’enflamme pas les pages qui restent toujours tendres et gracieuses à lecture apaisante et enveloppante.
Une agréable rencontre que celle-ci , je suis tombée dedans comme on dit , et je vais donc m'autoriser à fouiller sa bibliographie sans retenue afin de m'abreuver de cette douceur désaltérante qui se dégage de cette magie qui opère.
Vous l'aurez bien compris , j'en redemande.

- Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas et je voudrais demander des explications à quelqu'un, mais au moment où je vais formuler mes questions, ça ne va jamais bien. Un peu comme si les mots tombaient en larmes dans mes poumons. Mon voisin le grand-père est gentil, il m'apprend toutes sortes de choses, mais rien que je veuille vraiment savoir.
- Finalement...a-t-elle dit après avoir réfléchi doucement. Il faut peut-être s'habituer aussi à cela ? Ce que l'on veut savoir le plus n'est pas forcément le plus important, voyez-vous

(Jeune fille à l'ouvrage)


Quand je passe seul le moment qui précède la tombée de la nuit, je réalise à nouveau que je suis arrivé dans un monde où il n'y a pas de temps. Le temps s'écoule haut dans le ciel, là où la main ne peut le saisir, et je suis blotti tout au fond de cet écoulement.

(Ce qui brûle au fond de la forêt)



mots-clés : #nouvelle
par Ouliposuccion
le Mar 7 Fév - 9:48
 
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Sujet: Yoko OGAWA
Réponses: 12
Vues: 1558

Andreï Kourkov

Surprises de Noel

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Tylyc113

Y a-t-il plus chouette cadeau de Noël qu'une nuit dans une isba au milieu des bois enneigés, ou bien un tour en ville sur un tank immaculé ? Cela semble parfait, féérique, tout à fait charmant. Mais dans l'Ukraine un peu folle d'Andreï Kourkov, les choses peuvent vite dégénérer, votre promise se retrouver nue sur scène, votre tour opérateur s'avérer un adepte du tourisme extrême et la Révolution orange contrecarrer vos projets pour les fêtes... Avec ces nouvelles inédites, Kourkov se joue du genre avec brio pour offrir trois fables de Noël empreintes de bizarrerie et d'optimisme.


Burlesque ,totalement déjanté , Kourkov revient avec plusieurs nouvelles relatant des soirs de réveillon , un régal toujours aussi cynique avec un hors d'oeuvre au goût de Tchérnobyl...
Un petit livre à offrir qui ne manquera pas de réchauffer les âmes  refroidies à bord d'un tank d'une blancheur de neige...
Vous aimez les surprises insolites ?
C'est ici !


mots-clés : #humour #nouvelle
par Ouliposuccion
le Sam 4 Fév - 22:58
 
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Sujet: Andreï Kourkov
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Annie Proulx


Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 97822416

C'est très bien comme ça

Livre de nouvelles (9)


A travers ces histoires c'est une déclaration d'amour que fait l'auteure au Wyoming et à ses habitants. Elle nous montre la beauté et l'âpreté de cette région. On comprend son intérêt pour les désordres climatiques , l'attention qu'elle porte aux vulnérables , aux malchanceux  ; l'importance de la famille.

Pour une belle photo, par un terrible hiver, par une plante macrophage, un pas mal assuré, une ruade de cheval, une porte mal fermée ; la mort fait sa cueillette.

Le Wyoming, une force de la Nature, le Diable l'a compris qui y a élu domicile.


Il y a de l'humour, de l'empathie dans son écriture flamboyante mais surtout un réalisme envoutant.

c'était une très bonne rencontre avec cette auteure.


Extraits :

Elle croyait que le désir sexuel s'affaiblissait avec l'âge, or les vieilles biques rivalisaient pour les faveurs de paralytiques aux bras tremblotants. Les hommes, eux, avaient l'embarras du choix entre l'informes robes d'intérieur et des squelettes aux toilettes fleuries."

"A l'époque où il tentait de se faire élire à l'assemblée législative avec ses idées révolutionnaires, un vieux propriétaire de ranch fort respecté l'avait pris à part et lui avait dit, en soulignant chaque mot , qu'il n'y avait rien à changer au Wyoming : c'était très bien comme ça. Peu à peu il comprit la vérité de cette affirmation."

"Vers midi, la piste se perdit dans une véritable explosion de fleurs sauvages - ancolies, penstémons, clarkies, mourons, castillèles. Cette prairie alpestre et les quelques banquettes de neige encastrées dans les fentes des pentes exposées au nord charmèrent Catlin qui regarda le petit lac qu'elle surplombait."

"Mizpah Fur, le coeur brisé, et souffrant de sa solitude, fixa alors son attention sur une chose inanimée, un massif d'armoise qui au crépuscule penait l'apparence d'un enfant tendant les mains en l'air pitoyablement comme s'il demandait à être soulevé du sol."
Mizpah l'entoura en son milieu d'une bande d'étoffe rouge et elle ressembla plus que jamais à un enfant aux bras tendu vers le ciel."


mots-clés : #nouvelle #nature
par Bédoulène
le Sam 4 Fév - 0:23
 
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Sujet: Annie Proulx
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Charles Bukowski

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Cvt_au10

Au sud de nulle part (1973)

Recueil de courtes nouvelles d'inspirations essentiellement biographiques. C'est ce que j'ai choisi pour jeter un œil du côté de cet auteur, ou icône-auteur dont on reconnaîtrait le visage ravagé ou citerait son très fort penchant pour la bouteille sans l'avoir lu.

Sans surprise on se dirige donc vers le pays de l'usure. Bouteilles de bières ou de mauvais porto, chômage pas toujours subi, combines, délires et forcément un peu de cul. Et les courses aussi. Tout ça en mélange ou en alternance.

Ca ne commence pas si mal, sans vraiment de surprise, il faut reconnaître un sens de la formule et un coup d’œil, la touche qui peut intéresser, le coup de cool qui fait passer la pilule. Et puis c'est très humain.

Tout comme les excès, qui sont humains aussi, même les furoncles, les murges, les emmerdes, les ras-le-bol. Et au fil des plus de vingt nouvelles on découvre le bonhomme avec ses hauts, ses bas, ses femmes.

Pourquoi pas, pas sans charme. A côté de ça il faut aussi reconnaître des facilités (la boxe avec Hemingway entre autres choses), des répétitions, une tendance aussi pilote automatique que celle à se jeter sur une bouteille pour attraper l'étourdissement qui laisse, peut-être, passer des éclairs de lumière.

D'abord plus motivé par ma lecture que je ne m'y attendais je suis aussi retombé vers la moitié sur ce que j'attendais. Il n'a pas eu une vie super joyeuse, un départ et des moments difficiles. Il n'a pas que des défauts mais je n'ai pas été terriblement marqué par ce que j'ai lu. Porte d'entrée perfectible ou lecteur qui cherche un autre chemin ou alors aléas des imageries communes et romantisation de la dèche associée à une recherche de clichés potentiellement réconfortants ?


mots-clés : #nouvelle
par animal
le Mer 1 Fév - 22:26
 
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Mark Twain

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 61wfkq10

Contes et mécontes

Recueil de 14 textes, écrits entre 1863 et 1896

Mark Twain aimait certainement rire, ou tout au moins faire rire pour manier l'humour, sous toutes ses formes avec une telle facilité. Si l'on compare l'humour à l'art de la peinture, sa palette dispose de toutes les nuances et il maîtrise la plupart des techniques, même s'il excelle dans l'absurde et l'ironie. Chaque page m'a fait sourire et j'ai dû avoir des crises de rires plus d'une fois (ainsi, j'ai appris à réprimer des  crises de fous rires dans les transports en commun, mais c'était dur, quand même...)

Mais sous cet humour l'on discerne, plus ou moins facilement, selon les nouvelles et au gré de Mark Twain, les travers de la société. De la nunucherie du livre pour enfants de l'époque aux défauts inhérents à l'être humain, en passant par les "astuces-santé", la politique, tout y passe avec une aisance déconcertante.

(J'avais cherché les meilleurs moments pour vous en livrer un ou deux extraits, mais avec un bonne dizaine, je vais devoir trancher, sans vraiment choisir.)

Extrait d'"Histoire du méchant petit garçon"

"
Il déroba, une autre fois, le canif du maître d'école, et, pour éviter d'être fouetté, il le glissa dans la casquette de George Wilson, le fils de la pauvre veuve Wilson, le jeune garçon moral, le bon petit garçon du village, qui toujours obéissait à sa mère et qui ne mentait jamais, et qui était amoureux de ses leçons et infatué de l'école du dimanche. Quand le canif tomba de la casquette, et que le pauvre George baissa la tête et rougit comme surpris sur le fait, et que le maître en colère l'accusa et était juste au moment de laisser tomber le fouet sur ses épaules tremblantes, on ne vit pas apparaître soudain, l'attitude noble, au milieu des écoliers, un improbable juge de paix à perruque blanche pour dire :
"Epargnez ce généreux enfant. Voici le coupables et le lâche. Je passais par hasard sur la porte de l'école, et, sans être vu, j'ai tout vu."
Et Jim ne fut pas harponné, et le vénérable juge ne prononça pas un sermon devant toute l'école émue jusqu'aux larmes et ne prit pas George par la main pour déclarer qu'un enfant tel que lui méritait qu'on lui rendit hommage, et ne lui dit pas de venir habiter chez lui, balayer le bureau, préparer le feu, faire les courses, fendre le bois, étudier le droit, aider la femme du juge dans ses travaux d'intérieur, avec la liberté de jouer tout le reste du temps et la joie de gagner dix sous par mois.


"Le journal d'Adam" est vraiment à part, comme une respiration, un joli texte qui, sans se départir de la plume de l'auteur, tend peu à peu vers une espérance.
 
Mais au final, l'humour noir fait souvent partie des écrits, de façon diffuse. Je m'en suis rendu compte en lisant certains textes, généralement les plus tardifs, critiques, qui pourraient laisser un goût amer, quasi-nihiliste, mais dans lesquels l'humour noir et caricatural sont jubilatoires. Une manière de contourner la censure de l'époque, tout en laissant libre cours à ses idées ?

Extraits de "La place de l'Homme dans le monde animal"

Je me suis livré à une étude scientifique des caractères et spécificités des espèces animales prétendues "inférieures" pour les comparer aux caractères et spécificités de l'homme. Je constate que le résultat est extrêmement humiliant pour moi. Car il m'oblige à renoncer à la théorie de Darwin selon laquelle l'Homme est le résultat d'un Progrès à partir des Espèces Animales Inférieures. Il me paraît clair désormais que cette théorie devrait être abandonnée au profit d'une autre, nouvelle et plus proche de la vérité, qu'on devrait appeler la Régression de l'Homme par rapport aux Espèces Animales Supérieures.

En réalité, l'Homme est d'une sottise incurable. Contrairement aux autres animaux, il est incapable d'apprendre des choses simples. Voici l'une des expériences que j'ai menées. En une heure, j'ai appris à un chat et à un chien à vivre en bonne intelligence. Je les ai mis ensemble dans une cage. Une heure plus de plus, et je leur ai appris à vivre en bonne intelligence avec un lapin. En deux jours, j'ai pu ajouté un renard, un écureuil et quelques tourterelles. Et pour finir, un singe. Ils ont vécu ensemble en paix, leurs relations étaient même affectueuses. Puis dans une autre cage, j'ai enfermé un catholique irlandais de Tipperary et, dès qu'il m'a paru calmé, j'ai ajouté un presbytérien écossais d'Aberdeen. Puis un Turc de Constantinople, un chrétien grec de Crète, un Arménien, un méthodiste du fin fond de l'Arkansas, un bouddhiste de Chine, un brahmane de Bénarès. Et pour finir, un colonel de l'Armée du Salut de Wapping. Puis je me suis absenté deux jours entiers. Quand je suis revenu pour constater le résultat, dans la cage de Espèces Animales, Supérieures tout se passait bien, mais d'ans l'autre, tout n'était que chaos, amas sanglant de pièces et de morceaux de turbans, de fez, de plaids, d'os et de chairs - pas un seul des spécimens sélectionnés n'avait survécu. Les Animaux doués de Raison s'étaient trouvés en désaccord sur un point de théologie et avaient porté l'affaire devant une Juridiction supérieure.

Mais le meilleur et aussi le plus noir, dans cette dernière nouvelle, c'est la définition du sens moral selon Twain, et ses conséquences.

"Contes et mécontes" fut une lecture mémorable et me donne vraiment envie de mieux connaître cet auteur. D'ailleurs, j'ai enchaîné avec "Trois mille ans chez les microbes", son ultime roman, dans lequel on retrouve à nouveau ce "concept" du sens moral.

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mots-clés : #humour #nouvelle
par Exini
le Sam 28 Jan - 11:28
 
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Sujet: Mark Twain
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Sarah Hall

La belle indifférence

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Images35

« Sept histoires habilement composées, précises, sensuelles, nourries d’adrénaline, traversées par une sensation de violence sans cesse latente. » Helen Simpson, The Guardian

« Ces histoires nous prennent toujours au dépourvu, contrariant les attentes dramatiques les plus évidentes et en deviennent ainsi d’autant plus dramatiques. Cette prose est magnifique. » The Times

« Les prouesses de l’écriture de Sarah Hall, déjà justement célébrées par le passé, sont d’autant plus perceptibles au fil de ce recueil. Elle évoque les lieux, les paysages, avec talent et sensualité. Les changements de narration d’une histoire à l’autre sont aussi maîtrisés que saisissants. » Jodie Mullish, The Telegraph

« Sarah Hall est une artiste au talent aussi considérable que concis. Chaque histoire est un bijou. Ainsi rassemblées, elles constituent un recueil au pouvoir extraordinairement sensuel. » The Sunday Times


Quatrième de couverture inexistante, seuls les mots comme « nouvelles » « sensualité » « violence » « prose magnifique » ainsi que les critiques élogieuses m’ont décidée à ne pas laisser ce livre en dehors de ma muraille littéraire.  
Sarah Hall excelle dans l’exercice de l’écriture dépouillée et écorchée en nous livrant 7 nouvelles qui nous tordent le ventre de plaisir.
Un tableau de 7 femmes étincelantes  décrites  dans un enchaînement de mots chatoyants. Des paysages d’une pureté exceptionnelle se fondent dans notre esprit faisant d’eux un décor angélique et sensuel.
De nouvelle en nouvelle  on se rattache à ce fil conducteur, ce brasier  ancré au fond de chaque femme, leurs prunelles qu’on imagine tantôt embrasées, tantôt consumées.
Ne vous posez pas deux fois la question...
Délicieux.


mots-clés : #nouvelle
par Ouliposuccion
le Jeu 26 Jan - 23:14
 
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Oscar Wilde

Le Portrait de Mr. W. H.

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Sonnet10

Tout le monde a lu Le Portrait de Dorian Gray, non ? En tout cas, c’est à peu près tout ce que j’avais lu de Wilde avec ce MOOC. Fort de ma science toute neuve (et ayant lu un peu plus de l’œuvre de Wilde), je vais évoquer Le Portrait de Mr. W. H. (même pas cité dans le MOOC, ou alors je dormais à ce moment-là).
Paru un an avant Le Portrait de Dorian Gray, Le Portrait de Mr. W. H. annonce ce dernier, ayant beaucoup de points communs avec lui (comme l’appétence sous-jacente pour les jeunes garçons esthètes).
Cette nouvelle est aussi une sorte d’essai littéraire, puisqu’elle traite du mystérieux W H dans la dédicace des Sonnets de Shakespeare : selon Wilde, il s’agit d’un jeune acteur, qui jouait les rôles féminins comme c’était la règle dans le théâtre élisabéthain (thèse délicate à soutenir à l’époque victorienne).
C’est également une sorte d’énigme policière (il y a deux suicides, un vrai et un faux) ; Dorian sera responsable du suicide de sa fiancée Sibyl Vane, qu’il rejette avec cynisme quand l’actrice brillante qu’elle était perd tout son talent dans les rôles d’amoureuse depuis qu’elle est devenue… amoureuse de lui.
Cette intrigue historique me rappelle l’excellent La Fille du temps, de Josephine Tey, où l'inspecteur Grant, cloué sur un lit d'hôpital, fait rechercher par ses amis des documents de la même époque afin de résoudre un mystère : le roi Richard III d'Angleterre (1452 – 1485) a-t-il assassiné ses neveux, les princes Édouard V d'Angleterre et Richard de Shrewsbury ?


mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Mer 25 Jan - 14:53
 
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MA Jian

Nouilles chinoises


Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Tylych19

Beijing, 1990. Tous les dimanches, l’écrivain professionnel et le donneur de sang dînent ensemble. L’écrivain est un idéaliste, qui surmonte sa déception en prenant un air d’indifférence quand il est confronté à la réalité et à ses propres échecs. Le donneur de sang est un homme de profit, qui croit que les gens devraient utiliser tous les moyens possibles pour prendre au monde ce dont ils ont besoin. Si leurs conversations ne mènent jamais nulle part, l’écrivain confie pourtant à son ami la nouvelle tâche que lui a attribuée le secrétaire du Parti du syndicat des écrivains local : l’écriture d’un court roman sur le thème « Mettons-nous à l’École du Camarade Lei Feng », en mémoire à un héroïque soldat de l’ALP qui a voué sa vie à servir la cause de la Révolution et du peuple. S’il fait une bonne histoire sur un nouveau Lei Feng, les organes du Parti lui enverront un formulaire de demande pour entrer dans le très convoité « Grand Dictionnaire des Écrivains Chinois ». L’écrivain aspire à l’immortalité, mais où va-t-il trouver un Lei Feng contemporain ? Chez l’entrepreneur qui dirige le crématorium ? L’écrivain public ? L’actrice qui a décidé de se suicider en public ? Une fille nue ? Seuls lui viennent les personnages d’un roman en gestation…

Après avoir lu différents auteurs ayant écrit sur la révolution culturelle chinoise, Ma Jian est pour moi le plus compétent pour nous amener dans une chine à deux facettes, celle du peuple et celle dépeinte par l'état.
« Nouilles chinoises » ou les nouvelles contées par un écrivain  qui se doit d'écrire sur le nouveau représentant travailleur de la nation.
Il  ne souhaite pourtant pas s‘intéresser  à un personnage qui somme toute, ne serait pas représentatif de la société, aussi attache-t-il bien plus d’importance aux cas  qu'il contemple de sa fenêtre ou  personnages croisés dont il narre les péripéties et qui seraient donc bien plus significatifs.
Lorsqu’un  écrivain idéaliste  qui ne gagne pratiquement pas sa vie mais souhaite évoquer les travers de  sa nation, et que son ami donneur de sang, impartial, faisant fortune avec son sang à la solde du Parti s’entretiennent autour de leur pays, ça donne une Chine grotesque, burlesque mais tellement réaliste...
On en retient toujours la plume magistrale, onirique et cynique de Ma Jian qui encore une fois, décrit avec brio  l’impensable.


mots-clés : #nouvelle #regimeautoritaire
par Ouliposuccion
le Lun 23 Jan - 20:01
 
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Thomas Pynchon

Déjà qu'il est complètement parano, Thom-Thom, alors si on lui prédit le nobel ça risque de nous l'angoisser sévère ! clown

On redémarre en douceur avec un recueil de nouvelles lu l'été dernier et auquel je repense souvent pour certaines ambiances parfaitement pynchoniennes (= délirantes ou des types qu'on sent bien mal partis dans l'existence mais qui ne semblent pas avoir envie de se donner les moyens de s'en sortir, parce que : ça veut dire quoi : s'en sortir ? Tsss...)

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Pyncho10 L'homme qui apprenait lentement

"Petite pluie" : première nouvelle d'un recueil qui s'annonce selon les dires de Pynchon lui-même comme le galop d'essai d'un très jeune écrivain. Dans sa préface, Pynchon met en avant toutes les erreurs commises par le débutant qu'il fut, à la fois pour mettre en garde les écrivains en herbe mais également (et non sans humour) pour montrer du doigt les erreurs qu'il continue, allègrement, à commettre (déconstruction du récit, coq à l'âne, etc.).

La première nouvelle du recueil met en scène Levine, un soldat qui ne sait pas très bien pourquoi après l'université il s'est engagé dans l'armée, ni pourquoi il y reste et encore moins ce qu'il serait s'il n'y était plus. Il ne s'agit pas d'une caricature de militaire, ni d'un texte cynique (je ne crois pas d'ailleurs que Pynchon soit jamais cynique) mais d'une vision particulièrement lucide de la condition de Levine, de cette espèce de procrastination fatale qui nous fait toujours remettre à des lendemains chantants les changements douloureux que nécessiterait un gros coup de rein pour se sortir de son banal quotidien… On trouvera également dans ce texte, non dénué de saveur, une réflexion sans concession sur les rapports entre les noirs et les blancs, dans une Amérique encore (toujours ?) sujette à cette forte problématique.

Plus anecdotique, "Basses terres" met en scène un personnage malheureux en mariage qui préfère abandonner son foyer pour se réfugier (avec vins et copains) dans une décharge publique où il découvre tout un monde à la fois fantastique, séduisant et étrange.

Avec "Entropie", on retrouve tous les thèmes chers à Pynchon : un groupe plus ou moins indistincts de personnes faisant une fête interminable, buvant, fumant, écoutant de la musique et lançant de temps en temps une vanne subtile ou s'essayant à quelques dérapages cosmiques vers la cybernétique ou… l'idée d'entropie. Il y a bien sûr les deux hippies qui vivent en vase clos dans une serre où ils sauvent des oiseaux et des marins qui viennent mettre le bronx chez le voisin du dessous. Pynchonien par excellence !!

"Sous la rose" est quand à elle plus proche du Pynchon de Contre-jour avec un regard incisif porté sur l'histoire. Nous sommes en 1900 au Caire et sur cette terre ensoleillée s'affrontent les espions allemands et anglais. On y croise un étrange archéologue organiste, une jeune gourgandine plutôt futée, des voleurs et des trains. Bien sûr, les espions sont en carton pâte et ont tendance (comme Doc Sportello d'Inherent Vice) à tomber par terre de manière totalement intempestive et inconvenante. C'est drôle tout en étant parfaitement documenté sur les agissements des grandes puissances en terre étrangère et coloniale. Délicieux.

La dernière nouvelle "Intégration secrète" est la narration d'une rébellion adolescente au sein d'un petit groupe atypique (génie mathématique, ancien buveur et gamin des rues) rêvant de sodiumiser le monde et surtout celui de leurs parents. On trouve ici côte-à-côte la problématique du racisme, de l'enfance et ses rêves, de l'action violente et un peu potache et d'un léger fantastique.


Dans sa préface, Pynchon insiste sur la pauvreté et le manque de musicalité des dialogues de ses nouvelles, on conviendra volontiers que tout n'est pas parfait (ou du moins qu'il a depuis ses vingt ans largement travaillé cette dimension) mais on restera néanmoins assez ébahi de lire sous la plume d'un si jeune écrivain les traits saillants qui font de lui un auteur totalement atypique et inclassable !


mots-clés : #nouvelle
par shanidar
le Lun 23 Jan - 18:37
 
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Sujet: Thomas Pynchon
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Eduardo Hughes Galeano

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 41qnhf10

Le livre des étreintes
Editions La différence
traduit de l'espagnol
par Pierre Guillaumin

Se souvenir: du latin re-cordis, repasser par le coeur"
Ce morceau de phrase, illustré par un petit dessin de l'auteur, comme sont illustrés tous les chapitres suivants, débute ce livre inclassable.
Auparavant, une note du traducteur Pierre Guillaumin, à propos du titre original "el libro de los abrazos" , que je recopie texto, car elle traduit bien ce qui suit !
Le mot français " étreinte", avec sa connotation violente ou charnelle, ne restitue pas exactement la chaleureuse sympathie d'accueil de l'"abrazo", ce geste amical si fréquent en Amérique latine , qui vous fait prendre dans vos bras toute personne que vous avez du plaisir à rencontrer ou de la tristesse à quitter, tout être humain auquel vous souhaitez manifester l'élan fraternel de votre coeur.
Mais, après tout, il y a de la violence et une indéniable participation charnelle dans les textes qu'on va lire qui sont autant d'évocations d'amis dont l'auteur partage les douleurs, les joies et les espérances, de souvenirs qui le ramènent à sa propre histoire ou à celle de son pays de scènes vécues ou rapportées dont il veut témoigner, de prises de position d'un compagnon de tous les exclus du monde"

.
Uruguayen exilé en Argentine, puis en Espagne pendant la dictature militaire, auteur de l'ouvrage "Les veines ouvertes de l'Amérique latine", Galeano offre là, donc, une somme de tous petits chapitres ,récits, contes, poèmes, très courts, mais quelquefois divisés en plusieurs épisodes.
Ca ne se raconte pas, ça se lit par petits bouts, chaque chapitre, illustré, je l'ai dit, a un titre dont je donne quelques exemples :
- La réalité est complètement folle
-La faim ("le système qui ne donne pas à manger ne donne pas non plus à aimer")
-La démémoire
-Les murs ont la parole, etc., etc.
Et ces quelques lignes en disent quelquefois beaucoup plus, comme souvent d'ailleurs quand les mots écrits rencontrent notre propre sensibilité que bien des pages lues auparavant...

Un extrait:

Les puces rêvent de s'acheter un chien et les rien rêvent de ne plus être pauvres, ils rêvent d'un jour magique où la chance tomberait du ciel, en pluie drue ; mais la bonne fortune n'est pas tombée hier, elle ne tombera pas aujourd'hui, ni demain, ni jamais, elle ne tombe même pas en pluie fine, bien que les rien la réclament, bien que leur main gauche les démange, bien qu'ils se tiennent debout sur leur seul pied droit, ou commencent l'année avec un balai neuf.
Les rien: les enfants de personne, maîtres de rien
Les rien : les personne, les niés, ceux qui courent en vain, ceux qui se tuent à vivre, les baisés, les éternels baisés :
Qui ne parlent pas une langue mais un dialecte
Qui n'ont pas de religion mais des superstitions.
Qui ne sont pas artistes mais artisans.
Qui n'ont pas de culture, mais un folklore.
Qui ne sont pas des êtres humains mais des ressources humaines.
Qui n'ont pas de visage mais des bras.
Qui n'ont pas de nom, mais un numéro.
Qui ne figurent pas dans l'histoire universelle mais dans la presse locale.
Les rien qui ne valent pas la balle qui les tue."



mots-clés : #nouvelle
par Marie
le Dim 22 Jan - 19:17
 
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Sujet: Eduardo Hughes Galeano
Réponses: 10
Vues: 987

T.C Boyle

25 histoires d'amour

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Tylych15

Que Lassie abandonne le petit Timmy pour partir avec un coyote, qu'une chercheuse d'un centre de primatologie tombe amoureuse d'un grand singe, que Ladingue, militante anti-alcoolique, dévaste les bars des villes ou que la liaison secrète d'Eisenhower et Nina Khrouchtchev mette en péril l'équilibre du monde, c'est la vie...
On retrouve dans les histoires de T.C. Boyle des excentriques, des charlatans, d'exotiques chercheurs de vérité ou bien des gens simples, vulnérables qui essaient d'une façon ou d'une autre de se connecter à un monde inamical.
Mythiques ou réalistes, entre la farce et la tragédie, mêlant ironie et émotion, ces histoires mettent en scène les obsessions de l'homme, la libido, la volonté de pouvoir ou celle de se protéger du monde extérieur ; elles sont une tendre, voire cynique satire de notre société moderne. Boyle est maître dans l'art de tourner en dérision nos frayeurs et nos craintes ; son humour et son talent éclatent : brillant, cruel, hilarant, excellent.


N’étant habituellement par une adepte des nouvelles, j’avoue avoir pris beaucoup de plaisir à lire 25 histoires d’amour de TC Boyle , publiées par Playboy, The New Yorker, Penthouse… Tc Boyle s’apparente à un peintre jonglant entre une multitude de palettes, recréant les innombrables couleurs de l’amour. Se voulant parfois cynique sur le tableau des sentiments dans notre société moderne, c’est un coup de fusain grinçant qu’il nous en offre la lecture. Il sait être touchant lorsqu’il esquisse une aquarelle aux tons chatoyants d’un amour impossible et attendrissant; cocasse, lorsqu’il caricature à l’extrême les peurs de notre société; cruel, il l’est aussi face à la passion destructrice, telle une toile immaculée qu’on assassine à coup de pinceaux meurtriers. Reste un coup de plume indemne, mené avec talent par TC Boyle, rescapé face à la mièvrerie sentimentale habituelle. Drôle, Cynique, inventif, burlesque et réaliste.


mots-clés : #nouvelle
par Ouliposuccion
le Dim 22 Jan - 15:00
 
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Sujet: T.C Boyle
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Gyula Krúdy

C'est très étrange mais je vois que La Diligence rouge publié en 2015 par les éditions Circé (traduction Joelle Dufeuilly) n'est pas répertorié sur wikipedia... Je l'ajoute à notre bibliographie et je joins un commentaire :

La Diligence rouge

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 La-dil10


Il y a Buda et il y a Pest, l'aristocrate et la bohème, la noble et la populaire et aussi les lieux frontaliers qui invitent les deux villes à se mélanger : les tavernes, les parcs, les ponts, les salons, les maisons de rendez-vous ; cependant ce n'est pas à travers les lieux que G. Krúdy nous raconte sa ville mais à travers les personnages qui l'habitent, la visitent, l'aiment ou ne font qu'y passer. Il décrit en particulier  la vie de deux petites actrices arrivées de province qui font leur show sur le Corso avant d'être ramenées du côté de Pest et d'attendre l'amour. Car la grande affaire de ce roman (au-delà de la description érudite et délicieuse, pleine d'ironie et d'élégance de la vie-ville budapestoise) c'est l'amour, l'amour d'un jour, l'amour toujours, celui dont on rêve, qu'on attend, qui s'écrit en poème et se lit dans les livres. Et c'est avec une tendresse non dénuée de nostalgie que Krúdy, alternant les effets, glisse sous la langue du lecteur le goût anisé de l'absinthe, laisse dans ses mains le soyeux d'une robe et dans l'oreille la grosse voix provinciale d'une tante richissime. On y est. Tout devient sens, sensation, plaisir olfactif et goût suranné. Plaisir des yeux et de lecteur. On sent les parfums de la ville et tout comme le poète Rezeda, rentrant chez lui à la tombée de la nuit, nous saluons d'un geste ample les Rois imposants qui hantent la Citadelle. On s'éprend d'une jeunesse qui ne cesse d'espérer l'amour et d'y croire toujours et on se surprend à attendre le passage de la fameuse diligence rouge, laquelle transporte l'énigmatique comte Alvinczy.

J'ai donc beaucoup aimé ce livre composé de nouvelles qui se juxtaposent les unes aux autres pour nous offrir le panorama dense, un brin fantastique, sans doute fabuleux d'une ville au riche passé et à l'avenir incertain. Car c'est d'une époque qui meurt dont il est ici question ; celle que l'on peut retrouver dans l'essai de Pollak : Vienne, 1900, auquel il faudrait juste changer le nom de la ville, tant l'essai semble s'être calqué sur le roman de Krúdy pour y puiser l'ensemble de ses idées directrices. Tous deux soulignent l'importance de l'actrice dans la vie des artistes, l'actrice étant à la fois fantasme de l'esprit et fantasme de la chair, mais aussi aiguillon de l'inspiration ;  ils parlent également de la représentation de la population juive dans cette Europe qui vient à peine de leur offrir la liberté, ils racontent aussi le déclin des élites, s'affichant auprès d'une bourgeoisie devenant haute et renonçant lentement à la noblesse des duels d'amour. On y retrouve l'ambivalence des intellectuels désireux de s'émanciper de la gangue des grands auteurs (lire le parcours littéraire de Rezeda est une belle leçon de lettres) mais ne pouvant renoncer totalement au destin tragique des  bohèmes, poètes et pauvres, malades et romantiques. Un texte vraiment très agréable à lire dans l'enchâssement des images qui surgissent les unes derrière les autres en une sorte d'écriture automatique et pourtant poétique très maîtrisée. Tout y est. Et ce tout est vraiment délectable.


mots-clés : #nouvelle
par shanidar
le Mar 17 Jan - 11:16
 
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Sujet: Gyula Krúdy
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Mavis Gallant

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 97827410

Laisse couler

Le titre du livre est celui de la dernière nouvelle, c’est aussi emprunté à une réplique dans le livre de F.Scott Fitzgerald « All the sad young men ».
La préface de Russel Banks  situe l’auteure parmi les autres grands novellistes.

La première nouvelle « temps de guerre » se déroule au Canada (2ème guerre mondiale) , nous suivons l’adolescence de Steve anglophone et protestant et de Lily francophone et catholique . Steve est élevé par sa tante ses parents se trouvant dans une mission anglicane en Chine. Il est intéressant de voir l’antagonisme existant entre ces deux communautés ; les mœurs de l’ époque.

« A l’époque les adultes voyaient les choses de cette manière ; simplement.

Des catholiques avec des protestants :

autour de nous le sol était jonché d’histoires de mauvais augure, des cailloux et des briques de la séparation. Pourquoi laisser les choses aller trop loin entre deux jeunes qui ne devaient pas rester ensemble ? »

« Elle était en combinaison, les cheveux couverts de mousse shampoing.
(La rumeur voulait que les catholiques ne se lavent jamais)

« Certains hommes se passaient de femmes. .» Les romans anglais en étaient remplis

Voilà pour la fiction ; dans le monde réel l’homosexualité était un délit passible d’un séjour en prison.

La deuxième nouvelle se déroule dans le sud de la France ; nous retrouvons Steve et Lily mariés et plusieurs couples qui vont se faire et se défaire à l’occasion d’un concert.

« Lapwing et moi ressemblions à deux acteurs. Plan d’ouverture sur l’animation matinale d’une petite rue, joyeux pastiche de musique de cirque pour donner le ton, et le reste, on l’imagine, va se dérouler à la même cadence, avec la même nostalgie. En réalité il ne se passerait rien, sauf l’humiliation de deux hommes. Une humiliation blanche et sans éclat. »

La 3ème nouvelle se passe aussi dans le sud de la France, Steve a à présent la soixantaine et l’arrivée fortuite de la fille de Lily fait ressurgir les souvenirs. De beaux moments au cours des balades entre ces deux êtres. Steve se remémore les entretiens avec sa tante :

« Jusque là, ni le sexe, ni l’argent n’avaient eu de place dans sa conversation. Elle avait fait comme s’ils n’existaient pas. Je venais d’être intronisé,  à titre de membre honoraire, dans une société très  fermée , celle des femmes qui  s’ arrêtent de parler quand  un homme ou un enfant entrent dans la pièce. »

Et Lily : « Dans notre cabine au dessus de la mer, j’ai entendu un « il ne sait pas » de plus en plus imperceptible. Lily a dû entendre une voix mourante, à peine audible, chuchoter ; « laisse couler ». Plus intelligente qu’aucun homme ne le sera jamais, elle a coupé le son.

Suit une postface de l’auteure qui relate son envie d’écrire depuis l’enfance, son désir de la France  et nous explique comment elle compose ses nouvelles. Les nouvelles dit elle ne sont pas à lire l’une après l’autre, il faut en lire une, passer à autre chose avant d’entamer  la suite. C’était une très bonne lecture, les personnages sont des plus réalistes, traine le parfum inoubliable du passé ; l'écriture : l’essentiel, le vrai, l’utile.


mots-clés : #nouvelle
par Bédoulène
le Mar 17 Jan - 9:21
 
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Samrat UPADHYAY

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Produc19

Dieu en prison à Katmandou

Ce recueil de nouvelles fut une bien jolie surprise ; l'occasion de découvrir, ne serait-ce qu'un peu, une littérature népalaise encore largement méconnue.

En préparant ce fil, j'ai appris que Samrat Upadhyay reproche à certains auteurs, originaires comme lui d'Asie du sud, d'exacerber l'exotisme et les maux de leur pays pour séduire le public occidental.
Cette remarque m'a frappée, car je m'étais justement fait la réflexion, en lisant ce recueil, que l'auteur avait su éviter ces écueils avec brio. Qu'elles relatent les relations d'un patron avec sa très peu ordinaire secrétaire, les déboires d'un poète démuni face au génie d'un étudiant, ou encore de la déroute d'un employé licencié, les nouvelles de Samrat Upadhyay ont toutes en commun de se concentrer sur des citoyens lambda dont l'existence routinière se trouve soudain bouleversée.

S'il néglige les curiosités ethniques, l'auteur n'en oublie pas pour autant d'aborder les problématiques d'un pays en pleine mutation ; l'agitation politique se retrouve souvent en arrière plan,  avec ses drames et ses incertitudes, tandis que moeurs ancestrales et vent de renouveau s'entrechoquent.
Les coutumes et superstitions les plus archaïques ont hélas la vie dure ; une jeune femme née boiteuse, aussi belle et intelligente soit-elle, n'a guère le choix qu'entre deux existences : vieille fille stigmatisée, ou épouse d'un alcoolique...
Mais la modernité pointe le bout de son nez, avec ses mauvais côtés certes, mais aussi la promesse d'une liberté nouvelle, celle qui permet aux jeunes filles de partir étudier à l'étranger ou de s'éprendre d'un bad boy sans que leurs chances de mariage s'en trouvent trop amoindries...

Le principal intérêt de ce recueil est évidemment de nous faire découvrir la littérature népalaise, mais il n'est pas dénué de qualités propres. Samrat Upadhyay a l'art de donner véritablement corps à ses personnages, dont il décrit les doutes et les émois avec un réalisme empreint de compassion.
Certes, comme souvent avec les nouvelles, les histoires des uns et des autres sont appelées à se diluer dans le temps. Reste l'atmosphère, encore prégnante aujourd'hui, et le souvenir d'un bien agréable interlude…

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #nouvelle
par Armor
le Dim 8 Jan - 15:53
 
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Sujet: Samrat UPADHYAY
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Russell Banks

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 97827415

"Trailerpark"

une très bonne lecture où se retrouve effectivement la vision pessimiste et les sentiments dont parle l'auteur lors d'une interwiew  (Télérama)


[…] j’ai une vision très pessimiste de la capacité des hommes à contrôler leur existence, à dépasser les entraves que la vie oppose à leurs désirs et à leurs actions, accablés qu’ils sont par les conditions économiques dans lesquelles ils vivent et par la marche de l’histoire. Sans doute ce pessimisme traverse-t-il toute mon œuvre romanesque. Mais elle est aussi habitée par la colère – la colère de voir l’inhumanité avec laquelle les hommes agissent les uns envers les autres.



[…] je crois de moins en moins à la capacité de l’homme à vaincre ces forces insurmontables qui l’oppressent. Chacun de nous prend la mesure du monde en fonction de ses origines, de sa propre expérience. C’est peut-être, d’ailleurs, la seule façon de dépasser ses propres limites.


Ce livre de 13 nouvelles forme dans sa construction un véritable roman. En effet dans la première nouvelle le lecteur découvre l'ensemble des habitants des caravanes de ce park à travers plus précisémment la locataire du n° 11 surnommée par cette communauté "'la Dame aux cochons d'inde"
Le parcours de vie des habitants du park se dévoile dans les autres nouvelles. Le lecteur rencontre chaque locataire et a connaissance alors des évènements qui les ont conduit à vivre dans les caravanes de ce park situé en dehors de la ville de Catamount.


mots-clés : #nouvelle
par Bédoulène
le Ven 6 Jan - 23:03
 
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Sujet: Russell Banks
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Medoruma Shun

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Shun1110

L'AME DE KOTARO CONTEMPLAIT LA MER

"Un jour, la rumeur s'est répandue qu'on entendait le chant d'une femme sur l'îlot-cimetière. L'endroit suscitait régulièrement ce genre d'histoires..."

Dans ces six nouvelles, la légende et le mythe sont comme un recours face à la terrible, à l'incompréhensible cruauté du monde.
Dans ce monde là, il y a eu la guerre. Une guerre terrifiante que l'auteur/narrateur n'a pas connue, mais qui tua cent mille personnes en quatre vingt deux jours sur l'île et l'archipel d'Okinawa. Cette violence inouïe semble avoir laissé des traces au point de contaminer les esprits et de les livrer à une cruauté sans fin. Cruauté des enfants envers les plus faibles d'entre eux. Cruauté des adultes envers les enfants. Cruauté des adultes entre eux.

Dans le pays, il y a des âmes de défunts qui errent et se confient à ceux qui ont le coeur pur. Ces défunts sont mécontents, frustrés, blessés et ils tiennent à le dire à ceux qui peuvent les voir et les écouter. Ils se manifestent aussi d'autres façons et le fantastique n'est jamais absent, même si parfaitement intégré. Et les enfants et les plus vieux sont le plus à même de les percevoir.
Mais  ce qui frappe le plus, c'est la solitude de tous. Morts ou vivants.
Et tout serait finalement intolérable, s'il n' y avait les souvenirs du narrateur enfant, qui eut la chance de connaître un univers encore protégé de la pollution moderne et de la nature défigurée.

Emouvant tel est le mot qui convient pour ce très beau livre, tellement bien écrit et bien traduit. Coup de chapeau aux traductrices.

Deux exemples de la beauté du style :

« Un murmure, « Uutôto, Uutôto … », qui ne sortait d’aucune bouche. Le bruit du vent, aigu puis grave, suivit comme une luciole l’étroit chemin obscur au pied de la falaise, traversa le tympan des enfants qui tendaient l’oreille puis descendit jusqu’au fond de leur poitrine avant d’aller se dissoudre dans l’eau froide accumulée au creux d’un vieil arbre. »

« A la surface de l’eau, calme jusque-là, se dessina une infime ondulation. En passant au-dessus d’un banc de petits poissons remontant l’estuaire, la houle scintilla légèrement. Des oiseaux diaphanes s’envolèrent, les fines feuilles des filaos se balancèrent lentement et, au milieu du chant des cigales qui résonnait au loin, on entendit comme le son triste d’une flûte.
»


Récup.


mots-clés : #nouvelle #fantastique
par bix_229
le Ven 6 Jan - 0:14
 
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Sujet: Medoruma Shun
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Vues: 1104

Arthur Conan Doyle

Sherlock Holmes,

Le format de la nouvelle se marie à merveille avec le polar et la plume de Doyle. C'est avec plaisir qu'on déguste ses nouvelles, une intrigue courte, mais pourtant efficace (une histoire de quantité et de qualité je crois Laughing ). Toute fois toutes ses nouvelles ne se valent pas, je pense que certaines sont plus originales, plus travaillées que d'autres. J'y ai retrouvé avec plaisir le style du Holmes des films, les descriptions très pointues, les déductions sur des détails infimes ... Aurait-il un petit penchant pour le prénom John ? Dans les quatre nouvelles lues, il y a un John !

"la Bande Mouchetée",
Vraiment très originale, je ne m'attendais pas au dénouement ! La fausse piste est excellente.

"l'Association des hommes roux",
La fin est assez prévisible, histoire banale, beaucoup utilisée (niveau film surtout, je ne lis pas beaucoup de polar donc je n'ai pas d'exemples littéraires).

"l'Escarboucle bleue",
Originale et un poil tordue, j'aime beaucoup le "fil en aiguille", les coïncidences, le hasard !

"les Cinq pépins d'orange"
Celle qui m'a déçue, j'ai vraiment eu une impression de travail bâclé, on connait le dénouement de l'histoire mais il manque beaucoup de choses autour ...


mots-clés : #nouvelle
par Silveradow
le Mar 3 Jan - 20:04
 
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Sujet: Arthur Conan Doyle
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Mercé Rodoreda

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie1010

"Comme de la Soie"

un petit livre de 1o nouvelles et un acte unique où l'auteur évoque la destinée des amours inassouvies, l'indécence de la mort qui vous séduit parfois ; la banalité d'un besoin matériel qui pousse à vendre, son corps, une paire de chaussures ;  des êtres incarcérés physiquement ou mentalement , et le parfum des fleurs qui scelle les pensées : violette, digitale, magnolia, roses.

L'écriture est forte, la justesse des mots délivre en quelques pages un récit abouti de ces éclats de vie

je lirai un de ses romans, lecture que je préfère.

Extraits :

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie_210
Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie310
Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie_410
Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie_510
Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie610
Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie_710
Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Soie_810


mots-clés : #nouvelle
par Bédoulène
le Dim 1 Jan - 10:32
 
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Sujet: Mercé Rodoreda
Réponses: 1
Vues: 795

IKEZAWA Natsuki

Ikezawa Natsuki
(Né en 1945)

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Ikeza110

Ikezawa Natsuki (池澤 夏樹?, né le 7 juillet 1945) est un poète, romancier, essayiste, et traducteur japonais.

Entre autres thèmes, Ikezawa s'appuie dans son écriture sur la relation entre la civilisation et la nature. Il traduit une grande variété de textes, de la poésie grecque contemporaine aux romans modernes et de la littérature américaine en japonais.

Il obtient le prix Akutagawa en 1987 pour son roman La Vie immobile (1987, trad. 1995), et le prix Tanizaki en 1993 pour Mashiasu giri no sikkyaku.

Il est par ailleurs le père de l'actrice de doublage japonais, Haruna Ikezawa.



Traduits en français

liste partielle
1987. La Vie immobile
1996. Tio du Pacifique
2004. Des os de corail, des yeux de perle
2004. La Sœur qui portait des fleurs
2009. La Femme qui dort


_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 51wjz210

"Tio du Pacifique"


J'ai dégusté ce livre, normal puisque la chair de la papaye est délicieuse ! Il reste en bouche et en mémoire un goût de bonheur.

Tio qui vit sur une ile en forme de 2 moitiés de papaye, nous conte des histoires parfois fantastiques mais auxquelles nous avons l'envie de croire ; des histoires d'êtres humains, d'arbres, de pirogue, d'amour, d'amitié, de solidarité.

Mais le progrès n'est pas toujours sage qui fait oublier à ces Iliens les gestes ancestraux, leur culture, espérons qu'il y aura encore de jeune Tio pour croire à un jeune Emilio.


mots-clés : #nouvelle
par Bédoulène
le Sam 31 Déc - 19:23
 
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Sujet: IKEZAWA Natsuki
Réponses: 3
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Anne Marie Schwarzenbach

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 14 Captur45

ORIENT EXILS

Annemarie Schwarzenbach était une femme admirable. Courageuse, lucide, intelligente et belle. Mais sa vie fut infiniment malheureuse. Elle dut lutter très jeune contre sa propre famille pro nazis. Elle voyagea beaucoup et notamment en compagnie d' Ella Maillard. Et la mystérieuse fascination qu' elle exerçait sur ceux qui la connaissaient et l' appréciaient ne put la sauver de la drogue et de sa fuite éperdue dans le temps et l' espace...

. Elle était liée à Klaus et Erika Mann
et plus ou moins amoureuse des deux. Mais ses amours ne furent pas payés de retour. Elle mourut accidententellement à 34 ans. Son désir vital d' écriture aurait pu l' aider à vivre. Mais ses premiers écrits ne furent pas publiés de son vivant. Et c' est très dommage parcequ' on découvre à la lire une véritable écrivain.

Le nazisme la força à s' exiler. Et c'est ainsi qu' après un long périple, elle participa à des fouilles archéologiques sur le site de Rey. C' est lors de son troisième voyage en Perse qu' elle termine le recueil de nouvelles qu' est Orient exils qui ne sera pas publié de son vivant, malgré les interventions de Thomas Mann et Stefan Zweig. Mais seulement en 1989. Entre temps, six nouvelles ont été perdues. Et c' est dommage !

Dans ces nouvelles A.S. fait preuve d' un art très sur dde al narration et de la conduite d' un récit. Son style est à la fois sobre, précis, lyrique, évocateur. On pense au meilleur Hemingway, celui des nouvelles. Et ces nouvelles rendent compte de cette personnalité à la fois libre et humaine.

Message récupéré


mots-clés : #nouvelle
par bix_229
le Sam 31 Déc - 16:50
 
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Sujet: Anne Marie Schwarzenbach
Réponses: 6
Vues: 1843

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